Salut les gens ! Un immense merci pour vos retours sur le premier chapitre. Je suis vraiment ravi qu'il vous ait plu et j'espère que le prochain vous plaira également. D'ailleurs, le voilà.
Bonne lecture à tous !
Chapitre 2
Levy marchait le long des quais fluviaux de Magnolia, impatiente de retrouver son chez-soi et de s'affaler sur son lit. Serpenter entre les tables du night-club lui avait mis les jambes en compote. N'ayant pas cours le matin, elle allait pouvoir dormir et être en forme pour ses cours de l'après-midi.
Le reste de la soirée au « Dragon d'acier » s'était bien déroulé, sans incident notable. Erza avait fait part de sa satisfaction aux trois nouvelles serveuses et avait donné à chacune cinq mille joyaux. Levy n'en croyait pas ses yeux quand elle lui avait tendu les billets. Cinq mille joyaux pour une soirée. A ce rythme-là, en à peine dix soirées de travail, Levy aurait payé son loyer pour le mois.
Néanmoins, elle se sentait un peu coupable. L'argent qui lui avait été donné provenait de la mafia. Il n'était pas sale en tant que tel, les activités du night-club étant légales, mais pas totalement propre non plus, au vu de ses propriétaires. Levy réprouvait cet océan de non-droit dans lequel baignaient ces gens. Ils agissaient comme si tout leur était dû, ne se préoccupant des conséquences que lorsque celles-ci mettaient en danger leur petit business.
Lorsqu'elle avait postulé dans ce night-club elle ignorait à qui il appartenait. Maintenant qu'elle le savait, elle se demandait si continuer à travailler là-bas était bien sage. Surtout au vu de ce qui s'était passé.
Elle se repassait sans cesse mentalement les images de la soirée et surtout l'incident Gajeel, comme elle l'avait surnommé. Parce que les choses ne s'étaient pas arrêtées là. Alors qu'elle recommençait à servir d'autres clients, Levy avait plusieurs fois surpris le regard carmin du mafieux aux piercings dans sa direction. Elle n'était pas sûre à cent pour cent que c'était elle qu'il regardait mais la coïncidence aurait été énorme.
Face à cela, les sentiments de Levy étaient partagés.
D'un côté, elle s'inquiétait d'avoir mis en colère le mafieux en lui répondant de la sorte devant ses subordonnés et craignait des représailles. L'étudiante aux cheveux bleus avait eu envie d'en parler à Erza. Mais lui avouer qu'elle avait mal parlé au client le plus important de l'établissement, de surcroit son propriétaire, dès son premier jour, était risqué. Aussi, préféra t-elle ne rien dire.
D'un autre côté, une colère sourde bouillonnait en elle depuis qu'elle avait servi ce fichu mafieux. La remarque désobligeante de cet abruti l'avait mise en rogne, elle d'ordinaire si calme. Elle n'avait pas hésité à lui rabattre son caquet et honnêtement elle espérait que ça lui avait fait les pieds. Peut être que cet univers malsain réveillait en elle un courage qu'elle ne se connaissait pas.
Levy s'éloigna des quais et s'engouffra dans la rue Readers Johnner où elle habitait, du nom du célèbre peintre magnolien ayant exécuté le fameux tableau « La fée et le mage noir », un chef d'oeuvre de l'an 686.
Levy tâcha d'éloigner les souvenirs négatifs qui l'accablait. Elle préférait penser à ses deux nouvelles amies, Lucy et Juvia, avec qui elle avait parlé sur le chemin du retour.
Avant qu'elles ne se séparent, Levy avait appris que Lucy faisait des études de journalisme dans une école pas très loin de « Fairy Tail », tout en étant en stage dans la rédaction du « Sorcerer », un hebdomadaire people très en vue. Juvia lui avait raconté qu'elle faisait des études en agronomie, soucieuse d'apporter de l'eau et des récoltes prolifères aux agriculteurs de sa région natale. Levy trouvait cet objectif très louable de sa part, ce à quoi Juvia avait répondu en rougissant.
Elles avaient échangé leurs numéros de téléphone juste avant de se quitter, se promettant de faire des sorties dans la semaine, en dehors de leur travail d'appoint.
Levy entra dans le hall de son immeuble et grimpa les escaliers qui menaient à son petit appartement, situé au quatrième étage. Alors qu'elle arrivait au deuxième, elle aperçut un garçon aux cheveux de la même couleur qu'elle, enveloppé dans une longue cape noire et qui visiblement peinait à insérer la clé dans la serrure pour rentrer chez lui.
« Bonsoir, fit Levy. Je peux vous aider peut être ?
Le garçon tourna en un éclair la tête vers elle et ses yeux s'écarquillèrent. Il paraissait terrorisé que Levy l'ait aperçu. Cette dernière remarqua qu'il portait une étrange marque rouge au dessus et en dessous de son oeil droit. Puis elle vit que des gouttes de sang s'échappaient sous la cape et maculaient le linoléum du couloir.
« Attendez mais vous êtes blessé ! s'exclama t-elle. Comment est-ce que…
- Fichez-moi la paix ! hurla le garçon qui parvint finalement à ouvrir la porte. Et ne vous avisez pas de prévenir qui que ce soit ou vous le regretterez !
Il s'engouffra dans son appartement et claqua la porte avec grand bruit. Levy était totalement abasourdie. par ce qu'elle venait de voir. Elle monta les marches de son appartement quatre à quatre avant de s'enfermer dedans, appuyant l'arrière de sa tête contre le bois de sa porte. Nom d'un chien. Qui était donc ce garçon et pourquoi était-il blessé ?
Le soleil commençait à peine à se lever sur le manoir Redfox. Les domestiques s'affairaient déjà à toutes les tâches quotidiennes nécessaires pour assurer l'intendance de l'immense demeure qui avait été érigée simultanément à la fondation de Magnolia.
La famille Redfox avait été la première famille d'influence à s'implanter dans cette ville. Longtemps, les affaires avaient été prospères et la suprématie des « Dragons de fer », comme on les appelait dans le milieu, avait été totale.
Mais quelques années auparavant, la donne avait changé. La transmission du clan à Métallicana Redfox, par le père de ce dernier, avait été perçue par certains comme une occasion à exploiter. De nombreux autres clans opportunistes étaient nés et avaient commencé à remettre en question l'hégémonie des « Dragons de fer » sur le territoire de Magnolia. De nombreux affrontements s'en étaient suivis, souvent très violents mais peu à peu, le clan Redfox parvint à restaurer son autorité.
Seulement, depuis quelques mois, cette agréable accalmie semblait avoir de nouveau pris fin. Des hommes fidèles aux Redfox se faisaient attaquer, des entrepôts contenant de la marchandise étaient saccagés et un des garages dirigés par Igneel Dragneel, beau-frère de Métallicana Redfox, avait brûlé du sol au plafond, il y a une semaine.
La plus grande insulte était que pour l'instant, les vandales n'avaient pas encore été identifiés. Aucune connexion n'avait pu être établie avec aucun clan, ce qui poussait les Redfox à se montrer plus méfiants qu'à l'accoutumée.
Grey savait donc que la tâche qui lui avait été attribuée n'était que l'une des manifestations de cette méfiance. Il toqua trois fois à la porte du bureau appartenant au patriarche Redfox avant de recevoir une réponse. Il entra.
Derrière le bureau se trouvait Gajeel Redfox, qui assurait la gestion du clan en attendant le retour de son père, en affaires en dehors de Magnolia.
« Tu es matinal aujourd'hui, fit Grey avec un demi-sourire. Ne me dis pas que tu es tombé du lit, je ne te croirai pas
Gajeel balaya sa remarque d'un revers de la main en grognant mais Grey ne s'en formalisa pas. C'était la manière de s'exprimer de son chef quand il était ronchon.
- Des infos sur les salopards qui ont incendié le garage d'Igneel ? interrogea Gajeel
- Aucune malheureusement. Les gars dépêchés par Bixrow n'ont pas appris grand chose. Personne n'a rien vu, rien entendu, du moins jusqu'à ce que le garage ne soit plus que des cendres.
- Et sur l'agression des gars près de Mad Drug ?
- On en a bien chopé quelques-uns mais ils ne nous ont pas révélé grand chose. Ce sont principalement des mercenaires, qui ont reçu leurs instructions et leur paiement à distance. Bixrow est en train de voir si on peut remonter la trace du fric pour voir quel enfant de salaud a commandité tout ça.
- Bien, approuva Gajeel. Cette situation ne peut plus durer. Mon père ne tolèrera plus ça très longtemps et on ne peut pas se permettre de perdre davantage de matos et de gars.
- Je suis d'accord.
- Et pour le boulot dont je t'ai chargé ? reprit le mafieux
Grey tendit les trois dossiers qu'il tenait à son supérieur. Celui-ci s'en empara rapidement et les ouvrit. Il parcourut les multiples notes, photos et plans qui y étaient contenus.
- Elles sont clean, affirma Grey. Fried a fouillé dans ses archives et a réussi à faire un topo complet sur chacune d'elles.
Fried était l'archiviste attitré du clan Redfox. C'était le genre de type qu'il fallait consulter si on voulait avoir un maximum de renseignements en un minimum de temps, sur une ou plusieurs personnes bien précises.
- Fais-moi un résumé, ordonna Gajeel
Grey s'attendait à cette instruction. Il avait déjà eu à le faire des centaines de fois. Gajeel aimait tout connaitre sur les nouvelles personnes qu'il rencontrait, amis comme ennemis. C'était une des choses que Grey admirait le plus chez son chef. Il avait une mémoire incroyable et savait s'en servir en temps utile pour faire pression ou pour se défendre. Il commença :
« La blonde s'appelle Lucy Heartfilia. Fille unique de Jude et Layla Heartfilia, du Conglomérat du même nom. L'entreprise familiale a fait faillite il y a deux ans. Le père comme la mère sont morts de maladie. La fille a tenté de gérer seule le domaine mais n'y est pas parvenue. Elle suit maintenant des études de journalisme. Aucun antécédent judiciaire connu, ni aucune connexion avec un clan quelconque ».
Gajeel hocha la tête en observant la photo de la nouvelle serveuse embauchée dans son night-club. Grey poursuiva, imperturbable :
« La suivante s'appelle Juvia Lockser. Pas grand chose à dire sur elle. Elle habitait près de Harujon et est venue faire ses études à Magnolia. Il semblerait que le père se soit tiré quand elle était môme et que la mère soit gravement malade. La fille fait des études et vogue de petit boulot en petit boulot pour envoyer de l'argent à sa mère. Aucun antécédent, ni connexion là aussi »
La voix de Grey avait quelque peu faibli au cours de son récit. L'histoire de cette fille lui rappelait douloureusement la sienne. Son père était lui aussi parti quand il était jeune, le laissant sans ressources avec sa mère et sa grande soeur Ultear. Sa mère était elle aussi tombée malade et avait rapidement succombé alors qu'il était encore jeune. Le frère et la soeur avaient été recueillis par la famille Redfox. Si Grey avait décidé de demeurer au service du clan, sa soeur avait tracé son propre chemin sur le continent ouest et les nouvelles se faisaient rares.
« Poursuis Grey, ordonna Gajeel
- Hum, oui, désolé. Et enfin la dernière fille, Levy McGarden.
Gajeel regarda avec intérêt la photo présente dans le dossier.
« La crevette à la langue bien pendue… Intéressant… pensa le mafieux aux piercings
- Rien de bien extraordinaire là-aussi. Fille d'un couple d'agriculteurs à Clover, elle a apparemment toujours vécu là-bas avant d'arriver à Magnolia. Elle a deux frères, Jett et Droy, qui bossent dans l'exploitation familiale. Elle a obtenu les meilleures notes de son lycée pour venir étudier les lettres à l'université Fairy Tail. Pas de casier et aucune connexion là non plus. Toutes les trois sont clean, conclut Grey
Gajeel avait toujours les yeux rivés sur la photo, la joue dans la paume de la main.
- Je me trompe ou… c'est celle qui t'a remballé à la soirée cabaret au Dragon d'acier ? demanda Grey en souriant.
Gajeel étouffa à nouveau un grognement.
- Ça m'a surpris que tu ne la remballes pas plus que ça. Dans le passé, tu as collé un pain à certains pour moins que ça.
Le mafieux leva les yeux sur son subordonné et souffla :
- C'est une fille et elle est insignifiante. J'avais pas de temps à perdre avec elle.
- Tu parles… Je dirais plutôt qu'elle t'a tapé dans l'oeil, continua Grey, dont le sourire s'élargissait de plus en plus. Tu as passé le reste de la soirée à la mater.
- Cesse de raconter des conneries.
- Natsu serait d'accord avec moi, insista Grey
- Natsu passe son temps à coucher avec tout ce qui bouge et qui a la température du vivant, rappela Gajeel.
Le fils d'Igneel avait en effet une réputation de Don Juan invétéré. Peu de gens pouvaient se vanter d'avoir déjà aperçu Natsu avec la même fille à plus de trois jours d'intervalle. Le jeune homme aux cheveux roses se justifiait sans arrêt, en répétant à qui voulait l'entendre qu'il n'avait pas encore trouvé « la bonne ».
- Ça ne te ferait pas de mal à toi non plus de décompresser un peu dans les bras d'une nana, ajouta Grey.
Le regard du mafieux installé au bureau se durcit instantanément. Grey comprit qu'il venait de franchir la ligne rouge de familiarité qu'il pouvait se permettre avec son supérieur. Ils avaient beau se connaitre depuis des années, ni l'un, ni l'autre n'oubliait le lien hiérarchique qui subsistait entre eux.
« Je vais aller voir si Bixrow a obtenu plus d'infos, se hâta de dire Grey
- C'est ça. Tiens-moi au courant.
Grey posa sa main sur la poignée de la porte du bureau avant de se retourner vers Gajeel.
« Une dernière question… Pourquoi ces tenues ridicules de Bunny Girl, mec ?
- Fiche le camp !
Le garçon aux cheveux de jais sortit du bureau, laissant le fils de Métallicana seul. Il reporta son regard sur la photo de la jeune étudiante aux cheveux bleus et aux yeux marrons. Il la fixa un moment. Il ne regrettait pas son choix, la tenue de Bunny Girl allait très bien à la crevette.
Cette fille lui disait quelque chose, mais il n'arrivait pas à remettre le doigt dessus. Comme un souvenir fugace qui se dérobe alors qu'on cherche à s'en saisir. Peu importe. Il finirait bien par savoir. Personne n'échappe à Gajeel Redfox. Personne.
Mirajane Strauss était sans nul doute ce qu'on appelle communément, un bourreau de travail. Elle ne comptait pas ses heures au « Dragon d'acier » et faisait tout pour que le night-club tourne comme une horloge parfaitement remontée.
C'est ainsi que depuis sept heures du matin, elle s'était attelée à nettoyer l'intégralité du bar et de la salle, en dépit du service qu'elle avait dû assurer la veille. Cet acharnement au travail aurait pu passé de l'extérieur pour un excès de zèle d'une employée particulièrement consciencieuse. Mais il n'en était rien.
Il y avait une raison à cette assiduité qui animait la jeune femme depuis quelques années. Une raison que Mirajane tâchait tant bien que mal d'oublier, ou tout du moins de camoufler, jour après jour, nuit après nuit, mais en vain.
Ce job de barmaid au « Dragon d'acier », cette ardeur qu'elle mettait à retrouver une vie normale, Mirajane considérait cela comme sa repentance, pour l'ensemble de ses fautes du passé. Un moyen de se racheter pour ce qu'elle avait fait. Qui pouvait paraitre illusoire et symbolique mais qui avait le mérite de la faire se sentir un peu mieux.
Extérieurement pourtant, personne n'aurait pu se douter des tourments qui habitaient la jeune femme aux cheveux blancs. Son visage candide, sa voix douce et son caractère chaleureux faisaient merveilleusement illusion. Intérieurement en revanche, les pensées noires de la barmaid ne cessaient de l'assaillir en dépit de tous les efforts qu'elle déployait pour les dissiper.
Occupée à ranger les verres soigneusement nettoyés dans un placard du bar, Mirajane n'entendit pas la porte d'entrée s'ouvrir, ni un grand homme blond à la cicatrice en forme d'éclair s'avancer vers elle.
« Mira… avertit l'homme en question en s'approchant.
La barmaid sursauta et manqua de faire tomber les verres qu'elle tenait dans les mains. Elle se retourna vers lui.
« Laxus… Qu'est ce que tu fais ici ? demanda t-elle, un peu froide.
L'homme blond ne répondit pas tout de suite, occupé à scruter le visage de la barmaid, détaillant les moindres éléments de son visage. Puis il se reprit et tendit sans un mot une liasse de billets qu'il tenait dans la main. Mirajane considéra son geste puis reporta son regard sur les verres qu'il restait à ranger.
« Je ne veux pas de ton argent Laxus. Il me semble te l'avoir déjà dit
- Je sais que tu en as besoin Mira. Pour ton école de stylisme… Je sais que tu rêves toujours d'intégrer cette école. Tu en parlais déjà quand…
- Si je dois intégrer cette école, ce sera honnêtement et avec mes propres moyens, coupa Mirajane. Je n'ai pas besoin d'être entretenue par qui que ce soit.
Laxus réfléchit à toute allure sur ce qu'il allait dire. D'ordinaire, le mafieux ne se laissait jamais décontenancer par aucun interlocuteur. Mais face à Mirajane, il se sentait toujours vulnérable. Comme si elle parvenait, par quelques paroles, à faire ressortir une part de sensibilité en lui.
« Je ne veux pas t'entretenir Mira, insista Laxus avec une voix plus douce que d'habitude. Je veux simplement t'aider à réaliser ton rêve. Peu importe les moyens, tant que je te sais heureuse. Je ne suis animé que de bonnes intentions.
Mirajane ne répondit pas, toujours occupée à essuyer les verres qui sortaient de la plonge.
- Je sais que cette période de ta vie est derrière toi, continua t-il. Et je ne veux en aucun cas te faire replonger dedans. Au contraire. Je veux que tu mettes tout ça derrière toi et que tu puisses avancer, faire ce que tu aimes.
La jeune femme aux cheveux blancs stoppa ce qu'elle était en train de faire, puis plongea ses yeux dans celui de Laxus.
« Tu es certain que seul mon bonheur t'importe, Laxus ? demanda Mirajane. Qu'il n'y a rien d'autre derrière tout ça ? Que tu ne cherches pas à ranimer par n'importe quel moyen ce qui nous liait autrefois ?
Décontenancé, le colosse ne put s'empêcher de détourner son regard de celui que Mirajane lui lançait. Il ne pouvait pas lui mentir, il en était incapable.
- Non… je n'en suis pas certain… avoua t-il
Mirajane baissa doucement la tête. Elle le savait. Laxus était encore attaché à la Mirajane d'autrefois, à celle qu'elle avait été et qui la dégoutait à présent. Cette partie qu'elle cherchait à tout prix à fuir.
« Si tu n'as besoin de rien d'autre, je vais te demander de partir, conclut Mirajane. J'ai encore pas mal de travail ici.
Le mafieux regarda la jeune femme, hésitant. Il avait espéré que Mirajane ne pouvait plus lire en lui comme dans un livre ouvert. Que cette faculté l'avait quittée, depuis le temps. Il n'en était rien. Il ne pouvait rien lui cacher. Pas après tout ce temps.
« Sers-moi un truc fort s'il te plait, demanda t-il. Le plus fort que tu puisses avoir. J'en ai besoin. Ensuite je partirai. Natsu et moi, on doit aller récolter les paiements après.
Mirajane le regarda s'asseoir au bar et opina doucement. Elle sortit une bouteille et positionna un verre sur le bar. L'alcool coula et emplit le récipient. Comme la mélancolie emplissait à cet instant les coeurs de ces deux âmes en peine.
Levy et Lucy étaient assises à la table d'un café-restaurant en plein coeur de Magnolia. Le « 8-Island ». Un établissement que Lucy avait déniché dans son « Guide du routard fioréen » et auquel elle avait convié Levy pour boire un verre en fin d'après-midi. Étant au tout début du semestre et n'ayant pas beaucoup de travaux à rédiger pour le moment, Levy avait accepté avec plaisir.
Juvia avait également été conviée mais n'avait pas pu se libérer plus tôt. Elle devait à tout prix finir une dissertation urgente sur l'absorption d'eau des sols mais avait néanmoins promis d'être là sans faute la prochaine fois.
L'étudiante en lettres s'était reposée toute la matinée avant de partir suivre ses cours à l'université. Mais son esprit avait été ailleurs tout du long. Elle ne cessait de repenser à cet étrange garçon qu'elle avait vu hier soir et qui avait refusé son aide, en dépit de son état.
Elle avait raconté ce qui s'était passé à Lucy, ne pouvant garder cela pour elle. La jeune journaliste tenta de rationaliser ce qu'elle avait vu :
« Tu te fais un sang d'encre pour rien Levy. Ce type, ça devait être un camé, un junkie. Qui était complètement défoncé et qui a sûrement dû se prendre un coup de couteau en voulant arnaquer son dealer.
- Non je ne pense pas, répondit Levy. Il n'avait pas l'air d'être drogué ou ivre. Au contraire, il avait l'air d'être sur le qui-vive. Comme un animal traqué, tu vois ?
- Hum, hum… Tu devrais peut être te renseigner pour savoir qui habite dans cet appartement. Camé ou pas, un type louche qui rentre en pleine nuit en pissant le sang, c'est rarement bon signe.
Levy acquiesça. Peut être que ses voisins pourraient lui en dire plus sur ce type. En tout cas, elle n'avait aucune envie de le recroiser et se promit intérieurement de tout faire pour que cela ne se reproduise pas.
« Bref… reprit Lucy avec un ton espiègle. Parlons de choses un peu moins dramatiques et flippantes… Tu crois que ton mafieux ténébreux va de nouveau t'avoir à l'oeil ce soir ?
Levy avait raconté l'incident Gajeel à Lucy durant le retour de la soirée au night-club, ce qui avait beaucoup amusé la jeune journaliste, toujours en quête de potins.
« Tu trouves que ce type est moins dramatique et flippant ? répliqua Levy. Je te rappelle qu'il appartient à la mafia, il doit sûrement être très dangereux. Et… rien ne nous dit qu'il sera de nouveau là de toute façon.
- Et si il l'est, tu vas faire quoi ?
Levy regarda son amie, puis reporta son regard sur son jus d'orange pressé.
« Je l'ignorerai, c'est tout. Je n'ai aucune envie d'être liée d'une façon ou d'une autre avec la mafia.
- Dommage, tu aurais pu être mon informatrice et m'ouvrir grand les portes d'un reportage croustillant sur les performances des mafieux au lit.
- Lucy !
- Quoi ? fit son amie, hilare. Je t'assure que ça pourrait intéresser beaucoup de gens.
- Il m'a juste regardé parce que j'ai osé lui clouer le bec. Rien de plus. Ne vas pas te faire de films là dessus.
- Très bien, j'arrête, capitula Lucy en continuant de siroter son smoothie
Le soleil commença à décliner alors que les deux amies continuaient de discuter de tout et de rien. Le café-restaurant se vidait peu à peu. Bientôt, il ne resta plus que Lucy, Levy et quelques autres clients attablés.
Lucy était en train de parler à Levy de son projet d'article sur les « 10 garçons les plus beaux gosses du mois » quand des voix s'élevèrent à l'arrière du restaurant, plus précisément au niveau des banquettes, qui donnaient ensuite sur les cuisines.
Visiblement, le patron du restaurant, un petit homme aux sourcils touffus et à la petite moustache grise coiffé d'une toque, était en difficulté avec des clients particulièrement récalcitrants.
« Je vous répète que vous devez payer messieurs… insista le patron avec une voix faiblissante en tendant l'addition.
- Tu rêves Papy, répliqua un des clients. Tu crois quand même pas qu'on va dépenser un centime pour un service aussi minable ?
- Tu ne sais visiblement pas qui on est, le vieux, ajouta une autre voix. Sinon tu saurais qu'il ne faut pas venir nous emmerder, surtout pas pour payer une addition à la con.
Levy tendit le cou mais elle ne voyait pas à quoi ressemblaient ces clients de là où elle était. Elle regarda Lucy qui était aussi médusée qu'elle par tant de virulence.
« Je sais très bien qui vous êtes messieurs, répondit le vieillard avec une voix un peu plus forte. Mais cet établissement ne fait aucun crédit, surtout pas à des gens comme vous.
- Mais c'est qu'il nous cherche ce vieux débris ! hurla la première voix
Un bruit sourd retentit dans tout le restaurant. Le vieux patron avait été poussé par ceux qui occupaient la banquette et avait atterri lourdement sur le sol en gémissant. Ceux qui l'avaient agressé étaient maintenant debout et le surplombaient de toute leur hauteur.
Le premier avait des cheveux blonds, courts et hérissés et des yeux bleus. Son oreille gauche était ornée d'une boucle d'oreille longue attachée par un anneau argenté. Il portait un gilet bleu couvert par une fourrure grise laissant une partie de ses abdominaux visibles, ainsi qu'un pantalon très large maintenu par des bretelles.
Le second avait lui aussi des cheveux hérissés mais de couleur pourpre, des yeux bridés et des oreilles à la courbe pointue qui lui donnaient l'air d'un serpent. Il était vêtu d'un très long manteau blanc dont les extrémités étaient également recouvertes de fourrure, ouvert sur une chemise noire et un pantalon blanc.
« Cobra, règle-lui son compte à ce vieux bouc, il est temps qu'il casse sa pipe, ordonna le blond
- À tes ordres, répondit l'autre. Je sens que je vais bien m'amuser…
Levy regardait avec horreur ce type se pencher pour agripper le patron du restaurant. Personne, dans les clients qui restaient, ne semblait réagir. Pas un geste, ni une parole. Ils ne pouvaient quand même pas laisser ce pauvre homme se faire tabasser en règle.
La jeune fille sentit une montée d'adrénaline couler dans ses veines et une colère noire grimper en elle. La même colère que celle qui l'avait habitée au « Dragon d'acier ». Beaucoup plus forte cette fois.
Levy se leva de son siège et se dirigea vers les banquettes pour sortir le vieillard des griffes de ses tortionnaires. Mais elle se stoppa. Lucy lui avait agrippé le bras.
« Levy, non ! Tu ne peux pas y aller !
- Il faut aller l'aider Lucy ! Ils vont le massacrer ! cria Levy en se dégageant de l'emprise de son amie
- Tu n'imagines pas qui sont ces types ! Ce sont…
Trop tard. Levy s'était déjà élancée vers le duo d'agresseurs et se plaça entre le vieil homme et le dénommé Cobra, en repoussant ce dernier.
- Non ! hurla Levy. Vous ne le toucherez pas. Il n'a rien fait, il vous a juste demandé l'addition que vous devez payer. Ce sont les règles dans n'importe quel restaurant.
Cobra haussa les sourcils, estomaqué de voir une fille du gabarit de Levy faire bouclier face à lui. Le blond à côté de lui ricana, visiblement très amusé.
« Regarde-ça Cobra ! Une gamine maigrichonne qui joue à la justicière… Je te conseille de t'écarter ma jolie, si tu ne veux pas avoir de gros ennuis. C'est pas après toi qu'on en a.
- Laissez-le tranquille, insista Levy, qui voyait déjà sa détermination faiblir face à la corpulence de ses adversaires. Ou sinon… j'appelle la police.
C'était tout ce qu'elle avait trouvé, c'était ridicule et elle le savait. Les deux agresseurs éclatèrent de rire, avant d'afficher un sourire carnassier. Le blond répondit :
« Si tu comptes nous effrayer avec ça ma jolie, il va falloir trouver mieux. La police ne peut rien contre nous. Tu es toute seule. C'est mon dernier avertissement, écarte-toi ou tu le regretteras amèrement
Levy hésita. Elle n'avait aucune chance de faire déguerpir ces types par la force. Ils étaient bien plus grands et bien plus forts qu'elle. N'importe qui de raisonné aurait courbé l'échine depuis longtemps et aurait libéré le passage. Mais son regard croisa celui du patron du restaurant, encore au sol. Le sang pulsa dans ses tempes, sensation qu'elle n'avait jamais ressentie auparavant. Et toute raison quitta instantanément l'esprit de l'étudiante aux cheveux bleus.
« Dégagez de là ! répliqua Levy. Payez ce que vous lui devez et foutez le camp !
Le blond agrippa fermement Levy avant de l'envoyer violemment sur le côté, manquant de la faire chuter. La jeune fille se réceptionna à temps alors que Cobra empoignait déjà le vieil homme. Elle se rua sur le blond qui la maintint fermement par les bras. Sans plus rien contrôler, Levy se dégagea et envoya une gifle magistrale qui étourdit son adversaire.
- Espèce de sale garce, cracha t-il. Tu vas payer pour avoir fait ça…
Levy fut saisie par les épaules et coincée contre le comptoir. Son agresseur leva le poing prête à la frapper, les yeux emplis de rage. L'étudiante ferma les yeux, prête à recevoir le coup.
« ÇA SUFFIT ! hurla une voix forte
Levy tourna son regard vers l'entrée et ce qu'elle y vit lui parut surréaliste. On ne voyait ça que dans les films. Un Deus ex machina ayant pris forme humaine, plus précisément celle d'un garçon aux cheveux roses et d'un colosse aux cheveux blonds et à la cicatrice en forme d'éclair.
« Lâche-les immédiatement Eucliffe, ordonna Natsu. Immédiatement !
- Tiens, tiens… susurra le blond. Natsu Dragneel et Laxus Dreyar. Entouré de quelques chiens galeux mais en bonne compagnie malgré tout…
Levy comprit ce qu'il voulait dire. Derrière eux se trouvait trois autres hommes, certainement des hommes de main, mais aussi Lucy, qui paraissait terrifiée de voir son amie dans une telle position.
« Ne fais pas l'étonné Eucliffe, reprit Natsu. Tu sais très bien que cet endroit est non seulement sur notre territoire mais aussi sous notre protection. Ta dégaine de fils à papa et toi n'avez rien à faire ici.
- Houla, je suis mort de peur. N'espère pas m'intimider Dragneel, tout le monde sait que votre clan est sur la pente descendante en ce moment, vous ne ferez plus les fiers bien longtemps.
Lassé de ces échanges fleuris, Laxus avança de deux pas en direction de Levy et des autres. Le colosse à la cicatrice n'eut pas à en faire plus pour obtenir l'effet escompté. Les yeux de Sting et de Cobra se teintèrent de crainte. Il fallait bien dire aussi que sa carrure était impressionnante. Presque deux mètres de muscles et un regard aussi glacial que la banquise. Sans compter que le bras droit de Gajeel avait passé une très mauvaise journée.
« Relâche-les tout de suite, gronda Laxus. Tu seras gentil de ne pas me faire répéter. Ou je te garantis qu'il faudra une carte au trésor pour retrouver les morceaux de ton corps éparpillés dans la ville après mon passage…
Levy sentit instantanément la prise qu'on exerçait sur elle se relâcher. Elle était libre. Elle aida le patron du restaurant à se relever. Son regard rencontra celui de Sting qui se dirigeait déjà vers l'entrée du restaurant avec Cobra pour en sortir.
« On se reverra, ma jolie. Je te le garantis. C'est loin d'être fini »
La carillon de l'entrée retentit lorsqu'ils franchirent le seuil. Puis ce fut le silence.
C'est tout pour ce deuxième chapitre ! N'hésitez pas à me dire si il vous a plu ou non ! La bise !
