À toi, bienaimé.
Part 1
Dearly Beloved.
Sommaire :
« Le prochain qui entre, je le baise. »
Ou quand un pari tourne au vinaigre.
Blabla de l'auteure:
J'ai l'impression de n'avoir rien n'écrit depuis une éternité. J'ai ce brouillon dans mes dossiers depuis 2022, mais ce n'est que maintenant que j'ai eu le temps, et le courage, de le terminer. Il reste sans doute quelques petites fautes, désolée.
L'histoire comporte trois parties, et la dernière est la plus longue avec ses 15k de mots. En tout cas, la fic est entièrement rédigée, il me manque juste quelques petites corrections. Donc la publication sera régulière. J'ai envie de la poster en une semaine et demi maximum.
C'est légèrement porno. Juste légèrement promis, avec un peu d'intrigue (pas beaucoup en fait), mais relativement bien développer ? Quoi qu'il en soit, bonne lecture !
Une dernière chose.
Si vous n'êtes pas à l'aise avec le sexe, les thèmes lgbt, ou la sexualité en général, s'il vous plait, ne lisez pas !
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Naruto ajustait les boutons de manchettes de son costume tout juste récupéré du pressing avec un ennui clairement visible sur son visage tordu dans une expression boudeuse.
En soupirant, il s'observa avec désintérêt dans le miroir de sa salle de bain. Un coin de son esprit se fit brièvement la réflexion que ce pantalon lui faisait vraiment un cul incroyable et mettait ses longues jambes en valeur, mais il était trop fatigué par avance à l'idée de la soirée qui s'annonçait pour continuer de s'engloutir de constatations auto-gratifiantes.
Global Enterprise Uchiha Corporation – l'entreprise au nom très pompeux dans laquelle il bossait -, organisait une de ses réceptions annuelles dans un hôtel très prisée de la ville. C'était l'occasion de remercier les employés et les partenaires pour leur travail assidu tout au long de l'année et pourquoi pas tisser d'autres liens avec des invités et conglomérats prestigieux.
Cinq ans auparavant, alors qu'il venait tout juste d'entrer dans la filiale et qu'il n'était qu'un membre lambda avec pour ambitions de grimper les échelons, Naruto aurait été prêt à vendre au moins un rein pour avoir la chance de recevoir un carton d'invitation. Mais il avait été promu chef de la cellule informatique il y a quelques semaines, et à présent, toutes ces soirées de gala, au pire, l'irritait, au mieux, le laissait dans l'indifférence la plus totale. Néanmoins, ce serait clairement mal vu qu'il ne daigne pas les honorer de sa présence. Il entendait d'ici les futurs commérages. Le jeune homme n'avait aucune envie d'être catégorisé comme quelqu'un de parvenu, alors s'infliger cette torture restait sa meilleure option pour sa tranquillité d'esprit au bureau. Il s'était d'ores et déjà résigné à devoir y aller.
Seulement voilà, sa fin de semaine avait été un enfer. Rien qui n'arrangeait son humeur déjà massacrante. Il avait eu un rendez-vous avec un type rencontré sur une application de match en ligne vendredi soir, et ils s'étaient retrouvés pour boire un verre dans un bar du coin. Cependant, la soirée ne s'était pas très bien passée et c'était d'ailleurs un euphémisme.
L'expression de Naruto s'était complétement décomposée dès l'instant où il avait posé un pied dans le pub. L'homme en face de lui n'avait rien, mais alors rien, avoir avec le top model qu'il avait vu sur les photos sur son profil. S'il était assez désespéré et socialement atrophié pour chercher des plans culs sur des applis de rencontre, autant qu'ils soient esthétiquement agréables. Et il n'avait pas passé deux heures pour choisir sa tenue et se coiffer exprès dans l'espoir d'impression l'Adonis avec qu'il avait discuté – le prétendu Adonis, plutôt -, pour se retrouver face à un type banal et sans personnalité pour qui il ne se retournerait même pas dans la rue, même shooté au tramadol comme un cycliste du tour de Tōkyō.
La seule raison pour laquelle Naruto n'avait pas tourné les talons sur le champ était qu'il avait un minimum de respect pour les gens en général et qu'il n'était pas un total connard qui ne se souciait que du physique. Il avait passé la soirée avec le type en espérant découvrir quelque chose sous sa personnalité de poisson rouge, même un fétichisme bizarre aurait pu le convaincre. Cependant, au fur et à mesure que la soirée avançait, il s'était rendu à la triste évidence qu'il n'allait pas baiser ce soir-là.
Même quand l'homme en question, juste à la sortie du bar, s'était enfin décidé à manifester un peu de couille en posant sa main de gosse de maternelle – alors qu'il avait prétendu sur l'appli de rencontre avoir des mains de catcheur -, dans le bas de son dos en signe plus ou moins clair d'invitation à poursuivre la soirée ailleurs, Naruto s'était juste contenté de lui adresser un sourire crispé en marmonnant 'désolé mec, ça va pas le faire' avant de bifurquer dans une rue et de rentrer chez lui au pas de course. Heureusement, il avait bu assez d'alcool au cours de la soirée pour directement tomber de fatigue aussitôt que sa tête rencontra son oreiller, et ainsi, éviter d'amples apitoiement sur la situation plus qu'alarmante de sa vie sexuelle.
Cette mauvaise expérience l'avait dissuadé de retenter sa chance le samedi soir alors qu'il était vautré dans son canapé à ne rien faire et à désespérément attendre que quelque chose d'assez intéressant se produise. Sa routine morne l'avait rendu à l'affût du moindre mouvement inhabituel dans son environnement, mais évidemment, rien ne s'était passé. Tout du moins, s'il considérait que la discute de couple de ses voisins de palier était quelque chose d'intéressant – ce qui n'était pas le cas.
Et aujourd'hui dimanche, en dépit de son accablante vie sociale, il n'avait tout de même aucune envie de sortir de chez lui pour aller graisser des pattes et faire semblant d'apprécier les discussions sur la bourse et le commerce.
Mais avait-il le choix ? Il s'était aussi résigné à abandonner la recherche de petit ami en ligne. Au final, se rendre à cette cérémonie n'était qu'un autre élément sur la longue liste de concession qu'il avait faite à son existence en globalité.
Sauf qu'un Naruto frustré sexuellement, c'était un Naruto grincheux, alors les gens à cette maudite soirée allait devoir s'y faire.
Ainsi, à 19 heures tapantes, il se décida à descendre dans le parking de son immeuble et à prendre sa voiture. La ville commençait à plonger dans le crépuscule d'été, et l'air se rafraîchissait progressivement. La circulation était forte heureusement peu dense lorsqu'il roula le long du front de mer. Le GPS de sa Dodge Camaro indiquait que le meilleur itinéraire le ferait arriver devant l'hôtel en moins de dix minutes.
Et effectivement, neuf minutes et cinquante secondes plus tard, il se gara sur le parking déjà très prisé de l'établissement de luxe. À l'intérieur, une foule de clients allaient et venaient dans le hall fourmillant d'activité. Lorsqu'il arriva dans l'immense salle de réception louée pour l'occasion, il eut le soulagement d'y découvrir Haku et Shikamaru, ses collègues, mais aussi plus proches amis, quelque peu à l'écart des conversations dans un coin de la salle. Il les rejoignit rapidement après avoir récupéré un verre de champagne sur le plateau d'un serveur.
« Les gars qu'est-ce que je suis heureux de vous voir, putain ! », s'exclama-t-il en leur offrant à chacun une tape amicale dans le dos.
Shikamaru était son meilleur ami depuis le lycée et ils avaient tous les deux postulé à la même période chez GEUC. Lui au département informatique et le Nara à celui de la comptabilité. Haku quant à lui, travaillait dans l'espace marketing et avait rejoint leur petit groupe il y a trois ans. Honnêtement, Naruto se sentait si proche d'eux qu'il avait parfois l'impression de les connaître depuis bien plus longtemps. Cette soirée s'annonçait déjà moins pénible avec le sentiment de familiarité qu'apportait leur présence.
« T'es vraiment un enfoiré, Naruto », renifla Shikamaru après qu'il eût fini de leur raconter sa mésaventure de vendredi dernier. « Tu as rembarré le mec parce que la taille de son sexe n'était pas assez satisfaisante pour toi ? »
Pas seulement la taille de son sexe. Rien n'allait chez ce type, en dehors bien évidemment du fait qu'il s'était révélé être un menteur qui l'avait appâté avec de belles paroles et de fausses promesses.
« Comment peux-tu en être aussi sûr, vu que vous n'avez rien fait ? », renchérit Haku. « Il aurait pu te surprendre, les vêtements cachent des choses. »
À cela, Naruto poussa un reniflement dédaigneux.
« Mon œil, ouais. Je me suis préparé pour un Dean Fujioka au moins et là j'arrive, je vois une espèce de Lilliputien. Crois-moi Haku, les proportions sont rarement différentes du reste du corps. Je ne suis même pas certain qu'avec sa ficelle de fromage, il aurait pu trouver ma pro… »
« Wow Naruto, personne n'a envie d'entendre la suite », le coupa prestement Shikamaru.
Naruto éclata de rire en haussant les épaules. Vraiment, il était beaucoup moins exigeant qu'il en avait l'air. Mais franchement, qu'était-il censé construire de durable sur la base d'un mensonge aussi sordide ? Il n'était pas vraiment sûr de s'assumer pleinement lui-même pour prendre le risque de porter sur ses épaules le poids des insécurités de quelqu'un d'autres. Il était dans une période de sa vie où il ne voulait plus avoir à faire à des personnes qui se cherchaient encore elles-mêmes. Il voulait quelqu'un de sûr de lui, d'assez confiant pour l'entraîner dans ce frisson de découverte et d'aventure qu'il n'avait plus ressentit depuis son adolescence au moins. Des ambitions sans aucun doutes trop idéalistes pour la frivolité qui ressortait des applications de match en ligne, en général.
Le fait qu'il soit entouré de couples solides formés depuis longtemps dans son cercle d'amis proches ne faisait que renforcer cette impression d'être « à la traîne » par rapport aux autres. De sortir en groupe et de n'avoir personne à qui tenir la main, de recevoir un carton d'invitation simple parce que tout le monde savait qu'il n'aurait pas de plus un à amener, de devoir faire semblant de ne pas remarquer les coups d'œil inquiet d'Iruka (qui même lui était dans une relation depuis deux ans avec Kakashi Hatake, son si gênant professeur de littérature à l'université) qui craignait de le voir finir ses jours seuls et abandonné, à chaque fois qu'il lui rendait visite. Pourtant, Naruto était la personne la plus sociable du monde, il avait une tonne d'amis et flirtait avec tout ce qui bougeait, mais lorsque ça commençait à tendre dans le domaine du sérieux, plus rien ne marchait. Était-ce une malédiction ?
Parfois, il se demandait s'il cherchait véritablement à être en couple ou s'il essayait inconsciemment de se soustraire à la pression sociale d'avoir trente-deux ans et aucune relation sérieuse passée ou présente en vue.
Une chose était sûre, il ne voulait pas montrer à ses amis que cet énième échec l'avait touché plus que ce que ses plaintes mélodramatiques ne le laissaient croire.
« Je suis un homme comblé avec Zabusa. », laissa échapper Haku avec un sourire rêveur.
Naruto plissa les yeux avec irritation. Zabuza Momoshi était un homme bourru et au caractère de chien avec qui il passait plus de temps à se hurler dessus qu'à réellement parler. Ce dernier et Haku s'étaient tournés autour pendant tellement d'années que ça en faisait peine à voir. Il avait presque failli leur envoyer une lettre de remerciements quand ces deux hurluberlus aveugles s'étaient enfin décidés à mettre des mots sur cette tension sexuelle qui couvait entre eux. Depuis, Haku ne cessait d'être poétique à chaque fois que le nom de son si acariâtre partenaire était mentionné, et de temps à autre même lorsque ce n'était pas le cas, d'ailleurs. En toute honnêteté, Naruto se demandait comment Haku arrivait à le supporter.
« Il te satisfait, de ce côté-là ? », l'interrogea-t-il, en remuant ses sourcils.
« Tout le monde n'a pas ton obsession pour les grosses queues, mais ouais, crois-moi, il se défend. », répondit Haku en se passant lentement la langue sur les lèvres d'un air lubrique.
« T'es aussi dégueulasse que Naruto, Haku. », frissonna Shikamaru en buvant une grande gorgée de champagne. « Qu'est-ce que je fous avec vous ? »
Ignorant les plaintes de son meilleur ami tristement hétérosexuel, Naruto fit un pas dans la direction d'Haku.
« Ça te branche, un plan à trois ? »
Sans même avoir le plaisir de voir sa demande considérée, il fut fermement repoussé et cria exagérément de douleur, se frottant son épaule attaquée, tandis qu'Haku observait son cinéma avec une tendre exaspération.
« Je ne partage pas, Naru-chan, trouve-toi ta part de mec. »
« Pff, j'suis sûr que tu exagères, de toute façon. »
Haku ricana face à son inflexion clairement renfrognée.
«Tu dis ça parce que tu es frustré. »
Naruto ouvrit la bouche pour vivement protester, mais finit par abandonné la bataille avant même de la commencer, conscient de ne duper personne, lui-même encore moins.
« Putain t'as tellement raison. J'ai l'impression que ça fait des mois. Ma main et moi, on a développé une sorte de relation fusionnelle, vous comprenez ? », gémit-il en agitant ladite main droite sous leur nez. Il rejeta la tête en arrière, comme s'il adressait une prière au ciel. « J'ai besoin de m'envoyer en l'air. »
« Tu as des critères trop élevés pour juste ramasser n'importe qui dans la rue. », lui fit remarquer Shikamaru.
« Et un mec ramassé au hasard sera toujours moins que Zabusa. », ajouta Haku avec une suffisance exaspérante. « Vingt centimes ne courent pas les rues. »
« Je parie que je serais cap de trouver un qui le surclasse. », déclara-t-il effrontément, les bras croisés.
Il n'avait évidemment aucun moyen de justifier une telle assurance, mais c'était toujours mieux que de fermer sa gueule et de passer pour le perdant.
« Ça m'étonnerait, mais je prends le pari. On a qu'à dire que celui qui perd se balade en string pendant une semaine ? »
Naruto, comme à son habitude, réfléchit à peine avant d'accepter :
« Vendu. »
« Vous êtes complètement fous. », soupira Shikamaru, secouant la tête de dépit. « Et où tu comptes le trouver ? Sur une autre appli ? »
Naruto grimaça.
« Ah non ! J'ai eu ma dose avec ces conneries. Sur cent personnes inscrites, il y a quoi ? Deux à tout casser qui ne mentent pas sur leur profil ?! »
Sans compter ceux qui passaient leur temps à envoyer des photos de bites et qui avaient maximum deux phrases de conversations grammaticalement correctes sans qu'aucun fondateur de l'idéographie japonaise ne sursaute dans sa tombe.
Il en avait assez des désillusions. Passé des heures à chercher un profil qui lui plaisait un tant soit peu pour tomber sur tout le contraire ne l'intéressait plus. Néanmoins, quand on avait une vie aussi carrée et stricte sur les horaires que la sienne, c'était tellement difficile de faire des rencontres. La dernière fois qu'il avait été amoureux, c'était…c'était jamais, en fait. Ou alors, ça remontaitsi loin qu'il ne s'en rappelait tout bonnement plus.
Son regard coula vers l'entrée de la salle de réception, alors qu'une idée folle lui venait à l'esprit. Le genre d'idée folle que seul quelqu'un comme lui pourrait avoir, et qui aurait immanquablement des retombées et des conséquences, mais qu'il se devait malgré tout de mener à bout par tous les moyens.
Un sourire de renard aux lèvres – celui qui plissait ses yeux et révélait toutes ses dents blanches -, il se tourna vers ses deux amis qui haussèrent les sourcils face à son air espiègle. Avec les années, ils avaient appris à reconnaître le Naruto qui s'apprêtait à faire ou à dire une connerie, et vu la tête dubitative qu'ils tiraient, ils étaient sans doute déjà sur leurs gardes.
« Bon, les gars, écoutez… », commença le blond en redirigeant son regard sur l'entrée. « Le prochain mec qui entre, je le baise. »
À cette déclaration, l'expression sceptique sur le visage de Shikamaru ne fit que s'accentuer tandis qu'Haku partait d'un grand éclat de rire.
« Tu risques de perdre ton pari, attention Naru-chan ! »
« T'inquiètes pas pour ça. La chance sera de mon côté. »
La majorité des invités était déjà présente tandis que les derniers arrivants faisaient leur apparition au compte-goutte, ce qui faisait qu'il aurait largement le temps de déterminer qui entrait ou pas. Ils avaient une vue plutôt dégagée de là où ils se trouvaient, ce qui ne gâtait rien. Alors Naruto n'avait plus qu'à attendre que le prochain individu de sexe masculin s'introduise parmi la masse invitatoire pour fondre sur lui comme un oiseau de proie sur une carcasse fraîche. Cette stupide soirée s'était de prime abord annoncée particulièrement ennuyeuse, cependant, avec ce nouveau frémissement que le pari entre lui et Haku avait apporté, Naruto aurait été bien sot de rester cloîtrer chez lui à pleurer sur sa solitude !
« Euh…et s'il n'est pas gay ou bi ? », intervint placidement Shikamaru.
Naruto et Haku échangèrent un regard catastrophé.
« Ouais, c'est vrai ça, et s'il est hétéro ? », réagit Haku
« Ouais bon, on a qu'à dire que le prochain queer qui rentre, je le baise, voilà. », dit-il en haussant négligemment les épaules comme si devoir prendre en compte tous ces facteurs l'ennuyait.
Avec un entourage majoritairement queer, et étant lui-même pansexuel (bien qu'il aimât se référencer comme pans avec de fortes inclinaisons gays), Naruto avait souvent tendance à oublier que le monde dans lequel ils vivaient était depuis longtemps enfermé dans des cases et que leur société tentait de rentrer des gens dans des critères bien définis en oubliant parfois que certaines personnes n'étaient tout simplement pas taillées pour ça.
« D'accord et comment tu sauras si tel est gay ou pas, au juste ? »
« T'inquiète pas pour ça, Shika. Mon gaydar est super aiguisé. C'est un truc de gay, tu peux pas comprendre, espèce d'hétéro. »
« Ouais », gloussa Haku. « Pauvre hétéro. »
Shikamaru, habitué depuis longtemps à leur taquinerie, ne cligna même pas de l'œil. Naruto quant à lui, retint son souffle alors qu'un homme avec une prestance singulière faisait son apparition dans la salle. Le bout d'une Oxford bien cirée se fit tout d'abord poindre, suivit d'un pantalon noir ajusté, sans aucun doute coupé sur mesure. Il crut avoir découvert le saint Graal lorsque ses yeux s'attardèrent sur les larges épaules couvertes par une chemise rouge sang et une veste assortie au pantalon de costume. Tout s'effondra néanmoins lorsqu'il parvint à voir le visage de l'homme.
Il s'agissait de Sasuke putain Uchiha.
« Putain non, pas lui, c'est une blague ! » pesta-t-il alors que Sasuke, aka l'homme le plus détestable de toute la planète, se frayait un chemin d'un pas souple et tonique parmi les autres invités.
Il avait réellement cru que la chance pouvait être de son côté pour une fois, mais voilà que parmi tous les gays affirmés de l'entreprise, il avait fallu qu'il tombe sur le plus odieux. D'ailleurs, il ne comprenait pas ce qu'il faisait là. Sasuke n'était pas censé venir. C'était un foutu snob qui se croyait au-dessus de tout le monde et qui ne manquait jamais une occasion d'éviter de se mélanger à la « populace ». Les précédentes années, il n'avait guère daigné pointer le bout de son nez lors des réceptions, et maintenant le voilà à tranquillement siroté un verre affublé de son sourire hypocrite, ses yeux de fouines balayant nonchalamment son environnement, comme une hyène occupée à planifier son prochain mauvais coup dans la savane.
Naruto détourna les yeux avant que leur regard n'ait le malheur ne se croisent par inadvertance.
« De quoi tu te plains au juste ? », s'étonna Haku qui n'avait jamais réellement compris toute cette hostilité que Naruto nourrissait à l'égard de l'héritier Uchiha. « T'aurais pu tomber sur le vieux Hoshi du quatrième ou le type qui ressemble à un ado boutonneux au seizième. Moi je trouve que tu touches plutôt le gros lot, avec Sasuke. »
Naruto ouvrit de grands yeux.
« C'est mon pire ennemi ! », s'insurgea-t-il.
Le Nara fut le premier à réagir, et sa réaction était loin de correspondre à l'indignation brûlante que le blond aurait attendue de sa part, en tant que très estimé meilleur ami.
« Et alors, tu n'as jamais entendu l'expression 'ennemie-to-lover' ? »
« Entre l'amour et la haine, il n'y a qu'un pas. », appuya Haku avant de rire de sa propre blague.
Naruto les regarda tour à tour en se demandant où et quand il avait foiré dans ses décisions relationnelles.
« Je vous déteste. », affirma-t-il avec gravité. Il vida son verre d'une traite, et résista à l'envie de courir s'en chercher un autre. « Et c'est hors de question que je couche avec lui. »
Haku haussa les épaules en déclarant négligemment :
« Alors tu perds ton pari. Il y a cet ensemble lingerie à la boutique Prada à Shibuya qui t'ira très bien, j'en suis sûr. »
Skikamaru éclata de rire. Mais eu la décence de s'interrompre lorsque Naruto lui décocha un regard courroucé.
Il n'était pas opposé à porter de la lingerie pour hommes ou pour femmes d'ailleurs, dans un contexte bien particulier, dans la chambre par exemple, aux côtés d'un (ou d'une) partenaire qui aimerait ça et avec qui il pourrait partager le délire. Mais porter un string et un body sous ses costumes trois pièces pour aller au travail, pendant toute une semaine entière ? Il aurait dû mieux négocier les termes de leur accord.
« Le pari c'était de trouver un homme avec une plus grosse que Zabusa, pas de baiser ou non Sasuke Uchiha. », corrigea-t-il dans une grimace qui témoignait de tout le dégoût que lui inspirait la prononciation de cette simple phrase.
« Alors tu te dégonfles, je croyais que le prochain qui entrait tu, et je cite, 'le baise.' »
Naruto gémit en regardant autour d'eux pour voir si personne n'était en train d'écouter leur conversation et convoquerait la sécurité. Être mis dehors pour indécence publique serait pour sûr, moins mortifiant que de devoir subir les conséquences de son filtre cerveau-bouche totalement inexistant. Mais évidemment, personne ne faisait attention à eux, trop occupé à prêter à attention au directeur des affaires financières qui portait un toast toutes les deux minutes.
« Sasuke est en train de sortir de la salle », souffla Haku en pointant du doigt l'intéressé qui effectivement, louvoyait parmi les invités pour emprunter l'une des portes de service de la salle de réception. « Il va sûrement aux toilettes, c'est le moment ou jamais Naruto ! »
Il ne pouvait pas vraiment le contredire. Rien ne lui venait à l'esprit pour le moment. C'était incontestablement le moment le plus opportun de coincer Sasuke et de trouver un moyen de lui faire révéler la taille de son sexe, sans qu'ils aient à coucher ensemble. Et pourtant, il se sentait soudainement tétanisé, comme si une vieille douleur fantôme refaisait surface. Or, ce ne serait pas la première fois qu'il se faufilerait dans des toilettes pour faire (dans ce cas précis POUR NE PAS FAIRE) des choses pas très catholiques. Au mariage de Sai et Ino par exemple, il s'était glissé dans un vestiaire avec une demoiselle d'honneur de son amie à chaque bras.
Il se sentait soudain stupide. Il avait passé toute sa vie d'adulte à agir comme un adolescent : se faufiler à des mariages, des réunions de familles, tandis que tous ses amis s'installaient. Shikamaru avec Temari, Ino avec Sai, Haku avec Zabusa…et maintenait, il se plaignait des photos de chattes et de bites qu'il recevait et des gens qui mentaient sur leur profil Grindr parce qu'il pensait en mériter davantage ?
« T'es une putain de poule mouillée, en fait, Uzumaki. », enchérit Shikamaru, ce traître, comme il le voyait tergiversé. « Ou Sasuke est un trop gros défi pour toi ? »
« Je vous déteste vraiment », répéta-t-il. « Vous êtes mes amis oui ou merde ? »
Lesdits amis eurent le culot de rire.
« Vois le bon côté des choses », reprit Shikamaru. « Sasuke entre plutôt dans tes critères de sélection, non ? Il est plus grand que toi, brun, et intelligent. Il ne te manque plus qu'à vérifier le dernier point. »
« Qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans c'est mon pire ennemi?! », s'écria-t-il, au bord de l'hystérie. « Vous êtes vraiment en train de me jeter dans les bras du type qui m'a pourri la vie au lycée ? »
Il préférait rire de cette époque lorsqu'elle était évoquée. Il préférait rire de n'importe quoi susceptible de le mettre mal à l'aise. C'était soit rire ou pleurer. Il était plus facile de convaincre un mort de se lever que de faire admettre à Naruto Uzumaki qu'il avait des démons avec lesquels il luttait chaque jour.
Toutefois, il ne pourrait jamais oublier les années de harcèlement que l'Uchiha et sa bande l'avait fait subir. La boule qui se formait dans son ventre à l'idée de mettre un pied à l'école, le rire des autres élèves sur son passage dans les couloirs, la balançoire où il avait élu domicile au parc près de l'appartement d'Iruka où il pleurait sa peine, sa colère avant de rassembler assez de force pour recommencer le même cycle le lendemain. Encore et encore. Jusqu'à ce qu'enfin, l'époque du lycée ne soit plus qu'un mauvais souvenir dont il n'aimait pas se rappeler.
Sasuke, à cette époque, était un véritable bâtard. Et il n'avait sans doute pas gagné en maturité depuis lors. Naruto le détestait. Il le détestait tant et si bien qu'en y songeant, il tremblait par moment.
Mais il avait surmonté tout ça, vraiment. Seulement, il y avait une différence entre pardonner et oublier, et Sasuke ne s'était certainement jamais excusé pour tout ce qu'il lui avait fait subir, pas que cela aurait changé quoi que ce soit dans l'aversion qu'il éprouvait pour lui. Il souffrait déjà assez de devoir travailler dans l'entreprise de sa famille et être indirectement lié à lui.
Si seulement ses amis n'étaient pas de si gros abrutis :
« C'était au lycée ça, Naruto. Depuis, il est plutôt sympa, non ? »
« Allez Naruto, vas-y et montre-nous que t'en as aussi dans le pantalon ! »
Naruto poussa un soupir.
« En fait, je suis votre distraction de la soirée, c'est ça ? Bande de faux frères, souffrez de me voir remporter la victoire. »
Et sur ce, il suivit Sasuke Uchiha jusqu'aux toilettes.
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Au moment où Naruto déboula dans les toilettes, l'euphorie dans laquelle l'avait plongé toutes les coupes de champagnes qu'il s'était enfilées l'empêcha de faire aussitôt demi-tour. Il n'était pas saoul, loin de là, il en fallait bien plus que ça pour le mettre à terre. Mais disons qu'avec la montée d'adrénaline, les conséquences et retombées des actes qu'il pourrait ou non commettre lui apparaissaient maintenant beaucoup moins préjudiciables que ce que suggérait la réalité. Quoi qu'il en soit, ses amis l'attendaient de l'autre côté et il en entendrait parler pour le reste de sa vie s'il se dérobait, alors pas question de prendre ses jambes à son cou avant d'avoir atteint sa cible.
Ladite cible, aka Sasuke enfoiré Uchiha, venait tout juste de quitter le mur des urinoirs et se lavait consciencieusement les mains aux lavabos. Il leva à peine la tête et ne fit même pas mine d'avoir remarqué sa présence, mais Naruto savait pertinemment que c'était le cas. C'était juste cet accord tacite passé entre eux et qui stipulait qu'ils n'étaient pas tenus de s'adresser la parole autrement qu'en cas d'extrême urgence. Et ces urgences s'étaient heureusement faites rares au cours des cinq années qu'avait passées Naruto au sein de GEUC. Les deux hommes s'étaient donc adressés la parole maximum deux fois en une année entière, ce dont le jeune homme blond n'allait pas se plaindre, évidemment.
Sasuke l'évitait avec le même soin dont il avait lui-même coutume de faire. Le même Sasuke qu'il pourrait jurer voir les épaules se raidir, à le savoir ainsi posté derrière lui, comme un chasseur flairant un gibier tout juste sorti de sa cachette.
Naruto s'approcha à pas de loup, un sourire carnassier menaçant de s'établir sur ses lèvres, afin de venir compléter le look. Il n'était plus question de contourner Sasuke, aujourd'hui.
Il était question de l'attaquer de front.
Alors sans s'inquiéter du regard d'obsidienne qui fureta vers lui à travers la longue ligne de miroirs fixé sur les murs carrelés de blanc, Naruto décida d'attraper le taureau par les cornes et de littéralement plonger sans avertissement vers le pantalon de costume de son pire ennemi.
La meilleure approche était toujours la plus directe.
« Tu vas me dire à quoi tu joues ?! », grinça Sasuke en interceptant sa main.
Immobile et sérieux, il ne faisait plus semblant d'ignorer sa présence, et au contraire, le dévisageait de haut en bas, avec cette intensité intrinsèquement uschiesque, comme s'il tentait de résoudre un problème incompréhensible.
Naruto grimaça de douleur, mais ne fit rien pour dégager son poignet de l'étau dans lequel il était retenu. À force de fournir tant d'efforts à l'éviter, il avait oublié à quel point cela pouvait être éprouvant de se tenir près de Sasuke. Il était si intense. Sa voix était devenue encore plus grave, plus profonde, que ce qu'il se souvenait de lui au lycée. Ses joues avaient perdu de leur rondeur enfantine, ses épaules étaient plus larges. Son regard plus acéré. Il était encore plus beau que lorsqu'ils avaient dix-sept ans. Il aurait aimé en être immunisé, mais en dépit de toute l'aversion qu'il éprouvait à son égard, Naruto n'avait jamais pu, et ne pouvait pas nier aujourd'hui, que Sasuke était un homme très – trop -, attirant.
« A quoi je joue ? », minauda-t-il en lui servant un sourire insolent. « Ça me parait pourtant clair, non ? »
Sans prévenir, Sasuke le lâcha avec la même brusquerie qu'il l'avait saisi, ses sourcils durement froncés. Il recula d'un pas et carra les épaules, comme s'il tentait de l'intimider avec les centimètres de plus qu'il jouissait à son encontre, ou tout simplement qu'il jugeait que son espace personnel était trop envahi par sa présence inopportune et qu'il avait besoin de remettre les barrières. Quoi qu'il en fût réellement, Naruto n'en fit point mesure et croisa nonchalamment les bras sur sa poitrine, les hanches appuyées contre le marbre des lavabos.
« Bon écoute, Uchiha », commença-t-il d'un ton chantant. « Tu m'aimes pas et je t'aime pas non plus, alors je vais nous épargner les minutes pénibles qui vont suivre. »
Il s'interrompit et se racla la gorge, les yeux fixés sur un point derrière l'oreille de Sasuke. Même lui devait avouer que sortir un truc pareil n'était pas sans risques de quelques grimpées d'embarras. Mais il allait le faire, parce qu'il était comme ça, soucieux de ses principes et déterminer à aller au bout de sa parole.
Il allait voir la bite de Sasuke Uchiha, ou alors il ne s'appelait plus Naruto Uzumaki.
Prenant une légère inspiration, il plongea à nouveau son regard dans celui du brun et lâcha la bombe :
« Voilà, en fait…j'ai fait un pari. »
Sasuke lui adressa son regard le plus mauvais. Il avait l'air d'un de ces monstres qu'on utilisait dans les histoires pour faire peur aux enfants turbulents et les intimés à être sage, lorsqu'il tirait une tête pareille.
« Et en quoi ça me concerne ? », cracha-t-il.
Naruto tenta de ne pas prendre en compte son inflexion acerbe. Personne n'avait dit qu'entrer en collaboration avec l'Uchiha serait facile.
Il se racla à nouveau la gorge, tentant d'afficher son air le plus neutre.
« Euh…j'ai parié sur ta bite. »
Un certain temps passa avant que l'un ou l'autre décide de casser le silence de cimetière qui s'abattit. Ce fut Sasuke qui sortit en premier de son état de transe et ouvrit la bouche, sans doute pour vomir tout son fiel, mais Naruto le devança :
« Écoute, on n'est pas obligé de coucher ensemble ! T'en as pas envie et moi non plus ! Alors si tu pouvais juste me dire combien elle mesure… »
« Est-ce qu'il y a juste quelque chose qui tourne rond dans ta tête ? J'ai aucune envie de discuter des proportions de mon sexe avec toi ! »
« Personne ne parle d'en discuter ! », s'exaspéra-t-il en roulant des yeux. « Dis-moi juste combien elle mesure et je me casse. »
«Tu peux toujours courir », lâcha Sasuke en terminant furieusement de se sécher les mains.
Son ton était catégorique, presque aussi incroyablement rigide que le reste de sa personne. Il allait terminer sa besogne, sortir des toilettes et mettre à mal tout le plan qu'il avait passé les dernières minutes à établir. Et insister serait peut-être perçu comme du harcèlement sexuel, non ? Dans tous les cas, Naruto n'avait aucunement l'intention de fournir de tels motifs d'accusations à Sasuke. Et il n'avait pas non plus toute sa soirée. Il ne manquerait plus que quelqu'un entre et les surprenne en flagrant délit de proximité !
Fortuitement, en quelques secondes de réflexion, Naruto sut exactement quoi dire pour le faire réagir.
« Alors quoi, t'en as une toute petite ? »
Sasuke cessa aussitôt de l'ignorer, sa tête pivota d'ailleurs si vite vers lui qu'il dut sûrement se fouler quelques vertèbres dans la manœuvre.
« Quoi ? », aboya-t-il.
L'air profondément scandalisé sur le visage blafard emplit Naruto d'une infinie satisfaction. Masquant tant bien que mal le sourire qui menaçait de trahir ses intentions, il croisa les bras et affecta une expression badine. En réponse, les yeux de Sasuke se plissèrent de méfiance.
L'Uchiha était tellement prévisible. Propre sur lui et égocentrique, il n'avait qu'à pointer du doigt une imperfection, si triviale soit-elle, pour casser sa soi-disant confiance en lui inébranlable. Son désir presque obsessionnel d'être le meilleur en tout serait ce qui le pousserait tout droit dans les mailles de son piège.
Comme il s'y attendait, le visage de Sasuke s'assombrit. Il assena d'un ton mordant :
« Qu'est-ce que tu racontes ?! »
Naruto répliqua :
« Bah ouais, les types comme toi, ça doit hurler sur tous les toits qu'ils sont montés comme des chevaux, alors si tu veux pas me la montrer en fait, c'est que t'en as une petite, j'en suis certain ! »
Sasuke se passa une main sur le visage et le regarda comme si une deuxième tête venait de lui apparaître sur l'épaule.
« Qu'est-ce qui ne vas pas chez toi, Uzumaki ? »
Ignorant résolument ce que le ton de Sasuke impliquait sur sa santé mentale, Naruto poursuivit tranquillement sur sa lancée :
« Elle est toute riquiqui avoue, allez, je te promets de pas trop me moquer ! »
Avant que Sasuke ne puisse rétorquer, il renversa la tête en arrière et éclata d'un rire gras et moqueur.
« J'arrive pas à croire que le grand Sasuke Uchiha ait en fait une petite bite ! », s'esclaffait-il.
« Tes provocations ne marchent pas avec moi. », siffla le concerné, bien que ses poings serrés contredissent ses affirmations. « Et si tu veux vraiment savoir cette information, ne compte pas sur moi pour te la livrer. Tu n'as qu'à vérifier par toi-même. »
Naruto arrêta immédiatement de rire.
« Hein quoi ? », s'étouffa-t-il.
Ses paupières papillonnèrent comme les ailes d'un colibri, dictées par son incrédulité. Il avait forcément mal compris car comment diable Sasuke était-il parvenu à tourner la situation en sa faveur en à peine quelques secondes ?
« Vas-y », insista sardoniquement le brun, désignant son entrejambe d'un geste du menton. « Vérifie que j'en ai une petite. »
Naruto souffla un rire, enfin si on pouvait appeler ce caquètement nerveux un rire. Il se stoppa lorsqu'il se rendit compte que sa soi-disant hilarité ne trompait personne.
« Tu sais que tu pourrais nous épargner cette situation inconfortable ? »
Le coin des lèvres de Sasuke se releva en ce qui pourrait s'apparenter à un sourire narquois.
« Toi seule en vois une. », répondit-il avec une outrecuidance qui mit Naruto dans del'huile chaude.
Très bien, il voulait la jouer comme ça.
Le jeune homme domina le sentiment d'humiliation qui tentait de le submerger, mais ne parvint pas à empêcher la chaleur irradiante de la gêne de lui brûler les joues. Ce n'était pas une situation qui lui était familière. C'était généralement lui qui mettait les autres mal à l'aise avec son exubérance et son filtre inexistant, pas l'inverse. Il se rendait compte qu'être de l'autre côté de la ligne n'était guère aussi amusant. Pourtant, il ne détourna pas le regard. Sasuke pouvait aller se gratter s'il pensait qu'il allait se dérober.
Ce dernier s'attendait sans doute à ce que Naruto se dégonfle, et s'il avait s'agit de n'importe qui d'autres, le blond aurait pu envisager cette possibilité. Cependant, ne pas perdre la face devant son rival de toujours était devenue une question de vie ou de mort en quelques secondes.
« Très bien », maugréa-t-il en tendant les mains vers la braguette de Sasuke.
C'était censé être à ce moment que Sasuke se rendait compte qu'il ne gagnerait pas cette bataille, ravalait sa fierté et le jetait dehors à coup de pied au cul. Mais à sa plus grande horreur, l'Uchiha ne fit rien pour l'en empêcher. Il ne bougea même pas d'un iota, le dos droit et plus immobile qu'une statue, les bras toujours croisés et le sourcil haussé dans une expression railleuse.
« Je n'ai pas toute la nuit, Uzumaki. », eut-il le culot de dire.
L'enfoiré le narguait.
Il le mettait au défi, persuadé que le surréalisme de la situation lui ferait admettre sa défaite. Seulement, s'il y avait bien une chose que Naruto ne refuserait jamais, c'était les défis. Alors ignorant la moiteur de ses paumes, le jeune homme pressa fermement un pouce sur sa ceinture, saisit la tige de sa fermeture éclair et commença à la descendre jusqu'au bout de la couture.
Il y avait quelque chose de profondément affligeant à effectuer ce geste. Il n'avait jamais déshabillé quelqu'un d'une manière aussi clinique. C'était en général l'étape qui précédait un rapprochement physique poussé. Et malgré toute l'aversion qu'il avait pour l'Uchiha, son cerveau traître ne pouvait s'empêcher d'assimiler cela…à cette perspective bien évidemment fort peu enchanteresse. Imaginer avoir des relations sexuelles avec Sasuke lui donnait la chair de poule, le tissu de son caleçon qui se dévoilait à chaque instant, qu'il ne s'était même pas rendu compte d'étirer inutilement, n'arrangeait rien.
Sasuke portait des sous-vêtements Calvin Klein en soie noire parce que - bien sûr qu'il le faisait.
Les contours de son sexe commençaient à se deviner à travers et déjà, il pouvait dire que ça n'avait rien de « riquiqui ». Bien au contraire, c'était comme s'il avait fourré deux grosses chaussettes rembourrées à l'intérieur de son boxer, ce qui était ridicule. Mais il fallait bien qu'il aille au bout et vérifie par lui-même, pas vrai ?
Relevant brièvement le regard vers Sasuke, il pensa aussi fort qu'il le pouvait : arrête-moi, en se rendant compte que son propre orgueil l'empêcherait de le faire. Mais Sasuke, toujours aussi engoncer dans sa cruauté, n'esquissa pas un geste pour le retenir.
Naruto ne le comprenait décidément pas. N'était-ce pas lui qui abhorrait les touchés, habituellement ? Il ne l'avait honnêtement jamais vu être intentionnellement proche d'un autre être humain. Ou l'envie de gagner et de le remettre à sa place était-elle plus forte que son aversion envers les gens ? Quoi qu'il en soit, le blond refusait d'être celui qui reculait le premier. Si l'Uchiha n'avait pas assez de jugeote pour admettre quand il était battu, Naruto allait être celui qui lui crachait sa déconvenue au visage.
Sur ce, il enfonça ses pouces dans le boxer de Sasuke.
Et, putain de merde, sa peau était chaude.
Cette découverte le frappa avec la même violence qu'un train de marchandise. Il se stoppa net, les lèvres entrouvertes sur une inspiration entrecoupée, le cœur étreint d'un sentiment étrange.
Le fait était qu'en voyant Sasuke, on s'attendait à ce qu'il ait le sang plutôt froid. Il était pâle comme un spectre, mince avec des muscles secs et apathique d'apparence. Naruto n'aurait jamais cru que sous toutes ces couches de glace composant l'intégralité de sa personnalité, couvait en fait une fournaise insoutenable qui rongeait ses os et faisait luire ses yeux. Car maintenant, qu'il était assez proche pour pouvoir compter ses cils ridiculement longs et courbés, le jeune homme blond remarquait pour la toute première fois en plus de vingt ans d'une relation acharnée d'animosité, l'incendie qui le consumait. Plus il sondait ses prunelles d'obsidiennes, et plus Naruto se demandait comment n'avait-il pas pu remarquer auparavant cette lueur, ce feu, qui brûlait dans son regard.
Essayant de bannir ces pensées trop troublantes à son gré, le jeune homme plaça une de ses jambes entre celles de Sasuke pour rendre la position plus confortable. Seigneur…cela lui semblait si irréaliste, si quelqu'un entrait en ce moment et les découvrait ainsi, il serait impossible de justifier une telle posture, Sasuke coincé entre lui et le lavabo, avec sa main sur son pantalon. Tout le monde allait croire qu'ils couchaient ensemble. Or, une fois de plus, l'Uchiha ne broncha pas et se contenta de soutenir son regard dans une telle indifférence qu'on aurait dit qu'il n'était concerné en aucune manière.
Il semblait assez clair que ni l'un ni l'autre ne fléchirait. Ainsi, Naruto décida de le faire comme on arrachait un pansement particulièrement récalcitrant, et abaissa d'un coup le boxer de Sasuke au même niveau que son pantalon sur ses cuisses, exposant sans cérémonie tout le service trois pièces.
Baissant les yeux, le jeune homme fit face à la situation qu'il s'était tant attelée de créer.
« Oh putain. », vocalisa-t-il.
Naruto n'aurait jamais cru qu'un jour, il se retrouverait bouche bée devant les parties intimes de qui que ce soit. Il avait vu sa juste part de bite au cours de sa vie, et il en avait lui-même une pour témoigner du peu d'émotion qu'aurait dû lui inspirer un tel spectacle.
Mais les poils noirs et coupés courts sur le pubis, les veines saillantes sur cette peau bien plus halée que le reste du corps, toujours assez pâle, le gland rouge, décalotté et circoncit… même ses putains de testicules étaient belles, c'était totalement injuste.
Et surtout, cette circonférence si… conséquente. Même ainsi complètement au repos, elle apparaissait impressionnante. Naruto n'était pas sûr que s'il y enroulait son poing, ses doigts en feraient le tour, et ses mains n'étaient pas forcément petites. Il n'en avait jamais vu d'aussi grosse et Dieu savait qu'il avait de la marge ! C'était presque effrayant. Et totalement excitant.
Il dut déglutir pour avaler le trop-plein de salive qui avait subitement rempli sa bouche. Merde, c'était de là que venait l'expression avoir l'eau à la bouche ?
Pourquoi avait-il soudain envie de tomber à genoux et de le prendre dans sa bouche ? De voir s'il pouvait l'engloutir tout entier, merde, même la perspective de s'étouffer en essayant faisait tressauter sa propre bite dans son pantalon. Il laisserait Sasuke lui faire n'importe quoi, avec ça. Lui gifler le visage, les lèvres, étaler son foutre sur tout son corps. Le malmené à quatre pattes sur le sol aux carreaux prétentieux de ces toilettes, l'ouvrir avec sa…
« Satisfait ? »
La voix bourrue de Sasuke le fit presque sursauter.
Naruto se rendit compte qu'il avait fixé la queue de son pire ennemi un temps infiniment trop long de ce qui était confortablement recommandé de fixer les parties intimes de quelqu'un qu'on déteste. Il aurait pu mourir de gêne si son vis-à-vis ne le regardait pas déjà avec cette expression de tueur en série.
Naruto était à bout de souffle, les joues rouges et les mains moites, pareillement à s'il venait de courir un marathon alors que la dernière fois qu'il avait choisi l'escalier à la place de l'ascenseur remontait à un mois. Et le pire, c'était que Sasuke ne l'avait pas touché une seule fois depuis qu'il avait mis le pied dans ces foutues toilettes.
Troublé au plus profond de lui-même, il ressentit le besoin presque viscéral de dire quelque chose, n'importe quoi.
« Je… »
« Remets mon pantalon comme il était. », le coupa Sasuke avec toute la brusquerie du monde.
Dans d'autres circonstances, il se serait insurgé du ton avec lequel il osait s'adresser à lui. Il n'était pas un chien, nom de Dieu. Seulement à l'heure actuelle, il ne voyait pas quoi faire d'autres que se taire et s'exécuter. Mécaniquement, il remonta le boxer de l'Uchiha et cacha cette merveille qui, si l'univers n'était pas une chienne absolue, n'aurait pas dû appartenir à Sasuke abruti Uchiha.
Il avait un faible pour les grosses bites, d'accord ?
L'inconfort de la situation était pratiquement palpable. Ce stupide défi était allé beaucoup trop loin. Comment était-il censé le regarder dans les yeux après ça ?
Et surtout, comment était-il censé continuer à vivre maintenant que coucher avec son pire ennemi était devenu une idée excitante ?
« Tu as eu ce que tu voulais ? », lui demanda Sasuke, toujours de cette manière sèche et emplis de mépris.
Il repoussa les mains de Naruto qui étaient toujours occupées à remonter sa fermeture éclair, recula de plusieurs pas et se réarrangea lui-même, dans des mouvements brusques, mais efficaces, comme s'il faisait tout son possible pour contrôler sa colère.
Naruto ouvrit la bouche, puis la referma, les cordes vocales comme aspirées par une force venue d'ailleurs. Il avait l'impression que rien de ce qu'il pourrait dire ne le ferait se sentir moins…creux. Il avait parlé de cracher au visage de Sasuke sa déconvenue, mais il avait plutôt le sentiment qu'il était celui qui s'était tourné en ridicule. C'était comme une mauvaise descente de drogue, une douche froide. Il reprenait difficilement son souffle. Il se sentait comme une vieille merde puante.
D'un seul coup, une honte sans visage l'envahit sans qu'il ne puisse rien y faire.
Lorsque Sasuke daigna à nouveau poser ses yeux sur sa personne, le feu dans son regard semblait s'être tari, alors que son torse s'élevait et s'abaissait avec frénésie. Aussitôt, Naruto se perdit dans les profondeurs gelées de ses prunelles d'obsidiennes et préféra au final détourner le regard, car l'aigreur qu'il y lut, ainsi que l'agressivité avec laquelle elles l'observaient, était insoutenable. Déboussolé, et surtout incertain de mériter un tel traitement, le jeune homme sentit sa gorge devenir aussi aride que le désert du Sahara.
Foutu pour foutu, Naruto se dit que lâcher une dernière boutade ne changerait rien à la situation déjà complètement catastrophique.
« L'un de nous ferait mieux d'attendre un peu avant de sortir. J'ai aucune envie que les gens croient qu'il se soit passé ce qui ne s'est absolument pas et sera jamais près de se passer dans ces toilettes. »
Sasuke, sans surprise, se contenta de le regarder avec ses yeux de poisson mort. La ligne pulpeuse et horizontale de ses lèvres ne suggérait pas qu'il comptait même prendre la parole dans un avenir proche.
Mortifié pour une raison qu'il refusait d'analyser dans l'immédiat, Naruto fut celui qui sortit en trombe des toilettes, les joues brûlantes et la tête baissée.
La vérité était qu'il se dégoûtait lui-même d'avoir été tellement dur qu'il aurait pu jouir dans son pantalon sans même se toucher. Heureusement, le regard polaire de Sasuke avait agi sur ses nerfs plus efficacement qu'un sceau rempli de glaçons jeté en pleine gueule, et lui évitait de cette manière, l'humiliation supplémentaire de devoir se trimballer avec une érection au beau milieu d'une soirée emplie de hauts dignitaires.
Il avait besoin de se ressaisir et subir l'assaut surexcité de ses deux amis était la dernière chose qui l'aiderait dans l'immédiat. Alors aussitôt qu'il regagna la salle de réception, au lieu de rejoindre ses deux comparses comme convenu, le jeune homme prit prestement la direction de la sortie. Il ignora les voix qui appelaient son nom et accéléra le pas jusqu'au parking.
Ce n'est qu'une fois dans le calme serein de sa voiture, le chauffage enclenché, qu'il se permit enfin de relâcher la pression qu'avait posé sur lui le regard impénétrable de Sasuke Uchiha.
Vu la façon dont les événements s'étaient précipités, il n'avait même pas pu annoncer à Haku qu'il avait gagné son pari. Mais lorsqu'il revoyait dans son esprit l'expression à la fois furieuse et curieusement blessée de Sasuke, il se disait que c'était une victoire particulièrement amère.
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Une semaine plus tard, Naruto avait l'impression d'être au bout de sa vie.
Il était presque midi passé lorsqu'il quitta son lit en geignant et se traîna misérablement jusqu'à la cuisine pour se faire un café. Heureusement, c'était samedi et il n'aurait pas à aller travailler, il ne s'en sentait pas la force. Il avait l'impression d'avoir la gueule de bois alors qu'il n'avait même pas bu une seule goutte d'alcool.
Il s'assit à sa table à manger tout en massant une tempe d'un air distrait, et riva son regard sur le liquide noir qui emplissait sa tasse et sur les volutes de vapeurs. L'odeur puissance de la caféine, au lieu de l'apaiser, lui donna une légère nausée.
Son téléphone portable se mit à sonner quelque part dans l'appartement, l'interrompant dans ses tribulations. Emportant son café avec lui, il retourna dans sa chambre où il le trouva mis en charge sur la prise près de sa table de chevet.
« Allô ? », baragouina-t-il.
« Tu te décides enfin à prendre mes appels. », déclara Haku pour toute salutation.
Naruto s'assit sur son lit, et plongea pratiquement la tête dans son café marocain pour étouffer ses plaintes. Haku n'avait jamais été quelqu'un de subtil, alors il savait que son ami allait venir vers lui comme un pitbull enragé – il les avait tout de même ghoster Shikamaru et lui pendant une semaine -, mais il avait espéré avoir un peu plus de répit et être mieux préparer avant de devoir les affronter.
« Désolé, j'étais… occupé. »
« Hum mhm », marmonna son vis-à-vis d'un ton pas du tout convaincu. « Et donc ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu es parti dimanche dernier sans dire au revoir comme si tu avais le feu aux fesses. »
Un moment de flottement. Une seconde de silence, de doute et de questionnement, durant laquelle Naruto réfléchi à toute vitesse. La seule solution qu'il voyait, c'était de se déclarer perdant, parce que s'il affirmait le contraire, Haku exigerait des détails, ce dont Naruto n'était pas disposé à lui fournir. Or, s'il disait qu'il avait perdu le pari, le sentiment de victoire distrairait suffisamment son ami pour qu'il s'y focalise et ils ne seraient plus jamais obligés d'en parler. Bien entendu, Naruto devrait se plier au gage qu'ils avaient décidé, mais honnêtement, ce ne serait pas la première fois qu'il serait contraint de se plier à des gages après avoir perdu des paris, l'époque tumultueuse de l'université était là pour en témoigner. Si le ridicule tuait, il serait déjà mort depuis longtemps.
Se passant la langue sur les lèvres, il déclara dans un souffle :
« Oui euh…en fait, j'ai perdu. »
Il s'était attendu à un long monologue, ou au moins à quelques railleries de sa part, mais Haku se contenta de dire :
« D'accord, retrouve-moi à Shibuya dans une heure. »
Avant même qu'il ne songe à émettre une protestation, son ami avait raccroché. Naruto poussa un soupir résigné et se dirigea dans sa salle de bain en espérant que l'eau chaude lui ferait se sentir plus vivant que mort. Il choisit également de laisser sa voiture et de prendre le métro à la place parce que trouver un endroit où se garer un samedi après-midi était un véritable problème.
Des minutes plus tard, il franchit les grandes baies vitrées du nouveau magasin Prada qui avait piqué l'intérêt d'Haku et reconnu facilement ce dernier grâce à son style avant-gardiste.
«Tiens », l'accueillit-il avec sa délicatesse habituelle en lui tendant un éclair au chocolat enveloppé dans du papier aluminium et du thé glacé dans un gobelet portable. Naruto l'aimait tellement. « Tu n'as sûrement pas mangé, hein ? »
Le jeune homme haussa les épaules à la réprimande voilée. Il y avait sûrement plus de termites que de nourriture dans ses placards à l'heure actuelle.
« Épouse-moi », gémit-il en mordant une grosse part de sa pâtisserie.
Haku secoua la tête d'amusement et l'intima de le suivre vers l'escalator pour le conduire à l'aile qui l'intéressait. Et une fois arrivé, ne perdit pas de temps pour cocher toutes les cases de la liste de commissions qu'il devait certainement avoir établie dans sa tête. Il jeta son dévolue un ensemble, manifestement hors de prix, composé d'une robe de chambre en soie violette et d'une chemise de nuit assortie qui arrivait aux chevilles, pourvues d'un décolleté plissé en V.
À son tour, Naruto parcourut les différents articles des yeux, puis s'approcha d'un mannequin vêtu d'un ensemble en dentelle rouge perçant, qui irait bien avec sa peau bronzée comme une tartine tout juste sautée du grille-pain. Le tissu était souple entre ses doigts, ce qui ne gâte rien. Tant qu'à porter des petites tenues sexy sous ses vêtements formels, autant qu'il lui plaise à lui aussi. Et il vaudrait mieux qu'il mette la main à la pâte, car connaissant Haku, il serait capable de les faire rester dans le rayon lingerie fine pendant une heure entière !
Ils parcoururent les encore quelques rayons avant qu'Haku décide de rompre le silence :
« Alors ? »
Naruto se raidit une fraction de seconde avant de fort heureusement vite se ressaisir. Il aurait dû se douter que c'était un piège. Shikamaru lui, n'aurait pas tergiversé pour l'interroger, mais Haku lui, était un peu vicieux comme ça, à l'enfermer dans un faux sentiment de sécurité et l'acculé au moment opportun.
Il décida de jouer la carte de la stupidité :
« Alors quoi ? »
« Tu vas enfin me dire ce qui s'est vraiment passé ? »
Naruto ne donna pas suite à ses insinuations grotesques. Au lieu de ça, il préféra s'enfermer dans un mutisme qu'il jugeait empreint de dignité.
Haku, cependant, semblait sur le point de se fêler les côtes les unes après les autres à force de le dévisager d'une manière si intense. Naruto pour sa part, ne se déroba pas et bientôt, ils s'affrontèrent au jeu de celui qui détournera le regard en premier.
Le jeune homme céda dans un immense soupir :
«Je te l'ai déjà dit : j'ai perdu, tu as gagné, félicitations. »
Ils étaient littéralement dans cette boutique pour acheter de la lingerie pour femme que, et heureusement, personne ne verrait jamais. Il ne savait pas ce qu'Haku voulait de plus si le croire sur parole était si compliqué.
« Comment était la bite de Sasuke Uchiha ? »
Naruto failli s'étouffer avec une gorgée de sa boisson.
«Bon Dieu, Haku ! », s'insurgea-t-il d'une voix entrecoupée par une violente toux.
Machinalement, il accepta le mouchoir qu'il tendit et s'essuya la bouche tandis que le brun haussait négligemment les épaules.
« Eh bien quoi ?J'ai gagné alors j'ai bien le droit de savoir. »
Le blond leva les yeux au ciel, mais répondit tout de même de manière évasive :
« Elle était normale. »
C'était un mensonge odieux. Elle n'avait rien eu de normale et encore moins de banale. Ça avait été un véritable choc que quelqu'un avec la sophistication et les manières policées de Sasuke possède un pénis digne d'une star du porno. Si l'informatique ne l'intéressait plus, il pourrait certainement faire carrière.
Naruto avait été si excité à ce sujet pendant toute la semaine que son voisin du dessus devait sûrement avoir une bosse en forme de bite dans son plancher.
« Pas d'approximation ? », insista Haku.
« Je n'ai pas de règles à la place des yeux. »
« Tu es bien trop vague sur cette histoire pour que ce soit normal, Naruto-chan. »
L'intéressé réprima une grimace. Haku n'avait pas tort, il les avait habitués à être totalement sans vergogne. Alors que lui qui était généralement incapable de garder sa bouche fermé plus de deux minutes d'affilée devienne soudainement taciturne était forcément suspect.
Cependant, il ne pouvait rien y faire. Il ne se voyait pas du tout leur parler de ce qui s'était réellement passé. D'abord, parce qu'il avait terriblement honte de son comportement. Et ensuite, par respect pour Sasuke, parce que ce ne serait pas juste de sa part de fanfaronner d'avoir remporté un stupide pari à ses dépens.
Naruto savait qu'il pouvait parfois se montrer inconscient, irréfléchi et qu'il ne mesurait pas souvent, voire jamais, les conséquences de ses actes. Mais il n'était, en aucun cas, cruel. L'idée de faire sciemment du mal à quelqu'un d'autre, ou à un être vivant de manière plus générale, lui était absolument inconcevable. Que Sasuke soit son pire ennemi n'y changeait rien, il méritait le respect de base alloué à chaque être humain.
Évidemment, sur le moment, il avait puisé une satisfaction immense à l'humilier. Ne serait-ce qu'en souvenir du temps où lui-même avait été forcé de subir ses brimades, car ce dernier n'avait jamais pris la peine d'afficher son meilleur comportement face à lui. C'était un hommage à l'adolescent terrorisé d'aller à l'école qui avait été autrefois. Néanmoins, maintenant, il se rendait compte qu'il avait agi comme un enfant idiot et pris en faute. Ce n'était pas lui, cette personne ignoble qui tirait du plaisir à voir les autres mal à l'aise. Il avait beau savoir que Sasuke préférerait probablement être saigné à mort que d'admettre qu'il ait pu être blessé par son attitude, le jeune homme était conscient d'avoir outrepassé les limites. Seigneur, c'était même probablement du harcèlement sexuel. Tout comme la manière dont il était tourmenté chaque nuit depuis ce dimanche fatidique par des images classées x des parties intimes de son pire ennemi était inapproprié.
Ils étaient en guerre froide depuis des années, mais même les plus petites batailles possédaient des règles, et il savait qu'il avait franchi les limites à un moment donné. Le pire, c'est qu'il ignorait comment s'excuser auprès de l'Uchiha pour cela.
Au moins, il était conscient que des excuses devaient être présenté. Seulement, allé directement à la rencontre de Sasuke, c'était mort. Pour plusieurs raisons. Autant il reconnaissait être en faute, autant il n'allait pas le hurler sur la place publique non plus. De plus, Dieu savait comment l'Uchiha pourrait réagir, ou comment lui-même, serait capable de gérer leur proximité à présent qu'il savait ce que Sasuke trimballait dans son pantalon.
Il avait tout d'abord pensé à lui envoyer un email d'excuse, dans lequel il s'expliquerait et lui assurerait qu'une telle situation ne se reproduirait plus jamais et qu'il n'avait donc pas besoin d'aller le dénoncer aux RH pour harcèlement. Et avait passé toute la nuit de dimanche à lundi passée à y réfléchir dessus avant de finalement se rabattre sur des fleurs.
Les fleurs, c'était bien, hein ? Tout le monde aimait les fleurs. Il avait lu sur Internet que les gardénias pouvaient être symbole de trêve. Alors sans plus tergiversé, Naruto avait sorti son téléphone, cherché une boutique en ligne et fait expédier un bouquet de fleurs et une bouteille de vin (parce que quoi de mieux?), à l'étage de Sasuke en espérant que cela suffirait à les faire revenir à la relation de haine tranquille qu'ils entretenaient avant et qu'ils puissent oublier que cet épisode se soit jamais produit.
Il avait été trop lâche pour monter au trentième et vérifier si sa commande était bien arrivée au bureau du destinataire. Puisque, bien sûr, il n'avait reçu aucun retour de la part de celui-ci, pas qu'il s'y était attendu de toute manière. Il devait s'estimer heureux qu'il n'en fasse pas toute une histoire, mais une part de lui ne pouvait s'empêcher de se sentir irrité d'être tenu dans l'incertitude. Il aimait que ses relations avec les autres soient claires. Alors lui qui n'avait pas souvent mauvais caractère, avait vu son côté irritable accentué par le stress, le manque de sommeil des nuits précédentes et le silence de mort de Sasuke.
Peut-être un jour, il se sentirait moins honteux et affligé pour en parler à ses amis. D'ici là, il comptait bien emmener ce secret avec lui dans sa tombe.
Dieu soit loué, il n'eut pas à répondre à la remarque d'Haku comme un vendeur au sourire poli et commercial s'approchait d'eux afin de s'enquérir de leur besoin.
« Vous n'auriez pas des ensembles qui iraient avec le gros cul de ce type ? », demanda son ami en le pointant du doigt.
Le vendeur parut interloqué pendant une fraction de seconde avant de cligner des yeux, et le sourire Colgate était de retour, pareillement à s'il était habitué à devoir composer avec des clients dotés du franc parlé embarrassant d'Haku.
« Nous n'avons pas de pièces adaptées de ce côté-ci, mais je pourrais vous conduire dans le rayon pour hommes et… »
Le jeune homme brun leva une main pour l'interrompre.
« Non, nous voulons spécifiquement des articles pour femmes. Si possible, vos strings les plus tendus. »
Naruto couvrit son visage avec sa main et poussa un gémissement. Haku était vraiment le pire.
En face d'eux, le sourire du vendeur s'accentua.
« Je vais voir ce que je peux faire. »
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Review?
À dans quelques jours pour la partie 2 !
