Salut à tous ! Le voici, le voilà, le cinquième chapitre ! (Je ne me lasse pas de cette introduction, c'est terrible). Il est un peu plus long que d'habitude, j'espère que vous ne m'en voudrez pas.
Bonne lecture à tous !
Chapitre 5
La bibliothèque municipale de Magnolia était réputée pour être l'une des plus grandes du continent. Située à l'ouest de la ville, elle abritait des milliers d'ouvrages sur tous les sujets imaginables et était un véritable exutoire pour les accros de lecture. Elle était également un refuge pour les étudiants qui ressentaient le besoin d'approfondir leurs connaissances pour obtenir les meilleurs résultats possibles.
Juvia Lockser faisait partie de cette catégorie. Cela faisait maintenant trois quarts d'heure que la future ingénieure en agronomie arpentait les rayons de la bibliothèque pour trouver le livre qu'elle recherchait. Si Juvia excellait dans toutes les matières scientifiques, elle peinait à obtenir de bons résultats dans les matières générales, en particulier la littérature classique, qui pour son plus grand malheur, avait été inclus au programme de l'année.
Plus précisément, l'étudiante recherchait « Roméo et Wendy », une tragédie romantique que leur avait conseillé leur odieux professeur de littérature pour « élargir leurs esprits étriqués ». Juvia voyait d'ici un énorme bouquin de trois cents pages, qui lui prendrait probablement tout son temps libre pendant les trois prochaines semaines.
Alors qu'elle envisageait sérieusement d'abandonner ses recherches, Juvia aperçut au bout d'un rayon, confortablement installé dans un des fauteuils de l'espace de lecture, un des mafieux qu'elle avait croisé au Dragon d'acier. Et pas n'importe lequel. Celui avec les cheveux noirs de jais. Il lisait un des livres de la bibliothèque avec concentration. Et pas n'importe lequel. Celui que Juvia recherchait.
Mince, comment allait-elle faire pour le récupérer ? Elle n'oserait jamais aller lui demander si il l'avait bientôt fini. Et ce, pour une raison très simple. Depuis son plus jeune âge, Juvia était d'une timidité maladive. Impossible pour elle de prendre la parole en cours sans qu'on l'interroge ou d'aller aborder un parfait inconnu, l'air de rien. Surtout que cette fois, l'inconnu en question était un mafieux qu'elle pouvait potentiellement croiser dans son travail au night-club et que, de surcroit, elle trouvait beau à tomber par terre.
Ses cheveux noirs en bataille, son regard froid et intense comme la glace, son corps finement musclé… L'étudiante en agronomie se retrouva à rougir en imaginant ce qu'elle ferait si un garçon pareil s'intéressait à elle… Elle lui préparerait avec amour des paniers repas personnalisés, elle lui tricoterait une écharpe, elle dormirait avec lui dans un sac de couchage double place… Tellement d'idées que ça en devenait renversant…
« Excuse-moi, mais tu as quelque chose à me demander pour me mater comme ça ? demanda le mafieux aux cheveux noirs, juste devant Juvia.
« AAAH ! sursauta la jeune femme.
Perdue dans ses pensées à l'eau de rose, elle n'avait pas vu qu'il l'avait remarqué et qu'il s'était approché d'elle. Elle tâcha de se reprendre, mais ses joues, désormais rouge pivoine, trahissaient son trouble.
« Eh bien je… euh… je… je recherche un livre et il se trouve que… euh…
- Que c'est celui que je tiens entre mes mains, c'est ça ? demanda Gray, amusé.
- Euh… oui, peut être. Enfin si, c'est ça… mais Juvia ne voulait pas vous contrarier… vous avez le droit de le lire… tout le monde a le droit de le lire en fait, on est dans une bibliothèque après tout…
- Doucement demoiselle. Je te le laisse volontiers ce bouquin, tu en as sûrement plus besoin que moi, fit Gray en lui tendant l'ouvrage.
- Vraiment ? Mais euh… ne vous sentez pas obligé de le donner à Juvia, vous paraissiez très intéressé par son contenu et euh…
Juvia se mordit la langue. Elle venait de lui avouer implicitement qu'elle l'avait observé en train de le lire pendant un moment. C'était toujours pareil. Une fois prise au dépourvu, elle sortait ânerie sur ânerie.
Mais Gray ne s'en formalisa pas et lui adressa un léger sourire.
- Il n'y a pas de problème. Tu peux le prendre sans crainte.
Il persista à tendre le livre à Juvia. Sans un mot, l'étudiante le prit délicatement entre ses mains comme un trésor.
- Merci beaucoup monsieur… euh monsieur… ?
- Gray. Appelle-moi juste Gray.
- Merci beaucoup monsieur Gray, répondit Juvia.
Gray ne put s'empêcher de lâcher un petit rire. D'ordinaire, les gens l'ennuyaient passablement et c'est pourquoi il se montrait aussi froid avec eux. Mais la candeur de cette fille la rendait très amusante.
- C'est un plaisir. Tu sais, je t'ai reconnu. Tu es Juvia, une des serveuses du Dragon d'acier, n'est-ce pas ?
- Monsieur Gray connait le prénom de Juvia ? demanda celle-ci, surprise et rougissant de plus belle.
- J'ai une bonne mémoire, se justifia le mafieux.
Il n'allait pas avouer qu'en réalité, il s'était renseigné et avait tout un dossier sur elle. Passer pour un pervers, très peu pour lui.
- Et monsieur Gray aime aussi la littérature apparemment, s'enquit Juvia.
Gray acquiesça doucement. Ce matin, il avait prétexté avoir du travail avec des fournisseurs pour pouvoir s'échapper à la bibliothèque. Personne dans le clan Redfox ne connaissait sa passion pour la lecture. C'était un peu son jardin secret à lui, sa façon de s'évader de ce milieu très dur et très prenant. Sa mère lui racontait souvent des histoires quand il était enfant. Avec elle, il avait appris très tôt à lire et peu de temps qu'elle ne lui soit arrachée, il s'était mis à lui faire la lecture en retour. Et depuis, il n'avait jamais vraiment arrêté de dévorer des bouquins. C'était une forme d'hommage à la femme exceptionnelle qui l'avait mis au monde et élevé. Du moins pendant un temps.
Sortant de sa nostalgie, il releva les yeux vers ceux de la jeune bleutée.
« En effet, j'aime beaucoup lire. Je vais devoir te quitter, demoiselle. J'ai pas mal de travail qui m'attend et j'ai déjà du retard. On se reverra au Dragon d'acier un de ses jours, tu me diras si le bouquin t'a plu.
- Euh… oui… pas de problème, je vous le dirai… Monsieur Gray, fit Juvia en serrant fort le livre contre elle.
- Impec'. A plus Juvia.
Accompagnant ses paroles d'un petit geste de la main, Gray tourna le dos à l'étudiante et se dirigea vers les escaliers conduisant à la sortie de la bibliothèque. Le coeur de Juvia tambourinait dans sa poitrine et elle demeurait convaincue que jamais plus elle ne ressentirait un sentiment aussi intense.
Levy ouvrit difficilement les paupières. La lumière agressa immédiatement ses yeux, si bien qu'elle les referma tout de suite, avant de les laisser s'acclimater petit à petit. Elle avait l'impression d'avoir une barre de fer entre les deux yeux et se sentait terriblement fatiguée. Elle prit conscience de l'environnement qui l'entourait. Elle était allongée sur un lit dans une pièce totalement aseptisée qui en comportait de nombreux autres.
« L'infirmerie, se dit Levy. Je suis à l'infirmerie de l'université ».
Et tout lui revint en mémoire. Son arrivée, la découverte du mannequin ensanglanté et sa crise de panique. Son coeur se mit de nouveau à accélérer. Elle voulut se lever du lit pour partir.
« Jeune fille, tu te rallonges immédiatement, gronda une voix féminine, au fond de l'infirmerie.
La voix provenait d'une femme âgée, mince et grande, aux cheveux roses attachés en chignon par deux baguettes dont les extrémités formaient un croissant de lune. Elle était vêtue d'une blouse rouge et arborait un regard sévère.
« Je suis Polyussica, l'infirmière scolaire en chef. Tu as fais une crise de panique et ce genre de chose est loin d'être anodin. Tu dois te reposer encore un peu avant de pouvoir partir d'ici ».
Le ton qu'elle avait employé ne suggérait aucune négociation. C'était un ordre médical et Levy avait devoir le respecter. Polyussica poussa un soupir à fendre l'âme. Elle ne comprendrait jamais l'attitude impétueuse des jeunes de nos jours. Mais elle n'était pas dépourvue d'empathie pour autant.
« J'ai entendu parler de ce qui s'est passé dans le hall de la faculté. J'imagine que c'est pour ça que tu as fais cette crise, je me trompe ? »
Levy acquiesça doucement la tête, dévastée. Elle n'aurait jamais imaginé que Sting Eucliffe en irait jusque là et ferait quelque chose d'aussi humiliant et morbide.
- Encore du bizutage… soupira Polyussica. Ne fais pas attention à ce genre de comportement idiot. Ces imbéciles se lasseront tout seuls et te ficheront la paix ensuite.
« Si seulement c'était aussi simple » pensa Levy.
Elle doutait fortement que Sting Eucliffe s'arrête là. Elle l'avait blessé dans son orgueil et il ne s'arrêterait sûrement qu'après l'avoir rabaissé plus bas que terre.
« D'ailleurs, il y a quelqu'un qui veut te voir, annonça Polyussica. Il voulait rester à ton chevet mais je lui ai dit de patienter en salle d'attente ».
L'infirmière se dirigea vers la porte de l'infirmerie et l'ouvrit.
« Vous pouvez entrer. Mais pas longtemps, elle a besoin de se reposer ».
Dans l'entrebâillement de la porte apparut une longue chevelure noire et un visage parsemé de piercings que Levy ne pensait pas revoir de sitôt.
« Gajeel… souffla Levy.
Le mafieux s'approcha de son lit doucement tandis que Polyussica s'éloignait dans la pièce adjacente, les laissant seuls tous les deux.
- Salut la cr… euh Levy.
- Qu'est ce que vous faites là ? demanda l'étudiante.
Gajeel poussa un grognement agacé.
- Il faut vraiment que tu passes au tutoiement, j'ai l'impression d'être bon pour l'hospice quand tu m'parles.
- Euh… d'accord, je vais essayer. Qu'est ce que… tu fais là ?
Gajeel prit quelques secondes pour répondre.
- J'ai appris ce qui s'était passé ce matin. Je me doutais qu'Eucliffe n'allait pas rester sans rien faire mais je m'attendais pas à ce qu'il soit aussi rapide.
Ça ne répondait pas vraiment à la question de Levy mais elle laissa couler. Elle était déjà agréablement surprise que le mafieux se soit déplacé pour elle.
- Je ne m'y attendais pas non plus… murmura Levy en baissant le regard.
Gajeel s'aperçut du trouble de l'étudiante. Le fameux sentiment qu'il avait ressenti après sa défaite au Dragon d'acier le reprenait de plus belle. Il ne savait toujours pas ce que c'était mais ça le poussait à être triste que Levy soit dans cet état. C'était assez perturbant.
Le mafieux plaça son pouce et son index en dessous du menton de Levy et le releva.
« Ne baisse jamais la tête. Et ne montre jamais que tu es blessée. Reste la fille forte qui m'a foutu une raclée pas plus tard que hier, compris ? »
Le mafieux avait voulu prendre une voix ferme mais bizarrement c'était une voix plus douce qui était sortie.
Levy était touchée par les paroles du mafieux. Elle releva les yeux vers lui et tâcha de reprendre contenance.
« C'est mieux, approuva Gajeel. Et pour cet enfoiré d'Eucliffe, je m'en occupe.
- Qu'est ce que vous… enfin qu'est ce que tu vas faire ? demanda Levy, inquiète.
La réponse n'avait pas été évidente à trouver pour le mafieux. Si il s'était écouté, Gajeel aurait foncé jusque chez Eucliffe pour lui faire ravaler ses gencives. Mais son bras droit l'avait convaincu d'agir de façon plus… diplomatique.
- Laxus est parti lui remettre les points sur les i. Rien de bien violent, juste histoire de lui faire savoir qu'il n'a pas intérêt à recommencer.
- Je ne veux pas être la source d'un conflit, insista Levy. Pas la peine de faire tout ça.
- Ce n'est pas que pour toi. Je connais bien Eucliffe, c'est un connard de première et ça fait des mois que sa clique et lui se croient tout permis en empiétant sur nos affaires. Cette mise en scène dégueulasse, c'est juste l'incident de trop. Et si on peut obtenir en prime qu'il te foute la paix, ça m'va très bien.
- Et s'il refuse ? se risqua Levy.
Le mafieux observa Levy puis reporta son regard derrière elle. Il devait contourner la question, sinon elle le prendrait pour un barbare sanguinaire.
- Je te conseille de rentrer chez toi et de te reposer, reprit Gajeel. Je dirai à Erza qu'elle devra se passer de toi pour la soirée d'aujourd'hui.
- Hors de question. Je dois suivre mes cours de l'après-midi. J'ai déjà loupé ceux de ce matin.
- La vieille t'a dit de te reposer, insista le mafieux. Et si tu veux absolument ces cours, je peux te les obtenir sans problème, gihi.
- Je sais très bien comment tu ferais et je refuse tout net, répliqua Levy. Je vais retourner en cours et prendre des notes comme tout le monde.
Gajeel poussa un soupir bruyant. Cette fille était décidément têtue comme une mule. Pourquoi s'embêter à suivre des cours soporifiques alors qu'on pouvait simplement dérober leur contenu dans le casier d'un des profs ?
- Et j'irai aussi travailler au Dragon d'acier ce soir.
- Comme tu veux, grommela le mafieux aux piercings en détournant le regard. Mais viens pas te plaindre si tu retombes dans les pommes.
Levy observa le mafieux. Il avait pris un air renfrogné, visiblement contrarié que Levy ne souhaite pas suivre ses recommandations. C'était touchant de le voir s'inquiéter ainsi pour elle. Elle découvrait une facette de sa personnalité qu'il cachait visiblement aux autres membres de son clan. Derrière l'air froid et antipathique qu'il s'appliquait à afficher en permanence, il y avait un bon fond. Et elle était flattée qu'il fasse tomber un peu le masque devant elle.
- « Rester forte et ne pas montrer aux autres qu'on est blessé », récita Levy avec un petit sourire en direction du mafieux.
Gajeel orienta de nouveau son regard carmin vers l'étudiante avant d'arborer aussi un léger sourire. Il était content que la crevette n'ait rien perdu de sa fougue. C'était ce qu'il admirait le plus en elle. Même si elle paraissait faible au premier abord, cette fille pouvait se montrer très forte et courageuse.
La porte de l'infirmerie se rouvrit sur Polyussica.
« Monsieur, je vais vous demander de sortir. Cette demoiselle doit se reposer encore un peu ».
Le mafieux regarda une dernière fois Levy avant de s'éloigner d'un pas. Il se gratta la tête, semblant vouloir dire quelque chose, puis laissa retomber son bras :
« Repose-toi bien et fais gaffe à toi.
- Pas de problème, répondit Levy.
Les mains dans les poches et d'un air nonchalant, Gajeel marcha en direction de la sortie, dépassa Polyussica et quitta la pièce, suivi par l'infirmière. Levy continuait à sourire. Le mafieux lui avait remonté le moral et elle se demandait s'il se montrerait à nouveau aussi bienveillant à l'avenir.
Derrière la porte, Polyussica s'était tournée vers Gajeel :
« Tu dois l'éloigner de tout ça. Elle ne fait pas partie de ton monde et elle y est déjà bien trop impliquée.
- Tu crois que je ne le sais pas, la vieille ? rétorqua Gajeel en s'éloignant.
Même si elle demeurait une vieille amie de la famille, la vioque avait le don de l'énerver avec ses conseils à la noix. Evidemment que Levy n'avait pas à endurer tout cela, Gajeel en était bien conscient. Mais d'un autre côté, il n'avait vraiment pas envie de voir disparaitre la fille aux cheveux bleus. Un vrai dilemme se présentait à lui. Le mafieux aux piercings espérait fortement que l'entrevue de Laxus avec cette verrue de Sting Eucliffe allait arranger les choses.
Installé dans un fauteuil rembourré, cela faisait bien trente bonnes minutes que Laxus Dreyar poireautait dans le hall d'entrée du Crocus Garden, l'hôtel particulier de la famille Eucliffe. L'établissement était situé au sud-est de la ville, en plein centre du territoire conquis il y a nombreuses années par Weisslogia Eucliffe, au prix d'une guerre sans merci avec les autres parrains locaux.
Le Crocus Garden était un hôtel de luxe ainsi qu'un établissement de thalassothérapie profitant des eaux du lac Scilliora aux vertus thérapeutiques. La décoration du hall d'entrée, comme celle du reste de l'hôtel, était très ostentatoire. Les murs, les plafonds et même le sol étaient recouverts de marbre d'un blanc immaculé, accompagné de dorures. De nombreux tableaux de maitre avaient été accrochés à différents endroits stratégiques pour attirer l'oeil du client au maximum. Des fauteuils en cuir d'un noir profond avaient été placés au centre du hall et donnaient un contraste étrange avec la blancheur du lieu.
Même si le Crocus Garden avait tout d'un établissement respectable au premier abord, de nombreuses rumeurs circulaient sur son compte au sein de la mafia. Il se disait que la famille Eucliffe se servait de cet hôtel à des fins beaucoup moins reluisantes. Prostitution et trafic de jeunes filles, entre autres. Tout ce qui pouvait donner la nausée à Laxus. Jamais le clan Redfox ne se serait abaissé à de pareilles actions. Et tout ça pour le profit…
Toujours dans son fauteuil, le mafieux croisa les bras. A son arrivée, la réceptionniste lui avait assuré que « M. Sting » le recevrait dans peu de temps. Il était certain que cet enfoiré faisait exprès de le faire attendre, espérant que cela mettrait les nerfs du mafieux en pelote. Fort heureusement, il n'en était rien. Car même si Laxus n'en avait pas l'air, il était doté depuis toujours d'un self-control remarquable. C'est précisément cette faculté à maitriser ses émotions et à agir intelligemment qui avait conduit Gajeel à le choisir comme son bras droit, en plus de leur longue amitié.
Le téléphone de la réception sonna et la réceptionniste s'en empara. Deux minutes plus tard, elle rejoignit Laxus avec un sourire aussi faux que les plantes vertes du hall d'entrée.
« Monsieur Dreyar ? Monsieur Sting est prêt à vous recevoir. Veuillez me suivre s'il vous plait ».
Laxus se leva de son siège et suivit la jeune femme jusqu'à l'ascenseur qui monta jusqu'au dernier étage. Les portes s'ouvrirent sur le salon du penthouse, laissant apparaitre aux yeux du blond un décor encore plus fastueux et déconcertant.
Le centre du salon était occupé par d'immenses canapés blancs et une table basse gigantesque, entièrement noire, sur laquelle reposait une moto de collection. Derrière, on devinait l'immense terrasse avec piscine et jacuzzi. Sur la gauche du salon se trouvait un bar aux lumières multicolores où un barman s'activait à préparer des cocktails. Mais le comble du « m'as-tu vu » était situé sur la droite. Un énorme aquarium qui s'étendait du sol au plafond y avait été placé et à l'intérieur, deux requins nageaient dans cet espace bien trop réduit pour eux. Laxus ne put s'empêcher de ressentir de l'empathie pour ces pauvres bêtes, odieusement séparées de leurs congénères pour se retrouver ici.
Des hommes vêtus de noir étaient situés des deux côtés de l'ascenseur et se placèrent derrière Laxus. Ce dernier ne jugea pas utile de les informer qu'en moins de vingt secondes, il pouvait les neutraliser tous les deux s'il le voulait.
Assis sur un des canapés, Sting Eucliffe, revêtu d'un peignoir blanc, fit un signe de la main à Laxus.
« Ah ! Voici enfin le fameux Laxus Dreyar ! s'exclama t-il en ricanant.
Laxus s'approcha du canapé, passablement énervé que ce type n'ait même pas eu la décence de s'habiller, l'accueillant en peignoir à moitié à poil.
« Installe-toi. Quel bon vent t'amène ici, dragon de la foudre ?
C'était le surnom donné à Laxus dans le milieu mafieux, combinant son allégeance aux Redfox, ses cheveux blonds et sa cicatrice en forme d'éclair.
- Tu sais très bien ce qui m'amène dans ton bordel tape à l'oeil, répliqua Laxus en s'asseyant. Ton petit numéro artistique à l'université Fairy Tail.
Sting croisa les jambes et s'installa plus profondément dans son canapé. Le maitre des lieux afficha un air qui se voulait innocent.
- Ah oui, j'ai entendu parler de cette histoire. Assez lugubre comme manoeuvre. Mais tu fais fausse route mon cher, je n'ai rien à voir avec tout ça.
Il mentait. Laxus le percevait clairement. Les yeux de ce salaud étincelaient de fierté d'avoir accompli une saloperie pareille. Il n'arrivait même pas à le cacher.
- Te fous pas de ma gueule Eucliffe. Cette fille n'a aucun différend avec quiconque dans cette ville à part toi. Il n'y a que toi qui a des raisons de t'en prendre à elle de la sorte.
Le sourire de son interlocuteur s'élargit, comme s'il était ravi d'avoir été percé à jour.
- Il y a quand même quelque chose qui m'intrigue Dreyar. Pourquoi ton clan et toi vous souciez-vous autant de ce qui peut arriver à cette fille ? Elle n'est rien pour vous, elle n'a aucun lien de sang avec ce cher Gajeel. Pourquoi venir jusqu'ici pour cette nana, qui en plus physiquement, n'en vaut même pas la peine ? On peut pas dire qu'elle soit bien foutue…
Laxus avait redouté que son interlocuteur ait ce raisonnement. C'était ce qu'il avait essayé de faire comprendre à Gajeel quand ce dernier lui avait finalement ordonné d'aller voir Sting Eucliffe. Défendre quelqu'un qui n'avait rien à voir avec le clan attirerait forcément son intérêt malsain. Il fallait dissimuler la moindre trace de l'importance que le clan accordait à la jeune serveuse, sous peine d'en faire une cible terriblement tentante. Le mafieux à la cicatrice allait devoir être très convaincant.
- Cette fille bosse pour nous. Si n'importe qui peut s'en prendre à l'une de nos employées sans qu'il y ait de conséquence, ce sera mauvais pour les affaires. Notre personnel risque de prendre la fuite si on ne le soutient pas un minimum, je pense que tu peux le comprendre. Tu gères aussi un business après tout.
- Certes. Mais il y a quand même une différence entre soutenir une simple employée et venir m'intimider chez moi, tu en conviendras.
- Je ne cherche pas à t'intimider. Je te mets en garde.
- Contre quoi ? demanda Sting avec un sourire narquois.
Laxus garda le silence quelques instants puis il prit une voix plus ferme.
- Je vais être honnête. Tu n'es pas le premier à tenter ta chance contre nous Eucliffe. Tu dois le savoir, tous les autres clans qui s'y sont risqués ont échoué et vous ne ferez pas exception si vous nous défiez à nouveau. Je te conseille de laisser cette fille tranquille ou tu le regretteras d'une manière ou d'une autre. Me suis-je bien fait comprendre ?
Le regard de Sting se fit plus sombre. Il n'était pas le genre de gars que l'on effrayait avec de simples paroles et Laxus en était pleinement conscient. Il espérait malgré tout que sa menace allait faire réfléchir cet enfoiré. Ce dernier ne le quittait pas du regard, ses pupilles dilatées trahissant la colère qu'il tentait de contenir devant Laxus.
Le mafieux en peignoir tourna la tête vers ses hommes de main.
« Messieurs, je vous prie de raccompagner M. Dreyar à l'ascenseur. Nous en avons fini ».
Comprenant qu'il n'obtiendrait rien de plus, Laxus se leva et se dirigea vers la sortie. La voix de Sting retentit dans son dos :
« Au fait Dreyar, comment va cette fille aux cheveux blancs qui bosse aussi dans votre night-club miteux ? Hum… Mirajane, c'est ça ? Elle par contre est super bien roulée… Tu crois que j'aurais une chance avec elle ?
Immédiatement, le sang de Laxus bouillonna dans ses veines. Cet enfoiré cherchait à l'énerver. Il ne devait pas entrer dans son jeu. Même si maintenant, lui foutre son poing dans la figure le démangeait comme jamais.
Le mafieux poursuivit avec un rictus malfaisant que Laxus devinait sans peine.
« D'ailleurs, il parait qu'elle a fait des choses pas très jolies dans le temps… On la surnommait « la Démone » d'ailleurs si je ne me trompe pas… Elle doit vraiment être diabolique au pieu… T'en penses quoi Dreyar ? C'est pas toi qui la sautait il y a pas si longtemps ?
Laxus serra les poings si fort que les jointures de ses mains devinrent blanches. Il devait à tout prix se calmer même si désormais, c'était écarteler ce type qui lui faisait terriblement envie. Entendre parler de Mirajane comme ça le rendait fou.
Soucieux de ne pas perdre le contrôle, il marcha lentement jusqu'à l'ascenseur et appuya sur le bouton « descente », non sans avoir jeté un dernier regard assassin à ce chien en peignoir.
Furieux de ne pas avoir réussi à faire sortir son adversaire de ses gonds, Sting se tourna vers ses hommes.
« Dites à Cobra de rappliquer en vitesse. Il doit faire quelque chose pour moi ».
Une idée diabolique venait de germer dans son esprit. Les Redfox allaient regretter de l'avoir menacé de la sorte. La partie était loin d'être finie.
Levy bailla à s'en décrocher la mâchoire. Sa troisième heure de cours de l'après midi venait tout juste de commencer et il lui en restait encore deux autres à suivre avant de pouvoir rentrer. Même si le cours de littérature comparée qui se déroulait devant elle était fort intéressant, les séquelles de sa crise de panique matinale se faisaient à présent sentir. Elle aurait peut être dû écouter les conseils de Gajeel, au moins sur le fait de rentrer chez elle pour se reposer.
Non, elle ne regrettait pas son choix. Elle n'avait pas voulu paraitre comme une petite chose fragile devant lui. Et suivre des cours comme n'importe quel autre étudiante l'aidait à se sentir mieux.
Enfin… quand les autres étudiants présents dans l'amphithéâtre ne se retournaient pas sans arrêt pour la dévisager comme une bête curieuse. À peu près toutes les cinq minutes, au moins un élève, plus ou moins éloigné, tournait la tête en direction de Levy, alternait son regard entre son téléphone portable et elle, avant de bavarder à voix basse avec son voisin. Si cette curiosité avait agacé Levy au début du cours, elle n'y faisait désormais plus attention. Si ils préféraient faire les commères plutôt que de réussir leurs études, ainsi soit-il.
Alors que Levy recopiait un paragraphe particulièrement ardu sur les similitudes et différences entre la poésie fioréenne et la poésie de Brago, elle entendit un murmure sur sa droite.
« Pssst… excuse-moi ? »
Levy tourna la tête. Sa voisine s'était penchée vers elle. Elle avait des cheveux bleus-argentés coupés au bol, des yeux marrons et était vêtue d'une robe blanche à froufrous assez ample. Elle murmura à nouveau en se rapprochant :
- Levy c'est ça ? Je peux te demander quelque chose ?
- Ça dépend quoi, répondit l'étudiante aux cheveux bleus.
Elle était étonnée que sa voisine connaisse déjà son prénom mais elle se souvint qu'avec l'épisode de ce matin, ce n'était plus vraiment un secret d'Etat.
- Est ce que tu peux me passer tes notes de l'heure précédente pour que je les recopie, s'il te plait ? Je suis un peu à la traine depuis le début.
Levy hésita un petit moment mais finit par acquiescer avant de lui tendre ses notes manuscrites. Elle n'avait encore aucun ami à l'université et se la jouer perso en cours n'allait pas l'aider à s'en faire.
- Merci beaucoup, répondit sa voisine. C'est vraiment gentil.
Et elle se mit à recopier le contenu des feuilles que Levy lui avait tendu. Au bout de vingt minutes, elle les lui rendit avec un sourire.
- C'est tout bon. Merci encore.
- De rien, c'est normal de s'entraider.
Levy reporta son attention sur le cours dispensé par le professeur Max Alose, mais elle vit du coin de l'oeil sa voisine se pencher vers elle encore une fois.
« Au fait, je m'appelle Yukino Agria.
- Enchantée. Tu connais déjà mon prénom.
- Oui… depuis ce matin.
Levy voyait très bien qu'elle mourrait d'envie de lui demander quelque chose. Cette hésitation ne dura pas longtemps car Yukino s'adressa de nouveau à elle.
- Et… tu sais qui a accroché ce mannequin à ton effigie dans le hall de la fac ?
Et voilà. Levy espérait secrètement que cette fille n'était pas animée de la même curiosité que les autres mais apparemment c'était le cas. Et cela la désolait.
- Pas du tout, mentit l'étudiante aux cheveux bleus, je n'en ai aucune idée.
- Tu en es sûre ? demanda Yukino, en se rapprochant un peu plus.
La nouvelle question surprit Levy. Pourquoi cette fille insistait-elle autant ? En l'observant de plus près, Levy remarqua que les iris marrons de sa voisine paraissaient étrangement vides. Il n'y avait pas la petite étincelle qu'elle percevait habituellement dans les yeux de Lucy et de Juvia.
- Oui je suis sûre, persista Levy. Je ne vois vraiment pas qui ça pourrait être.
- D'accord... murmura sa voisine, apparemment peu convaincue. Et… ça t'a fait quoi de te voir suspendue au plafond comme ça ?
Le coeur de Levy rata un battement. Okay, si les premières questions pouvaient passer pour du commérage amateur, là ça devenait franchement glauque. Maintenant, Levy trouvait cette fille vraiment bizarre. Elle devait abréger la conversation aussi vite que possible.
- Excuse-moi Yukino, mais j'aimerais suivre le cours si ça ne te dérange pas. J'ai aussi un peu de mal à suivre tu sais.
La voisine de Levy s'éloigna d'un coup, comme si elle avait été prise sur le fait. Puis elle répondit d'une voix bien trop douce :
- Oui bien sûr, je comprends…
Levy passa le reste du cours à jeter des coups d'oeil furtifs à la fille étrange qui lui servait de voisine. Cette dernière avait maintenant les yeux rivés sur son téléphone et semblait envoyer des textos. L'étudiante aux cheveux bleus trouvait ça tout aussi louche. Si elle était vraiment aussi à la traine qu'elle le disait, elle aurait dû suivre le cours au lieu de tchatter avec Mavis sait qui. Levy se promit se rester à distance de cette fille dont le comportement ne lui présageait rien de bon.
A la sortie de l'université, Levy n'eut aucun mal à reconnaitre les visages inquiets de Lucy et Juvia parmi la foule des étudiants. La première était vêtue d'un débardeur rose et violet coloré ainsi que d'un mini-short en jeans, tandis que la seconde avait visiblement préféré une robe bleue à bretelles.
« Qu'est ce que vous faites là ? s'exclama Levy en les rejoignant.
- On a vu la photo sur Internet et on a décidé de voir comment tu allais, répondit Lucy. Il parait même que tu as fais une crise de panique.
- Les nouvelles vont vite à ce que je vois.
L'amie de Levy aux cheveux bleus se rapprocha et posa sa main sur son épaule avec compassion.
- Juvia était très inquiète pour toi Levy. Comment tu te sens ?
- Je vais bien, ne t'inquiète pas Juvia. Il en faut plus que ça pour me mettre K.O.
- Ce Sting Eucliffe est une vraie plaie. Il faut vraiment être siphonné pour faire un truc pareil, renchérit Lucy.
Levy ne pouvait que donner raison à son amie. A proximité des trois filles, un petit groupe d'étudiants continuait de dévisager Levy en chuchotant entre eux.
- Qu'est ce qu'il y a, bande de rapaces ? s'écria Lucy vers leur direction. Vous avez un problème ? Votre vie est si peu intéressante pour que vous vous souciez de la sienne ?
Surpris, le groupe d'étudiants détourna le regard puis se dispersa.
- J'ai beau vouloir être journaliste, les idiots avides de cancans m'énervent au plus haut point, reprit Lucy.
- Ils ne sont pas les seuls hélas. Les trois quarts de la faculté se demandent déjà si je suis la cible d'un tueur en série ou si je n'ai pas accroché ce fichu mannequin moi-même pour faire mon intéressante.
- Ils sont stupides, souligna Juvia. Ne leur accorde pas une seule de tes pensées.
- C'est bien ce que je compte faire. On rentre ? demanda Levy avec empressement.
Les deux amies de l'étudiante en lettres acquiescèrent et le trio se mit en route. Tout le long du trajet, Lucy et Juvia firent leur possible pour éviter que Levy ne ressasse les évènements du matin et elle leur en était vraiment reconnaissante. Lucy raconta l'interview passionnante de la comédienne Jenny Rearlight à laquelle elle avait assisté en début d'après-midi. Jason, son rédacteur en chef, avait accepté qu'elle soit présente et lui avait même permis de rédiger quelques questions à poser à la star. L'apprentie journaliste en était extrêmement fière.
Quant à Juvia, elle hésita longuement mais elle finit par raconter sa rencontre du matin avec Gray, le mafieux ténébreux passionné de lecture.
- Je n'aurais jamais cru que ce gars puisse être le genre à aller à la bibliothèque municipale pour se cultiver, s'étonna Lucy.
- Juvia a été tout aussi surprise que toi, répondit la concernée en rougissant légèrement.
Levy et Lucy s'échangèrent un regard complice. Elles voyaient bien au teint pivoine de leur amie que ce Gray ne la laissait clairement pas indifférente. Mais elles décidèrent de ne pas insister, pour ne pas la mettre mal à l'aise.
- Et toi Levy ? demanda Lucy. Aucune nouvelle de ton fameux Gajeel ?
- Lucy… D'abord ce n'est pas « mon » Gajeel et non je n'ai eu aucune nouvelle.
- Dommage… soupira l'étudiante en journalisme.
Levy préférait ne pas mentionner le fait que Gajeel soit passé la voir à l'infirmerie. Elle ne souhaitait pas impliquer ses amies dans ses problèmes. Et à vrai dire, elle préférait garder pour elle le moment qu'elle avait passé avec le mafieux. Elle ne savait pas trop pourquoi, mais c'était ce qu'elle ressentait.
Soudain, le téléphone de Levy vibra dans sa poche. Elle l'en extirpa et vit que l'écran affichait le numéro du standard du Dragon d'acier. L'étudiante décrocha.
« Allô ?
- Bonjour Levy, c'est Erza à l'appareil.
- Oh, bonjour Erza.
- Je t'appelais pour t'informer qu'étant donné que le Dragon d'acier fait office de boite de nuit ce soir, il est inutile que vous veniez Lucy, Juvia et toi. Tu comprends, les clients peuvent aller directement au bar pour chercher des boissons et les autres serveuses peuvent largement s'occuper des tables VIP. Ça ne te contrarie pas, j'espère ? Tu seras toujours de la partie pour les futures soirées bien sûr, comme Lucy et Juvia.
- Euh, non, non, il n'y a pas de problème, répondit Levy, malgré tout un peu surprise. Si c'est votre décision en tant que manager, je comprends tout à fait.
- En fait ce n'est pas ma dé… enfin peu importe, bafouilla Erza au bout du fil. Je ne sais pas si tu en as l'occasion, mais tu pourrais transmettre le message à Lucy et Juvia également ?
Levy avait tiqué sur la première phrase de la manager du Dragon d'acier mais garda une voix neutre.
- Pas de souci, je leur dirai.
- Merci beaucoup Levy. Bonne soirée, et à la semaine prochaine.
- Bonne soirée Erza.
Un bip sonore indiqua que la conversation téléphonique était terminée. Levy n'en croyait pas ses oreilles et fulminait intérieurement. Elle n'était pas née de la dernière pluie. Cette soirée de repos était loin d'être un hasard. Le ton d'Erza était bien trop étrange au téléphone. C'était un coup de Gajeel, elle en était certaine. Ce fichu mafieux avait sûrement insisté auprès d'Erza pour que Levy n'ait pas à travailler ce soir, comme il l'avait suggéré. Et pour essayer de camoufler grossièrement le tout, il s'était arrangé pour que Lucy et Juvia non plus.
- Un problème ? demanda Lucy en voyant l'air contrarié de son amie.
Levy se tourna vers ses camarades, prête à leur annoncer que la soirée allait être bien moins chargée que prévu.
Une heure plus tard, de légers crépitements se firent entendre dans tout l'appartement de Levy. Ça avait commencé avec un, puis deux, puis trois, puis des dizaines s'étaient succédés. Les grains de maïs se changeaient petit à petit en pop-corn dans la casserole placée sur le réchaud à gaz. Une fois prêts, elle les plaça dans un saladier avant de les saupoudrer de sucre. L'odeur envahissait tout l'appartement, apportant une dose de réconfort à cette journée quelque peu morose.
- Ça sent très bon. Juvia trouve que ton appartement est très chouette Levy.
- Il ressemble beaucoup au mien mais la déco te correspond plus. C'est vraiment ravissant, ajouta Lucy.
- Contente que vous aimiez, j'espère qu'on aura assez de place pour cette nuit toutes les trois.
Suite à l'annonce de leur congé impromptu, Levy avait proposé à ses deux amies de passer la soirée chez elle pour regarder des séries et s'empiffrer de sucreries en tous genres. Lucy avait d'abord été réticente à ce que Levy rentre chez elle après ce qui s'était passé mais cette dernière avait réussi à la convaincre au bout d'un quart d'heure de négociations. Elle ne voulait plus avoir peur et se cacher. Désormais elle affronterait les épreuves qui l'attendaient sans frissonner et sans reculer.
Alors que Levy était en train de verser des litres de bonbons dans des bocaux en verre, son téléphone vibra de plus belle. Le mot « Maman » s'inscrivit sur l'écran lumineux.
« Désolé les filles, je dois répondre, fit Levy en montrant son portable.
- Pas de souci. Juvia et moi, on va commencer à se goinfrer, ne t'inquiète pas, répondit Lucy.
Levy leur adressa un sourire avant d'aller dans la salle de bain.
« Salut maman.
- Coucou ma puce, commença la mère de Levy. Comment tu vas ? Alors, ces premiers jours à Magnolia ?
- Ça s'est très bien passé, mentit Levy en essayant de prendre une voix enjouée. L'université est géniale, les cours sont très intéressants et je me suis fait deux amies très chouettes.
- Ah oui ? s'exclama la mère de Levy avec enthousiasme. Comment s'appellent-elles ?
- Lucy et Juvia.
- De bien jolis prénoms. J'imagine qu'elles sont aussi studieuses que toi.
- Oui, elles sont vraiment géniales.
Levy décrivit en détail à sa mère les études et les professions ambitionnées par ses deux amies.
- Ah oui c'est intéressant. Et où vous êtes vous rencontrées toutes les trois du coup ?
Levy se mordit la lèvre. Elle n'avait pas vraiment envie de mentir effrontément à sa mère. Aussi préféra t-elle être honnête.
- Dans un night-club où je travaille en tant que serveuse depuis quelques jours… Tu sais, je t'avais dit que je voulais trouver un petit boulot pour gagner des sous.
- Oh…oui je m'en souviens… Et… c'est quoi le nom de cet endroit ?
- Le Dragon d'acier.
- …
Levy crut un instant qu'elles avaient été coupées car sa mère ne répondit pas pendant une bonne minute.
- Maman ? Tu es toujours là ? demanda Levy
- … Oui, oui, je suis toujours là. Je suis désolée ma chérie mais je vais devoir te laisser, ton père a eu la mauvaise idée de se mettre aux fourneaux ce soir et je sens déjà l'odeur de brûlé envahir la maison. Tu me rappelles dans les prochains jours, d'accord ?
- D'accord. Va vite rejoindre papa avant qu'il ne fasse carboniser la maison.
- J'y vais de ce pas. A plus tard ma puce.
- A plus tard maman.
La conversation avait été brève et Levy en était étonnée. D'habitude, sa mère était une vraie pipelette qui voulait absolument tout savoir sur tout et qui pouvait rester des heures au téléphone. Mais peu importe. Si il y avait eu quelque chose d'anormal, elle lui aurait certainement dit. Elle n'allait pas se tracasser toute la soirée pour ça. Après s'être rapidement inspectée dans le miroir de la salle de bains, Levy rejoignit Lucy et Juvia qui se préparaient à lancer la série. Les trois filles s'affalèrent sur les coussins placés sur le sol et Lucy appuya sur le bouton « lecture ».
À Clover, dans la maison de campagne de l'exploitation agricole McGarden, la mère de Levy venait tout juste de raccrocher le combiné. Elle demeurait abasourdie par ce que lui avait annoncé sa fille. Ces quelques mots avaient confirmé toutes les inquiétudes qu'elle nourrissait lorsque Levy lui avait annoncé il y a un an vouloir faire ses études à Magnolia.
Elle se dépêcha de rejoindre son mari qui était en train de faire les comptes de la journée dans son petit atelier.
« Andrew… commença t-elle. On a un problème…
Le père de Levy releva le nez de ses carnets avant de dévisager sa femme.
- Que se passe t-il ?
- Ce que nous redoutions est arrivé Andrew… Elle est en contact avec eux…
Le visage du père de Levy blanchit soudainement et il se passa une main sur le front.
Il y avait une certaine ironie du sort dans cette scène. Les parents de Levy avaient toujours comparé avec tendresse leur fille chérie à un petit oiseau. Fragile mais toujours désireux de voler de ses propres ailes. Aujourd'hui, ils constataient avec amertume que la migration de cet oiseau avait pris fin et qu'il était revenu inconsciemment et sans même le savoir, là où tout avait commencé.
Aux alentours d'une heure du matin, au Dragon d'acier, la soirée battait son plein. Le calme de la soirée précédente avait totalement disparu et laissé place au rythme déchainé de la musique électro qui résonnait à travers les enceintes dispersées un peu partout. Des dizaines de fêtards se trémoussaient sur la piste de danse, plus ou moins alcoolisés.
Les trois barmaids du Dragon d'acier ne savaient plus où donner de la tête. Les consommations s'enchainaient à une vitesse folle et ne leur laissaient aucun répit.
Soudain, un bruit de verre brisé particulièrement fort se fit entendre. Mirajane leva les yeux. Une vitre qui donnait sur la rue avait été brisée et trois projectiles avaient été lancés à travers. Avec un petit bruit, ils commencèrent à libérer une épaisse fumée blanchâtre qui se répandit très rapidement dans toute la salle, aveuglant totalement l'ensemble du personnel et des clients.
« Une attaque… se dit instantanément la barmaid.
Elle contourna le bar et tâcha de se frayer un chemin entre les clients qui criaient, s'affolaient et cherchaient désespérément la sortie. Le gaz brûlait le nez et les poumons de la barmaid aux cheveux blancs.
- Elfman ! hurla t-elle. ELFMAN !
Elle ne parvenait pas à retrouver son frère qui était chargé de la sécurité de la soirée. Elle espérait de tout son coeur qu'il ne lui était rien arrivé. Les gens la bousculaient, lui marchaient sur les pieds et elle avait du mal à tenir debout.
D'un coup, elle sentit derrière elle quelqu'un passer son bras sur sa poitrine et la plaquer contre lui. La lame froide d'un couteau vint s'appuyer contre la gorge de la barmaid et Mirajane entendit très distinctement une voix suave lui murmurer :
« Tu diras aux Redfox que la trêve a été rejetée. Et que l'ère des Dragons d'acier touchera bientôt à sa fin ».
La lame se retira et elle sentit la pression qui s'exerçait sur elle se relâcher. La barmaid demeura paralysée quelques instants avant qu'une main ferme ne lui agrippe le bras pour la tirer vers l'extérieur. Elle parvint à distinguer une carrure imposante et des cheveux aussi blancs que les siens.
- Mira ! s'écria Elfman. On doit sortir d'ici, viens !
Encore terrifiée par ce qui lui avait été chuchoté à l'oreille, Mirajane se laissa entrainer par son frère vers l'extérieur, laissant le chaos se déchainer dans les entrailles du Dragon d'acier.
Des escaliers que l'on monte quatre à quatre. Une porte que l'on défonce. Un corps inerte qui tombe à terre. Des bruits de pas sur le plancher. Du liquide couleur grenadine qui se répand sur le sol. Puis vint la chaleur. Si intense, si suffocante. Des flammes lèchent les moindres recoins de la pièce. La fumée est partout. Le feu se rapproche de plus en plus, inexorablement. Il finit par l'engloutir, comme la bouche d'un démon infernal. Un cri aigu retentit.
Levy se réveilla en sursaut, trempée de sueur. Elle regarda autour d'elle, complètement perdue. Elle était chez elle, dans son appartement. Avec ses amies. Il n'y avait pas de feu, pas de chaleur et pas de mort. Rien de tout ça. Qu'est ce que cela voulait dire ? Et pourquoi avait-elle l'impression que ce rêve n'avait rien à voir avec ceux qu'elle avait fait auparavant ?
Et voilà ! Le cinquième chapitre s'achève ainsi. Je suis vraiment content d'avoir pu vous le poster en temps et en heure, c'était un peu la course cette semaine, je vous l'avoue. Mais trêve d'auto- congratulations. Des hypothèses, des remarques, des suggestions ? N'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de ce nouveau chapitre, en bien comme en mal. Et surtout, portez-vous bien. La bise !
