Un super grand frère

St Paul, le 14 mai 2006

Ça avait été compliqué.

Les premiers mois de la grossesse de Marcy avaient même été un enfer. Outre les changements physique et hormonaux qui la rendaient malade, Buck avait eu besoin de beaucoup d'attention de leur part.

Après la cheville et la clavicule, il s'était brisée le bras en faisant du skate, puis la jambe en sautant de la fenêtre du garage, et il avait ensuite souffert d'un traumatisme crânien en vélo après avoir percuté une voiture garé sur le côté.

Toutefois, leur dernière conversation semblait avoir portée ses fruits car Buck avait finalement arrêté de faire des cascades alors que le ventre de Marcy s'arrondissait. Son comportement avait même complètement changé et il avait pris l'habitude de caresser le ventre de Marcy sentant avec joie le bébé lui répondre.

Il lui parlait beaucoup, lui racontant des histoires ou faisant des projets d'aventures qu'ils auraient lorsqu'il serait enfin né.

Buck s'était apaisé et Bobby était enfin serein.

Buck débattait avec eux sur chaque prénom évoqué, s'impliquant dans chaque discussion autour du bébé. Ils savaient désormais que ce serait un garçon et Buck semblait si impatient d'avoir enfin un petit frère.

Bobby avait choisi de rester un peu plus tard au travail ce soir-là.

La tension dans la station de pompiers était palpable, avec une série d'appels d'urgence qui semblaient se succéder sans répit. Alors qu'il aidait à coordonner la réponse de son équipe à une scène d'accident de la route, son téléphone portable vibra dans sa poche. Il décrocha rapidement, s'attendant à entendre la voix d'un de ses collègues.

Au lieu de cela, c'était l'infirmière en chef de l'hôpital qui l'appelait.

« Vous êtes bien Robert Nash ? L'époux de Marcy Nash ? »

Son ton était urgent et empreint d'inquiétude alors qu'elle expliquait rapidement la situation.

– Qu'est-ce qui se passe avec Marcy ? s'affola-t-il. Est-ce qu'elle va bien ?

« Monsieur, vous devez venir, maintenant. Votre femme souffre d'une prééclampsie. C'est grave monsieur Nash. »

– Je… j'arrive tout de suite.

Bobby s'accrocha au camion alors que son capitaine arrivait vers lui en courant.

Il ne sut exactement ce qu'il avait dit mais dans les secondes qui suivirent, ils étaient en route pour l'hôpital toute sirène hurlante.

Bobby était dans un état second.

– Tu peux être fier de ton petit gars, Bobby, lâcha soudain le capitaine alors qu'il reprenait conscience de ce qui l'entourait. Il a appelé les secours tout de suite.

– Buck ? s'enquit-il ses oreilles, bourdonnant toujours.

– L'hôpital me l'a fait savoir par radio. Ce petit fera un pompier exceptionnel.

Tout ce que ferait Buck serait exceptionnel.

Les pensées de Bobby étaient un mélange tourbillonnant d'appréhension et de gratitude envers Buck. Il se sentait à la fois soulagé et fier de voir à quel point son fils avait grandi et assumé ses responsabilités dans une situation aussi critique.

Ses mains tremblaient légèrement alors qu'il sortait du véhicule et qu'il se trouvait sur le parking de l'hôpital.

– Vas-y, lui ordonna son capitaine. Je préviens le reste de l'équipe et je te rejoins.

Lorsqu'il arriva à l'accueil, Bobby ne perdit pas de temps à rejoindre le service des urgences. Il fut immédiatement accueilli par une équipe médicale en plein mouvement, s'affairant autour de Marcy qui était allongée sur un brancard, pâle et inconsciente. Son cœur se serra en la voyant dans cet état précaire, mais il trouva un certain réconfort en sachant qu'elle recevait les meilleurs soins possibles.

Il fut poussé vers la sortie et on lui assura qu'on l'appellerait dès que possible.

Buck était assis dans un coin de la salle d'attente, ses yeux empreints d'inquiétude et de fatigue. Il se leva précipitamment à l'arrivée de Bobby, ses traits d'enfant pas encore tout à fait adolescent trahissant la tension et l'angoisse qu'il ressentait. Bobby lui adressa un sourire reconnaissant et se précipita pour le serrer dans ses bras, sentant le poids de l'émotion les envelopper tous les deux.

– Ça va aller Buck, le rassura-t-il autant qu'il put.

– Elle est tombée et elle saignait et je ne pouvais rien faire d'autre que d'appeler le 9-1-1, comme tu m'as appris papa.

– Et tu as très bien fait. Grâce à toi, ta maman et ton petit frère sont entre de bonnes mains, murmura Bobby à l'oreille de Buck, sa voix empreinte d'une tendresse profonde.

Buck hocha simplement la tête en réponse, ses yeux brillants d'émotion alors qu'il se raccrochait à son père avec force.

Ensemble, ils attendirent dans l'angoisse que les nouvelles de Marcy et du bébé parviennent de la salle d'accouchement. Chaque seconde semblait durer une éternité, mais dans cet instant de vulnérabilité partagée, Bobby sentait le lien entre lui et son fils se renforcer, plus fort que jamais.

Il ne fallut pas longtemps avant que Ray et Dana ne franchissent les portes de la salle d'attente.

Ils s'installèrent le questionnant de regard mais l'infirmière revint le chercher.

– Monsieur Nash ? Votre femme est stabilisée. Votre présence est requise en salle d'accouchement.

Ray hocha la tête, tandis que Dana serrait Buck dans ses bras. Il déposa un baiser sur les cheveux de son fils avant de la suivre.

Les lumières de l'hôpital clignotaient nerveusement alors que Bobby s'approchait de la salle d'accouchement, son cœur battant la chamade dans sa poitrine. Chaque pas le rapprochait un peu plus de l'inconnu, mais il se forçait à rester calme, à rester fort pour Marcy et pour leur bébé à naître.

Lorsqu'il entra dans la salle, l'air était chargé d'anticipation et de tension. Marcy était allongée sur le lit d'hôpital, son visage pâle mais déterminé, ses yeux fixés sur l'horizon invisible de la douleur à venir. Il prit sa main dans la sienne, sentant sa chaleur le réconforter malgré la nervosité qui le rongeait de l'intérieur.

Marcy avait des larmes plein les joues, semblant désespéré de la césarienne à venir, elle qui voulait impérativement accoucher naturellement. Il savait qu'elle était déçue mais il savait aussi qu'elle ferait tout pour garantir la sécurité de leur bébé.

– Buck ? demanda-t-elle. Il était avec moi, il…

– Il est dans la salle d'attente avec Ray et Dana, la rassura-t-il. Il s'inquiète pour toi et pour le bébé mais il va bien.

– Je ne sais pas ce qui s'est passé, pleura-t-elle encore. On parlait de son prochain devoir de science et je me suis sentie partir.

– Chut, mon amour. Tout va bien, lui promit-il encore.

Le temps semblait s'étirer, chaque seconde était une éternité suspendue dans l'air chargé d'émotions.

Puis, soudain, le cri perçant de leur fils déchira le silence.

Un son qui résonna dans son âme et le remplit d'une joie indescriptible. Marcy laissa échapper un soupir de soulagement, ses yeux brillants de larmes alors qu'on lui présentait leur précieux bébé.

On le lui présenta à son tour, conscient que Marcy avait encore plusieurs minutes à passer avec les médecins qui la recousait encore et il le récupéra précautionneusement.

Sa mémoire musculaire d'un passé pas si lointain, lui fit revivre ses premiers instants avec Buck, bien que son second fils soit encore plus petit qu'il ne l'était.

Il s'accrocha au petit paquet de langes avec précaution, ses yeux fixés sur ce petit miracle de la vie qui reposait entre ses bras. Les larmes lui montèrent aux yeux alors qu'il contemplait son visage parfait, le reflet de leur amour et de leurs espoirs pour l'avenir.

Après quelques heures d'émotions, Marcy fut monté dans une chambre encore groggy mais avide d'avoir ses fils avec elle. Buck se tenait à côté d'eux, son expression mélangeant l'émerveillement et l'incrédulité alors qu'il observait son nouveau petit frère avec admiration.

Bobby lui adressa un sourire reconnaissant, sentant un lien indéfectible encore plus fort se former entre eux dans cet instant de bonheur partagé.

– Je serai le meilleur des grands frères, je te le promets, murmura-t-il doucement, ses yeux brillant de détermination et de tendresse.

Bobby sentit son cœur se gonfler de fierté et d'amour pour ce fils qui avait grandi si vite, prêt à partager sa place dans leur famille avec courage et dévouement.

Alors que Bobby contemplait sa famille réunie autour de lui, un sentiment de gratitude profonde l'envahit, remplissant chaque fibre de son être d'une joie indescriptible.

Avec Buck tenant Bobby junior et Marcy les regardant tous les deux avec la tendresse et la férocité d'une mère, il se sentait le plus comblé des hommes.