Salut à tous ! Vous ne pouvez pas imaginer à quel point cela me fait plaisir de retrouver cette plate-forme après ces semaines d'absence. Comme indiqué auparavant sur mon profil, j'étais en pleine période de révisions et le moins qu'on puisse dire est que je n'ai pas eu une seconde. Désormais j'ai un peu plus de temps libre et j'ai ainsi pu reprendre l'écriture. Un grand merci à ceux qui m'ont envoyé un message, inquiets par l'absence de publication. Je tiens à rappeler que même si du temps s'écoule entre chaque chapitre, je n'abandonne en aucun cas cette fanfiction que je terminerai quoi qu'il arrive. À bon entendeur, je vous laisse avec ce septième chapitre, encore une fois un peu long, mais qui j'espère, vous plaira.
Bonne lecture à tous !
Chapitre 7
La première chose que Laxus sentit en se réveillant fut l'odeur du café. Une odeur forte qui titillait ses narines. Encore à moitié endormi, il s'assit sur le canapé où il avait passé la nuit. Puis il se rappela où il était. L'appartement de Mirajane.
Les deux anciens amants avaient passé la soirée sur le sofa, fixant la télévision sans vraiment la regarder, se contentant de rester collés l'un à l'autre, en silence, comme si cette seule proximité suffisait à les faire se sentir mieux. Puis la jeune femme s'était endormie, lovée contre le mafieux qui l'avait porté dans ses bras jusqu'à son lit avant d'opter pour le canapé du salon.
Laxus parcourut la pièce du regard et aperçut la barmaid aux cheveux blancs, affairée derrière l'ilot de la cuisine. Visiblement elle préparait le petit-déjeuner. Le mafieux se leva péniblement, les muscles encore engourdis par le sommeil. Même si un canapé n'était pas l'endroit qu'il préférait pour piquer un somme, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas aussi bien dormi.
Mirajane vit Laxus se rapprocher doucement. La barmaid sentit la gêne rosir ses joues. Il avait enlevé sa chemise violette et était torse nu. Et apparemment, cela ne le dérangeait pas du tout. Elle n'avait pourtant aucune raison d'être perturbée. Après tout, elle avait déjà vu Laxus dans le plus simple apparat à de nombreuses reprises. Sauf que voilà, cela remontait à de nombreuses années et à l'époque, il était loin d'être aussi… musculeux. Aujourd'hui ses épaules étaient massives, ses bras avaient doublé de volume et ses abdominaux étaient parfaitement dessinés. Une vraie allégorie de la tentation.
« Bien dormi ? demanda Laxus en s'installant sur un des tabourets de la cuisine.
Mirajane replaça une mèche de cheveux derrière son oreille avant de se saisir de la cafetière et de verser le liquide dans deux tasses.
- Très bien oui. J'espère que toi aussi. Café ?
Laxus hocha doucement la tête tandis que Mirajane lui tendit la tasse fumante. Elle ne lui proposa même pas de sucre, sachant très bien qu'il n'en mettait jamais.
- Je suis passée à la boulangerie et je t'ai pris des croissants aux amandes, indiqua la jeune femme en rapprochant un sachet en papier kraft. Je sais que tu adores ça.
Laxus prit le sachet, touché par cette petite attention. Il mordit dans un des viennoiseries, ce qui arracha un sourire à la barmaid. Tout n'avait pas été si sombre dans la vie qui les unissait autrefois. Il y avait aussi eu des moments de bonheur auxquels elle n'aurait jamais pu espérer prétendre. Et cette parenthèse matinale le lui rappelait avec nostalgie.
La jeune femme but doucement son café tout en regardant son invité aux cheveux blonds hérissés.
« Qu'est ce que tu vas faire maintenant que le Dragon d'acier est hors-service ? demanda Laxus.
Mirajane reposa délicatement sa tasse sur la soucoupe assortie.
- Erza n'a pas vraiment besoin de moi pour organiser les réparations. Je pensais aller à Crocus quelques jours pour voir Lisanna. Le cabinet de photographie qui l'a embauché recherche sans arrêt de nouveaux modèles, ça pourrait me permettre de voir venir, le temps que le night-club soit remis sur pied.
- Hmm… je vois.
- Je pensais que tu prendrais plus mal que ça le fait que j'aille à Crocus, reprit Mirajane. Après tout c'est là-bas que… tout a commencé.
Laxus reprit une gorgée de café. Il se souvenait de cette époque. En ce temps-là, le mafieux à la cicatrice avait été appelé à Crocus pour chercher de nouveaux partenaires commerciaux pour le clan. C'était même les premières négociations qu'il menait sans Gajeel ou son père.
Dès son arrivée en ville, il avait entendu parler d'une vague de violents braquages perpétrés par ce que les habitants surnommait « La Démone », une femme impitoyable qui terrorisait les gens en s'introduisant en pleine nuit dans le domicile des victimes, leur volant leurs économies après les avoir ligotés et bâillonnés.
Un des associés du clan avait été la victime de cette femme, ce qui avait conduit Laxus à enquêter sur elle. La notoriété de cette criminelle était devenue si importante qu'un groupe d'habitants peu recommandables s'était également mis à la traquer. Et malheureusement, ils la trouvèrent avant Laxus.
Lorsqu'il retrouva sa trace, ses ordures étaient en train de la violenter de la pire des façons et s'apprêtaient même à abuser d'elle. Accompagné de ses hommes, Laxus s'était alors interposé et l'avait conduite dans une des planques du clan, le temps de guérir ses blessures, aussi bien physiques que psychologiques. C'est dans cet abri reculé qu'il apprit le nom de celle qu'il venait de sauver, envers et contre tout. Mirajane Strauss. Une jeune femme aux cheveux d'un blanc immaculé et à la beauté saisissante. La voleuse avait de nombreuses fois essayé de s'échapper de la planque.
« Essaye une nouvelle fois de t'enfuir et je jure que je te ligote à ce lit de la tête aux pieds, gronda Laxus face à une énième tentative d'évasion.
- Je fais ce que je veux, blondinet, cracha Mirajane. Laisse moi partir, j'te jure que je ne recommencerai pas.
- Tu es peut être très douée pour mentir aux autres et à toi-même mais à moi, tu ne me la feras pas. Ce n'est pas l'appât du gain qui te pousse à agir comme ça, on le sait tous les deux. Et tu ne sortiras pas d'ici tant que tu m'auras pas dit de quoi il s'agit.
- Va te faire foutre !
Laxus haussa un sourcil face à l'animosité de la jeune femme. Puis il tourna les talons, la laissant l'insulter dans son dos de tous les noms d'oiseaux possibles et imaginables.
Le chemin avait été rude avant que Laxus ne parvienne à gagner la confiance de Mirajane. Mais finalement, cette dernière avait fini par lui avouer que si elle volait ainsi, c'était pour aider sa petite soeur atteinte de la fièvre d'Edolas, une maladie génétique assez rare au traitement extrêmement coûteux. Orphelins, la fratrie Strauss n'avait jamais pu compter que sur l'argent ramené par Mirajane pour survivre.
Sentant que la jeune femme venait de lui dire la vérité, Laxus l'avait aidé à quitter Crocus pour Magnolia. Le mafieux avait pris en charge l'intégralité des frais de santé de la soeur de Mirajane. Le duo devint rapidement amis, puis amants. Leur relation avait été gouvernée par une passion comme on en voit peu. Mais avec le temps, Mirajane sentait que plus les ténèbres qui l'habitaient autrefois se dissipaient, plus sa relation avec Laxus commençait à battre de l'aile. Elle était convaincue que ce qui l'avait attiré chez elle tenait précisément au fait qu'elle était auparavant une hors-la-loi, tout comme lui. Embauchée comme serveuse au Dragon d'acier, elle se décida finalement à rompre après deux ans de relation.
Chassant ces souvenirs, Laxus reporta son attention sur Mirajane.
- En réalité, ce n'est pas plus mal que tu quittes la ville. Ça risque de chauffer dans les jours à venir. Plus tu seras loin de tout ça et mieux ce sera.
- C'est à cause de l'attaque du night-club ? Vous comptez riposter, n'est-ce pas ? demanda Mirajane.
- Oui… nous allons riposter. Et je ne veux pas que ce qui a failli t'arriver au Dragon d'acier se reproduise.
Mirajane frissonna à ce sombre souvenir, repensant à la lame qu'on avait appuyé sur sa gorge.
- Dans ce cas, je partirai pour Crocus demain matin, reprit la barmaid. Mais j'y mets une condition.
- Laquelle ?
- Tu fais attention à toi et tu ne te mets pas en danger, même pour défendre le clan, insista Mirajane. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose.
Le mafieux à la cicatrice ne put s'empêcher d'être touché que la barmaid s'inquiète encore pour lui de cette façon. Comme si le duo qu'ils formaient autrefois n'avait jamais pris fin.
- C'est promis. Il ne m'arrivera rien.
Mirajane posa sans hésiter sa main sur celle de Laxus. Même si pour un temps, elle devait mettre physiquement de la distance entre eux, leur proximité d'autrefois venait sans aucun doute de renaître pour mieux perdurer.
Levy sortit rapidement du taxi qui l'avait conduite jusqu'au manoir des Redfox. Ses cours de la journée étaient terminés et elle avait à présent le champ libre.
La jeune femme leva les yeux sur la bâtisse qui lui faisait face. Le manoir semblait vraiment gigantesque. Il était visiblement découpé en plusieurs ailes, chacune composée de nombreux étages. Les fenêtres étaient majoritairement faites de vitres ordinaires sauf à certains endroits où des vitraux stratégiquement placés donnaient un cachet historique indéniable au manoir. Levy ne put en voir davantage car un imposant portail noir fermait l'entrée, entouré de deux statues de dragons placées en hauteur qui ressemblaient fortement à la sculpture du Dragon d'acier.
L'étudiante se rapprocha du portail et appuya sur le bouton de l'interphone. Une sonnerie d'attente se fit entendre jusqu'à ce que le micro crachote :
« Que voulez-vous ?
- Bonjour, je suis Levy McGarden, je viens aider pour la bibliothèque et…
- Je vous ouvre, coupa sèchement la voix.
Sympathique. Levy avala difficilement sa salive alors que les grilles du portail commençaient effectivement à se déployer. Même si elle était convaincue qu'elle n'avait rien à craindre, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine appréhension en songeant au lieu dans lequel elle était sur le point de pénétrer. L'antre de la mafia. Rien de moins.
L'ouverture dévoila aux yeux de Levy une élégante allée faite de graviers, entourée de haies taillées au millimètre. L'entrée du manoir se situait dans l'axe du portail. Elle était constituée d'une gigantesque porte en bois, maintenant entrouverte, devant laquelle se tenait un homme aux longs cheveux verts.
Il était vêtu d'un manteau rouge et d'un pantalon brun. Une mèche de cheveux lui barrait l'oeil droit et lui donnait un air profondément ténébreux et peu avenant.
Levy accéléra le mouvement, se doutant que ce n'était pas le genre d'homme à aimer attendre.
« Je suis Fried Justin, annonça l'homme aux cheveux verts. C'est moi qui vais superviser votre travail ici.
- Ravie de faire votre connaissance, répondit poliment Levy.
- Hmmm, commenta le dénommé Fried, l'air pas ravi du tout.
Une femme de forte corpulence, vêtue d'une tenue d'employée de maison, passa l'embrasure de la porte.
- Avant de vous faire entrer, je vais vous demander de nous remettre votre sac et de vous soumettre à une palpation de sécurité, annonça Fried sans un brin d'émotion. C'est le protocole en vigueur pour les nouveaux… visiteurs. Mme Wilson va se charger de vous fouiller et d'inspecter vos affaires.
Levy aurait dû s'y attendre. Ils n'allaient pas faire rentrer une parfaite inconnue dans la sacro-sainte résidence du clan sans un minimum de précautions.
L'employée de maison se plaça devant Levy et avec un petit sourire contrit, commença à palper les différentes parties du corps de l'étudiante. Cette dernière était rassurée que ce soit une femme qui s'en charge et pas un gorille bodybuildé aux mains potentiellement baladeuses.
- Rien à signaler monsieur, indiqua Mme Wilson.
Levy lui tendit son sac et l'employée se mit à l'examiner. Une fois cela fait, elle fit un signe de tête discret à Fried.
- Vous pouvez entrer, annonça ce dernier.
L'étudiante franchit le seuil de la porte. Son regard parcourut la vaste pièce où elle venait de pénétrer. L'entrée débouchait sur un hall gigantesque où étaient installés plusieurs canapés, regroupés autour d'une imposante cheminée. D'anciennes gravures étaient accrochées près d'un imposant escalier en T qui donnait certainement accès aux différentes ailes de la demeure. Le plafond était orné de deux immenses lustres en cristal qui devaient coûter chacun le prix de l'appartement de Levy. Bien qu'il semble assez ancien, l'intérieur du manoir semblait très bien entretenu et en parfait accord avec la puissance de ses propriétaires. Un vrai bijou d'architecture.
- Suivez-moi, ordonna Fried qui commençait déjà à grimper les escaliers.
Levy lui emboita le pas sans s'attarder sur le désintérêt total que Fried semblait manifester envers elle. Ce type avait décidément l'air plus froid que toute la glace du Mont Hakobe réunie.
Le sol à l'étage était recouvert par une moquette rouge rendant l'exploration du manoir silencieuse. Plus elle avançait, plus Levy était intimidée par la grandeur du lieu. Et dire que c'était ici que Gajeel vivait… Étrangement, l'idée de se trouver dans le lieu où habitait le mafieux avait quelque chose d'excitant. Elle avait l'impression de braver un interdit et cette idée lui plaisait, elle qui était d'habitude si respectueuse des règles et des consignes.
« Sachez en tout cas que votre visite était très attendue… reprit Fried avec un soupir.
Levy ne s'attendait pas à ce que Fried reprenne la parole, convaincue que ce type ne s'exprimait que par mono-syllabes.
- Vraiment ? demanda t-elle. Pourquoi cela ?
- Avant de partir ce matin, monsieur Redfox m'a donné des instructions claires pour vous aiguillez au mieux et pour que vous n'ayez besoin de rien durant votre séjour ici. Il a été on ne peut plus strict à ce sujet.
Le coeur de Levy rata un battement. Gajeel avait vraiment donné des consignes rien que pour elle ?La prévenance du mafieux la flattait autant qu'elle la mettait mal à l'aise. Aucun homme n'avait éprouvé autant d'intérêt pour elle jusqu'à aujourd'hui.
- C'est un homme prévoyant, commenta Levy. Et… vous savez quand il sera de retour ?
- Pas avant la fin de l'après-midi, répondit Fried.
Ce dernier interrompit sa marche devant une imposante porte en bois à double battants qu'il s'empressa de pousser. Et ce que vit Levy la laissa totalement bouche bée.
Sous ses yeux se trouvait la bibliothèque la plus immense qu'elle ait jamais eu l'occasion d'admirer. Des dizaines de rayonnages remplis de livres reliés de cuir s'étendaient devant ses yeux, montant jusqu'au vaste plafond entièrement fait de bois sculpté. Certaines étagères étaient si hautes que des échelles coulissantes étaient mises à disposition pour attraper les ouvrages. De vastes tables en bois ciré avec des lampes à alcôve étaient disposées aux quatre coins de l'immense pièce, offrant d'agréables coins de lecture. Des lustres semblables à ceux du hall d'entrée parcouraient le vaste espace, délivrant une lumière tamisée.
- C'est… magnifique, s'émerveilla Levy. Quel endroit extraordinaire…
L'étudiante ne put s'empêcher de se rapprocher des rayonnages. Les ouvrages avaient l'air de traiter de tous les sujets possibles et imaginables.
- Vous utilisez la classification décimale de Dewey pour le rangement de ces livres, n'est-ce pas ? demanda Levy.
Fried reporta son regard sur elle. Une lueur d'intérêt venait de s'allumer dans ses pupilles.
- Effectivement, acquiesça t-il. Étant donné le nombre d'ouvrages présents ici, c'est la méthode la plus simple.
La lueur dans le regard de l'archiviste disparut aussi vite qu'elle était venue, laissant place à son habituel air froid et méthodique.
- Mais ce n'est pas ici que nous travaillerons. Du moins, pas principalement. Suivez-moi.
Il invita Levy à le suivre jusqu'à une porte située sur la droite de la bibliothèque.
Derrière, se trouvait une salle un peu moins grande et à la décoration bien plus sobre. Les étagères étaient cette fois recouvertes de boîtes à archives débordant de feuilles de papiers. La pièce était envahie de multiples casiers en bois formant une sorte de labyrinthe dans lequel il était certainement facile de se perdre.
« Ceci est la salle des archives, annonça Fried. La quasi-totalité des documents municipaux de la ville de Magnolia repose ici.
- Vraiment ? Comment les avez-vous obtenus ? demanda Levy, stupéfaite.
- Peu importe, répliqua l'archiviste d'un ton sévère. Votre travail consistera à classer les documents que nous recevons dans les dossiers adéquats et à effectuer des recherches lorsque cela sera nécessaire. Et vous allez commencez tout de suite.
Joignant le geste à la parole, l'archiviste déposa avec un bruit sourd une montagne de papiers sur le petit bureau qui, semble t-il, avait été attribué à Levy.
Souhaitant paraitre motivée, l'étudiante retroussa ses manches et s'installa immédiatement au bureau. Fried avait beau avoir l'enthousiasme d'un croque-mort, cela ne l'empêcherait pas de faire du bon travail. En attendant impatiemment le retour de Gajeel qu'elle espérait plus qu'elle ne voudrait jamais l'admettre…
Au bout de cinq minutes de persévérance, Bixrow finit par venir à bout de la serrure qui lui résistait. Il avait finalement réussi à retracer électroniquement la trace de l'argent avec lequel les mercenaires ayant attaqué le clan avaient été payés. L'adresse IP de l'ordinateur ayant effectué les virements le conduisait dans ce petit appartement du centre-ville de Magnolia.
Une fois entré, la première chose qu'il remarqua était l'odeur qui régnait dans l'appartement. Un parfum féminin flottait dans l'air et semblait assez récent. Le mafieux aux cheveux bleus referma soigneusement la porte. Après s'être assuré que personne n'était présent à l'intérieur, il commença son inspection. L'agencement des lieux était assez simple. Un salon très peu meublé, une petite chambre, une petite salle de bains, une petite cuisine.
« Le genre d'appartement qu'on loue pas cher pour se planquer, se dit Bixrow en terminant son inspection.
Aucun effet personnel pouvant renseigner sur l'identité du propriétaire ne trainait dans l'appartement. Tout avait été consciencieusement nettoyé. À l'exception d'une chose. Un ordinateur portable flambant neuf trônait sur le bureau installé dans le salon. Sans s'asseoir, Bixrow l'ouvrit. L'appareil était protégé par un mot de passe. Il sortit de son sac la clé USB qui ne le quittait jamais. Elle contenait un programme spécialement conçu pour forcer rapidement ce genre de contre-temps.
Bixrow finit par arriver sur le bureau de l'ordinateur. Là aussi, tout avait été épuré. Les dossiers informatiques ne contenaient rien du tout. Même pas un petit fichier sournoisement dissimulé. Il eut malgré tout le réflexe de vérifier l'intitulé de l'adresse IP dans les paramètres du portable. Il la compara avec celle qu'il avait obtenu dans ses recherches. Elles étaient identiques. C'était bien de cet ordinateur que les paiements avaient été effectués.
Cependant, quelque chose clochait. Ce n'était pas du tout le genre de méthodes qu'employaient habituellement les clans comme celui d'Eucliffe. Les mafieux avaient plus l'habitude d'attaquer frontalement leurs ennemis. User de subterfuges comme celui-ci pour dissimuler l'emploi de mercenaires n'était absolument pas courant dans le milieu. Même pour quelqu'un d'aussi sournois que Sting Eucliffe. Peut-être que quelqu'un d'autre était derrière tout ça après tout. Il fallait sérieusement l'envisager.
Bixrow n'eut pas le loisir d'y réfléchir davantage car il entendit une clef s'introduire dans la serrure de la porte d'entrée qu'il avait refermé derrière lui. En quelques secondes, il évalua ses options. Il n'avait sur lui qu'un couteau à cran d'arrêt et il se maudissait intérieurement de ne pas avoir amené un flingue, qui aurait été beaucoup plus dissuasif. Ne sachant pas combien de personnes allaient pénétrer dans l'appartement, il décida dans un premier temps de se planquer. Les cachettes étaient limitées. Il opta pour l'arrière de la porte de la salle de bains.
Il entendit la porte d'entrée s'ouvrir. Des bruits de pas se faisaient entendre sur le parquet ciré de l'appartement. Bixrow compta. D'après lui, il n'y avait qu'une seule personne, sûrement un homme. Les pas d'une femme sont plus légers et ne grincent pas autant. L'homme venait de déposer quelque chose sur la table du salon. Puis, plus rien. Bixrow attendit trois bonnes minutes avant de tenter un coup d'oeil à l'extérieur. De là où il était, il avait une vue discrète sur le salon. Et sa première impression se confirma.
Il n'y avait qu'un homme assez jeune, à la peau très blanche, de taille moyenne, avec des cheveux noirs. Une mèche lui barrait l'oeil droit. Il avait une cicatrice horizontale sur le nez et était vêtu très sobrement d'un pantalon noir et d'une longue veste noire. Le gars était installé devant l'ordinateur, semblant travailler à partir d'un disque dur externe.
Bixrow se mordit la langue. En réalité, il avait mal choisi sa cachette. Impossible de rejoindre l'entrée sans passer par le salon et sans se faire repérer par ce type. Il n'avait que deux options : l'attaquer frontalement ou attendre que le type se tire. N'étant pas d'un naturel patient, il opta pour la première option. Le type allait peut être le renseigner.
Avançant à pas de loup, Bixrow se rapprocha avant de fondre sur l'homme aux cheveux noirs. Il lui agrippa le bras droit et le plaqua dans son dos avant de placer le couteau sur sa gorge.
« Un seul geste et t'es un homme mort, menaça Bixrow en exerçant une légère pression sur l'emplacement de la carotide.
- Qu'est ce que vous voulez ? souffla doucement l'homme.
Le mafieux écarquilla les yeux. Le type n'avait pas esquissé la moindre expression de surprise, de peur ou d'angoisse. Comme s'il s'était attendu à être attaqué. Peut-être savait-il depuis le début qu'il était là. Non… impossible.
- Je veux savoir à qui appartient cet endroit et qui est derrière toutes ces attaques, répondit Bixrow. Tu bosses pour Sting Eucliffe, c'est ça ?
L'homme aux cheveux noirs resta silencieux un moment avant de répondre d'une voix bien trop calme.
- Je n'ai absolument rien à vous dire. Vous feriez mieux de partir tant que vous le pouvez.
- Et toi tu ferais mieux de me répondre, répliqua Bixrow. Sinon je te jure que je…
À cet instant et en un éclair, l'homme aux cheveux noirs pivota son épaule droite, déséquilibrant Bixrow qui n'avait rien vu venir et qui s'affala sur le côté droit du bureau. L'inconnu tenta de lui asséner un violent coup de poing que le mafieux para. Il s'éloigna de son adversaire qui se mettait déjà en posture de combat.
« Ce type sait se battre, pensa Bixrow. Et il n'a pas l'air résolu à lâcher quoi que ce soit. »
L'homme aux cheveux noirs sortit à son tour un couteau d'un petit fourreau placé sous sa veste. Bixrow vit la lame luire à la lumière. Le pommeau était orné de gravures noires qui paraissaient assez anciennes, ce qui n'augurait rien de bon. Un combattant aguerri était reconnaissable à l'ancienneté de sa lame. Sans dire un mot, l'homme fonça de nouveau sur lui à une vitesse fulgurante.
Tenant fermement son propre couteau, Bixrow ne put qu'éviter l'attaque. Il tenta de balayer les jambes de son adversaire pour lui faire ensuite lâcher son arme mais l'autre avait anticipé la manoeuvre. L'homme mystérieux sauta pour esquiver et repartit à l'assaut. Et cette fois, son attaque fit mouche. Son couteau lacéra profondément l'épaule de Bixrow qui cria de douleur. Il fallait se rendre à l'évidence, il n'aurait jamais l'avantage contre cet homme. La seule solution était le repli.
Ragaillardi par la douleur, Bixrow se mit à courir vers la porte d'entrée qu'il ouvrit à la hâte avant de descendre quatre à quatre les escaliers du bâtiment. Il regardait sans cesse derrière lui. Le type n'avait pas l'air de l'avoir suivi. Une fois parvenu à l'air libre, il se mêla à la foule des passants. Il en était convaincu, ce gars n'avait rien d'un mafieux, comme tout ce qui se trouvait dans cet étrange endroit. Il devait à tout prix informer Gajeel qu'un autre joueur avait rejoint la partie.
Le « 8-Island » était en pleine ébullition. La forte chaleur de l'après-midi avait conduit bon nombre d'habitants de la ville à se réfugier dans l'espace climatisé de l'établissement et à consommer un maximum de boissons fraîches. Parmi cet amas de clients, une touffe de cheveux roses hirsutes se distinguait des autres.
« Ça m'a vraiment étonné que tu me contactes, commenta Natsu en souriant. Mais tu peux me croire, ça me fait plaisir que tu l'aies fait ».
Le jeune homme était installé à une table, sirotant un soda en face d'une certaine journaliste aux cheveux blonds.
- Je me suis dit que, même si un peu de temps s'était écoulé, la proposition tenait toujours, répondit Lucy en portant sa tasse de thé à ses lèvres, accompagnée d'un sourire forcé.
La jeune femme aux cheveux blonds avait volontairement revêtu les vêtements les plus moulants de sa garde-robe et avait passé la matinée chez M. Cancer, son coiffeur-visagiste attitré. Lucy s'était toujours demandée comment ce dernier avait réussi, avec un nom aussi peu engageant, à bâtir sa réputation de dompteur des cheveux revêches. Elle avait exigé de lui une coupe lui donnant un air sexy, sans pour autant ressembler à une pin-up tout droit sortie d'un magazine érotique.
- Tu as eu sacrément raison, confirma Natsu avec son éternel sourire. Je ne plaisantais pas quand je disais vouloir qu'on fasse connaissance.
En son fond intérieur, Lucy détestait ce qu'elle était en train de faire. Même si Natsu Dragneel était connu pour sa tendance à papillonner, elle n'était pas à l'aise avec l'idée de se rapprocher de lui uniquement pour obtenir des informations. Mais c'était ça, ou les tribunes les plus barbantes du Sorcerer pendant trois mois. Le choix était vite fait. Et le mafieux s'en remettrait certainement.
- Tu proposes quoi alors ? demanda Lucy.
La jeune femme se mordit les lèvres. Elle n'avait pas réfléchi une seule seconde au caractère très direct de sa question. Mais Natsu ne sembla pas relever et suggéra avec joie :
- Ça te dirait de visiter la ville avec moi ? Je crois savoir que t'es arrivée à Magnolia il y a pas si longtemps. Je parie qu'il y a tout un tas de coins que tu ne soupçonne même pas.
- Euh… oui pourquoi pas, acquiesça Lucy. On y va ?
Le garçon aux cheveux roses acquiesça vivement avant de se lever pour aller saluer M. Yajima. Lucy était surprise qu'il n'ait pas proposé quelque chose de plus « facile » pour la draguer mais elle n'allait pas s'en plaindre. À vrai dire, la proposition du mafieux enthousiasmait réellement la journaliste. Une balade serait l'occasion parfaite pour poser subtilement des questions indiscrètes.
Le duo improbable se mit en route. Furtivement, Lucy alluma le dictaphone dissimulé dans son sac à main. Hors de question qu'elle perde une miette de ce que Natsu pourrait lui révéler. Mais pour le moment, le jeune homme à la chevelure rose était occupé à décrire en détail à Lucy chaque recoin intéressant de Magnolia, ajoutant, par-ci par-là, quelques anecdotes historiques.
« Et figure-toi que la parade de la Fantasia partait à l'origine de la cathédrale de Kaldia jusqu'à l'extérieur de la ville. Et en l'an 784, il a été décidé l'inverse. La parade part désormais des champs situés à l'extérieur pour rejoindre la cathédrale. Comme ça, les gosses des agriculteurs de la région peuvent se joindre au groupe et défiler dans toute la ville, conclut Natsu en pointant le doigt vers le vaste édifice.
Lucy commençait à se prendre au jeu. Elle était même étonnée que Natsu connaisse autant de choses. Elle l'avait pris au premier abord pour un mafieux fêtard au goût prononcé pour la lingerie féminine alors qu'en réalité, il était bien moins bête qu'il en avait l'air.
- Comment se fait-il que tu connaisses autant de choses sur l'histoire de Magnolia ? demanda Lucy.
Natsu délaissa un moment ses explications et se tourna vers elle, l'air fier.
- Mon père a eu une maitrise en histoire à la fac de Magnolia quand il était plus jeune, bien avant d'intégrer le clan. Du coup, il m'a un peu transmis le goût des anecdotes sur cette ville.
- Ah, je comprends mieux. Et… ton père a quel rôle dans votre clan maintenant ?
Lucy avait posé la question avec le plus de finesse possible. Même si la balade avec Natsu l'intéressait vraiment, elle ne devait pas oublier pourquoi elle était là.
C'était sans compter sur deux variables non négligeables de l'équation : la faible capacité d'attention de Natsu et sa passion inégalée pour les aliments sucrés.
- Oh, mate-ça ! Ils ont remplacé ce vieux magasin décrépi par un stand de glaces ! Viens, on va s'en prendre une ! s'exclama le garçon en prenant Lucy par la main.
- Mais… on sort à peine d'une brasserie ! protesta Lucy, tout en se laissant entraîner.
- Bonjour ! s'exclama Natsu, ignorant superbement celle qui l'accompagnait. Qu'est-ce que vous nous proposez de bon ici ?
La jeune femme postée derrière les bacs de glace arbora un large sourire. De toute évidence, elle venait de comprendre à quel glouton elle avait affaire.
- Nous avons absolument tout pour satisfaire votre palais, cher monsieur. Je peux vous suggérer des sorbets aux fruits, ou bien à votre convenance, des glaces plus gourmandes avec divers accompagnements au chocolat, au caramel ou au beurre de cacahuètes.
- Wow, géant ! s'exclama Natsu, des étoiles pleins les yeux. On va vous prendre deux cornets avec trois boules chacun !
- Eh, doucement, moi je n'en veux pas ! répliqua Lucy.
- Oh… allez Lucy, fais pas ta rabat-joie, la taquina Natsu en lui donnant un coup de coude. La vie est courte et le sucré est un aperçu du paradis. Dis-lui ce que tu veux, c'est moi qui régale.
Lucy regarda le mafieux aux cheveux roses. Il paraissait si content d'être avec elle que ça en était désarmant. Elle éprouva un élan de culpabilité à l'idée de le mener en bateau comme elle avait l'intention de le faire. La journaliste capitula donc en se rapprochant du stand.
- Très bien… Alors… une boule à la pêche, une boule à l'abricot et une boule à la framboise.
Lucy réalisa qu'elle ne prenait pas un grand risque, ces glaces avaient l'air très appétissantes. En tout cas, un certain individu l'avait bien compris.
- Et moi, je voudrais une boule vanille, une boule caramel beurre salé et une boule chocolat au lait. Avec double supplément chantilly et copeaux de chocolat, précisa Natsu, très concentré sur les arômes à choisir.
Lucy leva les yeux au ciel, se demandant comment le mafieux arrivait à garder son poids de forme avec tout ce qu'il ingurgitait à longueur de journée.
L'employée du stand s'empressa de préparer les glaces avec dextérité, puis tendit les deux cornets au couple qui lui faisait face.
- Tenez, fit Natsu en tendant un billet. Gardez la monnaie.
Les deux jeunes gens s'éloignèrent du stand de glaces et allèrent s'asseoir sur un banc dans le parc adjacent.
- Merci beaucoup pour la glace, fit Lucy. J'aurai pu la payer tu sais.
- Je le sais bien, très chère, répondit Natsu. Mais un peu de galanterie ne fait pas de mal, non ?
Lucy ne put qu'acquiescer à la remarque de son improbable acolyte. Elle commença à déguster le dessert glacé. Avec une chaleur pareille, c'était une vraie libération et elle ne regrettait pas d'avoir cédé à l'idée de Natsu. Encore une fois. Ce type savait obtenir ce qu'il voulait.
- Eh, Lucy… l'interpella Natsu.
- Oui ? fit la concernée en se tournant vers lui.
Aussitôt, le cornet de glace du mafieux entra dans le champ de vision de Lucy et une pointe de chantilly atterrit sur le nez de la victime. Le rire de Natsu retentit dans tout le parc, orientant le regard des visiteurs vers les deux mangeurs de glaces.
- Non mais ça va pas ! Espèce d'idiot ! s'écria Lucy en s'essuyant le nez.
Natsu regarda Lucy avec des yeux ronds, terrifié à l'idée d'avoir vraiment contrarié la blonde. Mais la mine courroucée de la jeune femme se changea malgré elle en un rire cristallin. Même si cette blague était digne de la maternelle, le mafieux avait réussi à faire rire la journaliste.
Une fois les glaces englouties, Natsu suggéra qu'ils aillent au cinéma. Et en bon gentleman, il laissa le choix du film à Lucy.
Cette dernière opta pour un film assez classique sans beaucoup d'action. L'histoire était centrée sur une femme lobbyiste usant de tous les moyens, même des plus retors, afin que passe un projet de loi restreignant l'accès illégal aux armes dans le pays*.
Durant toute la séance, Lucy guetta les réactions de Natsu, placé juste à sa droite. Et elle s'aperçut que le mafieux était beaucoup plus sérieux et galant qu'elle se l'était imaginé.
Car pendant l'intégralité du film, Natsu ne quitta pas l'écran des yeux, sauf pour regarder de temps en temps Lucy avec un grand sourire ou pour lui chuchoter des commentaires sur l'intrigue de la projection. Elle qui s'était imaginée qu'il en profiterait pour la tripoter ou tenter quelque chose, elle en fut agréablement surprise.
Le film se termina et les spectateurs remontèrent les rangées de sièges pour sortir de la salle.
Lucy et Natsu marchèrent à l'extérieur en direction de la voiture de ce dernier.
« J'ai vraiment adoré voir ce film, s'enthousiasma Lucy. L'actrice principale avait un tel charisme, c'était complètement dingue…
S'attendant à ce que Natsu renchérisse, Lucy se tourna vers lui. Le mafieux avait un visage fermé et restait étrangement muet, lui d'habitude si bavard.
- Il y a quelque chose qui ne va pas ? demanda Lucy, étonnée. Tu n'as pas aimé le film ?
Tout en continuant de marcher, regardant droit devant lui, le garçon aux cheveux roses prit une voix monocorde.
- Dis-moi Lucy… tu serais capable, toi, d'user de tous les stratagèmes pour atteindre un but qui t'es cher ?
La journaliste s'arrêta net, pétrifiée par cette question venue de nulle part. La vague de culpabilité recommença à lui tordre les tripes. Elle ne savait vraiment pas quoi répondre.
- Pour… pourquoi tu me demandes ça maintenant ? bafouilla Lucy. Il y a un problème ?
Le regard du mafieux se fit bien plus intense. Il demeura silencieux jusqu'à ce qu'il réponde d'une voix morne :
- En me levant, j'ai vu le p'tit appareil que tu planques dans ton sac… Et je sais à quoi il est censé servir. Tu as passé l'après-midi avec moi pour ça, n'est-ce pas ? Ne me mens pas s'il te plait, je sais très bien que tu es journaliste…
Horrifiée, Lucy écarquilla les yeux. Il l'avait grillé. Et le visage habituellement joyeux de Natsu trahissait maintenant une déception sans bornes. La nausée s'empara de la journaliste qui ne savait plus où se mettre.
- Je…je….
- Je t'écoute, insista Natsu.
Un sentiment de honte infini envahit l'esprit de la jeune femme aux cheveux blonds. Elle qui était prête à tout pour obtenir cet article, elle regrettait désormais amèrement sa manoeuvre.
- Au début oui, je l'avoue, bredouilla Lucy en essayant de reprendre contenance. Mais… je me suis rendue compte que tu étais quelqu'un de bien, tu me l'as démontré pendant toute cette journée. Et je n'ai pas eu le coeur de continuer à chercher des réponses. Si j'ai accepté de faire tout ça avec toi… la balade, les glaces, le ciné… c'est parce que je passais de très bons moments. Pas parce que j'espérais obtenir un scoop. Je t'assure… Tiens d'ailleurs, regarde.
Lucy s'empressa de sortir le dictaphone de son sac avant de le jeter par terre et de le démolir d'un coup de pied. Elle espérait que ce geste convaincrait le mafieux de sa bonne foi. Tant pis pour Jason et sa soif de sensationnel. Elle était une journaliste, pas un monstre avide de scoops.
Natsu ne disait rien, le regard rivé sur le dictaphone écrasé. Un long moment s'écoula. Puis soudain, le garçon aux cheveux roses éclata de rire en se tenant le ventre, sous le regard interloqué de Lucy.
« Qu'est ce qu'il y a de si drôle ? interrogea la jeune femme blonde qui ne comprenait plus rien.
Le mafieux continuait à s'esclaffer dans la rue alors que les passants se demandaient, comme la jeune femme, d'où lui venait cet excès d'hilarité.
Entre deux éclats de rire, Natsu parvint à articuler :
« Bon sang ! Il faudra vraiment que je remercie Jason ! Si je m'attendais à ça !
Lucy crût que sa mâchoire allait tomber au sol.
- Que… quoi ?! Comment tu connais Jason ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
Reprenant ses esprits, les larmes aux yeux, Natsu poursuivit :
- Quand je me suis renseigné sur toi, j'ai appris que tu bossais au « Sorcerer » dans la rédaction de ce bon vieux Jason. C'est une connaissance de longue date. C'est grâce à lui que les activités organisées par le clan bénéficient d'une telle publicité. Je l'ai convaincu de te donner un projet d'article sur notre organisation. Je savais que tu allais t'adresser à moi pour trouver de la matière et… je voulais voir ce que tu allais faire…
Les mots de Natsu s'imprimèrent dans le cerveau de Lucy. Lentement. Il fallut quelques secondes pour qu'elle intègre parfaitement ce que le mafieux venait de lui dire. Et encore quelques secondes pour choisir la réaction appropriée.
- ESPÈCE DE SALE GOUJAT ! hurla Lucy, les poings serrés. Tu avais tout manigancé depuis le début ! Et moi qui suis venue m'étaler à tes pieds après ton couplet sur les ruses et les stratagèmes ! Tu t'es bien fichu de moi !
La journaliste ramassa d'un geste vif son sac tombé au sol, avant de marcher rapidement dans la direction inverse, furibonde. Elle n'arrivait pas à le croire, ce type s'était payé sa tête depuis le début !
- Lucy, attends ! héla Natsu. Attends-moi s'il te plait !
- Tu ne mérites pas que je t'accorde quoi que ce soit ! répliqua Lucy sans se retourner. Fiche-moi la paix !
- Laisse-moi au moins m'expliquer ! S'il te plait…
La jeune femme secoua la tête, avant de grimper à l'arrière d'un des taxis qui stationnait à l'entrée du cinéma pour ramener les spectateurs.
- Avenue des esprits stellaires, commanda Lucy au chauffeur de taxi.
- Vous avez un itinéraire préféré ?
- Peu importe, contentez-vous de rouler… souffla Lucy, la voix vibrante.
Le taxi démarra en trombe, laissant Natsu dépité sur le bord de la route. Finalement, c'était son stratagème qui avait mis le feu aux poudres et non celui de Lucy… Et il le regrettait amèrement.
Cela faisait trente bonnes minutes que le groupe de Gajeel était rentré au manoir et s'était installé dans l'immense garage jouxtant le manoir. Accompagné de Gray et de Laxus, il était allé superviser la première livraison d'armes effectuée par les navires Combolto, désormais dévoués à sa cause. Les armes avaient été chargées dans les vans noirs servant à leur réception et ramenées au manoir. Et c'est à leur déballement et à leur inspection que s'affairaient les hommes de Gajeel sous le regard minutieux de ce dernier et de son bras droit. Ces armes allaient leur être utiles au cours de l'attaque sur l'entrepôt d'Eucliffe prévue le lendemain.
« Quelqu'un peut me dire ce que fout Natsu ? grogna Gajeel. La préparation de ce coup le concerne aussi il me semble.
Laxus partageait l'agacement de son chef mais tâcha d'arrondir les angles.
- Il a sûrement une bonne raison d'être en retard, il ne devrait pas tarder.
- Tu parles, je la connais sa raison. Elle a sûrement des fesses silliconnées et un décolleté plongeant. Ce gamin devrait vraiment apprendre à la garder dans le pantalon de temps en temps.
- C'est ton cousin, Gajeel…
- Ici, il n'y a pas de passe-droit, trancha le mafieux. Et notre lien de parenté n'a aucune importance. Il doit être là, point barre. Et Bixrow, il est passé où ?
- Il me semble qu'il suit une piste pour obtenir l'identité des types à l'origine des attaques.
- On sait très bien qui est à l'origine de ce merdier. C'est Eucliffe et personne d'autre.
- Bixrow avait l'air convaincu que c'était plus compliqué que cela. Vérifier ne coûte rien, tu penses pas ?
Pour seule réponse, Gajeel grommela. Il voyait mal quelqu'un d'autre qu'Eucliffe être assez fou pour s'attaquer à eux de la sorte.
Un peu plus loin, Gray passait un appel aux archives située dans l'aile opposée du manoir afin que Fried lui fasse parvenir des documents supplémentaires pour la préparation de l'assaut.
Les trois mafieux, ainsi que quelques autres membres du clan se réunirent autour de la table du hangar pour planifier l'opération.
« Étant donné la quantité de poudre qu'ils vont recevoir demain, cet entrepôt sera l'endroit le plus sécurisé de toute la ville, il faudra vraiment avoir la main lourde sur les armes, souligna Gray.
- On prendra l'équipement le plus léger possible, ajouta Laxus. Même si on arrive à neutraliser les gardes et à foutre le bordel dans la cargaison, ils auront sûrement le temps d'appeler des renforts. Et sortir de cet endroit deviendra alors une autre paire de manches. Hors de question de perdre des gars parce que les flingues sont trop encombrants.
Gajeel avait le regard rivé sur les plans de l'entrepôt mais à vrai dire, il n'écoutait pas tellement ce que disaient ses subordonnés. Depuis son retour au manoir, ses pensées dérivaient sans arrêt vers une certaine fille aux cheveux bleus, qui devait à cet instant se trouver dans sa demeure, dans son chez-lui. Quelle idée il avait eu de lui proposer de venir ici… Cette nana était en train de devenir une véritable obsession et c'était tout bonnement insupportable. Jamais il n'avait eu autant de mal à se concentrer sur la préparation d'un gros coup. Bordel, il était un Redfox, pas un de ces gars niais qu'on ne voit que dans les films…
Le mafieux aux piercings se pinça l'arête du nez avant de recentrer son attention sur la conversation.
« Du coup, comment feront les gars pour sortir de l'entrepôt ? demanda Gajeel.
- J'ai réfléchi à ça, répondit Gray. Pour moi, déguerpir par la sortie principale est exclu. C'est là que les renforts se concentreront. Et n'oublions pas les flics qui risquent de se pointer quand ça commencera à devenir chaud. Pour fuir discrètement et rapidement, j'avais pensé aux souterrains.
- Aux souterrains ? répéta Laxus, perplexe.
- Carrément, confirma Gray. Magnolia comporte un énorme réseau de souterrains dont la plupart des habitants ignorent l'existence. Ce serait intéressant de compter là-dessus pour se tirer. De cette façon, des véhicules attendront les gars qui émergeront par une sortie située un peu plus loin. Et on rapatrie tout ce petit monde à la planque en limitant les pertes.
- Tout ça, c'est bien joli, mais on a intérêt à sacrément connaître l'étendue de ces réseaux si on veut compter là-dessus, souligna Gajeel.
À cet instant, la porte grinçante du garage s'ouvrit doucement. Tous les regards convergèrent vers la personne qui en franchit le seuil. En particulier, celui de Gajeel.
Levy s'avança doucement avec dans les mains, une enveloppe marron cachetée. Elle était clairement intimidée par le lieu où elle venait de mettre les pieds mais surtout par la présence de tant d'hommes issus de la mafia dans la même pièce. L'étudiante tourna son regard vers Gajeel. Depuis qu'elle était entrée, il la fixait de ses yeux rouges avec toujours la même intensité dans le regard, comme s'il la voyait pour la première fois.
« Excusez-moi de vous… déranger, commença Levy, mais Fried m'a demandé de vous remettre ces documents. Il parait que vous en avez besoin…
- Ce doit être les plans que je lui avais demandé, confirma Gray en s'avançant et en prenant l'enveloppe. Merci beaucoup.
Levy sourit, fière d'avoir accompli sa mission sans se perdre dans le labyrinthe que constituait le manoir. Elle tourna la tête vers Gajeel qui la fixait toujours.
Même habillée simplement comme elle l'était à cet instant, il la trouvait vraiment à son goût. Tout semblait pur et innocent chez cette fille. C'était beaucoup trop de tentation dans l'esprit du mafieux. Il avait cru pouvoir être patient une fois arrivé au manoir mais c'était impossible.
« Je veux que tout le monde sorte d'ici, annonça Gajeel d'une voix ferme.
Gray et Laxus restèrent interdits tout comme le reste des hommes présents dans la pièce.
- Mais… Gajeel… on a pas encore tout planifié… objecta Gray. Et l'opération doit avoir lieu demain…
- Allez dans mon bureau, Laxus et toi, et occupez-vous en. Vous me tiendrez au courant plus tard. C'est un ordre.
Levy regarda les deux mafieux qui avaient accompagné Gajeel au Dragon d'acier. Ils paraissaient vraiment contrariés que leur chef mette un terme prématuré à leur réunion.
« Pas toi, fit Gajeel en s'adressant à Levy qui allait elle aussi partir.
Levy resta interdite un instant. Il ne venait quand même pas de virer l'intégralité de ses hommes juste pour lui parler à elle, si ?
Laxus se rapprocha de Gajeel et lui chuchota à l'oreille :
« Tu es sûr que c'est prudent de laisser cette fille voir tout ça ? Les armes, les bagnoles… Je sais pas ce que Fried avait dans la tête en l'envoyant ici.
- Elle balancera rien. Elle n'est pas idiote, tu le sais comme moi, répondit Gajeel du tac-au-tac. Je m'en porte garant, si ça peux te rassurer.
Convaincu, le bras droit opina avant de rejoindre le reste des hommes qui sortaient de la pièce en silence. La porte claqua derrière le dernier d'entre eux.
La jeune fille se rapprocha du mafieux. Vêtu d'un débardeur beige qui faisait ressortir à la perfection les muscles de ses bras et la largeur de ses épaules, il était toujours aussi impressionnant. Le coeur de Levy se mit à accélérer, comme à chaque fois qu'elle se retrouvait en présence de Gajeel.
« Alors… commença ce dernier. Le boulot se passe bien avec Fried ? Il t'a bien expliqué ce qu'il attendait de toi ?
- Oui, oui, tout se passe à merveille, sourit Levy, flattée que le mafieux s'intéresse à un sujet aussi dérisoire que son travail aux archives. Même si j'ai la perpétuelle impression que Fried préférerait s'arracher un oeil plutôt que de m'avoir dans ses pattes.
Un petit rire échappa à Gajeel.
- Je sais qu'il n'est très pas facile et qu'il a toujours l'air d'avoir un balai là où je pense. Mais c'est un mec loyal qui n'a jamais failli à sa tâche.
- Je ne doute pas de sa loyauté, reprit Levy. Juste de son aptitude à communiquer avec d'autres êtres humains.
- Gihi, à ce niveau-là, je pense avoir le même problème que lui, reprit Gajeel en ricanant.
- Hmmm…. je ne crois pas, objecta Levy. De ce que j'ai pu en voir, tu as l'air d'être un bon chef.
- Je ne suis pas encore le chef, répliqua Gajeel, intérieurement flatté par le compliment. C'est toujours mon père.
- Et… comment il est lui ?
Levy sentit qu'elle venait de s'aventurer sur un sujet sensible car Gajeel mit un moment à lui répondre d'une voix morne.
- Il est comme il est…
Pour changer de sujet, l'étudiante se mit à arpenter doucement la salle dans laquelle ils se trouvaient. L'immense pièce aseptisée contenait de nombreux véhicules et regorgeait littéralement d'armes à feu. Il y en avait même sur les murs, accrochées comme des trophées autour de ce qui semblait être un stand de tir au fond de la pièce. L'omniprésence de ces objets létaux déclenchait en elle des sentiments très étranges. Elle était à la fois intriguée et apeurée par tout ça. Ces armes lui rappelaient douloureusement que les gens qui habitaient ce manoir étaient loin d'être de paisibles citoyens.
« Tu veux en essayer une ? demanda Gajeel en pointant le mur orné d'armes du menton.
- Qui ça moi ?
- Tu vois quelqu'un d'autre dans cette pièce ?
- C'est que… je n'ai jamais tiré avec une arme à feu… sur quoi que ce soit… hésita Levy.
- Ça, j'men doute. Mais les cibles sont en papier, je doute que tu leur fasse grand mal, souligna le mafieux. C'est comme tu veux, je ne vais pas te forcer.
Levy hésitait. Jouer les tireuses d'élite n'était pas vraiment son truc mais elle ne voulait pas passer pour une fille faible et effarouchée devant Gajeel. En plus, ce n'était pas la première fois qu'elle voyait un fusil. Son père avait l'habitude d'utiliser le sien pour aller chasser certains animaux, comme les sangliers qui s'aventuraient près des récoltes de l'exploitation. Néanmoins, il avait toujours défendu que Levy l'accompagne à ces parties de chasse où qu'elle s'approche de près ou de loin d'une arme à feu.
Finalement, l'attrait de l'interdit décida pour elle. Après tout, comme l'avait dit Gajeel, ce n'était que des cibles en papier, cela ne risquait rien.
« Allons-y, accepta Levy. Je veux bien essayer.
Le mafieux esquissa un sourire en coin. Cette fille n'avait jamais froid aux yeux. Encore un truc qui lui plaisait chez elle. Elle savait dépasser ses limites.
- On va commencer par un petit calibre, annonça Gajeel en se saisissant d'un pistolet. 9 millimètres, acier inox, une capacité de 8 coups et une puissance de feu de 250 joules.
- Tu as l'air de connaître tout ça sur le bout des doigts, remarqua Levy.
- J'y suis obligé, les armes font partie de notre fonds de commerce. On ne les collectionne pas pour le plaisir.
Le mafieux tendit un casque anti-bruit et des lunettes de protection à l'étudiante qui les revêtit. Il en fit de même avant de prendre des munitions parfaitement alignées dans une petite boite et d'en garnir le pistolet. Il chargea ensuite l'arme avant de la tendre à Levy.
Toujours hésitante, cette dernière prit le pistolet dans sa main. Le métal était froid et il était plus lourd qu'elle ne le pensait. Elle s'approcha de l'emplacement adéquat du stand que Gajeel mit en marche. Levy leva le bras et pointa l'arme vers la cible en papier.
« Non, tu dois tenir le flingue avec tes deux mains, corrigea Gajeel qui la regardait faire, un sourire en coin.
- C'est facile de se moquer, je n'ai jamais fait ça de ma vie moi !
- Je ne me moque pas, je te dis simplement comment faire.
Gajeel se rapprocha de Levy et se plaça derrière elle. Elle se sentait vraiment toute petite devant l'imposante carrure du mafieux. Elle lui arrivait à peine au torse. Sans dire un mot, il prit délicatement le poignet du bras de Levy qui tenait l'arme à feu et le pointa devant la cible. Puis il prit avec la même douceur la main opposée de l'étudiante qu'il plaça sous le chargeur de l'arme.
Levy n'en menait pas large. La proximité du mafieux lui donnait terriblement chaud. Une partie de sa longue chevelure noire frôlait les épaules dénudées de la jeune femme. Elle parvenait même à respirer son parfum. Une senteur boisée et musquée terriblement attirante.
- Maintenant, tu tiens cette position et tu essayes de viser la cible. On ne mets jamais le doigt sur la gâchette avant l'instant du tir. Je vais enlever le cran de sûreté. Retiens ton souffle avant de tirer pour stabiliser la visée. À toi de jouer.
Levy obéit scrupuleusement aux instructions de Gajeel alors que ce dernier s'éloignait de quelques pas pour la laisser viser. Se sentant prête, elle plaça son doigt contre la gâchette et l'actionna. Le coup de feu retentit dans toute la pièce et surprit Levy. Elle n'aurait jamais imaginé que ça puisse être aussi impressionnant. De là où elle était, elle ne voyait pas si elle avait fait mouche. Visant à nouveau, elle tira sept autres coups à intervalles réguliers, sous le regard approbateur de Gajeel.
Une fois l'arme déchargée, elle la posa à côté et retira son casque. Gajeel fit de même avant d'appuyer sur l'interrupteur pour rapprocher la cible en papier. Il décolla la feuille et l'examina.
- Quatre tirs sur huit dans la cible. Gihi, pas mal pour une débutante, commenta Gajeel en souriant.
- Fais-moi voir, demanda Levy, curieuse.
Le mafieux lui tendit la feuille que Levy examina. Effectivement, quatre impacts se trouvaient sur la cible placée sur la silhouette, dont deux assez proches du centre.
Reposant délicatement la feuille, l'étudiante reporta son attention sur Gajeel.
- Merci de m'avoir fait essayer, remercia Levy.
- C'était pas grand-chose. Tu peux remettre ça quand tu veux. À condition que je sois là, je ne tiens pas à rater le spectacle.
- Tu parles, tu veux pouvoir encore m'embêter avec ma mauvaise position.
- Possible, s'amusa le mafieux.
Levy n'en revenait pas d'avoir essayé un truc pareil. La sensation qu'elle avait ressentie lorsque le tir avait résonné était totalement inédite pour elle. Elle comprenait à présent comment certaines personnes en arrivaient à être grisées par le maniement des armes. Pour autant, elle était consciente de la dangerosité de ces objets ainsi que de leur véritable but. Tuer, ni plus, ni moins.
- Je peux te poser une question ? demanda Levy, d'une voix peu assurée.
- Bien sûr, même si techniquement tu l'as déjà fait.
Levy entortilla ses doigts. Cette question lui trottait dans la tête depuis qu'elle était entrée dans la pièce et avait aperçu toutes ces armes à feu.
- Est ce que tu as déjà… tiré sur quelqu'un… avec une arme comme celle-ci ? Je veux dire, une vraie personne ?
Contrairement à ce qu'elle avait prévu, Gajeel ne cilla pas à la question qu'elle venait de lui poser. Pas d'éclat de rire, pas de remarque sarcastique. Il se contenta de demeurer silencieux.
- Oui, répondit-il doucement. Oui je l'ai déjà fait.
- Et… est ce que tu l'as…
- Oui, répondit le mafieux sur le même ton, sans attendre la fin de la question.
Cette fois, Levy remarqua que la réponse de Gajeel semblait lui avoir plus coûté. Il avait légèrement baissé la tête. Mais ne semblait pas pour autant attristé.
La jeune femme ne savait pas quoi dire. Elle n'avait jamais été très douée pour décrypter les gens et savoir comment réagir quand les situations devenaient embarrassantes.
- À mon tour de te demander un truc.
- Euh… oui je t'écoute.
- Est-ce que tu as peur de moi ?
Levy fut surprise par la question. Mais la réponse s'imprima bien vite dans son esprit. Même si Gajeel faisait partie de la mafia, même si il faisait trois têtes de plus qu'elle, même si son regard lui donnait parfois envie de se terrer dans un trou de souris, ce n'était pas de la crainte qu'elle ressentait à son égard. Au contraire, tout ce qui aurait pu rebuter le commun des mortels attirait Levy vers cet homme. Inexorablement.
L'étudiante aux cheveux bleus se plaça devant lui et le regarda droit dans les yeux.
- Non. Je n'ai pas peur de toi Gajeel, répondit Levy en mettant le plus de conviction possible dans sa voix. Et tout ce que tu pourras dire ou faire ne m'effraiera pas non plus.
Elle crut qu'elle avait dit une bêtise car le mafieux ne réagit pas immédiatement à sa réponse.
Puis sans crier gare, il se décolla de la table en acier contre laquelle il était appuyé, prit le visage de Levy entre ses mains et dans un mélange de douceur et d'empressement, pressa ses lèvres contre les siennes.
Levy retint son souffle, totalement prise au dépourvu par le geste du mafieux. Bien vite, elle sentit l'intégralité de son corps s'embraser à la sensation du baiser et instinctivement, elle y répondit en entourant ses bras autour du cou de Gajeel. Elle sentait le goût des lèvres du mafieux, une saveur étonnamment mentholée mélangée à un léger goût métallique. Levy se sentait emportée par l'intensité de ce contact qu'elle avait inconsciemment attendu depuis des jours.
Sans plus rien contrôler, Levy passa ses jambes autour de la taille de Gajeel qui la souleva comme si elle ne pesait rien et l'assit sur la table, sans rompre leur ardent baiser. La langue du mafieux glissa sur les lèvres de Levy, quémandant l'entrée, qu'elle lui accorda immédiatement.
« Tu vas me rendre dingue… souffla Gajeel, haletant.
Jamais Levy n'avait embrassé quelqu'un de cette façon. C'était chaud, hâtif, passionné. Presque un besoin vital. La jeune femme perdit pied, s'abandonnant totalement à l'ardeur de l'échange entre Gajeel et elle. Le baiser dura de longues secondes, chacun des deux ne semblant pas vouloir rompre cet instant.
Se souvenant néanmoins qu'ils avaient besoin d'air pour respirer, les lèvres du couple finirent par se séparer.
« Bon sang, tu es tellement…. incroyable…, murmura Gajeel.
Levy se mit à rougir. C'était plus fort qu'elle. A chaque fois que Gajeel lui faisait un compliment, elle était intimidée. Elle n'arrivait toujours pas à se faire à l'idée qu'un homme comme lui puisse s'intéresser à une fille comme elle.
- Je n'ai pourtant rien de particulier, murmura Levy. Je ne suis qu'une fille ordinaire.
Gajeel ouvrit la bouche pour protester. Il voulait lui dire qu'elle avait tort. Qu'elle était loin d'être ordinaire. Qu'elle était même de loin la personne la plus originale qu'il ait rencontré. Que son savoir et sa curiosité l'impressionnait. Que la force et le courage dont elle faisait preuve le fascinait. Il brûlait d'envie de lui dire ces mots.
Mais il n'en eut pas le temps. Car à cet instant, la porte du garage s'ouvrit avec fracas, dévoilant un Gray complètement paniqué.
« Gaj', on a un problème ! s'exclama le mafieux aux cheveux de jais.
- Qu'est ce qui se passe encore ? grogna son chef, furieux d'être interrompu.
- C'est Bixrow. On l'a retrouvé dans les vapes à l'entrée du manoir. Il est mal en point et le toubib dit qu'il pourrait avoir été empoisonné. Il faut que tu viennes tout de suite.
La fureur laissa la place à l'inquiétude sur le visage de Gajeel. Bixrow faisait partie de ses plus proches conseillers. Qui avait eu l'audace de s'attaquer ainsi à lui ?
- Il faut que j'y aille, souffla t-il à Levy.
- Je viens avec toi, affirma cette dernière.
Gajeel acquiesça silencieusement avant de suivre Gray, Levy sur les talons. Même s'il s'était entrainé à être fort tout au long de sa vie, le mafieux ne s'était jamais senti aussi courageux qu'en cet instant, accompagné par celle à qui il tenait de plus en plus. Il était prêt à en découdre et à faire payer ceux qui s'en étaient pris à sa famille. Pour de bon.
Quelque part dans Magnolia, le jeune homme aux cheveux noirs ayant agressé Bixrow était assis sur un canapé en face de la femme envers laquelle il éprouvait une forte déférence.
« Et donc, tu dis que ce type n'en a plus que pour quelques heures ? demanda la femme.
- C'est exact. Le poison de la lame devrait se diffuser rapidement dans son organisme et il est suffisamment rare pour qu'ils ne trouvent pas d'antidote à temps.
- Il vaudrait mieux que ce soit le cas Rogue, reprit la femme. Il ne doit en aucun cas raconter aux Redfox ce qu'il a découvert. Si nous nous sommes alliés avec Sting, c'était précisément pour dissimuler notre implication. Et nous devons rester discrets le temps que je trouve un moyen de l'approcher.
- Vous parlez de cette jeune fille pour qui vous faites tout ça ? Quel est son nom déjà ?
La femme se leva, s'approcha de la fenêtre qui délivrait les dernières lueurs du jour. Elle passa une main dans ses cheveux bruns, dont la teinture commençait déjà à s'estomper pour laisser apparaitre quelques reflets bleutés.
- Elle s'appelle Levy. Levy McGarden…
Ceci marque la fin de ce septième chapitre que j'ai pris beaucoup de plaisir à imaginer et à écrire. Comme d'habitude, je vous invite à me dire si le chapitre vous a plu ou non. Je vous donne rendez-vous pour le huitième chapitre qui arrivera aussi vite que possible. Sur ce, portez-vous bien ! La bise !
* Note : Le film auquel je fais référence existe réellement. Il s'agit de « Miss Sloane » réalisé par John Madden avec Jessica Chastain dans le rôle titre. C'est un film peu connu que je vous conseille vivement car il fait énormément réfléchir sur l'influence des lobbys dans notre société. On est loin du film d'action mais les dialogues sont vraiment percutants et la prestation de Jessica Chastain tout au long du film, et surtout dans la scène finale, est juste une masterpiece.
