QUESTIONNEMENT

Contraintes :

Période du Golden Trio

Style d'écriture : à la 2ème personne

Objet-Magie : Boule de Cristal

Lieu : Square Grimauld

Personnage : Cédric Diggory

Phrase Imposée : "Avoir été aimé si profondément te donne à jamais une protection contre les autres, même lorsque la personne qui a manifesté cet amour n'est plus là. Cet amour reste présent dans ta chair."

Ajout diabolique : Commencer par la dernière phrase du précédent Ficlet

Nombre de mots max : 800 / Nombre de mots écrits : 799

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« [...] Et d'amour. »

Le poste radio est allumé sur la station sorcière, et la dernière phrase du stupide feuilleton à l'eau de rose que Molly écoute religieusement chaque jour vient enfin de laisser place au jingle de l'émission suivante. Les membres de l'Ordre du Phénix discutent autour de moi, mais je ne parviens pas à suivre leur conversation. Je préfère regarder le feu dans la cheminée et me souvenir de toi. Encore.

Aussi ridicule que soit l'histoire romantique qui a mis la larme à l'œil de Madame Weasley, le sujet me fait penser à toi. Après tout ce qui est arrivé, t'avoir constamment à l'esprit peut paraître normal, tu ne crois pas ?

Tu es mort sous mes yeux ! Tu te rends compte ? Toi qui étais si plein de promesses, destiné à un brillant avenir qui n'adviendra jamais. Par manque de chance. Par ma faute. Parce que nous avons pris cette maudite coupe ensemble. Nous avons voulu partager notre victoire… Mais je regrette, tu sais ?

Pardonne-moi. J'aurais dû être égoïste. J'aurais dû prendre ce portoloin seul. Mais je ne l'ai pas fait. Et maintenant, tu n'es plus là.

Tu sais, je me remémore sans cesse cette année passée près de toi. La compétition nous a rapprochés. Alors que j'avais à peine appréhendé ton existence auparavant, tu étais devenu partie intégrante de ma vie. Grâce au Tournoi. Ou à cause de lui. Je ne sais plus.

Tu me souriais. Tu m'aidais. Pour beaucoup, ça paraissait stupide. Pour nous, c'était logique. Même si les autres choisissaient d'encourager un seul de nous deux, nous avons décidé d'œuvrer ensemble. Une seule équipe. Soudés.

Et puis, tu me l'as dit. Ce jour restera à jamais gravé dans ma mémoire comme celui où j'ai commis la plus grande erreur de ma vie. Ou alors ai-je bien fait… C'est triste à dire, mais tout aurait été plus douloureux si j'avais répondu à ta déclaration. Ce "je t'aime", tout juste murmuré. Un souffle hésitant. Une plainte chargée d'espoir. Mais tu es parti si vite. Et je n'ai pas compris.

Maintenant, tout est confus. Tu m'as abandonné avec cette satanée phrase qui me retourne le cerveau ! Et je te hais pour ça. Parce qu'elle m'a maintenu éveillé toute la nuit. Parce que je n'arrive toujours pas à dormir. Parce que je n'ai jamais eu le temps de te répondre.

Tu as ouvert un champ des possibles qui me sera à jamais inaccessible. J'ai entraperçu cette faible lueur de bonheur qui aurait pu m'éclairer le long du tunnel sombre qu'est ma vie. Avant toi, j'ai poursuivi d'autres lucioles, en espérant pouvoir bénéficier de leur lumière. J'ignorais que ton éclat était plus grand. Plus intense. Différent…

Je t'en veux tellement ! Tu ne m'as pas laissé le temps de te le dire. Et je ne peux plus. Je ne sais pas si ça aurait marché entre nous, mais sache que j'aurais voulu essayer ! Pourtant, si on avait commencé ce "quelque chose", mon présent serait devenu un puits sans fond de souffrance. Alors peut-être que c'est pour le mieux. Ou peut-être que c'est encore pire.

Tu as chamboulé toutes mes certitudes ! Je ne sais plus ce que je dois penser. Je ne sais plus qui je suis, comment ou pourquoi. Tu m'aurais permis de le découvrir, si nous avions pu… Je voulais te le dire après la dernière épreuve. Tu me laisses avec des "si" alors que je voudrais des "parce que". Je ne sais même pas si c'est juste toi, si ce sont ces autres lumières, ou si n'importe quelle flamme me conviendrait… Je ne sais pas si je t'aimais aussi. Tu me condamnes à imaginer. À vivre avec ton fantôme que je modèle à ma guise, sans savoir si tu étais réellement ainsi, ou si mon rêve n'est qu'un fantasme. Même une boule de cristal ne pourrait pas répondre à mes questions ! Et j'en crève ! Je te déteste tellement, si tu savais…

« Harry ? »

Hermione… Elle est la seule à qui j'ai parlé de toi, j'espère que tu ne m'en veux pas. Les autres sont partis, et elle va m'obliger à me confier. Je n'en ai pas envie. Je préfère rester avec toi. Te parler dans ma tête. Et inventer tes réponses. Croire qu'on peut encore discuter ensemble. Que rien n'est mort.

« Tu te souviens de ce que Dumbledore t'a dit ? me sourit-elle en s'agenouillant devant moi. "Avoir été aimé si profondément te donne à jamais une protection contre les autres, même lorsque la personne n'est plus là. Cet amour reste présent dans ta chair." C'était pour ta mère, mais ça vaut aussi pour lui. »

T'entends ça ? Tu me protèges. Et cette idée me plaît. Qu'en penses-tu ?

Je regarde le foyer dans la cheminée, en imaginant ton visage dans le feu… et je te rend ton sourire.