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Invitation

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Sans prêter garde aux menaces, Harry avança.

D'un geste rapide, Tom bascula sa main dans sa direction et toutes les pointes de verre se précipitèrent sur lui comme des lames tranchantes.

Harry leva les bras pour se protéger autant que possible, mais il sentit quelques éclats percer sa peau, ses vêtements.

Il grimaça de douleur.

Putain de psychopathe.

Après ce qu'il lui parut être une éternité, il s'empara enfin de la baguette de Tom et la pointa vers lui. Tom lui jeta un regard mauvais et il défiât Harry d'une voix froide : « Fais-le, Potter. Qu'est-ce que tu attends ? »

Harry sentait son sang couler le long de ses bras. Il sentait aussi la colère de Tom pulser hors de lui. C'était une punition, une punition pour avoir osé envisager de le quitter.

Les secondes semblaient s'étirer entre les deux sorciers.

Harry tenait fermement la baguette, les mains tremblantes sous l'effet de l'adrénaline : « Tu penses vraiment que tu peux me retenir par la force ? Si je fais le choix de rester à tes côtés, c'est parce que j'en ai envie. Pas parce que tu me l'ordonnes. »

Un rictus de mépris déforma les traits de Tom : « Pourquoi voudrais-je que tu restes à mes côtés ? »

Harry émit un ricanement sarcastique en s'approchant lentement de Tom. « Parce qu'il en a toujours été ainsi. »

Tom saisit soudainement le bras tendu d'Harry, plaçant délibérément son cou sur la pointe menaçante de la baguette : « Et pourtant, tu en meurs d'envie, Potter. De me tuer, de me torturer, de me faire souffrir… je peux le lire dans tes yeux. Tu dis que tu ne peux pas vivre sans moi, mais tu ne peux pas vivre avec moi non plus... »

Harry retint un soupir exaspéré devant la provocation de Tom. Il observa le visage de ce dernier sans laisser transparaître la moindre émotion : « Tu as vraiment un talent rare pour tout compliquer. Je veux simplement que tu comprennes que je ne suis pas ici par contrainte, mais par choix. Un choix que je fais malgré tes actes impulsifs et ta façon insupportable de tout vouloir contrôler. »

Les pupilles de Tom s'embrasèrent d'une lueur de défi. Il ne relâcha pas son emprise sur le bras d'Harry : « Choix ou non, tu es prêt à m'abandonner dès que les choses deviennent difficiles. »

Harry esquissa un sourire sarcastique : « Les difficultés, tu les cherches délibérément. Tu m'as attaqué et maintenant tu sembles presque déçu que je ne réponde pas de la manière dont tu t'y attendais. Tom, qu'attends-tu vraiment de moi ?» Il retira doucement son bras.

Tom plissa les yeux : « Je veux que le jeu se finisse quand moi, je le décide. »

« Ce n'est pas ce que je demandais. - Harry secoua légèrement la tête avant de lever les yeux au plafond – Très bien. Alors qu'est-il arrivé au vagabond ? »

Un sourire cruel étira les lèvres de Tom : « Je l'ai tué, évidemment. Ce n'était pas prévu. Je ne comptais pas le faire maintenant. Mais puisqu'il appelait la Mort avec tant de passion, je n'ai pas eu le cœur à la lui refuser. »

« Pourquoi t'a-t-il attaqué ? »

Tom regarda avec intérêt les rigoles de sang qui glissaient le long du bras d'Harry, jusqu'à son poignet, pour goutter sur le tapis : « Qu'est-ce que j'en sais ? Il voulait de l'argent, de la nourriture... Ou peut-être juste par plaisir ? Qu'est-ce que ça change ? Les faibles périssent, les forts survivent. C'est la nature même de ce monde. »

« Et tu t'es dit que c'était le moment idéal pour… pour faire ça ? » Harry tendit la main vers le médaillon de Serpentard qui tombait sur son torse.

« J'avais un corps, j'avais le médaillon… Je n'allais pas gâcher. » Tom s'empara des doigts d'Harry et les porta à ses lèvres. « J'ai fait ça rapidement. Il n'a rien senti. »

Harry frissonna : « Tu aurais pu le neutraliser sans le tuer. »

« Alors qu'il venait d'ouvrir mon ventre ? Tu aurais préféré que je me laisse tuer sans répliquer ? »

Les lèvres de Tom remontèrent jusqu'aux premières phalanges d'Harry. Ce dernier déglutit : « Ce n'est pas ce que j'ai dit. »

« Tu es bien trop idéaliste. Le monde ne fonctionne pas comme dans les contes de fées. La réalité est brutale, impitoyable. » Sa bouche frôla les doigts d'Harry jusqu'au dos de sa main.

« Qu'as-tu fait du corps ? » demanda Harry, ses yeux rivés sur Tom.

Tom sourit tout-contre sa peau : « Je l'ai offert en sacrifice. »

« Arrête-toi là. N'en fais pas un de plus. Ça ne t'apportera que du malheur. »

Tom était arrivé au poignet, là où le sang avait tracé des sillons rubis. Il leva les yeux pour croiser ceux d'Harry. Un silence électrique s'installa entre eux. Sans le quitter du regard, il laissa sa langue parcourir, avec une lenteur délibérée, les rigoles rouges ; Il goûta, avec délectation, le sang âcre et métallique qui ceignait son poignet : « Est-ce que c'est un ordre ? »

Le geste était provocateur et le frisson qui parcourut la colonne vertébrale d'Harry était inévitable, bien qu'il s'efforçât de ne pas laisser transparaître la moindre réaction. C'était une partie du jeu subtil de domination qu'il devait jouer avec Riddle : « Comme si j'étais en mesure de te donner des ordres, Tom. »

Un sourire satisfait s'étira sur le visage de ce dernier : « C'est vrai, tu ne l'es pas. »

Tom attira le corps d'Harry contre lui et ce dernier se laissa faire. Il se retrouva assis sur le lit, coincé entre deux jambes musclées, son dos contre le torse froid de Tom. Un bras ferme entourait son ventre, l'empêchant de fuir. Il pouvait sentir la chaleur du souffle de son geôlier dans son cou et son propre cœur battait un peu trop rapidement.

Tom tendit sa main libre vers l'étagère et une enveloppe bleu nuit glissa jusqu'à eux. Il la donna à Harry. « Qu'est-ce que c'est ? »

Harry retourna l'enveloppe, adressée à Tom, entre ses doigts. Au dos, il reconnut le nom de l'expéditeur : Armando Dippet. Pour quelle raison le directeur de Poudlard avait-il écrit ?

Tom posa son menton sur l'épaule d'Harry et son souffle chaud chatouilla sa joue : « Je recherche quelque chose et quelqu'un à Poudlard peut m'apporter des réponses. Ouvre là. »

Harry décacheta l'enveloppe :

« Cher Monsieur Riddle,

C'est avec honneur que j'accepte votre requête. Vous serez accueilli dans notre prestigieuse école. J'ai pris toutes les dispositions nécessaires pour vous garantir le meilleur séjour possible... Blablabla »

La lettre se perdait ensuite en formules d'appréciation et de politesse ronflantes.

Un sourire satisfait étira les lèvres de Tom. Il tendit la main, frôlant le parchemin du bout des doigts. La lettre s'enflamma, surprenant Harry qui la relâcha sur le lit.

« Qu'est-ce que tu cherches, là-bas ? » demanda-t-il, les sourcils froncés.

Tom fixa le feu qui consumait la lettre : « Quelque chose d'ancien, de puissant. Un artefact volé depuis des centaines d'années. »

Harry, intrigué, interrogea : « Et tu es sûr que ça se trouve à Poudlard ? »

Un ricanement léger s'échappa des lèvres de Tom : « Non. Mais la voleuse y est toujours. - Ses mains glissèrent sur les bras couverts d'entailles d'Harry - Je veux que tu m'accompagnes. »

Harry tenta de se dégager, mais Tom resserra sa prise sur lui : « Que je t'accompagne où ? À Poudlard ? »

« À Poudlard et là où se trouvera l'artefact. Pourquoi tu t'agites ? » murmura Tom d'une voix feutrée, ses doigts glissant toujours sur les bras d'Harry.

« Parce que tu me fais mal ! Dois-je te rappeler que tu as volontairement envoyé sur moi tout un tas de morceaux de verre et que ça fait foutrement mal ? » répliqua Harry dont la patience commençait à s'étioler.

« Je suis désolé... » souffla Tom au creux de son oreille. Et Harry n'avait même pas besoin de le regarder pour savoir qu'il mentait.

Il gronda : « La prochaine fois que tu es en désaccord avec moi, merci d'utiliser ta bouche plutôt que d'essayer de me tuer. »

Il regretta immédiatement ses mots lorsqu'un long silence lui répondit. Il essaya de se rattraper : Je veux dire ta langue… NON ! Ce n'est pas ça ! Je… »

De pire en pire.

« Je suis... en désaccord avec toi. » grogna Tom d'une voix rauque.

Harry se figea : « À propos de quel sujet ? »

« Tous. »

Ses lèvres s'abaissèrent brutalement pour trouver refuge dans le creux du cou d'Harry, lui arrachant un glapissement de surprise. Il se débattit, réussissant à repousser Tom à bout de bras. « Stop, stop, stop. Ce n'est pas du tout ce que j'ai voulu dire. Parler. Je voulais dire parler ! Tu dois parler avec moi ! »

« Pas envie. » Grogna à nouveau Tom en faisant mine de s'approcher.

« Je viendrais avec toi. Chercher ton truc. »

Tom se recula et fixa Harry avec une intensité troublante : « Vraiment ? »

« Vraiment. Mais avant tu dois te soigner, te reposer et je dois aller me préparer. »

Tom le regarda longuement, semblant hésiter quant au choix à faire. Harry en profita pour appuyer fermement sur ses épaules, l'obligeant à s'allonger dans le lit. Puis il rabattit la couverture sur lui : « Tu dois être en pleine forme si nous allons à Poudlard. »

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