Aro/Acephobie

Contraintes :

Période : Golden Trio

Style d'écriture : Paronomase

Objet-Magie : Loup-Garou

Lieu : Pré-Au-Lard

Personnage : Andromeda Tonks

Phrase Imposée : "Je suis ce que je suis, et je n'en ai pas honte. "Ne jamais avoir honte", voilà ce qu'il disait, mon vieux père. Il y en a toujours qui te reprocheront quelque chose, mais ils ne valent pas la peine qu'on y fasse attention."

Ajout diabolique : Intégrer une feuille de Salade qui ne doit pas être mangée

Nombre de mots max : 800 / Nombre de mots écrits : 796

[======]

Andromeda adorait venir à Pré-Au-Lard durant les sorties des étudiants de Poudlard. Voir toute cette jeunesse s'amuser, excitée par les magasins de bonbons ou de farces, lui mettait du baume au cœur. Et en ce moment, elle en avait bien besoin.

Sa fille. La prunelle de ses yeux. Sa raison de vivre était actuellement en mission pour l'Ordre du Phénix. Et elle ne pouvait rien faire pour la protéger. Elle avait utilisé le chantage, les suppliques, la colère : rien n'avait fonctionné. Son seul espoir résidait à présent en Remus Lupin, qui lui avait promis de veiller sur elle. Hormis durant les nuits de pleine lune, naturellement. Mais même empêché, il faisait en sorte de garder Nymphadora en sécurité.

Andromeda adorait venir à Pré-Au-Lard, mais cette année, ses sorties s'accompagnaient du goût acide de l'inquiétude. Elle n'arrivait plus à sourire comme avant. Les rires des adolescents ne parvenaient plus à atteindre son bonheur, trop bien terré au creux de son ventre. Et leur inconscience de la guerre en cours ne faisait qu'ajouter à ses angoisses. Bientôt, eux non plus ne pourraient plus sourire. Cette idée lui brouillait les entrailles plus sûrement qu'un sortilège de Tord-Boyaux. Elle en avait perdu l'appétit, et regardait sa feuille de salade pendue à sa fourchette, engluée de sauce vinaigrette au gingembre et graines de citrouille.

« T'es détraquée ! »

Des éclats de voix lui firent relever la tête et observer les alentours. Ces mots lui étaient parvenus étouffés, enchevêtrés aux brouhaha constant du restaurant. Mais le sens, elle ne pouvait pas l'ignorer. Elle l'avait entendu trop souvent.

Des souvenirs putréfiés d'amertume éclatèrent sa bulle de désespoir dans une succession d'images gâtées par la haine. Le visage tordu de sa sœur. La bouche grimaçante de sa mère. La main levée de son père…

D'un bond, Andromeda sauta sur ses jambes, déposa quelques Galions, et enfila son manteau pour courir dans le froid hivernal. Elle ne pouvait pas ignorer ! Trop de douleur, de danger, de terreur. Assez d'être inutile ! Même si elle ne pouvait rien pour la guerre, elle aussi souhaitait agir. Défendre une cause par de petits gestes. De ponctuelles attentions pleines de bonnes intentions. Et surtout, ne pas détourner les yeux quand elle sentait qu'une âme subissait les mêmes affres qui l'avaient marquée.

Elle n'eut pas à chercher bien longtemps : une jeune fille pleurait dans une ruelle, accroupie derrière un tonneau dans l'espoir qu'on ne la remarque pas. Doucement, Andromeda s'approcha. Elle ne chercha pas à cacher sa présence, et prit garde à faire rouler quelques cailloux pour se faire entendre. L'adolescente se redressa vivement, en panique.

« Es-tu blessée ?

— Qui êtes-vous ? Allez-vous-en !

— Je veux juste t'aider. J'ai entendu un garçon dire quelque chose qui ne devrait jamais être dit. Je sais ce que ça fait…

— Comment ça ? De quoi vous vous mêlez ?! Laissez-moi tranquille !

— À l'époque, j'aurais aimé que quelqu'un soit là, avec moi. Tu n'as pas besoin de me parler, je peux juste rester près de toi, pour que tu ne sois pas seule comme je l'ai été. Mais si tu ne veux vraiment pas de moi, je m'en irais. »

Le doute commença à embrumer ses yeux. Andromeda en profita pour s'avancer un peu plus, et alla s'asseoir face à la jeune fille, attentive aux moindres signes de bravade. Une élève de Poufsouffle, d'après son uniforme. Pas plus de quinze ou seize ans. La mère en elle prit le dessus sur l'enfant blessée qu'elle avait été. Cette élève avait la même allure débraillée que Nymphadora à son âge. Merlin ! Elle avait même des mèches de cheveux roses !

« Pourquoi vous souriez ?

— Tu me rappelles ma fille. Et si tu as le même caractère qu'elle, je sais que tu ne te laisseras pas faire. Ce qui est une très bonne chose. Tu dois juste reprendre du poil de la bête.

— N'importe quoi ! se rembrunit l'adolescente, de nouvelles larmes dans les yeux. Ils ne comprennent pas. Je ne suis pas comme eux. Je ne suis pas… "normale".

— Alors ils vont devoir s'y habituer : le monde regorge de gens différents. Il ne sert à rien de vouloir changer pour eux, c'est à eux de l'accepter. Un jour, quelqu'un m'a dit de ne jamais avoir honte. Il y en a toujours qui te reprocheront quelque chose, mais ils ne valent pas la peine qu'on y fasse attention. C'est en suivant son conseil que j'ai rencontré les plus belles personnes qui soient. Elles m'ont aidé à me construire et à soigner mes maux, pour devenir ce que je suis aujourd'hui. Et c'est tout ce que je te souhaite. »

Une lueur d'espoir brilla dans les iris humides. Tout à coup, le cœur meurtri d'Andromeda se gonfla de fierté. Peut-être avait-elle réussi ? Peut-être avait-elle pu se rendre utile dans cette guerre éternelle contre la haine ?