Jackson frissonna lorsqu'il reconnut le cri bestial qui lui parvenait aux oreilles. Un cri douloureux qui l'atteignit en plein cœur, le brisant encore plus qu'il ne l'était déjà. A vrai dire, il avait tout entendu de la conversation entre Derek et Deaton. L'ouïe lupine avait l'avantage d'être très forte et les murs pas très épais ne lui avaient pas caché grand-chose de la discussion.
Toujours dans le salon en compagnie de Stiles, Jackson s'efforça de ne pas faire l'étalage de ses émotions. Pourtant, ce n'était pas l'envie qui lui manquait.
Derek avait, par ce hurlement à la lune, trahi son profond désespoir, mais pas que. S'il abandonnait la lutte, comment faire pour essayer de maintenir Stiles à flot, seul ? S'il ne craignait pas de laisser l'hyperactif seul, Jackson serait tout de suite parti à la recherche de l'ancien alpha pour lui remettre les pendules à l'heure. Déjà qu'il avait lui-même du mal à garder espoir, comment faire si l'autre côté avait lâché l'affaire ?
- Q-q-qu'est-ce que… Qu'est-ce que c'était ?
Jackson baissa les yeux sur son protégé, qui avait péniblement réussi à se redresser un peu, sur le canapé. En lui, l'émotion montait. Mais pour Stiles, il fit l'effort incommensurable de sourire alors qu'à l'intérieur, il avait l'impression de s'effondrer.
Parce que le jeune homme sur qui il veillait n'avait presque plus rien de l'hyperactif qu'il avait toujours connu. Autrefois, il aurait reconnu Derek sans problème. Car avant… Stiles savait faire la différence entre les cris de chacun des loups de la meute. Tous les membres de celle-ci n'étaient pas capables d'en faire autant.
- C'est juste un loup, lui dit-il d'une voix dont il ne put retenir les tremblements.
Il faisait de son mieux, oui, mais les émotions étaient trop grandes. Stiles se redressa un peu plus, au point de se retrouver assis.
- J-Jackson ? Qu'est-ce q-qui t'arrive ?
L'inquiétude était encore reconnaissable, malgré les traits fatigués de son visage toujours trop pâle. Le kanima prit sur lui et se rapprocha de son ami. Son cœur se mit à battre un peu plus vite dans sa cage thoracique alors qu'une prise de conscience soudaine lui nouait la gorge. Stiles était encore conscient de son état et il lui faisait part de ses observations de temps à autres, dans des moments de lucidité comme celui-ci. Là, il le reconnaissait. Parfois, il le confondait avec Liam. Pour l'instant, il était lui-même. C'était lui qui était en train de, lentement, disparaître. Et pourtant… Pourtant, il trouvait le moyen de s'inquiéter pour lui, Jackson Whittemore. Jackson, qui, au contraire de lui, n'était pas en train de se battre pour rester le seul maître à bord de sa tête.
- Rien, Stiles, ne t'inquiète pas.
Le semblant de sourire que lui offrit l'hyperactif par la suite lui noua le ventre.
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L'absence de Derek au chalet fut conséquente. Il fuyait l'endroit comme la peste, laissant Jackson gérer Stiles, comme il le pouvait. Le kanima se rendait compte que seul, c'était réellement difficile. Il fallait toujours avoir l'œil sur lui. Autant dire qu'il ne put pas prendre énormément de temps pour lui et qu'à ses yeux, le repos n'était plus qu'une idée vague.
Parce qu'il devait veiller sur lui non seulement le jour, mais aussi la nuit.
Lorsque Derek était là, c'était plus simple : ils alternaient autant que possible, histoire de ne pas frôler le burn out. Stiles demandait, sans s'en rendre compte, toute leur attention, au point que c'était invivable. Les seuls moments où Jackson pouvait souffler un peu, c'était lorsque l'hyperactif s'endormait. Et encore. Son sommeil n'était pas souvent tranquille.
Si au départ, Jackson ne dit rien et s'occupa de Stiles sans se plaindre, il en vint quand même vite à s'agacer du comportement de son aîné. Il voulait bien comprendre qu'il souffre, mais en agissant ainsi, il n'aidait pas le moins du monde. C'était limite s'il n'empirait pas les choses.
Parce que Stiles le réclamait. Qu'il le veuille ou non, ils étaient liés et sa présence avait tendance à rassurer plutôt rapidement le fils du shérif, qui, Jackson le savait, accordait une confiance presque aveugle à l'ancien alpha. Le kanima en était même presque un peu jaloux. Lui aussi aimerait que Stiles se sente bien avec lui. Qu'il se sente en complète sécurité. Or, seul Derek pouvait lui apporter ce sentiment.
Mais il s'absentait souvent et Stiles commençait doucement à en pâtir. Il multipliait les moments d'absences, les pertes de mémoires qui n'en étaient d'ailleurs pas réellement. Peter l'isolait simplement du monde extérieur et prenait parfois plus ou moins sa place. Mettait des œillères sur ses sens, l'empêchant de capter les informations reçues par son corps. Durant le peu de temps libre qu'il avait, Jackson notait dans un petit carnet la récurrence de ces moments. Il étudiait à sa manière le cas de son ami et constatait l'augmentation exponentielle de ces éléments plus que négatifs. La récurrence avait été multipliée par deux en l'espace en quatre jours.
Jackson leva des yeux fatigués vers la fenêtre. La lune était déjà haute dans le ciel d'un noir d'encre, sans étoiles. A l'image du regard terne de Stiles. Le kanima poussa un soupir et ferma les volets avant de se diriger vers sa chambre, au fond du chalet. Tendu, il ouvrit la porte et se sentit instantanément soulagé en voyant l'hyperactif, bien au chaud dans ses draps. Il avait beau vérifier sans arrêt son rythme cardiaque et son odeur, tout en écoutant chaque bruit du chalet, il n'était rassuré qu'en l'ayant sous les yeux.
En l'entendant arriver, l'hyperactif ouvrit des yeux larmoyants de fatigues et les leva dans sa direction sans dire un mot. C'était aussi ça le plus perturbant, avec Stiles. Ce silence artificiel. Parfois, il était trop perturbé pour dire quoi que ce soit. Le reste du temps, il se muselait, car il savait que Peter pouvait lui faire dire n'importe quoi. Les fois où il s'autorisait à parler et à prononcer plus de quelques mots se raréfiaient doucement. Le cœur de Jackson se serra alors qu'il faisait de son mieux pour ne pas montrer son trouble. Il avait mal de le voir ainsi, terriblement mal. Et il n'y avait qu'une seule chose qui pourrait lui faire un peu de bien. L'avantage, c'est que Stiles le voulait aussi. Il avait besoin de contacts, de câlins et même si Derek n'était pas là… Les bras de Jackson étaient rassurants aussi.
Le kanima se déchaussa et retira ce qui lui était superflu pour dormir, à savoir son pantalon et son pull. Par respect pour l'hyperactif et dans l'idée de ne pas le brusquer ou de lui donner quelque crainte que ce soit, il garda son t-shirt. Puis, bien vite, il le rejoignit dans les draps et éteignit la lumière. Sitôt que cela fut fait, il sentit Stiles se coller contre lui et l'étreignit sans hésiter.
Oui, Derek était absent. Mais lui, il était là. Et si ce qui faisait valser son cœur était un peu douloureux, il s'en servait pour être d'une douceur exemplaire. Stiles en avait besoin. Ainsi, il laissa une main caresser tendrement la joue de l'hyperactif, dont l'odeur s'allégea doucement.
Jackson s'endormit quelques temps plus tard, mais des bruits pas si forts que cela le réveillèrent aux alentours de quatre heures du matin. Ses sens lupins lui permirent rapidement d'identifier la source de ces nuisances : Derek. Il était rentré, et le kanima l'entendit aller se coucher dans la chambre d'en face, sans s'arrêter devant la sienne. Contre Jackson, Stiles dormait à poings fermés, évènement assez rare pour le souligner.
Avant de se rendormir, le blond déposa un baiser protecteur sur le front de l'hyperactif. Puis, il referma les yeux.
Leurs jambes étaient entremêlées.
xxx
Jackson dut se faire deux cafés pour affronter cette journée qui promettait d'être difficile. Elle commençait plutôt mal, déjà parce qu'il se sentait épuisé. Stiles n'avait pourtant pas fait de cauchemar et, comme lui, avait dormi de longues heures sans aucune interruption. Ce fut en ce début de matinée que le kanima prit conscience de l'accumulation pure et simple de ses heures de sommeil en retard. Et encore, avant, Derek et lui s'épaulaient.
Mais il était parti, déjà. Au lever du soleil, sans doute. Toujours était-il que Jackson ne l'avait pas entendu s'en aller – ce qui était une preuve de son épuisement notable. Il tenait debout oui, néanmoins il avait besoin d'aide et ce, rapidement.
Profitant du fait que Stiles déjeunait plutôt tranquillement malgré son air tout aussi fatigué, Jackson se saisit de son téléphone et décida d'écrire un message à l'ancien alpha. Il voulait bien être compréhensif quant à sa douleur et ce besoin qu'il avait de s'éloigner, mais c'était trop. Il devait revenir, cesser de fuir l'hyperactif, à qui il rendait tout sauf service. Tout en rédigeant son texto, Jackson jeta un coup d'œil au fils du shérif : il tartinait fébrilement sa tranche de pain avec du beurre. C'était tout ce qu'il arrivait à lui faire avaler le matin, avec un verre d'eau. Sa gorge se noua alors qu'il s'efforçait de ne pas s'attarder sur sa maigreur. Stiles mangeait et pourtant, il fondait comme neige au soleil non seulement parce qu'il peinait à ingurgiter des doses dites normales, mais également parce que la bataille mentale contre Peter le vidait au sens littéral du terme. Enfin, il mit le point final et appuya sur « envoyer ».
A : Derek Hale.
« Je comprends que tu souffres, mais il va falloir que tu te ressaisisses. J'ai besoin d'aide, et je ne te parle même pas de Stiles. Arrête de fuir, Derek. On a besoin de toi. Perdre espoir, c'est le condamner. L'enterrer, c'est ce que tu veux ? Moi, non. Je fais de mon mieux avec lui, mais je ne suis pas toi. Je ne suis pas celui avec qui il est lié. Je sais que tu tiens à lui. Alors s'il compte réellement à tes yeux, accorde-lui au moins l'espoir qu'il mérite. »
Ses mots étaient peut-être un peu durs, mais… Il les pensait. Et puis il fallait le faire réagir. Bordel, il ne pouvait pas laisser tomber de cette manière ! C'était comme s'il donnait Stiles à Peter. Jackson ne supportait pas le moins du monde cette idée, surtout en connaissant les sentiments de l'hyperactif à l'égard de Derek, et inversement. L'ancien alpha avait beau dire le contraire, il était amoureux de Stiles, qu'il le veuille ou non. Ses regards étaient sans équivoque, sa douleur aussi. Il ressentait quelque chose de fort, et le lien n'y était pas étranger. Ce n'était pas pour rien qu'il s'était installé aussi facilement. Maintenant, le problème, c'était sa force… Absente.
- J-Jacks ?
Le kanima éteignit son téléphone. S'énerver, même intérieurement, ne servait à rien. Que Derek soit là ou pas, il devait prendre soin de Stiles. L'hyperactif s'était levé et tenait difficilement sur ses jambes. Il se précipita vers lui et le soutint déjà. Honnêtement, il était capable de marcher et de rester debout, mais pas longtemps. Il n'avait pas assez de forces.
- Je suis là, fit-il, préoccupé. Tu veux que je t'amène au salon ?
La seule chose qui lui donnait encore un peu d'espoir, c'était de voir encore cette étincelle de vie dans ses yeux couleur whisky. Cette couleur dans laquelle il avait l'impression de se noyer tant elle lui paraissait unique. On vénérait souvent les yeux bleus comme les siens, mais les iris sombres comme ceux de Stiles avaient leur charme, plus mystérieux, plus subtil. Il osait encore le regarder, parfois, parce qu'il était encore là. Mais pour combien de temps ?
Stiles secoua fébrilement la tête. Et passa ses bras dans le dos du blond avant de poser sa tête sur son épaule. Jackson le dépassait, mais pas de beaucoup et… L'attitude de l'hyperactif le désarçonna. Qu'est-ce que…
- J-je… Je veux juste… Être dans… Dans tes bras.
Le cœur de Jackson rata un battement. Il ne pouvait pas lui dire ça. Pas alors que de son côté, il retenait les élans affectifs qui le prenaient lorsqu'il devait s'occuper de lui. Tout avait changé depuis ce baiser, et pas pour le mieux. Prendre soin de lui à temps plein, c'était sérieux et depuis qu'il devait assumer cela seul, il faisait tout son possible pour ne pas penser à lui autrement qu'un ami. Alors forcément, qu'il lui dise ça… C'était douloureux et lui rappelait des tas de choses. Que Stiles allait avec Derek. Que Derek les abandonnait. Qu'il ne pouvait pas aimer Stiles. Et que Stiles sombrait, avait parfois le regard de celui qui n'était plus lui-même. Pour l'instant, il l'était. Mais après ? Qu'avait encore prévu Peter pour le briser toujours plus fort, toujours plus loin ?
- N-ne me repousse pas, s'il… S'il te plaît.
Et toujours ce bégaiement et ce manque d'assurance si douloureux à entendre. Il était loin, le Stiles sûr de lui, blagueur, souriant, hyperactif. Là, juste avec cette phrase, il lui fit atrocement mal au cœur, si bien qu'il finit malgré tout par le serrer contre lui avec une affection pas complètement amicale. Par ces simples mots, le fils du shérif faisait comprendre ce qu'il ne disait pas : il se sentait abandonné. Il ressentait avec douleur l'absence de celui avait qui il était censé être lié. Elle le faisait souffrir grandement, à plusieurs niveaux. Elle le brisait, elle aussi. Jackson le comprit ainsi, aussi simplement que cela, comme si capter ce genre d'informations était d'une simplicité folle à ses yeux. Comme si quelque chose en plus les unissait alors même qu'ils n'étaient que des amis.
- T-tu veux bien… Rester avec moi pour… Mes derniers jours ? J-je sais que c'est pas ultra… Ultra cool mais je… Ça me soulagerait d-de pas… Pas être seul quand… Tu sais…
Jackson le serra fort contre lui, juste pour qu'il ne puisse pas relever la tête et voir dans quel état ses mots le mettaient. Seuls, ils signifiaient déjà beaucoup de choses. Mais le kanima entendait aussi tout ce que Stiles ne disait pas. Pourquoi était-il aussi lucide ? Pourquoi comprenait-il si bien les choses ? Pourquoi, même diminué, arrivait-il à être aussi clair et rapide d'esprit ?
Et pourquoi tout ça lui faisait aussi mal, à lui, Jackson Whittemore ?
Parce qu'il ressentait des choses. Parce qu'il aimerait l'étreindre pour d'autres raisons, plus joyeuses. Parce qu'il aimerait se dire que Stiles allait arriver à surmonter tout ça.
- Bien sûr que je reste avec toi, idiot… Se sentit-il obligé de préciser.
- Après t'es… T'es pas obligé, tu… Commença fébrilement l'hyperactif.
- Je reste, le coupa-t-il. Je reste…
Stiles poussa un soupir tremblant contre la peau nue de son cou et Jackson frissonna. Cette proximité n'était pas une bonne idée, elle ne l'avait jamais été. Et pourtant, elle était nécessaire. L'hyperactif en avait besoin. C'était plus ou moins ce qui contribuait à le raccrocher à la réalité. C'était aussi pour ça que Derek l'embrassait autant avant de déserter, qu'il le caressait, était aussi tendre. Il y avait autant d'amour que de besoin dans ces gestes intimes. Presque automatiquement, Jackson repensa à ce baiser qu'ils avaient échangé… A cause de Peter. Nouveau frisson. Pourquoi les choses étaient-elles si compliquées ?
Jackson sentit soudainement Stiles faiblir : ses jambes ne le tenaient plus vraiment, comme s'il était à bout de forces pour l'instant. Le kanima serra les dents, ravala sa peine autant que possible et le porta jusqu'au canapé. Là, il raviva le feu de la cheminée et vint s'installer près de lui. Aussitôt, Stiles se pelotonna contre ce corps si chaud, bien plus que n'importe quelle source artificielle de chaleur. La confiance qu'il lui témoignait était dingue et pourtant, il n'avait pas fait grand-chose pour la mériter. Derek avait abattu bien plus de travail que lui à ce niveau-là… Mais il n'était pas là, évitait Stiles comme la peste. Encore une fois, Jackson comprenait sa douleur, peut-être trop bien. Il espéra alors que son message ferait son effet. Dans cette situation, Derek devait mettre sa souffrance de côté. Pour Stiles. Autrement… Il était clair que l'hyperactif s'en irait bien plus vite. Terrifié à cette idée qui faisait son chemin de plus en plus clairement, Jackson passa un bras autour de Stiles, qui releva la tête vers lui. Pouvait-on avoir un regard plus perdu que cela ? Un regard aussi vide d'espoir ? Un regard… Qui restait pourtant magnifique. Un frisson agréable le parcourut. Au même moment, une idée lui vint. Elle lui parut bien évidemment complètement farfelue, et finalement pas tant que ça. Parce qu'en y réfléchissant bien… Peut-être que ça pourrait aider. Maintenant, restait à trouver un moyen de formuler ses pensées de manière claire et concise, sans effrayer l'hyperactif. Pour l'instant, il était lui-même : autant en profiter.
- Stiles, si on se liait ?
Intérieurement, il voulut se frapper lorsqu'il vit l'hyperactif faire les yeux ronds. De toute manière, la subtilité n'avait jamais été son fort. Néanmoins, si Stiles fut surpris par la demande, elle ne sembla pas lui faire peur, du moins… Pas réellement. En tout cas, il était complètement détendu contre lui, et cet abandon témoignait une fois de plus de cette confiance semblant à toute épreuve. Ce qui rassurait également Jackson, c'était de voir que son moment de lucidité durait. Cela n'arrivait pas souvent, mais c'était toujours ça de pris. Il fallait en profiter pour tenter quelque chose, parce que dans un sens… Jackson n'accepterait pas l'idée que Stiles puisse disparaître incessamment sous peu.
- P-pourquoi tu v-voudrais… ?
- Pour t'aider, répondit tout naturellement Jackson, toutefois troublé.
Le fait que Stiles, au lieu de lui répondre, lui pose cette question, était perturbant parce qu'au final, c'était justement une forme de réponse. Il n'était pas contre. Il n'avait pas dit non.
- M-mais j'ai d-déjà un lien avec… Avec Derek, releva faiblement l'hyperactif.
Lien qui lui semblait d'ailleurs anecdotique, décoratif tant il ne changeait, au final, pas grand-chose. Ce fil immatériel si frêle qui le reliait à Derek n'était rien comparé à l'enracinement de plus en plus solide de Peter en lui. Pour l'instant, il ne se manifestait pas trop, mais viendrait un moment où il se montrerait, et ça ferait mal. Il le pressentait.
- Peut-être qu'il n'est pas assez fort… Parce qu'il a été fait tard. Celui avec Peter a eu le temps de s'installer, rappela Jackson. Peut-être qu'à côté, ton lien avec Derek… N'est pas grand-chose. Et je me dis qu'en créer un deuxième… Pourrait peut-être apporter quelque chose.
Jackson y pensait sérieusement et ce, sans aucune arrière-pensée. En fait, il préférait y songer de manière pragmatique plutôt que de réfléchir à la manière de réaliser ledit lien, manière qui lui rappelait un certain baiser non-consenti des deux côtés. Des contacts non désirés de leurs lèvres, qui avaient suffi à le bouleverser depuis. Sincèrement, Jackson se disait que son idée pouvait potentiellement fonctionner. Et puis de toute façon, que faire d'autre ? Attendre gentiment que Peter possède Stiles dans son entièreté ? Se lever un matin, et voir un étranger à la place de son ami. Qu'importe le comportement et l'avis de Derek, Jackson n'arrivait pas à se résoudre à cette éventualité pourtant plus que probable.
Mais Stiles finit par secouer la tête d'un air abattu… Et se serrer contre lui.
- C'est… C'est pas bien, dit-il d'une voix enrouée.
Comme s'il était prêt à pleurer.
- C'est un s-sacrifice… Inutile. Ce l-lien, ça fait… Plus de mal qu'autre chose. D-Derek… J'ai fait l'erreur d'accepter qu'on… Qu'on se lie et… Il est parti.
Jackson lui caressa doucement les cheveux. Il ne devrait pas faire ça, non, vraiment pas. Mais… Ça venait tout seul. La détresse de Stiles, brillante par sa discrétion, saisissait son animal intérieur en profondeur.
- Il n'est pas parti, répliqua-t-il.
Pas vraiment parti.
- Il… Il est p-plus là. C'est pareil, souffla Stiles en baissant les yeux. J'aurais juste… Aimé qu'il reste un peu pour… Pour lui dire… Au r-revoir, tu vois ? J'aurais… J'aurais aussi… Voulu lui d-dire quelque chose, un… Un truc plus intime.
Que tu l'aimes, devina le kanima, sans prononcer un seul mot de cette pensée. Parce qu'elle lui faisait mal, même s'il était déjà au courant de ce fait. L'amour que Stiles portait à l'ancien alpha était réellement visible. Evidemment, Jackson ne lui en voulait pas. Il savait qu'il n'y avait pas de place pour lui dans son cœur.
- Il reviendra, fit Jackson.
Enfin, il n'en était pas certain, mais il l'espérait réellement. Il le fallait. Derek ne pouvait pas abandonner Stiles de cette manière.
- N-non et… Et c'est pour ça q-que je veux pas qu'on essaie de… Se lier, t-toi et… Moi, articula Stiles en relevant les yeux vers lui. Déjà c'est… C'est égoïste, de… De me lier à quelqu'un juste p-pour me sauver. Et puis si… Si on le fait, tu… Tu vas me laisser, toi aussi.
Jackson secoua la tête mais n'eut pas le temps d'en placer une car Stiles reprenait déjà :
- J-j'ai déjà perdu Derek. Je… Je peux pas te perdre toi.
Le cœur de Jackson rata un battement. Les mots de Stiles étaient forts et l'impactaient énormément, notamment parce qu'ils lui permettaient de comprendre un élément supplémentaire : l'hyperactif se sentait coupable du départ de Derek. Pour lui, c'était de sa faute si le lien ne marchait pas. Si le lien avait fait partir le loup. Loup qui n'était pas très loin et revenait chaque nuit, mais tout de même. Les faits étaient là… Mais mal interprétés. Le problème, c'était que l'expliquer à Stiles serait une perte de temps, en particulier parce qu'il était borné. Le plus important actuellement, c'était de lui montrer qu'il était là, à ses côtés, pour de bon. Dans le même temps… Jackson espérait arriver à le convaincre de mettre en place ce deuxième lien. Ni l'un ni l'autre n'avaient rien à perdre à l'essayer.
Stiles frissonna et se mit à trembler. Lorsque Jackson commença à s'affoler et lui demanda ce qui lui arrivait, l'hyperactif articula péniblement qu'il avait froid. Le feu était bien allumé et répandait sa chaleur, si bien que Jackson comprit que Peter essayait de l'affaiblir. Il se mordit la lèvre inférieure. Evidemment…
Près d'une minute plus tard, les chaussures de l'un et de l'autre étaient au sol et un plaid recouvrait les deux corps serrés l'un contre l'autre. Stiles était extrêmement pâle, mais il tremblait moins. L'idée de Jackson n'était pas mauvaise, mais combien de temps cela allait-il fonctionner ? Quand Stiles cèderait-il définitivement ? A vrai dire, le kanima détestait avoir ce genre de pensées, tout simplement parce qu'il continuait de ne pas vouloir se résoudre à cette éventualité.
- Tu ne me perdras pas, tu sais, finit-il par dire au bout d'un moment.
Le coup de froid de Stiles les avait interrompus, mais Jackson comptait bien continuer leur discussion. Cela faisait longtemps que l'hyperactif était lucide et c'était rare, alors il en profiterait jusqu'à la dernière seconde. C'était dans ces moments-là qu'il fallait lui parler, essayer de tout faire pour gagner un minimum de terrain, d'une certaine manière.
Le souffle tiède de l'hyperactif heurta son cou comme le vent du nord. Jackson frissonna violemment. C'était dingue comment ce genre de proximité avec Stiles lui faisait de l'effet, ce qui rendait d'autant plus difficile le défi que représentait le contrôle de lui-même.
- Ce ne sont… Q-que des paroles. T-tu dis ça aujourd'hui, mais… Mais demain ?
- Demain, reprit Jackson, je te dirai la même chose.
L'odeur de Stiles s'était affadie en quelques jours, mais elle gardait ce fond de fragrance caramélisée. Le kanima ferma les yeux. Était-ce normal qu'il apprécie autant ce parfum malgré son altération ? Et qu'il aime sentir ce corps contre le sien ? Ce corps qui dégageait tant de chaleur malgré le froid qui continuait de le faire trembloter. Jackson resserra son étreinte sur lui.
- J'ai… Toujours si froid… Murmura Stiles avec peine.
C'était la première fois depuis longtemps qu'il parlait autant et à force, il fatiguait. Le froid n'arrangeait rien.
- Ça ne va pas mieux ? Lui demanda Jackson d'un ton si doux qu'il s'étonna lui-même.
- Un peu, mais… Pas… Pas beaucoup.
Jackson se mit à réfléchir. Ils étaient ensemble, l'un contre l'autre, sur le canapé à deux mètres tout au plus de la cheminée, qui répandait réellement largement sa chaleur. Que pouvait-il faire de plus ? Dire qu'il n'avait pas d'idée serait mentir. Il en avait une, mais elle était mauvaise. Carrément mauvaise. Mais comment empêcher ses doigts de prendre la température ? L'une de ses mains s'était décalée, était passée du milieu au bas du dos et son index était à deux doigts de passer la limite du pull de Stiles… Qui nicha son visage dans le cou du kanima, dont les joues se colorèrent assez rapidement. Son nez touchait clairement sa peau. Le souffle tremblant de l'hyperactif le fit à nouveau frissonner, plus fort cette fois-ci, et Jackson dut faire des efforts supplémentaires pour se retenir d'aller caresser cette peau froide qui ne demandait rien d'autre qu'un peu de chaleur et d'affection. Sa position était aussi délicate que particulière. Il devait protéger, tout en aimant. Parce qu'en soi, c'était ça et cette attirance couplée de sentiments n'était pas anodine.
- Tu es si chaud…
La phrase à peine articulée de Stiles pouvait s'apparenter à quelque chose de provocant et s'il avait été dans un meilleur état, nul doute qu'il aurait ri des choses et aspects que cela pouvait sous-entendre, ou qui auraient pu vouloir dire autre chose dans un autre contexte. Là, il s'agissait juste d'un constat. Et le problème, c'était que Stiles était involontairement en train de donner raison à l'idée de Jackson, qui était mauvaise. Enfin, s'il arrivait à se contrôler, ça irait.
Stiles poussa un soupir de bien-être et Jackson se rendit compte à cet instant que sa main était définitivement passée sous le pull de l'hyperactif, la paume à plat au creux de son dos. Si le contact sembla apaiser un tantinet le loup au fond de lui, il fit également naître une chaleur irrésistible au creux de sa poitrine. Faisant comme si c'était un geste volontaire de sa part, Jackson se redressa légèrement et demanda :
- Là, ça va mieux ?
Sa voix était peut-être un peu trop fébrile, mais qu'importe. Il n'était pas à l'aise, c'était certain. Parce que son idée lui paraissait de plus en plus évidente pour aider l'hyperactif. Et en même temps, c'était sacrément intime dans un sens. Il réalisait quelque chose qu'il désirait depuis un moment… Parce que c'était utile à Stiles. D'autant plus utile qu'il hocha doucement la tête.
- Tu veux… Plus ? Proposa-t-il malgré lui.
Stiles se crispa contre lui.
- J-je… C'est bon. T'inquiète, te… T'embête pas. Je… T'en fais d-déjà beaucoup.
- Ça ne me dérange pas.
C'était nul, idiot, mauvais, mais il disait la vérité : cela ne le dérangeait pas. Ce qui l'embêtait, c'était ce que lui, vivait. Cet enfer perpétuel, cette idée de mort mentale imminente. Cette fébrilité perpétuelle, ce froid intérieur incisif. Mais surtout, ce bégaiement déchirant. Alors oui, Jackson envisageait sérieusement de dépasser ses limites, parce que… Merde. Peut-être que le kanima en souffrait déjà à l'avance, mais Stiles n'avait-il pas droit à un peu de confort ? Avoir froid – en particulier au point d'en trembler – était une sensation désagréable. Si le simple contact de sa main contre son dos lui faisait du bien…
Oui, mais avant de s'exécuter, il s'assura d'être certain que Stiles soit d'accord. Le but n'était pas de le gêner, ni de le choquer. Si l'hyperactif ne se sentait pas à l'aise pour cela, ce n'était pas la peine. Mais il finit par avouer à Jackson qu'il avait trop froid pour refuser. Alors, le blond s'écarta de lui et se redressa complètement. Son haut finit au sol dans un geste aussi vif qu'adroit. Par contre, il dut prendre sur lui lorsqu'il dut aider Stiles à retirer son pull. Par contre, il n'irait pas jusqu'à retirer leurs pantalons respectifs. Le haut… Ça suffirait. Ça devait suffire. Jackson pouvait essayer de contrôler ses pulsions et sentiments, mais il ne fallait pas dépasser certaines limites. Jamais il ne ferait de mal à l'hyperactif, mais il avait peur de le mettre dans l'embarras, surtout dans la mesure où ce n'était pas réciproque et que le moment s'y prêtait très mal.
Lorsqu'il se rallongea et reprit Stiles dans ses bras, le contact avec sa peau nue manqua de le faire soupirer. L'hyperactif se blottit contre lui et avoua d'une voix fébrile que c'était bien mieux. Le froid qui le traversait dans ces moments était incisif, réellement. Il lui expliqua aussi clairement que possible ce qu'il ressentait à chaque fois : c'était comme si quelque chose en lui s'éteignait. Il se retrouvait presque paralysé et le souffle glacé se baladait à l'intérieur de son corps. Parfois, ça atteignait sa tête et il n'arrivait plus à penser. Ce n'était pas toujours le cas, mais ça arrivait. Ces fois-là, il paniquait. Se retrouvait prisonnier de lui-même et n'arrivait même pas à savoir si Peter était aux commandes où s'il l'avait simplement fait se replier à l'intérieur de sa propre tête sans rien faire de plus.
- C'est généralement… Quand je reviens à moi que… Je sais ce qu'il s'est… Ce qu'il s'est passé, expliqua-t-il. Quand toi ou Derek, vous me… Vous me racontiez ce que vous aviez v-vu.
La chaleur que dégageait le corps de Jackson faisait réellement son effet et c'était normal, parce qu'il s'agissait d'un être surnaturel. En fait, c'était si efficace que Stiles ne tremblait plus et avait repris quelques couleurs. Il arrivait à lui parler sans devoir nicher son visage dans son cou. En fait, ils discutaient en face à face. Simplement, ils étaient dans les bras l'un de l'autre et la main de Jackson… Semblait avoir trouvé sa place dans le creux du dos de l'hyperactif, dont le regard était tout sauf immobile. Parfois, il levait ses yeux de miel vers lui, avant de se mettre à fixer son menton, de baisser le regard, de plonger dans le vague, pour finalement revenir s'ancrer dans ses orbes couleur océan. Et ce, en continu. Il n'arrivait pas à rester fixé sur quelque chose en particulier.
Et Jackson l'écoutait, le regardait, essayait de s'imaginer tout ça. Jamais il n'aurait pensé que Stiles resterait lui-même aussi longtemps, encore une fois. Ça lui faisait du bien. Ses difficultés à parler lui serraient toujours autant le cœur, mais au moins… Jackson se consolait en se disant qu'au moins, il était là. Le contact et surtout le peau contre peau l'aidaient. Néanmoins, cette idée avait cela de néfaste que Jackson ne pouvait empêcher ses doigts d'aller et venir de temps à autre dans le dos de Stiles, qui… Ne lui disait rien. En fait, il paraissait détendu. Aussi détendu que pouvait l'être un jeune homme de son âge perdant pied dans sa vie à cause d'un fou le dépossédant peu à peu de lui-même. Disons qu'il n'avait pas peur et qu'il le laissait faire à sa guise, comme s'il tolérait ces gestes, ou qu'il ne disait pas non à ces… Caresses. Parce que c'en était. Jackson avait bien du mal à filtrer l'utile de l'instinct. Une chose était certaine, il aimait sentit Stiles contre lui. L'entendre parler. Voir son regard s'illuminer de vie. Regarder ses lèvres se mouvoir même si elles faisaient souvent des pauses, qu'elles peinaient à sortir des phrases sans bégayer. Il aimait cette manière qu'avait l'hyperactif de lui parler, et de se reposer sur lui. Bien sûr, il était bien conscient qu'il n'était pas celui qui devait occuper cette place. Sans mentir, c'était douloureux. Mais Derek n'était pas là. Il reviendrait en pleine nuit, le temps de se coucher et de dormir un peu, avant de fuir, encore. Comme si Stiles était déjà mort. Comme s'il avait disparu. Sauf que ce n'était pas le cas, il était encore là. Toujours là.
Peter le détruisait peu à peu, c'était un fait, mais Stiles continuait de résister, même s'il considérait qu'il avait déjà perdu. Il n'arrêtait pas pour autant, parce que… C'était dans sa nature. Se battre était épuisant, et très peu satisfaisant par rapport à tout ce qu'il perdait. L'oncle de Derek gagnait du terrain sans arrêt. Sa seule difficulté, c'était cette seule résistance. Il n'était qu'un humain et pourtant… Il en faisait tellement pour survivre. Sans doute ne s'en rendait-il pas compte, mais c'était pourtant le cas. Jackson vit cette vérité lui éclater à la figure alors que l'hyperactif lui confiait qu'il angoissait, qu'il avait peur parce qu'à chaque fois… Peter l'enfermait avec une facilité déconcertante, avant de le laisser remonter à la surface pour s'assurer de sa souffrance. Il voulait qu'il assiste à sa propre déchéance pour le détruire d'autant plus facilement.
- Pourtant, tu ne tombes pas, lui fit-il remarquer. Tu es toujours là, Stiles.
Stiles, oui, et pas Stilinski. C'était fini, cette époque. Stiles n'était pas un loser, comme il l'avait longtemps pensé, avant de le connaître réellement. Il s'agissait d'un battant.
L'hyperactif baissa les yeux et laissa sa main passer sur le pectoral gauche de Jackson. Sans le vouloir, il effleura le bouton rosé du kanima, qui frissonna mais fit de son mieux pour ne pas réagir plus que ça. Les doigts de Stiles étaient d'une douceur folle, une douceur qui éveillait ses sens avec langueur.
- Ouais mais je… C'est si… Si flou, si… Incertain.
Sa voix n'était qu'un souffle et sa souffrance de savoir son existence ne tenant qu'à un fil la rendait toujours plus fébrile.
- Des fois, je… Je suis à deux d-doigts de… Tout… Tout laisser tomber.
Son honnêteté était aussi louable que surprenante. Jackson n'aurait jamais pensé qu'il se confierait à lui de la sorte, mais il fallait croire… Qu'il lui inspirait peut-être confiance, mais également que Stiles en avait sacrément besoin. Derek n'était peut-être pas là, mais l'hyperactif appliquait son conseil : parler. Parler et ne pas taire ses problèmes, sentiments, ressentis. Il essayait d'agir à sa manière, tentait ainsi de parer la destruction de Peter, en vain. Mais au moins… Oui, il se livrait, se déchargeait comme il le pouvait.
Jackson se retrouva bien plus touché qu'il ne le devrait. Les mots du brun avaient sur lui une puissance étrange, inattendue.
- Stiles, regarde-moi.
L'hyperactif hésita un peu, mais finit par s'exécuter. Et Jackson se perdit dans ses orbes à la vie incertaine, presque éphémère. Sans qu'il n'en soit complètement conscient, il laissa l'une de ses mains remonter lentement, passant de la hanche au bras de Stiles, avant d'atteindre son épaule et de finalement se poser sur sa joue, qu'il caressa doucement du pouce.
- Je suis avec toi, ok ? Alors tu n'abandonnes pas.
S'il omettait d'inclure Derek dans l'équation, ce n'était pas par envie de l'évincer, mais bien pour préserver Stiles. Le but n'était pas de le mettre mal à l'aise, encore moins de lui rappeler sa culpabilité mal placée. Peut-être que, plus tard, il réussirait à lui faire comprendre que Derek n'était pas parti par sa faute et que… Celui-ci finirait par revenir les épauler, tous les deux. C'était utopique, mais ne disait-on pas que l'espoir faisait vivre ?
- Je veux… Je veux pas te perdre, répéta Stiles alors qu'une certaine douleur cassait l'harmonie de son visage.
Ses yeux se mirent à rougir légèrement alors qu'ils s'humidifiaient doucement.
Parce que dans le fond, il avait compris quelque chose : ce que sous-entendait Jackson. Cet idiot n'avait pas abandonné son histoire de lien… Cette histoire si stupide…
- Je te promets que ça ne sera pas le cas, lui jura Jackson.
Pour cela, il mit ses sentiments et son attirance de côté. Tout ça, c'était aussi secondaire qu'inutile. Pour le lien… Le kanima persistait à penser qu'il fallait essayer. Stiles était encore là, toujours là. C'était bien le signe que… Que ça pouvait aller mieux, non ? Si un lien n'était pas suffisant, peut-être qu'un autre aiderait à faire pencher la balance.
Stiles se mordit la lèvre inférieure et dans le même temps, il se rapprocha un peu plus de Jackson. Leurs visages étaient proches, très proches. C'était une position dangereuse. Jackson avait beau en être conscient, il continua de caresser doucement sa joue du pouce tout en faisant de son mieux pour ne pas lorgner les lèvres de l'hyperactif. Honnêtement, il ne savait pas comment faire. Pour se lier… Il imaginait que ça venait tout seul. A vrai dire, il n'avait pas la moindre idée de ce qui déclenchait la création du lien. Il se doutait qu'il fallait que les deux parties soient d'accord, mais après ? Fallait-il sceller cela d'une certaine manière ? Si seulement il s'était au préalable informé… Et qu'en penserait Derek ? Il avait son mot à dire, forcément. Mais… Il n'était pas là. Il avait abandonné son compagnon qui avait désespérément besoin de son soutien. Ne répondait pas aux messages, aux appels. Evitait celui avec qui il avait voulu se lier.
Alors Jackson… Se dit qu'il aurait dû être là, ne serait-ce que pour approuver ou non son idée. Mais ce n'était pas le cas et au bout d'un moment, il fallait agir. Cette situation n'était tenable pour personne, encore moins pour Stiles. Était-ce une vie, d'attendre de se voir mourir ? Non. Il ne méritait pas ça. Personne ne méritait un sort pareil.
- Tu… Tu me le jures v-vraiment ? Lui demanda Stiles en relevant un regard brillant de larmes contenues.
- Oui, souffla Jackson.
Une larme coula sur la joue claire. Le kanima la fixa, avant de l'essuyer doucement à l'aide de son pouce. Puis, il vit ses lèvres. Si proches. Si belles. Des lèvres qui semblaient l'appeler. Plus qu'inconscient : c'était instinctif. Pour une raison qui lui était obscure, Stiles rapprocha à nouveau son visage de celui du kanima. Leurs nez se frôlèrent et l'hyperactif laissa échapper d'autres larmes mêlant souffrance, espoirs et désillusions.
- Vraiment ? Murmura-t-il.
- Vraiment, répondit Jackson sur le même ton alors qu'il passait un bras autour de lui.
Son cœur battait vite, beaucoup trop. A l'intérieur de lui, son loup frétillait d'impatience, comme s'il savait lui-même ce qu'il devait faire. Jackson se demanda brièvement si le laisser prendre les commandes était une bonne idée ou non. Mais il enchaînait les mauvaises décisions, tout en voulant faire au mieux. Là, sous ce plaid, son torse nu collé à celui de Stiles, il eut l'impression… Que quelque chose allait forcément déraper. Ils étaient trop proches, trop intimes. Trop. Mais il fut incapable de continuer de se contenir. De son côté, Stiles sembla également céder à quelque chose.
Impossible de savoir lequel des deux jeunes hommes initia ce qui suivit, mais leurs lèvres rentrèrent en contacts, irrémédiablement attirées. Les corps se pressèrent l'un contre l'autre. Les yeux s'étaient fermés. La nature de ce qui menait la danse était flou. Était-ce de la passion ? De l'amour ? De l'attirance ? Ou bien quelque chose de plus profond ? Difficile à dire, mais une chose était certaine : ce qui les animait était d'une telle pureté qu'un second lien d'union commença à se former entre deux baisers.
