Soundrack : Leave her Johnny, un chant de marin notamment chanté par Peter Kennedy
La vie grouillait autour des grands voiliers ; sur les jetées, les hommes chargeaient et déchargeaient de grands sacs de provisions et des tonneaux lourds de boisson. Au-dessus des mats, le chant des mouettes se mêlait au mugissement du vent froid. Des petits groupes de femme attendaient devant les auberges, en quête d'un prochain client à satisfaire. Néanmoins, elles devraient sans doute attendre un moment, car le ciel favorable avait déjà emmené au large bon nombre de marins. Un temps clair désiré depuis des jours, car des jours de pluie et d'orage s'étaient abattus sur le port, les maintenant tous à quai.
L'endroit avait remarquablement changé ces derniers siècles, depuis sa dernière visite. La chaleureuse plage de galets, où des grands feux avaient brûlé pour célébrer leur victoire et où ils avaient dansé jusqu'à l'aurore, s'était transformé en un carrefour commercial prospère. Les haches et les peintures de guerre avaient été abandonné au profil d'une civilisation plus calme et hédoniste. Un changement déstabilisant.
Midgard était devenu une autre terre durant leur absence ; le temps s'y écoulait différemment, et la totalité des guerriers qu'ils y avaient rencontrés n'étaient plus.
Un sentiment de solitude planait sur son cœur. Ce choix était le sien ; « Heimdall, ouvre le Bifröst », la dernière chose qu'il avait prononcé avant de se faire engloutir par les moirures multicolores du pont entre les mondes. Sans savoir où aller ; sans savoir où chercher. Loki pouvait être partout, et nulle part à la fois. Était-il seulement sur Midgard ?
Son soupir se perdit dans la clameur des marins. Il avait choisi cet endroit, cette ancienne plage pleine de promesse, car c'était le premier endroit auquel il avait pensé ; le seul qui le rattachait à lui. Un début comme un autre, car il fallait bien commencer quelque part.
Une agitation s'éleva sur sa gauche, l'arrachant à sa réflexion. Intrigué, Thor détourna son attention des flots pour analyser la direction des exclamations de surprise. Les marins semblaient agités : certains se reculaient pour esquiver, d'autres manquaient de se prendre les pieds dedans. Dans quoi ? L'Æsir ne le découvrit qu'après, lorsque le coupable se faufila jusqu'à lui, agile et rapide. Un chat, à la robe d'un noir pur, qui courait sur les lattes dévorées par le sel marin. Il tenait quelque chose dans la gueule, une sorte de lien rouge, et jetait par moments des regards en arrière. Une faute d'inattention qui manqua de le faire cogner dans les jambes du Dieu. Tous deux surpris, l'animal freina au dernier moment tandis que l'homme s'écarta sur le côté. Ils s'observèrent ensuite en silence, le vert perçant du félin rencontrant son bleu oculaire. Très vite, il plissa ses oreilles vers l'arrière, sa queue se gonfla d'hostilité et il bomba le dos dans une tentative d'intimidation. En vain évidemment, car aucun chat ne pourrait jamais détrôner l'aura dangereuse des compagnons de Freyja. L'animal feula, le lien tomba à ses pattes ; il jeta de nouveau un regard par-dessus son dos en réponse à un cri candide au loin. À priori, sa poursuivante n'était guère loin.
Et, en effet, à peine une minute plus tard, les ouvriers s'écartèrent sur le quai pour laisser passer une fillette chétive aux lourdes boucles blondes. La pauvre enfant n'avait que la peau sur les os, une silhouette gracile révélée par le haillon lui servant d'unique vêtement – absolument pas suffisant pour affronter les vents marins. Lorsqu'elle s'approcha, le chat avait déjà décampé. En chemin, l'une de ses sandales usées se prit dans le plancher et faucha son équilibre. Heureusement, Thor anticipa sa chute et tendit les bras pour lui éviter la douleur. Elle percuta ainsi son torse de plein fouet – plutôt que le bois détrempé – et referma par réflexe ses mains écorchées autour de ses avant-bras.
« Ouch » maugréa-t-elle malgré tout en cognant un genou sur les planches. « Maudit chat… Merci monsieur, mais je- » Elle stoppa ses mots en plongeant ses iris safres dans ceux de son sauveur. Sa bouche s'entrouvrit alors, exempte de mots ; une vision qui lui rappela l'expression des enfants vikings lorsqu'ils étaient apparus, drapés des mille couleurs du Bifröst. Un mélange de surprise et d'émerveillement.
S'agenouillant face à elle, Thor prit donc la parole à sa place : « Tu devrais faire plus attention, tu aurais pu te blesser ou blesser quelqu'un d'autre. » Il retira de ses épaules la large cape dans laquelle il s'était enveloppé pour l'enrouler autour des épaules de la frêle enfant. Le froid environnant lui fit aussitôt regretter son geste de charité, mais l'affection qui étira les lèvres féminines en retour suffit amplement à chasser cet inconvénient. Il ne faisait aucun doute qu'elle en avait plus besoin que lui. « Tiens » dit-il ensuite en attrapant la lanière laissée tomber par le chat pour la poser entre les doigts tendus par réflexe, « je suppose que c'est pour ça que tu le poursuivais. » L'objet n'avait aucune valeur ; ce n'était qu'un bout de cuir carmin tressé, peut-être suffisamment long pour servir d'attache. Pourtant, la fillette l'observa avec une telle vénération qu'il était certain que sa véritable importance n'était pas chiffrable, ni même visible.
« Merci beaucoup. » Elle fit rouler l'objet entre ses phalanges ; un sourire éclatant barrait le bas de son visage pâle. « J'ignore pourquoi, mais ce chat s'est brusquement jeté sur moi pour me l'arracher. Alors je lui ai couru après.
- Où sont tes parents ? » demanda l'Ase, craignant déjà de connaître la réponse.
« Maman est partie au ciel il y a longtemps. » Une ombre de nostalgie modifia à peine la courbure de ses lèvres. « J'ai de la chance d'avoir encore mon frère, mais il n'est pas là ; je l'ai perdu en courant après Monsieur le chat. » Ses paroles se succédaient, un peu décousu, comme si ses lèvres ne parvenaient pas à se mettre d'accord sur ce qui devait être dit en premier. « Ali m'a dit que c'était une mauvaise idée, mais je devais récupérer mon trésor. C'est maman qui me l'a offert. Elle disait toujours qu'il est important de garder espoir et de se rattacher à ce que nous possédons. Vous pensez que Monsieur le chat aussi était perdu ? » Ses sourcils se froncèrent légèrement, son sourire disparu, avant qu'elle ne rajoute : « Vous aussi Monsieur vous courez après le chat ? »
Déconcerté par sa demande, Thor battit plusieurs fois des cils. « Non, pourquoi ?
- Parce que vous avez l'air perdu. » Ses mots étaient emplis de compassion et prirent de court le prince guerrier. Résonnant en chœur avec son esprit.
Perdu… Était-il perdu ? Égaré ? Comme l'homme errant, seul, au milieu des montagnes noires d'orages dépeint par la mélodie d'Hela ? Perdu, dans ce monde au cœur duquel il se battait autrefois, au centre duquel il dansait l'âme en joie ; à présent si différent, le passé oublié. Perdu, comme son cadet.
« Tu as raison », il avoua sans vraiment savoir pourquoi. Peut-être était-ce l'adorable bouille de la fillette camouflée sous tant de crasse, ou bien la chaleur de ses petits doigts toujours attachés à lui. Ou ses grands yeux qui le contemplaient comme une merveille tombée sur terre. « Oui, j'ai perdu quelqu'un moi aussi. Mon petit frère. Mais je compte bien le retrouver. Comme toi » ajouta-t-il en lui tapotant le nez du bout du doigt ; elle rit en réponse, un son qui réchauffa son âme.
Depuis la mort de Balder, le ciel d'Asgard était morne de chagrin et les voiles blancs emplissaient le royaume. La joie s'était tue pour laisser le temps au deuil de se faire. Une chose que Thor n'avait lui-même pas eu le temps d'accomplir, obligé - à peine remis de ses blessures – de défendre l'innocence de son cadet pour éviter un second enterrement.
Il n'y avait plus eu de rire depuis longtemps ; seulement des larmes et de la colère. Les éclats d'un miroir brisé.
« Tenez », elle imita son geste passé en lui confiant le lacet rouge. « Vous en avez plus besoin que moi. Maman disait toujours que nous sommes liés aux personnes qui comptent. Grâce à celui-ci, j'ai toujours retrouvé mon chemin. Peut-être qu'il pourra vous aider à retrouver le vôtre.
- Mais- » Il ne put finir sa phrase car, distraite par un cri au loin, la fillette tourna son attention en direction d'une auberge devant laquelle se tenait la silhouette d'un garçon à peine plus âgé qu'elle.
« Ah ! J'ai retrouvé mon alouette ! » Elle fit de grands gestes des bras dans sa direction. La cape manqua de glisser sur ses épaules, l'obligeant à la retenir d'une main. « Vous voyez ? » déclara-t-elle ensuite, toute joyeuse, en replongeant dans ses yeux. « Ce porte-bonheur fonctionne ! Je suis sûre qu'il vous aidera à retrouver votre frère. Bon, je dois y aller maintenant, sinon je vais me faire gronder par Ali. » Elle déposa un baiser sur sa joue, puis se détacha de lui. « Au revoir Monsieur, et merci pour la chaleur ! » Et elle disparut comme elle était apparue dans son existence : tel un courant d'air printanier pétillant de vie.
Une rencontre parmi tant d'autres durant son long voyage, anodine auraient pu dire certains. Les Nornes étaient celles qui tissaient les liens entre les personnes ; une simple ficelle n'avait pour seule magique que celle accordée par la foi. Pourtant, Thor l'avait conservée, ignorant le pourquoi, ne se référant qu'à sa teinte usée par les âges pour se remémorer la positivité de cette fillette égratignée par la vie. L'espoir ressortait plus beau dans l'obscurité.
o
La taverne était pleine à craquer ; le vin et la bière coulaient à flots. Les marins consolaient leur journée dans la chaleur d'une gorgée ou d'un décolleté. Un petit groupe en particulier était impliqué dans le brouhaha local : ils chantaient faux et fort, certaines syllabes articulées avec difficulté. Ils n'avaient pas besoin d'instrument, l'un d'eux frappait son poing sur la table d'un rythme assez peu régulier, mais suffisant pour mener la chorale improvisée par l'alcool.
Thor ne leur prêtait que peu d'attention, occupé à boire le velouté que venait de lui servir l'affable aubergiste, un sourire peint au milieu de ses joues joufflues. Le liquide chaud était le bienvenu contre son palet, et le long de ses boyaux qui irradièrent les degrés supplémentaires pour chasser la froideur. Le printemps venait de débuter, encore bien trop timide face aux vents hivernaux encore persistants. Il avait passé la journée au port, à collecter la moindre information qui aurait pu aiguiller ses recherches. En vain. Même si sa piste s'était réduite à un seul royaume – et il priait de tout cœur d'avoir suivi le bon instinct -, Midgard demeurait vaste et peuplé d'humanoïdes. Déjà dix-huit ans qu'il enquêtait, inlassablement. Sans le moindre indice
Leave her, Johnny, leave her
[Laisse-la, Johhny, laisse-la]
Une ombre se glissa en face de lui sans qu'il ne lui prête tout de suite attention. Il y avait tellement de monde qu'il pouvait partager un bout de table sans problème – il avait renoncé à ses privilèges princiers à l'instant où il avait quitté Asgard. Cependant, ne percevant aucun autre mouvement de son voisin qui aurait pu indiquer qu'il mangeait tout comme lui, l'héritier déchu releva la tête pour étudier le nouveau venu.
Il croisa aussitôt deux orbes d'un or pur qui l'observaient sous un casque sans ciller. Une mâchoire large, une barbe parfaitement taillée, et un teint hâlé rehaussé par l'armure dorée qu'il portait. Un visage familier qu'il n'avait pas vu depuis sa fugue ; le dernier, avant que les moirures du Bifröst ne l'emportent loin de son foyer.
Il arracha un morceau à son grognon de pain et le trempa dans le bol. « Que puis-je pour toi, mon ami ? » Gorgée de soupe, la mie fondit sur sa langue. Les repas étaient plutôt rares, il avait par conséquent appris à apprécier chacun d'entre eux.
« Votre père m'envoie. » C'était une évidence. Au moins une fois par semaine, il pouvait percevoir la présence d'Hugin ou de Munin à proximité. Les deux corbeaux l'épiaient dans l'ombre depuis son arrivée sur Midgard, et il s'étonnait de ne pas avoir été à nouveau arrêté dans sa fugue. Peut-être qu'Hela était parvenue à convaincre leur père ? Ou peut-être ce dernier, lasse, s'était finalement résolu à sa quête ?
Non, impossible. Odin était un roi opiniâtre. Sa parole était divine ; personne, pas même lui, n'avait le droit de la remettre en doute.
Le mutisme s'installa entre les deux Ases, laissant le temps au plus jeune de dévorer son repas.
Oh leave her, Johnny, leave her
[Oh laisse-la, Johhny, laisse-la]
For the voyage is long and the winds don't blow
[Car le voyage est long et les vents ne soufflent pas]
And it's time for us to leave her
[Et il est temps pour nous de la quitter]
Autour d'eux, la mélodie se poursuivait sans fin, toile de fond pour accueillir les conversations aux différentes tables. Lorsque Thor reprit finalement la parole, son bol était vide et il serrait entre ses deux mains son godet d'hydromel. « Tu n'as pas répondu à ma question : que puis-je pour toi ? »
Les sourcils du gardien se froncèrent de manière fugace au-dessus de ses prunelles incapables de ciller. « Vous devez revenir.
- Parce qu'il s'est finalement rendu compte à quel point j'étais sérieux ?
- Parce que tout cela n'a aucune raison d'être. » Ce fut au tour du guerrier blond de froncer les sourcils. Est-ce que son père pensait réellement que tout ceci n'était rien ? Qu'il avait tourné le dos à la couronne, à sa famille – ce qui en restait – et à son peuple seulement pour aucune raison ? Douze fois ?! « Mon prince, la patience de votre père a ses limites.
- J'ai cru comprendre » ; Hela lui avait dit une chose similaire avant de l'aider dans sa dernière fuite. Heimdall aussi. « Mon prince, êtes-vous sûr ? » il lui avait demandé de sa voix assombrie par l'inquiétude. Il ne l'avait jamais autant été.
« Le Père de toutes choses vous offre une chance de revenir. Profitez que sa clémence soit suffisamment fertile.
- Pas sans lui. » Sa réponse fut directe, aussi puissante que cette nuit-là où il avait ordonné au gardien l'ouverture du Bifröst contre l'avis de tous – contre l'avis de son père, de son roi ! Il sentit néanmoins les fêlures dans son propre timbre. Dix-huit années midgardiennes qu'il cherchait sans savoir par où commencer, ni comment s'assurer qu'il ne passait pas à côté d'un indice. Loki pouvait être nulle part, ou peut-être ailleurs.
Comme lisant dans ses pensées, Heimdall demanda alors : « Et où le chercherez-vous ? Votre frère fut l'un des plus grands stratèges militaires d'Asgard, et le plus grand sorcier de sa génération. Comment comptez-vous le surprendre ?
- Je le retrouverais. » Il n'en avait aucune idée ; il savait seulement qu'il ne pouvait pas abandonner, pas maintenant.
« Vous n'y arriverez pas seul.
- Ai-je le choix ?
- Vous pourriez l'avoir. » Thor plissa les yeux à l'entente de ces mots, de cet éclat d'espoir qu'il savait cacher derrière. Les traits du gardien apparaissaient toujours neutres, mais il connaissait suffisamment l'homme pour y déceler une émotion plus vive. Il y avait autre chose ; il n'était pas seulement venu à lui pour lui demander de mettre fin à son propre exil. « Je vous l'ai dit, profitez que sa clémence soit encore fertile. »
Profiter. Marchander. L'Ase blond comprit sans effort. « Que demande-t-il en échange ? »
Une pensée assombrit l'or oculaire de son interlocuteur. Il savait ; bien sûr qu'il savait. Si la confiance de leur roi ne devait se répartir qu'en une petite poignée de personne, Heimdall serait bien placé dans les premiers. Sa loyauté au trône était sans failles, et ses yeux lui permettaient de déceler le vrai du faux, de trouver le moindre grain de poussière dans l'univers. Son aide, couplée aux dons de téléportation du Bifröst, lui seraient d'une grande aide dans sa quête. Sans, il la savait d'avance vouée à l'échec.
« Vous » répondit le gardien après une minute de silence. « Votre frère retrouvé ou non, une fois le sablier accordé vide, vous devrez rentrer et assumer votre rôle. Le traité de paix avec Vanaheim a déjà été retardé. » Le sang se glaça dans ses vaisseaux, comprenant le sens caché de ces paroles. Pourtant, il aurait dû s'en douter : avec la mort de Balder et l'état incertain d'Hela, cette tâche lui incombait à présent.
Ses doigts jouèrent avec le cordon carmin autour de son poignet. « Combien de temps ? » demanda-t-il en conservant son calme. Il était un prince malgré tout, et n'oubliait pas l'image impeccable qu'il devait renvoyer au moindre membre de son peuple. Malgré l'acide mélange d'irritation et d'aversion qui s'invitait lentement sur sa langue.
« Les préparatifs ont débuté à peine avant votre départ précipité. Suivant les coutumes, il faut deux siècles pour anticiper la cérémonie. » Deux cents ans. Cent quatre-vingt-deux pour être exact. Si peu.
Mais il n'avait pas le choix ; il n'y arriverait jamais seul.
We swear by rote for want of more
[Nous jurons par cœur, faute de mieux]
Leave her, Johnny, leave her
Il détacha le lien en se levant de table. « Très bien » déclara-t-il en fourrant ses mains dans ses boucles pour les tirer vers l'arrière. Le lien se resserra. « Préviens mon père que j'accepte. »
Chapitre 13
Einherjahr
Propulsé par un coup brusque dans la poitrine, Thor dérapa sur plusieurs mètres avant de percuter le tronc solide d'un pin. Son dos craqua, la douleur chatouilla ses terminaisons nerveuses ; pourtant, le sourire sur ses lèvres s'agrandit. Prenant appui contre l'arbre, il se redressa avec le maximum de désinvolture dont il était capable – son ego méritait d'être épargné. Plus loin, debout au milieu du terrain d'entrainement, Brunehilde attendait son retour. Elle se tenait, le menton levé avec fierté, appuyée contre sa lance. Un air moqueur dansait sur ses traits.
« Je croyais qu'on y allait doucement » demanda-t-il en la rejoignant, une main sur son ventre encore douloureux du coup.
« Je croyais que tu étais prêt.
- Je le suis toujours.
- Fort bien. » Sans attendre plus, elle se jeta sur lui, lance brandie et cri de guerre dans sa bouche. Le sol bougonna en réponse, comme piétiné par un troupeau de chevaux au triple galop. De son côté, l'Ase se prépara. L'énergie crépita à toute vitesse le long de son bras pour matérialiser le manche de son fidèle marteau. Juste à temps, il put ainsi brandir Mjöllnir devant lui pour intercepter l'offensive de la Valkyrie. Le poids de son attaque l'obligea à bander les muscles ; ses pieds s'enfoncèrent dans la terre en quête d'un ancrage. Prenant appui sur lui, la guerrière tenta ensuite de lui assigner un coup de genou en pleine tête ; il l'intercepta de sa main libre et tordit le membre dans un angle désagréable. Un sifflement de douleur retentit au-dessus de lui. La culpabilité le fit hésiter une seconde ; la seconde de trop.
Enroulant avec force son autre jambe autour de son cou, Brunehilde le serra entre sa cuisse et son mollet, si fort qu'il vit bientôt des spots lumineux brouiller sa vision. Ses poumons s'affolèrent en quête d'air, et l'urgence lui retira la capacité de réfléchir. Ne répondant plus qu'à ses réflexes, il convia ainsi la foudre au travers de son corps. Face au danger annoncé par les nuages de plus en plus nombreux au-dessus d'eux, la Valkyrie tenta un repli. Cependant, au lieu du saut arrière préparé, elle s'écrasa lourdement à ses pieds, entravée dans son mouvement par le poing serrant toujours sa jambe. Il l'entendit pester sous la cascade de tresses sombres. Rapide, Thor l'empêcha ensuite de se relever en s'asseyant à califourchon sur son dos, ce qui aggrava les protestations de son adversaire. Elle lui adressa un regard noir par-dessus l'épaule ; il rit en réponse. Le soufre emplissait ses narines, ses doigts le démangeaient. Un grondement déchira la voûte céleste, dangereux, menaçant.
« Eeeet victoire pour Sig ! » s'exclama une voix lointaine, pas si éloignée que ça finalement car, très vite, deux paires de bottes se dessinèrent dans son champ de vision. James et Steven, les deux inséparables qui devaient certainement avoir stoppé leur propre entrainement pour les observer. Tout comme lui, ils portaient une armure légère en cuir souple. Le bandage avait été retiré des doigts de Steven qui pouvait à nouveau manier l'épée – bien qu'il privilégiait davantage la défense et l'usage de son bouclier.
Thor se décala sur le côté afin de permettre à sa propre partenaire de combat de se redresser. Son menton avait râpé contre le sol et des petits cailloux accrochés les fins lambeaux de peau. Heureusement, il ne repéra aucune goutte de sang ; la blessure n'était que superficielle.
« Je croyais qu'on avait dit pas de pouvoir » rouspéta-t-elle en chassant la poussière de sa tenue.
« Je croyais qu'on avait dit doucement » il répliqua en retour, avant qu'ils ne partagent tous les deux un rire. Qu'il était bon de pouvoir à nouveau se sentir vigoureux ! Les effets indésirables du poison avaient duré deux semaines supplémentaires qui l'avaient obligés – ou du moins, durant lesquels Mobius l'avait obligé – à maintenir le repos. Deux semaines qu'il avait traversé comme un vieux sac de pommes terreuses, lourd et inutile. Deux semaines d'ennuis, enfermé dans sa chambre, avec de rares visites de la petite bande qui s'était formée autour de lui depuis son arrivée : James et Steven, ses deux anciens compagnons de galère ; Sylvie, la malicieuse fille adoptive de son frère ; Alioth, l'homme qui la suivait comme son ombre ; Clint, le tireur d'élite à la langue acérée ; Fenrir, un vargr plus affectueux qu'impressionnant ; Brunehilde, une valkyrie isolée, et son cheval ailé Warsong. Et, bien évidemment, l'intendant du manoir, Mobius, qui semblait se réjouir de ses moindres soupirs.
Quant à son frère, cela variait suivant l'esprit lunaire de ce dernier. Ses journées étaient pleines de tâches à accomplir, et ses soirées occupées avec un ouvrage aussi épais que le matelas qu'il acceptait parfois de partager avec lui. Les discussions ne s'éternisaient jamais, et ils ne faisaient en aucun cas mention ni du passé ni de l'avenir : Loki évitait l'un, là où Thor refusait de songer au second.
D'un bond, l'Ase se releva sur ses jambes et tendit son bras à sa partenaire pour faire de même. « En tout cas, bien heureuse d'avoir enfin un adversaire à ma taille » se confia celle-ci en lui donnant un coup de poing amical dans l'épaule.
« Eh ! » protestèrent en chœur les deux marins, mais aussi Sylvie qui venait de les rejoindre, frustrés.
« Navrée mes agneaux, mais avec vous je suis toujours obligée de… vous voyez ? Sinon, je devrais moi-même vous conduire au Vahalla, et j'en ai moyennement envie.
- Dis celle qui n'a jamais remporté un seul combat. » La répartie de la blonde fit sourire son aînée.
D'un pas en avant, cette dernière se retrouva alors face à Sylvie, plus petite malgré les talons de ses bottes. La Valkyrie attrapa son menton entre son pouce et son index afin de l'obliger à lever le regard dans le sien. « Syl, je pourrais sans peine briser le moindre petit os de ton corps d'une seule main, les yeux bandés. Je pourrais te détruire d'un battement de cils, et il faudrait des millénaires pour retrouver le moindre fragment de ton existence. Je pourrais te torturer au point que tu me supplierais de t'achever.
- Ou de m'en donner davantage » ronronna la demoiselle, faisant lever au ciel le regard des trois combattants. Contrairement à Brunehilde qui rit face à l'audace de sa prisonnière bien heureuse.
Thor les observa en silence, un sourire peint sur ses lèvres. Il y avait du jeu affectueux entre elles, comme il y en avait toujours eu entre son petit frère et lui. Sur Asgard, l'amour n'avait pas de forme définie et avait le droit de s'exprimer comme il le désirait. Pourtant, ils avaient toujours conservé leur relation secrète, car cela était à la fois plus simple et plus amusant de faire ainsi. Plus simple, car ils n'étaient jamais parvenus à mettre un mot dessus : ils étaient frères, mais aucun sang ne les reliait ; ils s'étaient détestés presque autant de fois qu'ils s'étaient aimés ; il y avait eu des trahisons, des tromperies, des éclats de bonheur et des besoins d'étreintes réconfortantes. La position de Thor demandait bon nombre de sacrifices personnels ; quand la fluidité sexuelle du métamorphe avait soulevé de nombreux complexes et interrogations. Alors, ils s'étaient arrêtés à « frères ».
« Je n'suis pas ton frère. » La dague la plus douloureuse de Loki, celle qui lui arrachait tous les pardons des Neuf Royaumes.
« Si tu n'es pas mon frère, alors que seras-tu ? »
« Reprenons cette discussion un peu plus tard, veux-tu ? » reprit Sylvie en se décrochant – avec peine – de la Valkyrie, l'arrachant à ses souvenirs. « Le repas sera bientôt servi ; vous devriez tous rentrer pour prendre une bonne douche. »
James rouspéta pour la forme, mais tous se plièrent aux recommandations de la jolie blonde qui se suspendait déjà au bras de l'Ase pour entamer une discussion banale avec lui. Sa grande question du moment étant de déterminer par quel surnom elle devrait l'appeler : Dony ? mon oncle ? beau-père ? ou bien joli cœur avait encore une chance ?
Il les lui accorda tous, ne faisant qu'ajouter de l'eau à son moulin de paroles. Et c'était toujours aussi agréable d'avoir une personne avec qui échanger sans retenue.
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Contempler son frère dans son sommeil, lorsque celui-ci lui faisait l'honneur de sa présence, était devenu une habitude agréable, reposante, et même rassurante. Deux mois s'étaient écoulés depuis son arrivée à Lamentis, déjà ; jamais Thor n'avait porté autant d'intérêt au temps. Il voulait profiter de chaque seconde offerte, au risque de voir son plan échoué dans le futur, et de le perdre à tout jamais. Néanmoins, la méfiance de Loki le conservait à une distance préventive, là où lui ne désirait que le conserver près de lui, l'étreindre jusqu'à l'étouffement.
Leur temps était compté.
Son cadet ignorait le cadran qui menaçait leurs moments d'échange, et peut-être se serait-il montré moins farouche à le laisser l'approcher dans le cas contraire. Ou peut-être l'aurait-il, au contraire, directement mis dehors en sachant, refusant de souffrir par la suite. Car il souffrirait, et Thor ne serait pas là pour lui expliquer, le rassurer, le serrer comme il le faisait à présent. Un poids qui pesait déjà sur les épaules de l'Ase.
« Écoute » avait dit Hela ; il avait écouté.
Déjà deux mois.
Un soupir lui échappa ; il l'étouffa contre les boucles sombres étalées sur l'oreiller à côté du sien. Son frère se tenait plus bas que son menton, son souffle caressait sa gorge à intervalles réguliers, signe qu'il dormait encore. Le cœur du Tesseract avait roulé de sa position habituelle et battait à présent lentement contre le biceps supportant la tête fraternelle. Leurs jambes s'entrelaçaient sous les draps, dans un duel de chaud et de froid perpétuel afin de coordonner la tiédeur partagée de leur épiderme. Une position adoptée par automatisme au cours de son sommeil, car il n'y avait eu personne à étreindre avant son endormissement.
Nornes, qu'aurait-il pu sacrifier pour demeurer ainsi à jamais ? Attendre le Ragnaröck dans les bras de son cadet devait être une mort parfaite ; qu'importait si elle ne lui ouvrait pas les portes du Valhalla.
Il l'avait enfin retrouvé.
Moins de quatre mois…
Le rythme aérien contre sa clavicule connut une variation. Un grognement de satisfaction retentit près de son oreille, et une jambe bougea pour se resserrer autour de sa cuisse. Par instinct, Thor referma son bras autour de la taille, comme apeuré de le voir fuir au réveil. Mais Loki n'en fit rien, au contraire. Son nez chatouilla sa carotide et sa propre main trotta sur les côtes du blond pour venir se perdre au bas de ses reins. Il était bon de le sentir aussi détendu, comme lors de leurs nuits candides durant lesquelles la chambre de l'un ou de l'autre avait représenté leur monde tout entier. Ils avaient dormi ensemble jusqu'à très tard, même lorsque les nourrices et précepteurs ne cessaient de leur répéter à quel point ils étaient trop grands pour cela ; en ignorant que le lit l'était encore plus sans l'autre dedans. C'était leur petit truc à eux, leur jardin secret où personne d'autre n'avait le droit de pénétrer.
Mais Thor savait aussi ce qui se cachait derrière cette quête d'affection.
De sa main droite servant d'oreiller, l'Æsir passa ses doigts entre les boucles sombres. « Encore un cauchemar ? » Un fredonnement lui répondit. Il retint un soupir et nicha son menton au-dessus du crâne voisin. Comme leur mère, Loki voyait des choses, un don qu'il portait depuis son enfance. Un don qui avait brisé leur famille. Car, contrairement aux visions bienveillantes de la grande oracle Frigga, ce que voyait son cadet n'était jamais de bon augure. « Tu veux en parler ?
- Non » grogna la voix endormie. « Serre-moi juste encore un peu. » Et c'est ce que Thor fit, se pliant à la volonté de son petit frère, incapable d'autre chose.
Le temps leur était compté, et il voulait profiter de chaque instant. Or, la journée, et surtout la soirée serait longue.
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Les préparatifs s'étaient succédé ces derniers jours, sous la supervision de Mobius qui veillait au bon positionnement de chaque grain de poussière et n'hésitait pas à élever la voix face aux esprits rebelles. Ayant retrouvé toute sa vigueur, Thor avait prêté assistance. Les habitants du fjord furent bien contents de pouvoir compter sur sa force pour déplacer les tables et chasser un maximum de gibier. Fenrir s'était d'ailleurs montré d'une grande aide pour cette dernière tâche, et le lien qu'il entretenait avec le Vargr s'était renforcé autour d'un sanglier abattu. Il ne restait à présent qu'à peaufiner les détails : l'alcool dans les tonneaux, les fleurs autour des poutres de la grande salle, les jolis habits sur les convives et la nostalgie dans leurs cœurs.
La célébration des Einherjahr, ceux tombés au combat pour la paix, était prête à résonner.
Assis sur le bord du lit, jambes écartées pour permettre à son frère de s'y tenir assis sur un tabouret, Thor aidait ce dernier à tresser ses boucles qu'il avait allongées jusqu'au bas de ses reins. Neuf tresses, pour les neuf branches principales d'Yggdrasil, et pour les Neuf Royaumes qu'elles reliaient. Il prit soin de décorer chaque natte des perles dorées que les doigts peinturés de vert lui tendaient une à une. Le métamorphe aurait pu s'en charger seul ; aussi l'Ase fut plus que ravi de sa demande.
« Il faut aussi que nous choisissons la tenue que tu porteras. » Les doigts de Loki dansaient dans l'air pour orchestrer les éclats de seidr devant lui et finaliser ses propres habits.
Thor haussa des épaules. « Une tunique et un pantalon suffiront. » La tête de son cadet se tourna lentement dans sa direction, faisant cliqueter les perles entre elles. Il arborait des traits androgynes ; le vert de ses yeux était mis en valeur par un crayonné noir qui agrandissait son regard. Un regard qui le mit au défi de répéter son propos. L'Ase rit. « Je suis parfait dans tout ce que je porte.
- Mmmh » ronronna le métamorphe en l'observant de haut en bas, avant de conclure : « non. Vous n'êtes parfait que lorsque vous ne portez-Eh ! » Il glapit lorsque son aîné tira un peu trop fort sur une tresse.
« La ferme Loki » grogna-t-il, ou il répondrait à sa provocation et alors, jamais ils ne quitteraient cette chambre. Et alors, Mobius les tuerait pour avoir raté la fête.
Le sermon que l'intendant leur fit, lorsqu'ils se présentèrent avec une demi-heure de retard aux portes de la grande salle, fut déjà douloureux à supporter pour ses tympans. Comment pouvait-on parler d'une voix colérique sans hausser le ton ? Un mystère – qu'ils n'auraient pas le temps d'élucider ce soir.
La musique résonnait dans tout le couloir, et ils furent plongés dans l'ambiance festive avant même d'avoir descendu le dernier escalier. Le trajet avait paru plus court en compagnie de son frère que lorsqu'il l'avait traversé en quête de ce dernier, l'estomac noueux et l'ombre de Fenrir lui servant de guide. Loki lui avait fait revêtir une armure semblable à celles qu'il portait sur Asgard, décorée d'une longue cape rouge qui voletait dans son dos. Son cadet avait à son tour tressé ses cheveux, avant de les recouvrir d'un casque d'argent orné d'ailes sur les côtés. Un accessoire qui avait déclenché un débat – ou peut-être une dispute ? – et fut l'une des principales raisons de leur retard. « C'est pas parce que toi tu portes des cornes, que moi je dois porter ce truc » s'était-il plaint ; il n'avait jamais été très friand des coiffes, cela le rendait ridicule. Les femmes le préféraient les cheveux en bataille, détail que lui jalousaient ensuite les autres guerriers.
« Pour l'honneur des guerriers, tu feras l'effort » avait conclu le né Jötunn en lui vissant lui-même le heaume d'argent sur le crâne. Et ce fut la fin du débat.
Mjöllnir pendait à sa ceinture ; Loki se tenait sur son autre côté. Il avançait avec prestance sur des talons vertigineux, suffisamment pour compenser les centimètres instaurés par les siècles. Il avait opté pour une armure légère en cuir noir décorée d'un jupon asymétrique en velours sapin. Une tiare ornée de deux cornes dorées ceinturait son front. Il avait l'air puissant, autant en charme qu'en force.
Mobius les fit attendre derrière les grandes portes, rappelant au prince blond le jour où sa position d'héritier au trône avait été proclamée aux oreilles de tous – un jour où Loki s'était tenu à ses côtés, de la même manière. La voix de l'intendant perça les notes mélodieuses pour instaurer un silence, le temps d'énoncer son discours d'ouverture.
« C'est une célébration importante pour les Alfes » murmura son cadet. Leurs doigts se frôlèrent entre eux.
« J'ai cru comprendre. » Son commentaire arracha un sourire à son cadet.
Thor se remémorait les fêtes tenues en l'honneur des Einherjahr sur Asgard. Elle servait davantage de raison politique pour réunir les grandes familles du conseil que de véritable commémoration pour les âmes des défunts héros. Un choix qu'il avait toujours regretté, car il connaissait des noms, avait connu des personnes sur cette longue liste de sacrifiés. Leurs ancêtres y figuraient, mais aussi le nom de leur grand frère. Un frère qu'ils n'avaient jamais eu le temps de pleurer, temps arraché par les oreilles sourdes de leur peuple.
Peut-être que les Alfes avaient raison. Peut-être que, une fois roi, il devrait restaurer cette coutume, présenter aux futures générations l'importance de ce qui fut autrefois, de ceux qui furent la fierté de leur peuple.
« Tu es nerveux ? » L'Ase haussa les épaules ; l'était-il ?
Il s'était déjà tenu ici des semaines plus tôt, le corps encore lourd du poison de Jörmungand, en quête de son frère. Un frère qu'il avait retrouvé, après cent quatre-vingt-sept ans de traque. Un frère qu'il devrait à nouveau quitter, bientôt, en espérant pouvoir le retrouver très vite. Si Loki voudrait toujours de lui.
« Tu veux un bisou ? »
Le Dieu de la Foudre rit. « La ferme Loki. » Il enroula ses doigts autour des siens.
« Toujours des menaces. » Les phalanges douées de seidr se plièrent en réponse.
« Il n'y a que ça qui fonctionne avec toi.
- Mmh, non. » Ses lèvres s'étirèrent davantage, l'amusement gagna le coin externe de ses paupières. « Mais je crains que Mobius ne nous accorde suffisamment de temps pour autre chose. » Des étincelles d'or dansèrent dans ses iris au moment où il les croisa. Il était magnifique, qu'importaient les traits qu'il décidait d'arborer.
Thor porta une main à sa joue, sans pour autant la toucher – il y avait tellement de paillettes sur ses pommettes saillantes qu'il craignait de les efface, et alors il connaîtrait des nuits solitaires les trois prochaines semaines. « Tu m'avais manqué » dit-il simplement en choisissant à la place de replacer une boucle derrière son oreille.
« Je sais » chantonna le sourire ravageur de son frère ; un joyau qui finirait bientôt brisé.
Moins de quatre mois.
Mobius achevait son discours dans un tonnerre d'applaudissements. « Peut-être qu'un baiser ne serait pas de trop finalement. » Loki haussa les épaules en réponse, avant d'incliner la tête pour accueillir ses lèvres contre les siennes. Doux et précieux, comme leur premier ; bien que moins maladroit et soudain.
Lorsqu'ils se séparèrent, les portes s'ouvrirent sur la musique entraînante et la joie de la foule. Le chant des guerriers pouvait retentir.
Notes de l'auteur
Coucou tout le monde, de retour pour le chapitre 13. J'espère que vous allez bien et que vous avez passé une lecture agréable. Thor se fait doucement mais sûrement à sa nouvelle petite vie, son frère enfin retrouvé, quoi qu'encore un peu farouche. Néanmoins, des ennuis se profilent déjà (sinon ce serait pas drôle XD). Rendez-vous dans le prochain chapitre pour peut-être plus en découvrir ?
Note 1 : Leave her Johnny fait est un grand classique des chants de marin (ou sea shanties).
Note 2 : « Ouch » est l'onomatopée équivalant à « aïe » en Norvégien.
Note 3 : Dans la mythologie nordique, Hugin et Munin sont les deux corbeaux messagers au service d'Odin. Ils parcourent les Neuf Royaumes dès l'aube pour rapporter à leur maître les nouvelles. La phrase « l'aura dangereuse des compagnons de Freyja » fait quant à elle référence aux deux chats qui tirent le char de la déesse Freyja. Enfin, Einherjahr, qui se célébrait le 11 novembre, est une fête orchestrée en l'honneur des guerriers entrés au Valhalla, les fameux Einherjahrs.
Note 4 : Toujours dans la mythologie nordique, il est fait mention dans certains textes que la déesse Frigga possèderait des dons de vision, d'où le titre d'oracle lui étant attribué dans cette histoire. Don de vision partagé ici avec Loki : dans la mythologie, Loki eut pour amante une géante appelée Angrboda, la mère de Fenrir, Jörmungand et Hela, qui avait pour surnom « celle qui prédit le chagrin ».
Note 5 : L'emploi du fil rouge pour relier les personnes est une croyance très répandue, notamment en Asie, qui relie entre eux les amants destinés à être ensemble. Le destin étant lui-même représenté par un fil tissé par les Nornes dans la mythologie nordique, je trouvais que ces deux traditions allaient bien ensemble. D'autant que Freyja, associée aux chats, est notamment la déesse de l'Amour ;)
Note 6 : « Comme l'homme errant, seul, au milieu des montagnes noires d'orages dépeint par la mélodie d'Hela ? », cette phrase fait référence aux paroles de Jeg saler min ganger, la chanson tirée de l'épisode 3 de la saison 1 de Loki, reprise dans cette histoire pour être la chanson d'Hela. La phrase « bien qu'il privilégiait davantage la défense et l'usage de son bouclier » en parlant de Steven est bien sûr un clin d'œil à Captain America.
Note 7 : La cérémonie pour annoncer Thor en tant qu'héritier dont il est fait mention est une référence à une scène coupée du film Thor 1 où les deux frères attendent qu'Odin les fasse entrer. Les phrases « C'est pas parce que toi tu portes des cornes, que moi je dois porter ce truc » et « Tu veux un bisou ? » viennent d'ailleurs directement de ce passage.
Note 8 : « Sur Asgard, l'amour n'avait pas de forme définie et avait le droit de s'exprimer comme il le désirait », cette phrase est inspirée par l'ouvrage Loki, les Racines du mal de Mackenzi Lee qui traite de la jeunesse de Loki (une bonne lecture au passage), et notamment de sa fluidité sexuelle. Notez néanmoins que ce dernier point est à la fois tiré de l'univers Marvel, mais aussi de la mythologie elle-même où Loki est à la fois père et mère.
Un grand merci pour avoir lu et pour suivre cette histoire. À la revoyure !
Chu
