Salut à tous ! Avant toute chose, je tenais à m'excuser pour ce petit (gros) retard de publication. Sans entrer dans les détails, j'ai été totalement débordé ces deux dernières semaines et j'ai douloureusement compris pourquoi « déménagement » rimait si bien avec « perte de temps ». Toute une histoire… Bref, je vous laisse donc avec ce sixième chapitre !
Bonne lecture à tous !
Chapitre 6
Lucy ouvrit doucement les yeux. Les premières lueurs du jour commençaient à se frayer un chemin à travers les stores de l'appartement de Levy et dansaient allègrement sur les murs. La jeune femme aux cheveux blonds battit des paupières pour que ses yeux s'adaptent à la nouvelle luminosité. Elle avait étonnamment bien dormi dans son sac de couchage et se sentait plutôt reposée.
Elle tourna les yeux vers l'autre sac de couchage placé juste à côté d'elle, là où s'était installée Levy pour laisser son lit à Juvia. Son amie était toujours endormie, les cheveux défaits et le visage luisant de sueur. Elle avait eu un sommeil agité. Lucy l'avait senti aux nombreux coups de pieds qu'elle lui avait donné et aux marmonnements qu'elle avait prononcé. Elle s'était même levée pour aller se passer de l'eau sur le visage. La journaliste se demandait si elle faisait souvent des cauchemars aussi prenants ou si celui-ci n'était qu'exceptionnel. Au décès de sa mère, elle en avait également fait beaucoup. Et sa relation avec son père n'avait malheureusement rien arrangé. Jude Heartfilia avant toujours été un vrai despote, impossible à satisfaire. Il n'exprimait jamais le moindre attachement pour sa fille et exigeait constamment d'elle la perfection.
Lucy avait fugué plusieurs fois, essayant désespérément d'échapper au comportement tyrannique de son géniteur. En vain. Il était toujours parvenu à la retrouver et à chaque tentative, il se montrait par la suite encore plus froid et insensible envers elle. Un calvaire qui avait duré de nombreuses années. Jusqu'à ce qu'il tombe finalement malade, tout comme Layla, et qu'il laisse Lucy définitivement orpheline. Elle avait honte de le dire, mais Lucy avait vécu le décès de son père comme une véritable libération.
La jeune femme secoua la tête, chassant ces obscures pensées datant d'un passé désormais révolu.
Ne souhaitant pas réveiller ses amies tout de suite, elle chercha son téléphone qu'elle avait laissé près d'elle et s'en empara. La luminosité de l'appareil lui fit plisser les yeux mais ces derniers se rouvrirent bien vite à la vue de ce qui s'affichait sur l'écran.
3 appels manqués de Jason et plusieurs messages. Un dimanche. À 7 heures du matin. Ça sentait pas bon.
Lucy fit défiler le contenu des messages et ses yeux s'écarquillèrent encore plus. Il fallait qu'elle prévienne les autres.
Se levant précipitamment, Lucy essaya de secouer l'épaule de Juvia pour la réveiller mais cette dernière se dégagea, visiblement toujours dans les vapes. Elle semblait en plein rêve et chuchota au contact de Lucy :
« Mmm… non… non Monsieur Gray, Juvia n'a pas fini de vous préparer les petits pains… mmm… ».
Lucy ne put s'empêcher d'esquisser un sourire à l'entente des paroles de son amie, puis se rappelant de l'énormité de la nouvelle, elle tenta sa chance avec Levy. Elle s'accroupit aux pieds du sac de couchage et la secoua un peu plus vigoureusement.
« Hmm… qu'est ce qui se passe Lucy ? marmonna Levy, encore à moitié endormie.
Lucy déglutit difficilement avant d'annoncer d'une voix grave.
- Levy… le Dragon d'acier a été saccagé cette nuit…
Et cette fois, ce furent les yeux de Levy qui s'écarquillèrent.
Au manoir Redfox, la tension était palpable depuis la nuit dernière. Une réunion improvisée avait été organisée à l'aube dans la grande salle à manger. Assis autour de l'immense table en chêne massif, se trouvaient les plus proches conseillers du clan, convoqués en urgence à l'annonce des évènements survenus au Dragon d'acier. Une attaque directe sur un des business les plus florissants de l'empire Redfox méritait amplement ce déploiement de troupes.
Gajeel n'était pas dupe sur l'origine de cette attaque. Quelques heures après que Laxus soit allé négocier avec Sting Eucliffe, ce dernier lui avait fait connaitre sa réponse par la force : il ne se soumettrait pas. Grand bien lui fasse.
Le mafieux à la longue chevelure noire se trouvait au bout de la table avec Laxus à sa droite et Gray à sa gauche. Natsu et Bixrow étaient eux aussi présents. Gajeel avait jugé utile d'organiser cette réunion car c'est ainsi que son père réglait les problèmes majeurs du clan quand ils survenaient. Un mafieux ne pouvait agir seul et rappeler à ses partenaires leurs obligations envers le clan était bien plus utile en temps de guerre qu'en temps de paix.
Vêtu pour l'occasion d'un costume noir, il se leva et jeta un vaste regard à l'assistance avant de poser les deux mains sur la table. Il n'était pas doué pour les discours mais il ne pouvait pas se dérober. Pas aujourd'hui.
« Mes chers amis, je suis navré de vous avoir arraché à vos obligations mais comme vous le savez, la situation est grave… Notre organisation a subi pendant la nuit une attaque des plus sournoises. L'identité de nos assaillants n'est plus un secret pour personne autour de cette table. J'attends vos suggestions pour répondre à cet affront… »
Une vague de murmures parcourut l'assemblée. Un des conseillers se pencha davantage en avant pour faire remarquer sa présence. Gajeel l'identifia sans peine. C'était Mest Gryder, le fils ainé d'un vieux partenaire d'affaires de son père. Il était aisément reconnaissable aux cicatrices en croix qui lui barraient le visage ainsi qu'à son éternelle veste à fines rayures rouges et oranges.
Il se racla la gorge avant de prendre la parole :
« Je pense que la situation a assez duré. Ça fait des mois que ces chacals nous narguent en empiétant sur notre territoire. Et maintenant, ils nous attaquent directement et saccagent nos business ! Il n'y a pas de temps à perdre. Nous savons qui sont nos alliés et qui sont nos ennemis. A présent, le sang doit couler. Tout leur sang.
Nouveaux murmures dans l'assemblée, plus forts cette fois. De nombreux conseillers acquiescèrent aux paroles de Mest. D'autres au contraire ne semblaient pas très enclin à autant de précipitation.
L'un d'eux se leva pour prendre à son tour la parole. Gajeel ne l'avait pas encore aperçu et il fut content de le revoir. Arzak Connell, le négociant en armes attitré du clan Redfox. C'était grâce à lui que Gajeel et son père avaient réussi à dégoter une grande quantité d'armes du continent ouest qu'ils se chargeaient désormais de faire venir clandestinement à Fiore. Toujours vêtu d'un poncho noisette, il était connu pour sa diplomatie et son allégeance sans faille au clan.
« Loin de moi l'idée de contrarier les plans géniaux de ce bon vieux Mest, mais je ne pense pas qu'une riposte massive contre la totalité des gars d'Eucliffe soit une solution. Son clan est devenu puissant au fil des années et nos forces sont à peu près similaires. Personnellement, je suis partisan d'une autre approche.
- Tu proposes quoi Arzak ? demanda Gajeel.
L'homme au poncho prit quelques secondes pour clarifier sa pensée puis reprit la parole.
- Je connais bien la réputation d'Eucliffe. Ce type n'en a rien à foutre que ses gars vivent ou meurent, vous pouvez me croire. Il serait prêt à sacrifier sans une hésitation l'ensemble de ses hommes pour sauver sa peau. Tout ce qui importe à ses yeux, c'est son business et son fric. Le seul moyen de lui faire mal, c'est de s'en prendre aux deux.
Mest ricana avec un sourire mauvais.
- Pour faire mal, rien n'a jamais été plus efficace que deux balles dans le genou, Connell. Avec tes états d'âme de gonzesse, on se demande comment tu fais pour ne pas perdre toutes tes cargaisons.
- C'est amusant que tu parles de gonzesse, Gryder. Ça fait combien de temps qu'une vraie nana ne s'est pas invitée dans ton plumard ? répliqua Arzak du tac au tac.
- Espèce de sale…
- SILENCE ! hurla Gajeel. Fermez-là tous les deux !
Tout le monde se tut autour de la table. C'était le risque avec ce genre de rassemblement. Réunir dans la même pièce des personnalités aussi fortes, même si elles avaient en commun leur fidélité à la famille Redfox, donnait souvent l'impression de se retrouver dans une cour de récré.
Les yeux de Gajeel pivotèrent vers son bras droit.
« Laxus, ton avis ?
Le colosse blond réfléchit quelques instants sans esquisser le moindre geste, aussi silencieux que d'habitude.
- Je suis d'accord avec Arzak. J'ai rencontré cette enflure. Sting Eucliffe ne s'arrêtera pas si on envoie ses hommes à l'hôpital. Il comprendra qu'il a intérêt à arrêter ses conneries uniquement si on frappe là où ça fait mal, c'est à dire à son porte-feuille.
Mest lança un regard noir à Laxus mais le bras droit de Gajeel n'en eut que faire.
- Et toi Gray, t'en penses quoi ? demanda Gajeel.
- Je suis aussi de l'avis d'Arzak. Des hommes, Sting peut toujours en recruter de nouveaux. Alors que si on fout le bordel dans ses affaires, il aura beaucoup plus de mal à s'en remettre.
- Ça se tient… approuva Gajeel.
Les proches du fils du parrain l'avaient convaincu. De toute façon, ils ne pouvaient pas rester sans rien faire. Laisser Sting Eucliffe s'en prendre à leurs affaires, ne serait-ce qu'un jour de plus sans réagir serait un aveu de faiblesse flagrant.
« Et moi alors ? s'indigna Natsu. Personne me demande mon avis à moi ?
- Pas la peine, on le connait ton avis, répondit Gray en soupirant. Tu as sûrement envie de te farcir Sting et ses gars à toi tout seul…
- Bah ouais et alors ?
- Et alors, t'es hors-propos, comme quatre-vingt dix pour cent du temps…
- Répète un peu pour voir ! s'exclama Natsu, des flammes dans les yeux.
Un poing s'abattit sur la table. Celui de Laxus. Il fusillait Natsu et Gray du regard, comme un père réprimanderait ses gosses. Les deux concernés n'en menaient pas large et préférèrent garder le silence.
« Je crois avoir un tuyau pour toi Gajeel, s'exclama une voix féminine à l'autre bout de la table.
Natsu tendit le cou pour voir qui avait parlé. Il reconnut aussitôt Biska Moulin à son chapeau de cow-girl marron et à ses longs cheveux verts. Elle dirigeait la production de contrefaçons que les Redfox écoulaient partout dans le pays, principalement des articles de luxe et de sport. Alors que s'asseoir à la table était d'ordinaire quasiment impossible pour une femme dans le milieu mafieux, le caractère fort et le sens des affaires inégalé de Biska lui avaient permis de gagner sa place. Par ailleurs, la rumeur courait qu'Arzak et elle fricotaient ardemment depuis qu'ils s'étaient affrontés dans un concours de tir au dernier anniversaire du parrain.
- Parle Biska, l'intima Gajeel.
- J'ai entendu dire que le business d'Eucliffe dans les stupéfiants n'est assuré que par trois livraisons importantes dans l'année en provenance d'Arakitacia. Et l'une d'elle est sur le point de se dérouler dans l'un de ses entrepôts dans deux jours…
- Je vois où tu veux en venir, affirma Gajeel. C'est pile ce qu'il nous faut…
Gajeel se tourna vers le reste de son auditoire. Il la tenait, la leçon qu'il allait infliger à ce salaud.
« Chers amis, Sting Eucliffe va bientôt apprendre ce qu'il en coûte de s'en prendre aux Dragons d'acier. Je vous le garantis ».
Des exclamations enthousiastes s'élevèrent dans le manoir Redfox, tel le rugissement d'un dragon prêt à se délecter de sa proie.
Levy, Lucy et Juvia ne parvenaient pas à quitter des yeux la devanture du Dragon d'acier. Si lors de sa première visite, Levy avait été fascinée par la façade du night-club, elle était désormais méconnaissable. Les vandales avaient brisé la moitié des vitres de l'entrée. Presque tout le néon lumineux avait été saccagé et pendait désormais dans le vide. Ils n'y étaient vraiment pas allés de main morte.
« Venez, on entre, s'exclama Lucy avant d'empoigner la poignée de la porte d'entrée.
Les trois amies pénétrèrent à l'intérieur et se rendirent bien vite compte que ce dernier était à l'image de l'extérieur. Les vandales avaient mis en piteux état le bar et une grande partie du mobilier de la salle principale. Si on ajoutait à cela la panique générale qui s'était emparée des clients présents la veille, on obtenait un capharnaüm indescriptible qui allait nécessiter bien du temps pour être remis en ordre.
« Salut les filles ! s'exclama Kanna, une bouteille à la main. Beau bordel, n'est-ce pas ?
Levy poussa un petit soupir. Elle était heureuse de voir que la barmaid allait bien. De loin, elle aperçut également Kinana en train de nettoyer le sol et qui leur fit un petit signe de la main. Hélas, elles n'étaient pas les seules à être présentes…
- Qu'est-ce que vous faites là ?! beugla Evergreen qui venait de surgir dans leur dos.
Visiblement, l'épisode de la veille ne lui avait pas fait prendre un seul centimètre de recul sur son hostilité à leur égard.
- Boucle-là Ever, tonna Erza qui sortait de son bureau. La plupart d'entre nous ont encore les oreilles qui sifflent après ce qui s'est passé. Inutile de nous faire subir en plus ta voix de crécelle.
Courroucée, la femme au costume de fée s'éclipsa en grognant. Erza se rapprocha des trois arrivantes. Elle paraissait très étonnée de les trouver là.
« Hum… nous avons appris ce qui s'est passé la nuit dernière, commença Levy. Et nous sommes venues voir si tout le monde allait bien et si vous aviez besoin de notre aide.
La manager du Dragon d'acier leur fit un sourire chaleureux.
- C'est très gentil à vous trois de vous être déplacées. Et votre proposition me touche vraiment. Mais ne vous inquiétez pas, une entreprise de nettoyage doit passer dans la journée et je m'apprêtais à passer les commandes pour remplacer ce qui a été détruit. Nous pourrons reprendre le travail très bientôt. Ce n'est pas le premier rodéo du Dragon d'acier, vous savez.
- Vraiment ? demanda Lucy. Le night-club a déjà été attaqué dans le passé ?
Erza acquiesça à la question.
- En effet, même s'il n'avait jamais encore eu à subir une attaque de cette ampleur. Je vous avoue que tout ça ne me rassure pas beaucoup…
Juvia inspecta du regard l'intérieur du night-club.
« Mirajane n'est pas là ? demanda t-elle
- Non, elle a préféré rester chez elle pour la journée. Les évènements d'hier l'ont pas mal secouée, répondit Erza.
- Ça peut se comprendre, confirma Lucy.
Le téléphone de cette dernière choisit justement ce moment pour émettre un son, indiquant un nouveau message. Lucy le consulta et blêmit.
« Mince, Jason exige de me voir dans vingt minutes. Il faut vraiment que j'y aille.
- Vous devriez toutes y aller, renchérit Erza. Profitez-donc de votre dimanche et ne laissez pas cet incident vous affecter. Je vous appellerai à la seconde où le Dragon d'acier sera prêt à rouvrir ses portes.
- Merci beaucoup Erza, fit Levy.
- Merci à vous. C'est si rare de voir d'avoir des employées aussi motivées que vous trois.
Alors que Lucy et Juvia étaient déjà en train de sortir du night-club, Erza retint le bras de Levy.
« Levy, une dernière chose…
- Oui ? Qu'est-ce qu'il y a ?
- Un conseil : garde tes distances avec les mafieux. Aujourd'hui plus que jamais. Et rappelle-toi que nous ne sommes que des pions dans leurs jeux. Ils peuvent nous sacrifier quand bon leur semble. Et si tu as besoin d'une preuve, tu peux regarder autour de toi.
Erza balaya d'un geste la salle principale. Levy ne sut pas trop quoi répondre à la manager. Elle était même assez surprise qu'Erza tienne des propos aussi tranchés, elle qui était à la tête d'un établissement géré par la mafia.
- Je m'en souviendrai, affirma Levy avec sincérité.
- Très bien. Tu peux y aller dans ce cas.
Levy se hâta de rejoindre Lucy et Juvia à l'extérieur, encore perturbée par les dires de celle qu'elle croyait être, il y a peu, un soutien indéfectible du clan Redfox.
Jellal Fernandes n'avait jamais eu une vie facile. Orphelin dès sa naissance, il avait été balloté de famille d'accueil en famille d'accueil, sans jamais éprouver le moindre attachement pour les gens qu'il côtoyait. Tout du moins, jusqu'à sa rencontre avec Erza à l'école primaire.
Orpheline elle aussi, elle l'avait défendu face aux autres enfants qui se moquaient constamment de ses cheveux bleus et de sa marque autour de l'oeil. Si comme le disait l'adage, « l'homme est un loup pour l'homme », les enfants de cette fichue école étaient de véritables hyènes. Cela faisait des mois que Jellal subissait leurs moqueries incessantes et il avait perdu tout espoir de voir la situation s'améliorer. Mais sans crier gare, Erza était arrivée au beau milieu de l'année scolaire, et en quelques secondes, elle avait obtenu ce que Jellal avait mis des mois à tenter d'imposer. Du respect. Déjà à cette époque, le caractère de la fillette était bien trempé. Elle n'avait pas hésité à venir à la rescousse d'un garçon qu'elle connaissait à peine.
Dès cet instant, Jellal était tombé sous le charme de la fille aux cheveux écarlates. Il n'avait pas arrêté de la suivre, essayant de s'imprégner de sa force et de son courage. Il lui vouait une admiration sans limite, qui s'était changée en reconnaissance, puis en amour une fois arrivé à l'âge adulte.
Aujourd'hui, il était conscient d'entrainer une nouvelle fois Erza dans ses problèmes et il ne voulait plus de ça. Il devait s'en sortir par lui-même et leur offrir une vie paisible à tous les deux, loin de la mafia, loin des Redfox, loin de tout.
C'est ainsi qu'il se retrouvait sur ce terrain vague, devant une limousine noire, en dépit de la blessure qui le faisait encore souffrir. Quand il avait dit à Erza qu'il avait un plan, il s'était retenu de lui expliquer les détails car il savait qu'elle refuserait catégoriquement ce qu'il s'apprêtait à faire, de peur que cela aggrave la situation. Et honnêtement, il ne pouvait pas la blâmer pour ça.
Une portière de la limousine s'ouvrit et Cobra en sortit instantanément. Se plaçant devant Jellal, il se mit à le palper des épaules jusqu'aux pieds, vérifiant qu'il ne portait rien sur lui. Pas de micro pour les flics, pas d'arme pour les clans rivaux. Parfait.
« T'as cinq minutes, grommela le garçon aux yeux de serpent.
Jellal s'engouffrât dans la limousine. Les sièges étaient en cuir blanc et une forte odeur de boiserie cirée lui parvint aux narines.
Il savait que rentrer là-dedans équivaudrait ni plus ni moins à passer un pacte avec le diable mais il ne voyait pas d'autre moyen pour obtenir ce qu'il voulait.
« Salut Jellal, fit Sting avec son sourire de prédateur. Que me vaut l'honneur de ta visite ? ».
Jellal constata que le mafieux n'était pas tout seul. Serrée contre lui, se trouvait une fille aux cheveux argentés, coupés très courts. Elle était vêtue d'une robe blanche assez courte avec des motifs bleus, ainsi que d'un manteau aux mêmes couleurs, dont le haut était couvert de plumes blanches, accrochées par une étoile bleue elle aussi. Elle jetait un véritable regard de vénération au mafieux et Jellal en fut troublé.
- Je viens te demander ton aide, répondit prudemment Jellal.
- Mon aide ? répéta le mafieux en riant. Qu'est-ce qui te fait croire que je pourrais avoir la moindre envie de t'aider ? Je connais ta situation mon cher et elle n'est clairement pas brillante. Tu t'es mis les Redfox à dos à ce qu'on dit.
Jellal ne pouvait guère contester les dires de Sting. La vendetta que les Redfox menaient contre lui était notoire dans Magnolia.
- Mais fort heureusement, tu as de la chance dans ton malheur, reprit le blond. Il se trouve que je hais les Redfox encore plus que les Redfox te détestent. Tu ne le sais peut-être pas mais leur clan et le mien sont ennemis depuis fort longtemps. Depuis une querelle entre mon père et ce vieux bouc de Métallicana Redfox, plus exactement.
- Quelle genre de querelle, mon ange ? murmura la fille qui était accrochée au mafieux, en se blottissant encore plus contre lui.
Ce dernier se tourna vers elle et lui adressa un regard noir. Et sans crier gare, il attrapa son visage, pressant ses joues avec sa main.
- Il me semblait t'avoir déjà dit de ne jamais m'interrompre, Yukino, susurra t-il. Tu es là pour me satisfaire, pas pour me poser des questions stupides. Tu n'as même pas été foutue de gagner la confiance de cette petite trainée de Fairy Tail. Peut-être préfères-tu que je te renvoie à Mademoiselle ?
Une expression de pure terreur s'imprima sur le visage de Yukino.
- Non, NON ! Je m'excuse, je suis désolée, je ferai tout ce que vous voudrez ! Mais ne me renvoyez pas là-bas, par pitié !
Sting relâcha violemment le visage de la jeune femme qui baissa la tête, larmoyante.
- Ça suffit maintenant. Regarde-toi. Tu es pitoyable…
Jellal n'arrivait pas à croire ce qu'il venait de voir. Il avait longtemps entendu parler de la cruauté de Sting Eucliffe et il réalisait à présent que les bruits qui circulaient sur son compte n'avaient rien d'exagéré.
- Bref, poursuivit le mafieux comme si de rien n'était. Le dicton est clair, Fernandes. Les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Et je suis toujours prêt à collaborer avec un ennemi des Redfox, même si ils se comptent sur les doigts d'une main. Tu es un vrai oiseau rare en somme.
- Je ne veux que de l'argent et un moyen de quitter le pays discrètement, précisa rapidement Jellal. Rien de plus, je te rassure.
- Hmm… je vois. Pas très original, mais je m'en contenterai. Je peux te fournir ça. A condition que tu m'obéisses un certain temps, bien entendu…
Jellal n'était guère surpris. Il savait très bien qu'une faveur de Sting Eucliffe n'allait pas être gratuite.
- Je n'ai aucune envie de redevenir le larbin d'un mafieux, annonça Jellal, amer.
- C'est à prendre ou à laisser, Fernandes. Ton obstination est le seul obstacle entre toi et ce que tu désires.
Jellal était confronté à un vrai dilemme. Il ne tiendrait plus très longtemps avec les Redfox à ses trousses, il le savait. Mais il redoutait ce que l'autre exigerait en échange. Surtout après la scène dont il venait d'être témoin.
- Très bien, capitula Jellal. Marché conclu.
Sting s'humidifia les lèvres d'un coup de langue. Il tenait entre ses mains le paria du clan Redfox. Et il comptait bien l'utiliser pour parvenir à ses fins. Oh ça oui…
Lucy venait de franchir les portes de la rédaction du « Sorcerer », en plein centre de Magnolia. Comme d'habitude, l'agitation qui y régnait était sans pareille. Certains employés couraient dans tous les sens, chargés de papiers. D'autres tapaient frénétiquement sur leurs claviers pour finir de rédiger un article. D'autres encore passaient des coups de téléphone à la chaine. Même si elle n'était pour l'heure qu'une stagiaire débutante, Lucy appréciait déjà cette ambiance. Le journalisme était pour elle une passion et une carrière prometteuse lui tendait les bras, elle en était certaine.
Elle se dirigea vers le bureau de Jason, toqua à la porte puis entra. Le rédacteur en chef du Sorcerer était assis à son bureau toujours dans le même état d'excitation que d'habitude. Il se leva d'un bond à la vue de la stagiaire.
« Ah Lucy ! J'ai failli attendre, dis-moi !
- Excuse-moi pour le retard Jason, mais vu qu'on est dimanche, je ne pensais pas que tu m'appellerais.
- Ma chère, tu sauras qu'ici, y a pas de repos pour les braves ! Un scoop peut tomber à tout moment et notre boulot, c'est de le choper au vol pour informer nos lecteurs.
- Tu as raison, désolé, s'excusa Lucy.
- C'est pas grave. Tu es là, c'est le principal. Si je t'ai fait venir, c'est parce que j'ai un gros service à te demander.
- Lequel ? s'inquiéta Lucy.
Elle savait que la personnalité exubérante de Jason le poussait souvent à demander à ses employés de rédiger des articles pour le moins… originaux, mais qui trouvaient un certain succès auprès des lecteurs, il fallait bien l'avouer.
- Comme tu le sais, le night-club du clan Redfox a été attaqué la nuit dernière. Tout le monde ne parle que de ça dans la rédaction, mais aussi chez la concurrence ! J'ai besoin d'infos solides sur les Redfox et sur les attaques qu'ils essuient depuis quelques semaines. Ça fera un sujet fantastique ! Les reportages sur la mafia, c'est coooool !
Lucy grimaça face au nombre de décibels émanant du rédacteur en chef. Il avait l'air d'un gamin qui vient de découvrir ses cadeaux sous le sapin un vingt-cinq décembre.
- Tu bosses au Dragon d'acier n'est-ce pas ? reprit Jason. Tu es donc la mieux placée pour me rapporter des infos croustillantes !
- Attends Jason.. hésita Lucy. Oui je bosse là-bas mais… je ne crois pas que les mafieux qui y traînent soient du genre à s'épancher devant un dictaphone.
- Dis-donc ma grande ! s'exclama Jason. C'est bien toi qui veut devenir journaliste d'investigation, non ?
- Euh oui bien sûr mais…
- Alors c'est entendu. Ramène moi de quoi faire un article sur les Redfox et je te promets une belle place chez nous, une fois ton diplôme obtenu.
Lucy cherchait désespérément des arguments pour convaincre Jason de changer d'avis. Elle n'était vraiment pas à l'aise avec le rôle d'espionne qu'il venait de lui attribuer. Avoir les oreilles qui traînent n'était vraiment pas conseillé dans le milieu mafieux. Le rédacteur en chef acheva de contrarier Lucy en rajoutant :
- À moins que tu préfères que je te colles à la rédaction des programmes télé ou de l'horoscope pendant les trois prochains mois…
Lucy esquissa une grimace. Il avait réussi à la coincer et il le savait. Même si il paraissait simple d'esprit au premier abord, Jason avait toujours une combine pour obtenir ce qu'il voulait. Sur ce point, il aurait facilement pu entrer dans la mafia et pondre lui-même son foutu article.
- Très bien… je vais le faire… concéda la stagiaire.
- Excellent, j'attends de tes nouvelles avec impatience, conclut le rédacteur en chef avant de se remettre à écrire sur son bloc-notes.
Lucy tourna le dos et sortit du bureau, totalement abattue. Jason venait de la mettre dans une position impossible. Comment allait-elle faire pour lui donner satisfaction ? Le Dragon d'acier n'allait certainement pas rouvrir avant un bon moment compte tenu des dégâts qu'il avait subi.
Puis Lucy repensa à quelque chose. Ou plus exactement, à quelqu'un. Natsu Dragneel, le mafieux aux cheveux roses. Celui qui l'avait aguiché à deux reprises quand ils s'étaient croisés. Peut être que cet énergumène serait la solution à tous ses problèmes…
Les cheveux encore ruisselants, Mirajane se hâta de s'envelopper dans son peignoir. Cette douche lui avait fait un bien fou, estompant quelques-uns des stigmates de la nuit dernière. La scène de l'attaque ne cessait de repasser dans sa tête.
Une fois dehors, Elfman et elle s'étaient rapidement éloignés du night-club, conscients qu'ils ne pourraient rien changer aux ravages qui allaient suivre. Les casseurs étaient bien trop nombreux. Une fois à l'abri, Mirajane s'était occupée de soigner les blessures de son frère qui avait été salement amoché par les premiers assaillants. Puis elle était rentrée chez elle, essayant de trouver un sommeil dont elle savait qu'il ne viendrait pas.
Mirajane passa une main sur son cou, là où quelques heures plus tôt, quelqu'un avait menacé de lui trancher la gorge.
Des coups secs retentirent sur la porte d'entrée. Séchant rapidement ses cheveux à l'aide d'une serviette, elle se rapprocha à pas de loup et regarda dans le judas. Elle soupira de soulagement en constatant qui était derrière la porte et se hâta de l'ouvrir.
« Bonjour Mira, fit Laxus. Je peux entrer ?
Sans un mot, la jeune femme se décala pour laisser passer le géant au long manteau noir.
- Je suis venu voir comment tu allais, expliqua Laxus en s'avançant dans le salon.
Il n'était encore jamais venu dans le nouvel appartement de Mirajane. La décoration était à son image, soignée et chaleureuse, mélangeant harmonieusement l'ancien et le moderne. Un synthétiseur était placé dans un coin du salon à côté d'une guitare. Apparement, la passion de Mirajane pour la chanson ne l'avait pas quittée.
Alors que la barmaid s'assit sur le canapé, Laxus s'installa sur un fauteuil à sa droite. La jeune femme sortait visiblement de la douche, n'avait pas de maquillage, pas de tenue sophistiquée et pourtant il la trouvait toujours aussi belle.
- Tu as été blessée quelque part ? demanda Laxus
Elle secoua doucement la tête.
- J'ai seulement inhalé pas mal de gaz lacrymogène. Mais ça va, je vais bien.
Laxus fronça les sourcils. Les yeux de la barmaid étaient dépourvus d'expression et son regard était fuyant, perdu dans le vide. Le mafieux sentait que quelque chose clochait.
- Tu en es certaine ? insista t-il.
Mirajane hésitait. Cela faisait maintenant quelques temps qu'elle s'appliquait à maintenir une distance avec Laxus, en raison de leur passé commun dans lequel elle ne voulait pas replonger. Mais plus elle le voyait, plus elle sentait que la barrière qu'elle avait érigée s'affaissait peu à peu. Pendant très longtemps, il avait été le seul à la comprendre, le seul à qui elle pouvait se confier sans crainte.
La barmaid baissa la tête, sentant ses yeux s'humidifier dans le creux de ses paupières.
- On m'a menacé Laxus… avoua Mirajane. Un de ces types m'a mis un couteau sous la gorge…
Elle rapporta à Laxus les paroles qu'avait prononcé le type au couteau. Le mafieux s'avança sur le bord du fauteuil, se rapprochant de la barmaid.
- Ça va aller Mira. Tu ne crains plus rien. Ils ne reviendront pas, je te le promets.
- Tu ne comprends pas… Ce que ce type m'a fait… je l'ai fait à tellement de personnes. De pauvres gens qui n'avaient rien demandé. Dont la seule faute était d'avoir quelques économies faciles à dérober. Si tu n'avais pas été là…si tu ne m'avais pas sorti de cet enfer… peut être que je serais toujours ce monstre avide et cruel que je vois tous les jours dans le miroir. Je me dégoûte Laxus. Je n'arriverai jamais à effacer tout ce que j'ai commis et ce passé me tue à petit feu… Chaque jour un peu plus… J'en arrive à penser… que ce type aurait mieux fait de passer à l'acte hier soir…
Elle n'avait pas pu s'en empêcher. Les mots avaient quitté sa bouche, comme une immense vague de tristesse impossible à arrêter. Une larme s'échappa pour rouler sur la joue de la jeune femme aux cheveux blancs.
« Mira… regarde-moi… regarde-moi…
Doucement, la jeune femme releva la tête pour croiser les yeux du mafieux.
- Tu es une jeune femme forte et intelligente. Tu n'es pas quelqu'un qui mérite de mourir. Oui, tu as commis des erreurs mais nous en commettons tous. Moi le premier. Chaque jour, tu essayes de te racheter et rappelle-toi que tu n'es pas seule dans ce combat. Tu as ton frère, tu as ta soeur et… tu m'as moi. Tout finira par s'arranger, tu verras.
Mirajane renifla, essuyant la larme qui avait coulé sur le coin de sa bouche.
- Pourquoi fais-tu tout ça Laxus ? Pourquoi cherches-tu désespérément à m'aider ?
- Parce que je te vois telle que tu es réellement. Et que tu comptes beaucoup pour moi.
Laxus se surprenait lui-même. Ce n'était pas son genre d'être aussi mielleux. Mais avec Mirajane, il avait l'impression d'être un autre homme, plus compréhensif et plus sincère qu'avec tous les autres.
- Merci… murmura Mirajane. Merci d'être là pour moi.
Laxus ne répondit pas, se contentant d'adresser un léger sourire à la jeune femme. Un long moment s'écoula au cours duquel chacun garda le silence.
Le mafieux repensait à ce que ce type avait dit à Mirajane.
« Tu diras aux Redfox que la trêve a été rejetée. Et que l'ère des Dragons d'acier touchera bientôt à sa fin »
Il n'y avait plus de doute possible. C'était bien Sting Eucliffe qui était derrière cette attaque. Et Laxus se jura que si il le recroissait, il ne répondrait plus de rien.
Doucement, le mafieux mit ses mains sur ses genoux avant de se lever.
« Je crois que je vais y aller… tu as sûrement envie d'un peu de tranquillité, dit-il en se dirigeant vers la porte d'entrée.
- Laxus, attends ! s'écria Mirajane en se levant à son tour.
Toujours vêtue de son peignoir, elle croisa les bras contre la poitrine, indécise.
- Est ce que… tu peux rester avec moi ? Juste ce soir… S'il te plait…
Laxus regarda Mirajane. Elle paraissait si délicate, si fragile à cet instant. Comme un verre en cristal, prêt à se briser au moindre choc.
Le mafieux se rapprocha à nouveau et se débarrassa de son manteau noir qu'il posa sur le fauteuil. Il s'assît sur le canapé, répondant implicitement à la demande de la jeune femme.
Mirajane s'installa à ses côtés et, sans dire un mot, posa sa tête contre le torse de Laxus. Surpris par ce rapprochement, le mafieux mit un moment avant de passer à son tour son bras autour des épaules de la barmaid.
Petit à petit, Mirajane se sentait mieux. La chaleur du mafieux la réchauffait, elle qui se sentait frigorifiée de l'intérieur.
C'est ainsi que les deux anciens amants restèrent là, chacun profitant de la présence de l'autre. Si leur passé ne cessait pour l'heure de les tourmenter, peut être que leur avenir n'était pas complètement compromis en fin de compte.
Le belvédère de Magnolia proposait l'un des meilleurs points de vue de toute la ville. Son emplacement offrait un panorama exceptionnel sur le lac Sciliora et sur l'entrée de la forêt de l'Est. Une paire de jumelles pivotantes placées sur pied avait même été installée pour permettre aux touristes dépensiers de profiter pleinement du spectacle.
Levy était accoudée à la balustrade, observant depuis un moment le ballet des bateaux sur les eaux scintillantes. Ce paysage l'apaisait considérablement, elle pour qui les derniers jours n'avaient pas été de tout repos.
A la sortie du Dragon d'acier, les trois amies s'étaient séparées, Lucy se rendant dans les locaux du « Sorcerer » et Juvia rentrant chez elle pour se dépêcher de lire le livre qu'elle avait emprunté à la bibliothèque. Amusée, Levy avait deviné que son empressement à la lecture n'était pas motivé par le goût de la littérature mais plus par un certain mafieux aux cheveux noirs.
L'étudiante en lettres avait décidé de passer le reste de sa journée à visiter le centre-ville de Magnolia. Cependant en dépit des richesses touristiques de la métropole, son esprit ne cessait de revenir aux évènements de ces derniers jours.
Retournant à sa contemplation, elle n'entendit pas les bruits de pas sur les pavés du belvédère.
« Je me doutais bien que c'était toi, fit une voix dans son dos.
Levy se retourna pour apercevoir Gajeel qui venait vers elle. Il était habillé avec un débardeur vert foncé, laissant apparaitre les muscles de ses bras, et un pantalon beige. Un bandeau rouge strié de blanc lui barrait le front, retenant sa longue chevelure.
« Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Levy
- Bah… l'endroit est à tout le monde, il me semble.
- Excuse-moi, je voulais dire, qu'est ce qui t'amène ici ?
Le mafieux rejoignit Levy, s'appuyant lui aussi sur la balustrade. Il décida de jouer franc jeu, même si la raison de sa venue faisait un peu trop fleur bleue dans sa tête.
- C'est ici que je viens pour réfléchir. Au manoir, j'ai toujours Natsu qui gesticule dans mon champ de vision, c'est épuisant.
Levy étouffa un petit rire, repensant à la fougue du mafieux aux cheveux roses. Puis elle reporta son attention vers le lointain.
- En tout cas, la vue est vraiment magnifique… reprit Levy.
Le mafieux hocha la tête. Plusieurs minutes s'écoulèrent, durant lesquelles le duo resta silencieux, contemplant simplement ce qui se trouvait devant eux.
« Ma mère adorait cet endroit, confia Gajeel. C'est elle qui m'y a emmené en premier quand j'étais gosse. Elle aimait voir le soleil se coucher derrière les montagnes, comme aujourd'hui.
Levy haussa un sourcil, surprise que Gajeel se mette à évoquer quelque chose d'aussi personnel avec elle.
- Et où est-elle aujourd'hui ? demanda Levy.
- Elle est morte, il y a pas mal d'années.
- Je suis désolée Gajeel…
Le mafieux haussa les épaules. Levy crut qu'il n'allait rien ajouter de plus, mais il poursuivit malgré tout :
- J'étais encore un gamin à l'époque. Mon père ne m'a pas laissé aller à son enterrement. Il disait que les cimetières sont des lieux de larmes et que les larmes sont une marque de faiblesse.
- C'est terrible… Et je ne suis pas vraiment d'accord avec lui. Les larmes peuvent aussi être libératrices. Elles permettent de faire son deuil et d'avancer. Et on se sent souvent mieux une fois qu'on les a versées.
- Ptêtre ouais… fit Gajeel, peu convaincu.
- C'est certain. La tristesse fait partie des sentiments qui font de nous des humains, après tout.
Un long silence s'étendit encore entre Levy et Gajeel. L'étudiante commençait à mieux cerner la personnalité du mafieux aux piercings. Son caractère froid et austère lui avait certainement été inculqué par son père, qui considérait les émotions comme une simple liste de suggestions. Mais elle savait désormais qu'il ne se résumait pas qu'à ça. Le mafieux avait en lui beaucoup plus de sensibilité qu'il n'oserait jamais l'avouer.
Gajeel se racla la gorge avant de s'adosser contre le garde-fou pour faire face à Levy.
« Assez parlé de moi. Pourquoi toi t'as échoué ici ?
- Je crois que je tente d'oublier que mon lieu de travail a été saccagé de fond en comble par ma faute, répondit Levy avec lassitude.
Le mafieux fronça les sourcils, comprenant où elle voulait en venir.
- Ce n'était pas de ta faute. Ça fait longtemps que nos relations sont tendues avec Eucliffe, ça devait bien finir par péter un jour ou l'autre.
- Le fait que je le frappe n'a certainement pas arrangé les choses, insista Levy.
- Peut-être, mais rien que pour la beauté du spectacle, je crois que ça en valait le coup. Punaise, je regrette de pas avoir vu ça ! s'exclama le mafieux en souriant.
Levy était loin d'être aussi enthousiaste que lui. Son geste avait attiré l'attention de Sting sur elle et conduit à enflammer ses relations avec le clan Redfox.
Pour une fille aussi intelligente qu'elle, c'était loin d'être brillant. Une question la tourmentait et elle hésitait à la poser à Gajeel, ne voulant pas paraitre trop curieuse. Elle se lança malgré tout.
- D'ailleurs, qu'est ce que vous comptez faire maintenant contre lui ?
Prenant un air sérieux, Gajeel répondit d'une voix sans émotions :
- On va aller le choper, le ligoter et le découper en rondelles avant de le jeter au fond du lac cette nuit…
Le visage de Levy blanchit d'un coup. Puis Gajeel éclata de rire :
- Je déconnais, voyons ! J'appartiens peut être à la mafia mais je n'utilise pas encore les os de mes ennemis comme cure-dents. Pour qui tu me prends, sérieusement ?
- Pour quelqu'un qui a un humour très spécial apparemment, répondit Levy. Tu m'as fait peur !
- Mais non, on sait tout les deux que tu n'as peur de rien…
Levy leva les yeux à la dernière remarque du mafieux et remarqua que ce dernier la fixait. En fait non, il la dévorait des yeux. Et c'était très perturbant. Les joues rouges, l'étudiante tâcha de faire diversion, non sans peine :
« Et donc… oui… hum… je n'ai plus de petit boulot pour l'instant. Mais Erza a dit qu'elle nous préviendrait quand le night-club rouvrirait… donc tout va bien….
Le mafieux se souvenait avoir entendu Laxus parler avec Erza au téléphone, à la sortie de la réunion. Les réparations du Dragon d'acier allaient coûter plusieurs centaines de milliers de joyaux. Une vraie petite fortune. Puis, une idée vint à l'esprit du mafieux.
- En attendant, si ça t'intéresse, notre archiviste a souvent besoin d'aide pour classer les bouquins et faire des recherches dans la bibliothèque du manoir.
- Vous avez une bibliothèque ? s'enthousiasma Levy
- Ouais… On peut pas dire que j'y mets souvent les pieds mais pour une mordue comme toi, elle devrait faire ton bonheur. Enfin, si tu es partante bien sûr…
Levy hésitait. Les paroles d'Erza lui revenaient en mémoire. La femme aux cheveux écarlates lui avait vivement conseillé de se tenir à distance des Redfox et au fond d'elle, Levy savait que c'était la meilleure chose à faire.
Mais d'un autre côté, quelque chose l'attirait irrésistiblement vers Gajeel. Un lien qu'elle ne parvenait pas à décrire avec des mots mais auquel elle sentait qu'elle ne pouvait pas échapper. Et même si elle le voulait, elle ne savait pas si elle en serait capable. Car le mafieux ne la laissait clairement pas indifférente…
- Tu seras payée au même salaire qu'au Dragon d'acier, insista Gajeel. Voire même plus, si tu fais du bon boulot.
Gajeel savait pertinemment que Levy n'était pas intéressée par l'argent mais il espérait que son argument fasse pencher la balance. Car secrètement, il brûlait d'envie qu'elle accepte.
- Je vais y réfléchir, c'est promis, répondit finalement Levy.
- Parfait, tu auras tout le temps du trajet pour le faire.
- Le trajet ? Quel trajet ? s'exclama Levy.
- Jusqu'à chez toi bien sûr. J'te ramène. A moins que t'aies envie de passer la nuit ici, bien sûr.
Le coeur de Levy accéléra. Il allait vraiment la ramener chez elle ? Comme dans ces films romantiques idiots dont sa mère raffolait ?
- Je peux très bien rentrer chez moi toute seule, s'écria Levy. Tu n'as pas besoin de te déranger.
- Ça me dérange pas. Allez, ramène-toi, ma caisse est juste là.
Sentant qu'il n'allait pas la lâcher, Levy suivit Gajeel jusqu'au parking situé en contrebas. Ce dernier avait laissé sa journée à Nab avant d'emprunter le 4x4. Avoir un chauffeur était agréable mais ça ne remplaçait jamais le plaisir de la conduite.
Gajeel passa devant Levy et lui ouvrit la portière. L'étudiante ne put s'empêcher de prendre un petit ton moqueur.
« Un vrai gentleman décidément. Qui l'eut-cru…
- Fais pas la maligne, si tu veux pas finir dans le coffre, avertit Gajeel.
- Tu n'oserais pas… fit Levy en le regardant droit dans les yeux.
Le mafieux plongea à son tour ses prunelles rouges dans les siennes. Levy avala difficilement sa salive alors que Gajeel lui chuchota à l'oreille
- Oh que si… Et crois-moi, c'est pas le truc le plus audacieux que je me retiens de faire en ce moment…
Levy sentit ses joues s'échauffer de plus belle à la remarque de Gajeel et elle grimpa vite dans le véhicule.
Fier de l'effet qu'il venait de produire chez elle, Gajeel monta à son tour dans la voiture. Il adorait de plus en plus ses échanges avec Levy. Cette fille était tellement différente des greluches qui se pavanaient à ses pieds, uniquement pour obtenir ses faveurs et son argent. Son petit côté embarrassé la rendait terriblement attirante. Il la voulait pour lui tout seul. C'était égoïste mais il s'en foutait.
Le trajet fut relativement silencieux, Levy se contentant de regarder à travers la vitre tout en réfléchissant à la proposition qui lui avait été faite. Puis elle remarqua que Gajeel n'avait pas toujours touché à l'auto-radio du 4x4. Elle se pencha donc pour l'allumer. Et ce qu'elle entendit la surprit encore davantage.
De la musique classique. Gajeel écoutait de la musique classique dans sa voiture.
« Au moindre commentaire, je te laisse sur le bas-côté, prévint le mafieux.
- Je ne dirai rien ! répondit Levy en levant les bras. Mon père aussi en écoute et c'est quelqu'un de très bien, tu sais.
Gajeel lui adressa un regard qui se voulait furieux mais qui ne l'était en fait pas du tout.
- D'ailleurs, ils sont comment tes vieux ? demanda Gajeel, curieux. Des intellos, je parie.
Même si Gray lui avait fait un topo sur la famille de Levy, il était curieux de connaitre plus en détail l'entourage de la jeune femme.
- Non pas vraiment, répondit Levy. Mes parents n'ont pas fait beaucoup d'études et ils se sont rencontrés très jeunes avant de monter l'exploitation. De ce que je sais, ils n'ont jamais beaucoup voyagé. Ils sont plutôt du genre sédentaires et sans histoires.
- Je vois, fit Gajeel en empruntant la dernière rue avant leur destination.
Le 4x4 arriva bien vite devant l'immeuble de Levy. Gajeel se gara et tira le frein à main d'un coup sec.
« Bien, j'ai besoin d'une réponse. Pour le boulot que je t'ai proposé. C'est oui ou c'est non ?
Levy se mordit la lèvre. Elle hésitait toujours. La perspective d'être encore plus au coeur de la mafia, et par conséquent de tous leurs problèmes potentiels, la rebutait un peu. Néanmoins, elle devait être pragmatique. Sans son travail au Dragon d'acier, elle n'arriverait jamais à rentrer dans ses frais. Et puis… ce travail allait lui permettre de voir plus souvent Gajeel. Chose qu'elle commençait à beaucoup apprécier.
La présence du mafieux près d'elle la rassurait. Pendant tout le temps qu'elle avait passé avec lui, elle n'avait pas pensé une seule fois à tous les problèmes qui l'assaillaient quelques instants avant. Il n'y avait eu qu'eux deux, passant un bon moment. Et cette pensée lui permit de trouver sa réponse.
« Oui. C'est un oui ».
- Gihi, c'est parfait, fit Gajeel en souriant à pleines dents. Viens demain au manoir, Fried te fera visiter.
- Entendu. Bonsoir Gajeel.
- Salut.
Levy sortit du 4x4 et après avoir jeté un dernier coup d'oeil au mafieux, se dépêcha de rejoindre l'entrée.
Ni elle, ni Gajeel n'avaient remarqué qu'à seulement quelques voitures stationnées derrière eux, confortablement installé dans la sienne, un homme aux cheveux noirs les épiait avec des jumelles. Après avoir posé ces dernières sur l'accoudoir central, il s'empara de son téléphone et composa un numéro. Au bout de la troisième sonnerie, on décrocha.
« Madame, j'ai poursuivi ma surveillance. Et je crois avoir trouvé quelque chose qui pourrait vous intéresser… ».
Et c'est la fin de ce sixième chapitre ! J'espère qu'il vous aura plu malgré sa longueur. Plus ça va et plus je fais de longs chapitres, c'est assez fou. Encore une fois, n'hésitez pas à me faire part de vos impressions, commentaires ou remarques en tout genre, ça me pousse vraiment à essayer de m'améliorer. Sur ce, portez-vous bien ! La bise !
