Titre : Colle et exploration.

Disclaimer : Les personnages et l'univers de My Hero Academia ne nous appartiennent pas, ils sont la propriété pleine et entière de Kõhei Horikoshi.

Pairing : Aucun.

Genre : OS / Friendship / Humour.

Béta : Loute !

Résumé : Après leur combat nocturne, Katsuki et Izuku doivent passer trois jours seuls, dans les dortoirs, avec des taches ménagères à faire. Et quand Aizawa décide de leur donner le passe pour entrer dans les chambres de leurs camarades et d'y faire le ménage, c'est l'occasion pour eux d'en apprendre plus sur ceux qui partagent leur quotidien.

Note des auteures : Petite idée toute bête, pas très originale, mais faite à notre sauce à nous. Attendez vous au pire ou au meilleur !

Bonne Lecture,

Yzan & Lili.


- Colle et exploration.-

- Bonne journée Deku-kun !

- A ce soir Katsuki !

Les deux interpellés répondirent, l'un avec le sourire, l'autre en bougonnant, et retournèrent à leur tâche actuelle : passer l'aspirateur dans la salle commune. C'était leur second jour de colle suite à leur combat nocturne, et ils n'étaient clairement pas ravis de leur situation même s'ils avaient conscience qu'ils l'avaient mérité.

Tout en s'activant, Izuku demanda à son compagnon d'infortune :

- Kirishima t'a dit quelque chose à propos de l'apprentissage ?

- Non, grogna Katsuki. Et toi ?

- Non plus, soupira le plus jeune. Ils ont ordre de ne rien nous dire. J'espérais que peut-être tu avais réussi à tirer les vers du nez d'Eijiro.

- Pas essayé, avoua le blond. Assez d'emmerdes comme ça...

Izuku hocha la tête sans un mot, admettant que son ami d'enfance n'avait pas totalement tort. En silence, ils firent le ménage dans la salle commune. La journée s'annonçait strictement identique à celle de la veille : longue et ennuyeuse. Malgré lui, Izuku soupira lourdement. Il aurait bien aimé que cette punition les rapproche un peu plus, Katsuki et lui. Après tout, ils étaient seuls tous les deux, toute la journée.

Mais le blond s'était isolé dans sa chambre dès les tâches ménagères finies, en n'ayant pas dit un mot de la matinée, à part quand Izuku lui avait demandé ce qu'il pensait de son nouveau style de combat. Izuku avait été s'entraîner dans sa chambre, un peu déçu. Le seul moment où il avait eu un petit espoir était au repas de midi. Peut-être réussirait-il à manger avec son ami d'enfance.

Hélas ses espoirs avaient disparu quand il avait croisé Katsuki remontant dans sa chambre alors que lui-même descendait pour manger. Son cœur s'était cependant un peu réchauffé quand il avait vu le repas gardé au chaud. Katsuki avait préparé à manger et lui en avait laissé une part. Izuku s'était régalé du plat cuisiné par son camarade, s'extasiant à voix haute sur ses talents culinaires. Il était seul de toute façon, il pouvait bien s'extasier à voix haute, personne ne l'entendrait, pas même le concerné.

Bref, la journée s'annonçait tout aussi silencieuse et ennuyeuse, et Izuku ne savait pas comment faire pour briser un peu la glace entre lui et son compagnon de galère. Il sursauta quand la voix grave de l'objet de ses pensées retentit juste à côté de lui :

- Et n'oublie aucun coin hein ! Sinon l'autre grappe de raisin et Pikachu vont encore nous faire chier !

- Ah ! Oui, Kacchan ! s'écria-t-il le cœur battant à tout rompre sous le coup de la surprise.

Katsuki plissa les yeux, le fixant suspicieusement.

- Qu'est-ce que t'as sale nerd ? grogna-t-il.

- Ri... Rien ! Tu m'as surpris c'est tout, avoua Izuku embarrassé. Je t'ai pas entendu t'approcher.

- Rêvasse pas et fais le ménage bordel ! tonna le blond en s'éloignant d'un pas rageur.

Il était presque dix heure, et ils étaient en train de finir la salle de bain dans un silence religieux, quand leur professeur les interpella :

- Vous avez terminé les parties communes ?

- Oui Aizawa-Sensei ! s'exclama Izuku en souriant au nouveau venu appuyé sur le chambranle de la porte de la salle de bain.

- Aujourd'hui, vous allez aussi vous occupez des chambres, commença Aizawa avant d'être brusquement interrompu.

- Parce qu'ils sont pas foutus de faire le ménage dans leur chambre cette bande de...

- Bakugo, gronda Aizawa d'un ton menaçant. Tu veux que je rallonge ta punition ?

Cela eut le mérite de faire taire l'irascible blond qui se contenta de le fusiller des yeux.

- Je disais donc, reprit l'adulte. Vous allez aussi faire le ménage dans les chambres. Les carreaux, la poussière, le sol et bien sûr la salle d'eau. Je compte sur vous pour ne pas fouiller dans leurs affaires. Vous n'aimeriez pas qu'ils le fassent... Alors pas d'indiscrétion ! Voilà le passe pour ouvrir toutes les portes.

Il lança la clé vers ses élèves, et Izuku la rattrapa non sans difficulté, s'attirant un ricanement moqueur de son ami d'enfance.

Aizawa tourna les talons, laissant les deux adolescents seuls dans la salle de bain. Juste avant de disparaître il leur lança :

- Les chambres des filles aussi !

- Quoi ?! s'écrièrent les deux garçons choqués.

Ils échangèrent un long regard, tous deux aussi gênés l'un que l'autre à l'idée d'entrer dans les chambres de leurs amies sans leur accord, ni leur présence.

- Tsss, bougonna Katsuki. Il nous prend pour des esclaves ou quoi ?

- Au moins, ça va nous occuper, soupira Izuku.

- On a intérêt à avoir fini avant qu'ils reviennent surtout, râla Katsuki. Putain, j'espère que leurs foutues chambres sont rangées au moins.

Izuku ne dit rien mais acquiesça, bien d'accord avec le blond. Si les chambres étaient en bordel, ils mettraient forcément plus de temps, et il ne tenait pas à s'attarder plus que de raison dans l'intimité de ses camarades.

Ce fut donc deux adolescents un peu embarrassés qui se retrouvèrent devant la première porte, une clé en main et un chariot à ménage posé près d'eux.

- Fumikage, marmonna Izuku. Sa chambre est super sombre.

- Comment tu sais ça ? s'enquit Katsuki en insérant la clé dans la serrure pour ouvrir la porte.

- Ah, c'est vrai que tu n'as pas participé au concours de la plus belle chambre, se rappela Izuku. C'était le premier soir ici. On a visité toutes les chambres, sauf celles de Tsuyu, de Mineta et la tienne.

- La mienne et Mineta je comprends, mais celle de la grenouille... Elle aime bien ce genre de connerie d'habitude non ? s'étonna Katsuki en tournant la clé dans la serrure.

- Elle n'était pas en forme ce soir-là, souffla Izuku ne souhaitant pas en dire plus.

Mais Katsuki n'insista pas et pénétra dans la chambre, clignant des yeux en se retrouvant face à une épaisse obscurité. En tâtonnant il trouva l'interrupteur et alluma la lumière. A sa grande surprise ce ne fut pas la lumière du plafonnier qui s'alluma, mais des lampes violettes dispersées ça et là dans la pièce.

- Putain c'est glauque, souffla-t-il.

Izuku hocha doucement la tête, partageant complètement l'avis du blond. La décoration de la chambre de Fumikage ne le mettait pas à l'aise. Il avait l'impression d'être dans une maison hantée, et il n'aimait pas les maisons hantées. Katsuki traversa rapidement la pièce et d'un geste vif ouvrit les épais rideaux, permettant ainsi à la lumière du jour d'entrer. L'ambiance changea du tout au tout et Izuku se sentit immédiatement mieux.

- Classe ! lâcha Katsuki en regardant les posters ornant les murs de la chambre. A part pour la lumière violette, il a pas trop mauvais goût.

Puis, sans rien ajouter, il s'arma du produit lave-vitre et d'une lingette et s'attaqua aux carreaux de la large baie vitrée. Le voyant faire, Izuku décida de s'atteler à la petite salle d'eau attenante. C'était une petite pièce composée en tout et pour tout d'un WC et d'un tout petit lavabo, strictement identique à celle présente dans toutes les chambres.

Quand il eut fini, il retourna dans la chambre et sourit en voyant Katsuki, la serpillère à la main, en train d'examiner de très près la collection d'épées de leur camarade. Il s'approcha à pas de loup et se pencha sur l'épaule du blond.

- Elles sont sympas non ? dit-il, un sourire moqueur ourlant ses lèvres quand Katsuki sursauta.

- Ça va pas de débarquer comme ça derrière moi ! rugit ce dernier, faisant rire Izuku.

Mais le plus jeune se figea en voyant soudain surgir sous son nez une lame affûtée. Le rictus machiavélique de son ami d'enfance le fit déglutir.

- Kacchan, c'était juste une blague... se défendit-il.

- Tu sais t'en servir ? s'enquit Katsuki en retournant l'épée qu'il avait en main pour en présenter le manche à Izuku.

- Non, admit ce dernier en se saisissant de l'arme. Et toi ?

Un sourire amusé étira les lèvres de Katsuki qui se saisit d'une seconde épée, plus imposante que la première, et la fit tournoyer entre ses mains avec une agilité impressionnante.

- Ça va, j'ai compris, bougonna Izuku. Arrête de frimer !

Le blond ricana, ouvertement moqueur, avant de s'approcher de lui, l'épée toujours en main.

Instinctivement, Izuku tendit son arme devant lui, la tenant à deux mains.

- Tss, se moqua Katsuki. Tu la tiens même pas bien. Et c'est pas comme ça que tu vas réussir à parer un coup, crétin.

A la surprise du plus jeune, Katsuki lui expliqua comment placer ses mains sur le manche et se mettre en garde.

Ravi d'apprendre quelque chose, Izuku suivit les instructions du blond. Ils échangèrent quelques coups, Katsuki attaquant et Izuku parant tant bien que mal. Il était évident que le plus âgé avait déjà pratiqué ce genre d'exercice, pourtant Izuku apprécia qu'il lui donne des conseils et partage avec lui un peu de son savoir dans ce domaine. Voilà, c'était exactement ça qui lui manquait tant avec Katsuki, qu'il voulait tant retrouver : ces moments où ils partageaient autre chose que des insultes, des moqueries ou des coups.

Les deux adolescents s'amusèrent durant quelques minutes avec les épées, jusqu'à ce qu'Izuku ne trébuche sur le balai, manquant de se retrouver le cul au sol. Cette pseudo chute eut le mérite de leur rappeler le but premier de leur présence dans cette chambre, et ils rangèrent avec soin les épées avant de finir le ménage. Katsuki prit soin de tirer les rideaux avant de quitter la pièce qu'ils refermèrent derrière eux, prêts pour passer à la suivante.

Izuku jeta un regard pétillant de malice à son ami en tournant la clé dans la serrure de la chambre voisine.

- Quoi ? gronda celui-ci.

- C'est la chambre d'Aoyama, dit Izuku. Devine à quoi elle ressemble ?

Katsuki fronça les sourcils, visiblement peu enclin à jouer aux devinettes. Mais en voyant le rictus goguenard du nerd, il décida de jouer le jeu.

- Laser-man hein ? réfléchit-il. Ça va être un truc bien kitch, c'est sûr.

Izuku sourit et poussa la porte, laissant son ami découvrir la décoration, particulière, du plus étincelant de leur camarade.

- Oh la vache, souffla Katsuki. Tu aurais pu me prévenir, j'aurais mis mes lunettes de soleil ! C'est quoi tous ces putains de miroirs ?

L'éclat de rire d'Izuku résonna dans la pièce, ornée d'une multitude de miroirs reflétant les rayons du soleil passant à travers la baie vitrée.

- Bordel, ricana le blond en levant les yeux. Il a même une putain de boule à facette au plafond ! Ce mec est dérangé, sérieux ! Comment il peut vivre là-dedans ?

- C'est Aoyama, répondit Izuku en riant comme si ça expliquait tout.

- Merde, il a même des paillettes sur ses rideaux, s'ébahit le blond explosif. Tu gères la chambre Deku, je m'occupe de la salle d'eau. Y'a trop de miroir là, je veux pas finir aveugle putain !

En riant doucement, Izuku laissa Katsuki disparaître dans la salle d'eau et se pencha sur le chariot à ménage. Il prenait un pulvérisateur quand il entendit une exclamation horrifiée venant de la petite pièce attenante.

- Bordel ! Il a même des putains de miroirs tout autour des chiottes ! Il veut se regarder pisser sous tous les angles ou quoi ?!

Curieux, Izuku passa la tête par la porte, et il éclata de rire en voyant son ami d'enfance figé devant les WC, ses yeux exorbités passant d'un mur à l'autre, murs qui se trouvaient effectivement recouverts de miroirs.

- Deku, on échange ! tonna Katsuki en se retournant pour le regarder.

- Non, non, rit Izuku. Je fais la chambre !

- Putain de merde ! C'est quoi son délire à ce mec... Elle si petite que ça qu'il a besoin de toute cette merde pour la trouver ?! Qu'il pisse assis bordel !

Izuku s'éloigna vers la baie vitrée en essuyant les larmes de rire qui perlaient aux coins de ses yeux, écoutant les récriminations du blond, s'attelant à la tâche. Il était perché sur une chaise pour épousseter le haut d'un miroir, quand Katsuki sortit du cabinet de toilette, pestant toujours sur l'omniprésence des miroirs. Machinalement, Izuku se retourna et cligna des yeux en voyant le reflet du bas de son propre dos, légèrement découvert de par sa posture, son tee-shirt se relevant un peu.

Curieux, il souleva son tee-shirt, examinant dans son reflet cette partie de son anatomie qu'il voyait peu.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive sale nerd ? grogna Katsuki en le voyant faire. Tu découvres que tu as un dos ?

- Non, mais je savais pas que j'avais des tâches de rousseurs là aussi, expliqua Izuku en observant les petits points un peu plus foncés parsemés sur sa peau pâle.

- Ah ? s'étonna le blond en se rapprochant pour voir de lui-même. Ouais, t'en as même un paquet. Plus que sur la tronche. T'avais jamais vu ?

- C'est pas facile de voir son dos, plaida Izuku en rabattant son tee-shirt un peu gêné du regard scrutateur du blond. Et puis, j'ai jamais fait gaffe à ça.

- Hmm...

Descendant de sa chaise, Izuku se tourna vers Katsuki et lui fit remarquer :

- Toi non plus tu dois pas pouvoir voir ton dos. Si ça se trouve tu as des trucs que tu as jamais vu.

Sans un mot, Katsuki ôta son tee-shirt et se plaça entre les miroirs, examinant attentivement l'arrière de son torse grâce aux divers reflets. Il n'y avait jamais vraiment prêté attention lui non plus, et admettait que ce n'était pas la partie de son corps la plus facile à regarder.

Ses sourcils se froncèrent, et il se rapprocha d'un miroir, un détail ayant attiré son attention. Izuku se pencha vers lui et souffla :

- Tu as des fossettes sur les reins. Oh ! Et un grain de beauté là ! ajouta-t-il en pointant du doigt le bas du dos du blond, un peu à gauche de sa colonne vertébrale.

- J'avais pas fais gaffe, avoua Katsuki ayant lui aussi remarqué ces petits détails de son anatomie.

Izuku leva les yeux et effleura le bas de l'omoplate droit de son camarade.

- Tu en as trois ici aussi, dit-il d'une voix fascinée. C'est rigolo, ils forment un triangle.

- Trois points qui forment un triangle, ricana Katsuki. C'est pas rigolo, ducon, c'est normal !

- Non mais regarde, insista Izuku pas vexé pour deux sous. Ils forment un parfait triangle équilatéral.

Katsuki s'examina d'aussi près que possible, constatant qu'effectivement Deku avait raison. Il avait bel et bien trois grains de beauté sur le bas de l'omoplate droit, à égale distance les uns des autres. Avec un soupir, il renfila son tee-shirt, cachant son torse et son dos aux yeux de son camarade qui marmonna :

- Je ne savais même pas que tu avais des grains de beauté. Il faut que tu les surveilles, on ne sait jamais. Mais dans le dos c'est pas facile. Je me demande si tu en as d'autres ailleurs. Pas sur le cou, ni sur les épaules, ni le haut des bras, ils sont visibles dans ta tenue héroïque et je n'en ai pas vu. Tu n'en as pas sur le visage non plus. Et puis c'est mignon les fossettes sur tes reins. Je me demande à quoi c'est dû...

Un coup sur la tête le sortit de ses réflexions profondes sur l'anatomie de son ami d'enfance, le plongeant dans le regard habituellement colérique et le rictus moqueur de ce dernier.

- T'as pas intérêt à noter ça dans tes foutus carnets, tonna ce dernier en lui refourguant la serpillère. Et dépêche toi de finir qu'on passe à la suivante.

- Oui Kacchan ! s'exclama Izuku en se remettant à l'ouvrage.

Rapidement, ils finirent la chambre d'Aoyama, Katsuki refusant tout net de nettoyer les miroirs, arguant qu'ils les avaient déjà dépoussiérés, il ne fallait pas non plus pousser mémé dans les orties. Ils prirent soin de s'assurer que tout était bien en place avant de sortir et de refermer la porte derrière eux, et se dirigèrent vers la chambre suivante : celle d'Izuku.

Ce dernier déglutit difficilement en voyant le regard narquois de Katsuki quand il inséra la clé dans la serrure.

- Ta chambre hein, ricana celui-ci. Je suis sûr que c'est un putain d'autel à la gloire d'All Might.

- Je.. commença Izuku avant d'être interrompu par son compagnon de galère.

- Tu fais ta salle d'eau, pas question que je nettoie tes chiottes !

Puis, sans un mot de plus, Katsuki ouvrit la porte et pénétra dans l'intimité d'Izuku. Son rictus narquois s'agrandit en voyant la décoration de la pièce, et il jeta un regard victorieux à l'occupant des lieux qui rougissait comme une pivoine.

- J'avais raison, claqua-t-il en attrapant de quoi faire les carreaux.

- Ça va hein, bougonna Izuku. En plus tu connais déjà ma chambre...

Devant l'air franchement surpris de son ami d'enfance il précisa :

- Tu es déjà venu, chez ma mère.

- Ah ? C'était pas à ce point là, si je me rappelle bien, contra Katsuki. T'es vraiment un sale nerd...

Izuku fit la moue, boudeur, et fusilla des yeux le blond qui s'attelait déjà à nettoyer la baie vitrée.

Certes, la dernière fois que Katsuki était entré dans sa chambre, ils avaient sept ans et sa collection All Might n'était pas aussi importante, mais quand même ! Il n'en n'avait pas tant que ça ! Et la dernière fois qu'il avait vu la chambre du blond, elle rivalisait avec la sienne niveau goodies en tout genre. Tout en maugréant, Izuku se pencha sur le nettoyage de sa salle d'eau personnelle, se demandant à quoi ressemblait la chambre de Katsuki aujourd'hui.

Il maugréait encore et toujours quand il sortit du cabinet de toilette pour aider le blond à finir le ménage. Il se figea sur le seuil en voyant ledit blond assis sur son lit, en train de lire un de ses précieux carnets.

- Je suis pas obligé de toucher ma cible pour libérer l'explosion, lâcha Katsuki.

- Hein ? demanda Izuku avec une intelligence remarquable, s'attirant un coup d'œil blasé de son camarade.

Ce dernier agita le carnet qu'il tenait entre ses mains et précisa :

- Quand j'utilise le Howitzer impact. Tu as noté que je devais toucher ma cible pour libérer mon explosion. Je te dis que non. Je peux créer l'explosion sans contact avec la cible.

- Oh, c'est vrai ?! s'exclama Izuku avec enthousiasme. Et tu as d'autres techniques spéciales que je ne connais pas encore ?

Son carnet lui atterrit sur le crâne, habilement lancé par un Katsuki agacé.

- Tu crois pas que je vais te les dire, espèce de stalker !

- Mais Kacchan, protesta Izuku en ramassant son précieux cahier, tu pourrais au moins me dire si j'ai d'autres erreurs dans mes notes.

- Tss, râla ledit Kacchan. Je fais 1m72 et pas 1m70. T'es nul pour évaluer la taille des gens. Et je chausse du 42 pas du 43. Je vois pas l'intérêt de marquer ça, je te signale qu'on a pas fini notre croissance ! A moins que tu comptes rester un nain de jardin toute ta vie...

- Je serai plus grand que toi ! clama Izuku sûr de lui.

Le regard sceptique de son ami qui l'examina de la tête aux pieds le fit râler intérieurement, mais il ne dit rien. Vu la taille de sa mère, et celles du couple Bakugo, il y avait effectivement fort à parier qu'il ne serait jamais aussi grand que Katsuki. Mais il pouvait toujours espérer. Les deux garçons unirent leurs efforts pour terminer leur tâche, Katsuki se permettant de temps en temps une remarque sur les photos et les figurines exposées.

L'une d'elle attira particulièrement son attention. Se penchant, il la prit doucement dans ses mains, l'examinant sous toutes les coutures, une drôle d'expression sur son visage. Izuku eut un sourire nostalgique en voyant de quelle figurine il s'agissait. De toute sa collection c'était la moins ressemblante, mais c'était aussi celle à laquelle il tenait le plus. Après tout, cette figurine c'était Katsuki lui-même qui l'avait faite, aidé de son père. Il l'avait fabriqué pour le quatrième anniversaire d'Izuku, la lui offrant avec un grand sourire.

Alors même si la ressemblance avec All Might était douteuse, même si elle était pleine de défauts et loin, très loin, de la perfection des autres, c'était sa préférée. C'était après tout une pièce totalement unique et surtout, elle était la preuve qu'à une époque Katsuki l'avait considéré comme un ami, un véritable ami, au point de passer plusieurs soirées sur la confection d'un cadeau pour lui faire plaisir. Et cette époque lui manquait tellement...

- Je l'ai toujours oui, finit-il par dire en voyant Katsuki reposer précautionneusement la figurine.

- Elle fait un peu tâche au milieu des autres, soupira le blond.
- Mais j'y tiens beaucoup, dit Izuku avec un doux sourire.

- Elle n'est même pas ressemblante, contra Katsuki.

- Je m'en fiche, avoua Izuku. C'est ma figurine préférée.

- T'es trop con, souffla le blond se détournant du meuble.

Izuku se mordit la langue pour ne pas répondre. Katsuki n'avait pas besoin de l'entendre dire que son ami d'enfance était effectivement toujours trop con dès qu'il s'agissait de lui. Il était suffisamment intelligent pour s'en être rendu compte tout seul. Et Izuku le savait bien. Le dire à voix haute n'aurait fait que rendre leur relation déjà compliquée un peu plus tortueuse. Ce fut donc en silence qu'ils finirent le ménage et quittèrent la chambre.

Les mains moites, Izuku fixa le battant encore clos de la pièce suivante, la dernière du premier étage. Il craignait ce qu'il allait découvrir à l'intérieur.

- Grappe de raisin, ricana Katsuki. Je te paris qu'il y a un paquet de posters de femmes à poil là dedans.

- J'espère qu'il n'y a que ça, souffla Izuku en se décidant à ouvrir la porte.

Courageusement, il poussa la porte et pénétra dans la chambre de son ami un peu trop pervers à son goût. Non sans une certaine appréhension, il leva les yeux avant de les fermer brusquement.

- Ah ! Tu vois ! J'avais raison, claqua Katsuki à côté de lui.

Oui, effectivement, Katsuki avait raison : il y avait un nombre conséquent de posters de femmes très peu vêtues sur les murs.

Certaines d'entre elles étaient d'ailleurs dans des positions invitant clairement à ce qu'on leur saute dessus. Prenant une grande inspiration, Izuku ouvrit les yeux et affronta la décoration de son ami. Il se sentit rougir jusqu'aux oreilles et détourna le regard, voyant alors que Katsuki était tout aussi rouge que lui.

- Je fais la salle d'eau, décréta ce dernier sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit.

Izuku aurait bien voulu protester, mais le blond était déjà dans la pièce concernée, le laissant seul face à aux posters qu'il ne voulait pas voir. Dépité, il se dit qu'au moins en nettoyant les vitres il ne verrait pas les posters. Hélas, il finit assez rapidement, et dû se résoudre à affronter la décoration de la chambre pour faire les poussières.

- Oï Deku, l'interpella Katsuki en sortant de la salle d'eau. Tu sais ce que c'est ça ?

Curieux, Izuku se rapprocha rapidement du blond, examinant avec attention l'objet mystérieux qu'il tenait dans ses mains. C'était deux demi-cylindres, strictement identiques. La coque extérieure était d'un noir brillant et était remplie d'une sorte de silicone compact. Doucement, Izuku appuya sur le silicone constatant qu'il ne pouvait certes pas y enfoncer le doigt, mais que ce n'était pas dur pour autant.

- Ça a l'air de s'assembler, expliqua Katsuki en joignant le geste à la parole.

Il encastra les deux parties, seul le noir brillant restant alors visible. Ainsi complété, le cylindre présentait une forme proche de celle d'un suppositoire, en plus gros.

- C'est peut-être un accessoire pour son costume, suggéra Izuku dubitatif.

- Hm, répondit Katsuki peu convaincu en examinant de plus près l'objet.

La partie en silicone était visible sur l'extrémité la plus plate de l'objet, et machinalement il appuya dessus avec son index. A sa grande surprise son doigt s'enfonça dans la matière souple, disparaissant entièrement dans l'objet en forme d'ogive.

- C'est bizarre, souffla Izuku, je ne vois pas à quoi ça pourrait servir à Mineta.

Le nom du propriétaire de l'objet alluma une lumière dans les cerveaux des deux amis d'enfance.

Horrifié, Katsuki retira précipitamment son doigt de l'objet, le lâchant dans la foulée. Le bruit métallique que fit le pseudo-suppositoire en tombant sur le sol fut masqué par l'exclamation dégoûtée du blond.

- Argh ! Bordel ! J'ai mis mon doigt dedans ! Putain !

- Tiens vite, désinfecte-toi les mains, s'exclama Izuku en versant une généreuse dose de gel hydroalcoolique dans les paumes de son ami.

- Comment il a pu acheté un truc pareil ? rugit Katsuki en frottant énergiquement ses paumes et ses doigts pour ôter toutes traces de bactéries suspectes. C'est pas interdit au moins de dix-huit ans ?

- J'en sais rien, avoua Izuku en vidant littéralement la bouteille sur les mains du blond. J'espère que tu vas pas perdre ton doigt !

La remarque affolée eut le mérite de sortir Katsuki de son horreur scandalisée.

- Je vais pas perdre mon doigt pour l'avoir foutu dans un putain masturbateur de merde, espèce de débile !

- On ne sait jamais, plaida Izuku en examinant de près l'index incriminé. Il suffit que tu aies une petite plaie et ça pourrait s'infecter et tourner à la gangrène. On serait obligé de te couper le doigt. Oh mon Dieu, je vais t'emmener à l'infirmerie ! Recovery Girl pourra peut-être te soigner à temps. Après tout, on ne sait pas ce que Mineta fait avec ça. Et...

- Il fout sa bite dedans pour se branler, l'interrompit Katsuki en retirant son index des mains d'Izuku. Et vu que j'ai trouvé ce machin ouvert dans le lavabo, il doit être propre. On aurait tout de suite compris à quoi ça servait s'il était dégueulasse. Alors, bordel, arrête de marmonner ! Je vais pas perdre mon doigt pour si peu !

Izuku cligna des yeux, et admit en silence que Katsuki avait raison. Une fois encore, il s'affolait pour pas grand chose, comme toujours dès qu'il s'agissait de Katsuki. Ses yeux se posèrent sur l'objet gisant piteusement au sol, et il souffla :

- On en fait quoi ?

Katsuki enfila une paire de gants en latex rose et ramassa le masturbateur, en répondant :

- On le remet très exactement à sa place. Et on ne dit à personne ce qu'il vient de se passer, c'est compris ?!

- Oui Kacchan ! affirma Izuku en regardant son ami détacher les deux parties du cylindre et disparaître dans la salle de bain.

Par mesure de précaution, Izuku enfila lui aussi une paire de gants de ménage, roses eux aussi. Pas question qu'il touche quoique se soit à mains nues dans cette chambre. Il s'attaquait au bureau quand Katsuki sortit de la salle d'eau, ses mains toujours gantées. Il vit du coin de l'œil, le blond se saisir de l'aspirateur et le brancher, quand un gémissement indécent figea les deux adolescents.

Lentement, ils tournèrent la tête vers l'origine du bruit qui se répétait, de plus en plus fort et sur diverses gammes. Sur le bureau, l'ordinateur s'était allumé dévoilant une scène clairement classée X. Un gros plan sur la jonction entre le corps féminin et le corps masculin, acteurs principaux de la scène, fit rougir jusqu'aux oreilles les deux garçons.

- Arrête ça putain ! s'écria Katsuki, tout en étant incapable de détourner ses yeux écarquillés de l'écran.

- Ah... Oui, Kacchan, répondit Izuku dans le même état que son camarade.

Les gémissements devinrent des cris obscènes faisant rougir un peu plus les deux spectateurs involontaires.

Ce fut une voix grave lâchant un "Ta chatte de salope avale si bien ma queue" qui sortit les adolescents de leur hébétude. Izuku appuya frénétiquement sur le bouton pour éteindre l'écran, Katsuki se précipitant sur l'unité centrale pour la débrancher. Le silence revint dans la pièce et les deux compères se fixèrent un long moment, aussi gênés l'un que l'autre de ce qu'ils venaient de voir.

Ils avaient seize ans, évidemment qu'ils n'étaient pas totalement ignorants sur le sujet. Mais aucun d'eux n'avaient jamais vu de film pornographique. Et en voir un, même si ce n'était qu'un extrait, en compagnie d'un camarade de classe, ami d'enfance, rival, et tout autre qualificatif pouvant les définir, n'était certainement pas dans leurs projets respectifs. Pire, ils étaient dans la chambre d'un autre, armés d'un aspirateur, d'un plumeau et de gants de ménage roses.

Ce fut ce dernier détail qui attira l'attention des des garçons, leurs yeux se posant sur les mains gantées de rose de leur compagnon de galère. Et sans trop savoir pourquoi, ils éclatèrent de rire. Un rire franc, libérateur, qui tourna rapidement au fou rire complet, les deux laissant couler des larmes d'hilarité sur leurs joues.

- Putain, quel pervers, réussit à articuler Katsuki.

Izuku hocha la tête, incapable de prononcer un seul mot compréhensible. Tout en riant, ils finirent le ménage, s'assurant de ne toucher à rien à mains nues. Cependant, leur fou rire reprit quand Katsuki découvrit une collection de magazines cochons sous le lit. Juste avant de sortir de la pièce, il en piqua un, s'attirant un regard choqué d'Izuku quand il le posa dans le chariot à ménage.

- C'est pas pour moi, assura-t-il un rictus amusé sur les lèvres.

Izuku ne demanda pas plus d'explications, sachant qu'il découvrirait bien assez tôt l'usage que comptait faire Katsuki du magazine. Ayant fini le premier étage, ils prirent l'ascenseur pour passer au second, traînant le chariot de ménage et l'aspirateur derrière eux, les gants roses toujours en place sur leurs mains. Ils se dirigèrent vers la première chambre.

- Au moins avec Ojiro on n'aura pas ce genre de surprise, se rassura à voix haute Izuku.

Devant le regard interrogateur de Katsuki, il précisa :

- Sa chambre est ultra simple.

Effectivement, la chambre de leur camarade était simple, sans décoration superflue (mis à part un calendrier accroché au-dessus du bureau), ni meubles en plus. Juste le lit, un bureau et une chaise, une table basse et un meuble télé.

- Et bien au moins, ça va être vite fait, se satisfit Katsuki.

Izuku approuva d'un hochement de tête et s'attela à nettoyer la salle d'eau.

Ils eurent rapidement finis, n'étant ralenti par aucune découverte gênante ou mobilier supplémentaire. Tout en rangeant le matériel, Izuku fixa le lit, simple et classique, de l'occupant des lieux et, sans s'en rendre compte, demanda à voix haute :

- Comment il fait pour dormir ? Avec sa queue, ça doit pas être simple de trouver une bonne position...

- Sur le côté, ou sur le ventre, répondit platement Katsuki sans lever la tête du chariot où il rangeait la serpillère utilisée.

- Hm... réfléchit Izuku. Le lit n'est pas très large, sa queue doit taper dans le mur, ou pendre par terre. Et s'il se met sur le ventre, avec sa queue, les couvertures doivent se soulever.
Katsuki posa un regard dubitatif sur son ami d'enfance qui était reparti dans ses marmonnements intempestifs.

- Il est né avec, gronda-t-il finalement pour faire taire le nerd en pleine élucubration. Il doit avoir trouver depuis longtemps la technique pour dormir ! Ramène toi, on n'a pas la journée !

Izuku approuva silencieusement le raisonnement du blond et le suivit dans le couloir, vers la chambre voisine, celle de Ilda.

- Putain, c'est une vraie bibliothèque sa piaule, ricana Katsuki en voyant le mur couvert de livres dans la chambre.

Sans attendre de réponse, il s'enferma dans le cabinet de toilette, laissant à Izuku le soin de faire la chambre.

Quelques minutes plus tard, Katsuki le rejoignit, ayant fini sa tâche. Sans un mot, le blond se pencha sur la bibliothèque, examinant les titres des œuvres littéraires.

- Tsss, souffla-t-il. Que des trucs chiants à mourir.

- Tu les as lus ? s'étonna Izuku.

- La plupart, admit Katsuki en se retournant pour prendre l'aspirateur.

Mais une autre étagère attira son attention, le détournant de son idée première. Il s'approcha rapidement de celle-ci et tendit la main vers les objets soigneusement rangés sur le meuble.

- Putain, pourquoi il a autant de lunettes ? s'enquit-il avec une certaine curiosité.

- Pour en changer rapidement s'il casse les siennes au combat, expliqua Izuku, ravi de pouvoir éclairer la lanterne de son ami.

- Il porterait des lentilles, il n'aurait pas ce problème, grogna ce dernier. Et ça lui coûterait moins cher. C'est bien un bourge tiens !

Il se saisit précautionneusement d'une paire de lunettes, les déplia et les posa sur son nez. Izuku pouffa en voyant la tête de Katsuki.

- Ça te donne un air intello, rit-il. Ça te va pas du tout !

Par acquis de conscience, Katsuki alla se regarder dans le miroir au-dessus du petit lavabo dans les toilettes, constatant qu'effectivement ça ne lui allait pas du tout. Il se dépêcha donc d'enlever la correction ophtalmique et de la ranger à sa place.

Il prit finalement l'aspirateur et aida Izuku à finir la chambre, non sans râler sur le temps que ça prenait à ce dernier de faire le ménage.

- A croire que tu sais pas être un minimum efficace, foutu nerd ! tonna-t-il.

Izuku protesta, mais dut reconnaître que Katsuki était plus rapide que lui, tout en faisant aussi bien, voire même mieux.

Aucun des deux ne fit de commentaires sur la décoration de la chambre suivante, celle de Kaminari. Izuku l'avait déjà vu lors de la première soirée à l'internat, et Katsuki y était déjà venu passer une ou deux soirées télé. Il n'y avait de toute façon pas grand chose à dire. La pièce était certes encombrée et décorée de divers meubles et posters à la mode, mais elle était bien rangée.

Izuku sortit de la salle d'eau, l'ayant fini, et soupira en voyant que Katsuki passait déjà l'aspirateur. Incontestablement, le blond était bien plus doué et rapide que lui pour les tâches ménagères. Il se saisit de la serpillère et commença à laver le sol. Un ricanement dans son dos le fit se retourner, curieux de savoir ce qui semblait amuser son ami d'enfance.

Il vit Katsuki se pencher vers le coin de tapis qui s'était retourné quand il y avait passé l'aspirateur. Quand il se redressa, il tenait dans ses mains un magazine à la couverture équivoque.

- Au moins, il n'en a pas toute une collection, souffla Izuku en détournant les yeux.

L'image de la femme, entièrement nue et dans une position lascive, le mettait mal à l'aise et lui rappelait un peu trop ce qu'il s'était passé dans la chambre de Mineta.

Du coin de l'œil, il vit Katsuki s'approcher du bureau et attraper des feutres avant de s'asseoir devant la table basse, le magazine posé devant lui.

- Tu fais quoi ? s'enquit-il.

- Ramène toi, on va s'amuser un peu, lui répondit le blond en s'armant d'un feutre noir.

Puis, il commença à dessiner un maillot de bain très couvrant sur le corps nu de la demoiselle posant en couverture.

Izuku abandonna la serpillière et rejoignit Katsuki, s'asseyant tout près de lui.

- Il va pleurer en voyant ça, dit-il un peu gêné d'être le complice silencieux du sabotage d'un magazine, pas si innocent que ça.

- Et Mineta se fera un plaisir de lui en redonner un, contra Katsuki. Et s'il passe moins de temps à lire ce genre de truc, il aura plus de temps à se consacrer à ses leçons, cet abruti.

- Tu lui rends service quoi, ricana Izuku.

- Exactement, assura Katsuki en ouvrant le magazine, ayant fini de cacher tout ce qu'il y avait d'intéressant à regarder sur la couverture.

Sans un mot de plus, il entreprit de cacher la poitrine et le bas ventre de la jolie blonde en première page, dessinant une couverture pour la couvrir. La page suivante leur offrit le corps entier et totalement dénudé d'une brune pulpeuse.

- Elle ressemble à Aizawa-sensei, remarqua Izuku, les joues rouges de gêne.

- Attends, tu vas voir, ricana Katsuki en s'attelant à la tâche.

Il dessina une cicatrice sous l'œil droit de la brunette, ajouta quelques mèches de cheveux noirs tombant sur le front et les yeux. En quelques habiles coups de crayon, la demoiselle se dota d'une pilosité faciale, et de cernes. Un sac de couchage jaune vint couvrir son corps, et une compote surgit d'entre ses lèvres. La brune pulpeuse et aguicheuse se transforma, devenant le portrait craché de leur professeur principal, au grand amusement des deux étudiants.

Les pages tournèrent, chaque demoiselle se trouvant rhabillée et perdant ainsi tout leur intérêt. Izuku suggéra de masquer le corps voluptueux d'une rouquine par une grande pancarte à l'effigie de Mineta. Katsuki couvrit une belle aux cheveux roses d'une épaisse combinaison de ski. La dernière page leur présenta deux jeunes femmes, très peu vêtues, et très proches l'une de l'autre, une blonde lascivement enlacée par sa comparse aux cheveux verts.

- On va lui faire faire des cauchemars, railla Katsuki en se mettant à l'œuvre immédiatement.

Penché sur son épaule pour voir, Izuku ouvrit de grands yeux surpris en comprenant ce qu'il faisait, avant de pouffer de rire. Avec une dextérité qu'il lui envia, Izuku vit Katsuki transformer les deux demoiselles en eux-mêmes portant leurs tenues héroïques. Il devait admettre que c'était assez étrange de se voir tenir Katsuki si près de lui, sa main posée sur un des pectoraux de son camarade, leurs bouches très, vraiment très, proches l'une de l'autre. Mais imaginer la tête que ferait Kaminari en voyant ça chassa rapidement l'impression étrange.

- T'es vraiment doué en dessin, admira-t-il à voix haute.

- Tu t'en sors pas mal non plus, bougonna Katsuki en parachevant son œuvre, faisant référence aux dessins dans les carnets d'Izuku.

Il referma le magazine et le remit très exactement à sa place, replaçant le coin de tapis dessus. Puis, il reposa les feutres à leur place et reprit l'aspirateur. Izuku l'imita et finit de passer la serpillière, son regard se portant régulièrement sur le coin de tapis cachant leur méfait.

- J'aimerai être une petite souris pour voir la tête de Kaminari quand il verra son magazine avoua-t-il en sortant de la chambre sur les talons de Katsuki.

- Il va pleurer, crier, s'offusquer, et sûrement s'électrocuter en voulant le détruire, prédit Katsuki un rictus moqueur aux lèvres.

Izuku pouffa en refermant la porte derrière eux, et ajouta :

- Et faire des cauchemars !

Katsuki ricana et poussa le chariot jusqu'à la porte suivante. Il inséra rapidement la clé dans la serrure, mais Izuku l'interrompit brusquement :

- Attention, c'est la chambre de Koda !

- Et ? grogna Katsuki en appuyant sur la poignée pour ouvrir la porte.

Mais Izuku ne l'entendit pas de cette oreille et lui agrippa la main, l'empêchant de pousser le battant.

- Il a un lapin, il ne faudrait pas qu'il s'échappe, expliqua-t-il rapidement en voyant le regard noir de son ami d'enfance.

- Un lapin ? s'étonna ce dernier. Et il le laisse en liberté dans sa piaule ?

- J'en sais rien, avoua Izuku, mais on ne peut pas prendre le risque qu'il se sauve.

Katsuki fronça les sourcils, réfléchissant rapidement.

- On pourra pas utiliser l'aspirateur, il va crever de trouille sinon, finit-il par dire. Je rentre, je chope la bestiole. Quand je la tiens, tu rentres avec le chariot et tu refermes bien la porte derrière toi.

Izuku opina du chef, approuvant le plan de son ami. Ce dernier poussa doucement la porte, se faufilant rapidement dans la chambre.

Il nota que la décoration était sobre mais colorée. Il repéra rapidement le lapin blanc, blottit dans un coin. Lentement il s'approcha de l'animal, tendant doucement les mains devant lui. Il réussit à l'attraper sans problème, le lapin ayant visiblement l'habitude d'être pris dans les bras. Une fois la bestiole calée contre lui, Katsuki signala à Izuku que c'était bon et ce dernier entra à son tour, tirant le chariot à ménage à sa suite.

Un doux sourire étira les lèvres du plus jeune quand il vit le blond caresser doucement l'innocent et pelucheux animal dans ses bras.

- Je devrais prendre une photo, plaisanta-t-il. Kacchan câlinant un lapin !

- Tu veux que j'explose ton portable, Deku ?! grogna Katsuki en posant doucement la bestiole sur le lit.

Izuku secoua la tête en signe de dénégation, avant de se mettre à l'ouvrage. La chambre n'étant pas encombrée, ils eurent vite fini et se retrouvèrent, étalés sur le tapis, à jouer avec le lapin. Ce dernier se laissa caresser facilement, passant de l'un à l'autre en sautillant joyeusement, sa queue pelucheuse frétillante de joie sous les attentions des deux adolescents.

Après être sortis de la pièce, non sans faire bien attention à ce que l'occupant à grandes oreilles ne se sauve pas, les deux garçons montèrent au troisième étage. Katsuki ouvrit rapidement la porte de sa chambre et y entra. Il prit de quoi nettoyer sa salle d'eau personnelle, avertissant cependant son camarade :

- T'avise pas de fouiller, sale nerd !

- Oui, Kacchan, promit ce dernier en prenant de quoi faire les carreaux.

Il ne put s'empêcher cependant de jeter un œil à la décoration de son ami. C'était sobre, seuls quelques posters à l'effigie de groupes de musique, de héros, de jeux vidéo ou de films s'exposaient sur les murs. Le lit était parfaitement fait et le bureau était soigneusement rangé. Un petit meuble supportait une console de jeux, quelques jeux, et une télé. Une simple commode exposait quelques figurines héroïques et des cadres photos.

Izuku s'approcha se penchant pour regarder les figurines, curieux de voir celles qui avaient eu l'insigne honneur de suivre Katsuki à l'internat. Il se souvenait que son ami d'enfance en avait bien plus que ça quand ils étaient plus jeunes. Il sourit en voyant la figurine d'All Might posée à côté de celle d'Endevor et d'Hawks. Machinalement son regard erra sur les photos, son sourire s'attendrissant devant le cliché de famille des Bakugo.

Lui-même n'avait que peu connu son père, ce dernier étant mort quand il était encore un enfant. Il avait toujours un peu envié Katsuki d'avoir encore le sien, et surtout tous ces moments que le père et le fils partageaient. Lui aussi aurait aimé jouer au foot avec son père, aller au cinéma ou à la salle d'arcade avec lui. A l'époque, il accompagnait souvent le duo, Katsuki le traînant partout sous le regard bienveillant et attentif de Masaru.

Un soupir lui échappa, et il se dirigea vers la baie vitrée chassant ses souvenirs nostalgiques. Il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas vu Mr et Mme Bakugo. Et si Mitsuki l'avait toujours un peu impressionné, il avait toujours beaucoup aimé le calme et patient Masaru. Son regard s'égara sur le dernier meuble de la chambre : la bibliothèque. Elle était bien rangée, mais les étagères ployaient sous le poids des nombreux livres qu'elles supportaient.

Mangas, BD, et romans se cotoyaient, soigneusement alignés les uns à côté des autres. Izuku se fit la remarque que les lectures de Katsuki étaient bien plus variées que celles d'Ilda, mais ne s'y attarda pas plus. Il s'approcha de la baie vitrée et fronça les sourcils, se demandant ce qu'était la grande jardinière sur le balcon. Poussé par la curiosité, il ouvrit la fenêtre pour examiner de plus près les plantes qui poussaient, visiblement plantées par son ami d'enfance.

- C'est du piment, l'informa une voix grave dans son dos le faisant sursauter.

- Ah, Kacchan, tu m'as surpris.

Izuku sentit Katsuki se rapprocher de lui. Une main se tendit devant lui, lui désignant le pied de verdure où des petits piments verts commençaient à rougir.

- Ils ne sont pas encore mûrs, expliqua Katsuki. A côté c'est de la citronnelle, pour éviter les moustiques et autres sales bestioles. Là, c'est un arbre de sansho. Il est tout petit, mais c'est parce que je fais tout pour qu'il reste petit. Sinon, ça peut faire jusqu'à quatre mètres. Et là c'est de la lavande et des œillets pour éviter les nuisibles.

- Oh, souffla Izuku admiratif. Je savais pas que tu t'y connaissais en jardinage.

- C'est mon vieux qui m'a appris, répondit Katsuki en haussant les épaules. Et comme ça j'ai du piment et des baies de sansho sous la main. Pas besoin d'en acheter.

- Attends, ça veut dire que ta sauce super pimentée qui arrache la tronche, c'est toi-même qui la fait ? s'étonna Izuku.

- Ouais, confirma Katsuki. Celles du commerce sont trop douces... Au moins la mienne elle est vraiment pimentée.

- Ça c'est sûr, rit Izuku se souvenant encore de la tête qu'avait fait Kirishima quand il avait voulu la goûter.

Katsuki se releva, vite imité par Izuku. Fronçant les sourcils il demanda :

- T'en es où ?

- Ah, euh... en fait, bafouilla Izuku sous le regard suspicieux de son ami d'enfance.

- J'ai rien fait, avoua-t-il piteusement.

- T'as fouillé ? tonna Katsuki, sa paume crépitante déjà prête à exploser le curieux.

- Non, non, protesta vivement Izuku. J'ai juste regardé tes figurines et ta déco, c'est tout.

- T'as rêvassé quoi, grogna le blond en rentrant dans la chambre. Tsss... Toujours aussi chiant, sale nerd !

Une moue boudeuse sur le visage, Izuku le suivit.

- Ça va, je m'y mets, bougonna-t-il.

- Laisse tomber les carreaux et les poussières, lâcha Katsuki. Je les ai fait y'a pas longtemps. Passe juste l'aspi, je m'occupe de la serpillière.

Izuku hocha la tête en signe d'assentiment, et s'arma de l'aspirateur.

Consciencieusement, il se pencha pour le passer sous le lit où un détail attira son attention. Machinalement, il tendit la main et se saisit de la boite cartonnée gisant là.

- Kacchan, pourquoi tu as une boîte de préservatifs sous ton lit ?

La question était sortie toute seule, sans qu'il ait eu le temps de la retenir alors même que la réponse semblait évidente.

Si Katsuki avait une boîte de capotes, entamée constata-t-il, sous son lit, cela signifiait qu'il avait une vie sexuelle et prenait ses précautions. Et si le deuxième point le rassurait, le premier le chiffonnait sérieusement sans qu'il en comprenne vraiment la cause. Mais avant qu'il n'ait eu le temps de se pencher sur ladite cause, la voix grave du blond lui répondit :

- C'est juste plus propre que d'utiliser des Kleenex.

Izuku cligna des yeux, faisant lentement le lien. Il se tourna, surpris, vers son ami d'enfance qui passait la serpillère.

- Quand tu... Enfin, je veux dire... bafouilla-t-il gêné.

Katsuki leva les yeux au ciel, exaspéré, avant de rétorquer d'une voix dure :

- Quand je me branle ouais ! Tu vas me faire croire que tu le fais jamais peut-être ?! Et repose ça ! L'aspirateur va pas se passer tout seul bordel !

Rapidement, Izuku posa la boîte sur le lit, et finit de passer l'aspirateur, étrangement soulagé de savoir que les préservatifs avaient un usage strictement personnel. Bien sûr que lui aussi se faisait des petits plaisirs de temps en temps. Il avait seize ans, c'était parfaitement normal ! Mais il n'aurait jamais pensé à utiliser des capotes pour le faire. Tout en rangeant l'aspirateur, il marmonna :

- Sa chambre est super propre, les carreaux et la poussière ont été fait il y a peu, il utilise des capotes pour... C'est un maniaque en fait...

Une tape sur la tête le fit taire et la voix rauque dudit maniaque le contredit :

- Pas maniaque, hygiénique ! Et puis ça glisse mieux avec que sans !

Un sachet plastique de forme carré surgit sous son nez, attirant son attention.

- Tiens, t'aura qu'à essayer, sale nerd ! Et t'avise pas de noter ça dans tes putains de carnets !

- Merci Kacchan, souffla Izuku rougissant en rangeant le préservatif dans sa poche. Et je ne note que les informations utiles à la fonction de héros dans mes carnets.

- C'est vrai que ma taille et ma pointure, c'est d'une utilité flagrante, Deku ! contra Katsuki.

- Pour ton costume, oui, rétorqua Izuku prêt à défendre bec et ongle ses précieux carnets.

- Tsss... Et mon groupe sanguin ? C'est utile ça aussi ?

- Si tu as besoin d'une transfusion et que tu es inconscient, oui. Et Stain a un alter dont l'efficacité dépend du groupe sanguin de sa victime !

- Sérieux ? Ils n'en ont pas parlé dans les médias de ça, s'étonna Katsuki.

- Oui, je suppose qu'ils n'ont pas rendu ça public, admit Izuku. Mais Stain nous l'a dit et on l'a constaté par nous-même. Si sa victime est du groupe B, elle sera immobilisée pendant huit minutes, six si elle est AB, quatre si elle est A comme toi, et seulement deux minutes pour les O comme moi.

Katsuki hocha la tête, enregistrant ses informations. C'était bon à savoir. Si l'alter de Stain était limité dans le temps par les groupes sanguins, peut-être que d'autres alters en lien avec le sang avaient le même point faible. Il se promit de faire des recherches sur le sujet. Après tout, la blonde un peu folle de la ligue des vilains avait aussi un alter dépendant du sang. Si elle était limitée elle aussi par les groupes sanguins, il pourrait toujours en tirer profit lors d'une prochaine confrontation.

Perdu dans ses pensées, il ne prit pas garde à son environnement, entrant machinalement dans la chambre suivante. Toujours songeur, il se dirigea vers la baie vitrée. La rencontre inopinée entre sa petite personne et un objet assez dur le sortit de ses réflexions, le faisant jurer à tout va.

- Mais quel crétin ! Pourquoi foutre un putain de sac de frappe en plein milieu du chemin ?! Abruti de tête d'ortie !

Depuis la salle d'eau, Izuku pouffa moqueusement en entendant les récriminations du blond. Il avait bien vu que Katsuki réfléchissait et ne regardait absolument pas ce qu'il avait devant lui. Cependant, vu que Kirishima et lui étaient assez proches, Izuku avait pensé que Katsuki saurait qu'il y avait un sac de frappe devant la baie vitrée. Visiblement le blond était tellement perdu dans ses pensées qu'il avait oublié ce détail.

A sa décharge, la chambre de Kirishima était... encombrée. Entre le sac de frappe et les cartons qui y traînait encore (pour d'obscures raisons), y circuler sans se prendre les pieds quelque part n'était pas aisé. Izuku nota cependant que la salle de bain avait été épargnée par la décoration virile de Red Riot. Il finissait de nettoyer le lave-main quand Katsuki entra le bousculant sans ménagement.

- Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il en le voyant fouiller dans le petit placard sous le lavabo.

- Je vais me venger de cet abruti et de son sac de frappe débile, grogna Katsuki.

Un rictus malfaisant étira ses lèvres quand il réussit à mettre la main sur ce qu'il cherchait : la boîte de coloration rouge qu'utilisait régulièrement son ami.

- Il se colore les cheveux ? s'étonna Izuku.

- Ouais, confirma Katsuki. Il est brun à la base, mais il trouve ça plus classe les cheveux rouges.

- Je l'imagine pas brun, avoua Izuku en essayant de visualiser la chose.

- Y'a une photo sur son bureau si tu veux voir, rétorqua Katsuki en sortant du cabinet de toilette la boîte de colorant dans les mains.

Hésitant, Izuku observa le blond fouiller dans le chariot à ménage, visiblement à la recherche de quelque chose de précis. Il se décida finalement à s'approcher de lui, la photo était sur le bureau et n'allait pas en bouger, il aurait bien le temps d'y jeter un œil avant de sortir de la pièce. En revanche, Katsuki ne l'attendrait pas pour préparer sa vengeance.

- Tu cherches quoi ? s'enquit-il en se penchant sur l'épaule du blond.

- Ça ! s'exclama victorieusement Katsuki en attrapant une bouteille d'eau oxygénée.

Sans attendre, il s'assit au sol, déposant la coloration soigneusement emballée et la bouteille d'eau oxygénée devant lui. Avec précaution il ôta le scotch maintenant la boîte cartonnée fermée, prenant bien garde à ne pas abîmer l'emballage. Puis, il sortit un à un les divers éléments, lisant attentivement le nom et la composition de chacun d'eux. Il trouva finalement ce qu'il cherchait, et ouvrit doucement le flacon en dévissant le couvercle.

Attrapant l'eau oxygénée, Katsuki en lu attentivement la composition exacte, les sourcils froncés sous la concentration. Il ne s'agissait pas de faire n'importe quoi. Il ne tenait pas à rendre Kirishima chauve ou à déclencher une allergie quelconque. Non, son but était tout autre et bien plus inoffensif, du moins pour la santé physique de son ami. Pour sa santé mentale c'était moins sûr, mais Katsuki avait confiance en Eijiro pour se remettre.

Sous le regard attentif d'Izuku, qui ne perdait pas une miette de ses gestes, Katsuki versa un peu d'eau oxygénée dans le flacon, contenant une substance crémeuse et blanche, ouvert plus tôt. Une fois son méfait accompli, il reboucha les deux fioles avec leurs bouchons respectifs. D'un geste vif, il agita le pot intitulé "crème révélatrice", s'assurant du bon mélange du rajout avec ladite crème.

En prenant bien garde que rien ne laisse deviner qu'elle avait déjà été ouverte, Katsuki replaça tout dans la boîte cartonnée et la referma soigneusement. Il l'examina de près pour être sûr que la supercherie ne serait pas découverte avant l'heure. Il doutait qu'Eijiro fasse attention à ce genre de détail, mais il était perfectionniste. Puis, il se leva pour ranger la boîte à sa place initiale, déposant l'eau oxygénée dans le chariot à ménage en passant.

- Et ça doit faire quoi ? s'enquit Izuku qui n'avait rien raté des préparatifs du blond.

- Si t'es trop con pour pas le deviner tout seul, compte pas sur moi pour te donner la réponse, claqua Katsuki en sortant de la salle d'eau. Tu auras la surprise. Bouge, il me reste la serpillère à passer.

Izuku obéit, ne résistant pas à la tentation de regarder rapidement la photo d'Eijiro en brun.

- Son look actuel est plus cool, dit-il à voix haute en se faisant chasser de la pièce par un Katsuki armé d'un balai brosse.

Il n'eut pas à attendre longtemps pour que le blond le rejoigne dans le couloir, ayant fini son œuvre. Izuku jeta un œil au parquet brillant comme un sou neuf, soupirant intérieurement devant l'efficacité indiscutable de Katsuki. Même sur quelque chose d'aussi basique que le ménage, il était meilleur que lui. C'était désespérant.

- C'est qui après ? demanda son ami d'enfance en poussant le chariot vers la chambre suivante.

- Shoji, répondit Izuku. Ça va être facile...

Katsuki ne répondit pas, se contentant d'entrer rapidement dans la pièce. Il se figea sur le seuil, posant un regard choqué sur le décor de celle-ci.

- Ah ouais, souffla-t-il. Y'a rien en fait... Comment il fait sans ordi ?

- J'en sais rien, avoua Izuku. Avec juste son téléphone peut-être.

- A part ça, je vois pas, admis Katsuki. Y'a vraiment rien...

Effectivement, la chambre de leur tentaculaire camarade était minimaliste : un matelas posé à même le sol et une table basse. Point. Les deux adolescents eurent une même moue déçue. Ce n'était pas dans cette chambre qu'ils feraient des découvertes croustillantes ou amusantes. Mais ils virent très vite le point positif : ils eurent fini le ménage en un temps record.

- Dernier étage avant de faire les chambres des filles, soupira Izuku en entrant dans l'ascenseur.

- On ira bouffer après, décida Katsuki, en jetant un œil à son téléphone. Il est treize heure.

Le ventre d'Izuku jugea bon de se manifester à ce moment-là, gargouillant joyeusement pour signifier qu'il était totalement d'accord avec cette idée.

Katsuki ne dit rien, mais eut un rictus moqueur. Lui aussi commençait à avoir faim, mais il trouvait stupide de descendre à la salle commune maintenant, alors qu'ils devraient forcément retourner au rez-de-chaussée pour pouvoir aller dans l'aile du bâtiments occupée par les filles. Ils pourraient manger rapidement à ce moment-là. Ils perdraient ainsi moins de temps et seraient sûrs de finir avant que les autres ne reviennent.

Izuku ouvrit la porte de la chambre d'Hanta et pénétra dans la pièce à la décoration exotique. Que ce soit la housse de couette, les décorations murales, les rideaux, le tapis ou le hamac tout ici semblait tout droit venu d'une île aux longues plages de sables blancs. Et la petite salle d'eau ne dérogeait pas à la règle. Izuku admira l'abattant en imitation bambou des WC, le petit meuble de rangement en végétal tressé, et le miroir entouré de ce qui ressemblait à de la paille.

Il s'activa cependant, pressé d'en finir avec les trois dernières chambres pour aller manger. Avec un peu de chance, Katsuki préparerait un bon repas, comme la veille, et lui pourrait en profiter. Même s'il se débrouillait vaguement en cuisine, ses talents culinaires n'égalaient pas ceux du blond. Et s'il pouvait en profiter un peu, cela lui convenait très bien. Il termina donc sa tâche en un temps record et rejoignit Katsuki qui nettoyait le sol.

Voyant que le blond avait les choses bien en main, Izuku se laissa tenter par le hamac. Il s'y installa doucement, ne tenant pas à basculer au sol de manière ridicule. Malgré toutes ses précautions il manqua chuter, faisant ricaner moqueusement Katsuki qui le surveillait du coin de l'œil. Pour toute réponse Izuku s'alanguit dans le hamac, narguant muettement le blond qui bataillait entre l'aspirateur et le tapis.

Katsuki vint enfin à bout du tapis tressé qui l'emmerdait depuis plusieurs minutes. Sans un mot, il débrancha l'aspirateur, et en quelques pas rejoignit le hamac. Son rictus machiavélique fit frémir Izuku qui voulut se redresser. Mais il ne fut pas assez rapide, et Katsuki lui tomba littéralement dessus, s'allongeant sur la couchette, écrasant de tout son poids son ami d'enfance entre son dos et la toile tendue.

A moitié étouffé par le corps du blond, Izuku tenta de le repousser, poussant comme il pouvait le dos du squatteur qui reposait sur son torse.

- Kacc... Kacchan ! rit-il. T'es lourd !

- Hein ! s'offusqua le blond. Tu dis que je suis gros, Deku ?!

- Non, protesta Izuku en tentant une énième fois de déloger celui qui le prenait pour un matelas. Tu... Tu m'écrases !

- Arrête de gigoter abruti ! grogna Katsuki un rire dans la voix. Tu vas me filer la gerbe !

Izuku réussit à repousser un peu la tête blonde qui le noyait dans son abondante chevelure, la posant sur son épaule. Tournant légèrement son visage vers son squatteur personnel, il vit le sourire malicieux de celui-ci et éclata franchement de rire. C'était rare que Katsuki s'amuse à taquiner quelqu'un, et il y avait bien longtemps que le blond ne l'emmerdait plus sans méchanceté aucune. Alors, oui, même s'il avait du mal à respirer à cause du poids de son ami d'enfance, il appréciait ce petit moment de complicité innocente.

Il tenta une nouvelle fois de repousser le blond qui ne se laissa pas faire, agrippant la toile à deux mains pour ne pas être délogé du hamac. Bien sûr qu'avec son alter, Izuku aurait facilement pu se dégager du corps de Katsuki, mais c'était plus drôle ainsi. Et Katsuki ne pesait pas lourd au point qu'il soit vital de le déloger de sa place. Cependant un craquement sinistre mit fin à la bataille amicale. Rapidement les deux adolescents quittèrent le hamac, l'examinant sous toutes les coutures pour s'assurer de n'avoir provoqué aucun dommage irréversible.

Mais le hamac et la toile étaient intacts, les rassurant. Katsuki se dépêcha de finir le sol, et ils quittèrent la chambre pour passer à la suivante, celle de Todoroki.

- Double Face, dit Katsuki en poussant la porte. Je suis sûr que sa chambre est naze.

- Elle est très traditionnelle surtout, répondit Izuku en suivant le blond dans la pièce.

- Je fais la salle d'eau, décréta Katsuki après un rapide coup d'œil à la pièce. Amuse toi bien avec tout les petits carreaux de merde de sa fenêtre !

Izuku soupira lourdement, fatigué d'avance. La chambre de Shoto était véritablement dans la plus pure tradition japonaise, avec donc en lieu et place de la large baie vitrée, une multitude de petits carreaux qu'il allait devoir nettoyer un par un.

Dépité, il se mit à la tâche, maudissant intérieurement son ami au double alter et son sens de la décoration. Il n'avait pas encore fini quand Katsuki sortit du cabinet de toilette. Ce dernier lui jeta un regard amusé, puis se saisit du plumeau et fit les poussières sur les différents meubles présents dans la pièce.

- Merci Kacchan, souffla Izuku reconnaissant.

- J'ai faim, plaida Katsuki. Et au rythme où tu vas on a pas fini. Par contre pour l'aspi tu te démerdes Deku ! J'ai déjà galéré tout à l'heure avec le tapis de Scotch-Man je te laisse te battre avec ce sol de merde !

Izuku posa un regard sur le parquet, recouvert de toute part de bambou tressé, revêtement typiquement japonais, mais particulièrement pénible à nettoyer. Il termina finalement les fenêtres, et s'attaqua au sol, maudissant encore et toujours les goûts décoratifs de Shoto. Un bruit de porte lui fit lever les yeux et il vit Katsuki examiner attentivement le contenu de l'armoire de leur camarade.

- Kacchan, qu'est-ce que tu fais ? s'étonna-t-il.

- Je cherche son futon, répondit Katsuki. Trouvé !

Avec un sourire victorieux il désigna la masse blanche soigneusement pliée. Sans un mot, il alla chercher quelque chose dans le chariot à ménage et revint vers l'armoire. Voyant le regard curieux de son ami d'enfance, Katsuki lui montra obligeamment ce qu'il tenait dans les mains : le magazine pornographique piqué dans la chambre de Mineta.

- Ça va le décoincer un peu ce glaçon, expliqua Katsuki en glissant le magazine dans le futon soigneusement plié. Ou il va entrer en combustion spontanée. Tu paris quoi ?

S'appuyant sur le manche de l'aspirateur, Izuku réfléchit rapidement avant de rire doucement.

- La combustion spontanée, dit-il finalement en reprenant sa tâche première.

- Hm... Si ça se trouve il va croire que c'est un livre d'anatomie, soupira Katsuki un rictus amusé aux coins des lèvres.

Izuku pouffa doucement avant de finir de nettoyer soigneusement ce fichu revêtement de sol qui lui causait bien des soucis. Heureusement, ils n'avaient pas à passer la serpillère dessus. Il débrancha l'appareil ménager et sortit de la pièce, rejoignant Katsuki qui entrait déjà dans la chambre suivante. Perdu dans ses pensées, il regarda son ami d'enfance se figer à l'entrée de la pièce, entendant vaguement son exclamation ravie en voyant la décoration de Sato. Il avait presque oublié que, plus jeune, Katsuki aimait faire des blagues plus ou moins innocentes aux autres.

Glisser un ver de terre dans le cou de l'un, cacher une sauterelle dans le sac de l'autre, changer les bouchons des feutres de la classe, autant de petits tours que le blondinet hyperactif et imaginatif avait pu faire enfant. A l'époque cela amusait beaucoup Izuku qui était son complice, plus ou moins actif. Visiblement dix ans plus tard, Katsuki était toujours capable de s'amuser en jouant des tours pendables à ses camarades. Et Izuku était, de nouveau, son complice dans le crime.

- Deku, ramène toi, putain ! tonna la voix grave de l'objet de ses pensées. Y'a a bouffer !

- Kacchan, protesta Izuku en rejoignant rapidement le blond. Tu vas pas dévaliser les réserves de Rikido ?

- Je lui rachèterai, promis Katsuki en sortant un paquet de chamallows entamé d'un placard. Occupe toi du ménage, je nous fais à grailler !

Ce dernier argument fit taire toutes protestations de la part du plus jeune. Si Katsuki faisait à manger, Izuku était d'accord pour tout ! Absolument tout ! Il aimait bien trop la cuisine du blond, et ne pouvait en profiter que rarement alors tant pis pour les réserves de leur camarade à l'alter-sucré. Il se mit rapidement à l'œuvre, pressé d'en finir.

Une délicieuse odeur envahit la pièce, le faisant saliver. Il redoubla d'effort, accélérant la cadence. Jamais il n'avait fait aussi vite. Mais il avait faim et le parfum de son futur repas était bien trop alléchant pour perdre du temps à rêvasser. Il nota alors l'absence de Katsuki et résista vaillamment à l'envie de voir ce qu'il avait pu préparer.

Izuku s'assit devant la table basse et attendit, avec une impatience mal contenue, le retour de son ami d'enfance. Ce dernier ne tarda pas à revenir, avec dans les mains un plateau supportant de la vaisselle et des ustensiles de cuisine. Katsuki posa le plateau sur la table, et rangea les ustensiles qu'il avait utilisés pour cuisiner et qu'il avait nettoyé après usage. Puis, il déposa sur la table les deux assiettes, les couverts et la bouteille d'eau qu'il avait remonté de la cuisine.

- Ça sent trop bon Kacchan, soupira Izuku la bave aux lèvres. Tu as fait quoi ?

- Tu verras, ricana Katsuki en ouvrant le four, l'appétissante odeur devenant encore plus forte qu'auparavant.

Il sortit doucement le plat, et le déposa sur un dessous de plat posé au centre de la table basse.

- Un gâteau ! s'exclama Izuku, les yeux brillants d'envie.

- C'est pas très équilibré, se justifia Katsuki. Mais pour ce midi, ça fera l'affaire.

- Carrément ! approuva Izuku en tendant son assiette au blond.

Une large part de gâteau au chocolat lui fut servi et le ventre du plus jeune gargouilla bruyamment d'envie devant le cœur légèrement coulant dudit gâteau.

Une poignée de chamallows atterrit à côté de sa part. Izuku remercia chaleureusement Katsuki et attaqua immédiatement le dessert, un gémissement indécent s'échappant de ses lèvres quand la bouchée chocolatée fondit sur sa langue.

- Qu'est-ce que c'est bon ! s'extasia-t-il la bouche pleine. Le meilleur gâteau au chocolat que j'ai jamais mangé ! Kacchan, t'es le meilleur !

- Tsss... bougonna le blond. C'est juste un gâteau, rien de bien sorcier, abruti. Et évidemment que je suis le meilleur !

Izuku hocha vivement la tête, tout en enfournant un chamallow qu'il avait trempé dans le cœur coulant du gâteau. Il ne laissa rien dans son assiette et se resservit une nouvelle part du délicieux dessert, en savourant chaque bouchée avec délectation, sous le regard amusé du pâtissier amateur.

- Ah ! C'était super bon ! Merci Kacchan ! s'exclama-t-il quand il ne resta même pas une miette.

Katsuki ne répondit pas, se contentant d'hausser vaguement les épaules en remettant toute la vaisselle sur le plateau.

- Ramène toi, dit-il. On a encore les piaules des filles à faire.

Izuku le suivit avec entrain, rassasié et le goût du chocolat encore dans la bouche. Il poussa le chariot à ménage jusqu'à l'ascenseur qui les mena au rez-de-chaussée. Les deux adolescents profitèrent de passer par les pièces communes pour faire la vaisselle et par les toilettes pour soulager leur vessie respective. Katsuki remonta rapidement dans la chambre de Sato pour y ranger le moule qu'il avait utilisé et ils se rejoignirent devant la première porte de leurs camarades féminines.

- C'est celle de qui ? demanda Katsuki avant de pousser la porte.

- Si j'ai bonne mémoire, c'est celle de Jiro, répondit Izuku.

- T'as bonne mémoire, le nerd, confirma Katsuki en voyant la décoration de la chambre.

La pièce était décorée dans des tons noirs et rouges et surtout très encombrée par divers instruments de musique.

Katsuki s'approcha de la batterie, l'examinant attentivement.

- Classe, souffla-t-il, un brin d'envie audible dans sa voix.

- Tu en as fait un peu non ? demanda Izuku en s'approchant à son tour.

- Ouais, confirma Katsuki.

Sans un mot de plus, il s'installa derrière l'instrument, saisit les baguettes et fit un solo de batterie.

Admiratif, Izuku regarda Katsuki, s'émerveillant devant sa dextérité. Quand Katsuki posa les baguettes, un léger sourire ourlait ses lèvres.

- Essayes ! dit-il en voyant le regard d'envie de son camarade.

A peu près certain de se ridiculiser, Izuku s'assit quand même à la place précédemment occupée par Katsuki, et prit les baguettes en main, se demandant ce qu'il devait en faire.

- Pose ton pied sur la pédale centrale, lui expliqua Katsuki en lui désignant la dite pédale. Et tu appuis dessus en rythme : un, deux, un deux...

Suivant le rythme et les instructions de son ami d'enfance, Izuku appuya sur la pédale centrale, puis sur celle des cymbales, ajouta une main et une deuxième. Mais sa coordination laissait à désirer et rapidement il perdit le fil et se retrouva à faire n'importe quoi.

Evidemment, Katsuki se moqua ouvertement de lui, le faisant bouder un peu.

- Essaye le synthé, décida le blond en lui désignant l'instrument.

- Je sais pas en faire, Kacchan, plaida Izuku. Tu vas juste te foutre de moi encore une fois.

- Tu te dégonfle, Deku ? railla Katsuki.

Piqué dans sa fierté, Izuku se leva du tabouret de la batterie et prit place devant le clavier.

Au hasard il appuya sur les touches blanches et noires, grimaçant devant les accords particulièrement disgracieux que cela donna.

- Tsss... Commence avec une seule main, gronda Katsuki en s'approchant de lui.

Il lui désigna les touches où appuyer, lui faisant jouer une mélodie simple et répétitive. Suivant les instructions de son professeur improvisé, Izuku ajouta la main gauche, compliquant la mélodie.

Il s'arrêta de lui-même après quelques minutes, ravi d'avoir réussi à tenir le rythme durant si longtemps.

- Merci Kacchan ! s'exclama-t-il en souriant largement à son ami d'enfance.

- Hm... répondit ce dernier avec une légère moue.

Il ne voyait pas bien pourquoi ce sale nerd le remerciait pour lui avoir appris à jouer Au clair de la lune. Surtout qu'il avait un autre souci en tête : lequel allait se dévouer pour faire la salle d'eau de Kyoka ?

Il posa la question à voix haute, et les rougeurs qui envahirent immédiatement les joues d'Izuku l'informèrent que l'idée le mettait aussi mal à l'aise que lui.

- Je m'en charge, finit-il par décider. Mais tu feras la prochaine, Deku !

- Oui Kacchan ! promis Izuku, soulagé de ne pas avoir à poser un orteil dans l'intimité de sa camarade.

Katsuki prit le nécessaire et pénétra dans la petite pièce d'eau, priant intérieurement pour ne tomber sur rien de bizarre ou gênant. Il souffla discrètement de soulagement en voyant que le cabinet de toilette était bien rangé et, qu'à part une brosse à cheveux et un pot de crème hydratante, rien de trop féminin ne traînait à sa vue. En même temps, Kyoka n'était pas la plus féminine de la classe, ce qui à l'heure actuelle convenait très bien à Katsuki.

Il nettoya rapidement le cabinet de toilette avant de rejoindre Izuku qui nettoyait le bureau de leur camarade. Sans un mot, Katsuki prit l'aspirateur et l'alluma. Tout en passant l'appareil ménager sur le sol, il ne put s'empêcher de regarder avec attention la guitare électrique et la basse sagement posées sur leur socle.

Même s'il avait une nette préférence pour la batterie, qui lui correspondait bien mieux selon lui, il savait parfaitement jouer de pas mal d'instruments, et surtout il aimait ça. Il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas fait de musique, trop concentré sur son entraînement et ses devoirs. Il devait devenir numéro un, il n'avait pas le temps de se laisser distraire par des futilités, même s'il appréciait lesdites futilités.

Il lutta vaillamment contre l'envie de se saisir d'un des deux instruments, se concentrant sur l'aspirateur. Mais ses efforts furent ruinés quand Izuku heurta maladroitement les socles, faisant tomber la guitare et la basse.

- Putain fais gaffe, merde ! s'exclama Katsuki en abandonnant l'aspirateur pour relever les deux instruments.

- Pardon ! s'écria Izuku. J'espère que je ne les ai pas abîmés !

Katsuki ne répondit pas, examinant de près la basse qu'il tenait entre ses mains. Malgré lui, ses doigts se mirent à l'ouvrage et une mélodie grave et répétitive résonna dans la pièce.

- Ouah ! Tu sais aussi jouer de la guitare ? s'émerveilla Izuku en s'approchant de lui.

- C'est une basse, pas une guitare, le contredit Katsuki.

Voyant le regard bovin de son ami d'enfance, il lui expliqua la différence entre les deux instruments.

Quelques minutes plus tard, Izuku pinçait les cordes de la basse, très concentré sur les instructions données par le blond qui l'accompagnait à la guitare. Katsuki n'avait pas la moindre idée de comment ils en étaient arrivés là, assis face à face sur le lit de leur camarade, à jouer ensemble. Il ne savait pas non plus pourquoi il se donnait la peine d'apprendre quelques accords basiques à son ami d'enfance. Ils étaient supposés faire le ménage, pas de la musique, bordel !

Pourtant, il ne mit pas fin à l'instant, appréciant ce moment de complicité partagée sans aucune arrière pensée ni aucune rancœur de part et d'autre. Ce n'était pas le premier de la journée, et Katsuki était suffisamment intelligent pour s'avouer à lui-même qu'il avait aimé chacun d'eux. Celui-là peut-être un peu plus que les autres. Mais il ne comptait pas l'avouer à son ami d'enfance... même sous la torture.

La veille, il l'avait évité comme la peste, ayant besoin d'un peu de temps pour digérer tout ce qu'il avait appris et compris lors de leur combat nocturne et la discussion avec All Might. Katsuki n'avait jamais eu peur de se remettre en question. Il n'y avait que comme ça qu'il pouvait progresser plus vite et prendre conscience de ses erreurs et ne pas les répéter. Et des erreurs, il en avait visiblement fait un paquet en ce qui concernait Izuku. Des erreurs de jugements sur les motivations de ce sale nerd, entre autres. Et il avait eu du mal à l'encaisser.

Il avait besoin d'un peu de temps pour remettre les choses en place dans sa tête, pour comprendre l'énormité des informations qu'il avait reçues lors de cette soirée mouvementée. Besoin de temps et de réflexion pour comprendre tout ce que ça impliquait, pour appréhender toutes les conséquences que cela pouvait avoir. Mais cette journée de ménage et tous ces petits moments de complicité lui faisait étrangement du bien. Peut-être qu'Izuku et lui pourraient redevenir amis, finalement.

Pas comme quand ils étaient enfants, trop de choses s'étaient passées entre eux pour que se soit possible. Mais une autre sorte de relation que celle qu'ils avaient jusqu'à présent était possible. Ils pouvaient être amis tout en étant rivaux, s'entraîner ensemble peut-être. Après tout, puisqu'Izuku avait hérité de l'alter d'All Might, s'entraîner avec lui serait forcément intéressant.

Izuku leva la tête, surpris de ne plus entendre la guitare. Il croisa alors le regard de Katsuki qui fixait le vide droit devant lui. Voyant le blond plongé en pleine réflexion, Izuku hésita à le sortir de ses pensées, mais y renonça. Il se leva du lit, reposa la basse sur son socle et se saisit de la serpillère. Quand il eut fini de laver le sol, il s'approcha de Katsuki qui n'avait pas bougé d'un centimètre.

- Kacchan, appela-t-il doucement.

Un clignement d'œil, un léger sursaut et Katsuki tourna la tête vers lui, visiblement surpris de le voir debout près de lui et non assis en face.

- J'ai fini, expliqua Izuku avec un sourire timide. On peut passer à la chambre suivante.

- Ah... ok, soupira le blond en quittant le lit où il était toujours assis.

Il posa la guitare à sa place et suivit Izuku dans le couloir, poussant le chariot de ménage jusqu'à la chambre suivante.

- C'est celle de Toru, dit Izuku en ouvrant la porte.

Katsuki entra et ricana :

- Elle a quel âge sérieux ? Cinq ans ?

Izuku sourit doucement à la remarque du blond. Il admettait sans mal que la chambre de leur camarade invisible avait une décoration très enfantine. Du rose partout, une collection impressionnante de peluches, des motifs de petites filles... Oui, définitivement, la chambre d'Hagakure ne reflétait pas l'âge de son occupante. Laissant Katsuki s'occuper du ménage dans la pièce principale, Izuku prit le nécessaire pour nettoyer la salle d'eau où il s'enferma.

Il soupira de soulagement en ne voyant aucun accessoire féminin trop intime. Il pouvait gérer de se retrouver nez à nez avec une brosse à cheveux ou des chouchous. Il partageait la même salle de bain que sa mère et c'était des accessoires auxquels il était habitué. Tout était un peu trop rose à son goût, mais tant qu'il ne se retrouvait pas en face d'une palette de maquillage ou d'autres objets trop féminins, ça ne lui posait pas de problème particulier.

Quand il sortit de la pièce, il vit Katsuki en train de passer l'aspirateur. Un coup malencontreux sur le cadre de lit fit tomber une des nombreuses peluches l'occupant. Avec un soupir exaspéré, Katsuki ramassa l'animal pelucheux pour le reposer à sa place. Mais au moment où il s'en saisit une voix mécanique se fit entendre :

- J'adore les câlins !

Katsuki fixa d'un œil torve la peluche qui venait de parler. Un pouffement de rire dans son dos attira son attention sur son nerd personnel qui semblait trouver la situation drôle.

- Après le lapin, tu vas câliner un nounours ? s'esclaffa Izuku.

- Tsss... dans tes rêves ! bougonna le blond en tendant le bras pour poser l'objet enfantin.

Mais ce faisant, il lui appuya sur le ventre et la voix mécanique retentit une nouvelle fois :

- Fais moi un bisou !

Izuku éclata franchement de rire, l'image de Katsuki câlinant et embrassant un ours en peluche rose envahissant son cerveau trop imaginatif. Ledit Katsuki le fusilla des yeux, n'ayant aucune difficulté à comprendre à quoi pensait son abruti d'ami d'enfance. Il reporta son attention sur l'innocente peluche et un rictus machiavélique ourla ses lèvres.

- Kacchan ? s'inquiéta Izuku devant l'air démoniaque du blond.

Voyant ce dernier retourner la peluche dans tous les sens, il se précipita pour l'arracher des mains de son tortionnaire.

- Ne fais pas de mal à cette peluche, plaida-t-il.

- J'en ai pas l'intention, tempêta Katsuki en reprenant l'ours. Je vais juste faire une surprise à sa propriétaire.

- Quelle surprise ? s'enquit prudemment Izuku.

- J'ai vu la pub pour cette peluche, expliqua Katsuki en examinant de près ladite peluche. On peut enregistrer les phrases qu'on veut. Il faut juste... Ah ! Trouvé !

Fier d'avoir enfin mis la main sur ce qu'il cherchait, Katsuki s'empressa de décoller les scratchs permettant d'accéder au mécanisme du jouet parlant. Rapidement, il s'approcha du bureau et agita la souris de l'ordinateur, sortant ce dernier de son état de veille. Son rictus s'agrandit en voyant que l'engin n'était protégé par aucun mot de passe, lui facilitant grandement la tâche.

Izuku s'approcha du bureau où Katsuki avait dégoté un câble USB et avait branché la peluche sur l'ordinateur. Il observa le blond pianoter rapidement, cliquant à droite, à gauche, trop vite pour qu'il ait le temps de voir exactement ce qu'il faisait. Un cadre blanc avec une liste de phrases s'afficha finalement sur l'écran. Izuku reconnu immédiatement les phrases dites plus tôt par le nounours.

- Kacchan, bougonna-t-il en voyant les phrases être effacées les unes après les autres. Tu pourrais les laisser et juste en ajouter une ou deux.

- Non, décréta Katsuki. Elle pourra les remettre facilement. Au pire, si elle n'y arrive pas je le lui ferai.

Izuku eut un léger sourire en entendant les derniers mots du blond, rassuré de savoir que celui-ci ne comptait pas laisser leur camarade dans sa détresse.

- Bon, on lui fait dire quoi à cette foutue peluche, grogna Katsuki. Ah oui, tiens... Mange ta soupe et va au lit !

- J'aime les sushis pas frais, suggéra Izuku en pouffant doucement de rire.

- T'es plus une gamine, arrête de me faire des câlins ! rétorqua le blond en ricanant.

- J'ai horreur des bisous baveux, renchérit Izuku.

Les deux adolescents enregistrèrent ainsi une bonne dizaine de phrases, avant de déconnecter la peluche et de remettre l'ordinateur dans l'état exact où ils l'avaient trouvé. Ils vérifièrent que les phrases étaient bel et bien mémorisées par la peluche en lui appuyant sur le ventre. Ils rirent de bon cœur en entendant la voix mécanique dire :

- J'aime beaucoup Mineta.

Ils ricanaient encore quand ils quittèrent la chambre, non sans avoir reposé la peluche à sa place. Ils montèrent rapidement à l'étage supérieur, leur amusement encore visible sur leur visage.

- Putain, mais elles ont quoi avec le rose ? bougonna Katsuki en entrant dans la chambre de Mina.

- C'est quand même moins enfantin que Toru, plaida Izuku avec un sourire.

Katsuki haussa les épaules, et prenant son courage à deux mains entra dans la salle d'eau pour la nettoyer, laissant à Izuku le soin de faire la chambre. Il jeta un œil torve au tube de rouge à lèvres posé sur le lavabo, mais n'y toucha pas et se mit à l'ouvrage. Il finissait de nettoyer la vasque en émail quand il vit une paire de lunettes de soleil en forme d'étoile, mauve pailleté. Amusé, il s'en saisit et les posa sur son nez, ricanant en voyant la tête que ça lui faisait dans le miroir.

- Hey Deku ! Mate ça, lança-t-il en sortant du cabinet de toilette, les lunettes toujours sur le nez.

Izuku se retourna et éclata de rire, surtout quand Katsuki s'amusa à prendre une pose ridicule.

- Ça te va tellement pas... pouffa Izuku.

- Essaye les toi, dit Katsuki en les lui tendant.

Riant toujours Izuku les essaya, faisant ricaner Katsuki. Une autre paire de lunettes de soleil, en forme de cœur et rose, fut trouvée sur le bureau de la demoiselle. Les deux adolescents s'amusèrent quelques minutes, chacun portant une paire différentes, faisant diverses mimiques devant le miroir. Katsuki laissa même Deku prendre quelques photos d'eux deux ainsi équipés, lui faisant cependant promettre que personne ne verrait jamais ces preuves compromettantes.

Ils se remirent finalement à l'ouvrage. Mais une nouvelle découverte les distraya rapidement : un calendrier à l'effigie d'un boys band connu. Izuku regretta un peu d'avoir signalé l'objet à son ami d'enfance quand il vit l'expression machiavélique sur le visage de ce dernier.

- Fini, je reviens, claqua celui-ci en quittant précipitamment la chambre.

Un peu déçu d'être laissé en plan, Izuku fini donc le ménage. Il rangeait le matériel, quand les pas précipités de Katsuki se firent entendre. Le blond revint dans la chambre, essoufflé d'avoir couru, un paquet de feuilles dans la main.

- Qu'est-ce que tu veux faire ? s'enquit-il curieux, en voyant le blond se saisirent du calendrier.

- Tu vas voir, lui répondit Katsuki avec un rictus diabolique.

Izuku s'empressa de rejoindre son ami d'enfance devant la table basse de leur camarade. Il comprit immédiatement l'idée de Katsuki quand il vit les photos imprimées sur les feuilles ramenées par ce dernier.

- C'est méchant, tenta-t-il, son rire contredisant ses mots.

Le regard qu'il se prit en réponse lui fit bien comprendre qu'il n'était absolument pas crédible. Une paire de ciseaux surgit sous son nez, et Izuku entreprit de découper les têtes de ses camarades photographiés. Quelques minutes plus tard, les deux adolescents entreprirent de customiser le calendrier de leur amie. Les visages des éphèbes posant langoureusement furent remplacés par ceux de certains des élèves de la seconde A.

Tout en collant le visage de Mezo sur celui d'un des membres du groupe, Izuku se permit une remarque :

- Tu aurais pu prendre Shoto.

- Non, rétorqua Katsuki. Il est trop beau gosse, ça n'aurait pas été drôle.

- T'as choisi que ceux qui sont moches ? s'offusqua Izuku en voyant son propre visage dans le lot.

- Que ceux qui sont pas au goût de Mina, contra Katsuki. Tu remarqueras qu'il n'y a pas Kirishima, ni Kaminari. Elle les trouve mignons...

- Donc, tu n'es pas assez beau pour Mina, s'enquit moqueusement Izuku en montrant la photo de Katsuki.

- Je suis pas son genre, non, confirma Katsuki pas vexé pour deux sous. Toi, non plus.

- C'est ton côté racaille qui lui déplaît je suis sûr, souffla Izuku amusé.

- Et toi, ton côté nerd en puissance, rétorqua Katsuki moqueur.

Les deux garçons se disputèrent gentiment sur le sujet, à savoir ce qui pouvait déplaire à la demoiselle chez eux, tout en collant patiemment le visage des garçons de la classe en lieu et place de celui du boys band. Une fois leur méfait accompli, ils remirent le calendrier à sa place. Puis, ils quittèrent la pièce, prêts à passer à la suivante.

- C'est quoi ce bordel ? souffla Katsuki figé à l'entrée de la chambre.

- C'est... la chambre d'Ochaco ? s'étonna Izuku à côté de son camarade.

- Quoi ? Tu l'as pas vu lors de votre soirée visite des chambres ? s'exclama le plus âgé.

- Si, avoua le plus jeune. Mais elle n'était pas...

- Dans un tel bordel ?

- Hm...

Les deux adolescents fixèrent la pièce devant eux. Il n'y avait rien de féminin dans la décoration, simple et sobre. Mais surtout il y avait des trucs qui traînaient partout : sur le lit, sur le sol, sur le bureau et la table basse.

- Merde, grogna Katsuki. On va quand même pas ranger son bordel...

- Mais on fait comment pour nettoyer sans ranger ? s'enquit Izuku.

- On met tout sur le lit, suggéra Katsuki. Comme ça, on peut faire le ménage, et elle se démerdera pour ranger ses merdes.

- J'espère que la salle d'eau n'est pas dans le même état, soupira Izuku dépité.

- C'est toi qui gère, décréta Katsuki en commençant à ramasser ce qu'il y avait au sol pour le déposer sur le lit.

Il rougit violemment en se retrouvant soudainement devant un soutien-gorge délaissé sur le tapis. Il s'en saisit du bout des doigts et le jeta littéralement sur le matelas, pressé de se débarrasser de l'objet qu'il n'avait jamais demandé à voir. Les dessous d'Uraraka ne l'intéressaient pas, pas plus que ceux de ses camarades féminines.

Izuku, qui avait assisté au tête à tête entre son ami d'enfance et un sous-vêtement typiquement féminin du coin de l'œil, se retint de rire nerveusement avant de s'enfermer dans la salle d'eau. A sa grande horreur, celle-ci était aussi bien rangée que la chambre. Il dût donc commencer par enlever les serviettes de toilettes posées sur l'abattant pour pouvoir nettoyer les WC.

Puis, il retira les divers objets encombrant le lavabo, soupirant intérieurement contre son amie qu'il n'imaginait pas si peu organisée. Il blêmit en voyant le dernier truc traînant au fond de la vasque en émail. Du bout des doigts il attrapa la petite culotte et, les yeux fermés, se précipita dans la chambre pour aller poser son butin sur le lit, avec le reste des effets de l'occupante des lieux.

Malheureusement, ayant les yeux fermés, il ne vit pas Katsuki qui se trouvait sur sa route. Le blond se releva, une boîte dans les mains, et percuta Izuku. Sous le choc, ce dernier ouvrit les yeux, tombant directement dans les prunelles écarlates et, légèrement horrifiées, de son compagnon de galère.

- Ne me dit pas que c'est ce que je pense, souffla le blond d'un ton oscillant entre la menace et la terreur.

Izuku remarqua alors que la petite culotte, qu'il tenait toujours du bout des doigts, avait atterri sur le visage de son ami d'enfance. Déglutissant difficilement, il hocha courageusement la tête, confirmant les craintes de Katsuki. Ce dernier le repoussa brutalement en vociférant :

- Mais putain fais gaffe merde ! Argh ! Après le masturbateur de l'autre, la culotte de tête ronde ! Je suis maudit putain !

Comprenant parfaitement le sentiment de son ami, Izuku s'empressa de jeter l'objet du crime sur le lit, et se précipita sur le chariot à ménage pour prendre la bouteille de gel hydroalcoolique.

- Tiens Kacchan ! dit-il en lui en versant sur les mains. Désinfecte toi !

- Parce qu'elle n'est pas propre en plus ? rugit le blond horrifié.

- Ben je l'ai trouvé dans le lavabo, sous tout un tas d'autres trucs, avoua Izuku d'une petite voix. Du coup, je n'en suis pas sûr. J'ai pas regardé non plus !

- Je vais pas me foutre du gel sur la gueule, hein, tempêta Katsuki.

Il se dirigea vers la salle d'eau, ayant dans l'idée de se passer un grand coup d'eau sur le visage. Izuku l'accompagna, s'assurant que le lavabo ne leur réservait plus aucune mauvaise surprise. Katsuki se rinça abondamment la figure, puis se l'essuya avec son tee-shirt, bougonnant contre la demoiselle pas foutue de ranger correctement sa chambre. Izuku en profita pour nettoyer rapidement le lave-main et ensemble ils retournèrent dans la pièce principale.

Katsuki se pencha rapidement pour ramasser la boîte qu'il avait fait tomber un peu plus tôt. Machinalement, il regarda ce que c'était et se sentit brusquement rougir jusqu'aux oreilles. Près de lui, Izuku se pencha sur l'objet cartonné, curieux de savoir ce qui gênait tant son ami.

- Des tampons ? s'étonna-t-il. Ils ont l'air bizarres... Comment tu veux tamponner quoique ce soit...

Il ne finit jamais sa phrase, ses yeux tombant dans ceux hallucinés du blond.

- Tu vis avec ta mère, souffla ce dernier choqué. Et tu sais pas ce que c'est ?

- Ma mère n'a pas de tampons comme ça, rétorqua Izuku.

- Parce que ta mère est ordonnée et qu'elle ne laisse pas traîner ça n'importe où, répliqua Katsuki. La mienne range les siens dans le placard sous le lavabo, derrière sa boîte de maquillage.

- Et comment tu sais ça ? s'enquit Izuku.

- Parce que j'aide ma mère à ranger les courses, expliqua platement le blond.

- Ça ne me dit pas ce que c'est, bougonna Izuku.

- Cours de biologie au collège, l'éclaira Katsuki un léger rictus aux coins des lèvres. Le cycle menstruel...

Le clignement d'yeux d'Izuku l'informa que son nerd ne voyait pas le rapport. Agacé, et un peu amusé aussi, mais n'ayant nullement envie d'expliquer les choses en détails, Katsuki lança la boîte sur le lit et sortit son téléphone de sa poche. Rapidement, il trouva ce qu'il cherchait et mit sous le nez d'Izuku une publicité pour les fameux tampons. Les rougeurs qui s'étalèrent à vitesse grand V sur le visage parsemé de taches de rousseur le firent rire moqueusement.

- Oh ! Oh... ooooh ! s'étouffa Izuku cachant brutalement son visage dans ses mains. Je voulais pas savoir finalement...

- Tsss, elles ont seize ans, c'est normal qu'elles aient besoin de ce genre de truc, grommela Katsuki.

- Mais on en a pas vu dans les autres chambres, plaida Izuku toujours aussi embarrassé.

- Parce que les autres ne sont pas aussi bordéliques qu'elle ! tonna Katsuki. D'ailleurs, tu sais quoi, on passe juste l'aspi et la serpillère. Inutile de se fatiguer à faire plus, elle verra pas la différence de toute façon.

Pressé de sortir de cette pièce, regorgeant de bien trop de choses qu'il ne voulait pas voir, Izuku approuva. En quelques minutes les deux garçons firent le peu de ménage qu'ils avaient décidé de faire et quittèrent la chambre, non sans un profond soulagement. Ils prirent l'ascenseur, montèrent au quatrième étage pour faire les deux dernières chambres.

- La chambre de la grenouille, dit Katsuki en tournant la clé dans la serrure. Tu crois qu'elle a une piscine ?

- Non, mais ce serait cool, rit Izuku en suivant le blond dans la chambre.

- Pas de piscine, soupira Katsuki en examinant rapidement la pièce.

- Mais pleins d'aquarium, contra Izuku en désignant les bacs en verre posés sur les meubles.

La chambre de Tsuyu était simple, décorée sobrement dans des tons verts et noirs. Et il y avait des aquariums un peu partout : un petit sur la table de chevet, un plus gros sur le bureau, deux imposants sur des bibliothèques basses. La table basse était un aquarium géant. Intrigués, les deux apprentis héros se penchèrent sur les différents bacs, regardant les poissons, crevettes, anémones et autres représentants de la faune aquatique qui y vivaient.

- J'ai trouvé Double Face, ricana Katsuki en désignant l'aquarium posé sur le bureau.

Izuku s'approcha pour regarder, riant en voyant le beau poisson blanc et rouge qui y nageait tranquillement. Trouvant un paquet de post-it posés tout près, il s'en saisit, écrivit Todoroki sur l'un d'eux et colla le papier vert fluo sur une des parois en verre. Son idée amusa beaucoup Katsuki qui s'empressa de chercher la moindre ressemblance entre les animaux aquatiques et leurs camarades de classe.

Ainsi, le petit poisson violet qui s'agitait dans la table basse fut baptisé Mineta, la grenouille sur la table de chevet Tsuyu, le poisson lune Rikido, une crevette se fit rebaptisé Ilda et une anémone verdâtre Deku. Izuku afficha fièrement le post-it où il avait écrit Kacchan sur un des aquariums abritant un poisson jaune et noir particulièrement vindicatif. Pour qu'aucune confusion ne soit possible, il prit même la peine de dessiner le poisson sous le surnom de son ami d'enfance qui râla tant et plus devant la comparaison.

Une fois tous les poissons baptisés (un beau poisson avec une queue orange se fit baptiser Endevor), les deux adolescents se mirent au ménage. Katsuki se chargea de la salle d'eau, et Izuku de la chambre. Ils furent infiniment soulagés de ne trouver rien qui traînait, et remercièrent intérieurement Tsuyu d'être bien plus ordonnée qu'Ochaco. Ils ne leur fallut pas longtemps, en conjuguant leurs efforts, pour faire tout ce qu'ils avaient à faire, et ils s'empressèrent de quitter la chambre pour s'attaquer à la suivante.

- La dernière, soupira Izuku. Après on aura fini.

- Ouais, confirma Katsuki. J'espère juste que c'est rangé, qu'on perde pas de temps pour des conneries.

Il poussa la porte de la chambre et se figea sur le seuil, les yeux écarquillés.

- C'est quoi ce lit ? souffla-t-il. Il est énorme !

- Momo a fait venir son mobilier personnel, lui expliqua Izuku. Chez ses parents, cette chambre c'est la taille de sa penderie. J'imagine même pas la taille de sa chambre.

- Tsss... Une vraie princesse, grogna Katsuki en attrapant de quoi faire la baie vitrée.

Il se faufila entre la tête de lit et le carreau, et se mit à l'œuvre, laissant Izuku s'occuper du cabinet de toilette. Il râla, tempêta et grommela tout ce qu'il put contre le lit qui l'emmerdait en l'empêchant d'accéder librement à la fenêtre, mais réussit à finir son ouvrage. Il marmonna un peu plus en voyant une photo de la famille Yaoyoruzu sur le bureau. Il était évident que leur camarade venait d'une famille très aisée.

Katsuki n'appréciait que moyennement les bourges, qu'il trouvait trop coincés, trop conventionnels et trop à cheval sur les convenances. Et ce n'était pas Momo ou Tenya qui l'avaient fait changé d'avis sur la question, même s'il pouvait admettre, en son for intérieur, qu'ils étaient plutôt sympathiques. Lui-même venait d'une famille relativement aisée, ses parents gagnant bien leur vie. Mais il avait grandi dans un quartier populaire, entouré d'enfants issus de familles plus ou moins modestes, et avait donc échappé à ce qu'il considérait comme un lavage de cerveau bourgeois.

Quelques minutes plus tard, les deux étudiants avaient enfin fini leur tâche du jour.

- N'empêche qu'elle a un lit immense, ronchonna Katsuki tout en rangeant le matériel. Je suis sûr qu'on y tient à cinq ou six.

- Il a l'air confortable, soupira Izuku qui commençait à fatiguer.

Katsuki le fixa d'un regard neutre avant qu'un sourire mutin n'étire ses lèvres.

- Ramène toi, Deku. On a encore un peu de temps avant qu'ils arrivent.

Sans attendre, il se déchaussa et s'affala sur le lit à baldaquin de l'occupante des lieux.

- Kacchan, s'offusqua Izuku en lui suivant de près. On peut pas faire ça...

Mais avant qu'il puisse protester plus, une poigne puissante l'attira sur le matelas où il s'étala comme une crêpe.

- Oh ! C'est super confortable ! soupira-t-il en ôtant ses chaussons et s'installant un peu mieux.

- Carrément... confirma Katsuki en faisant l'étoile de mer.

Le porteur du One for All l'imita et les deux garçons purent constater que même ainsi ils ne se touchaient pas tant le lit était large. Katsuki se redressa d'un bond et prudemment commença à sautiller sur le matelas, riant de bon cœur en voyant Izuku tressauter en même temps que la couche. Ce dernier ne tarda pas à imiter le blond et les deux futurs héros sautèrent gaiement sur le lit comme deux sales gosses.

Un bond un peu trop haut fit se rencontrer brutalement une tête blonde et un baldaquin, le propriétaire de ladite tête blonde rageant violemment contre l'innocent meuble. Izuku se moqua sans vergogne de son ami d'enfance qui se vengea en le plaquant brutalement sur le matelas tentant de l'étouffer dans l'un des nombreux oreillers. Izuku agrippa un autre coussin et frappa Katsuki avec, lequel répliqua vertement. Les deux adolescents chahutèrent à coup d'oreillers durant de longues minutes, leurs rires et leurs protestations diverses résonnant dans le couloir vide par la porte laissée ouverte.

- On va devoir refaire le lit, soupira Izuku un sourire aux lèvres et étalé en travers du matelas.

- Ouais, confirma Katsuki dans la même position que lui.

- Mais c'était marrant, tenta le plus jeune d'une petite voix timide.

- Ouais, le rassura le plus âgé.

Ils restèrent allongés, en silence, l'un à côté de l'autre, durant de longues minutes, et finirent par sombrer dans le sommeil.

Ce fut des éclats de voix venant de l'extérieur qui les réveillèrent. Un peu dans le gaz, ils mirent quelques secondes à comprendre qu'ils s'étaient endormis sur le lit d'une de leur camarade. Machinalement, Katsuki tourna la tête vers le bureau où trônait une petite pendule.

- Merde ! s'exclama-t-il en se levant d'un bond. Deku, bordel ! Ils reviennent !

Izuku tourna la tête et vit l'heure. Il imita immédiatement le blond qui tirait déjà sur les draps pour refaire le lit. Frénétiquement, Izuku remit les oreillers en place, et les deux garçons quittèrent la chambre en courant. Ils fermèrent rapidement la porte, puis poussèrent le chariot à ménage dans l'ascenseur, priant pour arriver en bas avant leurs camarades qui avaient fini les cours. Ils ne tenaient pas à devoir justifier leur présence dans l'aile des filles.

Par chance quand ils sortirent de l'ascenseur, il n'y avait encore personne dans la salle commune. Mais les autres n'étaient pas loin, ils entendaient leurs voix dans le hall d'entrée. En courant, ils rangèrent le chariot et rejoignirent la pièce commune. Au moment même où ils y arrivèrent Kirishima, Kaminari et Yaoyoruzu entrèrent eux aussi.

- Yo les mecs ! les salua Eijiro avec un grand sourire. C'était bien votre journée ?

Les deux jeunes hommes ainsi interpellés échangèrent un regard puis, à la surprise générale, éclatèrent de rire.

- Oh putain, souffla Denki. Qui a cassé Katsuki ?

- Deku-kun ? s'inquiéta Ochaco en voyant son ami essuyer une larme d'hilarité coulant sur sa joue. Tout va bien ?

- Oh oui, Ochaco-Chan, la rassura Izuku en reprenant peu à peu son calme. Tout va bien, ne t'inquiètes pas.

- C'est rare de vous voir rire ensemble, fit remarquer platement Shoto.

- On n'a pas de compte à te rendre, répliqua sèchement Katsuki en tournant le dos aux nouveaux venus.

Puis, il partit, prenant le chemin de sa chambre, abandonnant Izuku avec leurs camarades.

Dans les heures et les jours qui suivirent plusieurs phénomènes étranges survinrent, amusant grandement un blond explosif et son ami d'enfance aux cheveux verts.

Le soir même, l'alarme incendie se déclencha, alertant les étudiants. Heureusement l'incendie fut rapidement maîtrisé, et Shoto Todoroki sortit de sa chambre partiellement brûlée, avec un air traumatisé et un magazine calciné entre les mains.

Tsuyu Asui s'amusa grandement des noms donnés à ses poissons, noms qu'elle adopta totalement, trouvant très drôle d'appeler Kacchan un poisson chirurgien agressif envers quiconque approchait son anémone préférée nommée Deku.

Denki Kaminari pleura toutes les larmes de son corps en feuilletant le magazine soigneusement caché sous son tapis. Les magnifiques demoiselles habituellement nues ne l'étaient plus. Pire ! L'une d'elle était le portrait craché de son professeur principal ! Il en fit de nombreux cauchemars. Il se vengea cependant, en faisant circuler la photo de la dernière page, où Izuku enlaçait langoureusement Katsuki.

Rikido Sato chercha longuement son paquet de chamallows, sûr et certain qu'il ne l'avait pas fini. Il fut très surpris de trouver un soir un sachet plastique devant sa porte avec dedans : un paquet de chamallows, une tablette de chocolat noir, un paquet de farine, du sucre, de la levure et une boîte d'œufs. Et sur le sachet, un post-it avec son nom. Il ne sut jamais qui avait déposé ça, et pour en faire profiter tout le monde fit un délicieux gâteau au chocolat avec un nappage aux chamallows.

Mina Ashido hurla d'horreur en voyant son si précieux calendrier. Les beaux éphèbes qu'elle admirait tant avaient la tête de ses camarades de classe. Pire encore ! La tête de tous ceux qu'elle ne trouvait pas particulièrement beaux. A croire que c'était fait exprès pour lui gâcher son plaisir. Furieuse, elle mena l'enquête, mais ne trouva jamais le coupable d'un tel sacrilège. Elle finit cependant par pardonner au responsable quand elle trouva, glissé sous sa porte, un exemplaire neuf, intact et dédicacé de son précieux calendrier.

Eijiro Kirishima dû affronter les moqueries de ses camarades quand, durant le week-end, il refit sa teinture. Hélas, au lieu du rouge carmin habituel, il se retrouva avec les cheveux d'un très joli et seyant rose pâle. Après s'être longuement lamenter sur sa malchance, Eijiro assuma, avec sa bonne humeur habituelle, cette couleur peu commune. Il fut cependant infiniment soulagé quand Katsuki débarqua un soir dans sa chambre, une boîte de teinture dans les mains, lui suggérant de refaire sa couleur, avec la bonne teinte cette fois.

Toru Hagakure fondit en larme quand elle entendit son nounours préféré lui assurer qu'il détestait les bisous baveux. Elle eut beau appuyer sur le ventre de sa peluche, aucune des phrases que prononça le jouet parlant ne lui rendit le sourire. Elle bouda longuement, et décida de finalement se débarrasser de l'insolent ourson qui lui avait dit :

- Fais tes leçons !

Elle croisa Katsuki en allant jeter son nounours et ce dernier lui reprogramma la peluche, lui rendant le sourire.

Izuku Midoriya trouva, un soir, un carnet glissé sous sa porte. Un peu surpris, il s'en saisit et l'ouvrit. Un sourire éclaira son visage en lisant la première page. Avec empressement, il lut tout ce qui était noté, réfléchissant aux suggestions émises. Un ricanement lui échappa quand il lut le descriptif : Deku, taille : 166 cm, pointure : 40, groupe sanguin : O. Visiblement Katsuki avait pris soin de noter des détails sans importance. Parce que oui, il n'eut aucun doute sur la provenance du carnet qui contenait le détail des capacités héroïques de Deku. Il n'y avait que Katsuki qui pouvait intituler un carnet : Mode d'emploi du sale nerd !

Katsuki Bakugo, après s'être assuré que ses petites blagues n'auraient pas trop d'incidence sur ses camarades, et après avoir rattrapé celles qui étaient peut-être un peu trop poussées, fut étonné de trouver une enveloppe sur le seuil de sa chambre. Intrigué, il l'ouvrit et ne put s'empêcher de sourire en voyant quelques photos. Sur chacune d'elles, Izuku et lui-même prenaient la pose, des lunettes de soleil pailletées rose ou violette, en forme d'étoile ou de cœur, sur le nez. Et dans l'enveloppe, un simple papier sur lequel était écrit : Merci Kacchan.

Fin.


Commentaires des auteures :

Alors oui, on sait que le coup de la retenue a déjà été fait et refait. Mais voilà, on avait envie de le faire à notre sauce. On espère que ça vous a plu.


Bureau des plaintes et personnages martyrisés :

Affalées dans leur canapé, les deux auteures se remettent de leurs émotions après avoir fini d'écrire leur petite histoire.

Dans leur dos, Izuku fait face à un Aizawa passablement énervé :

- Ça t'amuse ?

- C'était des petites blagues, plaide Izuku.

- C'est toi qui a suggéré l'idée !

- Heu... laquelle ?

- Je veux des excuses écrites, en trois exemplaires. C'est clair ?

- Oui Aizawa-sensei... mais... pourquoi ?

- Pour avoir soufflé à Bakugo l'idée de me dessiner dans un magazine porno !

Devant le regard noir de son professeur principal, Izuku décide qu'il est préférable pour sa survie de ne pas argumenter avec lui et va se cacher derrière un blond explosif.

Katsuki lui, fait face à Denki qui agite sous son nez le fameux magazine :

- J'ai fait des cauchemars !

- Ca t'apprendra à lire des conneries au lieu de faire tes leçons !

- N'empêche que vous êtes mignons ensemble finalement, ajoute l'électrique en montrant la dernière page du magazine. Tu sais, il y a plus simple pour nous avouer que tu sors avec Deku.

L'explosion qui retentit pousse Denki à fuir, un blondinet rugissant à ses trousses.

Posé sur une chaise, un ourson en peluche rose se met soudainement à parler :

- Alors ? Cette petite idée ? Une review pour leur dire ce que vous avez pensé ?