- D-Derek… J'arrive à articuler.

Il est au-dessus de moi, il me fixe d'un air préoccupé. Il a compris. Moi, je suis complètement désemparé, je ne sais pas quoi faire. J'ai peur. Oui putain, j'ai peur. Je suis terrorisé et déjà, je me tétanise.

Ce que je vivais avec Derek, c'était un rêve, quelque chose que je n'aurais jamais imaginé autrefois et Peter… Peter a tout gâché. Il a tout brisé. Je le sens en moi, je sens ses griffes qui commencent à labourer le peu de barrières mentales que j'ai encore. Je me mets à grimacer de plus en plus fort. Mes ongles se plantent dans la peau du dos de Derek à travers son haut, j'ai envie d'hurler.

- Stiles, Stiles, calme-toi, je suis là ! Tente-t-il.

Mais je vois bien dans ses yeux qu'il commence à doucement paniquer. Les miens me piquent, ma vue se fait floue. Je peine à articuler :

- Je… J'ai mal…

Parce que Peter continue de marteler mon esprit pour tenter d'en forcer l'entrée, qui se referme à chaque fois qu'il en sort. Mais cette fois, c'est différent, c'est graduellement plus violent, plus douloureux, si bien que je me retrouve vite à en avoir le souffle coupé. D'un coup, je ne respire plus, je panique, je presse une de mes mains sur ma gorge, je fais tout, tout ce que je peux pour respirer à nouveau. Mais les secondes passent, je faiblis alors que la douleur continue de monter crescendo. J'entends de moins en moins la voix de Derek, tout comme je perçois moins son toucher, ses gestes, la douceur de sa peau. Peu à peu, tout s'assombrit.

Et je suis seul, dans le noir alors qu'une immense douleur me traverse le crâne. Il ne fallait pas résister ainsi. Je… Tu ne me facilites pas la tâche, tu sais ? Si tu te laissais faire, ce serait bien moins douloureux. Je ne peux pas te laisser faire ! Trop tard. Non ! Là, dans cet espace sans lumière, sans son, sans rien de palpable, je sens plus Peter que je ne le vois, tout comme j'entends sa voix. Ici, pas de problème pour respirer : j'ai l'air d'y arriver même si je me sens complètement comprimé. Je t'entoure, Stiles. Je suis ici, là-bas, je suis tout autour de toi. Tu ne peux pas fuir, pas cette fois. Cette oppression se fait plus forte et la douleur qui semble me traverser la tête de part en part ne m'aide pas le moins du monde à avoir les idées claires. Je peux simplement être certain du fait que Peter me parle je ne sais pas trop comment et qu'il se débrouille pour… Pour quoi, au juste ? Me contrôler ? Me faire sombrer dans l'inconscience ? Est-ce que c'est pour cette raison que tout est noir, que je n'entends ni ne vois ni ne sens plus Derek ? Savoir que mon contact avec lui est complètement coupé me fait paniquer : je commence à me tétaniser intérieurement et à laisser ma terreur prendre le dessus. C'est seulement à ce moment précis que je prends conscience que Peter est là, à l'intérieur de ma tête. Peter. J'ai envie de m'effondrer. Ne te gêne pas, Stiles. Je manque de m'étouffer dans ma propre tête alors que je commence également à comprendre avec horreur que mes pensées… Il peut y accéder. Tu n'as plus aucun secret pour moi, mon petit renard. D'un coup, j'ai l'impression que tout tourne autour de moi alors même que je ne vois ni ne sens rien. Sa voix est la seule chose que j'entends et j'ai envie d'hurler. J'ouvre la bouche, je crie ! … Mais je ne m'entends pas. Je me mets alors à espérer du fond du cœur que Derek m'entende et qu'il m'aide. Peut importe la manière, j'ai besoin qu'il m'aide ! Il ne t'entend pas, joli cœur. Je suis le seul à entendre tes cris, tes délicieux cris. Tu es à moi, ton corps m'appartient tout autant que tes cris. Non ! Je ne suis pas à toi, je ne suis à personne, je… Je ne suis pas… Bien sûr que si et tu sais pourquoi ? Parce que je te possède de toutes les manières qui existent. Tu le sais, Stiles et désolé mon chou, mais tu ne peux rien y faire. Abandonne-toi à moi. Non ! Son ton se fait plus dur. Abandonne-toi à moi, Stiles ! N-non ! Ne me force pas à me répéter une troisième fois… Laisse-moi tranquille ! Et je sursaute alors que pour la première fois, j'entends ma voix… De l'extérieur. Complètement brisée. Déchirée. Une voix qui semble avoir trop crié.

Le silence le plus funeste succède à mon hurlement de désespoir. A l'intérieur de ma propre tête, je me ratatine sur moi-même et j'ai l'impression… De pleurer. J'essaie de toucher mon visage, je… Je ne sens rien. Je ne sais même pas où sont mes mains, je ne sais même pas où est ma tête et j'ai l'impression de ne plus rien avoir, pas même mon visage. Mon visage. Mon visage. Mon identité. Ma vie. La nausée monte. Peter est en train de tout me voler. Ou alors… C'est déjà fait. Je ne sais pas, je ne sais plus. Mon souffle se coupe, même ici. Mon petit renard… Je me ratatine sur moi-même alors que sa voix est bien plus grave que d'ordinaire, bien plus menaçante. Je vais te pourrir la vie. Je vais te détruire, bien plus que ce que j'avais prévu de le faire. Pour tout te dire, je comptais te laisser un peu de liberté. Je comptais te laisser le droit de penser de temps en temps, histoire de ne pas perdre la graine de l'hyperactif que tu es. Tu vois comme j'étais conciliant ? Tu vois comme tu m'obliges à me battre ? Voyons, Stiles, tu sais déjà que tu vas devoir venir à moi, tu sais aussi que tu n'auras d'autre choix que de rester à mes côtés. Tu aurais pu finir par apprécier, tu sais ? Mais non, tu continues de résister, et pourquoi ? Pour cet imbécile. Il ne te veut pas du bien, tu sais ? Tout ce qui l'intéresse, c'est ce que je suis en train de faire. Personne ne dirait non à un esclave tel que toi. Non, Derek n'est pas comme ça… Qu'est-ce que tu en sais ? Tu penses le connaître ? Stiles, comme moi, il a envie de toi. Il veut fourrer ton petit cul et c'est tout. Il m'a embrassé, on partage des choses, il veut me sauver… Je déteste avoir l'impression de trembler en pensant, mais c'est le cas. Oui, mais je sais que Derek n'est pas mauvais. Il m'a prouvé que… Que quoi ? Il ne t'a rien prouvé du tout. Il t'a embrassé, parce que tu l'attires depuis longtemps. Vous partagez des choses, parce qu'il veut simplement gagner ta confiance. Tu penses qu'il veut te sauver ? Il n'attend que le meilleur moment pour profiter de toutes tes faiblesses. Mon neveu et moi partageons les mêmes goûts et les mêmes envies : on veut te prendre, on veut t'avoir, on veut te posséder. Ton avis ne compte pas, tes états d'âme non plus. Tu dis n'importe quoi… Tu es sûr ? Tu n'as pas senti à quel point il avait envie de toi ? On a juste…. Que tu es naïf ! Que crois-tu qu'il fait, à l'heure actuelle ? Tu es à sa merci. Tu n'es pas conscient. C'est le meilleur moment, pour lui. Tu ne peux pas bouger, tu ne peux pas parler, tu ne peux pas sentir. Il peut ainsi se vider les couilles sans avoir l'impression de te trahir. Comment pourrais-tu te sentir trahi si tu ne sais pas ce qu'il te fait ? Arrête Peter, arrête ! Oh, mince… Il ne fallait pas que je te le dise, c'est vrai. Tais-toi ! Tu dis n'importe quoi, n'importe quoi ! Tu en es certain ? Tu veux peut-être que je te laisse reprendre conscience de ton corps ? Je t'en supplie, tais-toi ! Tu es mignon, à ne pas vouloir y croire. Tu l'aimes, ton Derek et ton amour t'aveugle. Tu veux peut-être que je t'ouvre les yeux ? Parce que je contrôle ton corps dans son entièreté. Un mot de ma part et tu en retrouves l'usage. Je… Tais-toi ! Arrête de parler ! Je ne veux plus t'entendre ! Parce que tu ne veux pas accepter de voir la vérité en face. Tu es incapable de supporter l'idée que quelqu'un de confiance puisse te trahir, surtout s'il s'agit de Derek. Il… Il ne me fera jamais de mal ! Pas si tu peux être au courant. Si tu ne le sais pas, en revanche… N-non ! Tu peux pas dire ça ! Il est pas comme ça… Pauvre petit renard… Tu ne me laisses pas le choix. De quoi tu parles ?

Silence.

Peter, de quoi tu parles ?! Peter ? Peter ! Seul ce foutu silence me répond, un silence de mort. Je ne sais pas si je bouge, si je marche, si je cours à l'intérieur de ma tête mais je m'imagine très bien faire les cents pas à l'intérieur de ma propre tête. Je me sens fébrile, j'ai envie de m'effondrer, de tout arrêter, de juste laisser tomber toute cette résistance qui me cause toujours plus de souffrance. J'aimerais me laisser aller, ne plus songer à tout ça mais je ne peux pas, j'en suis incapable. Je hurle le nom de Peter, je lui ordonne de revenir malgré la terreur qui me tétanise toujours à l'idée de me trouver en sa présence. Il ne peut pas me laisser dans le flou comme ça, il ne peut pas se taire ainsi après m'avoir parlé aussi longtemps ! Peter !

D'un coup, sans que je ne demande rien, quelque chose change. Je me sens… Disparaître. Je m'affole, je tente de me cramponner à ce que je peux et la douleur revient. Elle m'explose le crâne, m'empêche de réfléchir correctement et augmente, augmente, augmente, jusqu'à s'arrêter aussi brutalement qu'elle n'est apparue, me laissant on ne peut plus fébrile, pantelant, au bord d'un gouffre mental que je ne soupçonnais pas.

Je me sens me crisper. Quoi ? Je me… Oui, je me sens. Je me sens à nouveau, je ressens mon corps avec une clarté inquiétante et les nombreuses sensations qui me parviennent me piquent tant elles déferlent. Oui mais je ne fais pas que me sentir, je… Oh non… Non, non ! Je sens des mains parcourir mon corps avec avidité, je sens des lèvres suçoter ma peau avec ardeur, une chaleur pourrie contre moi… Et une bosse imposante contre mon bas-ventre. J'ai l'impression que mon cœur s'arrête alors que ce que je sens est purement physique. Non, je refuse de… De me dire que… Non. Non, ça ne peut pas… Non. Et si. La voix de Peter me parvient une dernière fois, perfide, juste pour me souffler ces deux mots d'un air triomphant. Tout ce en quoi je crois, tout ce en quoi je portais tant d'espoirs part en fumée. Moi qui sens actuellement tant de choses, je me sens me briser, exploser en un millier d'éclats de verre.

Mentalement, je m'effondre, avec l'impression tenace que je ne serai plus jamais capable de me relever.