Chapitre 9.
Hermione n'avait fait qu'une minuscule erreur, une seule ayant pourtant de bien trop grandes conséquences : rentrer dans ses quartiers avec le manteau de Snape sur le dos.
Autant dire que sa crédibilité en avait prit un sacré coup. Bien sûr, Snape avait tenté tant bien que mal de faire taire les élèves sur cette affaire et, oui, ils le faisaient certes, mais il ne pouvait décemment pas les empêcher de respirer (même s'il en aurait eu fortement envie).
Il n'était pas dupe : les regards en biais, les chuchotements, rien ne les arrêtait vraiment. Alors il s'était accordé une pause, s'obstinant à éviter la jeune femme comme la peste. Seulement, plus le temps avançait, moins il semblait supporter sa présence.
Les jours, puis les semaines s'égrenant, Minerva ne pipait pas plus mot que Pompom ni ses autres collègues, mais la moindre raison semblait bonne pour en mettre plein la figure à Hermione Granger et ce, pour un oui ou pour un non. Mépriser serait un doux euphémisme face aux piques acerbes qu'il ne manquait pas d'envoyer vers elle. Minerva en vint même à se demander si ce n'était pas un effet secondaire de l'expérience. Hermione quant à elle, faisait mine de l'ignorer en classe, malgré la méchanceté manifeste de ses propos. Cela avait fait taire les ragots, mais à quel prix ?
Elle tentait de se convaincre qu'il n'avait rien contre elle, et que ce n'était qu'une façade pour faire taire ses camarades. Car c'était forcément cela n'est-ce pas ?
La situation était devenue peu à peu invivable, et les remarques de Snape commençaient à l'affecter sérieusement. Jamais il n'avait été aussi véhément, y compris contre Harry lui-même.
Elle avançait donc d'un pas vif vers la Grande Salle, la tête pleine d'interrogations lorsqu'elle plongea, tête la première vers un immense corps massif.
Etourdie, Hermione cria un peu avant de se sentir partir en arrière. Alors, une paire de mains lui rattrapa les bras en un geste soudain.
« Nom d'un chien, Granger ! aboya son professeur de potions. »
Hermione cligna des yeux vers Snape qui continuait de la maintenir en dehors du sol, les yeux complètement ahuris. Il s'apprêtait à lui demander si elle allait bien, mais s'en abstint, car ce serait ridicule et hors de propos. Et puis merde, il la détestait.
« Désolé, lâcha-t-elle en une aspiration. »
Snape fronça les sourcils en ouvrant la bouche, avant de la fermer. Il n'avait pas pensé à elle depuis des jours, et en avait réussi à relativiser cette situation. Mais elle lui était tombé dessus comme une goutte de pluie au milieu d'un ciel éclairé et cela avait réveillé toute sa rancoeur en une seconde à peine.
« Heureusement que vous êtes désolée, gronda-t-il en la remettant sur ses pieds sans aucune délicatesse. La prochaine fois, je vous laisse vous rétamer sur le sol, espèce d'idiote maladroite. »
Hermione afficha une mine contrariée face au ton de goujat qu'il venait d'employer, mais Snape s'éclipsa de son champ de vision, lui ôtant toute possibilité de réponse. Lassée, elle passa avec nervosité ses mains à plat sur sa jupe et soupira de lassitude.
Une vilaine migraine commençait à pointer le bout de son nez. Elle était à bout de nerf. Pourquoi s'évertuait-il à la traiter de cette façon ?
« Grossier et mal poli en plus, marmonna-t-elle avec un peu plus de tonalité qu'elle ne l'avait voulu. »
Hermione s'horrifia elle-même lorsqu'elle vit Snape se figer, les muscles de ses épaules vraisemblablement tendus. En un geste vif, il se retourna vers elle, faisant presque claquer sa cape professorale dans les airs.
« Une retenue ou un retrait de points ? A moins que vous n'ayez besoin des deux combinés pour vous rappeler le respect due à un enseignant, articula-t-il en montrant ses dents comme un animal. »
Cette fois, ce fut Hermione qui lâcha sans s'en rendre tout à fait compte, un éclair de rire à la fois faux, et scandalisé.
« Vous savez, il est inutile de me traiter comme un cafard collé à vos chaussures pour honorer votre parole, balança-t-elle avec sévérité. J'en ai assez que vous me parliez comme si je n'avais aucune valeur !
_ Je vous rassure, je ne le fais que par envie, et non par nécessité. »
Hermione le regarda comme si elle n'y croyait pas un mot. Or, le maître des cachots semblait on ne peut plus sérieux.
« Vous pensez peut-être que cette vie que nous avons partagé vous donne un passe-droit pour m'emmerder à votre guise ?
_ C'est vous qui vous acharnez sur moi, se défendit-elle avec vivacité, faisant se retourner plusieurs têtes.
_ Parce que ce château ne semble pas assez grand pour éviter de croiser votre horrible tignasse, il faut que en plus que vous me tombiez dessus.
_ C'était involontaire !
_ Oh je vous en prie, s'exclama Snape, à bout de patience. Vous ne vouliez même pas participer à mon expérience. »
Cette fois, la jeune femme plissa les yeux vers le sorcier, rouge d'une foule de sentiments contenus. Une bonne partie des élèves ainsi que la table des professeurs venaient de se plonger dans un lourd silence gênant, sans qu'ils ne s'en rendent tout à fait compte.
« Alors c'est de cela qu'il s'agit, murmura-t-elle d'un ton irrité.
_ Ne feignez pas la surprise alors que c'est le problème principal depuis le début, lança-t-il, la mâchoire serrée.
_ C'est vous qui m'avez choisi ce jour-là, accusa-t-elle.
_ Et j'aurais mieux fait de me péter une rotule !
_ C'est à vous de vous remettre en question.
_ Ma potion était parfaite, suivit-il. Je me suis penché sur mes notes, et j'en suis venue à une conclusion plus que plausible : un sabotage.
_ Vous pensez vraiment que j'aurais pu faire ça ?!
_ Tout est possible avec vous. »
Le regard d'Hermione brilla soudain, traversé par la souffrance d'envisager une théorie aussi absurde, mais aussi celle qu'il semblait y croire mordicus. Il n'en démordait pas, et ce fut avec une froideur quasi effrayante qu'il continuait de la fixer, imperturbable.
« Alors c'est votre stratégie ? Nier ?
_ Ce n'est pas une stratégie Granger, c'est une réalité envisageable parmi d'autres, balança-t-il, le menton haut.
_ Et celle dans laquelle je n'y suis pour rien, l'avez-vous seulement imaginé ? balança-t-elle, la voix étranglée. Quel esprit tordu aurait pu concevoir que je sois capable d'inventer un scénario pareil ?! Et par quel miracle aurais-je pu réussir à manipuler l'expérience de la sorte ?
_ Pas un miracle, une réalité Granger, rectifia-t-il. »
Le souffle de la jeune femme se coupa alors que son pas se fit menaçant vers elle.
« Une réalité dans laquelle vous demeurez une Miss Je Sais Tout, continua-t-il d'une voix basse et inquiétante, s'approchant d'elle. Insignifiante, seule, sans plus d'attention, à la recherche de la seule validation que vous n'ayez jamais pu obtenir, si misérable. »
Il ne pouvait désormais passer au delà de l'émotion qui traversait ses pupilles, si humides que des larmes auraient aisément pu couler sur ses joues si elle ne s'efforçait pas à tout prix de les retenir. Granger était à terre, alors pourquoi continuer ? Pourtant, cela semblait en dehors de lui et de toute logique. Snape ferma les paupières. Il devrait arrêter, il le savait, mais il ne put s'empêcher d'afficher un rictus aigre avant de la fixer de nouveau.
« Vous êtes douée, je me dois de vous l'avouer maintenant Granger. Vous m'avez même devancé dans ce bousillage organisé, toutes mes félicitations. Car comment imaginer les choses autrement désormais ? Vous détester trouve une racine autre, vous fait passer pour une énième pauvre victime, bouda-t-il. »
Hermione secoua la tête, désabusée et blessée. Elle croisa les bras sur sa poitrine, évitant ses pupilles et son air acéré, sans succès sur la colère qui semblait l'animer.
« Jouer sur la possibilité si ridicule que je puisse vous voir autrement que comme une élève emmerdeuse et une profiteuse, souffla-t-il en secouant la tête de droite à gauche. C'est d'un pathétique, cracha-t-il.
_ Vous insinuez réellement que j'ai pu choisir d'imaginer une histoire fictive entre nous pour redorer mon image ? chuchota-t-elle avec dégout.
_ Vous êtes une femme, vous n'avez que cette arme. »
Hermione ignorait pourquoi, ce fut cette parole qui sonna comme l'ultime coup de glas.
« Mais si seulement toute cette mascarade était réelle, je peux vous affirmer une chose. »
Snape n'était plus qu'à quelques centimètres d'elle, mais son regard aussi vif reflétait une détermination sans faille de l'achever, maintenant.
« Au milieu de cette tragédie, cet iceberg ne pouvait être qu'une bénédiction. »
Sans réfléchir, Hermione explosa et mue par une rage silencieuse, une blessure profonde, elle n'entendit qu'à peine les soupirs horrifiés des élèves derrière eux lorsque sa main s'éclata contre la joue du potionniste.
Sans un mot, alors que son visage venait d'être légèrement projeté sur le côté, Snape se redressa avec lenteur, plongeant en elle un regard plus noire encore. Mais l'étincelle ou peut-être, l'absence d'éclat dans le regard d'Hermione Granger les plongèrent tous deux dans un lourd silence. Sans un mot, elle se déroba de sa présence, se précipitant plus qu'elle ne le voulait vers l'escaliers derrière eux.
Son cerveau semblait s'être éteint alors qu'au carrefour de deux couloirs, elle s'adossa à un des murs en pierre pour laisser un sanglot s'échapper de sa gorge.
« Une bénédiction, répéta-t-elle pour elle-même, partagé entre rage et horreur. »
xXx
Le déroulé du repas préparé par les elfes ce soir-là n'aurait jamais pu être aussi calme. On aurait presque pu entendre une mouche voler, et la majeur partie des étudiants semblaient manier leurs couverts avec précaution, histoire de faire le moins de bruit possible pour ne pas s'attirer les foudres du sorcier fulminant aux côtés de la directrice.
Après au moins une bonne demi-heure de tension, ce fut cette dernière qui déposa ses couverts contre son assiette en inox avant de prendre une longue inspiration. Il n'avait pas touché à un cheveux de son repas, se contentant de grogner en mâchant avec rigidité son morceau de pain. Elle avait voulu lui donner l'opportunité de s'expliquer, mais il n'en fut rien.
« Severus, commença Minerva d'une voix claire.
_ La ferme, trancha-t-il.
_ Qu'est-ce qui vous prend au juste ?! Vous vous acharnez sur cette jeune femme comme la misère sur le monde. Qu'a-t-elle donc bien pu faire pour vous mettre dans un état pareil, puis-je le savoir ?!
_ Rien, gronda-t-il, les dents serrés et à deux doigts de tordre sa fourchette en deux.
_ Jamais vous n'avez été aussi loin, explosa-t-elle. Je vous veux tous les deux dans mon bureau, maintenant ! »
Ce dernier mot raisonna dans la salle toute entière. Voir Minerva McGonagall dans une telle colère était assez rare pour clouer le clapet de Snape autant que ceux des élèves qui auraient pu devenir une armée entière de petites souris. Minerva se retira en repoussant son siège avec lourdeur, et Snape en fit de même une dizaine de secondes plus tard, privilégiant la fuite que l'impulsion de lancer un Confringo sur la table.
Et même s'il avait décidé de tenter de calmer le tonnerre grondant dans sa tête avant de rejoindre le bureau de la directrice, la perspective de croiser de nouveau cette Gryffondor de malheur ne pouvait le faire décolérer entièrement.
Minerva soupira de lassitude lorsque la porte toqua vivement, laissant entrer Severus Snape et son allure à coucher dehors.
Hermione Granger se tendit alors sur son siège. Elle n'était arrivée que depuis cinq minutes à peine, récupéré par un Rusard essoufflé de l'avoir cherché dans tout le château.
Avec prudence, Snape finit par prendre place à cet de la jeune femme, prenant garde à ne la frôler sous aucun prétexte ni à croiser sa silhouette. De nouveau, un lourd silence s'installa dans la pièce, si pesant que la majorité des personnages présents dans les tableaux autour d'eux s'éclipsèrent eux aussi.
« Alors ? finit par demander Minerva au bout de quelques secondes à peine, rouge de colère. »
De nouveau, ce ne fut que le calme, aussi pesant que pénible, pour Snape, pour Hermione et pour Minerva. Elle en oublia presque qu'elle faisait face à deux têtes de mules.
Avec vivacité, la directrice se tourna vers Miss Granger, cette jeune femme qui ne se serait jamais permise un geste pareil avec qui que ce soit, encore moins un professeur.
« Miss Granger ! explosa enfin la sorcière.
_ Fout lui la paix ! s'emporta Snape. »
Hermione leva un sourcil incrédule alors que la directrice semblait à deux doigts de la crise de nerfs. S'étaient-ils accordé pour la rendre chèvre ?!
« Severus, gronda Minerva d'une voix si sombre qu'elle lui tordit les entrailles. Si tu veux l'exclusivité pour t'en prendre à ton étudiante, alors je ne te laisserais pas ce privilège, et je prierais Miss Granger d'expliquer les raisons de son geste. »
A ces paroles, la concernée détourna le regard, toujours aussi affectée par les ultimes paroles prononcés par un Severus enragé. Ce dernier se pinça les lèvres avant de prendre une inspiration agacée. Alors, Hermione choisit de se tourner vers lui, avec tant de ressentiment que la chaise elle-même aurait pu voler en éclat.
« Une bénédiction, souffla-t-elle, comme si elle n'avait plus que cet horrible terme en bouche. »
Snape resta silencieux, cette fois plus par honte que par amertume. Il évita à son tour son regard, les bras croisés devant sa poitrine. Mais les yeux d'Hermione eux, reflétaient parfaitement la hauteur de sa déception et de sa peine. Il ne l'avait pas seulement blessé. Ces mots l'avaient brisé, et même si les morceaux pouvaient être recollés, il n'en resterait à jamais que des fissures visibles.
Minerva ne pipa mot, n'y comprenant pas grand chose, même si ce mot semblaient leur faire écho. Eux seuls en avaient été témoin. La claque tait sortie de nul part alors qu'il lui chuchotait, des horreurs avait-elle supposé.
« Une bénédiction, répéta-t-elle d'une voix plus claire, mais tout aussi étranglée.
_ Vous êtes morte ! explosa Snape en un cri. »
Snape laissa enfin échapper, bien malgré lui, des traits tordus par la douleur. Hermione resta silencieuse, se contentant de le fixer, assez dévastée et pourtant encore capable de se taire suffisamment pour entendre ses justifications.
« Dans mes bras, ajouta-t-il en se levant d'un geste. »
Il ne s'aperçut même pas du teint blême d'une Minerva qui venait de comprendre, peut-être les tenants et aboutissants de cette haine viscérale. Il était si facile de s'y cacher, après tout et son collègue, ami, était passé maître en la matière.
« J'ai lutté, se défendit-elle enfin en un murmure.
_ Pas suffisamment !
_ Et qu'est-ce que j'aurais dû faire ? se braqua-t-elle, inconsciente. »
C'est alors qu'il fondit sur elle, lui même incapable de réaliser où il se trouvait. Il avait juste envie de la secouer comme un prunier. A la place, ses mains enserrèrent les bras de la jeune femme, avec tant de vigueur que la douleur d'une brulure commençait à l'incommoder. Il la redressa d'un geste brute, l'obligeant par la force des choses à ce qu'elle le regarde enfin.
« J'ai senti votre corps retomber à côté de moi. »
Hermione se tut, le regard plongé dans le sien, tout en ayant une douleur toujours aussi vive, mais sans aucun doute orienté sur tout autre chose.
« J'ai entendu l'eau se soulever contre mes épaules, vos mains se détacher de mon gilet comme un bloc de glace et vos cheveux recouverts de givre. »
Sans un mot, Hermione continua de le fixer, avec une sorte de fierté mal placée dissimulant une peine toute aussi lourde.
« Quand j'ai entrouvert les yeux, j'ai vu les votre ouverts et blancs, vos lèvres à demi ouvertes, même si ça n'a duré qu'une seconde. »
C'est alors qu'il la lâcha soudain et qu'elle expira sous le choc tout en vacillant d'un pas. Mais Hermione n'en tint pas compte alors qu'un frisson désagréable parcourait sa peau.
« Vous devez toujours vous sentir obligée de prouver n'importe quoi au monde entier, accusa-t-il en ne baissant en aucun cas le volume de sa voix qui aurait tout aussi pu raisonner dans Poudlard tout entier.
_ Mais… tenta-t-elle d'expliquer.
_ Et votre promesse ? hurla-t-il enfin, à bout de souffle. »
Ce fut soudain comme s'il étouffait, dans cette pièce, avec elle, et Minerva qui le scrutait avec cette curiosité maladive, et ce sens de l'analyse qu'il avait en horreur.
« J'ai lutté, souffla-t-elle en un murmure à peine audible.
_ Pas quand vous êtes parti du canot.
_ Je serais morte de toute façon !
_ Vous auriez vécu !
_ Comment ? hurla-t-elle à son tour. De quelle façon ?!
_ Je l'ignore, mais vous auriez fini autrement !
_ Quand bien même, je le referais sans hésiter.
_ Je vous défends de dire ça, gronda-t-il en lui agrippant ne nouvelle fois le bras pour la ramener à son visage fulminant.
_ Regardez-moi en face et dites moi que vous, vous seriez monté sans moi. »
Un instant, bien trop long, Snape garda ses yeux fixés sur ceux défiant de la jeune femme. Il la lâcha en une expiration lasse, puis émit un rire sans aucune joie.
« Une bénédiction, répéta-t-elle en secouant la tête.
_ Je ne le pensais pas.
_ Non, sans blague ?! s'écria-t-elle avec ironie. Comme si je vous en avais voulu avec la même hargne quand vous vous êtes presque vidé de votre sang, la gorge tranchée dans ce putain de hangar à bateaux ! »
Snape prit une inspiration avant de détourner le regard.
« C'était différent, nia-t-il.
_ Vous me parlez de mes mains glacés accrochés à vous, et vous ?! Et votre sang chaud sur les miennes ce soir-là, vous semblez l'oublier !
_ Oh oui, j'aurais dû me recoudre tout seul pendant que j'étais en train de m'étouffer dans mes glaires !
_ Et moi, utiliser les pouvoirs que je ne possédais pas pour réchauffer l'Océan Atlantique d'une dizaine de degrés. »
De nouveau, Snape émit une expiration brève, secouant la tête de dépit.
« Il ne restait que deux minutes à peine, murmura-t-il pour lui même d'un ton de désespoir. Ils étaient revenus.
_ J'étais déjà morte, répondit Hermione, un peu trop abruptement.
_ Je rectifie. C'est ce jour-là que j'aurais du me péter une rotule, quand je vous ai percuté sur ce pont, balança-t-il sans état d'âme, une fois encore. »
De nouveau, Hermione l'observa avec douleur.
« Au moins, je ne suis pas partie seule, souffla-t-elle. Et ignorante.
_ Ignorante de quoi ? De la constellation de Sirius ? balança-t-il, agacé.
_ Non. Pas de ça. »
Snape la fixa de nouveau un instant, le visage tordu par une peine difficile à réprimer avant de partir. La porte du bureau de la directrice claqua, avec tant de force qu'Hermione sursauta avant de fermer les paupières, dépitée. Elle resta plantée sur place dans un silence de plomb, ce dernier interrompu par un soupir tout aussi contrarié de Minerva McGonagall.
« Excusez-moi, murmura Hermione d'une voix étreinte par l'émotion.
_ Miss Granger… tenta de raisonner la directrice, qui sentait bien qu'il ne fallait qu'un geste, une parole, une seconde à la jeune femme pour s'écrouler.
_ Je ne peux pas, se défendit-elle. Je suis désolée. »
C'est alors qu'à son tour, Hermione ne trouva que la fuite, pour ne pas s'évanouir et laisser ainsi échapper les dernières traces de dignité qui pouvaient lui rester.
Minerva resta ainsi assise derrière son bureau, plongée dans un désarroi similaire avant que la voix de Dumbledore lui-même ne vienne enfin trancher cet horrible silence régnant de nouveau dans la pièce.
« Quelles magnifiques retrouvailles… ironisa-t-il. »
