Jour 15 (15/05/2024)
- Prompt : Le genre est une construction / un concept
- Contraintes : Stylistique : Récit au présent ; Objet : Veritaserum ; Personnage : Rose Weasley ; Lieu : Chemin de Traverse ; Phrase : I Il faut du courage pour affronter ses ennemis mais il en faut encore plus pour affronter ses amis ; insérer un OC

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Et revoilà les aventures de Ron et Robin !

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Le genre est une construction

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Robin lisse les pans de sa robe de sorcier et sourit à son reflet, d'un air satisfait. Il a toujours voulu s'habiller au rayon homme et n'a jamais osé jusqu'à aujourd'hui. Aujourd'hui, son père lui-même le lui a proposé et il s'est sentit pétiller dans chacune de ses veines.

Il préfère ces robes-là à celles qu'il devait porter avant. Elles sont plus confortables, plus amples - imposantes, même, plus lourdes, plus sobres. Plus tout. Elles ont des poches, partout, contrairement à celles faites pour les femmes qui ne servent qu'à masquer un tube de rouge à lèvres.

— Rob', c'est bon pour toi ? demande son père, une main sur son épaule.

Il hoche la tête, l'air satisfait. La porte d'entrée carillonne et il tourne la tête, par automatisme.

Lou, Perrine et Diane entrent en riant. Il perd son sourire. Iels sont ami•e•s depuis leur première année puisqu'iels partagent le même dortoir depuis six ans mais, ce n'est plus pareil, désormais.

— Rose ! Qu'est-ce qu-

— Robin.

— Ah-ah ! Ok, Rosie, s'exclame Diane.

Son rire cristallin résonne dans la boutique.

— Robin, confirme son père.

— Mais. Monsieur, avance Lou, incertaine.

— Mon enfant s'appelle Robin. Vous n'avez aucun droit de continuer à l'appeler autrement. Iel est en transition et iel est la seule personne à pouvoir se genrer comme iel l'entend, récite son père avec dogme.

— Mais.

— Iel ne vous demande pas de comprendre mais d'accepter et de ne pas vous conformer à une construction plutôt qu'une autre.

Robin pince les lèvres, les yeux brillants.

— Va te changer Rob, on a encore beaucoup à faire.

Il hoche la tête et se dirige vers les cabines. Il a rarement été aussi fier de son père.

Lorsqu'il le rejoint à la caisse, les filles sont parties et il scrute la rue, l'air préoccupé.

— Merci, Papa. C'était parfait.

— J'apprends. Elles finiront par apprendre aussi.

— Je ne sais pas. C'est devenu compliqué, de partager le dortoir. Je les comprends. C'est difficile de me croire, quand je leur dis que mon genre est plus souvent masculin que féminin. Mais ça fait mal. Je me sens…

— Dénigré•e ? demande-t-il en payant ses achats.

Ils rejoignent le Chemin de Traverse qui grouille de monde en cette veille de rentrée des classes.

— C'est ça. Et puis. Y'a le reste aussi. J'ai pas vraiment envie de revivre l'épisode du Verita-

La voix de Robin s'est progressivement éteinte et il n'ose plus regarder son père qui fronce les sourcils.

— Quel épisode ? Robin ?

— C'est rien, Papa.

Ron saisit Robin par le bras et l'amène à l'écart, sous une porte cochère ombragée.

— Raconte-moi.

— C'est rien, vraiment… Bon. A la fête du printemps, l'an dernier, elles m'ont fait boire du Veritaserum.

— Quoi ? Mais ! C'est illégal, c'est-

— On le fait parfois. Quand on joue à Action ou Vérité, tu sais ? indique Robin avec prudence.

— Comment vous vous en procurez ?

— Comment vous faisiez à ton époque ?

— Ta mère, sourit Ron.

— Oh. Non. On… On en emprunte dans la réserve de Monsieur Zabini.

— Bravo. Nos enfants, les délinquant•e•s…

Robin rit.

— Oui, enfin, là, c'était pas tant pour jouer que pour que je reconnaisse que j'étais Rose, la fille qu'elles avaient toujours connu.

— Oh. Et alors ? demande Ron anxieux.

— Bah. Rien. Je leur ai dit la même chose que d'habitude.

Ron serre Robin dans ses bras à l'en étouffer en psalmodiant des " Mon bébé ". Robin tente de se dégager. Il hésite entre rire, pleurer et s'énerver.

— Je suis si fier de toi.

— Pfff. Je ne vois pas pourquoi, Papa.

— Parce que tu es fort•e et qu'il faut du courage pour affronter ses ennemis mais il en faut encore plus pour affronter ses amis. Ce ne sera pas une année facile pour toi. Mais je suis persuadé que tu en sortiras grandi•e.