Lagasy / BlacktoSnape / SnaBeedle / et les guests : merci pour vos retours
Diiyoza : contente de te retrouver ici :-)
DCFitzpatrick : super que tu suives la traduction ! Quoi de meilleur qu'une bonne fic pour pratiquer ?

Encore merci à la superbe Sockscranberries pour sa lecture beta.

Note : je me suis permis de localiser un peu plus précisément le lieu où va se dérouler l'histoire en fonction des éléments donnés par DCFitzpatrick, puisque je suis née pas très loin de ce coin-là et que j'ai encore des amis à quelque chose comme 15 minutes de ce que j'imagine être l'endroit idéal pour localiser l'action. J'en dirai un peu plus au chapitre suivant pour ne pas tout dévoiler avant l'heure... Ici, ça commence par l'aéroport de Marseille-Provence.

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Chapitre 3

Quatre jours plus tard, le vendredi, ils étaient dans l'avion en direction de l'aéroport de Marseille-Provence, dans le sud de la France. Ils n'avaient pas beaucoup parlé pendant les jours qui avaient suivi l'entrevue dans le bureau de Reynolds, et encore moins de leur arrangement. Il y avait beaucoup à faire au bureau, notamment laisser des consignes à chacun et charger un employé de superviser l'équipe pendant les deux semaines où ils seraient absents. Ils ne parlèrent donc que travail, échangeant des regards entendus qui trahissaient toute la frustration et la colère qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre mais ne pouvaient se permettre d'exprimer au cas où Reynolds vienne pointer son nez ou pire, questionner les employés.

Ils rejoignirent leurs sièges dans l'avion et Snape, irrité - pour changer - souffla.

« Rappelez-moi pourquoi il nous faut prendre l'avion comme de foutus Moldus pour aller jusque là-bas alors qu'il y aurait des moyens bien plus rapides de nous y rendre ? » aboya-t-il, mais à voix basse, regardant tout autour de lui pour vérifier que les Moldus ne l'aient pas entendu.

« Parce que… mes parents sont des Moldus, ainsi que le reste de ma famille »

« Et…? Vos parents savent sûrement que vous ne l'êtes pas. Et je peine à comprendre en quoi notre moyen de transport regarde qui que ce soit. »

« Puisque vous m'accompagnez, j'ai dû prévenir ma mère de notre arrivée un peu à la dernière minute. Je n'avais pas prévu de la prévenir car je n'avais pas décidé combien de temps je resterais, et je ne suis pas rentrée depuis… longtemps. » Hermione lança un regard circulaire alors que l'avion se remplissait. « Et elle a fait tout un foin : elle a décidé qu'elle devait absolument venir nous récupérer à l'aéroport et tout le toutim, et je ne sais pas si elle sera seule ou avec… Bref. Croyez-moi, c'est mieux ainsi. »

« Cela n'explique pas grand-chose. »

« C'est mieux ainsi. C'est tout. » Elle lança des regards alentours, gênée que l'agacement l'ait poussée à élever la voix, et sourit à un passager qui passait à sa hauteur pour rejoindre son siège, sourcils froncés. « Faites-moi confiance », murmura-t-elle. « C'est ma famille. Juste… retenez-vous de pratiquer la magie devant eux, ou dans leur entourage. Même devant mes parents qui… savent. » Elle affichait un regard nerveux. Severus leva un sourcil interrogateur.

« Mais qu'est-ce que vous avez, au juste ? Peur de l'avion ? »

Il eut un rire nerveux. « Je vous en prie. Je peux voler de mon propre chef, si vous vous souvenez bien », murmura-t-il. Et elle se remémora instantanément les histoires racontées par Harry, selon lesquelles il avait sauté par la fenêtre en direction de la lune pour fuir un duel avec McGonagall. « C'est le fait d'être enfermé dans un tube de métal et de n'avoir aucun contrôle dessus qui me perturbe. »

« Vous savez toujours faire ça ? »

« Si c'est nécessaire »

« Oh. Je pensais… Peu importe. » Elle se tortilla inconfortablement dans son siège.

« Je sais ce à quoi vous avez pensé… » dit-froidement. « Le fait qu'il m'ait offert cette capacité ne veut pas dire qu'elle ait disparu à sa mort. Ou que l'utiliser me rend mauvais. Le mérite me revient, c'est mon pouvoir qui me permet de le faire »

« Je n'ai rien dit »

« Non, mais vous en avez eu sacrément envie », siffla-t-il entre ses dents serrées.

« Stop, il faut arrêter de nous chamailler. Nous sommes censés être amoureux, vous vous souvenez ? Alors calmez-vous et arrêtez de tout prendre comme une attaque à votre encontre »

« Ce serait un exploit que j'y arrive étant donné que chaque mot sorti de votre bouche depuis trois ans a effectivement été une attaque à mon encontre. »

Elle cessa de fixer le dossier du siège face à elle pour le regarder droit dans les yeux. « Non, ce n'est pas vrai. » Elle paraissait sincère et il fut légèrement déstabilisé. Ce fut à son tour de détourner le regard.

Après un silence, durant lequel l'hôtesse de l'air commença ses instructions, Snape reprit : « S'il nous faut jouer les couples amoureux, alors je dois savoir quel est le problème avec l'impossibilité de prendre un foutu Portoloin pour rejoindre vos parents. »

Hermione soupira profondément et ostensiblement. « Vous le saurez bien assez tôt. »

Le silence s'installa. Ce fut à nouveau à Snape de le briser. « À quel point dois-je m'attendre à être malmené ? »

« Quoi ? » Elle l'observa de nouveau. « Vous ne serez pas malmené du tout »

« Oh pitié, dites-moi quels parents seraient surexcités à l'idée que leur fille soit avec un homme de vingt ans de plus qu'elle ? Et avec ma tête, en plus ? Je vais aussi paraître complètement débile de ne pas sembler avoir travaillé assez dur pour m'épargner le fait de devenir l'assistant d'une personne de vingt ans ma cadette, et qui de surcroît fut mon élève. Et en plus, s'ils ont entendu parler de mon rôle pendant la Guerre… »

« Mon père… » coupa-t-elle avant qu'il ne continue à se rabaisser, « peut être un homme assez compliqué, oui. Mais je ne pense pas qu'il ira jusqu'à se montrer insultant envers vous. Et les autres, ils ne le seront définitivement pas. Ils seront peut-être surpris, mais pas impolis. » À présent, elle se sentait un peu mal à l'aise de l'avoir mis dans cette situation. Il était déjà l'objet de tous les regards au quotidien, et voilà qu'elle le forçait à devoir en subir encore davantage, de la part de personnes qu'il n'aurait jamais eu à supporter si seulement elle n'avait pas surgi dans le cours de sa vie comme un diable de sa boîte avec sa supercherie ridicule.

L'avion commença enfin à décoller, et alors qu'on ne sentait à présent plus le frottement des roues sous la carlingue, elle se raidit, regardant droit devant elle et agrippant sa main inconsciemment. Il s'apprêtait à la repousser, agacé, mais quand il la regarda, il se rendit compte qu'elle semblait respirer avec difficulté, à la limite de la panique. Il laissa ses yeux rouler dans leurs orbites.

« Miss Granger, Miss Granger, regardez-moi, » dit-il calmement, mais sûrement pas tendrement. Il ne pouvait pas la laisser succomber à une crise d'angoisse dans cet avion. Cela serait tellement pénible à supporter. Comme s'il avait besoin de cela, en plus. Elle ne le regarda pas et continua de respirer lourdement. « Miss Granger ! » lança-t-il plus fermement, entrelaçant ses doigts aux siens et serrant plus fort qu'elle ne le faisait. Elle finit par lever les yeux vers lui.

« Respirez. Vous êtes en sécurité »

Elle fit ce qu'il lui demandait et hocha la tête.

« Si quoi que ce soit tournait mal, rappelez-vous que je peux toujours nous sortir d'affaire en volant, » murmura-t-il doucement.

Elle se détendit un peu et sourit, mais lui conserva son air totalement impassible. Gênée, elle finit par lâcher sa main.

« Et c'est moi qui aurais peur de voler ? »

Elle se contenta de maintenir son regard face à elle, le souffle peu à peu plus calme. « Si je vous ennuie tellement et si je suis si conne que cela, vous n'avez qu'à cesser de m'adresser la parole »

Elle commençait à regretter de ne pas avoir accordé plus d'importance à sa vie amoureuse qu'à sa carrière, attendant pour ainsi dire que le Prince Charmant lui tombe tout cuit dans l'assiette. Elle aurait pu se trouver dans une relation tout à fait correcte et ne pas avoir à se soumettre, et à soumettre l'un de ses employés, à cette mascarade. Ne te fais pas d'illusions. Tu serais toujours célibataire. Tu aurais juste vécu davantage de bonnes baises et de chagrins d'amour. Les hommes n'aiment pas les Miss-je-sais-tout angoissées et carriéristes.

« Il faut que nous parlions, Miss Granger. Vous avez des choses à apprendre pour ce ridicule interrogatoire auquel ils veulent nous soumettre. Je n'irai pas en prison à cause de vous. C'était malin de votre part de nous avoir fait gagner du temps avec ce séjour, alors mettons-le à profit. Au moins, cela servira à quelque chose »

« J'ai des choses à apprendre ? Et vous alors ? »

« J'en connais beaucoup, » se vanta-t-il.

« Comme ? » demanda-t-elle, indignée.

Il soupira, las. « Vous allez me dire que votre couleur préférée est le rouge, mais en fait, c'est le vert. Vous avez juste peur que les gens pensent que vous êtes une Serpentard, au fond. Chut, fierté de Gryffondor. Votre plat préféré sont les fettuccine Alfredo au poulet. Vous avez mis le feu à ma robe en première année, et avez illégalement bien qu'irréprochablement - à l'exception du poil de chat - préparé du Polynectar dans les toilettes des filles en seconde... Chaton. » Il l'observa et leva un sourcil vainqueur. Le coin de ses lèvres se plissa légèrement pour afficher un sourire satisfait.

Elle était abasourdie qu'il sache tout cela, la mâchoire pendante, et ses joues étaient également écarlates.

« Comment... »

« J'ai des yeux. Je serais mort si je n'avais pas été aussi observateur. Vous écrivez toujours à l'encre verte, portez des boucles d'oreilles vertes, des colliers ou des bagues montées de pierres vertes, ou des pinces à cheveux d'ailleurs. Mais en bonne petite Gryffondor que vous êtes, vous prétendez aimer le rouge, et la moindre carte ou le moindre cadeau qui vous est adressé arrive emballé dans une enveloppe dans les tons rouges. À chaque fois que vous m'envoyez chercher votre foutu repas ou que vous me forcez à déjeuner avec vous pour parler travail, vous commandez des fettuccine Alfredo au poulet. Si ce n'est pas le cas, alors vous ne pouvez pas vous retenir de critiquer le plat que vous avez choisi, alors que les fettuccine Alfredo au poulet sont toujours parfaites. Vous avez volé des ingrédients dans ma réserve personnelle pour préparer le Polynectar, je ne suis pas bête, je l'ai réalisé quand j'ai été appelé pour vous concocter un antidote alors que vous rongiez votre frein à l'infirmerie, couverte de poils et flanquée d'une queue. » Il eut un sourire en coin.

« Eh bien, il y a quelque chose qui vous échappe : ne m'appelez pas Miss Granger, puisque nous sommes censés être en couple, Severus, » persiffla-t-elle, perturbée qu'il sache autant de choses sur elle et qu'elle soit incapable d'en dire le centième à son sujet. Comment le pourrait-elle, d'ailleurs ? Il était seulement son employé. Et fermé comme une huître. Cela dit, il était un peu déstabilisant de réaliser qu'en dépendant autant de lui, elle restait une patronne si indigne qu'elle n'avait même pas fait attention à ce qu'il commandait quand ils déjeunaient ensemble.

« Très bien, Chaton, » la taquina-t-il.

« Arrêtez cela ! » Elle avait presque aimé ce surnom tant qu'elle n'avait pas percuté d'où il venait, mais à présent, c'était juste énervant. Il se contenta d'afficher un air suffisant, et elle sut alors qu'il ne lâcherait pas l'affaire si facilement.

« Bon, d'accord... Votre couleur préférée est à l'évidence le noir, » dit-elle après un silence. Il portait toujours les mêmes robes qu'elle connaissait au Professeur Snape au bureau, avec tous leurs boutons. Aujourd'hui, dans le monde Moldu, il avait troqué son ensemble contre un costume classique, avec une chemise noire en-dessous, dont le col était légèrement déboutonné, et avait astucieusement tiré sa longue chevelure en une queue de cheval. Il était presque charmant. Sûrement s'était-il habillé ainsi pour rivaliser avec les tailleurs qu'elle avait l'habitude de porter. Il ne pouvait pas en faire moins devant sa famille.

Il grogna. « Ce n'est pas exactement vrai. »

« Comment cela ne peut-il pas l'être ? Vous ne portez que du noir ! »

« Premièrement, vous ne pouvez pas être sûre de cela. Vous ne m'avez jamais vu une journée complète, ni dans d'autres situations qu'au travail. Deuxièmement, porter une couleur n'en fait pas votre couleur préférée. Je ne vous ai jamais vue dans une jupe verte, » pérora-t-il.

« D'accord, c'est vrai. Quelle est votre couleur préférée, dans ce cas ? »

Il se tint l'arête du nez et soupira. Rien que l'idée de dévoiler le moindre petit détail sur lui, aussi insignifiant soit-il, le mettait mal à l'aise. « Vert. »

« Vraiment ? » demanda-t-elle, amusée de ce point commun. « C'est drôle. Votre plat préféré ? »

« Les crevettes »

« Les crevettes ? Les crevettes à quoi exactement ? »

« N'importe quel foutu plat avec des crevettes dedans, » dit-il, mâchoire serrée.

« Mais il y en a bien un en particulier... »

Il se pinça de nouveau l'arête du nez. « Seigneur, femme ! Vous êtes exaspérante ! » grogna-t-il. « Alors, disons le risotto aux crevettes, s'il vous faut un plat précis. »

« Je trouve qu'il est plus prudent d'être précise, » dit-elle sur un ton de défi.

« Bien. » Il regardait droit devant lui, agacé.

Elle resta silencieuse, jusqu'à ce qu'une idée lui traverse l'esprit. « Vous pensez qu'ils vont nous mettre sous Veritaserum ? » lâcha-t-elle d'un trait, horrifiée.

« Vous avez étudié les potions. Songez-y une minute, » dit-il calmement.

Ses méninges tournaient à plein régime. « Le Veritaserum ne pousse non pas à dire la vérité, mais ce que l'on croit être la vérité, donc… »

« Cela serait très improbable, en effet »

« Parce que cela ne leur serait d'aucune utilité. Si je crois que votre couleur préférée est le vert… »

« Oui, vous y êtes. Il faudrait que vous ne soyez vraiment pas convaincante pour être prise. Et en plus, ils savent que je résiste au Veritaserum. »

« Attendez… » dit-elle après un moment. « Cela signifie que vous pourriez me répondre n'importe quoi. Quoi que vous me disiez, je le croirai, et ils n'auront aucun moyen de savoir qu'en fait je ne sais rien de vous. Nous passerions l'interrogatoire, mais je n'aurai rien appris de nouveau à votre sujet. »

Severus de contenta de sourire, l'air malin.

« Ce n'est pas juste ! Vous saurez absolument tout sur moi ! »

« La vie est injuste, » dit-il simplement. « Regardez dans quoi je me retrouve embarqué pour avoir une promotion que j'ai par ailleurs amplement méritée. »

Elle se tut de nouveau. « En fait, ils pourraient toujours y avoir recours… » marmonna-t-elle. « Je peux certes penser que les détails que vous m'avez communiqués sont véridiques, mais je ne peux décemment pas croire que nous sommes ensemble alors que vous me traitez de la sorte. »

Bien qu'elle parlât tout bas, il l'entendit.

« Vu ce qu'ils pensent de moi, ils auraient vite faite de croire que je vous ai mise sous Imperium, donc cela ne servirait à rien non plus. Voilà pourquoi ils ne prendront pas la peine d'aller jusque-là. »

« Et pourquoi penseraient-ils cela ? Qu'est-ce que vous auriez à y gagner ? C'est moi qui suis visée par la loi sur le Mariage après tout. »

Severus haussa les épaules. « J'ai cessé d'essayer de comprendre pourquoi ils me cherchent des poux, malgré tous mes efforts, depuis des lustres ».

Il y eut un silence, et elle le regarda avec… empathie ? Non, il ne pouvait pas la laisser faire cela. « Par ailleurs, il aurait aussi été possible que je vous aie appris à résister au Veritaserum »

« Si on va par-là, alors ils peuvent penser n'importe quoi. Ils ne se satisferont jamais de nos réponses. »

« Voilà pourquoi je pense qu'ils vont passer les prochains mois à nous espionner et à nous rendre des visites surprises. »

Hermione soupira. Cela demanderait beaucoup d'investissement, mais c'était le prix de sa liberté. « D'accord. Il nous faut donc être vraiment bien calés. Je… il nous faut tout savoir. Tout. Commençons par vos parents. »

« Non. »

« Mais vous allez rencontrer les miens dans quelques minutes, dites m'en au moins un peu plus ! »

« Ils sont morts. C'est tout ce que vous avez besoin de savoir. »

« Mais… »

« Non, Miss Granger ! » trancha-il fermement, exaspéré.

Alors qu'Hermione fronçait les sourcils, on annonça l'atterrissage imminent de l'appareil.

« Hermione, » dit-elle.

« Quoi ? » aboya-t-il, furieux.

« Appelez. Moi. Hermione. » laissa-t-elle échapper en détachant chaque mot, la mâchoire serrée de frustration. « S'il vous plaît, faites en sorte que tout cela soit crédible pour ma famille. Je ne peux pas me permettre de les laisser savoir que tout cela n'est qu'une vaste farce. Alors, s'il vous plaît, essayez au moins de ne pas m'insulter devant eux. » ajouta-t-elle, soufflant de colère. « Et si nous ne sommes même pas capables de le leur faire croire à notre histoire, alors nous n'avons aucune chance avec le Ministère. »

Elle croisa les bras sur sa poitrine. Elle commençait à regretter amèrement le pétrin dans lequel elle s'était fourrée.