Titre : Le talon d'Achille de Katsuki.

Disclaimer : Les personnages et l'univers de My Hero Academia ne nous appartiennent pas, ils sont la propriété pleine et entière de Kõhei Horikoshi.

Pairing : Aucun.

Genre : OS / Friendship / Humor.

Béta : Maeglin Surion (qui l'a corrigé ! du coup ceci est la version corrigée de cet OS).

Résumé : Katsuki est doué en tout. Vraiment ? Ses camarades décident de mettre cette grande vérité à rude épreuve, histoire de vérifier... Sait-on jamais, sur un malentendu...

Note des auteures : Et voilà, c'est notre nouvel OS dans ce fandom. On espère que cette nouvelle incursion dans cet univers vous plaira autant qu'à nous. On préfère vous prévenir quand même que cet OS est assez long... Voir très long.

Re-note des auteures : À un moment donné, il est question de trois chansons. Dans l'ordre du texte : Bad Romance de Lady Gaga, In the End (Linkin Park) par Nightcore Switching vocal, et Hypa Hypa d'Electric callboy (la version d'origine sans featuring). Si vous ne connaissez pas, Youtube est votre ami.

Bonne Lecture,

Yzan & Lili.


- Le talon d'Achille de Katsuki -

Ce soir-là, Katsuki alla se coucher tôt, comme tous les soirs, laissant ses camarades dans la pièce commune de leur bâtiment. Il ne vit pas les sourires en coin de ceux-ci, ni le pouce que leva Kirishima en direction du reste de la classe, quand la porte de l'ascenseur se ferma derrière lui, l'emportant vers son étage et sa chambre. Les mains dans les poches, il s'adossa à la paroi du fond de la cabine, réprimant un bâillement. La journée avait été longue et il avait hâte de se coucher pour profiter d'un repos bien mérité.

Le reste de la classe se regroupa rapidement autour de Hanta, Mina et Denki. Chuchotis et brouhahas cessèrent et tous attendirent que leurs trois camarades leur expliquent pour quelle raison ils avaient à leur parler, loin des oreilles de Katsuki.

- Bon, on est tous d'accord, Katsuki est vraiment doué, et dans pleins de domaines différents, commença Hanta, mais, c'est juste pas possible. Il y a forcément un truc qu'il ne sait pas faire !

- Oui, il y a forcément un truc où il est nul, renchérit Mina. Alors il faut qu'on le découvre !

Tous approuvèrent d'un signe de tête plus ou moins convaincu, et Denki se tourna vers Izuku pour lui demander :

- Toi qui le connaît bien, Deku, tu dois forcément savoir, non ? Ou au moins avoir une idée ?

Izuku ouvrit de grands yeux surpris, agitant les mains en signe de dénégation. Mais devant les regards insistants et amusés de ses camarades, il se força à répondre.

- Ah non, Kacchan est doué en tout. Il sait tout faire !

- Réfléchis, l'encouragea Ejiro, il doit bien y avoir un truc, même un tout petit !

Se prenant le menton entre les doigts, Izuku fronça les sourcils et pour le plus grand amusement de ses camarades se mit à marmonner, en pleine réflexion. Dans le flot des murmures pensifs du jeune homme, ils ne comprirent que quelques mots : ricochet, foot, papillons, et cuisine. Visiblement le porteur du One for All faisait l'inventaire de ses connaissances sur les capacités de son ami d'enfance et celui-ci était presque interminable vu le temps que cela lui prit.

- Ok, ok, on a compris, finit par l'interrompre Hanta. Il ne nous reste plus qu'une chose à faire, le découvrir par nous même.

- Et comment vous comptez faire ça ? s'enquit Tenya en remontant ses lunettes d'un doigt sur l'arrête de son nez. En tant que délégué, je ne tolérerai pas que vous enfreignez les règles ! Il en va de ma responsabilité.

- Il n'est pas question d'enfreindre quoique ce soit, se défendit Denki. Peut-être juste le défier dans certains domaines pour voir s'il est meilleur que nous ou pas.

Défier Katsuki ? Un même sourire moqueur étira les lèvres de la plupart des élèves de la seconde A, les moins expansifs trouvant l'idée amusante mais ne le montrant pas.

- Il faut qu'on participe tous ! déclara Mina avec enthousiasme.

- Il faut aussi qu'on soit sinon tous, du moins plusieurs à être présent pour valider la réussite ou l'échec du défi, décréta Kirishima. Certains risquent de tricher, sinon.

Ils discutèrent rapidement des défis divers et variés, excluant d'entrée de jeux toutes les matières enseignées à l'académie et choisissant chacun un défi en lien avec leurs loisirs. Ils décidèrent aussi que le défi devait pouvoir se réaliser sans alter, celui de Katsuki étant l'un des plus puissants et des plus dangereux. Il n'était pas question de détruire le dortoir ! Après plusieurs heures d'échanges entre eux autour de cet ambitieux projet, chacun regagna sa chambre, impatient de commencer cette enquête qui s'annonçait fort amusante.

Bien loin de se douter de ce qui se tramait dans son dos, Katsuki dormait déjà à poings fermés, rêvant de licornes galopant sur un arc-en-ciel, encouragées par le chant de chats en costumes traditionnels. Ceux-ci, tout en tenant et agitant des éventails dans leurs pattes, se dandinaient et dansaient, les yeux rivés sur la course de licornes, leurs vocalises harmonieuses accompagnant le galop des bestioles magiques.

~oOo~

Le lendemain, Aizawa fut très surpris de se faire alpaguer par deux de ses élèves avant même le début des cours. Il écouta attentivement la requête de Momo et Yuga, requête faite au nom de la classe entière. Seul Katsuki n'était pas au courant de cette étrange demande, et cela l'amusa grandement. Aizawa aimait beaucoup sa classe de seconde A et l'esprit de camaraderie qui y régnait. Aussi accepta-t-il de donner un léger coup de main à ses élèves. Après tout, lui aussi était curieux de voir ça.

L'après-midi était consacré, comme souvent, aux entraînements. Les élèves se retrouvèrent donc au gymnase, en tenue de sport, prêts à suivre les instructions de leur professeur. Aizawa retint un sourire quand il dévoila l'activité du jour : le combat à l'épée. Si certains de ses élèves étaient de très bons comédiens, après tout c'était eux qui avaient insisté pour faire cette activité, d'autres en revanche étaient très mauvais pour feindre la surprise.

- Y en a-t-il parmi vous qui savent se servir d'une épée ? demanda-t-il, connaissant déjà au moins une partie de la réponse.

Sans surprise, il vit la main de Yuga se lever fièrement, celui-ci expliquant qu'il pratiquait l'art de l'escrime depuis son plus jeune âge. Un léger sourire étira les lèvres du professeur quand il vit, au fond du groupe, une main calleuse se lever.

- Oh Bakugo, s'étonna-t-il. Toi aussi tu as fait de l'escrime ?

Toutes les têtes se tournèrent vers le blond qui haussa les épaules et grogna en signe d'assentiment.

- Bien, reprit Aizawa. En combat, vous ne pourrez pas toujours compter sur vos alters, il est donc préférable de savoir se battre sans. Et savoir se servir d'une arme, comme l'épée, peut être un plus. Aoyama et Bakugo seront vos professeurs.

Puis, sans un mot de plus, il s'éloigna, laissant ses élèves entre les mains des deux blonds. Il s'adossa à un mur et regarda le cours, s'amusant à l'avance de ce que cela donnerait. Il n'avait pas menti. Savoir se servir d'une arme pouvait être un sacré atout dans un combat, même si l'académie ne se donnait pas la peine d'enseigner ce genre de choses aux élèves. En acceptant la requête des lycéens, Aizawa faisait donc d'une pierre deux coups : inculquer le maniement des armes, au moins un peu, à ses élèves, et tester les compétences de Bakugo dans ce domaine.

- Mets pas tes mains comme ça, crétin ! rugit une voix bien connue. Au premier coup, elle va t'échapper !

Aizawa retint un ricanement en voyant Katsuki s'énerver après Hanta qui semblait avoir du mal à tenir l'épée correctement. Son regard dévia vers Yuga qui faisait une démonstration de son talent d'escrimeur devant Kyoka et Asui. Il devait admettre que l'étincelant blond était doué. Il avait hâte de voir les deux bretteurs s'affronter.

Le cours se poursuivit durant un long moment, Yuga et Katsuki enseignant à leurs camarades comment tenir et manier une épée. Ces derniers se prêtèrent au jeu, ravis d'apprendre quelque chose de nouveau. Très vite, certains se montrèrent plus doués que d'autres. Mashiaro, ayant déjà pratiqué le Kendo, trouva vite ses marques et il ne put s'empêcher d'exprimer un peu de fierté quand Katsuki le félicita, à sa façon. Toru et Mezo s'avérèrent assez doués eux aussi. En revanche, Tenya et Minoru se révélèrent complètement hermétiques au maniement d'une lame, au grand dam de Katsuki qui leur hurla dessus plus d'une fois.

Quand ils eurent tous, ou presque, maîtrisé les bases, Yuga proposa de faire des duels. Lui-même et Katsuki affrontèrent donc un à un leurs camarades, Yuga distribuant conseils et félicitations avec emphase, son collègue faisant de même avec beaucoup plus de jurons et de cris. La fin du cours approchant, Aizawa intervint en suggérant que les deux professeurs s'affrontent pour montrer aux autres un vrai combat. En voyant le regard démoniaque de Katsuki, il s'empressa de préciser que ce n'était pas un combat à mort et que l'utilisation de l'alter était interdite.

Les deux adversaires se placèrent l'un en face de l'autre, arme au poing, et se mirent en garde. Yuga ne put s'empêcher de déglutir en croisant le regard flamboyant de Katsuki. C'était lui qui avait proposé cette activité. Il avait été fort déçu d'apprendre que son camarade avait quelques connaissances dans ce domaine. Mais il avait confiance en ses propres capacités et resserra sa prise sur la poignée de son arme.

Le combat s'engagea et Aizawa observa avec attention les deux bretteurs. Ils avaient des styles très différents. Yuga était tout en élégance et très traditionnel dans sa manière de faire. Katsuki était plus brut, plus sauvage et bien moins conventionnel. Aizawa comprit que le combat serait vite bouclé quand il vit Katsuki changer son arme de main avec une facilité déconcertante. S'il savait la manier aussi bien de la main gauche que de la main droite, Yuga ne ferait pas le poids.

Ce fut donc sans surprise que quelques minutes plus tard, Aizawa déclara Katsuki vainqueur, celui-ci ayant réussi à désarmer son adversaire et à lui coller le tranchant de son épée sous le cou, menaçant de le décapiter au moindre geste. Katsuki baissa son arme et recula, libérant ainsi son camarade qui soupira à la fois de dépit et de soulagement, sa tête étant encore sur ses épaules.

- Tu suis trop les règles, lâcha Katsuki en s'éloignant pour ranger leurs épées. Du coup, t'es trop coincé et prévisible !

- C'est vrai que ta manière de te battre n'est pas très conventionnelle, admit Yuga.

- Et ça te pose un problème, débile ?!

- Aucun, se dépêcha de répondre Yuga. Mais euh... on pourrait s'entraîner ensemble... Pour euh...

- Tu crois que j'ai que ça à foutre ? rugit Katsuki.

Aizawa se permit d'intervenir à ce moment-là, un éclat malicieux dans le regard.

- Je pense que ce serait une bonne idée que vous vous entraîniez ensemble, avec ceux de vos camarades qui le souhaitent aussi. Et comme tu as gagné et que tu es donc le meilleur, tu seras leur professeur. Mais vous ferez ça sur votre temps libre. Le cours est fini, vous pouvez partir.

Puis, il planta là la classe, comptant mentalement jusqu'à cinq avant que l'explosion de jurons ne résonne dans le gymnase. Oui, c'était une bonne idée qu'ils apprennent à manier des armes, ça pourrait toujours leur servir. Et il ne doutait pas que malgré tous ses cris et ses protestations, Katsuki prendrait à cœur son rôle de professeur. Il croisa le regard d'Izuku qui, un carnet dans les mains, notait le résultat du défi du jour : Combat à l'épée. Vainqueur : Katsuki.

~oOo~

Le lendemain, Aizawa eut une étrange impression de déjà-vu quand Tenya et Mina lui sautèrent dessus avant même le début des cours. Comme la veille, il écouta la demande de ses élèves, réfléchissant à leurs arguments, assez convaincants, d'ailleurs, il devait bien l'admettre. Encore une fois, il céda, mais décidant d'anticiper les choses, il leur demanda :

- Y aura-t-il d'autres demandes de ce genre ou est-ce la dernière ?

Le duo se regarda avec attention, semblant réfléchir avant que Mina se tourne soudainement vers lui et s'exclame :

- Deux ! Hanta et Shoto ! Tout le reste, on pourra le faire en dehors des cours.

Aizawa accepta donc et l'après-midi même, dans le gymnase, expliqua à sa classe que Mina serait leur professeur pour l'après-midi.

- Ouais ! s'exclama Toru avec enthousiasme. On va apprendre à danser !

- Vous avez chacun votre style, reprit Aizawa, mais les mouvements de danse peuvent facilement s'intégrer dans les combats et certains d'entre vous gagneraient à être plus souples.

- Et on reprend les vrais entraînements quand ? grogna Katsuki.

- Dès demain, répondit placidement le professeur. Il n'est cependant pas impossible que d'autres activités du genre vous soient proposées dans un avenir proche.

Comme la veille, il se dirigea vers le mur et s'y adossa. Un léger rictus étira ses lèvres quand il croisa le regard d'Izuku. Oui, lui aussi savait d'avance comment ça allait se finir. Mais à défaut de mettre Katsuki en difficulté, cette activité pouvait réellement apporter un plus à certains élèves un peu trop rigides en combat. Mina commença son cours et Aizawa observa ses élèves, notant sans surprise qu'Hanta et Mashiaro s'en sortaient très bien, contrairement à Shoto ou Rikido.

Mina distribua conseils et encouragements avec son enthousiasme habituel, désespérant de réussir à tirer un déhanché correct à Tenya.

- Putain, mais enlève ce balai que t'as dans le cul, bordel ! rugit soudainement Katsuki attirant l'attention de tous vers lui et Shoto qu'il venait d'interpeller ainsi.

- Je n'ai pas de balai dans le cul, rétorqua platement le jeune homme aux cheveux bicolores. Je le sentirais, sinon.

Mais Katsuki ne l'entendit pas de cette oreille et, se plantant face à son camarade, il gronda:

- Ta gueule ! Regarde !

Avec une souplesse et une facilité qui désespéra ses camarades, il reproduisit le mouvement que Mina venait de leur montrer.

- T'es trop rigide ! Sois plus souple ! Tu vois ! C'est pas compliqué, bordel !

Shoto tenta de refaire le mouvement mais sans succès. Ce qui énerva un peu plus le blond explosif.

- Mais c'est pas possible ça ! Même l'autre tête d'ortie est plus souple que toi !

Contournant son camarade, il posa ses mains sur les hanches de celui-ci et lui ordonna de recommencer. Il fallut plusieurs minutes, ponctuées du langage fleuri habituel de Katsuki pour que Shoto réussisse enfin à faire le mouvement de manière à peu près correcte. Lâchant les hanches de son camarade, Katsuki se tourna alors vers Rikido et l'invectiva à son tour :

- Et toi, c'est pareil !

Aizawa vit ses élèves échanger un regard désolé avec Mina. Mais la demoiselle ne se laissa pas démonter pour autant et reprit son cours, laissant Katsuki s'occuper d'assouplir les plus rigides. La fin du cours approchant, elle décida qu'il était temps de défier Katsuki.

- Katsuki ! Toi et moi ! Battle de Break Dance !

Le blond haussa un sourcil et s'apprêta à envoyer chier la future héroïne mais les cris d'encouragement du reste de la classe l'en empêchèrent.

Aizawa s'approcha, ne voulant pas rater ça. Il rejoignit le cercle qui s'était formé autour des deux danseurs, se glissant à côté d'Izuku. Se penchant discrètement vers lui, il lui souffla :

- Il va gagner.

- Évidemment, lui répondit son élève sur le même ton discret. Kacchan est le meilleur.

- Il n'est pourtant que troisième au classement général de la classe, fit remarquer Aizawa.

Izuku haussa les épaules et avec un sourire répliqua :

- Parce qu'il se donne pas trop la peine pour la théorie. Mais en pratique, il est premier et largement.

Aizawa ne put que concéder le point à son élève et se concentra sur la bataille imminente.

La musique débuta et Mina s'élança, enchaînant les figures avec grâce et style. Puis, elle céda la place à Katsuki qui, avec un rictus moqueur, enchaîna à son tour diverses figures, rapides et complexes. Aizawa n'était pas surpris de voir que le blond était bien meilleur que sa comparse. Quiconque l'ayant vu combattre pouvait le deviner facilement : il était souple, rapide, nerveux, puissant, avait un bon rythme et une sacré endurance. Toutes les qualités requises pour être aussi un bon danseur. Moins gracieux que sa camarade, il avait cependant une sauvagerie innée qui compensait largement ce léger manque.

Si Mina l'avait défié sur de la danse classique, peut-être aurait-elle eu l'avantage, mais en Break Dance, il l'emportait largement. Mina elle-même dû l'admettre, surtout quand il fit un enchaînement extrêmement difficile qu'elle même n'avait encore jamais réussi. Aizawa mit fin au cours après que la victoire de Katsuki fut déclarée. Il laissa ses élèves rejoindre le vestiaire, écoutant vaguement d'une oreille Mina supplier Katsuki de l'aider à maîtriser cet enchaînement qui lui posait tant de problèmes. Amusé, il vit Izuku sortir un carnet et noter dessus : Danse, Break Dance : Vainqueur : Katsuki.

~oOo~

Le reste de la semaine se passa normalement, sans plus de requêtes de la part de la seconde A à son professeur principal. Mais dans l'ombre, loin des oreilles et des yeux d'un certain Katsuki, les élèves mettaient au point le troisième défi. Le vendredi soir arriva et avec lui un tas de linge sur la table de la salle commune du dortoir. Le dîner était tout juste fini et Ochako demanda à Asui, avec une curiosité remarquablement feinte, ce que c'était.

La petite brune expliqua que c'était bientôt Mardi gras et que son frère et sa sœur avaient l'habitude de se déguiser. Mais leur mère manquant de temps pour coudre deux costumes, c'était elle qui s'en chargeait tous les ans. Ne vivant plus avec sa famille, elle avait demandé à sa mère de lui envoyer de quoi fabriquer les tenues en promettant de s'en charger. Hélas, elle n'avait pas compté sur le temps de livraison et elle devait absolument les finir ce soir pour les renvoyer dès demain afin qu'ils arrivent dans les temps chez elle.

Tous ses camarades proposèrent leur aide et Asui accepta avec plaisir. Katsuki fut rattrapé par Eijiro avant qu'il n'ait le temps de déserter la pièce et se retrouva assis dans le canapé, coincé entre Eijiro et Denki. D'autorité, une jupe verte lui fut mise dans les mains, le faisant râler :

- Et qu'est-ce que tu veux que je fasse de ça, hein ?!

- Il faut ajouter du tulle, des nœuds et une ceinture pour la transformer en jupe de fée, comme celle-ci, expliqua calmement Asui en lui présentant une image du costume souhaité. Si tu veux, je peux te montrer comment faire.

Tous surveillèrent la réaction de leur camarade. Tous étaient certains que celui-ci n'avait jamais tenu une aiguille de sa vie. Tous étaient certains que ce soir, le génie naturel serait mis à défaut. Et tous ne purent retenir un soupir dépité quand celui-ci rétorqua vertement à Asui :

- Pas la peine ! Je sais coudre ! J'ai pas besoin de tes putains de conseils, donne-les à quelqu'un d'autre !

Puis, sans un mot de plus, l'adolescent prit une aiguille, du fil et se mit à l'œuvre. Du coin de l'œil, Eijiro et Denki observèrent les gestes de leur ami, constatant qu'effectivement, il savait bel et bien coudre. Sa dextérité les impressionna, eux qui avaient déjà tant de mal à simplement recoudre un bouton.

Ils se firent d'ailleurs vite reprendre par leur voisin qui s'insurgea de leur manière de faire et leur dispensa des conseils, tout en les insultant copieusement et même parfois en leur donnant des coups sur la tête.

- C'est des costumes pour des foutus gamins ! rugit-il. Si les boutons ne tiennent pas bien ça va être la merde. T'imagine la honte qu'ils vont avoir s'ils perdent leurs costumes parce que des abrutis sont pas foutus de coudre un bouton correctement ?!

De son côté, Asui supervisa le travail de ses camarades. Katsuki mis à part, elle n'avait confié que des tâches mineures aux autres : coudre des boutons, faire des nœuds avec des rubans, couper un morceau de tissu... Des choses simples et à leur portée, tous lui ayant avoué qu'ils ne savaient pas coudre du tout. Quant à elle, elle s'occupait du costume de son frère, un costume de vampire. Elle savait qu'elle aurait largement le temps de refaire celui de sa sœur si Katsuki se révélait finalement nul en couture.

Mais quand il lui tendit la jupe pour lui demander si elle voulait qu'il ajoute quelque chose, elle ne put que la fixer d'un œil émerveillé. Le silence qui envahit la salle fit lever les sourcils de Katsuki qui examina de plus près son œuvre, la comparant à la photo servant de modèle. Le jupon en tulle froncé par-dessus la jupe d'origine, ça, c'était bon. Les petits nœuds cousus dans le tulle ici et là, ça aussi, c'était bon. Pareil pour les strass. Le galon en paillettes en bas de la jupe était là aussi. Il avait même mis la ceinture en satin ornée de papillons avec un gros nœud à l'arrière.

Pris d'un doute, il examina chaque couture, s'assurant qu'elles étaient droites, solides et invisibles. Même la fermeture éclair à l'arrière de la jupe était impeccable. Non, il ne voyait rien à redire. Agacé, il releva la tête et agita la jupe sous les grands yeux brillants de la grenouille.

- Oï ! Quoi ?! C'est pas ce qu'elle veut ta frangine ?

- Si ! C'est exactement ça, avoua Asui en prenant la jupe agitée sous son nez. C'est parfait, elle va adorer. Tu es très doué.

- Tsss... Tu veux faire le haut avec quoi ?

Surprise par la question de son camarade, Asui leva la tête fixant le regard rouge du jeune homme.

- Quoi ? Elle va pas porter que cette foutu jupe, si ?

- Non, confirma l'adolescente. Tiens, je pensais me servir de ce tee-shirt… et voilà le modèle.

Katsuki lui arracha le morceau de tissu et la photo des mains et se remit à l'ouvrage en silence. Il ignora volontairement les exclamations extatiques autour de lui alors que la jupe de fée passait de mains en mains.

Denki jeta un bras sur ses épaules et rit :

- La prochaine fois que je déchire l'une de mes fringues, tu pourras me la repriser !

- Crève ! T'as qu'à faire gaffe à tes fringues et apprendre à coudre ! Je suis pas ta mère !

La réponse fit rire le jeune homme à gorge déployée, ainsi que bon nombre de leurs camarades. Asui sourit en finissant la cape de son petit frère. Elle avait perdu son défi mais sa petite sœur serait sûrement totalement folle de son costume. Elle se promit de montrer à tout le monde la photo de son frère et sa sœur déguisés, photo que sa mère ne manquerait pas de lui envoyer. De son côté, Izuku sortit son carnet et nota soigneusement : Couture. Vainqueur : Katsuki.

~oOo~

Le lendemain, Izuku se leva tôt et se prépara rapidement. Il sortit dans le couloir où il retrouva Minoru, encore en pyjama et en train de bailler. Sans un mot, les deux garçons prirent l'ascenseur et montèrent à l'étage du dessus. Les portes s'ouvrirent et Denki et Tenya entrèrent à leur tour dans la cabine. Après s'être salués, les garçons montèrent directement au dernier étage pour récupérer Shoto et Hanta.

Une fois tous dans la petite cabine, ils descendirent au quatrième où Eijiro les attendait impatiemment.

- Alors ? demanda Tenya.

- Il est en train de faire son footing matinal, répondit Eijiro.

- On est samedi et il est sept heures trente. C'est beaucoup trop tôt, grogna Denki en baillant bruyamment.

- Kacchan s'entraîne tous les matins à la même heure, quel que soit le temps, même les jours fériés et les vacances, sourit Izuku.

Sa réponse lui valut un regard blasé de la part de ses camarades, Hanta soufflant doucement que ce mec n'était pas humain. Il ne précisa pas s'il parlait d'Izuku ou de Katsuki. Tout en se dirigeant vers la chambre d'Eijiro, ils écoutèrent celui-ci leur préciser la suite des événements :

- Quand il revient, il prend ses affaires, va se doucher, puis il refait son lit en sortant de sa douche.

- Donc, conclut Tenya, il faut qu'on attende qu'il revienne de sa douche.

Eijiro approuva et poussa précipitamment ses complices dans sa chambre quand la porte de l'ascenseur s'ouvrit. En silence, les futurs héros guettèrent l'avancée de leur cible, Tenya, Hanta et Eijiro collés contre la porte, l'observant par le très léger entrebâillement de celle-ci. Moins de deux minutes plus tard, ils se reculèrent, informant les autres que Katsuki était parti prendre sa douche. Minoru sortit alors dans le couloir, arracha une boule de ses cheveux et, perché sur les épaules de Tenya, alla accrocher ladite boule dans le coin supérieur droit de la porte. Ainsi, quand Katsuki reviendrait, il ne pourrait pas refermer complètement la porte de sa chambre, laissant ainsi l'espace nécessaire aux curieux pour voir ce qu'il s'y passait.

- Ne reste plus qu'à attendre qu'il revienne, marmonna Minoru en se frottant les yeux.

Ils regagnèrent la chambre d'Eijiro et s'installèrent confortablement en attendant le retour de son voisin. Izuku sourit en regardant les mines plus ou moins ensommeillées des garçons autour de lui. Ils étaient là de si bonne heure pour vérifier la réussite ou l'échec de Katsuki au défi de Tenya… Que son ami d'enfance ne soit pas informé du défi en question était totalement accessoire. Le prévenir était bien la dernière chose à faire. Katsuki, non seulement refuserait sûrement de s'y plier, mais en plus risquait de s'énerver contre toute la classe.

Le bruit de la porte de l'ascenseur les sortit de leur torpeur, et Tenya surveilla l'avancée de sa cible.

- Tu es sûr que ça va marcher ? demanda-t-il à Eijiro.

- Il claque toujours sa porte, il suffit de claquer la mienne pour qu'il croit l'avoir fait et hop, l'affaire est dans le sac, affirma le rouquin.

- Attention... Attention... souffla Tenya la main sur la poignée. Maintenant !

Avec force, il claqua la porte de la chambre, tombant sur les fesses au passage et surtout entendant un gémissement étouffé à sa droite. D'un coup d'œil, il identifia Denki, bâillonné par la main de Shoto, qui se tenait la main droite, des larmes perlant au coin de ses yeux dorés. Il voulut s'enquérir de l'état de son camarade mais il fut brusquement poussé en avant par Izuku qui souffla:

- On n'a pas le temps !

Rapidement et en silence, Denki toujours bâillonné par Shoto et sa main rapidement bandée par Hanta, les adolescents se précipitèrent vers la porte entrouverte de la chambre voisine. Agglutinés les uns sur les autres, ils observèrent leur cible, un même sourire éclairant leur visage en voyant que le lit était pile poil dans leur ligne de mire. Les bruits à l'intérieur indiquaient que l'occupant des lieux s'habillait, loin de leurs yeux curieux.

Inconscient de l'espionnage dont il était victime, Katsuki enfila rapidement un pantalon de jogging noir et un tee-shirt tout aussi noir. Une fois cela fait, il se donna rapidement un coup de peigne, démêlant ainsi son épaisse chevelure, puis l'ébouriffa d'une main nerveuse, laissant ses mèches blondes faire ce qu'elles voulaient sur son crâne. Il n'avait jamais réussi à les dompter. A dire vrai, il n'avait jamais vraiment essayé. Seul Best Jeanist avait réussi et ce au prix de très longues heures et de beaucoup trop de pots de gel. Et lui avait maudit mille fois le héros pro après car ça lui avait pris trois plombes pour réussir à virer tout ce foutu gel de ses cheveux.

Un coup de déodorant plus tard, Katsuki se tourna vers son lit et entreprit de le refaire. De l'autre côté de sa porte, sept garçons épiaient chacun de ses gestes, l'un d'eux chronométrant même le temps que leur camarade mettait à faire son lit. Les sourcils froncés, Tenya examina les gestes précis et rapides du blond, admettant en son for intérieur qu'il était doué. Mais serait-il aussi rapide que lui ?

Faire impeccablement son lit au carré demandait technique et dextérité. Et Tenya était sûr et certain qu'avec son caractère explosif, Katsuki ne devait même pas tirer la couette sur sa couche. A son grand désappointement, il ne put que constater qu'il s'était lourdement trompé. Non seulement Katsuki faisait son lit, mais en plus il le faisait au carré au moins aussi bien que lui. Quand le jeune homme eut fini de tirer draps et couettes, Tenya agita la main, arrêtant de ce fait le chronomètre.

- Une minute et cinquante-huit secondes, murmura la voix admirative d'Izuku.

- Dix secondes de moins que toi, délégué, pouffa Hanta.

Tenya serra le poing, déçu. Katsuki était plus rapide que lui. Lentement et silencieusement les adolescents reculèrent, Minoru récupérant sa boule au passage, et rejoignirent la chambre d'Eijiro. A peine entré, Izuku sortit son carnet et nota : Faire son lit au carré en un temps record. Vainqueur : Katsuki.

A mille lieues de se douter de ce qu'il se tramait dans son dos, Katsuki jeta un œil satisfait à son lit parfaitement fait, puis, avec un soupir de contentement, il s'y laissa tomber, froissant la couette. Affalé, à plat ventre sur son matelas, il fronça les sourcils en entendant des bruits étranges venant de la chambre d'à côté. Curieux, il se leva et se dirigea vers l'origine des sons bizarres se demandant ce que pouvait bien fabriquer ce crétin de tête d'ortie.

Il ouvrit la porte de la chambre sans aucune délicatesse après n'avoir eu aucune réponse à ses cognements pourtant peu discrets. Il fronça les sourcils en voyant la scène qui s'y déroulait. Enroulé dans le scotch d'Hanta, Denki semblait pleurer, sa main prisonnière de Shoto qui visiblement la lui glaçait. Assis sur le lit, Izuku prenait des notes dans son foutu carnet, tout en discutant avec Eijiro assis près de lui. Prosterné aux pieds de Denki, Tenya se confondait en excuse et Minoru dormait, roulé en boule sur le tapis au pied du lit.

Son entrée attira tous les regards sur lui et, devant l'air de chiot éploré de Denki, il se sentit obligé de demander :

- Qu'est-ce que vous foutez, bordel ?

- J'ai malencontreusement coincé les doigts de Denki dans la porte, expliqua Tenya. Shoto est en train de le soigner.

- Et pourquoi il est ligoté ?

- Il ne se laisse pas faire, sinon, répondit platement Shoto.

Katsuki tourna la tête vers Eijiro, l'interrogeant du regard. Le sourire trop innocent de son ami, lui fit froncer les sourcils. Un coup d'œil vers Izuku le convainquit que cela cachait quelque chose. Deku n'avait jamais su mentir, et il le voyait écrit en gros partout sur sa tronche qu'il y avait quelque chose de louche là-dessous. Mais il voyait aussi clairement que personne ne daignerait éclairer sa lanterne. Aussi décida-t-il de tourner les talons sans plus poser de questions et descendit déjeuner. Il entendit vaguement Denki hurler :

- Katsukiiiiiiii ! Me laisse pas avec ces monstres ! A l'aide !

Mais il n'y prêta pas attention. S'ils lui faisaient des cachotteries, il n'avait aucune raison de voler au secours de son crétin d'ami. Et puis, il n'avait qu'à faire attention à où il mettait ses doigts.

~oOo~

Katsuki retint un grognement de frustration en captant un énième échange de regards entre deux de ses camarades. Son impression de ce matin se renforçait : on lui cachait quelque chose. Et ce n'était pas seulement cet imbécile de Deku ou ce crétin d'Eijiro. Visiblement toute la classe était de mèche. Et vu qu'il était visiblement le seul à ne pas être informé de la chose, quelle qu'elle fût, il y avait fort à parier que ça le concernait d'une manière ou d'une autre. Et ça le gavait sévère !

Mais il ne s'abaisserait pas à demander une explication quelconque. Non, il était tout à fait capable de deviner seul ce qui se tramait dans son dos. La scène qu'il avait surpris ce matin dans la chambre d'Eijiro avait forcément un lien avec tout ça. Voir Denki ou Hanta dans la pièce n'avait rien de surprenant, même à une heure aussi matinale. Il n'était pas rare que ces trois-là passent une partie de la nuit à regarder des films ou simplement à discuter ensemble. Il était d'ailleurs lui-même convié à ces soirées, mais il mettait toujours un point d'honneur à regagner son propre lit, contrairement aux deux autres.

En revanche la présence du délégué, de double-face, de grappe de raisin et de Deku était bien plus surprenante. Surtout qu'Eijiro n'aurait jamais manqué de l'obliger lui à se joindre à eux la veille au soir, comme il le faisait toujours. Donc le petit groupe s'était retrouvé le matin même, et vu l'heure matinale, cela ne pouvait être que dans un but précis ne pouvant être accompli qu'à cette heure. Et cette conclusion ne l'avançait pas du tout. Et surtout, il ne voyait absolument pas le rapport avec lui.

Toute la journée, il avait observé ses camarades et il les avait vus : ces regards complices, ces clins d'œil amusés, ces discussions murmurées qui s'arrêtaient dès qu'il s'approchait. Oui, le doute n'était plus permis, un coup fourré se préparait dans son dos. Et ne pas savoir l'agaçait passablement. Si tous se retournaient contre lui, il ne ferait pas le poids, il en avait bien conscience. Il avait cru au début qu'il avait fait ou dit un truc qui avait mis les autres en rogne, mais il ne sentait aucune animosité particulière venant de leur part.

Cela ressemblait plus à un jeu, un jeu dont lui seul ne connaîtrait ni les règles, ni le but. Difficile de gagner dans ces circonstances. Il devait savoir de quoi il en retournait. Alors qu'il voyait du coin de l'œil Izuku prendre la direction de l'ascenseur, un plan germa dans son esprit. Plan qu'il ne tarda pas à mettre en œuvre. Quelques minutes après, il entrait sans frapper dans la chambre de Deku, un rictus mauvais étirant ses lèvres en voyant l'occupant des lieux sursauter.

- Qu'est-ce que tu caches dans ton dos, sale nerd ? attaqua-t-il d'entrée de jeu.

- Rien, rétorqua Izuku en serrant plus étroitement dans son poing le carnet qu'il cachait.

Mais Katsuki se contenta de lui sourire, d'un sourire presque effrayant, et tendit la main vers lui en une demande silencieuse. Izuku leva les yeux au ciel, soupira et ordonna :

- Ferme la porte !

- Me donne pas d'ordre, rétorqua Katsuki par automatisme, son pied poussant le battant qui claqua sans douceur.

Izuku lorgna la main toujours tendue vers lui, et finit par y déposer le carnet qu'il cachait. Katsuki grogna :

- C'est pas drôle si tu cèdes si vite, crétin.

Il ouvrit le carnet, notant que celui-ci était neuf et vierge, sauf pour la première page. Il lut ce qui y était écrit et leva un regard incrédule vers Izuku.

- Sérieusement ? Vous m'avez espionné ce matin ?

- Seulement quand tu as fait ton lit, le rassura Izuku avec un sourire. Tenya était persuadé que tu ne savais même pas faire un lit, alors le faire au carré...

- Combat à l'épée, c'était Laser-man je suppose, conclut Katsuki. L'autre rosée, la danse, évidemment. Le délégué, c'était le lit donc. Et la couture ?

- Asui.

- Hm... Pourquoi ?

Izuku ne put s'empêcher de rire en voyant l'air totalement incrédule du blond.

- Te fous pas de ma gueule, connard !

- Je ne me fous pas de toi, Kacchan. C'est juste un jeu. Ils veulent trouver un domaine où tu es nul.

- Pour pouvoir se foutre de moi, grogna Katsuki.

- Sûrement, admit Izuku. Mais c'est aussi l'occasion de bien s'amuser tous ensemble.

Katsuki hocha vaguement la tête, admettant que ça pouvait être amusant, effectivement. Passer du temps avec ses camarades de classe et faire des trucs tous ensemble, c'était pas forcément son truc à lui. Mais comme il n'était pas supposé être au courant, il pourrait toujours râler et se faire désirer. Et puis s'il pouvait l'air de rien leur montrer que, oui, il était le meilleur en tout, c'était pas forcément une mauvaise idée.

Rendant son carnet à Izuku, il ricana et lui demanda :

- Et donc, il y a quoi de prévu au programme ?

- Je te le dirai pas, répliqua Izuku. Premièrement, tu ne devrais même pas être au courant. Et deuxièmement, c'est plus drôle si tu ne sais pas à quoi t'attendre.

- C'est pour rééquilibrer la balance, contra le blond. Après tout, ils ont bien dû te demander ce que tu savais sur la question, non ?

- Et je leur ai répondu que tu savais tout faire et que tu étais le meilleur, répondit le porteur du One for All, s'attirant un regard surpris de son camarade.

- Je n'allais pas leur donner d'indice, tout comme je ne te dirai pas ce qui t'attend.

Katsuki sembla réfléchir quelques secondes avant d'acquiescer d'un signe de tête et de se tourner vers la porte pour partir. Juste avant de quitter la chambre, il se tourna vers Izuku et lança avec un sourire diabolique :

- Que le jeu commence, alors !

Quelques heures plus tard, il se laissa traîner par Denki à travers les bois entourant leur bâtiment, râlant tant et plus sur l'idée à la con de l'autre Tête ronde : une soirée feu de camp. Tenya avait assuré qu'il avait l'accord d'Aizwa-sensei, à condition qu'ils soient tous présents. Denki avait alors attrapé Katsuki par le poignet et ne l'avait plus lâché, le traînant derrière lui à travers le parc d'un pas vif tout en discutant avec les autres. Sa main libre dans la poche, Katsuki avait bougonné, mais en croisant le regard amusé d'Izuku, il avait compris. Cette soirée serait l'occasion d'un nouveau défi. Il avait hâte de savoir lequel.

Inconscients que leur camarade au tempérament si explosif était informé de leur plan, au moins partiellement, et donc prêt au combat, le reste de la classe babillait joyeusement tout en transportant couvertures, denrées alimentaires et tout ce qu'il fallait pour passer une soirée mémorable. Ochako et Asui finirent par trouver l'endroit idéal et tous s'installèrent. Shoto et Tenya se chargèrent du feu, les autres sortant les victuailles diverses et variées. Katsuki participa sans trop rechigner à la tâche, Eijiro ne le quittant pas d'une semelle.

Les heures passèrent rapidement. Tous étaient installés autour d'un bon feu, discutant gaiement, riant des blagues des uns ou des autres ou frémissant en écoutant les histoires d'horreur de certains. Les paquets de chips passèrent de mains en mains, les sandwichs se firent engloutir et les chamallows furent plantés au bout de bâtons et grillés. Les voix diminuèrent au fil du temps, les corps s'allongeant, enroulés dans des couvertures, et Ochako estima que c'était le bon moment.

- Regarde, Tenya, dit-elle, suffisamment fort pour être entendue de tous. Là, c'est la Grande Ourse, là la petite, et là la ceinture d'Orion.

- Ouah ! Tu t'y connais bien en astronomie, s'exclama Mina avec enthousiasme. Tu peux me dire où est la constellation du Lion ?

- Oh, c'est vrai que c'est ton signe, répondit Ochako. Alors, attends, c'est... hm...

- C'est là, l'interrompit une voix masculine.

Tous les yeux se tournèrent vers le propriétaire de celle-ci, voyant Katsuki le doigt pointé vers le ciel.

- Tu vois le groupe d'étoiles en triangle là ? reprit celui-ci.

Mina se concentra, suivant le doigt tendu de son camarade, se rapprochant de lui pour mieux voir.

- Oui, je vois ! s'écria-t-elle ravie.

- C'est la queue du lion. Tu relies les deux là avec les trois là, et tu as le corps, puis la tête avec les trois au-dessus.

La jeune fille écouta attentivement les explications du blond, ses yeux suivant le doigt qui lui indiquait quelles étoiles regarder. Denki, allongé près d'eux, en profita pour demander aussi où était sa constellation, celle du Cancer, s'extasiant à voix haute quand Katsuki lui répondit. Toru pressa son camarade de lui indiquer la constellation des Gémeaux, mais celui-ci l'envoya bouler d'un aimable :

- Demande à Tête ronde, elle a l'air de s'y connaître.

Toru se tourna alors vers l'adolescente aux cheveux châtains qui dû avouer à contre cœur que si elle savait reconnaître les planètes et les principales étoiles, elle avait bien du mal à retrouver les constellations du zodiaque. Elle ne vit pas le sourire victorieux de Katsuki, ni celui en coin d'Izuku qui sortit son carnet pour noter : Constellations. Vainqueur : Katsuki. Ce dernier enfonça le clou en se décidant finalement à indiquer à ses camarades curieux chaque constellation du zodiaque, intérieurement très fier d'avoir battu Ochako à son propre jeu.

~oOo~

Le lendemain après-midi, Mashirao proposa à tout le monde de faire un peu de méditation pour se détendre avant la reprise des cours le lendemain. Tous acceptèrent avec joie, sauf Katsuki qui fut, comme toujours, rattrapé par Eijiro et installé de force dans le cercle qu'ils formèrent autour du jeune homme à la queue léonine. Bougonnant que franchement il avait mieux à faire que d'ouvrir ses foutus chakra, Katsuki se plia tout de même docilement à l'exercice. Il avait bien vu les échanges de regards complices des autres et avait vite compris qu'il s'agissait là d'un nouveau challenge destiné à identifier ce en quoi il était moins doué.

En position du lotus, le dos de ses mains posées sur ses genoux et les yeux fermés, Katsuki écouta vaguement la voix de son camarade qui les guidait vers l'état de plénitude souhaité. A ses côtés, Eijiro ouvrit un œil, s'assurant que les yeux écarlates étaient bien fermés, puis d'un coup sur le bras de Momo assise de l'autre côté de lui, il fit passer le message : lancement du plan ! L'annonce fit rapidement le tour de l'assemblée des élèves, chacun d'eux ouvrant les yeux au fur et à mesure.

Seuls restaient en méditation Mashirao et Katsuki. Le plan était simple : voir lequel des deux relâcherait sa concentration avant l'autre. C'était le spécialiste en art martiaux qui avait proposé ce défi, comptant sur le caractère impatient de son adversaire. Lui-même pratiquait la méditation sous toutes ses formes depuis des années, et était donc capable d'occulter totalement son environnement, aussi bruyant soit-il. Il laissa donc carte blanche à ses camarades pour briser la méditation de Katsuki.

Et tous s'en donnèrent à cœur joie, parlant de plus en fort, riant de plus en plus fort et de plus en plus près de celui qu'ils devaient déconcentrer. Ne le voyant toujours pas réagir, restant totalement imperturbable, sa respiration parfaitement régulière et son visage parfaitement serein et détendu, ils décidèrent de passer à la vitesse supérieure. Fumikage poussa un rugissement terrible en surgissant derrière lui, mais seuls ses cheveux oscillèrent sous la puissance du souffle, lui-même restant totalement immobile.

Mezo tenta de le chatouiller, Denki de l'électrocuter (pas trop fort quand même). Eijiro lui tira les joues en un sourire grotesque. Kyoka et Momo le pincèrent et le piquèrent avec des baguettes. Shoto fit surgir une flamme sous son nez, mettant le feu sans le vouloir à l'une des mèches blondes. L'incendie fut évité de justesse quand Izuku lança un verre d'eau bien plein au visage de la victime des flammes.

Mais rien.. Aucune réaction du blond. Dépités, ils fixèrent Katsuki qui n'avait pas bougé d'un poil, pas même plissé le nez ou froncé les sourcils, restant totalement impassible.

- Argh... soupira Mashirao dans le dos des autres qui l'avaient complètement oublié. C'est bon, je m'avoue vaincu.

- Tant pis, soupira Denki. Au moins, j'ai pris plein de photos ! Voir Katsuki si calme, c'est trop rare.

Le sourire éclatant du jeune homme disparut en même temps que son portable qu'il tendait fièrement à ses camarades. Il blêmit en comprenant qui venait de lui arracher son bien le plus précieux des mains et regardait les dites photos, un air renfrogné sur le visage.

- Kat... Katsuki... bégaya-t-il.

Puis, le voyant tripoter l'écran tactile, il se jeta sur lui en pleurant presque :

- Nooon ! N'efface pas les photos ! Pitié !

Un bon coup sur sa tête le fit glapir et Katsuki lui rendit son téléphone en râlant :

- Je les ai pas effacées, crétin ! Je me les suis envoyées !

Au même moment, un téléphone bippa et Katsuki plongea sa main dans sa poche pour vérifier qu'il avait bien reçu les photos prises. Un sourire carnassier étira ses lèvres et, d'un ton promettant mille morts, il lança :

- Alors, comme ça, on essaye de me cramer... Double-face ?!

Shoto aurait sûrement répondu que c'était totalement accidentel si Tenya et Ochako lui en avaient laissé le temps. Mais ceux-ci l'avaient déjà bâillonné et emmené loin, très loin et très vite, d'un blond rugissant.

~oOo~

Tenya se racla la gorge, remonta ses lunettes sur son nez, et d'une voix solennelle, posa sa question :

- Quel romancier est à l'origine du livret The Phantom of the Opera, la pièce la plus jouée de Broadway ?

Un buzz retentit, l'empêchant d'énumérer les quatre propositions de réponses. Avec un soupir désabusé, il leva les yeux vers les deux blonds face à lui et souffla :

- Katsuki ?

- Gaston Leroux ! répondit l'adolescent interpellé.

Tenya jeta un œil sur sa fiche, et d'un ton où perçait la lassitude, il admit :

- Bonne réponse.

Le sourire féroce que Katsuki décocha à son adversaire fit frémir celui-ci. Mais Denki ne se démonta pas. Il restait dix questions, il pouvait encore remonter au score. C'était lui qui avait suggéré cette idée de jeu sur la culture générale, principalement sur l'art, sujet qu'il maîtrisait bien. Au premier tour, tout le monde avait participé, répondant aux diverses questions sur la peinture, la littérature, le cinéma et toutes formes d'arts. A chaque tour, un ou plusieurs participants étaient éliminés jusqu'à la finale.

Bien sûr Denki savait que Katsuki avait un minimum de culture générale, mais il était persuadé que son ami ne s'intéressait pas du tout à l'art et n'y connaissait pas grand-chose. Il n'avait pas été surpris que ce dernier passe le premier tour facilement. En revanche, il était sincèrement étonné de devoir l'affronter en finale. Parce qu'il ne restait qu'eux deux. Eux deux et vingt questions pour les départager.

Et après dix questions, il était mené au score. Oh, pas de beaucoup, seulement de deux petits points. Il pouvait encore se refaire et battre son camarade ! Denki se concentra sur Tenya qui avait été désigné d'office comme animateur du jeu. Ce dernier prit la fiche suivante et posa un regard dur sur les deux opposants. Ils étaient tendus, debout devant la table basse, le canapé derrière eux, leurs regards rivés sur lui, leurs mains droites suspendues à quelques centimètres de leurs buzzer, le rouge pour Katsuki, le jaune pour Denki.

- Deadlift Lolita était un groupe de musique composé de deux personnes. Nommez les.

Deux buzz retentirent mais Tenya dû admettre que Katsuki avait été, encore une fois, plus rapide.

- Katsuki ?

- Ladybeard, un cascadeur australien et Reika Saiki, une catcheuse japonaise.

- Tu vas pas avoir des points bonus en étalant ta science, râla Denki.

- Bonne réponse, les coupa Tenya.

Puis, sans attendre, il enchaîna avec la question suivante, ne laissant ainsi pas le temps à Katsuki de répliquer. Le jeu durait depuis un petit moment maintenant, et on était mercredi soir. Ils avaient donc tous cours le lendemain. Pas question de se coucher à pas d'heure pour départager ces deux-là. Il jeta un regard compatissant à Denki qui rageait après une nouvelle bonne réponse de Katsuki. Le jeune homme aux yeux rouges était rapide, plus rapide que son camarade pour appuyer sur le buzzer. Et il répondait juste à chaque fois.

Denki enrageait intérieurement. C'était la dernière question. Et il était clairement mené : il n'avait que six points ! Six pauvres petits points ! Et bien évidemment Katsuki en avait treize. Une victoire écrasante, incontestable. Mais tant pis, il admettait sa défaite. En revanche, il refusait de baisser les bras ! Il répondrait à cette ultime question avant lui ! Et il aurait la bonne réponse ! Tendu à l'extrême, concentré à un point qu'il pensait impossible jusqu'alors, il fixait Tenya, prêt à appuyer sur son buzzer.

- Quelle est la devise des héros du roman d'Alexandre Dumas, publié en 1844 ?

Les deux buzz retentirent quasi simultanément, nécessitant l'arbitrage de Kirishima et Shoto.

- Denki, annonça platement Shoto.

- ...

Denki sentit une goutte de sueur couler le long de sa tempe. Et merde ! Il avait appuyé comme un con, mais il séchait totalement... Alexandre Dumas... Putain, ça lui parlait, mais il n'arrivait pas à remettre le doigt dessus. 1844, ça faisait un bail ! Pourquoi son cerveau ne voulait-il pas lui transmettre l'information ? Il était sûr de le savoir !

- Denki, le rappela Tenya.

Deux yeux dorés se posèrent sur lui et Tenya souffla doucement. Le désarroi dans ses prunelles habituellement rieuses était plus que visible. Malheureusement, le délégué ne pouvait rien faire pour aider son camarade. Les règles du jeu étaient très claires et il devait les respecter. C'était bien pour ça qu'il avait été nommé animateur. Avec lui, aucune triche possible, aucun favoritisme, aucune tentative de corruption.

Un bip bip signala que le temps imparti pour la réponse était écoulé. Tenya se tourna donc vers Katsuki qui fixait son adversaire avec un sourire triomphant.

- Katsuki ? demanda Tenya, se doutant de la suite.

- Les trois mousquetaires d'Alexandre Dumas, répondit le blond. Leur devise ? Un pour tous, tous pour un !

- Victoire de Katsuki, quatorze à six, conclut Tenya.

Denki se laissa tomber sur le canapé dont il s'était levé quelques minutes auparavant, pris dans l'adrénaline du jeu.

- Je le savais, bordel, souffla-t-il dépité.

- Je sais, ricana Katsuki. Tu as même les bouquins dans ta chambre...

- Alors pourquoi ça ne m'est pas revenu ?! s'écria le blond électrique, frustré.

- Parce que tu sais pas gérer la pression, rétorqua l'autre blond. Tu devrais être plus attentif quand Queue de lion te propose de méditer... Au lieu de faire des photos débiles !

Sur ces mots, Katsuki quitta la pièce commune, bien décidé à se coucher. Il était tard, et à cette heure-ci, il était habituellement au lit depuis longtemps. Il avait accepté de casser sa routine pour relever le challenge de son ami, qui, lui, l'avait ouvertement défié du regard en proposant son jeu débile, mais fallait pas pousser non plus. Il avait gagné et de manière incontestable. Il eut un rictus en voyant Deku écrire dans son carnet, rictus qui s'agrandit encore quand il croisa le regard amusé de son ami d'enfance. Il songea qu'il était bien content que sa relation avec Deku se soit grandement améliorée depuis leur entrée à Yuei, mais ne s'attarda pas plus que ça sur cette pensée.

Dans son dos, Denki se faisait réconforter par Kirishima et Shoto qui lui assuraient qu'il avait quand même impressionné tout le monde avec ses connaissances, bien supérieures aux leurs. Mina s'approcha en douce de Kyoka et lui murmura :

- Alors ? Tu le trouves toujours aussi stupide ?

Les rougeurs qui teintèrent les joues de la musicienne amusèrent beaucoup la jeune fille aux boucles roses.

- Je n'ai jamais dit que je le trouvais stupide, protesta faiblement la brune.

Mais Mina se contenta de rire et de lui sauter au cou en lui assurant que c'était trop mignon. Kyoka se défendit en rougissant encore plus. Toru vola au secours de l'héroïne aux longs lobes d'oreilles, l'entrainant vers les ascenseurs pour rejoindre leurs chambres. Mina les suivit en riant, vite rejointe par Momo, Asui et Ochako qui lui demandèrent ce qui la faisait rire.

~oOo~

- Katsuki !

- Quoi ? grogna l'interpellé en voyant Kirishima surgir dans sa chambre.

- Demain, on va pêcher ! annonça, ravi, l'étudiant aux cheveux rouges avec un enthousiasme débordant.

- Pourquoi ? grogna l'occupant de la chambre en retournant à ses devoirs.

- Parce qu'il fait beau, parce que Izuku nous a parlé d'une rivière où il y a plein de poissons et que ça va être sympa de passer la journée tous ensemble !

Tout en parlant, Kirishima s'agitait, ouvrant les tiroirs de la commode de son ami pour vérifier si le blond avait une tenue appropriée pour l'activité du lendemain. Un blond qui finit par se lever pour l'arrêter avant qu'il ne vide tout le contenu desdits tiroirs par terre.

- Je trouve qu'on fait beaucoup de trucs tous ensemble en ce moment, répliqua Katsuki en repoussant son ami un peu trop envahissant dans le couloir. Et demain, j'ai des trucs à faire ! Vous allez pas me faire chier pour une partie de pêche à la con !

Puis, il claqua la porte au nez de son voisin, ferma à clé pour éviter toute nouvelle invasion, et se remit à ses devoirs.

Mais le lendemain matin, il était bel et bien là. Tiré par le poignet par Eijiro, poussé dans le dos par Denki et Hanta, mais là quand même. Oh, il avait essayé de lutter, de leur échapper, mais ses amis ne lui avaient pas laissé le choix. Il aurait pu leur exploser la tronche, mais allez savoir pourquoi, il ne l'avait pas fait. Bref, Katsuki Bakugo était donc là, avec ses camarades de classe, arpentant le bois où il avait si souvent joué avec Deku étant gamin.

Ils arrivèrent devant la petite rivière qui serpentait dans ce coin de nature sauvage. Izuku eut un sourire nostalgique en voyant le petit pont de bois d'où Katsuki était tombé quelques années auparavant. Il se fit bousculer et sortit de ses pensées, croisant alors les yeux écarlates de son ami d'enfance. Les deux jeunes hommes se fixèrent un long moment, un même sourire, un peu nostalgique, aux lèvres. Puis Katsuki haussa les épaules et s'éloigna d'Izuku, interpellant Kirishima :

- Oï, tête d'ortie ! Si tu veux pêcher, c'est pas assez profond ici ! Faut aller par là !

D'un pas énergique, il guida le groupe vers l'endroit parfait pour la pêche. Un peu plus haut, la rivière s'élargissait et cascadait sur de gros cailloux posés là depuis sûrement des siècles. Entre les cailloux, l'eau formait de mini-rapides qui alimentaient des bassins naturels de petite taille. Les berges étaient caillouteuses, mais de larges et plats rochers érodés par le temps permettaient de s'asseoir, s'allonger ou pratiquer toutes autres activités non aquatiques.

Rapidement, le groupe s'installa, s'éparpillant sur les berges et sur les bords des bassins naturels, sortant des sacs leurs affaires pour la journée. Minoru manqua de mourir noyé après avoir reluqué d'un peu trop près, et de manière pas très discrète, les corps féminins de ses camarades en tenues légères. Et ce sous les rires des autres garçons de la classe. Tenya s'installa avec Izuku et Shoto sur un rocher à proximité des rapides, observant d'un air inquiet ses camarades, un peu trop téméraires à son goût.

- Tu es sûr qu'il n'y a aucun risque ? s'enquit-il auprès d'Izuku.

- Le risque zéro n'existe pas, admit Izuku. Mais à cette période de l'année, le niveau de la rivière est assez bas, et les rapides ne sont pas si dangereux.

- S'ils tombent et se cognent la tête, ils peuvent se noyer, même dans une flaque d'eau, fit remarquer Shoto.

Izuku ne répondit rien mais se crispa légèrement en reportant son regard émeraude sur le groupe de pêcheurs.

Torses nus, en shorts de bain et armés chacun d'une épuisette, Katsuki, Eijiro, Mezo, Mashirao et Denki pêchaient, les pieds dans la rivière. L'eau leur battait les mollets, et de petits poissons venaient leur effleuraient les orteils, faisant rire le chatouilleux Mashirao. Lui-même et Denki, prudents, s'étaient placés dans un endroit où le courant était moins violent, et les yeux rivés sur l'eau, tentaient d'attraper des poissons dans leurs épuisettes. Mezo et sa grande taille s'étaient installés un peu plus loin, dans un endroit plus profond mais tout aussi calme. Ayant abandonné l'épuisette, il tendait un filet entre ses nombreux bras pour attraper ce qui pourrait être une partie de leur futur repas du midi.

Un peu plus bas, le courant était plus fort, l'eau grondant joyeusement dans sa descente caillouteuse, les petits rapides se rejoignant pour n'en faire plus que trois, plus gros, avant une dernière descente un peu plus abrupte. Eijiro, un bandana noir noué autour de la tête, les deux pieds bien plantés dans le sol, faisait face au courant de l'un des trois rapides et plongeait son épuisette dès que son œil aiguisé percevait une proie.

En à peine quelques minutes, il remonta fièrement sa première prise.

- Hey ! Katsuki ! Mate ça ! s'exclama-t-il en se tournant vers le blond.

A quelques mètres de lui, Katsuki leva la tête et grogna :

- Ouais... Pas mal... Pour un débutant !

Kirishima s'offusqua et hurla sur son ami qui se contenta de lui rire au nez.

- Ok ! On va voir lequel de nous deux va ramener le plus gros, rugit Eijiro en tendant un doigt vindicatif vers le blond qui éclata de rire.

- Ok ! Mais si je gagne, tu devras porter mes sacs pendant une semaine !

- Et si je gagne tu devras être poli et aimable avec tout le monde pendant une semaine !

- Je suis toujours poli, bordel ! rugit Katsuki, faisant rire ses camarades qui n'avaient rien raté de la conversation.

- Deal ?

- Deal ! Prépare-toi à perdre, tête d'ortie !

Ochako secoua la tête, amusée par l'attitude des deux braillards. Les pieds trempant dans l'eau claire et tranquille du bassin au bord duquel elle était assise, elle observa les deux garçons s'agiter, exhibant fièrement leurs plus belles prises l'un à l'autre. Voyant les sourcils froncés d'Asui, elle lui demanda :

- Quelque chose ne va pas, Tsuyu ?

- Katsuki est à un endroit qui me semble dangereux, s'inquiéta la jeune femme.

Les yeux de tous ceux qui l'entendirent se tournèrent vers le blond. Il était effectivement très près de l'ultime petite cascade de ce coin de rivière. L'eau lui arrivait jusqu'à mi-cuisse et l'écume qu'elle formait autour de lui indiquait clairement que le courant était fort à cet endroit. Il suffirait d'une petite perte d'équilibre, ou de quelques pas en arrière, pour qu'il tombe et soit potentiellement emporté par le courant. Mais le blond ne semblait pas conscient du danger, toute son attention focalisée sur les poissons qui passaient à sa portée.

Inquiets qu'il n'arrive quelque chose de fâcheux, Asui et Izuku se levèrent dans un même geste et se précipitèrent vers Katsuki, passant d'un rocher à l'autre pour se rapprocher au plus près de lui. Tout se passa très vite, trop vite... Katsuki plongea son épuisette dans l'eau et la remonta dans la foulée. Mais son geste fut trop ample, le déséquilibrant. L'un de ses pieds glissa et le blond bascula en arrière.

- Kacchan ! hurla Izuku en se précipitant pour rattraper son ami.

Asui lança sa langue et l'enroula autour du poignet du blond qui déjà disparaissait de l'autre côté de la petite cascade. Izuku, arrivé sur les lieux en un temps record, sauta dans le vide pour saisir le blond, disparaissant à son tour aux yeux de ses camarades. Tous s'étaient levés, inquiets, mais se figèrent en entendant une voix bien connue rugir :

- Bordel Deku ! Qu'est-ce que tu fous ?!

D'un bond, Asui rejoignit un rocher surplombant la petite cascade où les deux jeunes hommes étaient tombés. Elle s'empressa de rassurer tout le monde, non sans avoir récupéré sa langue :

- Ils vont bien !

Un soupir unanime de soulagement résonna dans son dos, mais Asui n'y prêta pas attention, plus amusée par la scène qui se déroulait sous ses yeux.

Assis les fesses dans l'eau, ses deux mains serrées autour de l'épuisette qu'il tenait levée au-dessus de sa tête, Katsuki rageait sur son ami d'enfance qui était à califourchon sur lui. La tête légèrement baissée, Izuku semblait essayer d'expliquer la raison de sa présence sur les genoux de Katsuki. Vu les mouvements de ses lèvres Asui était sûre qu'il marmonnait plus qu'autre chose, ce qui, bien sûr, énervait un peu plus le blond.

Ce fut Eijiro qui mit fin à la scène en rejoignant Asui sur son rocher. Il hurla pour être bien entendu, malgré l'eau grondant fort à cet endroit.

- Oi ! Katsuki ! Izuku ! Ça va ? Rien de cassé ?

- Ça va, bordel ! Je suis pas en sucre, merde ! rugit Katsuki en réponse.

- Il a quand même fait une belle chute, fit remarquer Denki en arrivant à son tour.

Izuku se releva, se rendant compte de sa position et un peu gêné par celle-ci. Tournant les yeux vers Katsuki, il lui tendit machinalement la main pour l'aider à se relever. Les yeux rouges fixèrent sa main un court instant, puis une main calleuse se saisit de la sienne et il aida le blond à se relever. Les deux amis échangèrent un regard, Izuku ne pouvant retenir un sourire.

- Tss ! Crois pas que ça va devenir une habitude, grogna Katsuki en commençant à s'éloigner. Et arrête de toujours vouloir me sauver, bordel ! Je t'avais rien demandé !

- Désolé Kacchan ! rit Izuku.

- Et arrête de t'excuser ! Ça me saoule !

Izuku rit en emboîtant le pas de son irascible et trop fier ami. Ils rejoignirent la berge puis leurs camarades. Tous s'inquiétèrent de savoir s'ils s'étaient fait mal durant leur chute, Shoto demandant platement à Katsuki s'il n'avait pas trop mal aux fesses. Sa question resta cependant sans réponse, Hanta et Denki éclatant de rire dès qu'il eut fini de la poser. Éclat de rire qui leur valu de se faire traiter de pervers par Katsuki et Eijiro.

- Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle, ou de pervers, intervint Shoto. Tu es tombé sur les fesses et il y a des cailloux. Tu aurais très bien pu te faire mal en tombant sur un caillou pointu.

Les rires d'Hanta et Denki redoublèrent, discrètement rejoints par Mashirao et Mina. Voyant l'air dubitatif de Shoto, Minoru ricana en lui promettant de lui expliquer plus tard. Le regard perdu d'Izuku passait de l'un à l'autre sans comprendre non plus ce qu'il y avait de si drôle dans la question de son ami.

- Hey ! Katsuki ! C'est moi qui gagne ! s'exclama Eijiro en agitant fièrement un beau gros poisson aux yeux de tous.

A ses côtés, Mezo sortit du panier, où Katsuki avait déposé le fruit de sa pêche avant sa chute, un poisson sensiblement de la même taille, et le tendit vers Eijiro pour comparaison.

- Hmm... dit-il ses yeux passant d'une prise à l'autre. C'est pas si évident. Il va falloir les poser l'un à côté de l'autre et les peser pour être totalement sûr.

- C'est ta plus belle prise tête d'ortie ? ricana Katsuki. Alors prépare toi à porter mes foutus sacs pendant une semaine !

Puis, il plongea sa main dans l'épuisette, qu'il n'avait toujours pas lâché, extirpant un poisson deux fois plus gros que celui de son ami. Celui-ci le fixa bouche bée, puis, avec un sourire, admit sa défaite.

Le reste des prises fut étalé sur les rochers avant d'être préparé et mis à griller au-dessus d'un feu de camp allumé par Hanta et Yuga. Quand ce fut cuit, tous se regroupèrent autour et discutèrent gaiement en dégustant le fruit des efforts de leurs camarades. Izuku sortit son carnet et, juste sous la ligne de la vieille (Culture générale, art. Vainqueur : Katsuki.), il nota : Pêche. Vainqueur : Katsuki.

~oOo~

Koda tremblait, à deux doigts de pleurer, suppliant muettement ses camarades de faire preuve d'un peu de pitié. Il n'avait rien demandé lui ! Il ne voulait même pas vraiment participer. Alors oui, il se pliait docilement aux diverses activités décidées par les autres, mais lui n'avait aucune idée pour défier Katsuki. Il ne voulait pas défier Katsuki ! Il admettait sans mal que le blond était plus fort que lui dans tous les domaines. Il vivait très bien avec ça. Et non, ça ne l'intéressait pas trop de savoir s'il y avait un domaine où Katsuki était nul.

Mais voilà, quand on lui avait demandé quelle activité il pouvait proposer, il avait bêtement accepté que Katsuki change la litière et nourrisse son lapin, idée que les autres avaient suggérée. Sur le coup, ça lui avait semblé simple, pas dangereux, et sans risques pour lui. Mais voilà, on y était ! Et finalement, il n'était plus d'accord ! Les lapins étaient de petites choses fragiles et peureuses. Une simple frayeur pouvait leur provoquer une crise cardiaque et entraîner la mort de ces adorables bestioles. Et il ne voulait pas que son lapin meure !

Coincé sur le canapé entre Momo et Izuku, il ne pouvait que fixer l'écran d'ordinateur devant lui. Denki avait installé une webcam dans sa chambre pour que tous puissent s'assurer du bon déroulement du défi. Et ils étaient tous là, plus ou moins entassés les uns sur les autres autour de l'écran. Et lui tremblait de peur pour son lapin chéri. Et dire qu'il ne s'était absenté que quelques minutes pour aller jeter les poubelles. A son retour, ses camarades lui avaient appris qu'ils avaient envoyé Katsuki dans sa chambre. Il n'avait même pas retenu quels arguments ils avaient utilisés pour le convaincre. Il n'avait plus qu'une seule idée en tête qui le tétanisait : la mort annoncée de son fidèle compagnon, mal manipulé par un blond pas vraiment connu pour sa douceur et sa patience.

La porte de sa chambre s'ouvrit et ils virent Katsuki entrer dans la pièce. Denki se pencha pour augmenter le son afin de mieux entendre ce qu'il se passait. Koda frémit, sentant une larme traîtresse couler sur sa joue. Une main lui serrant le poignet attira son attention sur son voisin. Izuku lui sourit d'un air rassurant, et se pencha vers lui pour lui murmurer :

- Ne t'inquiète pas, ça va bien se passer.

Au troisième étage, Katsuki jeta un œil circulaire autour de lui. Il n'avait jamais mis les pieds dans la chambre de Koda, aussi était-il un peu curieux de voir à quoi elle ressemblait. C'était mignon... Voilà, une mignonne petite chambre... Une moue tordit sa bouche, mais il dût admettre que cela correspondait bien à son camarade. Ses yeux se posèrent sur le bac en plastique dans un coin de la chambre et il s'en approcha doucement.

- Bon, grogna-t-il pour lui-même, j'ai trouvé la litière. Commençons par ça.

Ouvrant la porte du petit meuble posé à côté de la litière, il y trouva de quoi la changer, comme Denki le lui avait indiqué. Il avait accepté de s'occuper du lapin de Koda. Pas par bonté d'âme non, mais juste parce qu'on ne lui avait pas laissé le choix. C'était vendredi soir, Koda était rentré chez ses parents pour le week-end, et tous les autres avaient des trucs hyper importants à faire. Il était donc le seul à pouvoir gérer le petit animal de compagnie.

Katsuki sortit un sac poubelle, le sac avec les copeaux de bois propre et la petite balayette, tout en grommelant sur l'irresponsable qui abandonnait sans le moindre état d'âme son lapin tout un week-end. Il vida la litière sale dans le sac poubelle, usant de la balayette. Constatant que le fond du bac était sali, il se leva et alla le laver dans la petite salle d'eau attenante à la chambre. Une fois sûr que c'était bien propre et bien sec, il remplit le bac de copeaux de bois propres. Il y ajouta une petite botte de foin avant de fermer le sac poubelle et de ranger le matériel dans le meuble.

Comme le lui avait indiqué Denki, la nourriture pour lapin était dans le tiroir au-dessus de la porte du meuble. Il trouva rapidement les gamelles, remit des granules dans l'une d'elle, des morceaux de carottes dans l'autre et changea l'eau de la troisième. Voilà, il avait fait ce qu'il fallait. Satisfait, il rangea tout et referma le tiroir. Fronçant tout à coup les sourcils, il jeta un œil autour de lui en marmonnant :

- Il est où ce foutu lapin, d'ailleurs ?

Se déplaçant lentement, il explora la chambre, cherchant à repérer l'animal aux grandes oreilles. Il le trouva finalement blotti sous le lit, le fixant de ses grands yeux craintifs. Avec un soupir, Katsuki s'assit à même le sol, à quelques pas du lit, ne quittant pas des yeux la bestiole. Et il attendit. Il savait que les lapins étaient froussards et fragiles. Aussi resta-t-il là, en silence, sans bouger, attendant que le lapin se décide de lui-même à sortir de sa cachette.

Dans la salle commune, tous retenaient leurs souffles.

- Mais qu'est-ce qu'il fait ? marmonna Minoru.

- Aucune idée, avoua Rikido.

- Je crois, souffla Koda d'une voix tremblante, qu'il attend que lapinou sorte de dessous le lit.

- Il ne sortira jamais, assura Denki. Il a trop peur...

Katsuki resta là durant de longues minutes, silencieux et attentif aux mouvements de la boule de poils. Un léger sourire étira ses lèvres quand un nez frémissant sortit tout doucement de sous le lit. Le nez fut suivi d'un museau, puis d'une tête ornée de deux grandes oreilles. Katsuki ne bougea toujours pas, laissant le lapin craintif sortir complètement de sa cachette. Tout doucement, le blond tendit sa main devant lui, paume vers le ciel. Puis, il attendit à nouveau.

- Il est sorti ! s'exclama Mina.

- Il essaye de l'attirer à lui, frémit Koda.

- Il veut peut-être le manger, suggéra Fumikage.

- Quoi ?! s'affola Koda.

- Mais non, le rassura Izuku. Kacchan ne ferait jamais ça.

Dans la chambre, ledit Kacchan laissa le lapin s'approcher de lui lentement. A chaque bond en avant, la petite bête s'arrêtait, le fixant longuement avant de faire un autre bond en avant. Finalement, le museau frémissant atteignit les doigts tendus vers lui, les reniflant, ses grandes oreilles bougeant avec intérêt. Doucement, Katsuki bougea sa main pour pouvoir caresser la petite boule de poils qui se laissa faire. D'un autre bond, elle se rapprocha même du blond qui la saisit avec douceur, la ramenant contre son torse.

Il prit bien garde de ne pas serrer sa prise, chacun de ses gestes étaient lents et doux. La petite bête se laissa faire, laissant l'adolescent l'installer sur son avant-bras replié contre son

torse. La seconde main vint caresser le petit corps poilu légèrement tremblant sous la paume puissante.

- Et ben toi, tu t'es fait attendre, tu sais ? marmonna Katsuki en câlinant l'animal. Voilà, calme toi. Je vais pas te bouffer.

Dans la salle commune, le silence régnait en maître. Le groupe d'adolescents agglutinés contre l'ordinateur fixait, incrédule, la scène qui se déroulait sous leurs yeux.

- Oh ! C'est trop mignon ! s'exclama Toru des cœurs plein les yeux.

Koda souffla de soulagement, rassuré. Son lapin ne mourrait pas dans d'atroces souffrances ! A ses côtés, il sentit Izuku sortir son carnet et il tourna les yeux vers lui. D'un hochement de tête, il transmit son accord à son camarade. Izuku écrivit donc : S'occuper du lapin de Koda. Vainqueur : Katsuki.

~oOo~

Le lendemain matin, il avait fallu expliquer à un Katsuki passablement agacé que Koda avait raté son train, et donc n'avait pas pu rejoindre ses parents pour le week-end comme prévu. Koda remercia chaleureusement son camarade pour s'être si bien occupé de son petit animal de compagnie, calmant un peu l'explosif blond. Il lui demanda même s'il voulait bien s'occuper de son lapin quand il serait obligé de s'absenter pour raisons familiales ou pour son apprentissage. Katsuki se contenta d'hausser les épaules ce que Koda prit pour une acceptation.

Mais Katsuki avait d'autres soucis en tête que de s'inquiéter de son futur rôle de lapin-sitter. D'un coup d'œil, il repéra Izuku et se dirigea vers lui. Celui-ci discutait tranquillement avec Ochako et Shoto quand son bras fut soudain saisi et tiré en arrière sans aucune douceur, ne lui laissant pas d'autre choix que de suivre son kidnappeur.

- Faut qu'on cause !

Reconnaissant sans mal la voix, mais surtout la douceur innée de son ami d'enfance, Izuku le suivit. Pas qu'il ait eu vraiment le choix d'ailleurs, son bras étant toujours prisonnier de la poigne du blond qui ne le lâcha qu'une fois arrivé dans la chambre du porteur du One for All. Katsuki poussa Izuku dans la pièce et ferma la porte derrière eux d'un claquement sec.

- Tu voulais quelque chose, Kacchan ? demanda Izuku, un peu inquiet devant la mine renfrognée de son ami.

- Uraraka, constellations, commença à énumérer Katsuki sans plus d'explications. L'autre Queue de lion, la méditation. Pikachu, son jeu débile sur l'art. Kirishima, la pêche. Jusque là, j'ai bon, non ?

- Hm, confirma Izuku en souriant.

- Par contre le délire avec le lapin hier soir, je vois pas, avoua Katsuki.

D'un regard, il exigea une explication qu'Izuku lui donna non sans sourire, amusé par l'attitude de son camarade.

- Koda n'avait aucune idée, c'est les autres qui ont suggéré que tu ne saurais pas y faire avec un petit animal tout doux, peureux et inoffensif.

- J'étais seul dans la chambre et j'ai vérifié que j'avais bien fermé la porte, contra Katsuki.

- Denki avait installé une Webcam, avoua Izuku.

- Et vous auriez fait quoi si ça avait mal tourné hein ?! grogna Katsuki. Les lapins, c'est trouillard comme pas permis et c'est super fragile ! Ça peut clamser d'un claquement de doigts ! Vous auriez fait quoi si ce foutu lapin m'avait claqué entre les pattes ? Devant l'autre là en plus ?

Izuku recula sous la puissance du regard furieux de son ami, son ton étant monté au fur et à mesure de son discours.

- Koda était d'accord, tu sais. Bon, il a eu un peu peur au début, mais je l'ai rassuré, expliqua Izuku. Je savais que ça se passerait bien !

- Toi, oui, mais les autres crétins, non ! rugit Katsuki. Évidemment que j'allais pas la tuer, sa bestiole ! Vous avez mis la vie de ce lapin en danger ! Devant les yeux de son maître en plus ! T'imagine si je détruisais tous tes goodies All Might devant toi ?! C'était débile comme idée ! Merde !

Izuku se mordit les lèvres pour ne pas rire mais Katsuki s'en aperçu et tonna :

- Pourquoi tu te fous de ma gueule, enfoiré ?!

- Tu prends la défense d'un lapin...

Et Izuku éclata franchement de rire. Jamais il n'aurait cru que son ami d'enfance se mettrait autant en colère pour défendre un petit lapin.

Comprenant le – léger – ridicule de la situation, Katsuki se calma et se laissa tomber sur la chaise installée devant le bureau de son nerd personnel.

- N'empêche que vous auriez eu l'air con s'il avait clamsé, rétorqua-t-il, histoire d'avoir le dernier mot.

- C'est vrai, admit Izuku. Mais jamais je n'aurais laissé faire si je n'avais pas été sûr que ça se passerait bien.

- Tsss... En plus, il m'a demandé de m'en occuper quand il n'est pas là, marmonna Katsuki. Genre moi, j'ai que ça à foutre que de m'occuper d'un lapin.

- Mais tu le feras quand même, répondit Izuku, son éternel sourire aux lèvres.

- Pas le choix. Je vais quand même pas laisser cette bande d'abrutis s'en occuper. Ils sont foutus de le tuer, eux.

Se relevant, Katsuki se dirigea vers la porte pour partir. La main sur la poignée, il se figea et, tournant juste la tête vers son ami d'enfance, il demanda :

- Y a encore des trucs débiles de prévu ce week-end ou je vais enfin avoir la paix ?

- Désolé, Kacchan, répondit Izuku. Mais hier c'était l'anniversaire de Mashirao et demain c'est celui de Yuga. Du coup, on a décidé d'organiser une petite fête, et il faut tout préparer pour ce soir.

Le lourd soupir de Katsuki le fit sourire un peu plus. Le blond cogna son front contre la porte, dépité, avant de souffler :

- Tout ?

- Faire les courses pour acheter les décorations, commença à énumérer Izuku. Acheter un cadeau pour chacun, préparer le repas, décorer la salle et bien sûr participer à la fête.

- Et je suis vraiment obligé de participer à tout ça ? grogna Katsuki.

- Oui, avoua Izuku.

- Et ça va se finir quand, votre merde, là ?

Mais seul le silence lui répondit. Katsuki décolla son front de la porte, et ouvrit celle-ci pour sortir de la chambre. Il allait la refermer derrière lui quand il entendit Izuku souffler :

- Je sais que tu peux le faire Kacchan.

- Evidemment, grogna-t-il en réponse avant de fermer le battant.

Enfonçant les deux mains dans ses poches, il se dirigea vers sa chambre. Vu le programme annoncé par Izuku, la journée s'annonçait longue. Autant profiter d'un peu de repos avant d'être embarqué de force par ses camarades.

Katsuki n'aimait pas les centres commerciaux, surtout le samedi matin quand il y avait un monde fou. Mais voilà, il avait été sorti de sa chambre sans avoir pu se défendre par Hanta qui l'avait littéralement ligoté pour le traîner avec les autres. Alors il était là, les mains enfoncées au fond de ses poches et traînant des pieds, au milieu de l'immense complexe commercial, à écouter vaguement ses camarades se répartir les tâches.

Personne ne lui demanda son avis, et il fut assigné au groupe chargé d'acheter de quoi faire des gâteaux pour le soir avec Rikido, Mezo, Izuku et Denki. Katsuki eu un rictus mauvais en rattrapant Eijiro alors qu'il allait s'éloigner :

- Toi, tu restes avec moi, décréta-t-il.

- Mais non, il doit venir avec nous pour acheter les cadeaux, protesta Mina.

Katsuki lança à la jeune fille un rouleau de billets et sans lâcher l'épaule de son ami daigna expliquer :

- Voilà ma part pour les cadeaux. Et lui, il vient avec moi parce qu'il a perdu et qu'il va donc me servir de porteur ! La semaine n'est pas finie !

- Quoi ?! protesta Ejiro. La partie de pêche, c'était samedi matin ! Ça fait une semaine !

- Sauf qu'elle s'est finie samedi midi, donc la semaine se termine ce midi et pas avant, décréta Katsuki d'un ton sans appel.

Vaincu, Eijiro tendit la cagnotte collectée pour les cadeaux à Mina et emboîta le pas de son ami qui tourna le dos au reste du groupe pour se diriger vers l'un des nombreux magasins spécialisés en pâtisserie.

- Vous voulez faire quoi comme gâteau ? demanda-t-il aux autres.

- Je pensais faire un cake avec de la crème, commença à expliquer Rikido, et un entremet aussi.

- On est vingt, fit remarquer Mezo, ça va suffire, deux gâteaux ?

- Yuga adore les pâtisseries françaises. On pourrait peut-être en faire une, suggéra Izuku.

- Oh oui ! Il m'a parlé d'un truc qui a l'air trop bon, s'exclama Denki enthousiaste. Des macarons !

- C'est très difficile à faire, avoua Rikido. Je les rate un coup sur deux.

- C'est pas grave, on achète de quoi en faire et si c'est raté tant pis, on prévoit un plan B, décréta Eijiro.

La discussion continua sur ce sujet, chacun donnant des idées aux autres, principalement à Rikido qui était chargé de la confection des desserts.

- Je vais avoir du mal à tout faire, finit par dire le pâtissier amateur.

- On va t'aider, annonça fièrement Denki. En plus, Katsuki gère en cuisine. Alors, en pâtisserie, ça devrait le faire, non ?

- La cuisine et la pâtisserie sont deux choses très différentes, le reprit Rikido. La pâtisserie demande bien plus de technique et de discipline que la cuisine. On ne fait pas un gâteau comme on fait des sushis. De très bons cuisiniers ne sont pas forcément de très bons pâtissiers.

Les membres du groupe dardèrent un regard amusé vers Katsuki qui marchait un peu devant eux, les mains dans les poches et en silence depuis le début. Celui-ci ne sembla même pas le sentir et s'engouffra dans le magasin sans les attendre. Ricanant en douce, les autres membres du groupe le suivirent, se dispersant dans les rayons pour trouver tout le nécessaire. Eijiro se vit fourrer un panier dans les mains et n'eut d'autre choix que de suivre le blond qui se dirigea vers le fond du magasin.

Vingt minutes plus tard, ils sortirent avec les sacs contenant leurs achats, Rikido énumérant ce qu'il leur manquait et Mezo cherchant déjà le prochain magasin. Ils s'y dirigèrent en discutant tranquillement, ignorant les regards curieux de certains passants sur leur petit groupe. Une exclamation aiguë retentit à proximité et trois enfants se précipitèrent vers eux.

- Mais si, lui là, s'écria un petit garçon en désignant Eijiro. C'est Red Riot !

- Ouah ! Trop la classe ! s'extasia un second gamin. Je peux avoir un autographe ?

Eijiro se plia docilement aux demandes de ses petits fans, un peu gêné d'être ainsi reconnu et alpagué. Le troisième enfant du groupe fixait Mezo d'un regard inquiet. Ce dernier ne broncha pas. Il avait l'habitude de faire peur aux enfants. Déjà tout petit à l'école, il effrayait ses camarades. Il avait fallu un peu de temps avant que ceux-ci ne comprennent qu'il n'était absolument pas méchant et cessent de le craindre.

Du coin de l'œil, il vit Denki pointer sa montre et lever un pouce en l'air, l'encourageant. Avec un soupir, il décida de se plier à la demande muette de son camarade. Se tournant vers le petit groupe de gamins, il attendit qu'Eijiro ait fini de signer les autographes, se demandant comment attirer l'attention des plus jeunes. Mais il n'en eut pas besoin. Le petit qui le fixait depuis quelques minutes, recula et se cogna dans l'un de ses camarades.

Les deux autres gamins se tournèrent vers le troisième, puis vers Mezo. D'un geste lent, ce dernier abaissa son masque, dévoilant une bouche monstrueuse et pleine de dents très pointues. Les trois bambins hurlèrent et partirent en courant, faisant rire Denki et ricaner Katsuki. Puis les cinq adolescents reprirent leur progression vers le magasin, Eijiro râlant après ses acolytes qui devraient se montrer plus gentils avec leurs fans.

En sortant du second magasin, ils avaient presque tout ce qu'il leur fallait. Ils se dirigèrent vers un troisième, Katsuki râlant déjà et les poussant à accélérer le pas. Denki vit arriver un groupe de quatre enfants qui courraient dans leur direction. Rapidement, il attira l'attention de Rikido, Mezo, Izuku et Eijiro sur le petit groupe qui fonçait tête baissée vers Katsuki.

Le choc était inévitable, et il fut brutal mais surtout bruyant. A peine les gamins eurent-ils bousculé Katsuki que celui-ci leur hurlait déjà dessus avec son air démoniaque. Les quatre gamins eurent tôt fait de repartir en criant et pleurant, fuyant le blond furibond qui continuait de les insulter vertement. Puis, le jeune homme reprit sa route, d'un pas énervé, ordonnant à ses camarades de "ramener leurs culs et plus vite que ça, bordel !".

Pendant que Katsuki arpentait d'un pas rageur les rayonnages du troisième magasin, ses quatre camarades se concertaient, tout en le suivant, inconscients que ce dernier les entendait.

- Non, mais il les a fait pleurer, argumenta Eijiro.

- Oui, mais Mezo a été plus rapide, contra Denki.

- Il y en avait quatre, alors que pour Mezo ils étaient seulement trois, rétorqua Izuku.

- Le nombre ne compte pas, riposta Rikido.

- Il a gagné, trancha Mezo.

Devant les regards interrogateurs de ses amis, il expliqua :

- Je n'ai fait peur qu'aux trois gamins qui m'ont vu. Lui, il a fait peur aux quatre sur lesquels il a crié, mais aussi à tous ceux qui étaient à proximité. Même les adultes ont eu peur de lui. Il est plus effrayant que moi. Il a gagné.

Denki soupira, mais se joignit aux autres pour admettre la victoire du terrifiant blondinet. Izuku s'empressa de noter la victoire de son ami dans son carnet, pendant qu'Eijiro rejoignait ledit ami pour jouer son rôle de porteur, valable encore pour quelques heures. Une fois sorti de la boutique, le petit groupe rejoignit la place centrale du centre commercial où il devait retrouver les autres, mais ils étaient les premiers arrivés.

Au bout de vingt minutes, Katsuki décida qu'il avait assez patienté et tourna les talons, enjoignant les autres à le suivre.

- On ne peut pas partir, Kacchan, contra Izuku. Les autres vont revenir et nous attendre.

- Envoie leur un message pour les prévenir, sale nerd, grogna Katsuki. Si vous voulez avoir le temps de faire tous les foutus gâteaux que vous voulez faire, on n'a pas de temps à perdre.

- Il n'a pas tort, admit Rikido. On en a pour plusieurs heures.

- Bon, j'envoie un message à Mina pour la prévenir. Elle préviendra les autres, décida Denki, son téléphone déjà en main.

Le petit groupe quitta donc le centre commercial, guidé au pas de charge par un Katsuki toujours aussi bourru, et regagna leur dortoir, discutant allègrement durant tout le trajet, râlant de temps en temps après Katsuki qui marchait devant d'un pas rapide en les pressant régulièrement. A peine arrivés à leur bâtiment, ils s'installèrent dans la cuisine et se lancèrent dans la préparation des diverses douceurs prévues pour le soir même. Rikido s'attela à la confection du rainbow cake, Denki le secondant avec une efficacité très discutable, mais avec beaucoup de bonne volonté.

De leur côté, Izuku, Eijiro et Mezo confectionnaient des cupcakes, suivant scrupuleusement la recette que leur avait donné Rikido. De temps en temps, ils jetaient un œil à Katsuki qui s'activait de son côté, en silence. Quand le reste de la classe les rejoignit finalement, ils avaient bien avancé dans leurs diverses préparations.

- Ouah ! Ça sent trop bon ! s'exclama Mina en se précipitant dans l'espace cuisine.

- Dégage ! rugit Katsuki. Tu gênes !

- Tu pourrais être un peu plus gentil, fit remarquer Rikido, les sourcils froncés.

- Non ! Elle va profiter qu'on ait le dos tourné pour piquer des gâteaux, rétorqua le jeune Bakugo.

Denki et Eijiro confirmèrent et poussèrent leur amie beaucoup trop gourmande en dehors de l'espace cuisine, l'encourageant à s'occuper plutôt de la décoration de la salle.

- Et dire qu'on a pensé à vous prendre à manger pour ce midi, se plaignit la demoiselle éconduite.

- C'est vrai ? s'exclama Denki ravi. J'ai super faim en plus !

Sans plus attendre, il se précipita sur Momo qui faisait la distribution.

Tous se regroupèrent pour avaler un rapide repas, riant et commentant leur matinée mouvementée. Tout en écoutant ses camarades discuter, Izuku jeta un œil vers la cuisine où seul Katsuki continuait encore à s'activer. Prenant le dernier sandwich restant, il se dirigea vers le blond.

- Tu manges pas ? s'enquit-il.

- Après, grogna Katsuki. Si j'arrête ça maintenant, ce sera raté.

Izuku ne dit rien mais s'installa en face du pâtissier et ouvrit le sandwich.

- Ouvre la bouche, ordonna-t-il en tendant le frugal repas vers son ami.

Ce dernier leva des yeux surpris, puis ricana :

- Tu comptes me donner la becquée Deku ?

- Si ça peut permettre que tu manges, alors oui, confirma Izuku pas du tout déstabilisé par le sourire moqueur face à lui.

Devant le regard suspicieux de son ami d'enfance, il précisa :

- Je te connais. Une fois que tu auras fini ça, tu feras autre chose et tu ne prendras pas le temps de manger. Du coup, en te donnant la becquée comme tu dis, je m'assure que tu manges sans interrompre ton activité. Alors, mange !

- Me donne pas d'ordre, rétorqua Kastuki avant de mordre dans le sandwich toujours tendu sous son nez. Et fait gaffe à pas m'en foutre dans ma préparation.

Izuku hocha la tête en signe d'assentiment et laissa le blond à son activité. Il resta assis face à lui, alternant entre manger son propre sandwich et tendre l'autre à Katsuki qui mordait dedans sans cesser de pâtisser.

- C'est la dernière bouchée, me mord pas la main, prévint-t-il en tendant l'ultime morceau au blond.

- Hm.

Le bout de ses doigts disparurent l'espace d'une demi-seconde entre les lèvres de son ami d'enfance, en même temps que le petit bout de sandwich qu'ils tenaient. Mais ils réapparurent intacts, sans la moindre trace de morsure.

- Tu veux autre chose ? demanda Izuku en se levant pour rejoindre le reste de la classe.

- De l'eau, répondit Katsuki.

Izuku se dirigea vers la table où étaient posées les diverses victuailles et se saisit d'une bouteille d'eau qu'il rapporta à Katsuki. Il vit les regards très amusés de ses camarades et ne comprit pas pourquoi ils le fixaient ainsi.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il à Ochako qui pouffait de rire.

Ce fut Asui qui lui répondit, un léger sourire sur les lèvres.

- C'est mignon que tu donnes à manger à Katsuki. Tu t'inquiètes vraiment pour lui.

- C'est mon ami, répondit Izuku ne voyant toujours pas ce qui semblait tant amuser le reste de la classe. C'est normal de s'inquiéter pour ses amis.

- T'es vraiment trop innocent, soupira Minoru dépité.

Son affirmation fut confirmée par les autres, sauf Shoto qui demanda :

- C'est en lien avec cette histoire de mal de fesses lors de la partie de pêche ?

L'éclat de rire fut général et surprit Izuku qui sursauta.

- Cette fichue salle va pas se décorer toute seule, bande de pervers ! rugit une voix bien connue de tous depuis la cuisine.

- C'est en lien avec la partie de pêche alors, conclut Shoto doctement avant de se faire entraîner par un Tenya rouge pivoine et un Mashirao hilare.

- Les garçons ont vraiment l'esprit mal placé, se lamenta Momo.

- Tu y as pensé toi aussi, se moqua Kyoka en riant.

Izuku cligna des yeux, ne comprenant pas le lien entre la partie de pêche, le repas de ce midi, le fait qu'il s'inquiète pour ses amis et les trucs de pervers. Il hésita à demander à Katsuki de lui expliquer, mais en le voyant une poche à douille à la main, concentré sur son ouvrage, il se dit que ce n'était peut-être pas vraiment le moment. Aussi se concentra-t-il sur la tâche actuelle : décorer la salle.

Quelques heures plus tard, la salle était décorée, tous les gâteaux étaient faits, et tout le monde était réuni autour de la table pour souhaiter un joyeux anniversaire à Mashirao et Yuga qui étaient ravis. Les présents furent distribués et déballés avec force rires et remerciements. Puis, ils se tournèrent vers les nombreuses pâtisseries qui les attendaient.

- Vous vous êtes surpassés, s'extasia Mashirao. Ils sont tous magnifiques et ont l'air super bons.

- Attendez, s'exclama Denki en voyant les mains se tendre vers la farandole de desserts. Qui a fait quoi ?

- En quoi c'est important ? grogna Katsuki.

- C'est très important, affirma Minoru d'un air sérieux.

- Primordial même, assura Toru.

- Essentiel, appuya Mina.

Katsuki fronça les sourcils et jeta un regard sévère à ses camarades. Mais tous affichaient le même air sérieux, quoique légèrement amusé pour certains. Haussant les épaules, il désigna les cupcakes colorés en premier :

- Les cupcakes c'est Deku, Mezo et Eijiro. Le cake en forme de tête de lion, c'est Rikido et Denki. Surtout Rikido.

- L'entremet aux fruits rouges et les financiers c'est Katsuki, reprit Rikido en désignant les deux desserts. L'entremet poire-chocolat c'est moi.

Le silence se fit autour de la table et tous se regardèrent.

- Bon, décida Momo. Il va falloir goûter !

Tous comprirent le sous-entendu : sur le visuel les deux pâtissiers étaient à égalité. Il fallait donc les départager en goûtant leurs œuvres.

- Il en manque un, fit remarquer Izuku, les yeux rivés sur la table.

- Comment ça ? s'enquit Ochako, traduisant ainsi la question que tous se posaient.

- Ce midi, pendant le repas, tu faisais autre chose, assura Izuku en plantant son regard verdoyant dans celui écarlate de son ami d'enfance. J'en suis sûr ! C'était ni les financiers, ni l'entremet. C'est où ?

Le sourire en coin de Katsuki lui confirma qu'il avait raison.

Sans un mot et sous les regards avides de ses camarades, le blond retourna en cuisine, ouvrit le frigo et en sortit un plat avec une cloche dessus. Lentement, il vint déposer le plat juste devant Yuga et, avant de déclocher, il précisa :

- J'ai cru comprendre que tu adorais ça, mais Rikido a avoué qu'il les ratait une fois sur deux. Ça tombe bien, moi, je les réussis à chaque fois.

Puis, d'un geste dramatiquement théâtral, il souleva la cloche, dévoilant une montagne de petits gâteaux parfaitement ronds et colorés.

- Des macarons ! s'exclama Yuga, des étoiles plein les yeux. Merci Katsuki !

Puis, sans attendre, il en enfourna un, tournoyant sur lui-même tout en s'extasiant sur le goût absolument délicieux du biscuit.

Les autres ne tardèrent pas à y goûter à leur tour, appréciant la délicate saveur de la spécialité française. Puis, les divers gâteaux furent découpés et distribués, chacun se régalant des douceurs qui enchantaient leurs papilles. Discrètement, Izuku se rapprocha de Rikido qui admit sa défaite en un sourire.

- Très fort le coup des macarons, avoua-t-il. En plus, ils sont super bons et parfaits.

Izuku écouta l'adolescent à l'alter sucré lui démontrer par A plus B la perfection des macarons réalisés par Katsuki, tout en notant dans son carnet : Pâtisserie. Vainqueur : Katsuki.

~oOo~

- C'était peut-être pas une si bonne idée que ça le karaoké, grimaça Tenya, les deux mains sur ses oreilles pour tenter d'assourdir les cris de Minoru.

- Comment tu voulais qu'on fasse autrement ? plaida Momo dans la même position que lui.

- On aurait dû interdire à Minoru de participer, soupira Toru.

- Ça aurait été méchant et injuste, contra Asui.

- Mais nos oreilles auraient préféré, avoua Mina.

Les gâteaux étaient entièrement dévorés, ou presque, et la soirée continuait dans la salle commune de la seconde A avec l'animation prévue : un karaoké. Ils étaient plusieurs à être passés déjà et c'était au tour de Minoru. Mais le jeune homme avait une voix criarde et il braillait plus qu'il ne chantait, rendant sa prestation atroce pour ses camarades. Ceux-ci avaient hâte qu'elle se termine et prévoyaient déjà la suite.

- Celle là, plaida Eijiro en pointant le doigt vers un titre en particulier sur la liste des chansons disponibles.

- Non, riposta Katsuki. Tu ne me feras pas chanter une chanson de gonzesse !

- Mais Katsuki, elle est vachement bien, argumenta l'adolescent aux cheveux rouges.

- Déjà que j'ai accepté de chanter, rugit Katsuki, tu me feras pas piailler comme une foutue fille même pas réelle !

Eijiro bouda un peu mais chercha une chanson susceptible de plaire à Katsuki.

- Pourquoi je ne peux pas choisir d'ailleurs ? râla celui-ci.

- Parce que c'est plus drôle quand c'est les autres qui choisissent, expliqua Kyoka, elle aussi penchée sur la liste. Tiens celle-là, elle t'irait bien.

- Je préférerai l'autre là, décréta le blond en pointant un autre titre.

Kyoka regarda le titre en question et sourit.

- Tu connais la version de Nightcore ?

- Évidemment, répondit Katsuki.

- Ok, alors tu chantes celle que j'ai proposé et après on se fait celle-là en duo si tu veux, proposa Kyoka.

- Ok, accepta Katsuki.

- Moi aussi je veux chanter avec toi, intervint Eijiro. Surtout que j'ai trouvé la chanson parfaite pour nous deux, regarde.

Katsuki sourit en voyant le titre désigné par son ami et hocha la tête en signe d'assentiment. Les cris de Minoru se turent et Kyoka poussa Katsuki vers la scène improvisée. Ce dernier soupira lourdement et prit le micro, se plaçant face à ses camarades, les yeux rivés sur le mur derrière eux où étaient projetées les paroles. La musique débuta et Katsuki prit une grande inspiration avant de commencer :

- Oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh ! Caught in a bad romance !

Sa voix grave, légèrement rauque, scotcha tout le monde. Kyoka qui avait proposé ce défi se mordit les lèvres, un peu déçue. Elle ne pensait pas que Katsuki savait chanter, ni qu'il avait une voix pareille. Elle pensait qu'il chanterait comme Eijiro : pas très juste avec une voix trop grave, trop rocailleuse. Bref, elle avait parié que rapidement tout le monde voudrait le faire taire. Mais elle s'était visiblement trompée. Elle frissonna, légèrement emportée par la voix du blond. Comme dirait son père : il avait une voix trop rock !

- I want your love and I want your revenge, I want your love, I don't wanna be friends. J'veux ton amour et je veux ta revanche, j'veux ton amour, I don't wanna be friends... I don't wanna be friends !

La voix puissante de Katsuki envahissait l'espace commun, son corps bougeant légèrement au rythme de la musique.

Face à lui, certains de ses camarades firent les chœurs, s'agitant eux aussi au rythme de la chanson. Quand celle-ci se termina, ils applaudirent avec enthousiasme et quand Kyoka rejoignit Katsuki sur la petite scène improvisée, ils les encouragèrent avec force cris et sifflements.

- Hé, protesta Minoru, pourquoi lui il a droit à deux fois de suite ?

- Parce que lui, il sait chanter, lui répondit Toru en riant.

La musique résonna et Kyoka commença seule, sa douce voix s'élevant, aérienne dans la pièce, accompagnant le piano.

- It starts with one... All I know... So Unreal... Watch you go... I tried so hard, and got so far... But in the end, It doesn't even matter...

Elle finit le premier refrain, et Katsuki prit le relai sur le second couplet, à mi chemin entre le chant et le rap. Kyoka l'accompagna en fond sur quelques phrases puis chanta le second refrain. La musique s'intensifia brutalement, et Katsuki fit le dernier couplet, sa voix puissante s'accordant parfaitement avec la musique envoutante.

Les deux chanteurs se sourirent, complices et rejoignirent leurs camarades qui les applaudissaient à tout rompre.

- Vous auriez dû faire un duo pour le festival, assura Mina.

- Et qui aurait joué de la batterie hein ? grogna Katsuki.

- N'empêche que ça aurait été trop classe, confirma Denki.

- Je suis d'accord, vos voix s'accordent vraiment très bien, intervint Fumikage.

Les prestations défilèrent, avec plus ou moins de brio. Katsuki esquiva avec succès les autres tentatives de le traîner sur scène, mais il ne put que suivre Eijiro quand celui-ci lui rappela qu'il avait accepté de chanter avec lui. Denki s'invita à la prestation de ses amis et éclata de rire quand il vit la chanson qu'Eijiro avait choisi.

- Très bon choix mec ! dit-il.

Les trois garçons prirent chacun un micro et lancèrent la musique qui surprit tout le monde par son rythme électro rapide et festif, proche de celle des boy's band. Ensemble le trio entama la chanson :

- Hypa hypa, you're pretty and I like you, Move your body girl all night long...

Puis Eijiro et Katsuki changèrent complètement de registre, passant d'une chanson électro-pop à un morceau plus proche du métal. Denki faisait les chœurs, un large sourire aux lèvres. Ils alternèrent les deux genres sans difficultés, avant d'attaquer une partie plus pop, chorégraphie à l'appui. Puis, retour du métal avant de finir sur le refrain.

Peu d'élèves connaissaient cette chanson aussi furent-ils très surpris par les changements de style de chant, mais le rythme était entraînant et festif et très vite, ils s'agitèrent, improvisant des chorégraphies. Ils réclamèrent la même chanson une seconde fois, et cette fois, ils étaient tous debout, chantant le refrain à tue-tête et copiant la chorégraphie qu'Eijiro, Katsuki et Denki exécutaient.

La soirée se termina tard, et quand Izuku rejoignit sa chambre, il sortit son carnet et écrivit : Chant. Vainqueur : Katsuki. Un sourire étira ses lèvres au souvenir des prestations de son ami d'enfance et surtout aux airs choqués de leurs camarades. Ils étaient tous persuadés que le blond ne savait pas chanter et avait une voix pourrie. Izuku s'était bien gardé de les contredire. Il songea un instant que ce n'était pas très juste pour ses amis, avant de chasser cette pensée. Après tout, Katsuki ne savait jamais ce qui l'attendait non plus, donc la balance était respectée. Il n'y pouvait rien si Katsuki savait tout faire.

~oOo~

Le lundi matin, Aizawa vit débarquer Hanta et Shoto dans la salle des professeurs. Avant même que les deux étudiants n'ouvrent la bouche, il leur demanda :

- Vous voulez faire quelles activités ?

Après avoir entendu la réponse de ses élèves, il réfléchit un instant, puis acquiesça.

- Je peux vous organiser ça pour demain après-midi pour toi Sero, et vendredi après-midi pour toi Todoroki. Ça vous va ?

- Ce sera parfait, merci beaucoup Aisawa-sensei, dirent les deux élèves en s'inclinant.

Ils allaient repartir quand Aizawa les interpella.

- Alors, ça donne quoi, cette enquête ?

Les deux garçons se regardèrent, Hanta grimaça et Shoto répondit d'un ton atone :

- On cherche encore.

- Ah, fit Aizawa amusé. Il est si bon que ça ?

La mine dépitée des deux adolescents fut leur seule réponse, le faisant sourire un peu plus.

Il laissa ses deux élèves partir sans rien dire de plus. Quand il arriva dans sa classe un peu plus tard, il regarda Midoriya avec intérêt. Il était certain que le jeune homme avait la réponse à la question que se posait toute la classe. Il était aussi plus que certain qu'il ne dirait rien. L'étrange relation des deux amis d'enfance le captivait. Entre rivalité, confiance, loyauté et complicité, ses deux là semblaient plus proches qu'il ne l'aurait cru au premier abord.

Oh, il avait bien compris que les choses n'avaient pas toujours été faciles entre eux deux. Il avait bien vu, au début de l'année, les regards chargés d'animosité de l'un et les tremblements de l'autre. Oui, ces deux-là avaient clairement un passé chargé. Malgré ça, Midoriya avait plus d'une fois prouvé l'importance qu'avait Bakugo pour lui. Le professeur devait bien admettre que cette relation, qui semblait à sens unique et si déséquilibrée, l'avait fortement inquiétée au début. Et puis les deux adolescents avaient réglé leurs comptes, et il avait vu le changement entre eux. Et ce changement l'avait rassuré.

Le lendemain après-midi, il expliqua le cours du jour à ses élèves surpris par les installations présentes dans le gymnase.

- Aujourd'hui, ce sera Sero votre professeur. Comme vous pouvez le voir, il s'agira d'exercices inspirés des arts du cirque. Principalement des acrobaties aériennes ou au sol. Cela vous fera travailler vos déplacements dans les airs, ainsi que votre souplesse et votre équilibre. Evidemment, l'utilisation des alters est interdite.

Puis, il alla s'adosser au mur du gymnase, curieux de voir comment ses élèves allaient s'en sortir.

Le sol du bâtiment était recouvert d'épais tapis et du plafond pendaient de longs rubans blancs. Quelques mètres au-dessus du sol, un fil était tendu entre deux plateformes et, un peu plus loin, deux trapèzes se faisaient face. Hanta conseilla à ses camarades de se déchausser, et commença à leur faire faire des étirements pour s'échauffer.

- Vous allez passer chacun votre tour sur les tapis et faire les figures que vous voulez, expliqua-t-il. C'est juste pour évaluer votre niveau et ne pas vous demander des choses que vous ne savez pas faire d'entrée de jeu.

Tous suivirent les instructions du jeune homme, défilant les uns après les autres sur le tapis pour effectuer diverses acrobaties. Si certains avaient un bon panel de sauts et autres figures à leurs actifs, pour d'autres ce fut bien plus compliqué, leurs connaissances dépassant difficilement le stade de la roulade avant. Katsuki fut le dernier à passer, tous ses camarades ne le quittant pas des yeux, curieux de le voir à l'œuvre.

Ils se doutaient tous que le blond devait être bon au sol et savaient tous que l'intérêt principal de l'activité était ailleurs, mais ils étaient quand même curieux de voir. Katsuki s'élança, enchaînant sans efforts apparents des figures plus ou moins complexes, des sauts divers et variés, grands écarts facial et latéral. Il avait une sacrée détente, à peine touchait-il le sol qu'il rebondissait dans les airs à une hauteur impressionnante.

Quand il eut fini sa prestation, tous applaudirent et Hanta le félicita, non sans lui dire :

- Je suis curieux de voir ce que ça donne dans les airs.

Katsuki fronça les sourcils et haussa les épaules sans répondre. Hanta reprit alors le cours, expliquant aux autres comment faire telle ou telle figure, les aidant pour exécuter certains mouvements difficiles.

Au bout d'un long moment, il décida de passer aux acrobaties aériennes. Marcher sur le fil tendu à plusieurs mètres du sol fut très facile pour certains, beaucoup plus difficile pour d'autres. Minoru finit en larmes, accroché au filin comme un paresseux, refusant de bouger d'un centimètre de plus. Hanta usa de son alter pour lui faire regagner la terre ferme, le félicitant pour avoir essayé malgré tout.

Les trapèzes furent une autre paire de manches. Si en effet se balancer sur un trapèze et y faire le cochon pendu ne posait pas de problèmes particuliers aux élèves, sauter d'un trapèze à l'autre s'avéra bien plus compliqué pour bon nombre d'entre eux. Surtout quand Hanta les encouragea à faire des figures entre les deux. Suspendu par les genoux à l'un des trapèzes, il se chargeait de réceptionner ses camarades, devant parfois user de son alter pour leur éviter la chute.

Debout sur la plateforme, le trapèze en main, Izuku déglutit difficilement. Il ne le sentait pas. Pas du tout même. Oh, il avait confiance en Hanta pour le rattraper. Mais c'était quand même super haut. Prenant son courage à deux mains, il s'élança, se balançant rapidement. En face, Hanta l'encouragea à sauter. Mais Izuku eut beau se répéter qu'il pouvait le faire, il n'y arriva pas. Le trapèze cessa de se balancer et il resta immobile, ses mains serrant fortement la barre d'appui.

- C'est pas grave Izuku, le rassura Hanta. Je vais te ramener à la plateforme.

Une fois de retour sur la plateforme, Izuku soupira, dépité. Il n'avait pas particulièrement le vertige, mais se jeter dans le vide en espérant que quelqu'un le rattrape, c'était un peu trop hasardeux pour lui. Mais il était déçu de lui-même. Même Minoru avait réussi ! Bon, il n'avait fait aucune figure et avait hurlé qu'il allait mourir. Et sans l'alter d'Hanta, il serait effectivement mort, écrasé comme une crêpe au sol. Mais, il avait lâché le trapèze.

Un mouvement sur la plateforme d'en face attira son attention et il vit Katsuki discuter avec Hanta. Le blond se saisit du trapèze et s'élança, balançant l'agrée avec force. Puis, il fit remonter ses pieds sur la barre de bois, les cala sur les coins avec les cordes, et lâcha ses mains, se balançant la tête en bas, tenu uniquement par ses pieds.

- Oi ! rugit-il. Ramène toi, sale nerd !

Izuku sentit un poussée d'adrénaline monter en lui. Il pouvait le faire ! Oui, il pouvait le faire ! Sans réfléchir, il s'élança, tenant le trapèze dans ses mains. Il usa de tout son corps pour se balancer, ses yeux rivés sur Katsuki, inconscient que le blond ralentissait ses mouvements pour se caler sur les siens.

- Maintenant !

La voix de Katsuki claqua dans l'air et Izuku obéit immédiatement, lâchant la barre pour se jeter sur les bras tendus vers lui. Durant ce qui lui sembla une éternité, il vola ou chuta, il ne savait pas trop. Mais avant même qu'il n'ait le temps d'avoir peur, deux mains calleuses agrippèrent ses poignets, le rattrapant en plein vol. Instinctivement, ses propres mains accrochèrent les poignets du blond et ils se balancèrent quelques minutes dans cette position, les mouvements faiblissant.

Une fois immobile, Izuku leva la tête, tombant sur le visage rougit par l'effort de Katsuki.

- Attrape la barre, ordonna celui-ci.

Et usant de ses abdos et de ses bras, il remonta Izuku jusqu'à ce que celui-ci puisse se saisir de la base du trapèze. Une poussée sur ses jambes l'incita à s'y hisser et s'y asseoir. Il eut à peine le temps de se demander comment son ami allait lui-même remonter, que celui-ci était déjà debout sur la barre, un pied de chaque côté de lui.

Quelques balancements plus tard, ils étaient sur la plateforme, Hanta tenant l'agrée pendant qu'ils en descendaient. Izuku avait les jambes tremblantes et fut ravi de retrouver le plancher des vaches, même s'il était très fier d'avoir finalement réussi. Il ne vit pas les regards légèrement moqueurs de ses amis, ni n'entendit Denki souffler "Kacchan Power" en riant. Il avait réussi et c'était tout ce qui lui importait à l'heure actuelle.

Après les trapèzes, Hanta leur apprit à faire des acrobaties avec les rubans. Et si grimper le long de morceaux de tissus ne posa de problème à personne, malgré toute sa bonne volonté et sa patience, le lycéen eut bien du mal à leur faire faire autre chose que s'emmêler dans les rubans. Katsuki se moqua d'ailleurs ouvertement de Fumikage quand celui-ci se retrouva totalement saucissonné dans la bande de tissus.

Aizawa qui n'avait rien raté du cours et des prestations de ses élèves, finit par intervenir en proposant qu'Hanta et Katsuki fassent une démonstration de leurs talents d'acrobates avec un ruban.

- Pourquoi moi ? pesta Katsuki.

- Parce que tu es le seul qui n'a pas encore touché aux rubans, décréta Aizawa. Et comme tu sembles t'en sortir plutôt bien par ailleurs, je suppose que tu sais faire.

Hanta adressa un immense sourire à son professeur pendant que Katsuki faisait une moue clairement peu engageante. Sûr de lui, Hanta commença. Les rubans, c'était son truc. Il avait longuement pratiqué pour apprendre à maîtriser son alter sans s'emmêler dans son propre scotch. C'était pour cette raison qu'il avait pensé à ce défi pour Katsuki. Ne pas se retrouver coincé parce qu'emmêlé dans le tissu demandait des années de pratique. Il était sûr de gagner son pari.

Mais quand Aizawa annonça la fin du cours, Hanta avait largement déchanté. La prestation de Katsuki avait été époustouflante : digne des plus grands numéros de cirque. Pas la moindre erreur, pas la moindre anicroche, rien à redire. Parfait de bout en bout. Même des figures que lui-même ne maîtrisait pas totalement, le blond les avaient réussies avec une aisance frôlant l'insolence. Bon joueur, il reconnut sa défaite et sourit en voyant Izuku noter dans son carnet : Acrobaties. Vainqueur : Katsuki.

~oOo~

- Vous êtes sûrs ? demanda Momo d'un ton inquiet. En plus, il va y avoir un orage.

- Raison de plus, assura Eijiro avec enthousiasme. Ce sera encore mieux !

- J'ai choisi mes deux films préférés, répondit Fumikage.

Momo soupira et prit place dans le canapé avec ses autres camarades.

- Deux films ? intervint Tenya. Nous sommes mercredi soir et on a cours demain, je ne suis pas sûr qu'il soit judicieux de regarder deux films.

Tenya se fit huer par certains des élèves, ravis, eux, d'avoir une excuse pour veiller tard.

- Ils sont assez courts, précisa Fumikage. Ceci dit, je n'oblige personne à regarder les deux.

A peine eut-il prononcé ces mots que Katsuki se leva du fauteuil où il était assis, prêt à quitter la pièce. Mais il fut rattrapé par Denki qui lui sauta dessus en criant :

- Tu dois regarder le premier quand même !

Katsuki soupira et laissa son ami l'entraîner vers le canapé, se retrouvant coincé entre le bond électrique et Izuku. Pour éviter toute future tentative de fuite, Eijiro s'assit à même le sol devant lui.

- Allez, ça va être fun, assura l'adolescent aux cheveux rouges.

- C'est quoi comme film ? grogna le blond prisonnier de ses amis.

- J'ai choisi The grudge et Le cercle, répondit Fumikage. Lequel vous voulez en premier ?

- Lequel fait le moins peur ? demanda Toru d'une toute petite voix.

Devant la mine dubitative du porteur de Dark Shadow, la jeune fille invisible, se blottit contre sa voisine Ochako qui n'était pas plus fière qu'elle. Après discussions, Fumikage lança The grudge, mettant immédiatement sur pause. Avant de s'installer avec ses camarades devant l'écran de télévision, il alla éteindre la lumière de la salle commune, plongeant la pièce dans l'obscurité la plus totale.

Amusé, il observa la manière dont les filles, hormis Asui, se blottirent les unes contre les autres et contre leurs voisins immédiats. Il prit place entre Shoto et Hanta, puis s'assurant que tout le monde était prêt, lança le film. Dès les premières minutes, l'ambiance angoissante du film fit frissonner les plus sensibles des adolescents, le tonnerre grondant à l'extérieur n'arrangeant rien.

Puis, la petite fille fit son apparition avec son cri si particulier et anxiogène. Au même moment, un éclair déchira le ciel à l'extérieur, illuminant la pièce de sa lumière fantomatique. Les filles crièrent et se cachèrent les yeux, augmentant l'angoisse des garçons que le film effrayait. Ainsi, Katsuki se retrouva brutalement les deux bras prisonniers de poignes puissantes et tremblantes, Denki et Izuku ayant visiblement décidé de s'y accrocher.

Assis aux pieds de Katsuki, Eijiro recula jusqu'à sentir les jambes de son ami dans son dos. Les yeux rivés sur l'écran, il tâtonna pour lui attraper une cheville et il s'y accrocha de toutes ses forces. Les films d'horreur l'amusaient en général, mais celui-là, pas du tout. Il admettait, en son for intérieur, qu'il n'était pas fier, pas du tout même. Et l'orage dehors ne l'aidait absolument pas à sortir de l'ambiance angoissante et glauque du film.

Fumikage eut un sourire et jeta un œil sur l'assemblée. Habitué à l'obscurité, il y voyait très bien et la lumière diffusée par l'écran de télé suffisait amplement à ce qu'il puisse voir les réactions de ses camarades. Et celles-ci l'amusaient beaucoup. Les filles se tenaient toutes blotties les unes contre les autres avec au centre de l'amas humain une Asui imperturbable. Il en fallait plus que ça pour impressionner la jeune fille à l'alter grenouille.

Koda, Rikido et Minoru se servaient des bras cloneurs de Mezo pour se cacher la vue, leur camarade se laissant faire, placide. Yuga avait atterri sur les genoux de Tenya et regardait le film du coin de l'œil, ses deux bras autour du cou du délégué, son visage se nichant entre ses bras toutes les deux secondes. Tenya n'en menait pas large non plus, l'une de ses mains crispée sur le dos de son squatteur personnel, et l'autre agrippant le pantalon dudit squatteur.

Serrant sa queue dans ses bras, Mashirao ne laissait voir que l'un de ses yeux, le reste de son visage masqué par son cinquième membre. Shoto semblait impassible, mais en y regardant de plus près, Fumikage remarqua qu'il avait les yeux un peu trop écarquillés et que ses mains serrées l'une contre l'autre tremblaient un peu. Hanta n'était guère mieux. Le jeune homme ressemblant à un oiseau chercha du regard celui qui l'intéressait vraiment. Celui qu'il espérait faire craquer ce soir...

Il le trouva et manqua d'éclater de rire devant la scène qu'il offrait. Katsuki Bakugo semblait littéralement submergé. On ne voyait plus que ses yeux qui lançaient des éclairs meurtriers à l'innocente télé. Les prunelles écarlates et furibondes croisèrent les siennes et Fumigake comprit qu'il avait perdu. Et qu'il risquait de mourir dans d'atroces souffrances s'il avait le malheur de proposer à nouveau ce genre d'activité à ses camarades.

Oui, il avait perdu. Il avait espéré, sans trop y croire non plus, qu'un bon film d'horreur un soir d'orage effraierait un tant soit peu le blond. Oh, il ne s'attendait pas non plus à une réaction aussi vive que celle de Koda ou des filles, mais il espérait quand même une réaction assez semblable à celle de Shoto : discrète, mais bien présente. Mais Katsuki ne semblait absolument pas effrayé. Pas du tout même. Au vu de son regard, il semblait même furieux, mais pas contre le film.

Discrètement, Fumikage sortit son téléphone et prit une photo. Le flash ôta toute discrétion à son geste, mais fit hurler de terreur quelques uns de ses camarades. Il admira son œuvre, conscient du regard lui promettant mille morts que lui lança un blond en détresse. Sur la photo, Katsuki était parfaitement identifiable de même que les trois sangsues collées à lui. Très amusé, il envoya la photo via un message groupé à tous ses camarades de classe et même à Hawks, son mentor. Il ne doutait pas que le héros pro se ferait un malin plaisir de transmettre cette photo à tous ceux connaissant les quatre adolescents.

Dans le canapé, Katsuki enrageait en silence. Le film était sympa mais il l'aurait bien plus apprécié s'il n'avait pas été cerné par des pots de colle. Le film n'en était pas encore à la moitié et il avait Izuku accroché à son bras droit, sa tête nichée sur son épaule droite, et Denki dans la même position du côté gauche. Bref, il avait deux koalas tremblants contre lui, qui l'immobilisaient totalement.

Il pouvait dire très précisément les scènes que regardaient ses deux sangsues rien qu'au mouvement de leurs têtes et au nombre de fois où leurs cheveux lui avaient fouetté le bas du visage. Il avait les bras ankylosés tant ils étaient serrés par les deux autres. Il avait dû batailler juste pour pouvoir les croiser sur son torse ! Et bien sûr, l'avant de son tee-shirt était tellement agrippé par ses deux amis qu'il était sûr qu'ils allaient y faire des trous.

Et ça, ce n'était que pour la partie haute de son corps. Le bas n'était guère en meilleure posture. Il ne savait pas comment mais Eijiro avait réussi à se glisser entre le bas du canapé et ses jambes. Il avait réellement les jambes sur les épaules de son camarade. Le jeune homme aux cheveux rouges tenait ses mains serrées sur les mollets du blond, qui sentait ses genoux s'entrechoquer quand Ejiro les rapprochait vivement pour se cacher derrière. Katsuki avait bien tenté de se libérer de l'emprise des trois glues, mais en vain. Il avait finalement abandonné la bataille et regardait le film, essayant de faire abstraction des couinements et autres exclamations terrifiées d'Izuku et Denki, et du fait qu'Eijiro semblait prendre ses genoux pour des castagnettes.

Le film se termina et Fumikage ralluma la lumière. Enfin, essaya. Car ce fut le moment précis que l'orage choisit pour redoubler, faisant sauter les plombs et privant le bâtiment d'électricité.

- On va tous mourir, pleura Toru en serrant Momo contre elle.

- Hm, tenta Tenya, peu convaincu. Il suffit de prendre les escaliers au lieu de l'ascenseur et chacun d'entre nous pourra regagner sa chambre.

La proposition ne convainquit pas la majorité qui décida qu'il était plus prudent et plus sécurisant de rester tous ensemble dans la salle commune. Tenya n'étant lui-même pas très fier, se plia à la décision de la majorité.

- Bon, vous allez me lâcher, les pots de colle ! rugit Katsuki en essayant de se libérer de l'emprise dont il était prisonnier.

- Mais Katsuki... pleurnicha Denki. Reste avec nous !

Le blond réussit finalement à se lever et se dirigea d'un pas rapide vers les escaliers. Mais avant qu'il ait pu franchir la porte, ses bras furent à nouveau emprisonnés.

- Mais vous allez me lâcher, oui ?! pesta-t-il à l'attention de Denki et Izuku qui l'avaient rattrapé.

- Moi, je reste avec toi, expliqua Denki tremblant. T'as pas eu peur et si jamais cette fille arrive, tu pourras l'exploser.

Izuku se contenta d'hocher la tête avec conviction, montrant ainsi qu'il partageait le point de vue du blond électrique.

- Bordel, grogna Katsuki, vous me faites chier, putain !

S'il ne chercha pas à dégager ses deux sangsues, il leur fit quand même âprement remarquer que sans ses mains, il ne risquait pas de pouvoir faire un peu de lumière pour voir où ils mettaient les pieds. Les trois garçons disparurent dans l'escalier, laissant le reste de la classe encore terrifié dans la pièce commune. Mais ils revinrent quelques minutes plus tard, les bras chargés de couvertures et d'oreillers.

- Le premier qui ronfle, je l'explose, c'est clair ! tonna Katsuki en distribuant son chargement.

Quand bien plus tard, au beau milieu de la nuit, Aizawa vint pour s'assurer qu'il n'y avait pas de dégâts particuliers à cause de l'orage et que l'électricité était bien revenue, il se figea un instant devant le spectacle. Allongés comme ils pouvaient, parfois dans des positions improbables, ses élèves dormaient tous ensemble dans la pièce commune. Amusé, le professeur s'approcha en silence pour mieux profiter de la vue.

Au pied d'un fauteuil, Asui dormait sur le dos, son corps entier servant d'oreiller et de doudou à ses camarades féminines. Mina lui tenait un pied, Toru semblait se blottir contre l'un des bras de la grenouille, Momo faisant de même avec l'autre. Kyoka avait la tête posée sur le ventre de sa camarade et Ochako serrait contre elle la seconde jambe non utilisée par Mina.

Sur le fauteuil, Mezo servait de matelas à Minoru et d'oreillers à Koda et Rikido, chacun d'eux recroquevillés sur un accoudoir. Tenya et Yuga se partageaient le canapé, le blond étincelant littéralement allongé sur son camarade. Ledit blond tenait dans ses bras la queue de Mashirao qui dormait sur le même canapé, la tête à l'opposé des deux autres. La couette qui les couvraient empêchait Aizawa de voir à quel point les trois paires de jambes devaient être emmêlées.

Par terre, à côté du canapé, couché sur le dos, Katsuki dormait, Izuku blotti contre lui d'un côté, et Denki, en étoile de mer, la tête posée sur l'épaule du blond explosif de l'autre. Ejiro complétait le tableau, couché à plat ventre, la tête sur les cuisses de Katsuki et ses fesses cachées par les jambes de Denki. Les deux couettes supposées les couvrir avaient glissées et dévoilaient ainsi la position peu orthodoxe des quatre garçons.

Se tournant vers le dernier fauteuil occupé, Aizawa sourit en voyant que Shoto et Hanta dormaient, appuyés sur Fumikage qui ne pouvait plus bouger. Constatant que ce dernier était réveillé, Aizawa demanda :

- Pourquoi ?

- Film d'horreur un soir d'orage, avoua Fumikage. Plus d'électricité... L'obscurité en effraie beaucoup.

Jetant un dernier regard à ses élèves, Aizawa soupira :

- Ça mériterait des photos...

- J'en ai pris, avoua Fumikage. Je vous les enverrai si vous voulez.

- Comment as-tu pu prendre des photos sans bouger d'ici ?

- Dark Shadow...

~oOo~

Rassemblée devant le gymnase, la seconde A attendait les instructions de son professeur principal.

- Vous allez vous mettre en tenue de sport et vous trouverez des patins à glace à vos tailles dans les vestiaires, expliqua celui-ci. Cet après-midi, ce sera Todoroki votre professeur. Vous ne pouvez pas toujours décider des lieux où vous serez amenés à intervenir. Savoir vous déplacer sur la glace pourra toujours vous être utile. Les alters sont bien sûr interdits.

Il laissa ses élèves se changer, lui-même entrant dans le bâtiment pour s'installer sur les petits gradins installés pour l'occasion. C'était Shoto qui avait transformé le sol du gymnase en patinoire, Aizawa se contentant de faire installer les petits gradins et une barre le long de l'un des murs pour les moins téméraires ou peu doués. Profitant du fait que ses élèves se changeaient, il sortit son téléphone, lisant les derniers messages qu'il avait reçus après avoir partagé les photos prises deux jours plus tôt avec ses collègues et connaissances. Endeavor, Hawks, Fat Gum, Ryuko et Mandalay ne s'étaient pas privés de commenter lesdites photos avec humour.

La porte des vestiaires s'ouvrit et les élèves envahirent la patinoire. Dès les premiers pas, il fut évident que l'exercice était périlleux pour certains et Shoto prit rapidement son rôle de professeur à cœur. Pendant que l'adolescent expliquait le B.A BA du patinage à certains, les autres en profitaient pour glisser avec plus ou moins d'aisance sur la patinoire. Ainsi Denki, très à l'aise, guidait Kyoka et Fumikage qui l'étaient un peu moins. Tenya faisait la course avec Eijiro et Minoru. Et Mina et Yuga discutaient tranquillement en arpentant la surface glacée.

Aizawa repéra Katsuki, adossé le long d'un mur, les bras croisés. Le blond ne semblait pas vouloir participer plus que nécessaire à l'activité du jour. Une moue boudeuse sur le visage, il regardait Shoto expliquer à Hanta et Asui comment pousser sur leurs jambes pour avancer sans tomber. Momo suivait avec attention les conseils d'Izuku pour réussir à tenir debout, et Ochako et Koda essayaient de convaincre Mezo de lâcher la barre qui longeait le mur.

Peu à peu, les moins assurés prirent de l'assurance et, finalement, tous les élèves évoluèrent sur la glace à une allure plus ou moins rapide. Seul Katsuki resta en retrait, attirant l'attention de Shoto qui l'interpella :

- Katsuki ? Tu te joins à nous ?

- Pourquoi faire ? rétorqua le blond. Faire des tours juste pour le plaisir ? Non merci.

- Si tu ne sais pas patiner, je peux t'apprendre, assura Shoto tout en se rapprochant du blond.

Ce dernier ricana et lança d'un ton hargneux :

- Pas savoir patiner ? Tu te fous de ma gueule ? Je suis sûr que je me démerde même mieux que toi, Double-face !

- D'accord, répondit Shoto, saisissant l'occasion. Je te propose qu'on fasse la course : d'un bout à l'autre du gymnase.

- Aller-retour, exigea le blond, avec le retour en arrière !

Shoto accepta et les deux garçons allèrent se placer à un bout de la patinoire. Les autres élèves dégagèrent l'espace, regagnant les gradins. Seuls restèrent sur place Tenya pour donner le départ et Eijiro à l'autre bout pour s'assurer que les deux adolescents toucheraient bien le mur avant de partir en marche arrière. Le top départ fut donné et les deux patineurs filèrent à toute allure. Katsuki toucha le mur du fond une demi-seconde avant Shoto et ils refirent le même chemin mais en marche arrière. Ce fut Katsuki qui l'emporta de peu, Shoto le talonnant de près.

Estimant que cela ne suffisait pas à les départager, tous deux se lancèrent dans une série de pirouettes, chacun refaisant celles de l'autre avant d'en proposer d'autres. Ils se valaient. Shoto était plus léger que Katsuki, mais ce dernier compensait ce handicap avec une bien meilleure détente. Katsuki eut un sourire démoniaque en finissant de tournoyer dans les airs, atterrissant sur un seul pied comme l'avait fait Shoto quelques secondes auparavant.

Sans attendre, il prit de la vitesse puis s'accroupit légèrement avant de faire des sauts, détendant ses jambes devant lui, pour se réceptionner, toujours accroupi, ses fesses ne semblant pas remonter de leur position pourtant très basse. Il fit quatre sauts d'affilés ainsi et se releva tout en défiant du regard Shoto d'en faire de même. L'adolescent au double alter cacha son mécontentement devant cette figure qu'il n'avait jamais vue et encore moins essayée.

Mais il releva le défi et s'élança. Malheureusement, dès sa première tentative, il atterrit sur les fesses, provoquant un rire moqueur de son adversaire. Il se releva en soupirant et admit sa défaite à voix haute avant de se tourner vers le blond, les sourcils froncés :

- Puisque tu sais si bien patiner, pourquoi tu n'as pas aidé les autres ?

- Je donne déjà ces foutus cours pour le maniement des armes. Et Mina m'a harcelé pour que je l'entraîne au Break Dance. J'ai pas que ça à foutre, moi, de passer mon temps à jouer les professeurs !

Tout en parlant, Katsuki quitta la patinoire et rejoignit les gradins.

- T'es méchant Katsuki ! s'exclama Mina en agitant les bras. Je t'ai pas harcelé !

Mais Katsuki ne daigna pas répondre et se laissa tomber sur un banc, bien décidé à ne plus en bouger d'ici la fin du cours. Shoto enjoignit les autres à venir vers lui et proposa diverses activités adaptées en fonction de leurs niveaux pour les aider à s'améliorer.

Aizawa profita d'être seul avec son élève le plus caractériel pour lui faire remarquer qu'il pourrait au moins faire preuve d'un peu plus de patience envers ses camarades.

- Ils commencent sérieusement à me faire chier avec leurs défis à la con, grogna Katsuki. Et je sais que vous êtes au courant !

- Tu les apprécies pourtant, soupira Aizawa. Et inutile de nier, j'ai des photos qui prouvent ce que je dis.

Katsuki grimaça mais ne nia pas.

- Sérieusement, ils vous ont filé des photos ? râla-t-il. Vous devez bien vous marrer avec vos potes pros !

- J'avoue, sourit le professeur. Mais ça fait du bien de se souvenir que vous n'êtes que des adolescents, et de vous voir agir comme tel. On a tendance à l'oublier avec tout ce qu'il s'est passé et ce qu'il se passe encore.

- Hm...

Aizawa regarda le cours du coin d'oeil, avant de finalement reprendre :

- C'en est où, d'ailleurs, cette histoire de défi ? Je sais que tu n'es pas censé être au courant, mais j'aurais été déçu si tu ne t'étais aperçu de rien.

- Si mes calculs sont bons, il reste l'invisible, grappe de raisin, queue de cheval et Deku.

- Midoriya... souffla Aizawa. C'est lui qui risque de te mettre le plus en difficulté, non ?

La grimace de Katsuki répondit pour lui et Aizawa n'insista pas, ses yeux brillant d'un éclat malicieux. Il avait hâte de connaître le dénouement de ce duel particulier. Après tout, s'il y en avait un qui connaissait bien le blond et ses faiblesses, c'était son ami d'enfance.

~oOo~

Eijiro et Denki éclatèrent de rire en voyant le teint légèrement verdâtre d'Hanta à la sortie du manège. Ce dernier leur fit un vague sourire avant de se plaquer une main sur sa bouche et de partir en courant pour vomir dans une poubelle non loin. Les rires de ses camarades s'amplifièrent et lui-même ne put que sourire en voyant qu'Ochako était dans le même état que lui. Au moins, il n'était pas le seul à mal supporter les manèges à sensations.

La classe de seconde A profitait d'avoir obtenu l'autorisation de se rendre à la fête foraine pour s'amuser. Tenya et Momo avaient négocié avec leur professeur principal qui leur avait accordé la journée à l'extérieur, avec un retour obligatoire avant dix-sept heures. Arrivés dès l'ouverture à dix heures, les adolescents enchaînaient les manèges à plus ou moins fortes sensations depuis près de deux heures, et les estomacs de certains commençaient à montrer des signes de faiblesse.

- Des auto-tamponneuses ! hurla Rikido en voyant le stand, un immense sourire aux lèvres.

- Génial, s'exclama Minoru, je vais vous éclater !

- T'arrives à atteindre les pédales au moins ? ricana Katsuki, moqueur.

- Je vais te laminer, promit Minoru vexé.

- Moi, je vous regarde, hein, dit Ochako, sa main frottant son estomac pas encore tout à fait remis du manège précédent.

Mashirao et Mezo restèrent avec elle, laissant le reste de la classe prendre d'assaut la piste et les petites voitures. Ils ne regrettèrent nullement leur décision quand ils virent avec quelle sauvagerie leurs camarades se rentraient les uns dans les autres. Rapidement, l'attraction tourna à la bataille rangée, Katsuki semblant décidé à en découdre avec tous les autres. Minoru (qui dépassait à peine le volant) le poursuivait en hurlant "Taïaut ! Sus à l'ennemi !" Mais Eijiro, Denki et Mina protégeaient les arrières du blond, empêchant le plus petit de la classe de mener à bien sa vengeance.

Yuga, qui partageait la voiture d'Asui, faillit être projeté hors du petit habitacle quand Shoto et Fumikage les prirent en sandwich, l'un par devant et l'autre par derrière. Katsuki percuta violemment le petit groupe de trois, qui se trouvèrent projetés contre le véhicule occupé par Tenya et Izuku. Tout ce petit monde entreprit de courser Katsuki qui zigzagua entre les autres auto-tamponneuses, leur échappant quand Eijiro poussa Minoru sur leur trajectoire.

Même le pacifiste Koda, qui partageait son siège avec Kyoka, entra dans le jeu et s'élança contre Mina, l'empêchant ainsi de venir au secours de Katsuki qui se faisait encercler. Katsuki déglutit en voyant qu'il était cerné. Denki, Eijiro et Mina hors course, il ne restait que lui. Lui contre tous les autres qui, sur les conseils de Deku, l'avaient encerclé. Et ils étaient prêts à tous lui foncer dedans en même temps. Les voitures s'élancèrent et il se prépara à l'impact mais une sonnerie stridente retentit et tous les véhicules s'immobilisèrent brutalement.

- Sauvé par le gong, songea-t-il en voyant à quel point l'impact avait été imminent.

Il sortit de sa voiture en riant et piqua un sprint pour échapper à ses assaillants, les narguant d'un "Dommage, les nazes !" moqueur. Ces derniers protestèrent plus ou moins vivement avant de rejoindre leurs trois camarades restés en retrait. Mashirao et Mezo interceptèrent Katsuki avant qu'il ne disparaisse dans la foule arpentant les allées.

- C'était juste un coup de bol, protesta vivement Minoru en réponse à Katsuki. Tu étais fait comme un rat !

- Et si on trouvait quelque chose à manger, intervint Momo, coupant court à la future dispute.

- J'ai vu les stands de bouffe par là, répondit Mashirao.

- Personnellement, je n'ai pas très faim, avoua Ochako d'une petite voix timide.

Mais quelques minutes plus tard, elle mordait à belles dents dans ses takoyakis, installée avec les autres sur un coin de pelouse à proximité des stands de nourriture. Les discussions allaient bon train, chacun commentant la matinée et suggérant de faire telle ou telle activité après leur pause gourmande. Minoru et Katsuki se disputèrent âprement sur l'issue, frustrante, des auto-tamponneuses. Toru les interrompit en hurlant aux oreilles de Katsuki qu'elle voulait le défier au chamboule-tout pour savoir lequel des deux gagnerait la plus grosse peluche.

- C'est nul, le chamboule-tout, rétorqua Katsuki. Et qu'est-ce que tu veux que je foute d'une putain de peluche ?

- Ça pourrait être marrant, dit Denki. Moi aussi, je veux jouer !

- Oui ! s'écria Toru. On fait un concours ! Celui qui gagne la plus grosse peluche !

- Sans moi, grogna le blond explosif.

- Allez Katsukiiiiiiiiii ! supplia Toru. Ce sera moins marrant sans toi !

Katsuki allait envoyer paître la jeune fille invisible quand il croisa le regard d'Izuku. Comprenant que ce n'était là qu'un autre défi à relever pour lui, finalement, il céda, avec toute la mauvaise grâce du monde. A peine leur repas fini, Toru les entraîna vers les stands de chamboule-tout. Excitée, la demoiselle chercha un stand avec pleins de peluches dont quelques-unes étaient énormes.

- Celui-là, décida-t-elle.

- Il est trop petit pour qu'on puisse tous jouer en même temps, fit remarquer Asui.

- De toute façon, si on veut faire d'autres trucs après, on ne peut pas faire plus d'une partie chacun, renchérit Kyoka.

- On va faire chacun son tour alors, décida Toru. Je passe en dernier avec Katsuki ! Je compte sur vous pour être bons !

Tous sourirent et les premiers s'avancèrent pour tenter leur chance. Mais Toru le savait, gagner au chamboule-tout d'une fête foraine était compliqué. Les forains avaient des petits trucs et astuces pour limiter le nombre de gagnants et s'assurer ainsi de rentrer dans leurs frais. Tout le monde s'en doutait, rien n'avait jamais été confirmé, mais c'était le jeu et tout le monde l'acceptait. Comme elle adorait les peluches, ce genre d'attractions avait toujours été ses préférées, et Toru avait pris le coup. Sans gagner forcément le gros lot à chaque fois, elle s'en sortait suffisamment bien pour réussir à remporter systématiquement une peluche.

Aussi quand elle s'aligna devant le stand, près de Katsuki, elle était confiante. Vu le peu d'enthousiasme de son camarade pour l'activité, et vu son caractère, ce n'était sûrement pas un grand adepte du chamboule-tout. Elle avait donc toutes ses chances de gagner une peluche plus grosse que la sienne. Concentrée, elle lança sa première balle, faisant tomber une boite, puis une seconde au deuxième lancer. Elle fit chou blanc au troisième mais les deux derniers firent chuter chacun une boite.

Ravie, elle se tourna vers le forain qui lui souriait :

- Félicitations ! Vous pouvez choisir parmi ces peluches là !

Ce n'était pas les plus grosses, mais elles étaient déjà de belle taille. Elle hésita longuement entre le lapin bleu et le chat mauve avant de finalement choisir l'ourson rose. Son lot dans les bras, elle se tourna vers Katsuki pour voir ce qu'il avait gagné.

Ce dernier semblait attendre près d'elle, les mains dans les poches.

- T'as rien gagné ? demanda-t-elle un début de rire dans la voix.

- Si, rétorqua le jeune homme. Mais je te laisse choisir, j'en veux pas de cette peluche.

Se tournant vers le forain, elle sourit et commença à regarder les petites bêtes poilues et toutes douces exposées. Mais le gérant du stand attira son attention vers tout autre chose :

- Vous avez le choix entre celles-ci.

Si les autres avaient pu voir le visage de Toru, ils auraient vu ses yeux s'écarquiller démesurément et sa mâchoire tomber.

Patient, le forain attendit qu'elle se décide. Mais au lieu de cela, il l'entendit bégayer :

- Mais... mais... comment...

- Il a fait tomber toutes les boîtes en un seul tir, répondit-il placidement. Il a donc gagné l'une des plus grosses peluches.

- Il... il... a... gagné...

- Oui, j'ai gagné, grogna Katsuki. Dépêche toi de choisir ta foutue peluche, on va pas y passer la journée !

Quelques minutes plus tard, tout le groupe s'éloignait des stands de chamboule-tout, Toru serrant contre elle l'énorme peluche Hello Kitty qu'elle avait choisie. Les autres la suivaient, les bras plus ou moins encombrés des lots remportés au stand précédent. Un peu en retrait, Izuku batailla avec son sac pour sortir son carnet et noter : Chamboule-tout. Vainqueur : Katsuki.

~oOo~

Ils y étaient encore une fois. Ils allaient s'affronter... encore. Un combat acharné de plus entre eux. Dans leurs yeux, la même détermination, un même objectif : gagner ! Ils se faisaient de nouveau face. Au sens figuratif du terme puisque, techniquement, ils étaient assis côte à côte, face à l'écran de télévision, leurs camarades les entourant prêts à les encourager.

Tout était parti d'une discussion, prétendument innocente mais aucun d'eux n'étaient dupes en rentrant de la fête foraine. Tenya avait évoqué la capacité assez surréaliste d'Izuku à prendre des notes très vite, tout en regardant autre chose que son carnet. Ochako et Shoto en avaient rajouté et de fil en aiguille, Katsuki et Izuku se retrouvèrent dans leur position actuelle : assis face à la télé, un stylo chacun dans leur main droite et un petit paquet de feuilles vierges devant eux.

L'enjeu du combat entre les deux rivaux/amis d'enfance avait été clairement défini précédemment : noter un maximum d'informations sur ce qu'ils verraient à l'écran. Celui des deux qui aurait pris le plus de notes, et ce de manière lisible pour les autres, remporterait la victoire. Après moultes discussions, le reste de la classe avait décidé de ce que les combattants devraient retranscrire le plus justement possible.

Momo alluma la télé, et mit la chaîne voulue. Le générique défila et au moment où l'animateur présenta le show à venir, Denki lança :

- Prêts ?... Partez !

A peine eut-il fini que les stylos bruissèrent sur le papier à une vitesse folle. Les yeux rivés sur l'écran, les deux adolescents ne perdaient pas une miette du défilé de mode, couvrant rapidement les pages blanches à leur disposition.

- Oh, j'adore cette robe, s'exclama Mina en voyant apparaître une tenue sur le podium.

- J'aime pas la couleur, lui répondit Kyoka.

- Les mannequins sont trop maigres, s'offusqua Ochako.

- Des formes plus généreuses mettraient les vêtements plus en valeur, ajouta Asui.

- C'est vrai qu'ils feraient défiler des cintres que ce serait pareil, avoua Momo.

Adossé au mur à côté de la télévision, Fumikage observait ses deux camarades. Il était impressionné de voir qu'à aucun moment ils ne lâchaient l'écran des yeux. Pourtant, l'un comme l'autre prenait des notes, changeant de page quand ils arrivaient au bout de celle qu'ils avaient, et ce sans même un regard vers leurs mains ou leurs feuilles. Si cela ne l'étonnait pas vraiment de la part d'Izuku, il ne s'attendait pas à une telle dextérité de la part de Katsuki. Il avait hâte de voir le résultat final.

Assis entre les deux combattants, Denki jetait un œil sur les travaux de l'un et de l'autre, un sourire de plus en plus grand sur le visage. Il ne le dirait pas, mais il était sûr et certain que Katsuki allait gagner... encore. Et vu qu'ils avaient tous perdu contre lui, la future défaite d'Izuku le ravissait. Surtout que ce dernier n'avait jamais voulu leur dire dans quoi le blond était sinon complètement nul, en tout cas au moins assez mauvais pour qu'ils aient une chance, oui, une toute petite chance, de le battre. Ce n'était donc que justice qu'Izuku se fasse battre sur son propre terrain par son précieux Kacchan.

Le défilé se termina et avec lui l'épreuve opposant les deux amis d'enfance qui posèrent leurs stylos au signal d'Eijiro.

- On commence par toi, Izuku, décida Denki en prenant les feuilles de son voisin.

Izuku se tortilla nerveusement, attendant le verdict de ses camarades qui se passaient ses notes en silence, les étudiant minutieusement.

- Bon alors, dit Tenya. Premier point : tu as pris note de chaque tenue, tu les as parfaitement décrites et dans l'ordre.

- C'est très complet, ajouta Shoto.

- On visualise bien chaque vêtement, renchérit Momo.

- En revanche, reprit Tenya, c'est parfois difficilement lisible. C'est dommage.

- Mais c'est impressionnant quand même, tempéra Ochako avec un grand sourire.

- Normalement, je remets au propre après, expliqua Izuku, se sentant obligé de se justifier.

Denki lui tapa sur l'épaule en riant :

- T'inquiètes, mon pote ! C'était très bien ! Bon, d'après ce que j'ai vu, Katsuki a fait mieux, mais bon...

Puis, sans attendre, il fit passer le tas de feuilles du blond. Pendant que les feuilles passaient de mains en mains, diverses exclamations admiratives se firent entendre. Izuku jeta un regard suspicieux vers son ami d'enfance qui lui renvoya un sourire narquois.

- Effectivement, la victoire de Katsuki est indiscutable, admit Tenya. Je suis désolé Izuku.

Izuku se saisit des feuilles que son ami tenait encore et y jeta un œil. En les voyant, il gémit dépité. Là où lui avait pris beaucoup de notes, Katsuki avait carrément dessiné les tenues, toutes les tenues ! Et avec un sens du détail impressionnant. Il avait même ajouté des indications de couleurs, de matières et autres détails techniques en marge de ses dessins.

- J'avais oublié que tu avais fait du dessin, soupira Izuku blasé.

- J'ai gagné, le nerd, ricana Katsuki.

- On devait prendre des notes, tenta Izuku en une vaine tentative pour défendre sa cause.

- Il n'a jamais été précisé que ça devait forcément être avec des mots, contra Katsuki. Tu as perdu, admets-le !

- Tu as gagné, souffla Izuku.

- Note-le bien surtout, hein ! tonna Katsuki en se dirigeant vers les ascenseurs.

Pendant que le blond s'éloignait vers sa chambre, la soirée étant bien entamée, Izuku sortit son carnet et nota : Prise de notes. Vainqueur : Katsuki.

- Qu'est-ce qu'il voulait dire par : Note-le bien ? demanda Eijiro.

- Il n'est pas con, répondit Izuku. Il sait qu'on le défie chacun notre tour.

Le regard catastrophé de ses amis fit sourire Izuku qui s'empressa de leur préciser :

- Il le sait depuis le défi de Tenya et le lit au carré. Et pourtant, il s'est plié à chacune de nos exigences.

- Comment il a pu deviner ? demanda Shoto. En nous voyant dans la chambre d'Eijiro ?

- C'est vrai que ça devait paraître bizarre comme scène, avoua Denki en riant.

- Et tellement naturel, ironisa Eijiro.

- L'essentiel, c'est qu'il ait participé à tout, non ? intervint Mina.

- C'est parce que Katsuki nous aime bien, malgré tout ce qu'il peut dire, conclut Asui.

~oOo~

Katsuki espérait passer un dimanche tranquille, un dimanche où il pourrait s'entraîner comme à son habitude. Bon, il avait promis à Yuga de l'aider à s'entraîner à l'épée, Tenya, Kyoka, Ochako et Fumikage se joignant à eux. Mais à part ça, il n'avait aucune obligation et donc, il avait la journée pour lui et son entraînement. Il n'avait pas pu en faire autant que d'habitude les week-ends précédents, alors il comptait bien se rattraper aujourd'hui.

Malheureusement pour lui, ses plans tombèrent à l'eau avec l'arrivée de Denki, Eijiro, Minoru et Izuku en lieu et place d'Ochako et Kyoka au cours d'escrime. Il soupira lourdement, se demandant ce qui l'attendait encore. Il savait qu'il ne restait que les défis de Minoru et Momo. Et s'il ne craignait ni l'un, ni l'autre, il avait quelques appréhensions sur les idées tordues que pouvait avoir ce pervers de grappe de raisins.

Et il ne fut pas déçu... Denki agitait un magazine, féminin, qui dévoilait, selon ses dires, les mensurations exactes d'actrices et chanteuses célèbres. Selon le titre de l'article, c'était pour déculpabiliser les femmes, en leur montrant que même celles qui faisaient la une des magazines n'étaient pas parfaites. Minoru se vanta immédiatement de pouvoir déterminer les mensurations de n'importe quelle femme à l'œil nu. Et bien sûr, il mit au défi tous ses camarades présents de faire mieux que lui.

Dépité, Katsuki se laissa tomber dans l'herbe, le cours d'escrime étant prévu dehors. Denki agita une nouvelle fois le magazine et énonça les règles :

- Je vous montre une photo, vous me donnez les mensurations, et celui qui se rapproche le plus a gagné. Il y a vingt photos. On compte un point par mensurations exactes. Vous êtes prêts ?

- Euh, qu'est-ce que vous voulez dire exactement pas mensurations ? demanda Izuku.

- Tour de taille, tour de hanches, tour de poitrine, grogna Katsuki d'un ton boudeur.

- Oh ! fit Izuku. Je vais être totalement nul à ça.

- Pas grave, ça fera plus de points pour moi, ricana Minoru en jetant un regard entendu vers Kastuki qui lui répondit d'une grimace.

- T'es vraiment un pervers, râla ce dernier.

- Bon, on y va ! décréta Denki.

Puis, il montra aux autres la première photo. Il les laissa l'observer quelques secondes avant de se tourner vers chacun d'eux pour les réponses, et renouvela le même procédé à chaque photo. Sans surprise, Tenya, Eijiro, Fumikage et Izuku répondirent systématiquement faux. Ils y mirent pourtant de la bonne volonté, cherchant à visualiser ce que pouvait donner un tour de taille de 85 centimètres en écartant leurs mains.

Denki fut surpris de voir que Yuga, quant à lui, ne se démerdait pas trop mal. Le jeune homme avait l'œil et ne tapait jamais très loin. Mais malgré ça, il avait face à lui deux concurrents de taille : Minoru et Katsuki. Le premier n'avait pas menti et arrivait effectivement à trouver fréquemment les mensurations presque exactes des modèles photographiés. Mais c'était bel et bien Katsuki qui tombait juste, ou qui s'en rapprochait le plus, presque à chaque fois.

Avant la dernière photo, Denki fit le récapitulatif des points :

- Bon, donc vingt photos, trois points chacune, ça fait donc un total de soixante points à distribuer. A ce stade : Eijiro, Tenya, Fumikage et Izuku vous avez zéro point chacun. Yuga, tu as trois points. Minoru, tu en as vingt-six, Katsuki vingt-huit. Il reste trois points à prendre sur cette ultime photo.

Il dévoila la photo à ses camarades, et avant même qu'il n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit, Katsuki s'exclama :

- 95, 80, 103.

- 100, 85, 95, contra immédiatement Minoru.

Denki soupira et jeta un regard désolé vers son camarade violet.

- Score final : Minoru : vingt-six, Katsuki : trente et un.

Se tournant vers le blond qui avait un sourire triomphant sur le visage, Minoru plissa les yeux et souffla :

- T'es un pervers encore pire que moi en fait...

En voyant le blond furax sauter sur ses pieds, Minoru jugea nécessaire à sa survie de partir en courant, ce qu'il fit sans tarder, rejoignant leur dortoir avec un Katsuki rugissant de rage à ses trousses.

Restés en arrière, les autres adolescents rirent de la scène. Izuku sortit son carnet et nota : Mensurations féminines. Vainqueur : Katsuki.

- Ceci dit, je suis surpris, avoua Yuga. Je ne pensais pas que Katsuki s'intéressait à ce genre de choses... Minoru a peut-être raison...

- On a seize ans, s'exclama Denki. C'est normal de s'y intéresser ! Ça ne fait pas de nous des pervers comme Minoru pour autant !

~oOo~

Quelques heures plus tard, Katsuki se fit traîner jusqu'à la salle commune par un Eijiro souriant et babillant. En voyant ce qui l'attendait, il fronça les sourcils. Les canapés et fauteuils avaient été poussés ne laissant au centre de la pièce que la table basse couverte de divers ustensiles. Il jeta un œil interrogatif à Momo qui lui sourit doucement avant d'expliquer :

- On sait que tu es au courant pour nos défis. Je suis la dernière, alors j'aimerai que tu me prépares et serves un thé matcha. Je t'ai sorti tout le matériel dont tu auras besoin.

D'un coup d'œil, Katsuki devina ce qu'attendait sa camarade, amatrice de thés.

- Carrément, une cérémonie, hein ?! souffla-t-il en se passant une main agacée dans les cheveux.

Devant le hochement de tête de Momo, il soupira lourdement. Puis, tourna les talons. Mais avant qu'on ne le rattrape, il lança :

- Je vais me changer, je reviens.

Quelques minutes plus tard, il revenait effectivement. Tous furent surpris de le voir vêtu d'un Yukata noir, la ceinture orange savamment nouée autour de sa taille. Sans un mot, il s'approcha de la table, examina les outils à sa disposition, et organisa l'espace. Un sourire aux lèvres, Momo se tint en retrait, attendant le signal. Katsuki alla dans la cuisine, toute proche, se lava les mains et revint vers la table.

Il fit plusieurs allers-retours pour laver les divers outils, les laissant dans la cuisine, et remplir le kama. Puis, il alluma le feu sous l'ustensile posé sur la table basse, avant de désigner à Momo la cuisine. Celle-ci comprit le message et alla se laver les mains. Le silence dans la pièce, pourtant remplie d'adolescents, était religieux, chacun suivant les gestes du blond avec attention. Ce dernier finit par se tourner vers Momo et d'un geste l'invita à venir le rejoindre.

La jeune fille s'avança, s'inclinant devant son camarade qui lui rendit sa courbette d'une simple inclinaison de la tête. Elle s'agenouilla devant la table basse, les mains sagement posées sur ses cuisses. Katsuki alla à la cuisine et revint avec le plateau sur lequel il avait disposé les outils lavés. Il s'agenouilla face à la jeune fille, posant le plateau sur sa droite, le kama étant à sa gauche.

A l'aide d'un carré de soie blanche, il essuya consciencieusement les ustensiles avant de les reposer sur le plateau, non sans une certaine grâce. Une fois cela fait, il ouvrit la boîte à thé et, avec des gestes calculés, en préleva trois cuillères qu'il mit dans le bol prévu à cet effet. Il referma la boîte, posa la chashaku, puis il ajouta de l'eau chaude dans le chawan avant de commencer à fouetter la préparation.

Durant tout ce temps, Momo ne bougea pas et ne dit rien, suivant avec attention les gestes de son camarade. Elle était émerveillée. Il connaissait parfaitement les rituels de la cérémonie. Mais ce qui l'impressionna le plus, ce fut le calme et la sérénité qui se dégageaient du jeune homme habituellement si nerveux et braillard. Elle se fit la remarque que quand il ne fronçait pas les sourcils comme à son habitude, il avait un beau visage.

Heureusement que les quelques fans du jeune homme ne le voyaient pas ainsi, elles deviendraient folles, songea-t-elle amusée. La seule chose qui empêchait les demoiselles de se jeter sur le blond, c'était justement son air revêche et sa propension à injurier tout le monde. Si elles découvraient que le bad boy qui les faisait se pâmer, pouvait être calme et accessible, nul doute qu'il se ferait harceler par des dizaines de filles en furie. Elle-même et ses camarades avaient souvent ri en voyant les regards énamourés qui suivaient Katsuki dans les couloirs. S'il en avait conscience, il les ignorait avec brio... S'il en avait vraiment conscience, ce dont Momo doutait un peu.

Elle sortit de ses pensées, quand son hôte lui présenta le chawan. Elle le prit avec un discret hochement de tête, lui donnant son propre bol en échange. Suivant la tradition, elle examina le bol, le fit délicatement tourner entre ses mains et elle versa une partie du contenu dans le verre à sa disposition. Puis, elle rendit le chawan à Katsuki qui le posa avec douceur sur le plateau. Momo huma le délicat parfum du thé avant de le boire à petites gorgées, sous le regard serein du maître de cérémonie.

Quand elle eut reposé son verre, vide, Katsuki se leva et alla nettoyer les ustensiles dans la cuisine avant de les ramener à nouveau sur la table basse, présentant le plateau à sa camarade en le déposant devant elle. A genoux sur le sol assez inconfortable, il laissa Momo examiner soigneusement chaque ustensile qu'elle manipula avec un carré de soie et mille précautions. Une fois qu'elle eut fini, tous deux se levèrent, s'inclinèrent l'un en face de l'autre et Momo s'éloigna.

- Alors ? demanda une voix dans son dos, brisant finalement le silence.

Momo se retourna vers Katsuki un grand sourire aux lèvres.

- Félicitations ! Je ne pensais pas que tu connaissais si bien la cérémonie du thé ! C'était parfait, et le thé était délicieux. Tu as gagné !

Katsuki se tourna vers Izuku avec un sourire démoniaque :

- T'as entendu Deku ?! Note-le bien ! Et affiche moi cette page sur le frigo ! Je suis meilleur que vous en tout, bande de nazes !

Bien sûr, ladite bande de nazes protesta. Mais Katsuki riposta et le ton monta, amusant ceux qui ne prirent pas part à la dispute. Suivant les instructions de son ami d'enfance, Izuku sortit son carnet pour noter : Cérémonie du thé. Vainqueur : Katsuki. Puis, il détacha la page du carnet et l'afficha sur la porte du frigo. Katsuki avait remporté tous les défis qui lui avaient été lancés, et bien sûr personne n'avait trouvé dans quel domaine ce petit, et très agaçant, génie pourrait échouer.

Izuku le savait bien pourtant lui. Et il en eut à nouveau la confirmation quelques jours plus tard, quand le blond débarqua dans sa chambre, son uniforme pour une fois parfaitement mis et ajusté. Avec un sourire, Izuku tendit la main et se saisit du bout de tissu rouge qui posait tant de soucis au si génial Katsuki.

- Tu n'y arrives toujours pas ? demanda-t-il, un sourire aux lèvres alors que ses mains s'activaient.

- Ta gueule, grogna Katsuki tout en se laissant faire. Je me plante à chaque fois. Ça veut pas rentrer !

- Quelqu'un va bien finir par s'en rendre compte un jour, rit Izuku.

- Pourquoi crois-tu qu'Aizawa-sensei a trouvé le premier prétexte venu pour exiger que je porte l'uniforme de manière réglementaire ? grogna le blond. Je suis sûr qu'il a deviné, lui, ce fichu zombie.

Izuku admit que c'était très possible, avant de se reculer pour s'assurer qu'il avait bien travaillé.

- Comment as-tu fait sur I-Island ? Tu en portais une parfaitement nouée pourtant, s'enquit-il, curieux.

- C'est Kirishima qui m'a prêté son costume, répondit le blond en tirant sur son col. Il sait pas les faire mieux que moi alors sa mère les lui prépare. J'ai juste eu à enfiler et tirer dessus.

- Arrête d'y toucher, le gronda Izuku en le voyant tirer à nouveau sur son col.

- Ça me gêne, rétorqua Katsuki. J'ai horreur de ça !

Les deux garçons sortirent de la chambre du plus jeune et prirent la direction des cours. Leurs camarades ne manquèrent pas de chambrer le blond sur son uniforme parfaitement mis et sur sa cravate parfaitement nouée. Quand Aizawa-sensei entra dans la classe, il jeta un regard scrutateur à son élève habituellement le plus débraillé, constatant qu'aujourd'hui il portait bel et bien l'uniforme comme prévu et comme il l'avait exigé. Il croisa le regard amusé de Midoriya et ne put retenir un léger sourire. Pas de doutes, il avait bel et bien trouvé le point faible de Bakugo.

Izuku sourit, comprenant que leur professeur principal avait deviné. Ceci dit, il s'étonna que personne n'ait encore trouvé. Katsuki ne portait jamais sa cravate. Et pas parce que c'était plus cool sans. Non, la raison était toute autre et bien plus simple. Katsuki, ce petit génie, doué en tout, avec une capacité et une rapidité d'apprentissage impressionnantes, n'avait jamais su faire les nœuds de cravate. Et ce, peu importe le nombre de fois où Izuku le lui avait montré et tenté patiemment de lui expliquer.

Fin.


Commentaire des auteures :

Voilà, voilà... Comment une toute petite idée, non mais vraiment toute petite, devient un long, très long, très très long OS. On espère que ça vous a plu.

Quelques petites précisions pour la cérémonie du thé :

- Le Kama : c'est l'espèce de jarre dans laquelle on chauffe l'eau.

- Le chawan : c'est le nom japonais du bol à thé.

- La Chashaku : c'est le nom japonais de la cuillère à thé.


Le bureau des plaintes et réclamations des personnages martyrisés :

Assise devant son PC, Yzan regarde Lili qui fait face à Sasu qui la questionne :

- Combien de mots dans le squelette de cet OS ?

- 48 !

- Vous avez fait des squelettes plus long que ça...

- Certes...

- Combien de pages au final ?

- 52...

- 1 mot par page quoi.

- En gros...

Sasu fixe Lili et soupire :

- Tu préfères pas les bruns torturés d'habitude ?

- Alors euh... oui... admet Lili. Mais là... Bon, ben, il est blond...

- Passé tragique ? demande Sasu.

- Si on se fie à ce qu'on sait à l'heure actuelle sur lui... non... pas du tout...

- Une possibilité pour qu'on apprenne qu'il a vécu un drame tragique au possible dans le passé ?

- Hm... Je dirai... environ... une chance sur mille ?

- C'est son côté bad boy, répond Yzan volant ainsi au secours de sa comparse.

- Bad boy ?

- Oui, il injurie tout le monde, donne des surnoms à tout le monde, est toujours prêt à se battre, braille tout le temps... énumère Yzan. Mais ne t'inquiètes pas, on commence soft mais on a plein d'idées pour le torturer...

- Mais on ne t'oublie pas, rassure toi, précise Lili.

- Oh mais vous pouvez m'oublier et torturer le blondinet énervé, assure Sasu. Ça ne me pose aucun problème.

La porte s'ouvre en grand et un blondinet très énervé arrive en braillant :

- Mais ça m'en pose un à moi ! Ces deux tarées, tu peux te les garder, l'émo !

- C'est cadeau, ricane Sasu. Amuse toi bien avec elles.

Sasu s'en va, laissant Katsuki face à Lili. En voyant le regard brillant de sa poupounette, Yzan sourit, et s'installe confortablement pour regarder l'affrontement entre ces deux psychopathes.

- Si tu fais n'importe quoi avec moi, grogne Katsuki menaçant, je t'explose ! C'est clair ?!

- Très clair, répond Lili, un sourire machiavélique éclairant son visage. Limpide même... Kitty-chan.

- Comment tu m'as appelé ?!

- Kitty-chan...

Le bruit d'une explosion résonne, mais Lili reste impassible.

- Oh, on va tellement bien s'amuser avec toi, Kitty-Chan.

- Je vais te trucider, te laminer, t'exploser, rugit le blondinet fou furieux.

Pendant que Katsuki énumère les diverses morts qu'il prévoit pour Lili qui se contente de l'observer avec un regard amusé, Yzan se tourne vers les lecteurs et soupire :

- Une petite review pour nous dire ce que vous pensez de cet OS ? Promis, je mettrai sa muselière à Lili.