SWEET BLOOD - carriejack03

Traduction : Miss Cactus

Chapitre 12


Furihata cligna des yeux une fois, deux fois, trois fois, mais cet horrible rouge ne s'en alla pas. Ce n'était pas possible, il n'était pas un vampire ! Midorima lui avait expliqué qu'on ne devenait vampire qu'après avoir bu le sang d'un vampire et que ce denier boive son sang, mais Furihata était certain qu'il était loin d'avoir bu une seule goutte du sang de Kise ou d'un autre membre de la Génération des Miracles. Alors pourquoi ? Pourquoi cela lui arrivait-il à lui ? N'avait-il pas assez souffert ?

- Non... Non ! gémit-il, horrifié.

Il porta ses mains tremblantes à son visage, près de ses yeux, comme s'il n'arrivait pas à croire ce qu'il voyait, mais sa réflexion l'imita et le rouge autour de ses pupilles brilla plus fort encore. Il ne pouvait même pas sentir les mouvements autour de lui qui essayaient de le réconforter, tout ce qui lui importait était ce qu'il voyait.

- Furihata-kun, calme-toi, chuchota Kuroko en prenant son visage dans ses mains et le forçant à le regarder, réussissant à le tirer de sa transe.

- Qu'est-ce qu'on va faire quand Akashi arrivera ? demanda nerveusement Aomine en faisant signe aux autres de s'éloigner pour le laisser respirer.

Kise et Midorima grimacèrent mais s'exécutèrent, décidant de laisser le brun entre les mains de Kuroko qui semblait être le plus calme dans la pièce.

- Q-Qu'est-ce que ça veut dire ? Pourquoi Akashi-kun viendrait ici ? s'étonna Furihata, les yeux grands ouverts et essayant de crier, mais sa voix était faible et rauque, sa gorge sèche et douloureuse.

Midorima, Kuroko et Aomine échangèrent un regard peu rassuré, mais personne ne sembla vouloir prendre la parole et Kise semblait aussi perdu que Furihata.

Midorima se racla la gorge après que Kuroko et Aomine lui aient donné des coups de coude.

- Akashi a appelé hier pour nous dire de tous venir ici...

Ce que voulait dire... que Murasakibara serait ici d'une minute à l'autre et Furihata devint encore plus nerveux. Il était si gentil avec lui qu'il ne voulait pas le laisser voir ses yeux rouges qui lui semblaient si horribles.

- N-Non, je ne veux pas– ARGH !

Une brusque douleur se répandit dans tout son corps, le laissant tremblant et gémissant. Il ferma les yeux et ramena ses genoux contre son torse, ses mains agrippant ses cheveux avec force, les arrachant presque de son crâne. Même la morsure de Kise n'avait pas fait aussi mal, c'était comme si quelqu'un s'amusait à le poignarder avec de nombreuses épées et couteaux, le laissant sans aucune force ni moyen de se défendre. Etait-il en train de mourir ? Il se le demandait bien, remarquant à peine ce qu'il se passait autour de lui. Soudainement, il sentit des bras passer autour de ses épaules alors qu'une odeur familière lui parvenait et qu'il laissait son corps se détendre dans l'embrassade.

- Furihatacchi, ça va aller, tout va bien.

Kise continuait de lui chuchoter des mots réconfortants au creux de l'oreille, essayant de le réconforter, en vain. Furihata n'était pas faible, mais la douleur était trop importante pour lui et il n'en pouvait plus. Il voulait que quelqu'un l'aide, peu importe s'il devait supplier, il ferait tout pour être libéré de cette souffrance.

- Il semblerait qu'on soit arrivés trop tard.

Une voix froide figea l'ensemble des occupants de la pièce, apportant une atmosphère qui les mit tous mal à l'aise. Kise raffermit sa prise autour de Furihata, essayant de le cacher avec son corps, Midorima se crispa et se leva pour saluer Akashi mais aussi pour se mettre entre le brun et lui, Aomine et Kuroko ne bougèrent pas mais restèrent sur leur garde, prêts à intervenir si quelque chose se passait.

Furihata ouvrit un œil pour regarder Akashi qui portait un costume de qualité, sa posture toujours aussi droite et ses yeux de deux couleurs différentes, rouge et or, ce qui voulait dire que son « petite frère » était en charge et Furihata espéra qu'aucun objet tranchant n'était à portée de main.

- Je pensais qu'on aurait plus de temps... c'est juste une erreur de calcul, cela ne changera rien.

Akashi semblait se parler à lui-même, un étrange sourire aux lèvres et une lueur amusée dans le regard, comme si voir Furihata souffrir le faisait rire.

Murasakibara, au contraire, était inquiet pour le brun et s'empressa d'aller à ses côtés, lui proposant un maibu parce que Manger te fera aller mieux, sans rien dire à propos de ses yeux, ce que Furihata appréciait.

- Merci, Murasakibara-kun, mais je vais devoir refuser.

Furihata lui offrit un sourire faible, caressant un instant ses cheveux doux (sérieusement, il fallait qu'il lui donne la marque de son shampoing) avant de regarder Akashi en plissant les yeux.

- Comment ça, tu pensais avoir plus de temps ?

Il essaya de paraître intimidant, mais c'était difficile alors qu'il portait simplement un T-shirt rose trop grand.

Akashi rit et un frisson lui parcourut l'échine. Akashi ne riait jamais, surtout pas quand il avait son aura qui hurlait qu'il était absolu et qu'il pouvait tuer lentement et douloureusement. Les autres personnes dans la pièce semblèrent penser la même chose et tous se crispèrent d'un même mouvement (si la situation avait été différente, Furihata aurait peut-être ri).

- J'ai fait des recherches à ton sujet, Furihata Kouki, commença Akashi, son étrange sourire ne le quittant jamais. Et j'ai découvert quelque chose d'intéressant dans le passé de ta famille.

Furihata se redressa un peu pour mieux voir Akashi, curieux.

- J'ai au début pensé que ce nom était une coïncidence, mais... Akashi est un nom plutôt rare, tu sais ? Et devine quel était le nom de famille de ton arrière grand-mère.

Furihata écarquilla les yeux, interloqué.

- Q-Quoi ? s'exclama Aomine.

Tous les autres n'arrivaient même pas à parler.

- Tu m'as bien entendu, Daiki.

Akashi était le seul amusé par la situation, mais il plissa les yeux quand Aomine l'interrompit et son ton glacial fut suffisant pour faire trembler toutes les personnes présentes.

- Où en étais-je ? Ah, oui, nous avons la même arrière grand-mère, mais avant d'épouser mon arrière grand-père, elle a fréquenté un homme nommé Tsukishima Hiroshi, un humain.

Furihata connaissait ce nom, son grand-père lui parlait souvent de son père, un homme qui était tombé amoureux d'une femme qui était trop bien pour lui et qui lui avait donné un fils avant de partir pour toujours. Le brun comprenait maintenant pourquoi son père disait que sa mère était différente : c'était un vampire. Furihata se demanda si son grand-père le savait ou s'il se contentait de répéter les mots de son père. La mère de Furihata était-elle au courant ?

- Mais les dampyr n'existent pas dans notre monde. Le gène vampire est récessif et se trouve simplement dans ton ADN sans jamais montrer son existence, comme une maladie fantôme... cependant, des circonstances spéciales peuvent faire apparaître ce gène.

Furihata toucha la peau sous son œil gauche par instinct, commençant à comprendre les explications d'Akashi, mais il ne voyait pas de quelles circonstances spéciales il parlait.

- C-C'est impossible... même si son arrière grand-mère était vampire, trop de générations sont passées, le gène n'aurait pas pu tenir aussi longtemps ! protesta Midorima en remontant ses lunettes sur son nez dans un tic nerveux.

Le sourire d'Akashi s'agrandit et il s'avançant. En réponse, tous les autres garçons se rapprochèrent de Furihata.

- Tu as raison, Shintarou, mais il y a toujours des exceptions.

- Attends une seconde, Akashi-kun, quelles sont ces circonstances spéciales ?

Ce fut au tour de Kuroko de demander (ou plutôt d'exiger) une réponse. Cependant, à l'instant où il prononça ces mots, ses yeux se mirent à briller comme s'il venait de comprendre.

- Tu as apparemment compris où je voulais en venir, Tetsuya.

Akashi continuait de sourire, signe qu'il s'amusait de cette situation. Il contrôlait tout ce qui était dit et tout se déroulait comme il le voulait, Furihata pouvait le voir. Le roux porta son attention sur Kise et le blond attrapa les épaules du brun un peu plus fort, mais ce dernier ne dit rien – ce n'était pas grand chose comparé à ce qu'il ressentait.

- Quand Ryouta a mordu Kouki, il a réveillé le vampire endormi en lui, ce qui a fait devenir son sang plus appétissant. C'était le premier signe de sa transformation, mais je n'ai pas rencontré de dampyr depuis si longtemps que je ne m'en suis pas rendu compte immédiatement.

Akashi termina son explication avec un soupir dramatique.

Furihata resta sans voix puis il regarda le roux droit dans les yeux.

- Alors je suis en train de devenir un vampire– UGH !

Sa voix craqua quand une vague de douleur s'immisça sous sa peau et le brun se mit une main sur la bouche pour retenir ses cris.

- Techniquement, oui.

Akashi s'approcha de Furihata et envoya un regard noir à Kise qui commençait à s'interposer. Le blond baissa la tête et se décala, marmonnant une excuse.

- Mais tu vas devenir un vampire fou, assoiffé de sang et sans aucune humanité. C'est le prix que tu dois payer pour devenir supérieur aux humains.

Akashi se positionna à quelques centimètres de Furihata qui lui jeta un regard noir en serrant les dents pour ne pas crier.

- Mais on ne peut pas se permettre de laisser un vampire fou faire ce qu'il lui plaît... il vaut mieux s'en occuper maintenant, tu ne penses pas ?

Il leva une main, prêt à s'occuper de Furihata, comme il l'avait si bien dit, et ce dernier ne pouvait que regarder la scène se dérouler sous ses yeux, impuissant.

Cependant, rien ne le toucha. Il écarquilla les yeux en voyant une autre main, une bien plus grosse que celle d'Akashi, l'arrêter en attrapant son poignet.

- Atsushi, lâche-moi, lui ordonna le roux, le regard noir.

Mais Murasakibara resserra sa prise et se leva.

- Non, dit-il, aussi déterminé que pendant un match.

Mais son refus surprit Furihata, surtout face à cet Akashi. Murasakibara était le seul qui suivait ses ordres sans un mot. D'après les visages des autres, il comprit que tous étaient aussi surpris que lui, voire plus.

Akashi plissa les yeux et grogna comme une bête enragée, tirant sur sa main pour que le plus grand le lâche, en vain.

- Atushi, répéta-t-il, ses yeux montrant clairement qu'il allait le regretter s'il continuait.

- Pardon, Aka-chin, je t'aime beaucoup, mais...

Le regard de Murasakibara se posa sur Furihata et il y avait quelque chose qu'il n'arrivait pas à interpréter.

- Je pense que j'aime Furi-chin encore plus.

Les joues de Furihata devinrent rouges et sa mâchoire manqua de s'écraser au sol. Il l'aimait ? Lui ? Murasakibara n'était-il aussi immature émotionnellement parlant qu'un enfant ? Mais... ses yeux et ses mouvements étaient si déterminés qu'il ne laissait aucun doute quant à ce qu'il ressentait. Murasakibara avait beau se comporter comme un enfant, il avait apparemment grandi sans que personne ne s'en rende compte.

- Vraiment ?

Une aura sombre entourait Akashi et ses yeux brillaient dangereusement.

- Alors je vais devoir te punir en prem–

Quelque chose changea dans son regard. Il ressembla à un enfant perdu un instant et il porta sa main libre à son visage.

- T-Tu...

Akashi marmonnait quelque chose, mais les mots étaient si rapides et incohérents que Furihata ne put les comprendre.

- Akashi-kun ?

Kuroko, inquiet, se rapprocha de lui et les autres l'imitèrent alors que Murasakibara le lâchait, perdu. Le roux arrêta de parler et ferma les yeux alors que l'aura meurtrière disparaissait. Quand il rouvrit les yeux, deux orbes rouges les saluèrent.

- Ne vous inquiétez pas, dit-il d'une voix plus douce et Furihata ne put que le regarder, ébahi, alors qu'il passait une main douce dans ses cheveux bruns, personne n'osant l'arrêter. Il ne te fera pas de mal, je lui ai dit que je l'arrêterais s'il essayait.

Son regard s'adoucit quand le brun gémit de douleur.

- Je suis désolé, je ne peux pas arrêter ta transformation.

- M-Même toi ? A-Alors Furihatacchi va devenir un vampire fou ?

Comme moi ?

Kise ne dit pas la dernière partie, mais sa panique laissait sous-entendre ce qu'il pensait.

- Je n'ai pas dit ça, soupira Akashi. Il y a un moyen d'empêcher la folie de te consumer, mais...

Il ne finit pas sa phrase, comme s'il n'osait pas en dire plus.

- Akashi, tu ne sous-entends pas ça ! s'écria Midorima, surprenant Furihata et les autres.

Il semblait paniqué, mais il était le seul à comprendre ce qu'Akashi voulait dire.

- C'est la seule façon, insista le roux.

Son regard intense fit taire Midorima, mais il semblait toujours désapprobateur.

- Q-Quel moyen ? Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Furihata et toute l'attention se reporta su lui.

Il ne comprenait rien.

- La seule façon d'arrêter la folie c'est...

Akashi s'arrêta pour prendre une longue inspiration.

- De devenir un vampire.

Les voix des autres garçons s'élevèrent, certains approuvant, d'autre non, mais Akashi les fit taire d'un geste de la main et d'un regard noir (qui, pour une raison inconnue, était encore plus effrayant que son autre personnalité).

- Seul Furihata doit prendre cette décision.

Le roux toucha les lèvres de Furihata du bout des doigts, un regard désolé au visage.

- Oui ou non ?

Furihata ne savait pas quoi dire. Il regarda les autres membres de la Génération des Miracles et ce qu'il vit le surprit : tous avaient la même expression remplie d'affection, même ceux qui n'étaient pas d'accord pour qu'il devienne un vampire. Ils lui disaient qu'il pouvait faire ce qu'il voulait, qu'ils l'aimeraient toujours. Il était évident que ce qu'ils ressentaient pour lui était plus que de l'amitié, Furihata l'avait compris aujourd'hui, ou peut-être même avant qu'ils le comprennent eux-mêmes, mais il s'était toujours voilé la face, pensant qu'il était impossible qu'ils aiment quelqu'un comme lui. Pourtant, c'était bien le cas et Furihata était si heureux que même s'il mourrait, il ne regretterait rien.

Le brun leva la tête et embrassa Akashi qui écarquilla les yeux, stupéfait. C'était un simple contact entre deux paires de lèvres, mais il suffisait à faire tambouriner le cœur de Furihata dans sa poitrine. Tous les autres le regardaient avec envie et des yeux de chien battu auquel il ne put résister.

Il savait sa réponse et il n'allait pas la regretter, à moins qu'ils décident de ne pas rester à ses cotés.

- Oui.