Petit mot de l'auteure : cet OS a été pour la 138e nuit du fof sur le thème "Liste".


Ses mains posées sur son sac, Anna ne lui avait jamais semblé aussi élégante. Peut-être seul le jour de leur mariage pouvait faire concurrence – et encore. Il y avait quelque chose de surréaliste de voir cette si belle femme dans un environnement si laid. Dans ce monde froid, elle semblait irréelle. Et pourtant, elle était là, devant lui, à lui sourire tendrement. Encore une fois, Bates se demanda qu'est-ce qu'il avait pu faire dans une vie antérieure pour que le sourire d'Anna lui soit adresser à lui. C'était pour se sourire qu'il était prêt à briser les barreaux de sa prison, pour avoir une chance d'en profiter plus que pour la poignée de minutes de parloir qu'on leur offrait. Mais il savait que c'était impossible, alors il se contenta de savourer la courbe joyeuse qui lui été offerte.

Mais malgré sa beauté, Bates ne put pas ne pas remarquer que le sourire d'Anna était tremblant.

- Le procès est dans deux jours, finit-il par dire.

- Oui... murmura Anna.

- On a repoussé cette conversation autant que possible mais... il nous faut l'avoir. Si jamais je suis exécuté, je...

- Non. Non. Je refuse d'avoir cette conversation. Ni aujourd'hui, ni jamais.

- Il le faut bien, pourtant.

- NON !

Anna avait haussé le ton si fort qu'un gardien vint voir que tout allait bien, avant que la blonde ne lui fasse un signe de tête qu'aucun problème n'avait lieu. Elle veilla toutefois à reprendre son ton habituel, de peur que celui-ci ne revienne et ne décide de raccourcir leur discussion.

- Je refuse d'en discuter, car c'est inutile. Tu ne seras pas reconnu coupable, car tu ne l'es pas. Tout ira bien. Tu m'entends ?

- Oui, souffla Bates. Oui, je t'entends. Je veux bien te croire.

- Encore heureux que vous le voulez bien, monsieur Bates. Vous devriez savoir depuis tout ce temps que votre femme a toujours raison, la taquina-t-elle avant de se reprendre. Alors, que veux-tu faire lorsque tu seras innocenté ?

- Et bien... j'aimerai que nous faisions un pique-nique, rien que tout les deux, répondit le brun. Nous mettrions nos habits du dimanche, et nous trouverions un coin tranquille pour déguster ce que madame Patmore aura bien voulu nous préparer.

- Donc nous mangerions seulement, dans ton scénario ? Releva Anna d'une voix taquine.

- Oh, nous pourrions faire plein d'autres choses. Peut-être que ton chapeau pourrait s'envoler et tes cheveux voleraient alors au vent. Et ta robe en fera de même. Peut-être que je me lèverai pour t'aider à le rattraper, mais je tomberai à cause de ma mauvaise chute, et je t'entraînerai dans l'herbe avec moi.

- Peut-être que tes mains remplacerons le vent pour faire s'envoler ma robe.

- Peut-être.

- Et ensuite, nous regarderions les nuages passer en songeant que la vie est somme toute douce.

- Cela me paraît être une merveilleuse journée en perspective, répondit Bates.

- Et cela ne serait pas la seule. Je te le jure. Nous la connaîtrons, elle et tant d'autres. Dans deux jours, ces journées de bonheur seront de nouveau à nous.

Malheureusement, tous ces projets s'envolèrent lorsque Bates fut reconnu coupable et condamné à perpétuité. Mais il était hors de question qu'Anna accepte que la soi-disante justice leur vole leurs rêves. Ils vivraient ces journées et tous ces moments d'amours listés elle s'en faisait la promesse.