Disclaimer : Je ne suis pas cette chère et talentueuse JKR. Il y a une grosse différence entre nous : elle est riche et moi plus que fauchée...

Bêta : L'indispensable Mokonalex (courage, tes vacances arrivent...)

Assistante/Elfe de Maison/Infirmière : Mirabelle 31 qui est "reviendue" de vacances ( Mira ? Masse-moi les pieds ! Comment ça je suis un tyran et tu veux des chaussettes ? )

Note de l'auteur : Vous allez découvrir un univers alternatif particulier. Dans ce Monde Magique archaïque et rétrograde, toute notion de plaisir ou de loisirs est bannie. Les mariages sont arrangés et n'ont qu'un seul but : la survie de la lignée. Et pour ça tout est bon...

Dolorès veille aux bonnes moeurs à Poudlard... donc le pire est à craindre.

Être gay était il y a peu, passible d'Azkaban et du baiser du détraqueur... Vous voyez l'ambiance.

Le prologue qui va suivre est la présentation de ce monde et sa découverte par Harry, Hermione, Dean et Seamus, nés et/ou élevés-moldus de Gryffondor. Il se termine à la fin de la sixième année d'Harry. Le chapitre suivant prendra le relais aux vacances d'été entre les sixièmes et septièmes années de notre petit Sauveur favori. C'est là que l'aventure commencera vraiment.

Une bonne nouvelle quand même, ce cher Voldychou ne viendra pas nous embêter, je m'en suis débarrassée. Une Dolorès, ça suffit bien...

Cette fic va être publiée ici sous sa version censurée. Donc comme d'habitude, les amateurs de scènes MA trouveront la version intégrale de l'histoire chez Fanfics en Folie. Une note le rappellera en haut de chaque chapitre censuré.

Je tiens à préciser que c'était un O.S... normalement, au départ. Mais hemmm... à 65 500 mots, j'ai commencé à le couper en petits bouts. J'ai sept chapitres de prêts et j'ai pas fini d'écrire cette histoire. Je l'écris en alternance avec Exhumation, pour ceux qui suivent celle-là.

Bonne lecture


À onze ans, Harry Potter était entré dans le Monde Magique sans rien en connaître, juste quelques heures après avoir appris qu'il était un sorcier. Il avait été jeté en pâture aux curieux et aux journaux, sans rien savoir de son passé, de la mort de ses parents, en ignorant même qu'il était célèbre.

Pourtant, le gamin s'y était fait, bon gré mal gré. Tout plutôt que de rester chez ces monstres de Dursley, d'ailleurs…

Il avait rencontré Ron Weasley et Hermione Granger dans le train et ils étaient devenus ses meilleurs amis. Le Monde Magique et Poudlard l'avaient surpris, mais il n'avait rien dit, haussant à l'époque les épaules devant ces bizarreries. Les sorciers étaient étranges, ils avaient de drôles de coutumes. D'abord, ils écrivaient avec des plumes, sur des parchemins. Ils portaient tous des robes jusqu'aux pieds et des chapeaux pointus. Ils ne connaissaient pas l'électricité, la télévision, les voitures, rien de ce qui faisait le monde moderne moldu, et aucun sport à part le Quidditch qui se jouait sur des balais.

Et puis, il y avait cette curieuse séparation entre les garçons et les filles. D'abord, en arrivant dans la Grande Salle, le premier soir après la répartition, on avait fait les garçons se mettre d'un côté de la longue table, tandis que les filles étaient en face. En cours, un côté de la salle était réservé aux filles et l'autre aux garçons. Harry se souvenait très bien être arrivé en retard pour son tout premier cours de métamorphose et avoir, sans y prêter attention, voulu s'asseoir près d'Hermione, première place libre qu'il avait vue. Mais on l'avait fait se relever et se mettre du côté des garçons en lui disant que ce n'était pas correct. Etonné, il avait demandé pourquoi, et le Professeur McGonagall, la bouche pincée, avait répondu que c'était la coutume.

Drôle de coutume…

Harry avait aussi découvert qu'il était impossible de monter l'escalier menant au dortoir des filles car il se transformait aussitôt en toboggan et une alarme stridente se déclenchait. Il était resté bête, assis par terre, le livre emprunté à Hermione à la main et les lunettes de travers, après avoir glissé de tout son long. Percy Weasley, le Préfet des Gryffondors, lui avait passé un savon dont il s'était souvenu longtemps. Ce rat de Percy aurait mieux fait de prévenir les élèves mâles nés ou élevés moldus, plutôt que de se contenter de lui râler dessus et de le punir en lui faisant copier des lignes. Harry avait détesté Percy le lèche-bottes, dès ce jour-là.

Durant sa première année scolaire, il n'avait pas prêté trop attention à la ségrégation qui régnait entre les garçons et les filles. Il avait eu assez à faire entre les inimitiés Serpentard/Gryffondor, le Professeur Quirrel et son turban qui abritait Lord Voldemort, les mauvais coups de Drago Malefoy et la méchanceté gratuite du Professeur Rogue, pour remarquer le comportement social des élèves plus âgés. À la fin de cette même année, il avait vaincu encore une fois Lord Voldemort en réduisant en cendres Quirinus Quirrel par la même occasion. Pour ce haut fait, on l'avait récompensé d'un nombre important de points, tout comme Ron, Hermione et même Neville, ce qui avait fait gagner la coupe des quatre Maisons à Gryffondor. Et cela avait suffit au bonheur du petit sorcier.

L'année suivante, il avait remarqué qu'il n'était pas facile du tout de trouver des vêtements moldus dans les boutiques du Chemin de Traverse. Il avait entendu Hermione se plaindre qu'il était impossible également de trouver un jean ou même aucun pantalon pour filles dans ces magasins. Les sourcils froncés, Harry avait détaillé son amie, et regardé l'austère uniforme anthracite qu'elle portait sous sa robe de sorcière toujours fermée, un jour qu'elle se plaignait d'avoir chaud. Il avait haussé les épaules et lui avait conseillé de retirer sa robe de sorcière ou du moins, de la laisser ouverte. Mais Ron s'était interposé, horrifié, révélant que c'était interdit pour cause d'indécence. Harry et Hermione s'étaient moqués de lui, hilares, mais Hermione toisant les regards glacés des filles Rouge et Or, n'avait pas osé tenter l'expérience. Cette pudibonderie avait commencé à les intriguer, mais ils étaient encore trop jeunes pour véritablement s'en préoccuper.

En troisième année, Hermione avait fouillé la bibliothèque et affronté Irma Pince pour apprendre que non, Poudlard ne possédait aucun livre de sciences naturelles ou d'anatomie comportant des planches explicatives d'aucune sorte. Rien sur le fonctionnement du corps humain, les changements attendus à l'adolescence ou même la reproduction. Elle s'en était inquiétée auprès d'Harry, après avoir subi les foudres et les regards outragés du dragon qui gardait l'antre aux grimoires poussiéreux. Tous deux s'étaient isolés pour discuter des petites choses qu'ils avaient remarquées ici et là, au fil du temps.

D'abord, il n'y avait pas de couples à Poudlard. Parmi les élèves des années supérieures, il n'y avait aucun rapprochement de nature romantique comme cela était habituel dans les établissements scolaires moldus. Personne ne se tenait la main, personne ne se faisait des petits bisous en se cachant ici ou là, jamais personne ne s'isolait dans les fourrés avec un élève du sexe opposé ou pas. Il semblait y avoir un inquiétant tabou sur ce genre de rapprochement. Mais là, encore, Harry ne s'était pas attardé sur le problème, il avait eu mieux à faire : son parrain Sirius Black s'était échappé de prison pour se venger du traître responsable de ses malheurs et de la mort de James et Lily Potter, Peter Pettigrow. Le sorcier qui se cachait sous sa forme d'animagus – un rat – chez les Weasley depuis des années, avait été repris grâce à Harry, Ron et Hermione. Sirius Black avait été innocenté et il avait aussitôt filé sous les Tropiques, pour se payer du bon temps, laissant Harry, déçu et meurtri, retourner chez Vernon et Pétunia Dursley.

Durant sa quatrième année, Harry avait ouvert un peu plus les yeux. Ron avait surpris Dean en train de se tripoter sous ses draps, un soir. Et le rouquin coincé avait fait un scandale… lui disant qu'il allait devenir sourd, que son sexe allait pourrir et tomber et qu'il était encore une fois… indécent. Ce mot revenait souvent dans la bouche de Ron. Tout était indécent avec lui. Une robe de sorcière ouverte dévoilant une jupe d'uniforme taillée aux genoux et des collants plus qu'opaques, c'était indécent. Un magasine moldu montrant des filles en bikinis, c'était également indécent.

Ce jour-là, Dean avait pouffé de rire, en répondant à Ron qu'il n'avait jamais lu Playboy. Non, il n'avait pas lu, sinon il aurait eu une attaque. Neville avait baissé les yeux, gêné, mais son attitude générale avait prouvé qu'il cautionnait la pudibonderie obsessionnelle de Ron Weasley.

Hermione mise au courant, avait avoué que ses deux condisciples Lavande et Parvati étaient d'une naïveté alarmante et même dramatique. Elles ignoraient tout de leur corps, ne comprenant rien à ce qui leur arrivait une fois par mois, l'appelant la malédiction sanglante et en étant terrifiées à chaque fois, sanglotant qu'elles ne voulaient pas mourir.

La jeune né-moldue, excédée, leur avait donné des explications simples que les deux filles n'avaient pas voulu croire. Pour elles, ça n'avait rien à voir avec la possibilité d'avoir des enfants, c'était du n'importe quoi. Ce n'était pas naturel, mais une malédiction, un mauvais sort et rien n'avait pu les faire changer d'avis.

Seamus qui était un sang-mêlé, avait surpris Harry, Hermione et Dean, un soir après la première épreuve de la coupe des trois sorciers, qui passionnait l'école. Les trois jeunes élevés moldus étaient assis par terre devant la cheminée de la salle commune, seulement éclairés par le feu qui flambait dans l'âtre.

— Ça craint, n'empêche, le Monde Magique, avait murmuré Dean en secouant la tête. Ils sont coincés comme c'est pas possible. J'n'avais jamais trop fait attention jusqu'à cette année, mais maintenant qu'j'ai remarqué, ça dépasse tout.

— Nous avions remarqué depuis longtemps, Harry et moi, avait rétorqué Hermione en soupirant. Les garçons et les filles sont séparés à table, en cours… les dortoirs sont inaccessibles pour l'autre sexe, même pour aller demander un renseignement à la porte ou un truc banal. Il n'y a aucun grimoire de sciences naturelles ou de médicomagie à la bibliothèque, et je peux vous dire que les filles de notre année ne savent même pas comment on fait les bébés.

— Quoi ? avait presque crié Harry, soufflé par la nouvelle. Mais enfin, Mione, je suis un garçon, j'ai été élevé par deux Moldus coincés et rétrogrades comme c'est pas permis, et je sais comment on fait les bébés. On avait vu ça en dernière année de primaire, et même ce crétin de Dudley avait assisté à ce cours alors qu'il faisait tout pour sécher les sciences naturelles, d'habitude.

— J'ai également eu ce cours dans mon ancienne école primaire moldue, Harry. C'est dans le programme scolaire. Dean a dû l'avoir aussi, avait affirmé la jeune sorcière sentencieusement.

Dean avait hoché la tête pour confirmer ce qu'Hermione venait de dire.

— Vous croyez qu'les profs sont mariés ? avait-il demandé en regardant ses deux condisciples alternativement. C'est vrai, ils sont toute l'année à Poudlard, on les voit jamais quitter l'école et on les voit jamais accompagnés par quelqu'un qui pourrait être leur conjoint.

— Aucune idée… avait fait Harry. McGo, je pense pas, Dumbledore non plus, sinon ça se saurait. Rogue… il passe ses nuits à arpenter les couloirs comme un vampire en quête de sang, et puis avec son sale caractère, ça m'étonnerait qu'il baise celui-là !

— Harry ! Voyons ! avait pouffé Hermione en donnant une tape sur le bras de son ami, tandis que Dean roulait sur le sol en se tenant les côtes.

C'était à ce moment-là que Seamus avait surpris ses amis. Il s'était assis près d'eux en souriant de toutes ses dents.

— Je pensais que vous étiez tous au courant depuis le temps, avait-il remarqué. J'croyais que Ron vous aurait expliqué…

— Expliqué quoi ? avait demandé Dean en reprenant son sérieux.

— Ok… nan, vous savez rien, ou presque. Le Monde Magique, c'est pas ce que vous croyez. C'est hyper rétrograde et ça va loin, je peux vous le dire. Ici, les mariages sont arrangés. Tout le temps. Y a pas de couples qui se choisissent, ça n'existe pas.

— Hein ? Les mariages sont arrangés ? Pas de mariages d'amour ? On ne choisit pas qui on veut épouser ? s'était horrifiée Hermione, les yeux comme des soucoupes et la main sur la bouche.

— Nan. Ce sont les parents qui choisissent et on a rien à dire. Ça marche surtout pour les sang-purs. Nous, on a des chances de pouvoir y échapper.

— Explique tout ce que tu sais, Seam', avait alors ordonné Harry, tout ouïe.

— Ouais, explique ! avait insisté Dean.

— C'est facile. Le sexe c'est interdit. C'est le tabou total, les mecs. Sortir avec une fille, ou un mec pour une nana, ben… c'est même pas en rêve. La branlette – désolé Mione – vous avez vu les réactions, ça passe pas non plus. Y a pas de couples à Poudlard, même pas en septième année. Les sang-purs savent que c'est pas possible, les né-moldus ont trop peur des représailles, une fois avertis, et les sangs-mêlés pareils donc ils se cachent et font ça dans le Monde Moldu.

— C'est n'importe quoi, avait fait Harry, la mine dégoûtée.

— Moi je suis comme Harry, un sang-mêlé. Ma mère est une sorcière de sang-pur. Pour échapper à un mariage arrangé avec quelqu'un qu'elle détestait, elle s'est barrée dans le Monde Moldu. Elle a tout laissé derrière elle, le lendemain de son diplôme et bien sûr elle a été reniée. Elle a connu mon père, un pur Moldu et elle s'est mariée avec lui sans lui dire qu'elle était une sorcière. J'vous l'avais dit, ça, en première année… me rappelle. Elle avait trop les boules de se faire jeter, mais nan. Une fois la surprise passée, ça l'a fait. Chez nous, y a les deux… Y a l'électricité et pis on a une bagnole et pis une machine à laver et tout quoi, mais ma mère fait toute la bouffe et le ménage avec sa baguette. Mon vieux trouve ça hyper cool. Ma mère adore le téléphone et la télé, elle passe son temps devant le poste à regarder plein de conneries sentimentales. Elle nous a bien dit à ma p'tite sœur et moi, que si on voulait être heureux plus tard, après Poudlard, faudrait pas rester dans le Monde Magique.

— Je… Je commençais à me poser la question, avait avoué Hermione en baissant les yeux sur ses chaussons lapins.

— Tu veux quitter le Monde Magique ? avait fait Harry, horrifié.

— Pas maintenant, Harry ! Après les ASPICs ! Non seulement les sang-purs font la pluie et le beau temps au Ministère et toutes les places leur sont réservées, mais en plus les coutumes rétrogrades me déplaisent énormément. Ils ont des Elfes en esclavage, ils marient leurs enfants sans leur accord et pire, ils marient leurs filles qui ne savent rien de la sexualité la plus élémentaire.

— Mione… Lav' et Parvati, c'est pas des fut'fut'… tu sais pas si c'est comme ça pour les autres…

— C'est comme ça pour toutes, Dean, avait révélé Seamus en soupirant. Ma mère m'a raconté que mon père avait dû lui acheter un livre exprès pour lui expliquer. Elle savait rien en se mariant. Même pas comment un mec était fabriqué. Ici, on s'embrasse pour la première fois après le mariage. On se serre la main, une fois fiancés. Avant le mariage, les fiancés n'ont jamais été seuls dans la même pièce, ils ont toujours eu un chaperon. Une fois que la femme est enceinte, les couples font chambre à part et fini le crac-crac. Ou je devrais dire, la corvée conjugale.

— C'est pour ça que les familles de sorciers n'ont que très peu d'enfants ! Je me demandais comment ils faisaient, je croyais qu'ils avaient des contraceptions efficaces !

— Ouais, Mione, en quelque sorte ! L'abstinence, c'est la meilleure contraception, avait pouffé Seamus.

— Ah ouais ? Mais comment vous expliquez que chez Ron, ils soient sept gamins ? avait objecté Harry.

— Facile, vieux ! Ils ont pas la télé… avait pouffé Dean. Et pis leur cheminée doit pas avoir assez de tirage l'hiver. Faut s'protéger du froid !

Harry, Dean et Seamus, hilares, s'étaient congratulés et avaient frappés dans leurs mains, ravis des bêtises qu'ils avaient sorties, devant une Hermione exaspérée de ces enfantillages.

Cette année-là, leurs préoccupations sur le sujet n'avaient pas été plus loin. L'année avait été paisible et Cédric Diggory avait sans surprise, remporté le Tournoi des Trois Sorciers. Lord Voldemort n'avait jamais fait la moindre réapparition depuis sa tentative avortée en première année, malgré les craintes d'Albus Dumbledore. Aucune Marque des Ténèbres ne s'était manifestée ou avait changé de couleur depuis la nuit d'Halloween 1981 et aucun Mangemort n'avait tenté de reprendre du service ou de faire revenir son Maître. Après un procès très médiatique, Pettigrow avait été embrassé par un Détraqueur ainsi que les autres Mangemorts détenus depuis des années, Fudge ne voulant pas qu'un prisonnier tente de s'échapper comme l'avait si bien réussi Sirius Black.

En cinquième année, les choses avaient un peu bougé. Dolorès Ombrage avait été nommée Professeur de Défense Contre les Forces du Mal. En effet, Dumbledore n'avait pas réussi à trouver un enseignant, le poste n'ayant pas bonne presse et étant réputé maudit, ce qui était une pure fantaisie. En fait, les professeurs choisis n'étaient pas très bons ni très stables et il leur arrivait des ennuis ou des accidents à cause de leur incompétence. Quirrel avait abrité Lord Voldemort à l'arrière de son crâne. Gilderoy Lockhart avait été un fraudeur qui s'était accaparé les exploits d'autrui et avait effacé leur mémoire d'un Oubliette sauf qu'une fausse manipulation avait fait le sort rebondir sur lui la dernière fois et lui avait valu un séjour permanent à Sainte-Mangouste, l'hôpital magique. Remus Lupin avait été compétent mais aussi un loup-garou qui avait oublié de prendre sa potion Tue-Loup une nuit de pleine lune. Il avait failli dévorer quelques élèves qui bravaient le couvre-feu et par conséquent, les parents et le conseil d'administration avaient exigé son renvoi. L'année précédente, l'ancien Auror Maugrey Fol Œil était sorti de sa retraite pour assurer le poste, mais il s'était révélé complètement paranoïaque et même dangereux – «totalement givré» comme l'avait si bien dit Harry – et l'homme avait également été remercié à la fin de l'année scolaire.

Le pauvre Professeur Dumbledore n'avait toujours trouvé personne quelques jours avant la 5ème rentrée d'Harry Potter et avait donc dû accepter l'enseignante nommée par Cornélius Fudge, le Ministre. La nouvellement élue à ce poste n'avait pas tardé à faire preuve d'une abominable incompétence qui avait désespéré les élèves ainsi que les professeurs. Chaque classe n'avait fait que lire son livre de cours – en plus un très mauvais – sans jamais faire une seule minute de pratique. Il s'était raconté dans les couloirs que Severus Rogue et Filius Flitwick avaient donné des cours de rattrapage aux élèves de leurs Maisons, le soir dans leurs Salles Communes, mais personne n'en avait jamais été certain. Pour les Gryffondors et les Poufsouffles, c'était Harry qui s'y était collé avec les préfets de Chourave, voyant que Minerva McGonagall ne bougeait pas.

Sous l'égide de Dolorès Ombrage, également nommée Grande Inquisitrice de Poudlard, le climat s'était assombri, cette année-là. Les filles et les garçons ne pouvaient plus s'asseoir sur un banc sans respecter un mètre entre eux. Les tenues vestimentaires avaient été encore plus surveillées qu'avant et les jupes des uniformes, pourtant dissimulées sous les robes et capes avaient rallongé jusqu'à mi-mollet. Les entraînements de Quidditch des équipes mixtes avaient tous eu lieu sous l'œil acéré de l'Inquisitrice ou des membres de sa brigade. Il n'avait plus été toléré les groupes d'amis comprenant des élèves de sexes opposés et Harry et Hermione avaient dû supporter bon nombre de retenues pour non respect de cette nouvelle règle. À leur grande surprise, Ron avait choisi de faire partie de la Brigade Inquisitoriale dirigée par Drago Malefoy et qui ne comprenait que des élèves de sang-pur.

Les retenues données par Dolorès Ombrage avaient été les plus redoutées, jusqu'à ce que le Directeur informé ne mette le holà. Le crapaud en rose, comme elle était surnommée, avait utilisé des plumes noires, appelées aussi plumes sanglantes ou plumes de sang sur les élèves. Ces artéfacts normalement interdits car gorgés de Magie Noire gravaient dans la chair des élèves les lignes qu'ils écrivaient avec leur propre sang sur leurs parchemins. Les plumes ayant été soustraites à leur propriétaire, les retenues avaient toutes été confiées aux Directeurs de Maison, à Rusard ainsi qu'à Hagrid, comme auparavant.

Ce fut à l'occasion d'une de ces retenues qu'Harry se posa de nouvelles questions sur le Monde Magique.

Ayant été jugé insolent par Ombrage, il avait écopé de quatre heures de colle avec Severus Rogue et s'était donc présenté cet après-midi-là dans les cachots. Le Maître des Potions qui avait prévu de sortir dans la soirée de ce samedi, avait totalement oublié que son élève honni avait une retenue avec lui. Lorsque l'adolescent s'était présenté dans la classe de potions pour sa punition, personne ne l'y avait accueilli. Il avait attendu quelques minutes, puis, inquiet de l'absence du Professeur habituellement très ponctuel, Harry s'était approché de la porte entrouverte qui au fond de la classe, menait aux appartements du Directeur des Serpentards.

Dans l'entrebâillement, le petit curieux avait alors aperçu le sorcier qui sortait de sa douche. Severus Rogue avait été nu avec juste une serviette aux couleurs de Serpentard autour de sa taille fine. Harry, la bouche sèche et le cœur battant, avait passé de longues minutes à admirer le corps pâle et élancé aux muscles finement ciselés. Il avait suivi des yeux, le trajet des gouttes d'eau qui coulaient le long du dos de l'homme. Il avait aussi regardé l'enseignant se sécher les cheveux avec sa baguette. Mais il avait crû mourir en le voyant retirer sa serviette pour se diriger nu, vers ce qui avait semblé à Harry, être la chambre à coucher de Rogue. Son regard s'était fixé sur la paire de fesses blanches qui lui avait fait face quelques instants. Le jeune voyeur avait senti le rouge lui monter aux joues et avait bien vite rebroussé chemin, le cœur battant, terrifié à l'idée d'être surpris et aussi, il fallait bien l'avouer, un peu déboussolé par la vision de l'homme nu. Il s'était retranché au fond de la classe et s'était assis près de la plonge où les punis lavaient habituellement des chaudrons. Harry avait attendu que le terrifiant Professeur Rogue daigne sortir de ses appartements. L'homme, en le voyant, avait affiché une mine surprise. Visiblement, il avait totalement oublié cette retenue. Harry avait été réexpédié presque manu militari à la tour de Gryffondor. Severus Rogue qui avait été curieusement ce soir-là vêtu en Moldu n'avait eu aucune envie de reporter sa sortie. Et c'était donc la retenue d'Harry qui avait été repoussée au lundi suivant.

Cela avait bien arrangé notre petit Gryffon aux yeux brillants et aux joues rouges de confusion. Il s'était bien gardé de raconter à quiconque ce qu'il avait aperçu et s'était enfermé derrière les rideaux clos de son lit à baldaquin afin de réfléchir à ce qu'il avait ressenti à cette vue.

La sixième année avait été sans surprise. Il n'y avait eu encore une fois aucune trace de Lord Voldemort, et aucun de ses anciens Mangemorts n'avait fait de zèle, si on exceptait celui qui enseignait les potions et dont le seul but dans l'existence semblait être de vider les sabliers de l'école sauf le sien. Contre toute attente, la tristement célèbre Dolorès Ombrage était restée à Poudlard – merci Cornélius Fudge – mais cette fois-ci en tant que professeur d'étude des Moldus… À cette nouvelle, le nombre d'inscrits à ce cours avait dramatiquement chuté, puisqu'aucun nouvel élève n'avait pris cette option en troisième année et ceux ayant obtenu une BUSE même excellente n'avaient pas choisi de poursuivre les cours avancés de cette matière.

Minerva avait déclaré à Dumbledore qu'il serait bien plus profitable de supprimer cette matière, vu le nombre ridicule d'élèves suivant cette option : six pour toute l'école. En outre, personne ne savait ce que l'idiote enseignait aux enfants, mais vu la façon dont ces élèves toisaient les nés-moldus ensuite, il y avait fort à parier qu'Ombrage ne donnait pas dans la délicatesse ni la véracité.

La Brigade Inquisitoriale gardienne des bonnes mœurs avait continué à sévir et Ron s'y était illustré, au grand désarroi d'Harry et Hermione qui reconnaissaient de moins en moins leur ami et n'appréciaient pas trop celui qu'il était en train de devenir.

Le jeune Sauveur avait continué à lorgner le Directeur de la Maison Serpentard en cachette et à fantasmer en songeant à son corps nu entr'aperçu l'année précédente et jamais oublié.