Salut à tous ! :)
Quelques mots sur cette fiction : Suite des évènements d'Étoile Filante, Livre I - Mont Weather. Deux saisons sont passées depuis l'arrivée des cent sur Terre et que la Montagne est tombée. Alors que la vie reprenait son cours, L'Arche embrase le ciel.
Les étoiles filantes sont les larmes du ciel. Du moins c'est ce que disent toutes les histoires. Alors comment expliquer que l'une d'elle ait rendu le sourire à une petite fille ? L'espoir que lui apporta cette rencontre changea radicalement son destin et celui de toute une nation. - Clexa & Ranya -
Petite précision : Pour cette partie, tous les dialogues en italique sont en Triku.
Les personnages de la série The 100 ne m'appartiennent pas, tout comme les musiques que je peux utiliser dans l'histoire.
Je vous souhaite une bonne lecture et je vous retrouve en bas ! :)
Étoile filante
Chapitre n°08 - Le temps est comme suspendu
All you have is your fire
And the place you need to reach
Don't you ever tame your demons
Always keep them on a leash
Hozier - Arsonist's Lullabye
∞ Lexa ∞
Le feu. Mon regard est incapable de quitter les flammes. Je respire calmement en observant la combustion. C'est un procédé lent mais terriblement efficace. Il détruit tout sur son passage, grignote plus de terrain et réduit ce qui l'entoure en cendre. C'est notre plus grande arme et aussi un outil indispensable. Sans lui, nous serions réduit à vivre comme des animaux. Et pourtant, si nous en perdons le contrôle, il peut représenter notre fin à tous. Le feu est une entité, presque une divinité. Si chacun le traite avec dévotion, il se laisse dompter mais un moment d'égarement et il peut tout ravager.
Le feu, me sera-t-il fatal ? Il n'est protecteur que lorsqu'il est contenu. En le libérant, je nous offrirais une diversion nécessaire. Il reste un problème. J'ignore ce qu'il adviendra si je ne parviens pas à le maîtriser une fois libéré. Je ne parviens pas à rester calme alors que le pire pourrait arriver. Ma décision pourrait se révéler funeste. Il se pourrait même que Clarke soit blessée.
Ce choix n'appartient qu'à moi : libérer ou non, le feu. Je suis Heda. Ma volonté fait loi. Alors, je ne dois pas me tromper. Pas aujourd'hui, surtout pas aujourd'hui. Je dois faire confiance à mon instinct. Les flammes dansent sous mes yeux. J'approche lentement mes doigts, assez pour sentir la douce chaleur. J'espère ne pas être obligé de prendre cette décision. Je clos mes paupières. Pendant un court instant, je suis capable d'entendre les hurlements d'agonie de tous ceux qui ont péris sous ma lame.
Je pensais vraiment en avoir fini avec la guerre pour un moment. Ces quelques mois à Polis, avec Clarke représente une accalmie que je chéris profondément. Ils représentent la paix, telle que je l'imagine depuis que je suis enfant. La paix telle que je crois que Costia l'imaginais. C'est mon rêve. Ma raison d'être. Je ne laisserai personne me l'arracher, même si pour ne pas m'en éloigner, une purge s'avère nécessaire.
Je me redresse vivement. Je vérifie tous les ancrages de mon armure. Je replace mes lames à leurs emplacements. Je trempe mes doigts dans la peinture noire avant de les laisser glisser autour de mes yeux. J'attrappe un sceau d'eau et éteint le feu qui se trouve dans la cheminée et le regarde s'éteindre au milieu d'une fumée blanche extrêmement dense. Je passe la porte. Anya m'attend déjà, parfaitement droite. Je remarque son calme mais je sais que comme moi, ce n'est rien de plus qu'une façade. Je me dirige vers mon cheval et elle me suit, laissant très exactement cinq pas entre nous. Je monte en selle, m'accroche aux rênes et je donne un coup de talon dans le flanc de l'animal.
Les sabots claquent sur le sol gelé. Le grondement de l'armée qui me suit raisonne comme le tonnerre qui annonce une terrible tempête. La respiration rapide des cheveux s'amplifie et bientôt je ne perçoit rien d'autre hormis les battements frénétiques de mon cœur. J'ai la gorge serrée et l'estomac retourné. Je me suis rarement sentie à ce point angoissée. Je pense que même lorsque les portes de l'arène se sont ouvertes le jour du Conclave, j'étais plus calme. Il faut que je me reprenne. Je me dois d'être maître de la situation. Je ne dois pas laisser voir à qui que ce soit que je doute. Encore moins que je suis terrifiée. Pour la simple raison que j'ignore comment je vais réagir si les membres du Conseil refusent de respecter leur engagement.
Je crois…
Pendant un instant, je ferme les yeux. J'inspire profondément. L'air glacé me brûle la gorge et assèche mes lèvres. La neige alourdit mes cils quand je décide de les relever. Je jette un rapide coup d'œil en arrière. Anya est là. Je me demande si…
Sera-t-elle capable de m'arrêter si je perds le contrôle ? Ou alors, comme lors de cette nuit sinistre, sera-t-elle à nouveau mon bras droit pour l'annihilation, l'horreur et la mort ? Je n'ai jamais souhaité être ce genre de personne. Mais ce n'est pas son cas. Anya vit parce qu'elle s'est dévouée à la violence. Elle ne m'interrompera pas. Jamais.
C'est à moi de me contrôler, à moi seule.
Nous arrivons devant l'Arche lorsque le ciel commence tout juste à s'éclaircir. L'aube arrive. Je déteste que nous soyons à cette période de l'année où les nuits sont plus longues que les journées. J'ai dû laisser Clarke plus longtemps entre les mains de ceux en qui, je le sais à force de mise en garde, je ne peux pas faire confiance. Au moment même où les premiers rayons de soleil timide se laissent deviner, je pose pieds à terre dans le bruit sourd de la neige qui s'enfonce bien au-dessus de mes chevilles. Je caresse les oreilles de mon cheval, espérant que le geste parviendra à m'apaiser.
Je fixe les portes. Elles ne s'ouvrent pas.
La présence d'Anya dans mon dos devrait être rassurante pourtant, elle ne suffit pas. Un silence qui n'augure rien de bon nous entoure. Je continue de regarder droit devant moi. La lumière est de plus en plus présente. Il est désormais plus qu'évident que le jour a remplacer la nuit. Et pourtant, toujours aucun signe de l'Arche. Je saisis un peu abruptement la torche fixée à ma selle. Je la plante dans le sol et après quelques coups de silex, je parviens à l'allumer. Une grande partie de mes hommes s'affairent et bientôt les flammes encercle entièrement le complexe tombé du ciel. Je lève ma main droite bien haut pour que le plus grand nombre puisse la voir.
Je prends encore le temps de réfléchir. Nous sommes nombreux, bien plus que ce que j'aurais pu penser. En plus de l'armée officielle qui m'a suivi depuis Polis, l'entièreté des guerriers des différents villages Triku nous ont rejoint hier soir. J'ai été touché quand ils sont arrivés les uns après les autres alors même que je n'ai pas sollicité leurs présences. Leur loyauté ne m'a pas surprise, je me sais respecté, d'autant plus par le peuple qui m'a vu naître. Seulement, d'autres sont venus. Tous ceux qui étaient à moins d'une journée de cheval ont volontairement fait la traverser pour nous aider.
J'ai été ébranlée en réalisant que cette Coalition que j'espère depuis si longtemps se dessine enfin. Nous n'en sommes encore qu'aux prémices mais pour le moment, je vais largement m'en satisfaire. J'observe avec un peu plus d'attention un général venu du peuple des Trishanakru. Il est arrivé dans les derniers. Nous étions déjà presque sur le départ. Quand je lui ai demandé pour quelle raison il était présent. Sa réponse a été des plus inattendues. Il m'a dit que puisque l'esprit d'Heda ne faisait qu'un avec celui de Wanheda, il se devait d'être à mes côtés afin de la récupérer.
Clarke. Mon étoile. Ma moitié. Et, mon âme sœur.
Je ne compte pas la laisser plus longtemps être loin de moi. J'ai besoin d'elle. Plus important encore : notre peuple la réclame. Je serre le poing et aussitôt, les tambours résonnent comme une seule voix. Les percussions sont d'abord calmes. Elles font tout de même trembler légèrement le sol. Puis les coups s'accélèrent et puisque les portes ne s'ouvrent toujours pas, je donne le signe pour que les cors que nous utilisons pour prévenir du brouillard acide rejoignent l'intimidation sonore. Anya dégaine son épée et se place à ma hauteur juste avant que je donne le dernier ordre. Désormais, tous les soldats hurlent.
Les oiseaux fuient les alentours. Je ne me laisse pas distraire. Je ne me rends compte du vacarme que nous produisons seulement lorsque les porte daignent enfin bouger. Je suis incapable de percevoir le crissement qu'elles ont pu faire la veille. Des hommes armés sortent. Ils ne savent pas où pointer leurs armes. Ils sont désemparés et agités. Mon regard est fixé sur eux. Pour le moment, je refuse de baisser la tension que j'ai instauré. J'attends. Je peux être très patiente. Mes guerriers ont eu des ordres. Ils sauront exactement quand le silence pourra de nouveau s'imposer. Pour le moment je me délecte de leurs état d'alerte. Ils prennent à peine conscience de leur faiblesse numérique.
Anya plante son arme dans le sol, juste assez près pour que je puisse l'utiliser en cas de besoin ou qu'elle puisse de nouveau s'en saisir. Elle s'empare de son arc, je l'entends vérifier sa corde et la bonne teneur du bois. Il fait particulièrement froid. Les conditions ne sont pas idéales. Pourtant, j'ai une confiance aveugle en elle, comme toujours. Elle ne manquera pas ce tire. La flèche est prête, je peux l'apercevoir dans mon champ périphérique.
D'autres soldats sortent avec précipitation de la structure des plus étrange qui compose l'Arche. Ils se mettent en position, certains font feu mais nous sommes hors d'atteinte. Les ordres sont certainement aboyer pour être entendus. Je perçois le désordre et la confusion. Puis, enfin, il sort. J'ai à peine le temps de l'apercevoir que j'entends Anya décocher. Sa flèche montent haut, elle traverse les nuages et pendant un instant, je la perds de vue. Quand elle commence à redescendre, un sourire triomphant étire mes lèvres. Personne ne la remarque, encore moins celui qui est visé. Le silence retombe au moment même où le projectile traverse de part en part le mollet de Jaha. Silence qui ne dure pas puisque rapidement remplacé par les cris d'agonie de ce dernier.
Tous les archés se mettent alors en position. La torpeur saisit le camp adverse et plus personne n'ose bouger. Ils viennent de comprendre que s'ils ne peuvent pas nous atteindre avec leurs projectiles, la réciproque n'est pas vrai.
-Nous vous avons laissé jusqu'à l'aube comme promis, ma voix raisonne plus que ce que j'aurai cru. Nous vous laissons une dernière chance pour nous rendre Clarke et Raven. Si vous vous obstinez, nous attaquerons.
J'aperçois Clarke sortir en même temps que sa mère et si sa présence pourrait suffir à me rassurer, il n'en est rien. Je ne me permettrais pas de baisser ma garde tant qu'elle sera entre leurs mains. D'autant que pour le moment, il n'y a aucun signe de Raven. Les négociations sont très loin d'être terminées.
J'aperçois Jaha vociférer contre mon étoile alors qu'Abby s'accroupit près de lui pour analyser la blessure. Clarke laisse son regard glisser sur nous. Quand ses yeux me trouvent, elle me sourit discrètement. Je sens malgré tout que quelque chose ne va pas. Puis, je distingue enfin Raven. Elle sort de l'Arche et contrairement à son amie nous gratifie d'un grand signe pour nous saluer. Les reproches ne tarde pas à se faire voir.
La brune fait quelques pas avant de se retourner vers Clarke. Elles discutent sans que je ne puisse percevoir quoi que se soit. Mon étoile semble contrariée mais elle finit par rejoindre son amie avant que sa mère ne la retienne. Un geste bien mal avisé puisqu'il fait naître un grand mécontentement dans mon entourage. Mais cette réaction était tout de même amoindrie jusqu'à ce que trois imbéciles ne pointent leurs armes à feu sur Raven. A cet instant, la situation manque de m'échapper. J'ai à peine le temps d'écarquiller les yeux, choquée qu'ils puissent menacer ainsi l'une des leurs que plusieurs guerriers sortent du rang. Je tente de les calmer, voulant laisser une chance à ce peuple étranger de se reprendre.
J'ai perdu le contrôle de la situation au moment même ou un homme bien plus grand que Raven lui assène un violent coup en plein estomac. Je me retourne comme au ralenti vers Anya, espérant encore pouvoir l'arrêter. Evidemment, je ne peux déjà plus rien faire quand je saisis son poignet. Une nouvelle flèche est déjà décochée et certains de mes hommes se ruent vers les grilles, beaucoup s'effondrent sous les balles. J'écarquille les yeux, outrée en assistant à la suite des évènements. Alors que la meilleure amie de Clarke est à terre, son assaillant s'acharne encore sur elle. Je ne vais plus pouvoir retenir les miens. Plus important encore : je n'en ai plus aucune envie.
Alors que je suis prête à abandonner toute stratégie et à foncer dans le tas, comme dirait mon étoile. La flèche qu'à tiré Anya un peu plus tôt termine sa course dans la gorge de l'agresseur de Raven. Je me tourne vivement vers mon général. Je n'aurai jamais pensé qu'elle aurait pu atteindre sa cible. Je la détail et ce qui me frappe, c'est son calme. Je pensais qu'elle serait la première à se précipiter pour libérer celle qu'elle aime. Sa réaction n'augure rien de bon.
-Anya, je tente incertaine.
J'ai peur. Je suis terrifiée à l'idée qu'elle puisse redevenir celle qu'elle était avant que je devienne Heda. Je ne supporte pas l'idée que cet instant puisse la ramener à cette violence qui la définissait par le passé. Je ne suis pas certaine de pouvoir le supporter. J'aime ce qu'elle est devenue, d'abord pour moi puis pour Raven. Malheureusement, je crains que ce soit trop pour elle.
-Si un seul ose de nouveau lever la main sur elle, je ne me contenterai plus d'une simple flèche.
-Anya, nous avons le nombre pour nous mais nous sommes sous armée.
-S'ils la touchent encore, je vais la chercher ! Qu'importe si je dois attaquer seule !
Un murmure inquiétant dans les rangs me fait quitter Anya des yeux pour me concentrer de nouveau sur la situation. Clarke a aidé son amie à se relever. Le sang s'étend à leurs pieds, maculant la neige d'une couleur néfaste. Je sens que la blonde reprend un peu l'ascendant. Jusque là, je ne la reconnaissais plus vraiment. Elle était redevenue incertaine et je pouvais deviner à nouveau cette forme de fragilité qui la définissait lors de ses premières semaines sur Terre.
Je souris malgré moi alors que je constate qu'elle s'impose de plus en plus. Je suis fière d'elle quand je remarque qu'elle calque certains de ses agissements sur mon propre comportement. Et rapidement, elle prend clairement le dessus. Je déteste ignorer ce qui peut se dire. Je voudrais être près d'elle pour la soutenir. Pour le moment, je dois me retenir.
Les négociations semblent durer une éternité. Pendant tout ce temps, les miens n'ont cessé de rappeler leur présence par des cris, des coups de tambours ou des sons de corps. Le but étant de les écraser sous un bruit incessant afin de les déstabiliser complètement. Pendant tout ce temps, Anya s'est comportée comme un animal sauvage qui serait enfermé. Elle rumine et pestifère dans son coin. Alors que je me souviens que Clarke a essayé de me prévenir que pour son bien, nous aurions dû trouver une solution pour éloigner Raven. Je ne l'ai pas vraiment écouté. Je le regrette. Je vais tâcher de trouver une solution à notre retour.
Mon cœur manque un battement lorsque enfin, les grilles s'ouvrent. Tout se déroule à une lenteur désarmante. Les choses s'éternisent, c'est insupportable. Désormais, je n'accepterai plus que Clarke s'éloigne. C'est insupportable. Son absence et sa possible insécurité me ronge de l'intérieur. Un ennemi pourrait bien m'arracher les entrailles alors que je serai encore en vie que ce ne serait pas aussi douloureux. Raven est la première à sortir du périmètre de l'Arche. Je fronce les sourcils en remarquant sa démarche. Je me tourne vers Anya et demande :
-Il s'est passé quelque chose hier soir ? Pourquoi boitte-t-elle ?
-Tout ce que je sais c'est que notre conversation a été brutalement interrompue.
-Pourquoi tu ne m'as rien dit ?
-Parce que j'ai promis à Raven de rester calme jusqu'à son retour.
Anya n'est pas calme. C'est même le contraire. Je retrouve dans son regard la rage qui l'a défini une grande partie de sa vie. Elle écarquille les yeux à leur paroxysme alors que l'inquiétude se peint sur son visage. J'ai à peine le temps de me retourner pour découvrir Raven qui s'est effondrée dans la neige que ma sœur de cœur se précipite déjà vers elle en me signalant seulement :
-Je vais l'aider.
Je n'ai même pas le temps de penser à l'arrêter qu'elle se trouve déjà au côté de la brune. Clarke qui a suivi son amie s'accroupit près d'elle. Je devine un échange mais je suis incapable de saisir le moindre mot. Pourtant j'ai la conviction que sans cette conversation, Anya aurait déjà implosé. Les deux blondes finissent par relever Raven qui malgré tout parvient à sourire, ce qui semble prodigieusement agacé mon général.
Enfin.
Elles sont toutes les deux revenues. Je dévore Clarke des yeux. Je voudrais la prendre dans mes bras, fondre sur ses lèvres et murmurer au creux de son oreille que je l'aime. Mais ce n'est pas encore le moment.
-Que s'est-il passé, j'interroge en me concentrant sur Raven. Tu es blessée ?
-Ce n'est pas grand chose, elle me fait un clin d'œil. Ils étaient tous très heureux de me revoir !
-Rae, grogne Clarke.
-Quoi ? Tu es parvenue à négocier, non ?
-C'est vrai mais…
-... donc mon plan a été un franc succès.
-On a failli ne pas pouvoir revenir, s'agace-t-elle. Je n'aurai jamais dû accepter que tu m'accompagne !
-Je savais dans quoi je m'embarquai. Je me suis même assuré de la prévenir elle, son pouce désigne Anya, pour qu'elle garde un minimum son calme. Parfois il faut savoir casser quelques pots pour faire avancer les choses.
La langue d'Anya claque contre son palet. Elle fulmine. Et, en même temps, il y a autre chose… une étincelle que j'ai rarement pu deviner chez elle. De la terreur.
-Heda, je sursaute très légèrement quand mon titre est évoqué par Clarke, est-ce que tu peux te passer d'Anya pour la suite ? Je préférerais qu'elle raccompagne Rae. Elle a besoin de… se reposer.
-Tu peux utiliser les bons termes, s'insurge mon général, elle a besoin d'être soignée !
-J'ai connu pire. Je peux rester.
-Si tu dis encore quelque chose d'insensé, je te frappe, s'agace Clarke.
-Et il se peut, murmure ma sœur de cœur, qu'exceptionnellement, je te laisse faire.
-Tu peux y aller Anya, je conçois. Nous parlerons à mon retour.
En un regard, elle me remercie. Je lui sourit en acquiesçant doucement. J'espère qu'elle va pouvoir retrouver son calme. Je n'aime pas la voir ainsi. J'ai l'étrange sensation que sa rage est pire que dans le passé. Peut-être n'est-il pas bon qu'elle se retienne de la sorte. Je suis déchirée. Je ne sais pas ce qui serait le mieux pour elle, qu'elle réfréne ses émotions ou qu'elle laisse toute sa rancune imploser.
Je serre les dents à me les fissurer en découvrant les difficultés flagrantes de Raven à monter à cheval. Ils ne l'ont pas seulement bousculés mais complètement amochés. Je vais leur faire regretter. Je ne peux pas accepter qu'une personne aussi importante pour Clarke, Anya et… même moi ait pu être maltraitée de la sorte. C'est de l'ordre de l'inacceptable.
-Qu'est-il arrivé à Raven ? Je veux tout savoir.
-Rien de bien différent à d'habitude, répond Clarke avec un air détaché.
-Klark, comment tu peux…
-Je ne voulais pas qu'elle y retourne. Mais comme elle c'est acharné à le dire, nous n'avions pas le choix. J'ai réussi à obtenir une entrevue, dix personnes seront envoyées des deux côtés.
-Parle-moi de Raeven, j'insiste.
-Pas maintenant.
-Ne m'oblige pas à me répéter, je dois tout savoir.
-Plus tard, me répond-elle en me fixant droit dans les yeux. Pour le moment, il faut que tu gardes ton calme Lexa. Parce que la paix est toujours la priorité, n'est-ce pas ?
-Comment pourrais-je te répondre sans savoir ce qui…
-... ils ont agi avec Rae exactement comme à leur habitude. Ils apprendront à changer. Ils n'auront pas le choix s'ils espèrent survivre. Mettons nous d'accord, c'est la dernière fois que l'un d'eux pose la main sur elle. Si j'ai pu supporter cette situation pendant toute une nuit, essaye de l'endurer le temps des négociations, s'il te plait.
-Tu n'as pas cessé de tenter de me prévenir. Je ne t'ai pas écouté et maintenant, elle est blessée. Il serait peut-être temps que je le fasse. Je ne peux pas faire confiance au peuple de l'Arche, les Skaikru sont nos ennemis.
-Il y a plus d'innocents que de bourreaux. Essaye, pour Rae, s'il te plait.
J'observe Clarke indécise. Sa détermination m'aurait tout de suite convaincu d'ordinaire. Cette fois, c'est différent. Certainement parce que malgré tout, il s'agit des siens, de son peuple et même de sa famille. Je déteste l'idée et pourtant, je me dois d'être plus prudente. Je suis incapable de douter de ses intentions. Je sais au plus profond de mon être qu'elle ne me trahira jamais. J'ai une confiance aveugle en elle, ce qui aux yeux de Titus représente une énorme menace. J'ignore ses conseils depuis des mois alors pourquoi, aujourd'hui, j'en viens à douter.
Le problème ne vient pas de Clarke mais d'eux. Je détourne les yeux pour me concentrer sur la masse informe et hideuse qui est tombée du ciel. Ils ne sont maintenant qu'une trentaine à fourmiller à l'extérieur, les autres se sont rapatriés à l'intérieur. Un flash désagréable de la porte quasi inviolable de la Montagne me revient en mémoire. Combien de fois avons-nous tenté de la prendre d'assaut ? Sans Raven, nous ne serions jamais entrés et la guerre régnait encore.
Les Skaikru sont-ils du genre à se replier derrière des murailles ? Sont-ils capables de résister à un siège ? Mon armée devrait peut-être ternir pendant plusieurs jours, peut-être même un mois entier et ceci en plein hiver. Si je peux l'éviter, je dois faire mon possible pour trouver une autre solution. La paix est toujours la meilleure option.
Alors pourquoi je continue de douter ?
-Tu ne vas pas envoyer une diligence pour négocier ?
-Klark…
-Ils vont t'écouter, je te le promets.
Qu'est-ce que je dois faire ? Si j'écoutais seulement mon coeur, je serai déjà repartis comme Anya. Je laisserai ce pauvre peuple à leur propre sort. Après tout, les cent étaient parfaitement autonomes au début. Des adultes devraient être capable de se prendre en charge. Le plus gros problème c'est que je ne peux pas les laisser résider sur ces terres. C'est interdit et ce, par un décret de mon prédécesseur. Une de ses rares décisions que je respecte entièrement.
Je serai parfaitement capable de les installer loin, très loin d'ici et de passer le reste de mon existence à faire comme s'ils n'existaient pas. Seulement, ils sont excessivement nombreux et ridiculement sur-armé. Je n'ai pas le choix. Je dois négocier. Et, je vais certainement être obligé de les ajouter dans ma Coalition.
-Je vais y aller, je décide.
-Parfais, je…
-Tu restes ici Krark.
-Mais, je…
-Tu restes, je me retourne vivement en la fusillant du regard alors qu'un des gardes attitré à sa protection se place dans son dos. J'ai besoin de te savoir en sécurité.
-Personne ne me ferait de mal, ma mère ne le permettrait pas.
-J'ai cru comprendre que Raeven était comme sa fille pourtant, elle est blessée. Tu restes. Fin de la discussion.
Le choc de Clarke après mes mots me ferait presque rester à ses côtés. Mais je veux me débarrasser de cette tâche au plus vite. Je fais quelques pas et très vite, je suis entourée par mes meilleurs guerriers. Je regrette l'absence d'Anya. Sa présence m'aurait rassuré et j'aurais pu me concentrer entièrement sur les négociations. Les pas disgracieux de ce qui nous rejoignent me font lever les yeux. Je les observe et surtout les analyse. La voix de Becca est particulièrement agressive. Je peine à la supporter. Elle me parle de plus en plus, mais depuis la fin de la guerre, elle ne forçait plus le passage pour m'imposer ses pensées. Je serre les poings pour mieux supporter la douleur que ses interventions intempestives provoque dans mon crâne.
Mon cortège se stoppe et les Skaikru en font de même. Un bon mètre nous sépare. Trois d'entre eux agrippent leur arme à feu avec excès. Il faut être peu sûre de soi pour s'y accrocher de la sorte. Ce n'est pas bon. Ils pourraient être incontrôlables. Je n'aime pas du tout cette situation.
-Vous avez blessé notre Chancelier, nous accusons une voix féminine. Nous ne devrions même pas être ici. Vous êtes dangereux. Vous ne pouvez pas garder Clarke et Raven. Votre prise d'otages se termine maintenant. Il faut nous les rendre.
J'imagine sans mal mon regard muter de la douleur que me provoque les avertissements de la Prim Heda à l'indignation puis à la colère. Si j'étais incapable de contrôler mes émotions sous le masque que je me suis forgée depuis mon ascension, j'aurai implosé. Comment ose-t-elle ? Nous… c'est nous qui sommes dangereux ? Aucun de nous n'a blessé Raven ! Aucun de nous n'a effrayé Clarke au point qu'elle se recroqueville de nouveau sur elle-même ! Leur rendre… qu'est-ce qu'elles sont ? Des objets ? Peut-être qu'elles le sont vraiment à leurs yeux. Après tout, ils les ont jetés sur Terre sans même savoir qu'elles pourraient survivre à la surface.
-Klark et Raevan ne sont en aucun cas nos otages, répond Indra.
-Il est évident qu'elles le sont, insiste toujours la même femme.
-Tu es Abby, je fini par la reconnaître. Ta fille est parfaitement libre de ses choix. Si elle souhaite revenir, personne ne la retiendra. Mais après ce que j'ai vu aujourd'hui, il est impensable que votre peuple puisse s'approcher de Raevan.
-Raven est indispensable à notre survie. Elle n'a pas le choix. Elle doit rentrer.
-Tu dis qu'elle est indispensable. Je sais que tu l'as considéré comme ta fille. Pourtant, tu l'as laissé être brutalisé. Votre Chancelier a été blessé mais après de tels actes, il aurait dû mourir.
-Comment osez-vous ?
-Raevan est très importante pour nous aussi, répond le général des Trishanakru. En ce qui me concerne, elle m'a même sauvé la vie. Il est impensable pour nous de la laisser à votre peuple si nous savons qu'elle sera maltraitée.
-Elle est sous la protection des Triku, confirme Indra.
-Et sous celle du Général d'Heda, poursuit une voix dans mon dos que je ne reconnais pas.
-Je crois même pouvoir dire que Raevan est sous ma propre protection, j'ajoute. J'ai beaucoup de respect pour elle. C'est une femme peut commune. Une des seules à oser me tenir tête. Et, surtout, elle est de bon conseil. S'en prendre à elle est semblable à m'attaquer personnellement. C'est une grande offense.
-Je pense que vous exagérez, répond Abby.
-Tu te trompes Abby. Je n'exagère pas du tout. Si la paix n'était pas ma priorité, j'avance d'un pas sans lâcher la mère de Clarke des yeux, la défiant clairement, je vous aurais demandé de m'apporter ceux qui ont osé lever la main sur elle, que ce soit aujourd'hui ou par le passé et je me serai chargé moi-même de les exécuter. Mais nous sommes tous fatigué de la guerre. Un compromis doit-être trouvé. Je ne sais que trop bien que la violence n'engendre que la violence. Je brise le cycle et décide de vous laisser une chance. Votre peuple n'en aura pas d'autre.
-Nous ne pouvons pas accepter vos conditions, cette fois, l'hésitation s'entend dans sa voix. C'est insensé.
-Vous pensiez pouvoir reconquérir la Terre sans aucune contrepartie ? Vous avez tout détruit une première fois, vous êtes ceux qui ont provoqué Praimfaya ce qui en soit est déjà un crime des plus atroces.
-Je ne sais pas de quoi vous parlez, Pain-quoi ?
Je fixe Abby sans ciller alors que je cherche dans ma mémoire ou plus exactement dans celle de Bekka quelque chose qui pourrait finir de la convaincre. Je n'ai aucun doute sur le fait que je possède déjà cette information. Et, même si ce n'était pas le cas, elle hurle en ce moment même de toute ces force dans mon crâne pour me faire entendre sa voix. Elle ne supporte pas cette situation. Elle préfèrerait que je fuis cette confrontation, ce qui évidemment n'arrivera pas.
-Je parle de cet événement apocalyptique, ce mot est si étrange à prononcer, je suis même étonnée de ne pas l'écorcher, celui que vos ancêtres ont provoqué, le 10 mai 2052.
Le choc se lit sur tous les visages des diligents des Skaikru. J'ai un moment de latence alors que je sens la détresse de Bekka Pramheda s'insinuer en moi. Je vois à travers ses yeux le feu dévaster la Terre. C'est un spectacle désolant, déchirant. Insupportable. Je fais tout mon possible pour m'empêcher de fermer les paupières. Si je devais me laisser aller, je serai complètement happé par cette vision.
Je ne peux pas me le permettre, pas à cet instant.
Pourtant, je suis bien obligée de fermer les poings pour empêcher tout mon corps de trembler. C'est la première fois depuis très longtemps que je peine à ce point à contrôler mes réactions. Si je n'avais pas appris durant toute ma vie à rester stoïque, je pense sincèrement que je me serais effondrée pour éclater en sanglots. Cette peine. Cette douleur. Cette culpabilité. C'est trop lourd à porter.
Un souffle glacial parcourt ma colonne vertébrale. Je suis véritablement terrifiée et ceci, simplement par une image lointaine, un souvenir qui n'est même pas le mien. Le feu. Encore le feu. Il n'y a rien de plus destructeur et, celui qui flamboie dans ma mémoire à annihiler le monde. Un monde dont nous, les héritiers de la Terre, sommes les survivants.
-Comment, cette fois, ce n'est pas la mère de Clarke qui prend la parole mais un homme qui m'indiffère. Comment pouvez-vous connaître cette date ?
-C'est évident, répond cette fois une femme, ils l'ont appris de nos enfants.
-De ces idiots ? Ils connaissent à peine la date de la réunification.
-Vous ne les méritez pas, je réponds encore plongée dans les réminiscences de Bekka, aucun d'eux. Vous les avez laissé pour mort, exactement comme vous l'avez fait pour cette Terre. Ici, vous ne serez pas de Dieux. Vous n'agissez sur aucune vie qui ne vous appartiendrait pas. Je ne le permettrait pas.
-Vous n'êtes qu'une enfant, grogne Abby.
Ceux qui m'ont accompagnés s'agitent à cette insulte à peine masquée. Un geste de la main, les stop net. Je m'avance encore d'un pas. Cette fois, la mère de Clarke à un mouvement de recul. Je me plonge corps et âme dans ses iris si semblables à celles de sa fille. Pourtant, cette couleur si enivrante n'agit pas sur moi. Je suis en colère.
-Je ne relèverai pas puisque tu ne peux pas savoir Abby, je crache son prénom comme la pire des insultes. Mais sache que les enfants sont bien des choses mais certainement pas innocents. J'ai perdu mon insouciance il y a bien longtemps et je suis à la tête des douze clans qui existent sur Terre depuis six étés. Crois-tu qu'une enfant serait en capacité de diriger, non un mais plusieurs peuples ?
-Vous n'êtes pas beaucoup plus âgée que Clarke.
-C'est vrai mais vous, les Skaikru, semblez oublier que ce monde, notre monde est très différent du vôtre. En réalité, vous n'avez que deux options, soit vous nous écoutez en vous alliant à nous, soit vous mourrez.
-Quand allez-vous arrêter de nous menacer ?
-Peut-être quand vous commencerez à écouter. Le temps a été comme suspendu pour vous au milieu des étoiles alors que nous avons bien été obligé d'évoluer: d'apprendre à survivre.
-Nous allons rester ici et apprendre aussi, avec nos enfants.
-Votre peuple ne peut pas rester sur cette terre, je réponds en éludant la seconde partie. C'est interdit.
-Et peut-on savoir pourquoi ?
Je n'apprécie pas du tout, le ton sur lequel Abby pose sa question. Je ne me souviens pas avoir senti autant de désinvolture chez les cent. Certains étaient des "petits cons" mais finalement, la plupart on finit par écouter. Je ne comprends pas leur besoin de tout "rejeter en bloc". C'est une réaction insensée.
Je soupire par le nez et sans vraiment le vouloir, je me mets à imaginer cette plaine il y a bien longtemps, quand elle était encore pleine de vie et de rire. Puis, une image bien moins avenante lui fait suite, celle du sang imbibant tellement le sol qui est incapable de tout absorber, des cadavres et du silence morbide qui à figé toutes les terres d'un peuple.
Je ne veux même pas penser à ce qu'Anya a pu ressentir en revenant ici. Je ne suis pas certaine que j'aurai pu. Raven m'a assuré que son village se trouvait plus loin mais tout de même… elle a dû être ravagée de revenir, d'affronter un paysage si différent et surtout ces Skaikru ignares et insolents.
-Parce que, je réponds la gorge nouée, cette terre appartient aux morts.
Voilà pour le nouveau chapitre de cette fiction. J'espère qu'il vous a inspiré et qu'il vous a plu ! Des suppositions pour la suite ? J'ai hâte de connaître vos réactions. La communication avec les Skaikru est de plus en plus difficile. La paix sera-t-elle possible ou les choses vont-elles s'envenimer ? Vous être rassurés de savoir Clarke et Raven de retour ?
Je suis évidemment ouverte à toutes les critiques, qu'elles soient positives ou négatives, à condition que le commentaire soit constructif.
En espérant vous retrouver pour le prochain chapitre !
GeekGirlG
