Ils s'embrassaient à en perdre haleine. L'urgence dominait, les poussait à combler le moindre centimètre entre eux, à se serrer fort l'un contre l'autre, comme s'ils pouvaient disparaître à tout moment. Tous les deux. La main gauche de Stiles se perdit dans les cheveux décoiffés de Jackson tandis faisait durer leur échange autant que possible. C'était bon. Doux et familier. Quelque chose de pur, sans artifice. Ils s'étreignaient, se caressaient chastement sans aucune excitation derrière. Chacun laissait son instinct dicter ses gestes, sa passion intensifier leurs contacts, sa souffrance resserrer leurs étreintes.
Parce qu'ils avaient mal, tous les deux. L'un de perdre l'autre, l'autre de perdre l'un tout en sachant sa fin imminente. Dire que Stiles était rassuré serait mentir. Jackson lui avait promis qu'il resterait à ses côtés mais dans un sens… Il n'arrivait pas à y croire. Et cette peur, il la lui transmettait. Malgré lui, le lien se créait à une vitesse édifiante, peut-être plus rapidement encore que celui qu'il avait avec Derek.
Comment vivrait Stiles avec deux liens d'union et un lien de possession ? Aucune idée, mais il n'y pensait pas. Les baisers passionnés qu'il échangeait avec Jackson étaient… Déroutants. Et désirés, cette fois. Il était le seul maître à bord et il accueillait l'affection que lui apportait le kanima avec avidité et plaisir. Il en avait besoin, bordel. Terriblement besoin. Avait-on besoin de préciser qu'il aimait beaucoup ce qu'ils faisaient ? Entre deux baisers humides et chauds, Stiles lâcha un soupir de bien-être juste avant que Jackson ne s'empare à nouveau de ses lèvres rougies par ces douces pressions. Parce que ça faisait du bien. Bordel, il avait l'impression de respirer à nouveau. C'était éphémère, mais il en profitait. Il avait besoin de ressentir quelque chose de positif et de s'y raccrocher. Parce qu'il ne voulait pas partir. La main fourrée dans les cheveux d'or de Jackson, Stiles s'abandonnait sciemment. Il n'avait pas peur. Avec Jackson, c'était atrocement simple. Pourtant, leur rapprochement était tout récent et on ne pouvait pas dire qu'ils s'étaient fait confiance dès le début. Stiles n'arrivait même pas à croire que Jackson puisse vouloir l'aider. Et pourtant, c'était le cas. Il se donnait, corps et âme. Pour lui.
Le plaid glissa sur le sol, mais Stiles ne sentit pas la différence, tout simplement parce que Jackson lui tenait chaud, si chaud… Et les baisers dont il l'abreuvait étaient emplis d'une affection impossible à nier. Une affection plus forte que tout. Elle recouvrit ses pensées sombres d'un fin manteau d'argent qu'il était incapable de visualiser, mais qui était là, bien présent. Dès lors, les baisers s'enchaînèrent avec plus de profondeur et une passion peu communes. Toutefois, la pureté régnait dans leurs gestes et la manière dont ils liaient leurs lèvres. La manière dont ils se caressaient était vide de toute forme de luxure. Ou de sensualité. C'était aussi primaire qu'un besoin, éloigné de toute forme d'excitation sexuelle. Et pourtant, Jackson avait lâché la bride. Il ne cherchait plus à se contrôler pour s'empêcher de faire ce qu'il désirait, parce que ce qui l'animait n'était rien d'autre que cette douleur de le perdre. Ni lui, ni son loup ne songeait à faire dériver les choses. L'embrasser, c'était tout ce dont les parts animales et humaines avaient besoin.
Et aucun des deux hommes ne se doutait de la portée du lien qu'ils étaient en train de construire.
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Jackson porta la tasse de café à ses lèvres et le but avec lenteur. Rares étaient les moments où il avait la possibilité d'être seul, en tête à tête avec ses pensées. La présence de Stiles était fort agréable, mais il fallait avouer que la petite sieste que faisait l'hyperactif à l'heure actuelle dans la chambre qu'ils s'étaient mis à partager était la bienvenue. Elle leur était bénéfique à tous les deux. Stiles se reposait, et Jackson pouvait ainsi réfléchir posément sans avoir à surveiller son… Compagnon. Parce qu'au final… Le lien était bien là. En tant que loup, il le ressentait parfaitement bien. Pour être honnête, il ne savait pas trop comment il avait fait, mais le fait était que ça marchait.
La sensation était inédite. Jackson sentait comme une présence au fond de lui. Il avait un bout de Stiles dans sa tête. La surprise l'avait gagné, lorsqu'il s'était posé à la table de la cuisine après s'être fait son café. Il était resté là de longues minutes, sans le boire parce que dans sa tête, il explorait. Il explorait cet espace nouvellement créé. Il y avait un lien, oui, mais pas seulement. C'était… Si particulier qu'il ne saurait décrire la chose avec exactitude. Mais il y avait un élément concret, une particularité de ce lien, et pas des moindres.
Il avait un bout de Stiles en lui, oui. Et jamais le kanima ne s'était senti aussi… Serein. Ses angoisses et ses peurs étaient toujours là, mais… C'était différent. La présence de ce pont entre leurs deux esprits lui procurait un sentiment de tranquillité étonnant.
Mais il n'y avait pas que ça. Jackson sentait la présence du lien de Derek, non loin du leur, tout simplement parce qu'ils se rejoignaient tous deux en un même point : Stiles. Par contre, il n'arrivait pas à localiser celui de Peter. Il était là, bien sûr.
En fait, et c'était ça le plus terrifiant, il était partout.
Partout.
Si Jackson fermait les yeux, il se sentait oppressé parce qu'il sentait sa suprématie. Le lien de possession n'était plus vraiment un lien. Il s'agissait d'une centaine de filaments allant et venant de tous les côtés de l'esprit de Stiles. Le kanima n'y avait pas accès, mais disons que son lien avec l'hyperactif lui faisait comprendre des choses, un peu comme s'il lui transmettait ce qu'il savait, ce qu'il avait compris lui-même. Et ce, sans que Stiles en ait conscience. Jackson tourna la tête. Depuis la cuisine et parce que la porte était ouverte, il voyait son compagnon dormir profondément, l'air apaisé. Le voir ainsi était si rare, ces temps-ci. Et tellement agréable.
Honnêtement, Jackson n'avait aucune idée de la manière dont allait se dérouler la suite des évènements, mais il espérait juste que ça irait. Que son lien avec Stiles aiderait à faire pencher la balance.
Néanmoins, un détail le titillait. S'il y réfléchissait bien, cela faisait un moment que Peter n'avait pas attaqué de manière directe. Chaque jour, il faisait de son mieux pour briser Stiles, mais avec une lenteur presque… Exagérée. Au début, il le faisait cauchemarder sans arrêt, lui faisait enchaîner les crises, les moments de possession. Là ? Il le rendait simplement absent de temps à autres, le refroidissait intérieurement pour mieux prendre sa place, mais sans réellement aller jusqu'au bout. Il ne fallait pas se leurrer : ce pouvoir, il le possédait. Quelques jours plus tôt, il l'avait fait embrasser Jackson sans que cela ne soit consenti par les deux parties. Peter avait tout simplement pris les commandes du corps de Stiles tout en l'obligeant à être témoin de ce qu'il faisait. Des façons de le détruire, il en avait utilisé. L'hyperactif tenait encore debout, mais pour combien de temps ? Si Peter avait effectivement l'air d'avoir ralenti la progression de son œuvre, il était clair que Stiles continuait de faiblir malgré tout. En soi, il n'était plus que l'ombre de lui-même et sa réelle personnalité apparaissait en filigrane de temps à autres, mais les faits étaient là. Il mourrait tout de même à petits feux.
Jackson termina sa tasse de café en se rendant compte d'une chose, et pas des moindres : durant son moment de pause, il n'avait pas vraiment pensé à lui. Toutes ses réflexions étaient tournées vers l'hyperactif et ses sens étaient étendus à leur maximum pour ne rien manquer. Il le surveillait, même lorsqu'il essayait de prendre un peu de temps pour lui. Il soupira. Toute cette histoire commençait sérieusement à devenir compliquée à gérer et s'il tenait bon pour l'instant, rien ne lui garantissait qu'il tiendrait jusqu'au bout. Jackson avait beau ressentir tout un tas de choses pour Stiles et tenir à lui à un point qu'il n'imaginait autrefois pas possible, il restait lucide. Il ne pouvait pas porter tout ça tout seul. Et puis à force, il fatiguait sérieusement, mais ne s'autoriserait à dormir qu'une fois le soir venu. Peter pouvait attaquer n'importe quand, mais la nuit, il l'occupait à hanter les rêves de l'hyperactif de temps à autres. C'était plus facile à gérer. En journée, c'était plutôt imprévisible et même s'il n'avait rien tenté de gros depuis un moment, Jackson continuait de se méfier à raison. Maintenant, il espérait que son lien avec lui aurait un impact. Il le fallait.
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Le soleil était couché depuis belle lurette lorsque Jackson partit se coucher. Stiles y était allé avant lui, épuisé. Résister à Peter était énergivore, même s'il avait beau targuer qu'il ne faisait rien. Inconsciemment, il se battait et Jackson le voyait dans ses yeux où l'humanité régnait encore. Parfois, elle s'estompait, mais finissait toujours par revenir en force. Pour l'instant en tout cas. Cela faisait deux jours que leur lien s'était créé et les améliorations que le kanima percevait étaient fort légères, mais tout de même significatives. Stiles cauchemardait moins, et moins longtemps. De plus, Jackson pouvait le laisser seul quelques minutes sans que l'hyperactif n'entre en crise ou le réclame en tremblant. Le point négatif, c'était cette fatigue lancinante qui ne faisait qu'augmenter et pour être honnête, le blond ne savait pas quoi faire. Le lien aidait sans doute Stiles, oui, mais lui prenait peut-être de l'énergie et son compagnon n'avait aucune idée de la manière d'utiliser cette chose efficacement. Derek lui en avait parlé, lui avait fait part de ses doutes et hypothèses, sans avoir compris comment faire non plus.
Ereinté mentalement par toutes les questions qu'il se posaient et qui demeuraient sans réponse, il rejoignit Stiles dans leur lit et constata qu'il ne dormait pas, pas vraiment. Il somnolait. Sitôt que le kanima ait rabattu les draps sur eux, l'hyperactif se blottit contre lui et quémanda une affection qui commençait à leur devenir coutumière. Jackson n'hésita qu'une seconde avant de l'embrasser, de caresser sa joue du pouce et de l'étreindre sans cesser de l'aimer à sa manière. Avec une pureté étonnante.
Puis, ils s'endormirent tous les deux, dans les bras l'un de l'autre, sans être nullement gênés de leur position.
Bien sûr, Jackson continua d'entendre Derek rentrer des heures plus tard. Mais il ne releva pas et se rendormit en ayant la triste réflexion que ces dernières nuits étaient toutes les mêmes. Il aurait pu se lever et lui dire directement ses quatre vérités. Cependant, c'était une perte de temps puisque Derek n'avait même pas répondu à son message. Il fuyait. Alors il continuerait de le fuir ici, dans la vie réelle. Jackson avait d'autres chats à fouetter et dans ce cas précis, dormir contre son humain était bien plus agréable que de courir après un fantôme. Il resserra son bras autour du corps de l'hyperactif profondément endormi contre lui et déposa doucement ses lèvres contre sa nuque. Stiles eut un frisson de plaisir inconscient et se recula contre lui dans son sommeil. Son odeur fit presque ronronner de bonheur le loup en Jackson.
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Jackson se réveilla naturellement et ouvrit doucement les yeux. La lumière du soleil passait au travers des rideaux sombres et éclairaient le visage de Stiles d'une douce lueur. Il dormait à poings fermés. Sa vessie le pressant un peu, il se décolla doucement de l'hyperactif et se leva sans bruit. En ce moment, il ne mettait pas d'alarme, pour la simple et bonne raison que c'était inutile. Ils n'avaient aucun impératif à part vivre et essayer de trouver une solution à cette situation plus qu'inconfortable. De son côté, Stiles avait besoin de repos. Cette nuit n'avait pas été interrompue pour lui et tant mieux. Jackson en était heureux. Il songea même à retourner se coucher à ses côtés après être passé aux toilettes. Mais la silhouette qu'il aperçut dans la cuisine lui enleva toute envie de se soulager la vessie.
Derek était assis à table, face à… Rien. Le visage défait, légèrement creusé, orné d'une barbe un peu longue. Le teint blême, l'air épuisé. Et il était voûté, comme si le poids du monde entier écrasait ses épaules. Vaincu fut le premier mot qui vint à l'esprit de Jackson en le voyant.
Oui, Derek semblait vaincu.
Cette vision stoppa net Jackson alors qu'il venait à peine de franchir le seuil de la cuisine. Derek tourna doucement la tête vers lui et le kanima fut sidéré par son regard.
Brisé.
Mais Jackson ne pouvait pas se laisser attendrir. Il n'en avait pas le droit. Derek les avait abandonnés, Stiles et lui. Il avait laissé l'hyperactif tout en sachant que ce dernier avait besoin de lui. Il avait laissé le sportif tout en sachant que s'occuper de Stiles à temps plein était épuisant.
Il les avait laissés tous les deux, tout en sachant que son absence fragiliserait leur équilibre déjà précaire.
- Alors c'est maintenant que tu daignes te montrer ?
La voix de Jackson s'était voulue dure. Son ton, sec. Son intonation, agressive. Il était censé lui en vouloir. Ne pas cautionner son abandon. Mais ce qu'il voyait le perturbait à tel point qu'il faisait de son mieux pour museler ses sens olfactifs. Si Derek ne cherchait pas à se montrer sous son beau jour, Jackson n'imaginait pas ce que devait receler son odeur.
L'ancien alpha le fixa un instant, avant de détourner les yeux. Il garda la bouche close. Et, merde, rien dans son attitude n'était normale. Derek devrait… Avoir l'air simplement fermé, à la limite, ronchon, d'avoir été surpris par Jackson. Il aurait dû fuir, comme il en avait l'habitude, ces temps-ci. Alors pourquoi gardait-il son cul vissé sur cette chaise ? Mais en fait, il n'y avait pas que ça.
La veste de Derek, gris anthracite, commençait à sérieusement foncer au niveau de son flanc et Jackson ne put empêcher ses instincts de démuseler son odorat lupin. Un peu. Pas énormément. Mais bien assez pour laisser l'effluve de l'hémoglobine parvenir à ses narines. Bordel, fut le seul mot qui vint à l'esprit de Jackson. Paralysé par toutes ces informations qu'il peinait à assimiler, il n'arrivait pas à faire un pas en direction de l'ancien alpha, tout comme il n'arrivait plus à être en colère contre lui. Merde, il était censé lui passer un savon pour lui faire comprendre que son absence était… Était…
Mauvaise. Bénéfique. Lâche. Bienvenue.
Parce que Jackson ne savait pas s'il aurait pensé à créer ce lien avec Stiles si le loup était resté avec eux. Jamais il n'aurait imaginé pouvoir l'embrasser un jour, ni même le tenir dans ses bras et pas juste pour le réchauffer. Parce que pour l'instant, l'état de Stiles paraissait plus ou moins stable et en même temps… Peut-être irait-il déjà mieux si Derek n'était jamais parti. Jackson savait qu'il ne servait qu'à éponger ses blessures, tout comme il était conscient de ne pas être celui qui avait volé son cœur. Stiles avait besoin de Derek et même si le kanima arrivait à l'aider un peu, ce n'était pas la même chose.
Il y avait compagnon et compagnon. Faire la différence était une chose plutôt aisée et Jackson restait lucide quant à ce fait.
- Qu'est-ce que t'as foutu ? Demanda-t-il, la voix cassée par l'émotion qui l'étreignait.
Non, définitivement, il n'arrivait pas à être en colère. Pas totalement. Et puis, était-ce réellement utile que de s'engueuler avec lui alors qu'il était dans un état déplorable ? Ne valait-il pas mieux discuter sérieusement de manière à trouver un terrain d'entente et une manière d'aider Stiles ? En lui parlant, notamment, du lien qu'ils avaient créé – dans son dos, certes. En tentant de se relayer à nouveau de manière peut-être plus juste, de ne pas laisser tout le boulot à l'un ou à l'autre. Le cerveau du kanima tournait à plein régime. Son regard se fixa à plusieurs reprises sur la tâche foncée de la veste fermée de l'ancien alpha.
Suite à sa question, Derek le regarda d'un air tout d'abord perdu. Un air qui lui rappelait quelqu'un, mais… C'était profondément stupide. Il s'agissait d'une simple coïncidence qu'à cet instant précis, l'attitude de Derek lui rappelle celle de Stiles. Bien sûr que c'était une putain de coïncidence.
- J'ai résisté.
La voix de l'ancien alpha n'était qu'un souffle brisé, presque inaudible.
