Le quotidien avait reprit son cours à l'école Poudlard. Les élèves s'adaptaient, après deux longs mois de vacances, au rythme effréné des apprentissages sorciers. Pour Fabian et ses amis la cinquième année s'avérait –comme les élèves plus âgés les avaient avertis – intense tant dans les nouvelles connaissances que dans le travail personnel qui était demandé. C'est ainsi que, au bout de la deuxième semaine, un Sirius Black dépité se laissa complètement échouer sur le banc, à la table des Gryffondors.

- Je n'en peux plus, c'est trop pour moi...

James Potter avait pris un faux air compatissant, une main posée sur l'épaule de son meilleur ami. Peter souriait à l'avance pendant que Remus-le-préfet les regardait avec l'air peu surpris de celui qui attend la chute d'une mauvaise blague.

- Non Sirius ! Ne dis pas ça, n'abandonne pas ! Tu es plus fort que ça ! Tu peux le faire !

Lily Evans, jeune et sublime rousse qui prenait tout l'espace dans les pensées et le cœur du jeune Potter, se mit à rire doucement. Un son qui d'ailleurs, semblait résonner comme une douce mélodie aux oreilles de James. Alice esquissa un sourire amusé en regardant le jeune Black.

- Enfin Sirius, ça ne fait que deux semaines !

- N'en dis pas plus ! S'exclama Sirius, très théâtral, en posant une main sur sa poitrine, où mon pauvre petit cœur ne tiendra pas...

Fabian rit légèrement et se pencha vers Alice, assise juste à ses côtés. La jeune fille sourit et tendit l'oreille, se prêtant au jeu.

- On m'avait vendu du rêve au sujet de Sirius Black... Légende vivante... Cœur bien accroché... Peur de rien... Tout ça, tout ça... Je dois bien dire que je tombe de haut... Je n'ai jamais vécu si grande déception de ma jeune vie !

- Oh, et que dois-je faire seigneur Prewett, ou devrais-je dire ALTESSE Malefoy pour remonter dans ton estime ?

Le visage de Fabian s'était transformé en grimace, entraînant un rire. Alors qu'il foudroyait son ami du regard, il savait que c'était une erreur car le sourire de Sirius se fit plus intense et malicieux.

- Mmh, effectivement, malgré la couleur des yeux, il y a quelque chose... Le côté arrogance, regard intense et brûlant, tout en étant glacé...

Fabian s'était levé d'un bond et avait saisi le jeune Black par le col, il le secouait violemment en grommelant des mots incompréhensibles où ressortaient entre autres « tuer de mes propres mains ce sale gosse », « outrage », « faux ami », « sang pur à la con », « comparaison ignoble ! », « traîtrise ! » Le rire de Sirius avait résonné avec force. Pourtant, c'était comme s'ils étaient seuls au monde, ne faisant pas attention aux regards –courroucés pour certains dont le professeur McGonagall et la plupart des Serpentards, amusés pour d'autres tels que Dumbledore et toute la tablée des Gryffondors- La plupart des Serdaigle et Pouffsouffle étaient soient intrigués, curieux, soient indifférents car bien trop habitués aux frasques des Maraudeurs.

- Tout doux mon cher Fabi, tout doux... Tempéra James en lui tapotant la tête et en les séparant.

Fabian se rassied en croisant fermement les bras, boudeur. Sirius lui murmurait des mots doux pour se faire pardonner.

- Qu'est-ce que je peux faire, Fabi d'Amour, pour regagner ton coeur ?

L'éclat qui brilla soudain dans les yeux verts de Fabian fit grimacer Remus-le-préfet qui s'était bien attendu à ce que la chute mène à cet instant : une énième farce. La première de l'année. Ils allaient donc forcément frapper fort. Sirius avait arboré un air béat, clignant des paupières, mode séduction activé. Fabian avait un air rêveur, un doux sourire sur les lèvres.

- Je veux... Oui je veux qu'ils ravalent leur fierté et leur arrogance. Pas de méchancetés, non... Mais mmh... Voyons voir... Je vois des Serpentards aux couleurs rouge et or pendant toute une journée, les cheveux, les tenues, tout, à notre effigie.

Sirius lui adressa un grand sourire, les yeux brillants.

- Tu es mon Dieu.

- Mais attention, si ça ne tient pas la journée, tu auras un autre gage...

- Oh... Répondit Sirius, faussement déçu.

- Je ne voudrais pas vous presser, ni contrecarrer vos merveilleux plans, mais nous avons cours dans quinze minutes, et vous n'avez rien mangé...

Après un léger et tendre baiser de Sirius sur la joue d'un Remus Lupin rouge comme une tomate, en guise de remerciement, ils engloutirent en vitesse leur repas, régénérés par cette nouvelle perspective qui changeait des devoirs et des cours. Évidemment, qui disait nouvelle farce en préparation disait : Maraudeurs beaucoup moins attentifs en cours. Et en l'occurrence dans ces moments, aucun cours ne faisait exception. C'est ainsi qu'au bout d'une heure de métamorphose –soit la moitié du cours – McGonagall s'arrêta net dans ses explications.

- Black ! Potter ! Malefoy ! Lupin et Pettigrow !

Les cinq concernés levèrent la tête d'un même mouvement, déclenchant le rire léger mais bien audible d'Alice et Lily. Une vraie chorégraphie synchronisée. Les filles regardaient leurs camarades masculins avec les sourcils haussés, attendant de voir laquelle de ces fortes têtes allaient tenter la négociation...

- Professeur McGonagall ? Demanda innocemment Sirius, les yeux teintés d'une innocence parfaitement maîtrisée.

- Ne faites pas l'innocent, Black, vous ne l'êtes jamais !

- Raté... Susurra James à l'oreille de son meilleur ami.

- Vous pouvez parler Potter ! Je pensais que vous auriez autre chose à faire de vos soirées qu'être en retenue ! Vous avez vos BUSE et je vous rappelle que vous êtes désormais capitaine de l'équipe de Quidditch ! Montrez l'exemple un peu !

Le jeune Potter s'était instantanément ratatiné sur sa chaise, s'il avait pu se noyer dans le bois de son pupitre, il l'aurait fait. Elle l'avait délibérément rabroué devant tout le monde, et il ne se sentait déjà plus à la hauteur du titre qui lui avait été donné. Remus tenta alors de se faire très petit sur sa chaise également, cela n'empêcha pas leur professeur de le foudroyer du regard.

- Et vous, Monsieur Lupin, vous n'avez rien à dire ?

- Nous l'avons pris à partie, Madame, mais Remus est le plus sérieux d'entre nous... Protesta Fabian, d'une voix qu'il voulait assurée et forte.

- Alors vous, Monsieur Prewett, je vous prierai de...

C'est à cet instant, pour la deuxième fois en trois jours, que le professeur McGonagall perdit de sa superbe. Elle s'était bel et bien trompée de nom de famille en le nommant, et le cœur de Fabian avait fait un bond, triomphant et fier. Il lui adressa un sourire éblouissant, ce sourire enjôleur dont il avait le secret. Son père avait lutté et insisté pour que disparaisse toute trace de son ancienne vie, allant jusqu'à obliger l'école à modifier le nom de Fabian, il voulait –évidemment- que son fils soit un pur Malefoy jusqu'au bout des ongles. Cela faisait un an qu'il serrait les dents quand on prononçait son nouveau nom et là, juste ça, c'était une véritable bouffée d'oxygène et lueur d'espoir.

- Merci, professeur McGonagall. Répondit Fabian d'une voix claire. Nous allons nous assagir, c'est promis.

- Ce côté revendicateur, ce côté rebelle, croyez-moi, il ne vient pas de là ou vous venez vraiment. Voilà pourquoi ma langue a fourché. Maintenant, silence vous tous !

Sirius adressa un regard incrédule à Fabian, le professeur McGonagall en personne l'avait appelée Prewett, l'avait replacé dans son contexte de vie actuel, lui faisant un compliment déguisé au passage. Il était un Malefoy, mais pas pure souche. Il venait de l'entendre d'une personne qui avait connu tous les siens. Et ça, c'était un sacré coup de boost ! Bon, il aurait préféré être en double cours avec une autre classe que les Serpentards, pour le coup. Il sentait sur sa nuque le regard perçant de son cousin qui était, à son plus grand malheur, juste derrière lui. Il se replongea dans le monologue de son professeur tant bien que mal. Remus, qui se tenait à ses côtés, tourna la tête vers lui au moment même ou il se retournait brutalement vers son cousin.

- C'est quoi ton problème, Malefoy ?

- Fais très attention, Fabian. À la façon dont tu me parles, et à celle dont tu te comportes.

- C'est une menace ?

- Fabian... Appela doucement Remus, posant sa main sur son bras.

- Peut-être bien.

La goupille se tourna légèrement, Fabian se leva et posa ses mains sur la table de son cousin. Lucius se dressa également de toute sa hauteur et lui fit face, son regard bleu glacial le transperçant. Il était plus grand de taille, mais cela n'empêchait pas qu'ils s'étaient battus un nombre de fois incalculable. Depuis leur première année à Poudlard. La différence aujourd'hui et depuis plus d'un an, c'était qu'ils avaient décidé de s'ignorer ou d'échanger simplement des insultes, pour éviter que ça ne remonte plus haut, dans des instances qui ne laisseraient pas passer la violence entre eux. Autrement dit : leurs parents respectifs. Ils faisaient attention, d'un côté comme de l'autre : Ils avaient déjà donné sur les remontrances familiales. Mais peut-être que Remus-le-sage avait raison, peut-être que Fabian, à force de refouler cette rage, menaçait de la faire monter de façon soudaine et ingérable ?

- Ce n'est pas une mauviette comme toi qui va me menacer, Malefoy.

- Lucius. Corrigea son cousin.

- Malefoy. Ca te va bien à toi, pas de doute possible !

La gifle avait fusé de la main de son cousin, droit sur la joue de Fabian. Avec force, puissance et même, avec une certaine autorité. Comme s'il avait le droit, comme si c'était normal. Et le sentiment d'injustice, d'humiliation, prit possession de l'être de Fabian. Tout entier. Alors que Remus attrapait son bras, il se servit de celui qui était libre pour adresser un copieux coup de poing droit dans le nez de son cousin. Ce dernier repoussa violemment son pupitre contre Fabian pour attraper sa baguette. Ni une ni deux, la lave, le feu, deux véritables volcans en éruption. C'est cet instant que choisit le professeur McGonagall pour hurler « STOP ! CA SUFFIT TOUS LES DEUX ! » Et le même moment qu'avait choisi Alice pour se placer devant Fabian et face à Lucius. Sans la moindre hésitation, elle avait prit délicatement les poignets du jeune Lucius Malefoy et le regardait avec douceur, une supplique silencieuse dans les yeux. Ses mains le retenait mais sans forcer, dans une pression légère mais ferme. Leurs yeux ne se quittaient pas, et à cet instant, la scène imposa un silence total.

- Tu es intelligent, Lucius. Intelligent et brillant. Tu sais, au fond de toi, au plus profond de ton être, qu'il ne pense pas tout ça. Tu le sais. Et il le sait aussi. Pour l'instant, la rage est plus forte, c'est normal, des deux côtés. Mais elle passera.

- Lâche-moi. Répliqua simplement Lucius, d'un ton glacial.

Alice s'exécuta, elle le remercia d'un léger et bref sourire. Remus, de son étonnante force, avait obligé Fabian à se rasseoir et le fixait avec un air sévère qui dissuadait toute réplique. Ce dernier avait les dents serrées et les yeux rivés sur ses mains, muet et fermé. Le professeur McGonagall les regarda à tour de rôle.

- Vous aurez chacun deux heures de retenue, ensemble. Ce soir, à 20 heures précise dans mon bureau. Monsieur Malefoy, je vous prierai de vous rendre à l'infirmerie pour votre nez.

- Ce n'est rien de grave. Répliqua froidement Lucius.

McGonagall s'approcha et, d'un sortilège, nettoya son nez qui n'était pas cassé. Elle acquiesça doucement ses propos. Non, il n'y avait rien de grave, en apparence. Physiquement, ce n'était que de petites blessures, mais dans leurs êtres profonds, leur nature profonde, il y avait de part et d'autre des actes terribles d'humiliation, d'injustice, de rejet. Ils se renvoyaient tous les deux une haine qui ne les concernait pas. Une haine qui dépassait leur existence, la haine des deux familles qui s'étaient fait face des années durant, qui s'étaient opposées depuis des lustres. Aujourd'hui, au travers l'existence de Fabian, elles s'étaient mêlées de plus belle, comme mélangées l'une à l'autre et la violence qui en découlait n'en était que plus féroce. Le cours se poursuivit dans un silence de plomb, que ce soit chez les Gryffondors ou chez les Serpentards, chacun semblait mettre ses efforts au service de l'harmonie, et au soutien silencieux de ses camarades respectifs. Il y avait toujours eu des échanges brutaux entre ces deux maisons : des mots féroces, des farces, des injures, des affrontements, des sortilèges échangés. Depuis la nuit des temps. Depuis l'existence même et la création des quatre maisons de Poudlard. C'était monnaie courante. Mais jamais, au grand jamais, des élèves ne s'étaient effrontément battus devant les professeurs ou le directeur. Jamais, sauf depuis l'année précédente. Les tensions entre traîtres, rebelles contre sang pur fiers étaient de plus en plus palpables. Et devenues le terrain fertile de violences physiques.

En l'occurrence, depuis l'année précédente, Fabian était devenu un véritable enragé. La moindre joute, insulte, ou un propos qui lui déplaisait pouvait déclencher une vraie tornade. Il avait tenté, sur la fin d'année dernière de reprendre pied. De survivre à tout ça, de passer au dessus.

La rage pourrait-elle s'atténuer un jour ? Pouvait-elle évoluer différemment ? La renfermer au fond de lui était-ce vraiment la bonne solution ? Fabian osa tenter un regard vers Remus, il s'attendait à trouver dans ses yeux dorés une multitude de reproches, une foule de conseils muets, un air du style « je te l'avais bien dit », mais il n'y avait rien de tout ça. La lueur dans le regard de son ami était douce, elle était apaisante, rassurante. Elle n'était pas intransigeante. Il inspira longuement et tenta de s'apaiser. Plus loin, les yeux d'Alice trouvèrent les siens, elle lui adressa un doux sourire et un clin d'œil, et, aussitôt, la tension, la culpabilité fondirent comme neige au soleil. Fabian se sentait mieux. La journée se poursuivit dans une atmosphère tout de même étrange. Visiblement, les Maraudeurs n'osaient plus aborder leur farce en présence de Fabian, encore moins de Remus. Ils essayaient d'amuser la galerie, mais le ton, les blagues semblaient moins naturels qu'à l'accoutumée.

- Bon. Annonça finalement Sirius en refermant son livre de sortilèges d'un coup sec. Il faut qu'on en parle, non ? Clairement, il faut arrêter de tourner autour du pot.

Le silence s'était fait dans leur groupe, et visiblement, certains le fixaient avec un air incertain. Lily, Peter, James, sauf Remus, qui était le seul à sourire. Peut-être avait-il senti qu'il n'y avait pas de danger ? Fabian regarda le jeune Black qui le fixait sans relâche.

- Tu veux parler de ce qui...

- Du fait que tu m'as doublé espèce d'enfoiré !

- Je... quoi ? Questionna Fabian, incompréhensif.

- C'est toujours MOI qui écope de la première retenue de l'année ! C'est une légende dans notre groupe ! Ca a toujours été moi ! Depuis quand tu interfères dans ma réputation, Malefoy ?

La tension se dissipa définitivement lorsque l'éclat de rire de Fabian résonna dans toute la salle commune, où ils s'étaient installés pour travailler ensemble. Sirius Black n'était pas peu fier d'avoir désamorcé cette situation ô combien sérieuse et flippante, James lui tapota gentiment la tête en signe de reconnaissance. Le jeune Potter n'était pas hyper à l'aise avec les situations tendues, elles avaient tendance à le laisser figé, pantois. Peter lâcha un profond soupir de soulagement, il s'était attendu au pire. Fabian regarda son ami avec un air profondément désolé, il mima l'impuissance.

- Honnêtement, je veux bien échanger, si ça peut me permettre de m'éloigner de cet horrible énergumène blond...

- Il ne sera bientôt plus blond, je te le promets ! Répondit Sirius avec un air déterminé.

- Je ne comprends quand même pas...

- Quoi Pet' ? Demanda James.

- Pourquoi elle les oblige à faire la retenue ensemble ! Enfin, ça se voit qu'ils meurent d'envie de s'entretuer dès qu'ils se croisent...

Remus adressa un sourire compatissant au jeune Pettigrow, pour lui qui captait beaucoup de choses, Peter lui semblait parfois bien naïf. Black et Potter fixèrent leur cher préfet adoré.

- Tu en penses quoi ? Demanda Sirius.

- Je ne suis pas psychologue.

- Arrête ! Grogna James. Tu savais que Fabian allait se lever, tu n'as juste pas eu le temps de retenir Malefoy, sinon tu aurais sans difficultés pallié à la situation. Tu savais à l'avance !

- Je ne peux pas « savoir à l'avance », James. Tu me prêtes des compétences que je n'ai pas. Ce que j'ai ressenti, c'est la rage de Fabian. Et elle est montée d'un bloc, c'est bien ce que je sens depuis le retour des vacances. Trancha fermement Remus.

Le silence se posa soudain, comme une feuille qui quitte l'arbre en automne et vient se déposer doucement sur le sol. Chacun d'entre eux semblait perdu dans ses pensées, profondes, intenses. L'évènement de ce matin n'était pas le premier concernant Fabian. Il y en avait eu tout un lot l'année précédente, suite à la perte et à la violence du deuil qu'il avait subi. Il était devenu ras de marée contre quiconque se trouvait sur son chemin, une boule de haine, boule de feu. Contre lui-même, contre ceux qui l'aimaient, contre ceux qu'il détestait plus encore. Contre son père, évidemment. Peut-être que cette rage lui était totalement et complètement destinée. Mais qu'il était un adversaire trop redoutable contre qui se battre. Fabian n'était pas de ceux qui étaient effrayés, il ne faisait pas partie des peureux, peut-être pas suffisamment. Mais il aimait quand même un peu la vie, et pour lui qui n'avait jamais connu les représailles, la violence, celles de son père avaient suffi à le dissuader très rapidement. Elles l'avaient poussé à se tempérer, à se maîtriser, au final il avait enfilé un masque qui n'était pas vraiment lui.

- Notre merveilleuse Alice a raison, tu sais. Intervint soudain Sirius, les yeux dans le vague. Lucius n'est pas fautif, et toi non plus. Vous vous haïssez, parce que c'est ce qu'on vous a appris. Parce que vous êtes nés dans des familles ennemies et que, maintenant, on vous demande d'être cousins. Bellatrix et moi on se déteste, et c'est trop tard pour nous : on est dans un camp opposé, elle fait partie de mes ennemis familiaux. Peut-être que ce n'est pas trop tard pour Lucius et toi...

Fabian braqua son regard droit sur Sirius, les sourcils haussés au plus haut point. Trop tard pour Lucius et lui ? Trop tard pour Malefoy et lui ? Mais bien sûr que c'était trop tard ! Depuis ce premier jour d'arrivée à Poudlard, en première année, ou il l'avait malencontreusement fait tomber dans le lac. Depuis ce jour là, c'était foutu, ce n'était que haine interposée et rien d'autre. Ils s'étaient faits mutuellement des crasses à en faire pâlir les mangemorts de jalousie. Ils s'étaient marchés dessus comme personne ne l'avait jamais fait et quoi, maintenant ils auraient dû être des alliés ?

- Oublie...

- Ouais, je crois ouais.

Ils reprirent chacun leur travail en cours, dans le silence et le calme –oui, ils en étaient capables, figurez-vous – Fabian se replongea dans les parchemins déjà rédigés sur la théorie des barrières illusoires et les signes distinctifs grâce auxquels elles étaient reconnaissables. Il faisait toujours les devoirs de défense contre les forces du mal en priorité. La raison : il voulait être irréprochable. Quoi qu'il advienne, les imprévus, les maladies, les retenues : ses devoirs de DFCM seraient toujours rendus en temps et en heure, il se l'était promis. Bon, pour ce qui était de la retenue du soir, il se doutait bien que l'information finirait par transiter. Il essayait de ne pas trop y penser pour l'instant. Malgré lui, le laïus de son paternel ne cessait de tourner en boucle « C'est une année importante pour ton avenir. Tu vas avoir tes BUSE, et plus que jamais, je ne tolérerai aucune incartade. Tu sais bien de quoi je parle, tu es bon élève et nous le savons tous les deux. Tu es bon, sans trop forcer... Alors ne gâche pas ton potentiel avec des problématiques de comportement, je ne l'accepterai pas. Et tu sais, comme moi, que je ne suis pas des plus compréhensifs dans ma colère. » Ah bon, sans blague ? Une retenue au bout de deux semaines. Il était vraiment idiot. Vraiment. Bien sûr qu'il aurait fini par en avoir, il en avait toujours dans le courant de l'année. Mais franchement, elle était évitable, largement évitable. Il avait réagi dans le feu de la haine, comme un parfait crétin, et une fois cette dernière retombée, il s'était juste senti très con. Maintenant, il fallait l'assumer.

- Tu as assez avancé pour demain Fabi ? Demanda Remus.

- Oui papa, je fais ceux de vendredi là. Je m'avance... Rétorqua Fabian avec un demi-sourire moqueur.

- Déjà ? S'indigna James.

- Je plaisante, James. Je finis la défense contre les forces du mal pour demain. Il me manquera la métamorphose.

- Si tu n'as pas terminé à temps pour ta retenue, je te donnerai ma copie.

Une flopée d'indignation s'éleva alors contre Remus-le-préfet. Visiblement, malgré les années, il n'avait JAMAIS donné ses copies à James et Sirius, JAMAIS. Malgré les retenues, malgré les retards et les avertissements qu'ils avaient reçus ensuite. Fabian esquissa un sourire gêné. Mais Remus avait gardé les sourcils haussés bien haut, attendant que les terreurs finissent leurs tergiversations et protestations. Sur quoi, il se leva, poings sur les hanches et les foudroya du regard.

- Que l'un d'entre vous ose comparer vos retenues et vos situations à celle de Fabian me met hors de moi ! VOUS faites la course à la retenue, de façon presque volontaire, à savoir qui en aura le plus à la fin de l'année ! Et je devrais vous donner mes devoirs en prime ?

Lily éclata de rire devant l'air penaud de leurs amis, suivie par Peter qui approuvait vivement.

- C'est vrai, vous abusez franchement ! Sourit Peter.

- Vu comme ça, je culpabilise beaucoup moins ! S'amusa Fabian.

« T-R-A-I-T-R-E ! » épela Sirius, à distance, dans sa direction. Le calme revint après l'intervention de « papa Remus ». À 19h40, Fabian s'étira longuement dans le fauteuil en s'exclamant « Alléluia, j'ai fini ! ». Il poussa un long soupir à fendre l'âme qui fit surtout rire ses amis plutôt que compatir, cette fois. Il leur adressa un signe de la main avant de quitter la salle commune, il traversa les couloirs éclairés par les chandelles, comme tous les soirs. Il bifurqua à gauche au quatrième étage et se retrouva devant la porte du bureau du professeur McGonagall à 19h55 pile, exactement à la même seconde que son cher cousin. Ce dernier ne posa même pas son regard sur lui, l'ignorant royalement. Et, après tout, c'était mieux ainsi. Il frappa en premier et la porte s'ouvrit automatiquement, ils furent reçus par un ordre bref et sans appel « Asseyez-vous. » Ordre auquel ils obtempérèrent sans broncher. Durant de longues minutes, ils eurent droit à leur long moment de reproches.

- Vous êtes de la même famille, c'est comme ça et il vous faut l'accepter. Maintenant, suivez-moi tous les deux. Vous êtes en forme pour vous battre, vous le serez donc pour nettoyer l'endroit le plus sale de ce château.

Ils atterrirent alors devant les cachots, dans un état critique, puant, collant, et surtout, déprimant. Fabian se retint avec peine de faire la grimace, et il trouva, dans cet instant, son cousin bien plus courageux que lui. Lucius s'avança directement vers le côté le pire des cachots, et il s'obligea à s'y mettre.

- Évidemment, vous n'utilisez pas vos baguettes. Je pense qu'une fois cette salle brillante, vous n'aurez plus la force physique de vous battre et de vous disputer.

Elle leur donna deux seaux chacun, des balais, serpillères et des éponges, avant de les abandonner à leur sort. Ils commencèrent leur ménage sans prononcer un mot, chacun dans un coin opposé. Au bout d'à peu près deux heures, ils avaient bien avancés mais Lucius lâcha un juron qui aurait fait dresser les cheveux raides comme la justice de son père. Fabian ne put s'empêcher de le regarder avec de grands yeux choqués, mais seul un sourcil haussé et un air provocateur lui répondirent. Malefoy était plus surprenant qu'il ne le laissait croire...

- Je ne sais pas qui sont les crétins qui ont sali à ce point, sûrement des imbéciles de premières années. C'est noir, épais, et rien n'y fait !

C'est à cet instant que des gouttes d'eau vinrent s'écraser sur le visage de Lucius. Fabian éclata de rire avant de lever les mains d'un air innocent.

- Je n'ai rien fait !

- Bien sur que si, ça vient de toi !

- Mais non ! Je...

À l'instant où il allait lui répondre, de l'eau jaillit de ses deux mains, formant et se rejoignant en une alcôve, l'eau se mit à tourner sur elle-même, se mélangea au produit nettoyant avant d'humidifier ce qui ressemblait à du goudron noir et épais. Fabian restait choqué, les mains ouvertes devant lui, laissant faire ce qu'il ne comprenait et ne gérait absolument pas. Ébahi, Lucius le fixait en fronçant les sourcils, regardant ses mains, puis le manège de l'eau savonneuse qui s'était mise à tout nettoyer toute seule. Le goudron semblait se décoller peu à peu, Fabian et Lucius échangèrent un regard surpris et ce dernier se mit à brosser avec le balai, tout disparaissait au fur et à mesure. Fabian, une fois tout décollé, referma ses mains avec force, il aida Lucius à tout gratter, rouvrit ses mains pour rincer. Ils ramassèrent, séchèrent, et tout brillait, comme jamais auparavant.

- Waouh. Murmura Fabian.

Lucius, lui, ne lâchait pas son cousin des yeux. Il avait croisé les bras sévèrement.

- Comment tu as fait ça ?

- Je n'en sais rien.

- Arrête. On s'est tués à la tâche pendant deux heures alors que...

- Justement ! Si j'avais su que je pouvais faire ça, je l'aurais fait bien avant, tu ne crois pas ?

Malefoy semblait réfléchir, les sourcils froncés, il fixait son cousin comme s'il était un peu fou. Cependant, il s'avança et regarda ses mains avec attention.

- Montre-moi.

Fabian le regarda et lâcha un soupir, il ouvrit les mains à contrecœur, ne sachant réellement pas ce qui s'était passé. À cet instant, rien ne se passa, le calme plat.

- Tu vois !

- À quoi tu pensais ?

- Honnêtement ?

- Honnêtement. Répondit sévèrement Lucius.

- Que si j'avais été une vague, j'aurais noyé cette salle dégueulasse et toi avec...

Fabian évitait le regard de son cousin mais, alors qu'il était mal à l'aise de ses pensées, il reçut un violent coup dans le front donné par Lucius lui-même.

- Regarde tes mains !

À nouveau, l'eau avait jailli, jonglant d'une main à l'autre, comme si elle sautait d'une main pour retomber dans la seconde. Fabian faisait les gros yeux, figé dans son propre corps. Tellement paniqué que l'eau sembla se mettre à danser autour de lui pour le rassurer, elle tourbillonnait, l'entourait, virevoltait, comme un ruban de soie dans un mouvement léger et fluide. Le manège dura cinq bonnes minutes avant qu'à nouveau, l'eau ne disparaisse dans ses mains. À cet instant, les regards bleu glace et vert s'accrochèrent, comme fixés l'un à l'autre.

- Tu n'en parles à personne. Ordonna Lucius, d'un ton ferme.

- T'es pas mon père, Malefoy. Et de quoi tu voudrais que je parle franchement ? Hé les gars, vous savez quoi ? J'ai de l'eau dans les mains ! Non mais sérieusement !

- Tu ne comprends vraiment rien. Répliqua sèchement Lucius.

- Merci de m'éclairer dans ce cas ! Répondit froidement Fabian.

- C'est de la magie différente, Fabian, tu le vois bien, non ? Tu comprends bien que personne ne fait naturellement des sorts comme ça ! Des choses peuvent nous échapper quand on ne contrôle pas, par exemple casser des objets mentalement lorsqu'on est énervé, ou faire des trucs étranges quand on a peur, ce genre d'accrocs liés à la sorcellerie. Ca arrive à tout sorcier à un moment dans sa vie. Mais on ne fait pas apparaître de l'eau, on ne l'utilise pas à souhait comme ça !

- C'est arrivé deux fois !

- Quand tu l'as demandé... Contra Lucius. Bon. Je rentre. Tu la fermes, je ferai des recherches de mon côté.

Fabian le foudroya du regard, non mais pour qui se prenait-il à la fin ? Il avait la fâcheuse tendance à lui donner des ordres comme s'il était... Quoi ? Son supérieur ? Il allait ouvrir la bouche pour l'insulter copieusement quand le regard de son cousin suffit soudainement à le faire taire.

Regard flippant.

Peut-être parce qu'il avait les mêmes yeux que son père ?

- Vraiment Fabian. N'en parle même pas à tes amis. Pour l'instant. Tu peux faire ça ? Je crois que c'est important.

Fabian était dubitatif. Ne pas en parler à ses amis ? Et garder ça entre eux deux ? Bon plan ou pas ? Ils allaient maintenant partager un secret ? Ensemble ? Cette retenue devenait franchement ridicule ! Pourtant les yeux de Lucius ne le quittaient pas, intransigeants et autoritaires. Peut-être après tout que les Malefoy ne savaient pas faire autrement ? Alors, Fabian se surprit à acquiescer doucement. Après quoi, Lucius Malefoy quitta les cachots d'un pas pressé sans se retourner. Fabi referma doucement la porte des cachots, impressionné du travail qu'ils avaient accompli au vu des dégâts précédents. Il s'éclipsa telle une ombre à travers les couloirs de l'école. À l'image de ses amis les Maraudeurs, il adorait parcourir les couloirs le soir. C'était souvent plus calme, bien que plus sombre, l'ombre des flammes se reflétaient sur les murs de pierre. Il trouvait ça apaisant et se sentait souvent serein.

- Petit Ange !

Fabian sourit et se tourna avec un faux air horrifié, il tendit le bras à Alice et la ramena tout contre lui.

- Toi, seule, si tard et dans ces sombres couloirs ?

- J'étais venue te chercher ! Mais j'étais en retard, enfin du moins vous avez fini plus tôt, alors j'ai discuté un peu avec Lucius et j'ai fini par te rater.

Alice lui adressa un sourire éblouissant, le plus naturellement du monde, et, bien que troublé et étonné, il ne parvenait pas à sentir clairement ses émotions. Comme si elle l'emportait dans son bien être et sa joie. Il cligna plusieurs fois des yeux, comme hébété. Sa meilleure amie ne trouva pas mieux que d'éclater de rire devant la tête qu'il faisait.

- Tu as « discuté un peu avec Lucius » ? Et ça te semble normal ?

- Mmh, et qu'est-ce que la normalité selon toi ? Se juger, se disputer, s'égorger à chaque fois qu'on se croise ? Non, moi j'ai décidé que personne n'était différent. Nous sommes tous des êtres humains, après tout, avec nos qualités et nos défauts, nos forces et nos failles. Gryffondor, Poufsouffle, Serpentard, Serdaigle, peu importe ! Méfie-toi, Fabi, il y a des gens plus courageux à Serpentard que n'importe quel Gryffondor...

- J'ai failli être à Serpentard, je te signale ! Je ne juge pas à cause de ça, c'est plus... plus...

- Plus stupide encore ?

- Non, c'est plus fort que ça ! Je ne peux pas l'expliquer, peut-être que tu as raison. Peut-être que malgré moi, malgré lui et moi, on a grandi dans des familles ennemies et ça reste ancré en nous alors qu'au fond, on ne se connaît pas vraiment...

- Super ! On va arrêter là cette conversation mon chou, restes sur ce que tu viens de dire, et laisse vous une chance, d'accord ? Tu me promets d'essayer ?

- Oui, je te promets. Par contre, j'essaierai uniquement s'il arrête de faire son espèce de grand frère ou de second père, j'ai HORREUR de ça ! Et s'il continue, je lui arrache la tête.

Alice éclata de son rire joyeux, elle n'était absolument pas étonnée. Ni que Lucius se prenne pour une sorte de mentor, ni que Fabian ait ça en horreur. À vrai dire, Fabian avait en horreur à peu près tout ce qui se rapportait à un semblant d'autorité. De ce qu'elle pouvait observer, même si elle était née moldue, les Malefoy, eux, ne juraient visiblement que par ça : l'autorité, la fermeté, la froideur, l'intransigeance, la domination. Et ils semblaient avoir, tous autant qu'ils étaient, cette puissance ancrée en eux. Fabian avait beau lutter par tous les moyens possibles et imaginables contre sa nature profonde, il était aussi intransigeant que sa famille de naissance. Bien sûr, elle ne le lui disait pas, il n'était pas prêt à entendre ces mots. Pas encore. Mais la vérité était bien là : Même si son attitude rebelle liée au fait qu'il avait grandi chez les Prewett était présente, l'arrogance et l'intransigeance, elles, étaient transparentes. Alice gardait pour l'instant cette observation pour elle, même si, elle le savait, elle n'était pas la seule à l'avoir compris et remarqué. Elle était prudente, parce que cette situation lui semblait difficile à appréhender. Elle venait d'un monde où il n'y avait pas d'histoires de sang pur, de sang mêlé, de traîtrise liée au sang. Comment pouvait-on imaginer et nommer quelqu'un de traître à son sang, de sang de bourbe ? Comment et pourquoi, certains sorciers se croyaient plus puissants que les autres, plus « méritants » d'avoir des pouvoirs ? Plus « nobles » parce qu'ils avaient soit disant « une lignée pure » ? Toutes ces histoires avaient tendance à lui donner le tournis. Et Alice, en restant à distance et en accueillant simplement les personnes telles qu'elles étaient, s'en sortait plutôt bien. En effet, la jeune Hellington pouvait être fière : elle avait des amis partout. Chez les Serdaigles, chez les Poufsouffles, chez les Gryffondors, et même chez les Sepentards (oui, oui). Elle était ouverte, souriante, constamment joyeuse et, croyez-le ou non, cela faisait du bien à tout le monde, même aux personnes les plus sombres. Elle attirait, brillait comme une flamme en pleine nuit noire.

- J'ai discuté avec Monsieur Parsons cet après-midi.

Fabian la regarda alors d'un air vraiment dépité. Visiblement, elle avait fini de l'achever par cette simple information. Alice rit doucement et le poussa de ses deux mains pour l'embêter, toute joyeuse.

- Allons Fabi ! On ne peut pas tous être ennemis avec tes ennemis !

- Il faudrait peut-être que tu me donnes des cours vu que toi tu n'en as aucun...

- Je fais simplement des efforts en ce sens, mon cher !

Son meilleur ami lui lança un regard qu'elle n'aimait pas, celui qui lui renvoyait sa propre ignorance, celui qui voulait dire, au fond, même si c'était sans méchanceté « tu n'es pas de ce monde. » Et par conséquent « tu ne peux pas comprendre. » Alice leva les yeux au ciel et acquiesça doucement, levant les mains en signe de compassion.

- Je sais, j'ai beau faire tous les efforts du monde, et j'essaie, vraiment. Mais fondamentalement, dans mon être profond, je ne comprends pas ces réactions, ces injustices, ces guerres qui vous désunissent au sein même de vos familles.

- Je sais, Ali chérie. Je crois même que c'est ancré depuis des décennies, et je ne suis pas sûr que nous-mêmes nous comprenons le fin mot de l'histoire. Ce doit être intergénérationnel, et plus encore. Ce que je sais, moi, c'est que j'ai grandi dans l'opposé de ce que j'apprends maintenant, tu vois ? J'ai grandi avec des parents et des oncles qui ont fui depuis leur adolescence cet autoritarisme familial, qui m'ont fait grandir dans l'amour, dans l'écoute, dans la communication de chaque émotion, de chaque questionnement. Et j'ai atterri, il y a un an, dans un manoir immense ou on vit à deux, et ou c'est l'exact opposé : « tu me regardes un peu trop ou tu me réponds, je t'en décolle une et crois-moi tu vas t'en souvenir. » « Tu te fais tout petit, tu t'inclines, tu ne regardes pas de trop près les adultes et surtout, tu ne donnes pas ton avis ». Tu vois la problématique ?

Alice serra tendrement son bras et le regarda avec attention, le décalage était profond, la vie devait être difficile. Et elle n'imaginait sincèrement pas son meilleur ami plier si facilement, elle fronça doucement les sourcils.

- Et Monsieur Parsons, dans tout ça, c'est ton parrain et il a quelle place ?

- Lui ? Alors lui, pfiou. Je n'ai même pas de mots ! Je n'ai toujours pas compris ! C'est une véritable énigme. Déjà, il lit dans les pensées, donc il a une fâcheuse tendance à dire tout ce qui me passe par la tête, je crois que ça l'amuse de mettre l'embrouille ou le doute dans l'esprit de mon père me concernant. Il s'amuse de nos échanges, il adore me mettre dans l'embarras. Et, mon problème, c'est que je ne sais pas le cerner. Je sais qu'il est dangereux, je sais qu'il est à cent pour cent du côté de mon père. Il me sauve de certains faux pas, mais ce n'est jamais réellement dans mon intérêt. Bref, je n'ai pas confiance en lui. Absolument pas.

- Il n'a pas l'air si mauvais. Sourit Alice.

- Non mais alors ça, c'est la gent féminine à l'état pur ! Ca y est on a enfin un professeur pas trop âgé, avec de jolis yeux bleus, beaucoup de charisme et c'est fini, vous perdez toute notion d'objectivité !

En discutant, ils étaient parvenus devant le portrait de la grosse dame qui protégeait la tour des Gryffondor, Fabian lança le mot de passe tandis qu'Alice le fixait d'un air indigné, elle était véritablement outrée.

- Non mais je n'y crois pas ! Tu penses vraiment ce que tu viens de dire là ? Mais qu'est-ce que c'est ce jugement purement machiste, Fabi ? Ca vient du côté Prewett ou Malefoy ça ?

Alors que le jeune Malefoy riait à en perdre haleine et qu'Alice le tapait sans vraiment y mettre toute sa volonté, ils se stoppèrent net, soudain silencieux. Il était tard, Fabian avait pensé se faire un en-cas rapide pendant que ses amis discutaient ou travaillaient, mais visiblement, l'ambiance était plus que tendue. Ses yeux verts croisèrent ceux d'Alice, elle était tout aussi anxieuse. Remus-le-préfet, d'habitude toujours calme, posé, réservé, doux, avait un air des plus terrifiants sur le visage. Peter, sensible, avait les larmes aux yeux et tremblait de tous ses membres. James, toujours rieur, prêt à donner le sourire, à tendre la main, à faire une blague, était pâle comme un drap blanc. Et Sirius. Sirius pour qui Poudlard était un refuge, son lieu de bien être, de paix, de retour au bonheur, semblait avoir soudain plongé dans les ténèbres les plus sombres. Ils n'osèrent pas poser de question, seuls leurs yeux observèrent les autres élèves et tous, sans exception, arborait un air de détresse infinie.

- McGonagall est venue. Expliqua doucement Remus d'une voix blanche. C'est Mary Mcgill. Tout le monde a cru qu'elle était malade, ou qu'elle avait un souci, elle n'est pas revenue à la rentrée... En fait, elle a disparu.