Chapitre 5 – Barrière illusoire

Flash back.

- Je vais t'emmener à une de mes soirées. Tu verras, ce sera instructif.

Fabian, âgé de quatorze ans, n'avait pas vraiment envie d'aller à une soirée « Malefoyenne ». Il venait d'intégrer sa nouvelle maison et une soirée digne des plus grands sangs purs était vraiment la dernière chose dont il avait besoin.

- Où ça ?

- Tu verras. Pas besoin de faire cette tête, je veux simplement te présenter à quelqu'un. Quelqu'un qui rêve de te connaître.

Cette phrase était-elle censée le rassurer ? À qui son père voulait-il le présenter ? Et qui donc pouvait bien vouloir le connaître ? Fabian était tendu. Cela n'arrangerait pas son sort, certes. Mais il ne pouvait pas s'en empêcher. À vrai dire, il n'était pas très doué pour les soirées officielles, pour tout ce qui était officiel, en fait. Tout ce qui était sérieux, où il fallait bien présenter, toujours se taire et faire un grand sourire hypocrite. Ce n'était pas son style. Il était plutôt ingérable et pas adaptable en société. De ce fait, depuis qu'il était dans cette famille, il marchait en permanence sur des œufs. Et ce repas chez son « ami » ne lui disait rien de bon.

- Tu es prêt ?

Son père le détailla du regard et sa grimace n'échappa pas à Fabian. Pourtant, lui qui détestait les tenues classe, avait fait un sacré effort. Provoquant un sursaut de son fils, Caius avait arraché brutalement sa cravate, le faisant reculer de quelques pas. Leurs yeux s'accrochèrent.

- Jamais de cravate. Il serait capable de t'attacher on ne sait où avec ça.

Fabian n'avait pas pu s'empêcher de blêmir et déglutir. Il avait la drôle d'impression de se rendre chez un pervers de première classe. Son père sourit doucement.

- Darell est un être totalement imprévisible. Je dis un « être » car il est humain mais parfois n'a rien d'un être humain. Le mieux que tu puisses faire, et le mieux pour toi, c'est que tu ne lui plaises pas. Mais surtout, que tu ne lui déplaises pas...

La porte du manoir s'était ouverte et un elfe les guidait gentiment jusqu'au salon. Fabian remarqua vite qu'ils n'étaient pas les seuls invités, ce qui le rassura beaucoup... L'attention ne pourrait pas être braquée uniquement sur lui. Même s'il avait l'habitude, depuis quelques semaines, d'être l'attraction du monde sorcier. Pourtant, il se trompait. Darell Parsons était étrange. Un bel homme aux cheveux noirs et au regard perçant. D'un bleu clair dans lequel il était facile de se perdre. Mais la noirceur transparaissait dans chacun de ses gestes, sourires ou mots. Totalement imprévisible. Il semblait analyser les gens, tenter de les comprendre, les pousser à révéler leurs cartes. Fabian fut surpris de l'accueil qu'il avait réservé à son père. Un accueil presque chaleureux, malgré la froideur et l'intransigeance des deux hommes. Sa main s'était posée sur son épaule, puis au milieu de son dos tandis qu'il l'annonçait aux invités. Comme s'il le guidait, ou le tenait pour avancer. Et, ses yeux se posèrent sur Fabian, le dévisageant. Un sourire glacial accueillit le jeune Malefoy.

- Fabian. Je te rencontre enfin.

Sa main s'était posée sur l'épaule de l'adolescent et ce dernier s'était senti immédiatement oppressé. Fabian se dit à cet instant qu'il devait vraiment avoir le don pour se confronter à des personnes autoritaires et froides.

- Bonsoir. Répondit-il simplement, dans un murmure.

- Bienvenue parmi nous. Tu avais raison, Caius, c'est ton portrait craché.

Sur ces simples mots, il retourna près de ses invités. Chacun et chacune semblait l'admirer. Fabian remarquait qu'il y avait quelques têtes connues. Pas forcément appréciées mais connues. Les Dolohov, les Lestrange, les Black –Sans Sirius malheureusement – Abraxas était également présent. Mais seul. Pourquoi n'avait-il pas emmené les siens ? Enfin, il n'y avait pas forcément du beau monde, quoi d'étonnant ?

- Ton fils n'est pas très heureux d'être ici, Caius. Sourit l'homme.

Fabian avait l'impression de se désagréger sur place. Son père avait posé un regard amusé sur lui. Pourquoi était-il amusé ? Il ne comprenait rien.

- Ah bon ? Cela me surprend...

Darell riait. Un rire agréable, malgré la crainte qu'il pouvait inspirer. Il tardait à Fabian que ça se termine. Le sourire de Parsons s'agrandit.

- Il lui tarde que ça s'arrête. C'est plutôt drôle quand on sait que ma soirée n'a même pas commencée !

Tandis qu'ils riaient, Fabian avait le sentiment de se décomposer au fur et à mesure... Comment pouvait-il exprimer à ce point ce qu'il ressentait ? Fabian lui lança alors un regard plein de mépris. Ce monsieur Darell Parsons voulait jouer ? Ils allaient jouer. Il pouvait devenir un sale gosse insupportable, insolent, intransigeant s'il le souhaitait. Alors que cette pensée traversait son esprit, Darell s'approcha, ses yeux bleus s'accrochant aux siens tels deux coquillages à un rocher. Sa main se posa fermement sur son épaule.

- Je te déconseille d'entamer une partie de jeu avec moi, Fabian.

Fabian s'était figé d'un seul coup.

- Premièrement, parce que je suis bien plus fort. Deuxièmement, parce que ton cher père ici présent a peur que je ne t'abîme trop et que j'aille plus loin que prévu...

- Darell. Siffla Caius.

Darell, imperturbable face à la réprimande de Caius, regardait Fabian avec un sourire en coin. Il s'écarta et en s'éloignant, caressa furtivement la joue de son père avec son doigt. Il le rassura dans un murmure qui n'était pas si discret car suffisamment fort pour résonner jusqu'aux oreilles de Fabian.

- Tranquillise-toi, ce n'était qu'un jeu de télépathie, rien de plus.

Télépathie ? Fabian n'en croyait pas ses oreilles. Son désormais père l'avait emmené chez un télépathe ? Il ne se rendait pas compte à quel point cela pouvait être dangereux pour l'équilibre précaire qu'ils tentaient de trouver. L'équilibre précaire était justement dû au fait qu'il gardait ses pensées pour lui plutôt que de les lui balancer à la tête. Fabian vit Darell sourire un peu plus loin. Ses sourires n'étaient pas vrais. Il ne souriait pas de bonheur, mais semblait s'amuser simplement de ce qu'il percevait autour de lui.

[...]

Dire que Remus était le plus sage de son groupe d'amis était probablement vrai. Mais penser qu'il avait le pouvoir de les cadrer était certainement le plus grand mensonge que les professeurs avaient approuvé. Il aurait pu y mettre toute la volonté du monde qu'il se serait tué à la tâche. Même là, cela n'aurait pas fonctionné. Bien sûr, il était capable de leur faire des remontrances, capable même de faire taire un Sirius Black ou rougir un James Potter. Mais de façon très brève et l'utopie aurait été de penser qu'il avait réellement un impact sur le long terme... Ce n'était jamais le cas. Donc, en ce premier matin de reprise des cours, et comme ils ne l'avaient absolument pas écouté la veille, il fut obligé de les réveiller de façon brutale et ferme, en les secouant très fort chacun leur tour. Il récolta des grommellements mécontents de la part de Sirius, un grognement de Peter, des phrases incompréhensibles de la part de James –sûrement en train de rêver – mais, contre toute attente, ce fut Fabian qui le surprit. Le jeune Malefoy s'était levé d'un seul bond en s'écriant qu'il était en retard et fila sous la douche. De ce fait, les trois autres émergèrent en riant. Ce ne fut que lorsqu'il sortit de la douche, dix minutes plus tard, grommelant dans sa barbe, que les rires se calmèrent.

- Je viens de comprendre que j'étais à Poudlard...

- Ah mon pauvre Fabi. Ca fait péter une durite d'être un Malefoy hein ? Sourit Sirius

- Je n'arrive toujours pas, un an après, à comprendre l'utilité de se réveiller à 7h30 même pendant les vacances...

- C'est pour voir ton pôpa chéri avant qu'il ne parte au travail...

Fabian fusilla Sirius du regard. Il n'y avait qu'eux pour se comprendre sur ces blagues critiques des familles de sang pur. Personne d'autre ne s'y essayait.

- Tu devrais aller à la douche, Black, t'as une sale tête et tu pues.

Le jeune Malefoy reçut un coussin dans la sienne pour simple réponse, ce qui n'ôta pas son sourire amusé, bien au contraire. Remus leva les yeux au ciel et prépara calmement son sac de cours. James fit de même tandis que Peter émergeait avec les cheveux tout ébouriffés. C'était le premier jour, une rentrée qui s'annonçait aussi belle que les autres. Poudlard était plus qu'une école, c'était un lieu de vie, un lieu d'épanouissement. Les élèves ici, étaient loin des leurs. Même si les transports sorciers permettaient d'être rapide, efficace. Souvent, la plupart des élèves de Poudlard ne retrouvait leur famille qu'à chaque vacances, ou, pour certains, ils ne retournaient chez eux qu'à la fin de l'année. Cette école permettait d'apprendre à s'éloigner du cocon familial, de devenir plus rapidement « un », de connaître son identité, faire ses propres choix, apprendre à être une personne, avec ses envies et ses souhaits. Cet éloignement permettait de s'affirmer. Pour certains, un peu isolés, qui n'avaient pas vraiment d'amis, c'était peut-être terrible, et ça projetait dans un monde brutal : il fallait apprendre à faire sa place. Pour d'autres, comme le jeune Sirius Black, cela avait permis d'ouvrir les yeux sur un autre monde, d'autres personnes, d'autres façons de penser. Pour Fabian, qui avant adorait les vacances pour rentrer dans un vrai cocon, il était ravi aujourd'hui de pouvoir s'éloigner de sa nouvelle maison, de nombreux kilomètres et de longues semaines le séparaient de ce manoir dans lequel il n'arrivait pas à trouver sa place. Il se sécha doucement les cheveux avec sa serviette, sentant à nouveau, plus qu'il ne le vit, le regard perçant de Remus sur sa nuque. Peter et James venaient de s'éclipser dans la salle de bains. Il se tourna et fit face à son ami, les bras fermement croisés. Il s'était mis, malgré lui, en mode défensif. Les yeux dorés du jeune Lupin pétillaient, pas de malice, mais d'une curiosité mesurée, et, surtout, d'une grande tendresse. Cela ne fit pas tomber les défenses de Fabian pour autant.

- Quoi ? Tu vas me regarder longtemps comme ça, Lupin ?

Le sourire de Remus prit place sur ses lèvres, légèrement malicieux. Le ton du jeune Prewett – désormais Malefoy – ne l'impressionnait absolument pas. Et Fabian n'aimait pas du tout l'air de son ami. Mais pas du tout. Remus s'était installé sur le bord de son lit, une jambe repliée sous lui, visiblement prêt à avoir une grande conversation, sachant pertinemment que Fabian ne voulait pas l'assumer, mais cette fois, il ne lui laisserait pas le choix. Fabian lâcha un profond soupir et leva les yeux au ciel, il retrouvait, dans ces moments, son véritable caractère, le tempérament de feu qu'il s'efforçait, à ce jour, de masquer le plus possible une fois chez lui, histoire de rester en vie.

- C'est quoi ton problème, Lup' ?

- Oh, je n'ai aucun problème. J'attends que tu me parles de tes vacances.

- Il n'y a rien à dire. Répliqua Fabian, plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu.

Remus lui adressa un doux sourire et pencha légèrement la tête. Il n'insisterait pas, ne poserait pas de questions indiscrètes, ne passerait pas en force comme aurait pu le faire Sirius, mais souvent, son regard et sa douceur suffisait à vous faire dire ce que vous n'auriez jamais avoué. Fabian s'agaça vraiment.

- Qu'est-ce que tu veux m'entendre dire à la fin ? Siffla t-il.

- Moi ? je ne veux pas t'entendre dire quoi que ce soit, je veux simplement savoir, réellement, comment tu vas, comment tu te sens. Je ne suis pas stupide, Fabi. Aucun de nous d'ailleurs. Peter va se contenter de compatir, James de te changer les idées, Sirius est certainement celui qui sait le mieux et il saura t'aider, à sa façon, en temps voulu. Moi, je me dis simplement qu'on ne peut pas changer de famille, passer d'un extrême à l'autre et un an après, faire comme si tout était normal... Tu as passé deux mois d'affilée dans ta nouvelle famille, et deux mois, c'est long...

- Très long. Confirma simplement Fabian en retournant à son silence.

Leurs yeux s'accrochèrent et Remus esquissa un sourire doux et triste à la fois.

- Et tu bouillonnes littéralement de l'intérieur...

- Tu n'as pas le DROIT d'utiliser tes... « ressentis » sur moi ! Siffla Fabian, vraiment en colère à présent.

- Ne pas les utiliser et ignorer ce que tu ressens serait un mensonge de ma part et un défaut d'amitié. Je pourrais ignorer mais je n'en ai même pas fermé l'œil tant ça te ronge jusqu'à tes songes !

Fabian éclata d'un faux rire nerveux et colérique, il leva les mains en l'air, signe de paix et d'excuse.

- Désolé d'avoir perturbé votre sommeil, Remus Lupin.

- Je me fiche de mon sommeil, Fabian. Et tu le sais parfaitement. Ce qui m'inquiète, c'est cette rage, sourde et violente que je sens monter en toi...

- Elle ne monte pas, je la réfrène vois-tu ! C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour l'instant... Tu comprends ? Je ne peux pas la laisser sortir. Je ne le peux pas, Remus. Je ne peux plus me permettre de dérailler comme je l'ai fait. Comprends que c'est la seule façon de tempérer la situation. J'ai à faire, quotidiennement, à quelqu'un qui exulte de rage en permanence... Tout est prétexte à s'énerver ! Imagine que j'ouvre les vannes, ne serait-ce qu'un quart alors qu'en face, c'est triple dose... Imagine l'explosion que ça génèrerait ! Je ne suis pas prêt, Remus. Je ne suis pas prêt, mentalement, à faire face à ce torrent. Pas pour l'instant.

- Je comprends, Fabi. C'est la solution que tu as trouvé pour que ça passe en douceur, ou presque.

- Douceur est un bien grand mot effectivement. Ironisa Fabian.

- Ce qui m'inquiète, moi, c'est qu'elle est bien présente quand même, cette colère. Elle est même violente et elle n'attend que de sortir. Je pense, modestement en tant que Remus Lupin et ami, qu'on devrait réfléchir, si tu le veux bien, à un moyen de l'extérioriser. Un moyen qui ne te ferait pas courir de risque, tu vois ?

- Tu veux dire comme un exutoire ? Demanda Fabian, légèrement calmé.

- Exactement. Une activité qui te défoule, qui fasse sortir ce que tu contiens dans ton corps et ton coeur.

- J'aurais quand même le droit de frapper un peu Lucius ? Sourit Fabian.

- C'est justement le type d'exutoire qu'il faudrait éviter... Grimaça Remus avec un sourire.

Fabian soupira doucement et regarda son ami, il lui adressa un léger sourire puis esquissa une grimace dans sa direction.

- Le problème, c'est que c'est la seule chose dont j'ai envie... Je sens que je suis prêt à retomber dans mes travers... Me battre sans cesse avec les Serpentards, surtout avec Lucius, cogner, frapper. Comme avant. Mais alors là, si je retombe là dedans, je suis mort.

- En effet, je pense que ce serait la pire des « solutions ». Surtout ton cousin...

- Et je ne peux pas me permettre de perdre encore quelqu'un. Je ne le supporterais plus.

Remus regarda son ami avec douceur et bienveillance. Sa vie avait basculé dans une sorte d'enfer prémédité, l'année passée. Au-delà du changement de famille, déjà très brutal au vu des extrêmes dont il s 'agissait. Il avait également perdu celle qu'il avait toujours considérée comme sa mère, Johanna Prewett, et son jeune oncle Nathanaël Prewett. Par chance, les crises de violence, de rage, qui en avaient résulté, avait été passées –presque- sous silence auprès de son paternel et gérée directement par le directeur et par Jared Prewett, qui avait été le seul à être prévenu. Au cours de l'année ou Caius Malefoy avait récupéré Fabian, les Prewett avait étrangement été sujets à bien des attaques et des tortures, répétées et perpétrées par un homme masqué. Du plus profond de son être, même s'il ne voulait pas vraiment savoir, Fabian sentait que son père en était l'auteur ou le commanditaire. Et, malgré lui, il n'osait plus regarder la réalité en face. Il savait que s'il laissait l'idée germer, celle ou son vrai père était le meurtrier de la famille dans laquelle il avait grandi, la folie s'emparerait de lui à nouveau. La douleur, la souffrance, avait bien failli avoir raison de lui l'année précédente, il ne maîtrisait plus ses comportements, ne ressentait plus rien hormis de la rage. Il était passé maintes fois en conseil de discipline pour des bagarres, insolences, manque profond de respect envers ses professeurs, envers le monde entier en fait. Par chance, il avait eu encore droit à l'amour, malgré sa violence, sa haine. L'amour de Jared, premier à recadrer, tempérer, gérer, le seul capable de lui faire face pendant les crises. L'amour de Gideon et Molly, auprès desquels il s'était réchauffé le cœur, cœurs qu'ils avaient tous les trois meurtris. Johanna avait toujours été leur moteur, leur phare, leur bouée. L'amour d'Anton, bien qu'à jamais ravagé par le chagrin d'avoir perdu sa moitié. L'amour de ses amis, nouveaux piliers sur des fondations désormais précaires. Peter, avec sa façon distante et un peu naïve de compatir discrètement. James, pour qui changer les idées, détourner l'attention et faire des blagues était un art qu'il maitrisait sur le bout des doigts. Sirius, qui était devenu un peu le double, le reflet dans lequel on se retrouvait, pas totalement, mais avec qui sans même prononcer un mot tout était compris. Et Remus. Remus qui sentait tout, chaque dérive, chaque effondrement, chaque brin de douleur et de tristesse, le plus discret et le plus intelligent émotionnellement parlant. Au-delà de ses capacités involontaires, c'était un don d'observation, d'attention hyper développées. Remus captait tout.

Les yeux de Fabian s'accrochèrent à ceux de Remus, et, alors que la porte de la salle de bain s'ouvrait dans un grand fracas, le jeune Lupin se leva et étreignit brièvement le poignet de son ami en passant. Il prit son sac et regarda leurs amis sortir avec un air sévère.

- C'est maintenant que vous sortez ? On vous attendait, on va finir par être à la bourre dès le premier jour !

- Pfff, quel rabat joie ce Remus-le-préfet alors ! Même les parents sont moins chiants dans la vie ! Grogna James.

Fabian ne put s'empêcher de rire doucement, ignorant royalement le regard perçant qu'adressa Sirius Black dans sa direction et celle de Remus. Il y en avait un autre qui avait ce type de don. Black. Pourtant un jeune garçon très téméraire, qui pouvait faire les pires bêtises et ne se privait jamais d'une bonne retenue, mais qui semblait être de ceux qui « captaient » les choses. Du moins en ce qui concernait Fabian, et à son grand regret parfois. Sirius prit alors un air enjôleur et ébouriffa tendrement les cheveux de leur cher préfet.

- C'est pour faire bonne figure, mais il va nous aider !

Remus, qui détestait par-dessus tout qu'on touche à ses cheveux, saisit brutalement et avec une force inouïe les mains du jeune Black et le regarda avec un air sévère à faire peur. Il grogna férocement.

- Tu peux toujours crever pour que je t'aide, Black.

Le jeune Lupin remit ses cheveux en ordre, il pointa ensuite Sirius du doigt avec un air menaçant.

- Tu as failli à ton amitié, je faillirai à la mienne !

Avec cet air théâtral, il se détourna et prit la direction de la grande salle, marchant d'un bond pas pour distancer ses amis et son « faux ami ». James était hilare, il s'exclama « parce qu'il a osé toucher tes cheveux ? Remus, quand même ! » Le jeune Lupin grommelait des choses incompréhensibles dans sa barbe, c'est cet instant que choisirent deux jeunes filles pour se mêler à eux. Une jolie rousse s'accrocha au bras de Remus, prenant délicatement le sien. Tandis qu'une douce blonde saisissait celui de Fabian.

- On te fait déjà des misères mon doux Remus ?

- Incorrigible, puéril et complètement immature. Grogna férocement le concerné.

- Je remets bien les choses dans leur contexte. Intervint alors James. À savoir : Sirius n'a fait que lui ébouriffer les cheveux ! Seulement ça ! Et on dirait qu'il a fait péter une bombe...

- Oh, mon pauvre Remus... Le plaignit Lily, en posant sa tête contre son épaule. Tes si beaux cheveux...

Sirius avait prit la mine de l'enfant fautif qui reste dans son coin, déclenchant le fou rire de Fabian et Peter. Alice sourit de toutes ses dents et serra le bras de Fabian contre elle, le regardant de ses doux yeux verts.

- Comment ça va petit ange ?

- Il faudra vraiment qu'on m'explique d'où vient cet abominable surnom qui n'a absolument aucune crédibilité... Intervint Sirius d'une voix traînante qui ne lui ressemblait absolument pas.

Fabian s'assombrit et le foudroya du regard.

- Ne joues pas à ça ce matin, Black. Toi et tes imitations, vous allez déclencher ma mauvaise humeur !

Mais Alice riait, de ce son si agréable qui pouvait désamorcer toutes les situations critiques et tendues. Elle aurait pu être placée au cœur même d'une guerre que sa douceur, l'amour qu'elle émettait et cette tendresse à toute épreuve auraient ensemble raison du conflit. Sirius esquissa un large sourire innocent. Il fallait le dire : malgré le fait d'être un ami insupportable, le jeune Black était un imitateur hors pair. Il pouvait prendre le ton et les manières de quasiment n'importe qui ! En l'occurrence, là, Lucius Malefoy. Cet énergumène ayant, depuis qu'il était devenu officiellement le cousin de Fabian, la fâcheuse tendance à se prendre pour son père lorsque ce dernier était absent. Chose qui était totalement impensable et inimaginable pour Fabian qui, lui, continuait de le considérer simplement comme son pire ennemi de toujours. Il devait avouer que malgré sa lutte intérieure contre son mauvais caractère et ses dires, il n'avait toujours pas irrévocablement accepté le fait d'être un Malefoy.

- Alors, comment tu vas ? Demanda à nouveau Alice.

- Avec toi à mes côtés, je ne peux qu'aller bien !

Et c'était vrai, elle avait ce pouvoir d'annihiler presque tous les problèmes. L'année précédente, alors qu'il était déboussolé, enragé les trois quart du temps et que plus personne n'arrivait à l'atteindre, à lui parler. Elle y parvenait. Alice était sa meilleure amie depuis leur première année à Poudlard. Ils se mettaient souvent ensemble en cours, se retrouvaient dans les couloirs, et le week-end parfois pour se promener, rire, discuter. Ils avaient eu cette accroche facile, évidente, depuis le début. Elle lui avait dit un jour qu'au fond de lui, il avait une part si lumineuse qu'elle pouvait blesser lorsqu'elle sortait, qu'elle éclairait parfois trop violemment et que certaines personnes n'étaient pas prêtes à y faire face. Ce à quoi, il lui avait répondu qu'elle se trompait sûrement, et que c'était elle l'ange gardien qui avait été mis sur sa route pour le guider. Le surnom était resté. Les mots aussi. Et Alice semblait vraiment être née « phare » pour ceux qu'elle côtoyait.

Ils prirent tous place dans la grande salle, à la table des Gryffondors, plutôt de bonne humeur et enjoués, jusqu'à ce qu'on leur transmette leur emploi du temps... Les commentaires allèrent alors bon train, et fusaient de toutes parts, sous les rires de Gideon et ses amis. Et oui, ce n'était pas faute d'avoir été prévenus : la cinquième année était toujours la pire, celle des premiers examens, et d'une pression sans faille. Gideon et Jamie encadrèrent Fabian, Sacha se plaçant face à lui avec un laaaaarge sourire.

- Alors ? Questionna Sacha.

- Quoi ?

- Tu sens la pression ? Demanda Gideon.

- C'est bon ! Je sais, je vous ai embêté avec les BUSE l'an dernier mais...

- Mais quoi ? Coupa Jamie.

- Ya prescription vois-tu ! Et en plus, j'étais un contre trois, là c'est injuste !

- Prescription mes fesses, oui ! S'exclama Gideon.

- Gideon ! Trancha fermement Alice avec un air sévère.

Ce dernier prit un air innocent et une tête d'ange, battant des cils en la regardant. Fabian soupçonnait un léger trouble et une attirance d'un côté et de l'autre... Mais à ce jour, rien n'était avéré. Il aurait bien apprécié voir son frère et sa meilleure amie ensemble. Même si, officiellement, il n'avait plus de frère. D'ailleurs, il sentait qu'il devrait se faire plus discret à ce niveau maintenant que « l'ennemi » avait infiltré son école et pouvait le démasquer et –surtout- le dénoncer à un certain personnage qui fulminerait aussitôt de colère. Bien sûr, Caius Malefoy n'était pas un être stupide. Il savait déjà sûrement que Fabian gardait des liens avec son ancienne famille, où du moins il le sentait. Mais le « sentir » et le « savoir » officiellement en l'apprenant de la bouche de Darell Parsons –qui ne se gênerait pas pour donner multitude de détails- était une toute autre affaire. Alors que les yeux de Fabian s'accrochaient à ceux de Parsons, là, derrière la table des professeurs, ce dernier lui adressa un de ses sourires –que Fabian détestait soit dit en passant-. LE sourire qui signifiait « Moi, en tout cas, je vais bien m'amuser ». Et Fabian, à cet instant, était loin de s'imaginer à quel point. Il fut soudainement bousculé à sa droite par un Sirius brusque et agacé.

- Je t'ai dit de tracer ta route, espèce de bécasse stupide et suffisante.

Fabian s'étouffa de rire dans son verre, avant de voir que son ami s'adressait directement à sa cousine de Serpentard, Bellatrix Lestrange. Fabian ne comprenait toujours pas comment, et pourquoi, les tables Serpentard / Gryffondor avait été placée côte à côte. C'était un non sens et une aberration totale ! Les conflits semblaient de pire en pire avec les années, mais les professeurs avaient l'air de laisser les choses s'envenimer, ou peut-être attendaient-ils que l'intelligence ou l'ignorance s'en mêle ? C'était, pour l'instant, peine perdue. Il vit le visage de Bellatrix changer de couleur. Cette fille était dangereuse et, malheureusement pour Sirius, était déjà en septième année, connaissant bien plus de choses que lui en matière de magie, et notamment de magie cruelle, appelée plus communément magie noire. Qui plus est les Serpentards avaient la fâcheuse manie de noter mentalement les faits et gestes des « traîtres » pour les dénoncer ensuite, en famille. Fabian saisit le bras de son ami.

- Laisse tomber, Sirius.

Il retint avec peine la suite de sa phrase, à savoir « elle est tarée », parce qu'effectivement, c'était réaliste. Et, non pas que Fabian se ramollissait, -il avait bien envoyé un cognard directement dans la tête de Lucius l'année précédente- il savait que les Serpentards, notamment les sixième et septième années, trempaient dans de la magie assez louche. Il ne voulait pas que son Sirius en fasse les frais. Bellatrix lui adressa un sourire mauvais. Un sourire qui n'annonçait rien de positif.

- Oui, exactement Sirius. Tu devrais écouter ton ami, la sagesse semble l'avoir trouvé en même temps que sa nouvelle famille. Ou peut-être cette soudaine sagesse est une conséquence directe du fait qu'il se soit ramolli chez les Malefoy ?

Le « ferme ta grande bouche de psychopathe dégénérée sinon tu vas avoir un aperçu de ma sagesse...» n'aurait -normalement- pas du arriver dans d'autres oreilles que celles de la personne concernée. C'était pourtant, comme par hasard à cet instant, qu'un grand silence s'était fait dans l'immense salle. Fabian fit la moue tandis que Sirius éclatait d'un rire puissant à s'étrangler, frappant la table de sa main comme un hystérique. Gideon leva le pouce dans la direction de son frère, tout sourire. C'était un jeu qu'ils avaient commencé l'an dernier, à son plus grand désespoir. Ils s'étaient vite rendus compte que même lorsque Fabian tentait d'être discret, de bien se tenir, d'être prudent quant à son comportement, il avait le don –si on pouvait le considérer comme tel- de parler au moment où il ne fallait pas et d'être percé à jour. Les pires insultes qu'il avait pu prononcer, même à l'égard de certains professeurs dans sa folie passagère, avait donc souvent atterri justement dans l'oreille qu'il ne fallait pas. C'est ainsi que les Maraudeurs s'étaient mis à compter ses exploits, d'abord en cours, puis son frère et ses amis s'y étaient également mis, lorsque ça arrivait devant un plus large public.

Slughorn et Mcgonagall s'étaient levés et s'avançaient –pour la énième fois mais première fois cette année- vers les deux tables, fréquemment fautives des coups d'éclats. Fabian se prépara à un long monologue et un regard flippant de sa directrice de maison, il y était désormais coutumier. Cependant, Sirius se leva en premier pour aller à la rencontre de la directrice. Il s'expliqua avec les deux directeurs et sa cousine. La haine entre eux était bien visible, peut-être plus présente entre Sirius et Bellatrix, qu'avec n'importe quel autre membre de sa famille. Le jeune Black était un habitué de ces conflits familiaux, il avait « choisi son camp » depuis bien longtemps, il avait renié intérieurement les siens, et n'attendait que le bon moment pour disparaître et recommencer ailleurs. McGonagall cependant, finit par poser son regard sur Fabian.

- Monsieur Malefoy, je vous prierai d'être attentif au langage employé envers vos camarades. Nous vous demandons d'être respectueux les uns envers les autres.

- Je le serai, professeur McGonagall, du moment que « les autres » le sont également. Sourit Fabian.

Après quelques mots, Sirius poussa Fabian vers la table et ils se rassirent, les Serpentards de leur côté, les Gryffondors de l'autre. Après quelques secondes, les deux amis échangèrent un regard et éclatèrent de rire, se tapant dans la main. Ce n'est qu'après qu'ils virent les regards réprobateurs de la quasi-totalité de leurs amis – seuls les yeux de James brillaient autant d'admiration que de reproche-. Ils prirent une fausse mine contrariée pour éviter les remontrances, ce qui ne fonctionna pas vraiment.

- On a quoi comme cours aujourd'hui ? Questionna fermement Sirius pour couper court à la discussion qui débutait sur des conseils tels que « vous devriez tout de même faire attention vis-à-vis de vos familles...»

Sirius ne supportait plus qu'on lui demande de faire attention, il défendait ses droits, ses choix, ses envies, c'était aussi simple que ça. Et il ne supportait pas davantage que l'on fasse les mêmes reproches à Fabian. Son ami devait déjà « digérer » le fait de passer d'une famille adorable, cool, ouverte et aimante comme les Prewett à une famille proche de la dictature Malefoyenne, alors c'était suffisant, il n'avait pas en plus besoin qu'on vienne l'emmerder avec des remontrances. Il y en avait bien suffisamment à domicile ! Et, comme souvent lorsque Sirius sortait crocs et griffes réunis, personne ne bronchait bien longtemps. Il parvenait, dans son mouvement de lutte et de rage perpétuel, à faire taire les pseudos conseils inutiles et la sollicitude incessante. Il les avait en horreur l'un comme l'autre. Gideon avait appris à se taire, à arrêter de donner son opinion ou ses conseils à Fabian sur le rapport « rébellion / risques engendrés par cette dernière » le jour où Sirius Black avait presque failli l'étrangler de ses propres mains l'année précédente. Il n'avait pas compris cette soudaine violence, mais des semaines durant il avait répété cette scène de reproches contre Fabian, certes avec amour et bienveillance derrière, mais reproches quand même. Il avait été figé, surpris, quand Sirius s'était mis à lui hurler dessus des phrases du style « Prewett, quand on ne sait pas de quoi on parle et qu'on est bien installé au chaud dans le confort de sa demeure aimante et chaleureuse, on ferme sa grande bouche ! » Avait eu lieu un déferlement de colère, de cris et de presque violence physique retenue par James et Remus quand le jeune Black avait sauté à la gorge de Gideon Prewett. Depuis ce jour, les conseils familiaux étaient bien moins nombreux et toujours donnés sur un ton hésitant, presque bégayant. Sirius Black avait imposé avec force son avis sur la question : quand on ne vit pas les situations, on se passe de conseils inutiles. Et cela convenait plutôt bien à Fabian, qui en avait aussi par-dessus la tête qu'on lui dicte ou critique ses actions.

- Métamorphose, défense contre les forces du mal, repas, sortilèges, divination pour ceux qui l'ont, histoire de la magie. Énonça Remus.

- C'est vraiment un lundi ça ? Grommela Sirius.

- Tu t'attendais à ce qu'ils te laissent dormir dès le premier jour de la semaine ? Ricana James.

- Roooooh, la ferme Potter, tu m'épuises déjà.

Une salve de rire traversa leur petit groupe avant qu'ils ne se pressent pour terminer leur petit déjeuner, papa Remus les ayant rappelés à l'ordre. Ils riaient dans les couloirs, se faisaient des blagues, se bousculaient, comme des enfants, simplement et joyeusement. Des enfants, jeunes et fous, insouciants mais pas si innocents pour certains. En entrant en classe de métamorphose cependant, le silence s'imposa immédiatement. Minerva McGonagall n'avait jamais besoin de trop insister, ses élèves la connaissaient bien. Elle pouvait être aussi tolérante qu'intransigeante. Elle était juste, mais sévère, autoritaire et ferme. Ce n'était pas avec elle que les élèves étaient bruyants. Certes, les Maraudeurs faisaient des blagues de temps à autre, mais ils ne s'aventuraient pas à la provoquer outre mesure. Ce premier cours de l'année ne faisait pas exception. Elle maniait qui plus est sa matière avec tant de passion et d'entrain qu'il était difficile de ne pas être contaminé par cet attrait. Concernant Fabian, il aimait la plupart des matières, et l'art de la métamorphose l'avait toujours fasciné. Aussi cette première leçon de l'année, ou ils devaient apprendre la métamorphose d'un rat en objet l'intrigua dès les premières minutes. Et visiblement, ils furent tous emportés par l'entrain matinal et passionnel de leur directrice de maison.

- C'est ainsi que le sorcier put métamorphoser l'animal à sa guise.

Alice leva doucement la main, alors que Fabian levait les yeux au ciel. Si les garçons faisaient partie des meilleurs en cours –plus par facilité que par écoute attentive- Alice et Lily, elles, étaient de vraies premières de la classe. Toujours fourrées à la bibliothèque en train de réviser, toujours les devoirs fini à temps, toujours cette soif d'apprendre vivace et inextinguible.

- Oui Miss Hellington ?

- Pourquoi les sorciers voudraient métamorphoser les animaux ? Je veux dire, les animaux sont des êtres vivants, cela n'est-il pas barbare de se servir d'eux ? Alors qu'on pourrait... évoluer ensemble ?

La défense contre les abus envers les animaux, maintenant. Cause sublime. Et dire que c'était lui qu'elle nommait « ange », si elle savait. C'est ainsi que la jeune Helligton, une fois n'est pas coutume, prit le professeur McGonagall complètement au dépourvu... Sous les regards ahuris et admiratifs de James Potter et Sirius Black. Ils n'avaient eux-mêmes jamais réussis à la déstabiliser malgré leurs nombreuses bêtises ! Lorsque la sonnerie clama la fin du cours, les Maraudeurs attendirent la jeune Hellington, Sirius lui tendit son bras alors que James se saisissait de l'autre.

- Vous êtes merveilleuse, chère Alice. Complimenta Sirius en tapotant tendrement sa main.

- Permettez que je porte votre sac ? Demanda James.

- Cela va durer longtemps ces doléances ? Rit la jeune fille.

Sa phrase entraîna un rire de leur groupe. Sirius la regardait avec un air émerveillé, il avait serré sa main de plus belle.

- Si un jour, un seul petit jour dans cette minuscule existence, j'omets la puissance du respect que je vous dois, merci de rappeler cet instant à mon bon souvenir, Mademoiselle Hellington.

Il s'inclina ensuite devant elle sans cesse, marchant à reculons, jusqu'à la salle de défense contre les forces du mal, sous les rires hilares de ses amis. Il fut accueilli à la porte par l'air franchement amusé de Darell Parsons qui arborait un sourcil haussé. Ses yeux d'un bleu clair envoûtant se posèrent sur Alice, et son sourire s'agrandit inexplicablement.

- C'est à vous que nous devons ce spectacle inattendu ? Monsieur Black serait donc tombé en amour ?

- Mieux que ça, Professeur Parsons, je suis en admiration totale et complète, une fascination inextinguible s'est emparée de moi ! Répondit Sirius.

Fabian restait silencieux mais il était amusé. Son parrain s'effaça pour les laisser entrer, posant doucement sa main sur son épaule au passage, dans une salutation discrète. Le jeune Malefoy inclina légèrement la tête pour répondre puis il partit s'asseoir près d'Alice. Le temps que la salle de classe se remplisse, Darell accrocha ses yeux au jeune Black, avec ce qui ressemblait à une certaine insistance.

- À quoi devons-nous cette admiration ?

- Monsieur, Alice est incroyable ! Elle a mouché le professeur McGonagall, le professeur McGonagall elle-même, vous vous rendez compte !

Le rire de Parsons résonna avec force, ses yeux s'accrochèrent à Alice, Fabian ne put s'empêcher de poser doucement sa main sur le bras de son amie. Elle croisa son regard et lui adressa un sourire brillant qui suffit aussitôt à faire redescendre la pression. Darell les observait attentivement, Fabian voyait bien que ce n'était pas seulement lui, ni Alice, il sondait tout le monde. À la fois leur groupe sur lequel il avait les yeux rivés, mais aussi ceux qui rentraient en classe, qui n'étaient autre que les cinquièmes années de Serpentard. Il n'avait pas besoin de regarder la personne pour entendre ses pensées, visiblement. La tâche était donc sûrement encore plus facile bien qu'il devait souffrir de terribles migraines. Fabian n'imaginait même pas ce que c'était d'entendre TOUTES les pensées. Darell posa de nouveau son regard sur lui et lui adressa un léger signe de tête, comme pour le remercier de sa sollicitude.

- Elle mériterait une médaille pour cet exploit. Répondit-il alors, en adressant un léger clin d'œil à Alice.

Cette dernière lui adressa un sourire radieux, et c'est à cet instant que Fabian comprit. Il regarda autour de lui pour se rendre compte que Lily observait également le professeur avec un air qui ne lui disait rien qui vaille. Il fronça légèrement les sourcils et tourna ses yeux vers James. Visiblement, ce dernier s'en était aussi aperçu, et pour cause, sa belle rousse semblait n'avoir d'yeux que pour leur professeur. Alors que Darell se détournait pour retourner vers son bureau, maintenant que tous les élèves étaient rentrés et installés, Fabian regarda Alice d'un air sévère.

- Je t'interdis de le regarder de cette façon. Murmura t-il, fermement. Il a l'air cool, mais c'est juste un air qu'il se donne !

Il ne put approfondir la conversation étant donné que les yeux de son parrain se posèrent immédiatement sur lui lorsqu'il leur fit à nouveau face. Cependant, sa phrase avait fait mouche, Alice avait les joues cramoisies. Elle était soudain très mal à l'aise. Bon, il était vrai que Darell avait du charisme, un sourire aussi craquant que dangereux, de la prestance, un tempérament aussi intransigeant que sympathique lorsqu'il était détendu, mais... Même lui était en train de divaguer, les avaient-ils ensorcelés ? Fabian fronça les sourcils et le sourire ironique de son parrain lui répondit. Lily Evans leva alors la main.

- Monsieur...

- Professeur Parsons. Mademoiselle ?

- Evans, professeur.

- Allez-y, Mademoiselle Evans, je vous écoute.

- Je me sens étrange, est-ce que... Vous avez, euh, usé d'un sortilège sur moi, ou peut-être sur l'ensemble de la classe ?

- Ce n'est pas à moi de donner la réponse, Mademoiselle Evans.

- Je crois, non je sais que vous l'avez fait.

Darell lui adressa un sourire admiratif et ouvrit les mains en signe d'attention. Il lui offrait son écoute. Lily semblait réfléchir et tous les regards se tournèrent vers elle.

- Mademoiselle Evans va débuter. Si quelqu'un veut intervenir ensuite pour compléter avec ses propres ressentis, je vous demande de lever la main et de ne pas parler à tort et à travers.

- D'accord alors, je dirais que je me sens comme enfermée dans une bulle mais pas par choix. C'est comme si je n'étais pas totalement moi-même, et à moitié endormie par les effets qu'elle procure.

Visiblement, elle n'osait pas aller trop loin et dire qu'elle était en totale admiration devant lui, qu'elle le vénérait, qu'il était merveilleux et qu'elle aurait pu tout faire s'il le lui avait demandé... Fabian fronça les sourcils face à ses propres pensées. Il aurait pu avoir l'air jaloux s'il ne savait pas en son for intérieur que son parrain n'était pas ce type cool, loin de là.

- Bien. Autre chose, Mademoiselle Evans ?

Elle le fixa droit dans les yeux de son regard vert brûlant et fronça les sourcils.

- C'est comme si vous m'aviez ensorcelée pour m'amadouer.

Darell lui adressa un large sourire ravi.

- 5 points pour Gryffondor. Très bien, mademoiselle Evans. Quelqu'un d'autre ?

Évidemment, Malefoy leva immédiatement la main. Il fallait qu'il rattrape le score cet idiot... Le regard de son parrain le frappa de plein fouet. Fabian s'éclaircit légèrement la gorge et regarda son cousin qui attendait pour intervenir.

- Monsieur Malefoy.

- J'ai comme une sensation et une impression de docilité. Par exemple, si à l'instant vous me demandiez de sauter du haut de la tour d'astronomie, je le ferai probablement sans hésiter.

- Fais-toi plaisir. Sourit Fabian, avant de se rendre compte de sa remarque avec l'éclat de rire de Sirius. Euh, pardon, ce n'est pas ce que je voulais...

- Dire ? Sourit Darell, avec un air triomphant.

- Exactement, c'est comme si je n'avais plus aucun filtre. C'est bête, parce que je risque de faire fuiter des choses qu'il vaudrait mieux retenir.

- C'est aussi une partie du processus. Quelqu'un a une idée de ce qui peut provoquer ceci ?

Lucius foudroyait Fabian du regard, ce dernier se pencha sur sa chaise et leva les mains en signe de paix, souriant.

- Ce n'est pas de ma faute, ça fait partie du processus !

- 5 points pour Serpentard, on retrouve une parfaite égalité, c'est bien. Donc, quelqu'un a la réponse ?

- Un sortilège de soumission ? Sourit Rabastan Lestrange.

- Ca n'est pas autorisé, même si j'aime bien le concept. Sourit Darell.

Evidemment, les Serpentards rirent de bon cœur à cette idée. James échangea un haussement de sourcils avec Fabian. Ce dernier haussa les épaules, en y réfléchissant oui, c'était le genre de personnes qui aurait bien aimé usé de ce type de sorts. Darell le fixa droit dans les yeux.

- Fabian ?

- Je ne sais pas, je n'ai pas la réponse. Ce qui est drôle c'est que les effets pourraient ressembler à un philtre d'amour ! Il y a l'aveuglement pour la personne, la dévotion sans faille, cette impression d'être hypnotisé ou docile, même si on sait que la personne n'est pas forcément bonne pour soi...

Darell le fixait et semblait apprécier sa réponse, bien que pas le moins du monde surpris par son savoir. Il acquiesça et d'un geste de la main annula tous les effets de son enchantement. Il se mit à arpenter la classe de long en large.

- C'est une forme d'enchantement que l'on appelle la barrière illusoire. Je l'ai simplement placée au niveau de la porte de cette salle de classe. Si vous aviez été attentif, vous auriez aperçu, étant donné que cette forme de magie peut laisser des traces, une sorte de légère et subtile poussière dorée. Cette barrière illusoire peut-être efficace dans quelles situations selon vous ?

Sirius leva soudainement la main et Darell lui donna la parole, il avait pourtant l'air étrangement contrarié lorsque le jeune Black s'adressait à lui.

- Imaginons une dispute ou la personne n'a pas le même avis que nous, si on place cette « barrière illusoire » et que la personne la traverse, elle finit par être obnubilé par nous et avoir le même point de vue ?

- En fait, c'est comme s'il n'y avait plus de point de vue propre à la personne, dès qu'elle passe cette barrière, c'est un peu comme si elle ne jurait plus que par l'auteur de l'enchantement. C'est un bon exemple, imaginez donc en tant de guerre, face à deux clans différents aux idées adverses...

- Cela annihilerait les idées du camp adverse qui pourrait complètement se soumettre et se fondre dans l'autre camp ?

- Exactement, Monsieur Black. Qu'en pensez-vous ?

Fabian fronça légèrement les sourcils et posa son regard sur son ami. Pourquoi lui demandait-il ce qu'il en pensait ? Il ne devrait même pas avoir besoin de le questionner en temps normal.

- C'est génial ! Enfin, c'est aussi flippant, mais c'est extraordinaire ! Répondit Sirius, avec un grand sourire.

- Monsieur Rogue ?

- Professeur Parsons, je ne comprends pas la différence avec le sortilège de l'imperium ? C'est déjà suffisant de forcer les gens à obéir, non ?

Darell esquissa un sourire et fit les cents pas, triturant légèrement son poignet.

- Le sortilège de l'imperium, qui fait partie, ne l'oublions pas, des sortilèges impardonnables que l'on ne peut utiliser, contraint la personne à obéir. Imaginez donc qu'en plus de la contraindre à obéir, la personne qui vous fait face est obnubilée par vous au point d'oublier ses propres objectifs, envies, besoins, qu'elle vit dans l'illusion que vous êtes son guide, son phare, sa bouée... N'est-ce pas la combinaison parfaite ?

- Parfaitement flippante, oui ! Rétorqua James.

- Exactement, Monsieur Potter. Bienvenue dans votre cours de défenses contre les forces du mal. Il s'agit ici de connaître les techniques pour apprendre à les déjouer ensuite.

Fabian l'écoutait attentivement, il fallait le dire : il était passionné et passionnant et, en temps de BUSE - même s'il regretterait probablement cette pensée un jour - ils n'auraient pas pu rêver d'un meilleur professeur. Darell, tout en poursuivant son cours avec entrain et facilité, lui adressa un clin d'œil et un sourire en coin. Fabian grommela dans sa barbe, il savait bien que l'année ne se déroulerait pas aussi facilement que ce cours : Darell n'était pas son allié, même si, à l'instant, on aurait presque pu le croire.