FINAL FANTASY — VERSUS XV
Précédemment …
Noctis et les siens parviennent à éliminer le Bandersnatch et reprennent la route, quittant enfin le Fourré de Malmalam, au terme d'une journée éprouvante. Pendant ce temps, Lunafreya Nox Fleuret et Iris Amicitia se rapprochent doucement, tandis que l'autre Princesse de Tenebrae parvient à éliminer le redoutable Mortœil.
Taku Iwasaki — Brother
« — Ardyn … Ardyn … ! »
En ouvrant ses paupières, un homme vêtu modestement d'une longue cape de voyage, aperçut le visage bienveillant d'une femme gracieuse, accroupie devant lui. Elle lui souriait, d'un air réconfortant.
« — Aera … souffla-t-il. Je … où suis-je ?
— Dehors, en pleine nature ! S'enquit-elle. Tu as dormi trop longtemps, l'air commence déjà à se rafraîchir.
— Ah … désolé pour ça. »
En relevant son regard, il aperçut un ciel étoilé, resplendissant. Aera s'assied alors à côté de lui.
« — Tu ne devrais pas traîner à des heures tardives ainsi, Aera. Il y a encore des Daemons qui rôdent dans les alentours.
— Je le sais bien, affirma la belle Oracle. Mais la même remarque peut être appliquée à toi ! Alors debout, ne reste pas planté ici.
— Pour aller où ? Somnus me pourchasse, je te rappelle.
— Eh bien, je connais quelques endroits dans les alentours … déclara Aera. Aujourd'hui, que tu le veuilles ou non, tu passeras la nuit avec moi.
— Aera … c'est dangereux, tu sais.
— N'enfonce pas les portes ouvertes comme ça, soupira-t-elle. Mais n'es-tu pas supposé être mon fiancé ?
— Certainement, mais je ne veux pas te mettre en danger. Rentre au château. »
Penchant légèrement la tête sur le côté, Aera lui lança un regard interrogateur.
« — Tu pensais sincèrement que j'allais gentiment repartir là d'où je viens après avoir lutté pour te retrouver ?
— Hmm …
— Alors ? Est-ce que tu seras toujours à mes côtés, lorsque je me réveillerai demain ?
— Je … l'espère. »
Tous deux levèrent un regard vers les cieux. Un ciel qui donnait presque l'impression de veiller sur eux …
Mais il ne s'agissait-là que d'une cruelle illusion ...
Ardyn Izunia laissa un léger soupir envahir son être. En contemplant un monde mis à feu et à sang, il ne pouvait pourtant s'empêcher de revivre avec toujours plus de clarté, les pans de son passé. Il finit par afficher un léger sourire.
« — C'est une belle nuit étoilée, hein … »
À une époque, il songeait bien différemment. Ardyn avait toujours été capable de déceler une forme de beauté au-delà des apparences, au sein même de la souffrance d'autrui.
Mais aujourd'hui, la beauté s'apparentait à la souffrance elle-même.
« — Je peux encore patienter un petit peu, mais ne prends pas trop ton temps, Noct … »
Chapitre 60 : Nuit étoilée
Bien que recouverte de son propre sang ainsi que celui de la bête, Stella Nox Fleuret sortait incontestablement victorieuse de cet affrontement. Lorsque Wiz, le propriétaire de la location de Chocobos la vit revenir, il l'accueillit avec un simple soulagement de la voir en vie.
Au départ, il pensait à un échec simple. Mais lorsque la princesse lui présente la situation, preuves à l'appui, l'homme fut bien forcé d'accepter la réalité.
« — Je n'arrive pas à croire qu'une femme si frêle a réussi à mettre au tapis un monstre de cette envergure, vous êtes incroyable ! »
Quelque peu gênée par cet excès, la belle femme se contenta d'acquiescer. Dans un coin de son esprit, germait toujours l'idée d'un éventuel retard, par rapport aux agissements du Chancelier impérial.
« — Mais vous avez peut-être sauvé mon marché, félicita-t-il. Bon, ces derniers temps, il faut dire que les clients se font assez rares … je ne sais pas trop pourquoi, d'ailleurs.
— … Vous n'êtes pas au courant de la guerre entre le Lucis et l'empire du Niflheim … ?
— Oh, ça ! C'est assez lointain, vous savez. Déjà quand j'étais gamin, on en parlait assez vaguement. Mais même si je vois quelques vaisseaux du Niflheim qui survolaient le secteur récemment, en toute honnêteté, entre eux et la famille royale du Lucis, ça ne change pas grand-chose pour notre train de vie. Je crois que je ne suis jamais parti à Insomnia, d'ailleurs.
— Je vois … »
Il fallait dire que certaines contrées dans le Lucis paraissaient particulièrement coupées du monde, entourées par des environnements sauvages à perte de vue. En raison de sa faible densité de population, cette zone toute entière ne souffrait heureusement pas énormément des horreurs de la guerre. Vu sous cet angle, tant mieux.
« — Mais vous devez être épuisée, ça fait quand même plusieurs heures que vous êtes partie dans cette forêt. Que diriez-vous de vous reposer avant de partir ?
— Je … suppose que vous avez raison. »
Le corps engourdi, Stella Nox Fleuret se voyait mal partir en expédition sur-le-champ.
« — Vous voyez la petite caravane ? »
Wiz désigna du doigt le véhicule, sur lequel les yeux bleutés de Stella se posèrent momentanément.
« — Vous pouvez dormir à l'intérieur cette nuit. Normalement, je devrais vous faire payer cela, mais ce serait malvenu de ma part étant donné que vous avez débarrassé les lieux de Mortœil ! »
Les souvenirs de cette rude bataille remontaient à son esprit. Des souvenirs que la jeune femme préférait d'ailleurs effacer à la seconde suivante.
« — Ça ne me dérange pas de payer, proposa-t-elle poliment.
— Oh non, j'ai des principes ! Allez donc vous reposer, vous laver et revenez ici, je vous offre le repas du soir. Ça fait longtemps que je n'ai pas eu d'invité, d'ailleurs.
— C'est gentil de votre part, merci. »
Elle n'allait tout de même pas se montrer trop insistante pour régler l'addition, tout de même. Il y avait des limites entre idiotie et bonté.
En pénétrant à l'intérieur de la caravane, Stella le trouva sobrement décoré, ce qui lui allait parfaitement. Elle en profita rapidement pour se retirer dans la cabine de douche et se délecter un petit peu trop de l'eau chaude qui coulait sur sa peau raffinée. En ressortant et enfilant de nouveaux vêtements propres, la jeune femme se posa quelques minutes sur le canapé mis à disposition. Il y avait encore tout un tas de choses, d'appareils dans les locaux, mais la jeune femme n'en n'avait pas besoin.
Elle songea simplement à ses proches. À sa sœur, son frère, Noctis … toutes ces personnes qu'elle désirait ardemment revoir. De ce côté-là, l'avenir l'effrayait presque un petit peu.
Dehors, il lui semblait qu'un petit changement venait d'être opéré : la pluie cessait, laissant place à une belle nuit étoilée. Enfin.
« — C'était délicieux, vous êtes doué. »
Le compliment sincère de Stella arracha un sourire gratifié au propriétaire, assis de l'autre côté de la table.
« — Recette familiale, déclara-t-il avec fierté.
— Alors gardez-la secrète et servez-vous en pour appâter des clients.
— Haha, j'y pense souvent mais la plupart ne vienne ici que pour les Chocobos !
— N'est-ce pas le but ?
— En partie seulement. Le but, c'est que tout le monde puisse y trouver son compte. »
L'air rafraîchi par la pluie s'avérait plutôt agréable, finalement. Même vêtue de sa belle robe blanche à manches longues, Stella ne souffrait pas de froid. Wiz déposa un regard finalement perçant sur elle, comme s'il scrutait ses pensées. La Prêtresse admettait d'ailleurs qu'elle ne se trouvait pas exactement à son aise dans cette configuration.
« — Maintenant … je ne veux pas paraître indiscret … mais que faites-vous ici, Dame Stella Nox Fleuret ? »
Les mots de l'homme frappèrent forts, comme une cohorte de tambours sur lesquels on s'acharnait. Yeux écarquillés, la belle femme perdit son air serein.
« — Vous …
— Oui, je ne suis quand même pas un ermite. Je sais quand je vois la Princesse de Tenebrae en personne.
— Mais alors, pourquoi … ?
— J'ai des principes, je traite mes clients tous de la même façon. Et puis … j'ai l'impression que vous ne vouliez pas particulièrement que je vous reconnaisse, non ?
— … En effet.
— Mais maintenant que vous avez rempli votre mission avec brio … nous pouvons aborder ces petites questions. Parce qu'aux dernières nouvelles … vous aviez été ''kidnappée'' … »
La princesse laissa échapper un faible soupir.
« — Disons simplement que l'empire du Niflheim a menti sur beaucoup de choses, murmura-t-elle. Et que c'est pour mettre fin à leurs agissements … que je vais faire ce que je m'apprête à faire.
— Je vois. Ça a l'air d'une histoire compliquée.
— Plutôt, oui. »
Un faible sourire étira le visage de Wiz.
« — Allons, allons, ne faites pas cette tête. Je ne suis pas votre ennemi et je n'irai certainement pas vous dénoncer à l'empire. Déjà je ne sais même pas où est-ce qu'ils sont, et deuxièmement, ils me font fuir la clientèle.
— Alors … ce que vous disiez …
— Ah, sur le fait que ça ne change pas grand-chose pour moi ? Disons que ce n'est pas entièrement un mensonge. Je préfère quand même lorsque personne ne se tire dessus ! »
Wiz remplit un verre d'un jus de fruit exotique, qu'il donna directement à la belle femme, comme pour la conforter dans ses dires.
« — Maintenant, il y a quand même une autre fleur que je dois vous faire.
— Vraiment ?
— Et oui ! Vous vous rappelez des légumes Gysahl, dont je vous parlais ?
— Ah, ils sont indispensables pour les Chocobos ? Je vais aller devoir en chercher ?
— Je pense que vous en avez suffisamment fait. »
Wiz plongea sa main dans un sac à dos noir assez large, qu'il empruntait généralement pour les randonnées. Il y sortit ensuite cinq grands légumes, dont se délectaient habituellement les grands animaux à plumes.
« — C'est très simple, un Chocobo ne se nourrit que de ces légumes. Un seul légume donné équivaut à une journée durant laquelle il vous suivra. Attention une journée c'est bien vingt-quatre heures !
— Je comprends, donc si je pars demain matin, il faut que je lui donne un seul légume ?
— Exactement. Et vous recommencez au bout de vingt-quatre heures. Une fois tous les légumes consommés, le Chocobo finira par vous laisser sur place. J'ai cinq légumes dont je vais vous faire don.
— Pardon ?! Non, là c'est trop, en revanche …
— J'insiste. Je suis encore un citoyen du Lucis, même si je ne suis le plus patriote de tous !
— Monsieur Wiz …
— Il y a une époque, durant laquelle la paix régnait, les gens s'agglutinaient pour voir venir les Chocobos. Si faire tomber l'empire du Niflheim nous permet de revenir à cette période, alors allez-y.
— Merci. Merci beaucoup.
— J'espère que vous êtes capable de vous lever tôt, en revanche.
— Oui, pourquoi ?
— Demain matin, je vous apprendrai brièvement à monter sur les Chocobos et vous allez tout de même devoir choisir votre monture. Ce ne sera pas long, ne vous en faites pas. »
La belle nuit étoilée offrait quelque chose d'assez reposant, finalement. Noctis parvint ainsi à fermer l'œil une bonne partie du trajet, tout comme Prompto qui avait fini par épuiser tout son stock de trivialités, ainsi que Gladio. Finalement, seul Ignis continuait de rester éveillé, quand bien même lui aussi souffrait d'une certaine fatigue accumulée au cours de la journée.
Heureusement, une bonne partie du trajet s'achevait. Les voilà de plus en plus proches du Cap Caem et de leur objectif. Demain, ils devraient certainement repartir, en direction de la Grotte de Greyshire cette fois. Une route plus longue encore.
Mais pour l'heure, un repos mérité auprès des proches ressemblait à une bénédiction que l'on ne pouvait refuser. En particulier pendant ces temps troublés, où la guerre face au Niflheim faisait toujours plus de victimes.
Dans le rétroviseur, Ignis jeta un vif coup d'œil. En voyant Noctis profondément endormi, le jeune homme songea à plusieurs événements à venir. En particulier par rapport à cet anneau. Le célèbre anneau des Lucii, dont les facultés extraordinaires ne pouvaient être séparées d'un fardeau trop lourd pour une vie humaine. Hélas, Ignis lui-même ignorait quelles étaient les caractéristiques exactes de son pouvoir, mais il éprouvait malgré tout une certaine méfiance quant à l'utilisation de celui-ci.
Parce qu'il avait encore en tête l'image du roi Régis, celui de sa jeunesse. Une image d'un roi digne, droit et fort. Et quand bien même à la fin de son règne, le souverain défunt fut resté d'une noblesse sans égale, son état de santé en revanche, posait question. Certains affirmaient qu'il s'agissait des séquelles de l'utilisation de ses pouvoirs sacrés. Mais là-dessus, les informations ne fuitaient que rarement. Ignis se demandait d'ailleurs si Noctis lui-même n'était pas au courant.
Mais ces interrogations internes finirent par s'estomper. Peu importe les obstacles dressés sur la route du quatuor. Ils affronteraient n'importe quel ennemi. Ils pourraient vaincre n'importe qui. Voilà la pensée de son cœur et peut-être d'ailleurs trop irrationnelle pour être fiable. Malgré tout, il y croyait dur comme fer. Il croyait en un avenir bâti sur les espoirs de chacun, réunis en une force qui transcenderait la raison elle-même, y compris les pires artifices mis en place par Ardyn Izunia et ses sbires.
Parce que s'il existait un destin en ce monde, il devait être lumineux.
Comme ces étoiles, qui brillaient aux confins de l'espace, dans ce ciel pur et sombre.
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« — Ah … voici le bercail ! »
Craquant ses membres un à un, Gladio appréciait la vue. Le sentiment de rentrer chez soi lui, même quand il ne s'agissait pas de son véritable domicile, voilà quelque chose d'indescriptible et qui suffisait à le rendre de bonne humeur. Surtout après une journée passée à dans des bois hostiles, où la moindre plante pouvait se transformer en une arme mortelle.
Une pensée amplement partagée par ses amis.
« — Ah, tu dois être claqué, Ignis !
— Disons que je ne suis pas au mieux de ma forme, concéda le jeune homme.
— Haha, désolé de t'avoir laissé conduire tout le trajet ! S'excusa vivement Prompto.
— Valait mieux le laisser lui, marmonna Noctis.
— Noct ! Depuis quand es-tu si égoïste ?! »
Les amis marchèrent progressivement vers la maison aux allures déjà réconfortantes. Au vu de la nuit déjà tombée, personne ne s'amusait à rester dehors, malgré un temps relativement clément. Tout du moins, jusqu'à ce qu'ils n'arrivent près de la porte d'entrée. Cette dernière s'ouvrit effectivement, dévoilant la princesse Lunafreya Nox Fleuret, qui leur adressa un petit sourire chaleureux. Rayonnante comme la lune dans un ciel parsemé d'étoiles, elle avait en tout cas l'air d'aller mieux.
« — Bon retour à vous, murmura-t-elle. Vous devez être épuisés.
— Luna … »
Pendant un court instant, Noctis oublia les problèmes annexes, plongeant simplement dans ce regard d'un bleu profond.
« — Arrête de rester planté là ! »
La main rugueuse vint tapoter son dos assez bruyamment, lui arrachant une vive grimace.
« — T'es malade ?!
— Désolé de gâcher tes retrouvailles émotionnelles, mais on peut rentrer maintenant ? »
Lunafreya émit un petit rire avant de se décaler, pour laisser le groupe de camarades pénétrer dans la maisonnette. Rapidement, ils se dirigèrent dans la cuisine, où Cid Sophiar se trouvait d'ores et déjà attablé.
« — Ah, les jeunes ! S'esclaffa-t-il. Vous avez bien lents, alors j'ai commencé sans vous ! Les filles ont déjà mangé, on va donc rester entre nous !
— Ah, désolé pour ça, des complications, lâcha Ignis.
— Je vois le genre. Quand j'étais plus jeune, on en rencontrait pas mal, des complications ! Mais on s'en sortait toujours. »
Les quatre frères d'armes se lancèrent des regards discrets, sans savoir exactement comment réagir.
« — Bah alors ?! Iris a déjà préparé la nourriture, qu'est-ce que vous attendez ?! Lavez-vous les mains et à table ! »
« — Et à ce moment, Prompto s'est fait choper par cette espèce de plante bizarre. Encore quoi !
— Non, non, t'exagère, Gladio ! Ça s'est pas passé comme ça du tout !
— T'as pas fini suspendu les pieds en l'air tu vas me dire ?
— Si mais d'abord, j'ai esquivé deux-trois coups et j'ai tiré sur un de ses tentacules !
— Haha, que dalle ! T'es fou toi, Cindy n'est pas là, pas besoin de frimer ! »
L'ambiance conviviale régnait à table et Cid Sophiar en profitait grandement. D'ordinaire, il ne pouvait que maigrement profiter de telles situations avec sa petite-fille, plutôt portée sur des centres d'intérêt différents des siens, exception faite de la mécanique. Mais en revoyant ces jeunes raconter leurs exploits en dénaturant plus ou moins la vérité le plongeait inévitablement des décennies en arrière, époque durant laquelle lui-même voyageait avec Régis, Cor et Weskham.
D'une certaine façon, il revoyait en cette nouvelle génération le même éclat que celui qui brillait jadis dans leur cœur.
« — Et encore, reprit Gladio en déposant son grand verre d'eau. Il fallait voir Prompto chanter, c'était horrible !
— Hé ! Tu m'avais promis de ne rien dire !
— J'ai rien promis du tout ! »
Quelques rires s'en suivirent.
« — Pourquoi on ne parlerait pas plutôt des choses en général, comme la fourré de Malmalam en général ?
— Déjà fait, trancha Noctis.
— Traître, Noct !
— Traître de quoi ?
— C'est vrai que c'était une expérience plutôt formatrice, affirma Ignis.
— « Formatrice » ? S'étrangla presque Prompto. »
Sur les épaules de cette génération reposaient un grand nombre d'espoirs. Elle pouvait le faire.
« — Demain, on partira pour la Grotte de Greyshire, déclara ensuite Noctis.
— À ce rythme-là, on pourra peut-être partir pour l'empire du Niflheim après-demain ? »
Prompto caressait cet espoir, mais Ignis ne tarda pas à le ramener à la douloureuse réalité.
« — Plutôt le jour d'après, marmonna-t-il. La Grotte de Greyshire se trouve à une demi-journée de route au moins.
— Et comme on va sûrement tomber sur un autre labyrinthe … anticipa Gladio.
— Franchement, après avoir connu cette jungle, tempéra Noctis. On ne devrait pas rester autant de temps dans la grotte.
— Espérons-le ! Frissonna Prompto. »
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Les yeux rivés vers les étoiles, Lunafreya Nox Fleuret profitait encore de l'air frais et libre, qu'offrait cette nouvelle forme de vie. Fenêtre de sa chambre grande ouverte, elle ne se risquait toutefois pas à partir trop loin à l'extérieur, le simple bruit régulier des vagues suffisant amplement comme bruit de fond.
Quelques bruits de pas attirèrent son attention, tandis que la porte déjà entrouverte s'écarta davantage, laissant apparaître son ancien promis.
« — Je te dérange ? »
Lunafreya lui offrit un sourire réconfortant.
« — Pas le moins du monde, affirma-t-elle. »
Prenant soin de fermer la porte derrière lui, le jeune homme s'avança vers la belle femme, qui laissa tomber un temps sa contemplation stellaire.
« — Tu es encore trempé, remarqua la belle femme, en désignant plus particulièrement la chevelure rebelle du Lucisien.
— Ah … ouais, il fallait simplement que je prenne une douche, j'ai passé la journée dans un endroit crasseux, hésita vivement Noctis, en se grattant l'arrière du crâne. »
Luna hocha simplement la tête, en gardant rivé sur lui ce regard envoûtant.
Momentanément perturbé, le jeune homme chercha tout de même à retrouver un semblant de crédibilité.
« — Et toi, alors ? Qu'est-ce que tu as fait de ta journée ?
— Eh bien … réfléchit vivement la jeune femme. Disons que j'ai été une ''femme ordinaire.''
— Oh, ça doit te changer.
— Plutôt, oui. J'aimerais pouvoir vous accompagner dans cette situation.
— Mais, comment tu te sens ? »
Lunafreya réprima un léger sourire. Elle prit alors la main de son interlocuteur, pour l'inviter à venir s'asseoir à côté d'elle, sur le lit.
« — J'ai toujours quelques moments de fatigue, affirma-t-elle, platement. »
Inévitablement, Noctis se remémora leur discussion, sur le Disque de l'Archéen. Il se souvenait encore de sa voix tremblante, de ses révélations sur la nature des rituels que les Six lui imposaient. Presque inconsciemment, sa poigne se serra sur la frêle et douce main de Lunafreya.
« — Luna … murmura-t-il. À propos de l'avenir …
— Tu veux faire référence aux Six ? »
Elle lisait si facilement en lui. Noctis baissa doucement la tête.
« — Je te promets … souffla-t-il. Que je ne te laisserai pas périr. »
La belle femme lui adressa un sourire sincère, teinté d'une once de reconnaissance. Sa main libre vint se poser sur la joue du jeune homme.
« — Je te l'ai déjà dit, Prince Noctis … j'ai eu beau avoir des doutes … je me tiendrai à tes côtés aussi longtemps que je le pourrai.
— Il y a forcément un autre moyen d'éliminer Ardyn … articula-t-il. Je vais faire le maximum … et on y parviendra. On retrouvera Stella, et plus personne … plus personne ne souffrira de cette guerre. »
Il prononçait ces mots avec une détermination réelle. Comme si le simple fait de les énoncer à haute voix pouvait influer sur le cours du destin, comme s'ils pouvaient renforcer son pouvoir et son contrôle sur la situation.
La jeune femme toucha doucement, du bout de ses doigts fins, l'anneau des Lucii que Noctis gardait toujours, dorénavant.
« — Toi aussi, murmura-t-elle faiblement. Tu as pris … de lourdes décisions, pour protéger ceux que tu aimes. »
La gorge nouée, Noctis envisageait également cet avenir plus fébrilement qu'il n'aurait aimé le croire. Mais définitivement, il ne comptait pas laisser tomber cette femme, si précieuse pour l'humanité mais encore davantage pour lui.
Rapprochant doucement son visage de celui de l'Oracle, il fit glisser sa main libre jusqu'à atteindre sa joue.
Une question revint alors dans la mémoire de Lunafreya.
Une question qui toucha directement sa conception même de la vie. Devait-elle chercher à fuir le bonheur, parce qu'elle risquait inévitablement de le perdre ? Lunafreya ne connaissait définitivement pas la réponse. D'un certain côté, cette perspective continuait d'effrayer son cœur. Toucher au bonheur ne serait-ce qu'un court laps de temps, valait-il le coup par rapport à la souffrance engendrée par sa disparition ?
Elle n'aurait certainement jamais la réponse, sans le vivre.
Fermant doucement ses beaux yeux bleus, l'Oracle se laissa aller, avançant progressivement en suivant les gestes encore timorés du Prince qu'elle aimait. Noctis finit ainsi par la ramener contre lui, laissant leur souffle d'entremêler, jusqu'à ce que leurs lèvres ne soient définitivement scellés, sous cette nuit étoilée.
Lorsqu'ils s'écartèrent vivement afin de reprendre leur souffle, Noctis déposa son regard dans celui de sa partenaire.
« — Lorsque je me réveillerai, demain … murmura-t-elle. Est-ce que tu seras toujours à mes côtés … ?
— Oui … je le serai. »
À suivre …
