Chapitre 10.
Hermione s'était endormie ce soir-là, avec bien plus de difficultés que toutes les nuits qu'elle avait pu passé jusqu'alors, y compris durant la guerre. Elle s'était tournée et retournée dans son lit, à un tel point qu'elle avait lancé un sort pour s'assurer que son insomnie ne perturberait pas ses camarades.
Son dernier échange avec Snape l'avait bouleversé. Ainsi, il lui en voulait d'être morte avant lui ? Quelle belle preuve d'immaturité, du Snape tout craché ! Hermione avait donc passé une bonne heure à ruminer, énumérant en son fort intérieur l'ensemble des arguments prouvant que son ressenti n'avait rien de rationnel. De la température glaciale de l'eau au choc physique, survivre aurait relevé du miracle. Et pourtant, malgré toute l'injustice de la situation, Hermione n'arrivait pas à lui en vouloir autant qu'elle le souhaiterait. Un partie de son coeur s'était brisé lorsque, d'une voix étranglée, il avait donné cette description macabre de sa fin, du sentiment qui lui avait tordu les tripes d'avoir assisté à une horreur pareille. Bien sûr, Hermione n'en avait pas la mesure. Du moins, pas tout à fait. Ses paroles, elle les avait pensé lorsque le souvenir de son corps agonisant par l'attaque de Nagini avait refait surface. Il avait paru presque surpris qu'elle s'en souvienne, mais sans doute son esprit avait-il été trop embrumé par l'attaque pour se rappeler ce soir-là de son intervention.
Les tentatives d'Harry pour le sauver avaient été trop timides, et Hermione l'avait presque chassé de sa position en pressant bien plus franchement à sa place la plaie béante de sa gorge. Elle lui avait dit de tenir bon, glissé des potions dans sa bouche avant que Minerva ne la rejoigne en catastrophe. Lorsque le corps de Snape avait été transporté par elle, Hermione était resté plusieurs minutes prostrée, les yeux fixés sur ses mains dégoulinantes de sang.
C'est sur ce souvenir macabre que le sommeil la rattrapa, alors que son regard se perdait sur les draps rouges de son lit à baldaquin.
xXx
Hermione se redressa d'un bond, le souffle court. Portant sa main à son cou, elle remarqua que que son corps entier était secoué de tremblements. En sueurs, elle avait dû beaucoup s'agiter dans son sommeil pour être dans un état pareil. Ses cheveux trempés collaient à son front, ainsi que sa robe de nuit blanche et bien trop fine pour la maintenir au chaud. Elle mit ainsi plusieurs minutes à se remettre de son cauchemar, perturbé. Secouée de soubresauts, elle chercha du regard sa couverture, laquelle pendait mollement du bout de son lit vers le sol.
Quand elle se pencha pour la récupérer, elle remarqua qu'elle était pourvue du dessin d'un drapeau rouge à croix blanche.
Les sourcils froncés, Hermione se leva avec lenteur, et ses pieds nus rencontrèrent la texture d'une moquette un peu drue. Il faisait froid et elle était seule face à une couchette sommaire à côté d'un minuscule lavabo.
« Mademoiselle Marshall ? entendit-elle alors que son regard venait de se diriger vers la porte close de sa cabine. »
Sans réfléchir davantage, Hermione se dirigea vers cette dernière. Peu attentive à son accoutrement loin d'être présentable, elle ouvrit l'accès à la volée, mais ne fit face qu'au couloir vide des troisièmes classes. Alors elle fit un pas dehors.
Vide.
« Où êtes vous nom d'un chien ? entendit-elle de nouveau tonner.
_ Monsieur ? C'est vous ? »
Sans réfléchir, Hermione s'aventura en dehors de sa cabine, frissonnante, mais pas assez pour mettre de côté sa curiosité. Les couloirs étaient vides de toute présence, et il régnait un silence pesant. Errant au hasard, elle se confronta à une grille fermée donnant sur les ponts supérieurs et soupira de lassitude.
Elle devait avoir rêver. Bon sang, si quelqu'un la croisait dans une telle tenue en train d'errer, elle se ferait remonter les bretelles.
« Je vous cherche depuis au moins une heure, qu'est-ce que vous fabriquez ? »
Non, cette fois, elle ne s'y trompait pas : c'était bel et bien la voix de Severus Hart.
xXx
Snape soupirait pour la énième fois de la soirée, nonchalamment assis sur le rebord d'une fenêtre. L'accès à cette tour du château était interdit. Ainsi, cet endroit était devenu en quelque sorte, son pont d'observation favori, lui permettant de réfléchir tout en préservant sa solitude.
Ce soir, pour la première fois depuis bien longtemps d'ailleurs, il était tenté de se griller une cigarette, juste une petite, pour se détendre au beau milieu de tout ce capharnaüm.
Il avait arrêté depuis la fin de la guerre cette fâcheuse habitude, mais bon sang : il tuerait pour une clope, là, tout de suite.
Cette histoire avec Granger le rendait tout bonnement dingue depuis des semaines. Oh, cela s'était « bien » passé durant les premiers jours. Il avait naïvement cru qu'il pouvait tenir la cadence, mais s'eut été bien mal se connaître. Une nouvelle fois, Snape grogna dans le vide, agacé par lui-même.
Il était prévisible au vu de son caractère qu'un petit détail de ce genre finisse par peu à peu le ronger. Et l'amertume, ça, il ne savait pas le réprimer. C'était plus fort que lui : il en voulait à Granger de se sentir de cette façon, d'avoir assisté à tout ça tout en sachant qu'elle n'y était strictement pour rien. Mais même s'il tentait de se raisonner, rien à faire.
Une seconde, Snape ferma les yeux. Comme il était rare de bénéficier d'un peu de calme auditif dans une école telle que Poudlard surpeuplée. Les couloirs raisonnaient d'un brouhaha incessant toute la journée, et les soirées étaient dans cesse perturbées par les bavardages des tableaux. Autant dire qu'en cet instant, il était plus qu'appréciable de n'entendre que la brise souffler vers la cimes des arbres de la Forêt Interdite.
Pourtant, un bruit le fit soudain ouvrir les paupières, alors qu'une personne en contrebas était probablement en train de trainer les pieds dans le chemin de gravier qui longeait le parvis. Snape se pencha, hésitant à sortir de son perchoir pour débusquer le fou furieux qui était en train de défier le couvre feu. Contrairement aux idées reçues, il lui arrivait de faire preuve de fainéantise lorsqu'il s'agissait de tirer le col d'un étudiant, surtout s'il devait lui filer une retenue qu'ils subiraient tous les deux.
Seulement, lorsque Snape cligna des yeux vers la silhouette d'une jeune femme aux cheveux bouclés, s'orientant aléatoirement au beau milieu de la pelouse, le potionniste se leva d'un bond et courut à une vitesse si folle dans les escaliers qu'il manqua de se casser la figure à de multiples reprises.
Cette sombre folle était en train de se diriger vers l'embarcadère.
xXx
« Severus ? »
Hermione finit par s'arrêter sur place, fatiguée. Les bras ballants, elle émit un long soupir de lassitude. Non mais qu'est-ce qu'elle foutait au juste ?
Alors qu'elle était sur le point de rebrousser chemin, elle sentit le paquebot vibrer d'une secousse, si forte qu'elle perdit l'équilibre et émit un petit cri.
xXx
« Granger ! hurla Snape vers elle, d'un ton cette fois bien plus affolé. »
Il avait bien essayé de la raisonner, sans s'apercevoir qu'elle n'entendait rien. Durant cinq bonnes minutes, il avait pensé qu'elle faisait exprès de l'ignorer, avant de remarquer ses paupières closes. Alors, son coeur s'était arrêté car le danger était tout autre, surtout sur ce chemin sinueux menant vers le bord du lac qu'elle s'était amusée à courir.
Les mains tremblantes comme une feuille, il était lui même dans un tel état de panique intérieure qu'il n'avait même pas réussi à former un patronus, et qu'il était tout bonnement hors de questions de retourner au château et de la mettre plus en danger en l'abandonnant là. Il jura tout haut, car une chose pareille ne lui était encore jamais arrivé.
Alors il avait enjambé la rambarde fermée par Rusard qu'Hermione avait réussi à traverser par on ne sait quel miracle. Mais la jeune femme était déjà arrivée au petit embarcadère et il s'en voulu dans l'immédiat de ne pas avoir agit plus tôt lorsqu'elle se mit à longer la bâtisse en marchant sur un ensemble de lattes fragiles comme une funambule.
Snape avait peur que le bois ne puisse supporter leurs poids s'il la rejoignait pour la déloger de force. Aussi, il l'avait suivi à bonne distance, s'époumonant à tenter de la réveiller, en vain.
Une bourrasque fit soudain vaciller la jeune femme qui émit un petit cri en laissant tomber un de ses pieds sur le bord de l'eau.
xXx
Soudain, Hermione devint blême en baissant les yeux, sentant ses pieds nus se mouiller. Elle vit ainsi l'eau commencer à s'insinuer sur le sol, glacée, et à une vitesse inquiétante. Figée par la peur, elle se retourna pour retrouver son chemin et tenter de monter, tout en se souvenant soudain que Severus l'appelait quelques minutes auparavant.
Essayait-il de la prévenir ? Si tel était le cas, elle ne pouvait pas le laisser là.
Hermione déglutit, face à un dilemme entre monter vers les ponts supérieurs et continuer de s'aventurer dans les tréfonds du Titanic qui tanguait de plus en plus au fil des minutes. Elle ferma les paupières une seconde avant de prendre une inspiration et de courir dans le sens opposé, tout droit vers les couloirs inondés. Frénétiquement, sa respiration tranchait avec le bruit inquiétant de la coque du bateau, vrombissant comme un animal à l'agonie.
« Severus, sanglota-t-elle. »
xXx
Le potionniste sentit son coeur lâcher, d'autant plus lorsqu'elle l'appela d'un air terrorisé. La jeune femme fit un grand pas qui la fit tomber vers un des bateaux en bois laissé sur le rebord.
« Non ! cria-t-il en s'élançant en avant. »
Mais il était trop tard, alors que l'embarcation non amarrée commençait à avancer seule vers le milieu du lac. Cette fois, Snape reprit ses esprits comme il le put et parvint à articuler un patronus précaire qui s'envola vers le château. Le regard vif, il se pinça la bouche et se précipita dans la bâtisse afin de rentrer sans aucune hésitation dans une des barques qui, après qu'il s'y soit installé, alluma sa lanterne et partit à son tour.
xXx
Hermione entendit soudain une drôle de conversation. Elle pouvait reconnaître entre mille la voix de Voldemort et son corps entier se figea d'horreur lorsqu'elle s'aperçut qu'elle provenait d'une des cabines à côté desquelles elle marchait. Terrorisée, elle s'assise au pied de cette dernière, l'oreille collée à la porte.
« La baguette, m'obéit-elle pleinement ? Tu es un homme intelligent Severus, tu dois le savoir. Envers qui est-elle véritablement loyale ?
_ Envers vous. Bien sûr. »
Hermione trembla, autant de froid que de frayeur. Lorsqu'elle baissa les yeux, un mince filet d'eau s'échappait de l'interstice, venant mouiller peu à peu le bas de sa robe de nuit. Son instinct lui hurlait de partir d'ici au plus vite et pourtant, lorsqu'elle entendit le timbre de Severus, elle ne put se résoudre à le faire.
C'était impossible qu'il soit ici, oui impossible. Et pourtant, elle ne parvenait à se raisonner, pas plus qu'elle ne pouvait bouger le petit orteil.
« La baguette de sureau ne peut me servir comme il se doit parce que je ne suis pas son vrai maître. Elle appartient au sorcier qui a tué son dernier propriétaire. Tu as tué Dumbledore, Severus. Tant que tu vivras, la baguette ne pourra m'appartenir vraiment. »
C'est alors qu'elle se souvint de cet instant, comme si elle le revivait une seconde fois. Son coeur s'emballa et ses mains s'agitèrent tandis qu'elle se leva face à la porte.
« Tu as été un bon et fidèle serviteur, mais moi seul peut vivre à jamais. »
D'une impulsion folle, uniquement mue par ses souvenirs entremêlés, Hermione cria un « non » à s'en casser la voix avant d'ouvrir soudain la porte.
Son corps entier se figea lorsqu'elle tomba sur une pièce vide.
Voldemort n'était pas là.
Mais Severus lui, se tenait dos à elle. Il se tourna à son cri, et prononça juste son prénom du bout des lèvres avant que le hublot derrière lui n'éclate sous la pression. Alors, Hermione ne vit plus rien que de l'eau, s'engouffrer vers elle, l'étouffant alors que la lutte était impossible.
Noyer.
Elle se noyait.
xXx
« Hermione ! cria enfin Snape en se levant d'un bond. »
La jeune femme venait de se lever et de hurler avant de s'élancer dans le vide, la faisant tomber de tout son corps dans le lac. Sans réfléchir d'avantage, Snape plongea à son tour.
Il n'était pas un bon nageur, très loin de là. En vérité, il avait même une frousse bleue de l'eau, et même s'il commençait sérieusement à comprendre pourquoi il avait tapé une crise de panique à son arrivée dans ces putains de barques durant sa première année, il ne pensa à rien d'autre qu'à Hermione qui venait de tomber et bordel, qui ne remontait pas à la surface.
« Merde, merde, merde, répéta-t-il en se débarrassant de ses chaussures qui l'encombraient et de sa cape qui dériva toute seule sur la surface. »
Lorsqu'il arriva près de sa barque, Snape se mit à chercher dans tous les sens avant de plonger tête la première sous l'eau. Il ne lui fallut guère longtemps pour l'apercevoir quelques mètres plus loin. Elle semblait continuer de lutter, malgré ses paupières closes.
Bon sang, même le choc thermique n'avait pas pu la réveiller !
A une vitesse surnaturelle, Snape nagea jusqu'à elle et la prit par la taille. Elle s'agrippa à lui sans pour autant se réveiller et il reprit une grande inspiration en retrouvant la surface.
« Granger ! finit-il par l'appeler, une fois son souffle reprit. Granger, réveillez-vous. »
Sa tête ne tenait plus droite. Elle n'était plus qu'une poupée de chiffon dans ses bras, les cheveux mouillés collés sur son front, tout comme les siens qu'il rabattit en arrière en un geste brusque.
Snape redressa comme il le put son visage et passa une main sur sa joue froide.
« Hermione, appela-t-il d'une voix étranglée. Réponds-moi. »
Les gouttelettes sur son visage couvraient probablement ses larmes naissantes alors qu'une Minerva affolée venait de faire irruption, hurlant d'horreur à son tour en voyant son collègue tenir à bout de bras son élève, inconsciente au beau milieu du lac.
« Je ne le pensais pas, murmura-t-il, le coeur sur le point de s'arrêter. Je vous le jure, je suis un sale con. Juste un sale con. Réveillez-vous. »
Toujours inconsciente, Snape passa sa main sur son front avec une délicatesse rare. Enfin, il semblait observer ses traits. Ses yeux clos, la couleur de son teint, la forme de ses boucles qui s'emmêlaient dans ses doigts. Elle était la même, exactement comme dans ses souvenirs. Et il tuerait pour la revoir sourire une nouvelle fois, même si ce devait être la dernière. Merde, il n'était vraiment qu'un abruti de première.
« Je ne peux pas revivre ça, pas encore, chuchota-t-il, la gorge étreinte par l'émotion. Je ferais n'importe quoi. »
Hermione semblait avoir abandonné les armes tandis qu'il la redressa encore plus contre lui, si gêné qu'il commença à claquer des dents tandis que les joues de la jeunes femmes se rosirent.
« Je m'excuserais. Je le ferais, même mille fois s'il le faut, je ferais ce que vous voulez. Mais ne me faites pas ça. Je n'y survivrais pas. »
C'est alors que la jeune femme se mit à tousser, compulsivement et à recracher de l'eau. Lorsqu'il s'aperçut qu'elle respirait, Snape reprit enfin se souffle.
« Par Merlin, jura-t-il en l'étreignant sans vraiment réfléchir.
_ Severus, articula difficilement la Gryffondor, si fatiguée qu'elle ne parvenait même pas à rester à la surface seule.
_ Je suis là. »
Il posa ainsi une main sur sa tête, comme s'il voulait s'assurer qu'il la tenait bien. Avec difficulté, il nagea jusqu'à la barque qui avança elle aussi vers eux et qui se pencha pour recueillir la jeune femme. Snape l'y déposa, à bout de force avant de puiser dans ses réserves pour se hisser à bord à son tour. Alors, il s'écroula presque sur elle, le corps meurtri et le souffle court.
« Ne me faites. Plus jamais. Ça, articula-t-il entre deux essoufflements.
_ Où… où est-ce que je suis ? réalisa enfin Hermione alors que ses paupières clignaient avec frénésie.
_ Sur le lac, pauvre petite idiote.
_ Le… le lac ? »
Hermione retrouva enfin une vue correcte, et tomba sur le visage de Snape penché au dessus du sien. L'eau dans ses cheveux perlait sur elle, chaque gouttelette venant se nicher dans son cou. Elle réalisa à travers ses tremblements et son regard inquiet, ainsi que ses propres bouffées de chaleur qu'il continuait de la réchauffer par simple réflexe. Essoufflée elle aussi, elle commençait peu à peu à transpirer et déglutit.
« Vous m'en voulez ? »
Snape fronça alors les sourcils. Il avait envie de l'insulter de crétine. Mais à quoi pensait-elle ? Il avait eu la putain de peur de sa vie. Lui en vouloir était réellement le dernier des sentiments qu'il pourrait ressentir en cet instant.
Il soupira alors et se laissa un peu plus choir, épuisé.
« Bien sûr que non, marmonna-t-il en plaquant ses cheveux une nouvelle fois en arrière. »
Elle remarqua enfin qu'il était trempé jusqu'aux os et éreinté.
« Vous… vous m'avez sauvé ?
_ Evité la noyade serait plus correct. »
Hermione tourna alors un visage surpris, ou plutôt sous le choc vers Snape qui la regardait avec cette lueur particulière, entre inquiétude et soulagement. Dans cet accoutrement, il lui ressemblait plus encore. Son estomac se noua, et elle ouvrit la bouche, sans parvenir à dire autre chose.
Elle avait envie de le remercier, mais aucun son ne pouvait sortir de sa gorge. Elle sentait la barque continuer son avancée, sans doute vers le ponton le plus proche. Allongée de la sorte et à demi sous le poids de son professeur, elle ne pouvait dire où ils en étaient. Peu à peu, quelques bribes lui revenaient en mémoire.
Ses appels, son cri, sa promesse, ses excuses, ses supplications.
De nouveau, elle cligna ses yeux noisettes vers lui. Faiblement, Hermione leva une main qu'elle passa dans ses cheveux avant que son pouce ne vienne caresser la joue du maître des potions. Et il se laissa faire, son esprit vagabondant sur les traits fatigués de la jeune femme.
Hermione ferma les paupières, dans l'espoir vain de figer l'instant. Alors il ne lui en voulait pas tant que cela. Il ne le pensait pas. Comment aurait-il pu ?
Sa nuisette de nuit bien trop légère lui collait à la peau, et pourtant, elle ne s'était jamais senti aussi bien. Son regard dévia vers ses lèvres, abritant ses dents qui claquaient un peu sans le vouloir. D'un geste lent, si lent qu'une heure entière n'aurait pas suffit, ils entamèrent une longue avancée l'un vers l'autre.
Snape avait l'impression que son cerveau ne fonctionnait plus qu'au ralenti, et Hermione quant à elle, ne préférait même pas songer à ce qu'elle était en train de faire.
Alors qu'elle sentait son nez frôler le sien, Hermione fut prise d'une quinte de toux et envoya l'équivalent d'une gorgée complète de flotte au visage de Snape qui grimaça de dégout.
« Bordel Granger ! beugla-t-il soudain en s'essuyant le visage d'un revers de manche. »
Puis, le bateau s'arrêta brusquement, faisant tomber plus lourdement encore Snape sur elle.
« Miss Granger ! venait de clamer une petite voix féminine juste au dessus d'eux, un brin apeurée. Attendez, je vous aide. »
Lorsque Hermione redressa son visage, elle vit Pompom et Minerva se pencher sur eux d'un air paniqué.
C'est alors que Snape trouva la force de se redresser, d'abord sur les genoux. A son étonnement, il l'aida à faire de même, sans tenir compte de la main tendue de la magicomage. Hermione se retrouva ainsi projeter en avant contre lui et s'écroula entre son torse en une expiration étouffée.
« Severus ! gronda Pompom d'un air sévère.
_ J'ai la tête qui tourne… souffla Hermione en se raccrochant aux épaules du maître des potions.
_ Et sinon, vous attendez quoi pour invoquer une civière espèce d'incompétente ! »
