Titre : Aveuglément.
Disclaimer : Les personnages et l'univers de My Hero Academia ne nous appartiennent pas, ils sont la propriété pleine et entière de Kõhei Horikoshi.
Pairing : Léger Katsuki/Izuku...
Genre : OS / Friendship / Romance fluffy.
Résumé : Recovery Girl a été formelle : il va devoir rester ainsi pendant trois jours. En attendant, il doit s'en remettre à un de ses camarades pour bien des aspects de sa vie. Mais ce n'est pas un problème, il a l'habitude de le suivre... aveuglément.
Note des auteures : C'est tout gentil, tout mignon... on espère que ça vous plaira.
Bonne Lecture,
Yzan & Lili.
- Aveuglément -
Assis sur le bord d'un lit à l'infirmerie, Izuku soupira lourdement en boutonnant sa chemise. Il maugréa dans sa barbe inexistante contre sa capacité extraordinaire à se mettre dans des situations invraisemblables. Pourtant la journée avait bien commencé. Il faisait beau, le soleil hivernal brillait haut dans le ciel et son horoscope du jour était excellent. Ce matin, c'était donc le cœur léger qu'il avait pris la direction de l'agence d'Endevor, accompagné de Katsuki et Shoto, pour une nouvelle journée d'apprentissage.
La journée avait commencé comme d'habitude : eux trois suivant Endevor dans ses pérégrinations héroïques à travers la ville. De simples missions, vite réglées par le héros incandescent. Arrêter un voleur ayant braqué une bijouterie, secourir les victimes d'un accident de la route, retrouver un chien perdu, rien que de l'ordinaire et du normal dans la vie des héros.
En début d'après-midi, les apprentis et leur mentor avaient rejoint la police autour d'un entrepôt où se terrait une bande de trafiquants de drogue. La police avait enfin localisé la planque du groupuscule et avait demandé l'aide des héros pour les appréhender. Les criminels étaient sûrement armés et, potentiellement dotés d'alters dangereux. Izuku avait scrupuleusement suivi les instructions, attendant le signal pour s'introduire dans l'entrepôt à la suite d'Endevor.
Très rapidement, Izuku s'était retrouvé aux prises avec l'un des trafiquants, lequel lui avait donné un peu de fil à retordre. Il allait le neutraliser quand il avait commis une erreur. Une erreur de débutant. Une exclamation douloureuse avait retentit quelque part sur sa droite. Et bêtement, il avait tourné la tête vers cette voix qu'il reconnaîtrait entre mille. C'était stupide... Il le savait. Et là maintenant, assis sur le lit à l'infirmerie de Yuei, il en avait encore plus conscience.
Mais son corps avait agi seul, sans lui demander son avis. Il avait tourné la tête, juste le temps de s'assurer que son camarade allait bien, juste le temps de le voir exploser son adversaire malgré son épaule ensanglantée. Parce que c'était bien là tout le problème : celui qui avait crié, c'était Katsuki. Et quand il s'agissait de son ami d'enfance, Izuku avait une fâcheuse tendance à oublier de réfléchir.
Il n'avait tourné la tête qu'une seconde, peut-être deux. Mais ça avait suffit à son adversaire pour se jeter sur lui, posant sa main sur ses yeux. La douleur avait été atroce, insupportable. Izuku ne savait même pas comment il avait réussi à infliger un coup à son assaillant, alors qu'il avait l'impression que ses yeux brûlaient. La suite était floue, indistincte. Il avait entendu des voix, des cris. Il avait senti un poids sur lui, une main sur sa tête, puis plus rien.
Il s'était réveillé là, à l'infirmerie de Yuei. Du moins c'était ce que Recovery girl lui avait dit, et il ne pouvait que lui faire confiance. Aveugle. C'était la conséquence de cette erreur. Le vilain avait un alter corrosif, et ses yeux avaient été atteints. Selon l'infirmière il n'aurait aucune séquelle, la cornée ayant miraculeusement été épargnée, mais il lui faudrait plusieurs jours pour retrouver complètement la vue, le temps que l'alter de l'infirmière agisse. Trois jours... Trois jours à vivre dans le noir complet. Tout ça parce qu'il n'avait pas pu s'empêcher de s'inquiéter pour Katsuki.
C'était ridicule, et si le blond l'apprenait nul doute qui lui hurlerait dessus et proprement en plus. Mais voilà, c'était plus fort que lui, Izuku s'inquiétait toujours plus que de raison pour Katsuki. Il avait appris par Recovery Girl que Shoto avait eu la jambe cassée dans la bataille. Et pourtant c'était bel et bien le cri de Katsuki qu'il avait entendu. Alors que Shoto était plus près de lui dans l'entrepôt que le blond explosif. Et lui, Izuku n'avait même pas vu que son ami au double alter était blessé, ne l'avait même pas entendu crier.
Un lourd soupir lui échappa à nouveau. Il fallait vraiment qu'il apprenne à ne pas vouloir voler au secours de Katsuki pour tout et n'importe quoi. Lui-même ne comprenait pas vraiment pourquoi il agissait ainsi. Certes depuis leur combat nocturne, et leur trois jours de colles, ils s'étaient rapprochés. S'entraîner ensemble sous la surveillance d'All Might avait aussi nettement amélioré leur relation.
Mais cette fâcheuse tendance à s'inquiéter plus que de raison pour son ami d'enfance datait de bien avant ce rapprochement et cette amélioration. Non, elle existait depuis leur plus tendre enfance. C'était d'ailleurs probablement une des raisons pour lesquelles leur amitié s'était dégradée, la fierté de Katsuki ne supportant pas qu'Izuku veuille le sauver de tout et n'importe quoi.
Chassant ses pensées mélancoliques, Izuku se concentra sur sa chemise. Il n'aurait jamais cru que boutonner une simple chemise puisse être si difficile en étant aveugle. Les trois prochains jours allaient être longs. Recovery Girl lui avait expliqué qu'il ne devait pas exposer ses yeux à la lumière, ni à l'eau, et encore moins au savon ou au shampoing. Elle lui avait fait un bandage bien serré, s'assurant ainsi qu'il ne puisse ouvrir les yeux par inadvertance.
Aizawa-sensei, prévenu par Endevor, était venu s'enquérir de son état. Après avoir eu les réponses à ses questions, il avait décidé de désigner un élève pour guider Izuku durant les trois prochains jours. Recovery Girl avait alors décrété que ce même élève serait chargé de refaire le bandage d'Izuku et de lui mettre les collyres matin et soir. Ce n'était pas des actes difficiles selon elle, et cela éviterait à son patient de venir trop souvent à l'infirmerie. Elle le voyait déjà bien assez comme ça.
A l'heure actuelle, l'élève désigné devait donc se trouver avec l'infirmière en train de recevoir les diverses instructions de celle-ci. Tout en se penchant pour enfiler ses chaussures, Izuku se demanda qui Aizawa avait bien pu choisir pour lui servir de guide. Sûrement un de ses amis, peut-être Tenya, Ochako, Tsuyu ou Shoto, peut-être même Yuga. Une légère grimace tordit sa bouche à cette pensée.
Izuku adorait ses amis, vraiment. Mais l'idée de dépendre de l'un d'eux pour beaucoup de choses dans les jours à venir le mettait très mal à l'aise. Ils étaient certes adorables et feraient sûrement tout pour lui faciliter la vie. Pourtant, il n'était pas à l'aise avec cette idée, pas du tout. Tenya en ferait sûrement trop, beaucoup trop. Il lui indiquerait le moindre petit caillou sur son chemin. Yuga était bien capable d'oublier totalement de lui dire les choses importantes, le laissant se prendre les obstacles sur sa route. Pas que le jeune homme étincelant ne soit pas capable d'attention, mais sa légère tendance narcissique lui faisait parfois oublier les besoins des autres.
Quant à Shoto, Izuku avait encore un peu de mal à savoir exactement ce que pensait son ami bicolore. Et il avait tellement tendance à tout prendre au pied de la lettre qu'il était bien capable de lui décrire par le menu détail le paysage environnant, oubliant de ce fait les choses importantes, tel qu'un escalier ou un lampadaire. Et Izuku n'avait que faire du paysage. Il préférait éviter de s'étaler dans un escalier ou de s'encastrer dans un lampadaire.
L'idée de devoir être physiquement proche d'Ochako le gênait grandement, et il était certain que cette proximité troublerait tout autant son amie. Pas que l'idée de devoir être physiquement proche de Tenya, Shoto ou Yuga ne le mettait pas particulièrement mal à l'aise, mais avec Ochako se serait mille fois pire. Et il risquait fort de se retrouver seul, perdu dans le noir pendant que son amie volerait dans les airs, rouge de gêne.
Tout en bataillant avec ses lacets, Izuku passa rapidement en revue ses camarades de classe, songeant que dans tous les cas, la situation serait gênante. Il espéra que ce serait Tsuyu sa guide. Avec elle, il se sentait étrangement à l'aise, enfin plus qu'avec les autres. Et Tsuyu saurait être attentive sans en faire trop. Mais il n'avait pas son mot à dire dans l'histoire. Il devrait faire avec, et espérait que cela ne serait pas aussi dramatique qu'il le craignait.
- Mais c'est pas vrai, bougonna Izuku en sentant ses lacets se défaire sous ses doigts.
Comment c'était possible de ne même pas réussir à faire des lacets, juste parce qu'il était aveugle ? Il marmonna, refaisant encore une fois le nœud récalcitrant. Une main chassa les siennes d'une tape agacée, le faisant sursauter. Il était tellement perdu dans ses pensées qu'il n'avait même pas entendu la porte s'ouvrir et quelqu'un entrer.
Il se redressa, sentant la personne à ses pieds nouer ses lacets. Un léger sourire étira ses lèvres quand l'inconnu se redressa devant lui. Il allait ouvrir la bouche quand les mains du nouveau venu se saisirent de sa chemise. Avant même qu'Izuku n'ait eu le temps de comprendre ce qu'il se passait exactement, sa chemise était déboutonnée puis reboutonnée, sa cravate nouée, et sa veste enfilée.
Visiblement, il avait mal fermé sa chemise et son futur guide venait de rectifier son erreur. Le sourire d'Izuku s'agrandit et il attendit, patiemment, toujours assis sur le bord du lit. Il entendit l'autre s'éloigner, se saisir de quelque chose puis revenir à lui. Izuku se leva, un peu inquiet, malgré tout, de la suite des événements. Et le silence de son camarade ne l'aidait pas.
Il sentit une main chaude se saisir de la sienne, et la glisser dans ce qu'il devina être la poche d'un pantalon. Instinctivement, il agrippa avec sa main gauche le bras de son guide, sentant sous ses doigts le tissu de l'uniforme. Sa main toujours enlacée avec celle de son guide, les deux bien cachées dans la poche du pantalon, il suivit ce dernier quand il commença à marcher.
Izuku suivit, en silence, collé à son guide. Il ne ressentait aucune gêne. Ni leurs mains enlacées, ni ses doigts crispés sur le bras de l'autre, ni leur proximité physique ne le mettait mal à l'aise. Même le silence entre eux était étrangement confortable. Le sourire d'Izuku s'agrandit. Il était bêtement heureux. Il ne savait pas pourquoi Aizawa avait désigné Katsuki pour le guider, ni pourquoi ce dernier avait accepté, mais il était ravi que ce soit ainsi. Dire qu'il n'avait même pas osé l'envisager.
Évidemment il avait reconnu son ami d'enfance dès qu'il avait éloigné ses mains de ses lacets. Il connaissait l'odeur si caractéristique des mains du blond, sa manière de taper ses doigts pour les chasser. Même aveugle et sourd il pourrait le reconnaître entre mille. Il connaissait la main qui serrait la sienne dans la poche, il connaissait ce bras auquel il s'agrippait, ce corps près du sien. Et c'était étrangement rassurant.
Un souvenir resurgit dans sa mémoire, le faisant sourire un peu plus. Cette position, c'était exactement la même. Sauf qu'à l'époque Katsuki ne glissait pas leurs mains jointes dans sa poche, sûrement parce qu'il n'avait pas de poche dans son pyjama. Mais c'était dans cette position qu'ils parcouraient la distance entre la chambre et les toilettes, ou la cuisine, quand en pleine nuit, Izuku voulait boire, ou avait envie de faire pipi, et qu'ils dormaient l'un chez l'autre.
Pour ne pas réveiller leurs parents respectifs, ils n'allumaient pas les lumières. Et à l'époque, Izuku avaient peur du noir. Alors Katsuki le guidait ainsi jusqu'à la pièce désirée. Il le guidait aussi ainsi quand ils partaient en exploration dans le parc près de chez eux. Oui à l'époque Izuku était trouillard, mais Katsuki savait toujours le rassurer. Et il avait l'habitude de le suivre dans tous ses jeux, toutes ses idées aventureuses, même s'il crevait de trouille.
Le ding caractéristique de l'ascenseur le sortit de ses souvenirs. Il ne fut même pas surpris de ne pas s'être rendu compte du chemin parcouru. Son corps avait suivi Katsuki, instinctivement. Il entendit les portes s'ouvrir et s'engouffra dans la cabine en même temps que son guide attitré. Il perçut les mouvements du blond quand il appuya sur le bouton devant les mener au rez-de-chaussée. Les portes se refermèrent et l'ascenseur descendit.
- Ta blessure ? finit par souffler Izuku d'une petite voix, osant à peine briser le silence tranquille.
- Une égratignure, lui répondit Katsuki. Déjà guérie.
- Tant mieux.
- Tsss... Et si tu t'inquiétais pour toi de temps en temps, crétin ?! Comment tu veux sauver qui que ce soit si t'es même pas capable de te protéger toi-même, abruti ?! Tu m'énerves !
Izuku sourit mais ne dit rien, conscient que Katsuki avait raison. Conscient aussi que s'il lui répliquait qu'il était le seul pour qui il s'inquiétait à ce point il se ferait méchamment enguirlander. Les portes s'ouvrirent et les deux adolescents sortirent de la cabine. Ils quittèrent le bâtiment et se dirigèrent vers leurs dortoirs. Izuku se crispa un peu en sentant l'air frais sur son visage, mais une légère pression sur sa main cachée dans la poche de Katsuki le rassura.
Les cours étaient terminés et bien des étudiants traînaient dehors, profitant du soleil hivernal qui ne tarderait plus à se coucher. Katsuki fusilla des yeux tous ceux qui les regardèrent passer avec étonnement ou curiosité. Il ignora les nombreux murmures sur leur passage. Son sac et celui de ce stupide nerd sur l'épaule, il avançait d'un pas sûr vers sa destination, évitant avec brio les divers obstacles sur son chemin, ne prenant même pas la peine de les indiquer à son ami d'enfance.
Après tout, c'était son rôle pour les trois prochains jours de faire en sorte que ce sale nerd arrive à destination sain et sauf. Donc inutile de lui préciser qu'un lampadaire se trouvait là, alors qu'en s'écartant d'un pas ou deux, il leur évitait la collision. Une moue blasée tordit sa bouche en songeant que cet abruti s'était fait bêtement avoir par un trou du cul qu'il aurait pu éclater en deux secondes, s'il ne s'était pas laissé distraire par Katsuki ne savait quoi.
C'était bien le genre d'Izuku de baisser sa garde au pire moment possible. Lui-même venait de neutraliser son adversaire quand il avait entendu le hurlement d'Izuku. Il s'était immédiatement retourné, juste à temps pour voir un des trafiquants voler à travers l'entrepôt et son ami d'enfance s'effondrer au sol, les mains devant les yeux, hurlant de douleur. Un rapide coup d'œil l'avait informé que le vilain était neutralisé et il s'était précipité vers Deku.
Il lui avait fallu immobiliser cet abruti qui se tordait dans tous les sens en s'asseyant carrément sur lui, le coinçant entre ses cuisses. Il avait eu beau lui crier de se calmer, ce dernier ne semblait pas l'entendre. Katsuki avait saisi les poignets de son camarade, écartant les mains du visage pour voir ce qu'elles cachaient, ignorant la douleur et le sang irradiant de son épaule blessée. Et il avait eu envie de vomir en voyant l'état des yeux de Deku. C'était moche ! Très moche !
Izuku continuait de crier et de se débattre, l'obligeant à serrer les cuisses plus fort pour l'empêcher de se blesser davantage. Katsuki lui avait tenu les poignets, s'assurant ainsi qu'il n'aille pas toucher ses yeux blessés. Mais Izuku agitait la tête à droite, à gauche, criant encore et toujours. Un des partenaire d'Endevor était arrivé près d'eux et avait posé sa main sur la tête d'Izuku, la lui immobilisant. Puis, Izuku s'était évanoui, affolant un peu plus son ami d'enfance qui avait enguirlandé les secours n'arrivant pas assez vite à son goût.
Finalement, ils avaient été rapatriés à Yuei. Et Recovery Girl avait râlé en les voyant tous les trois blessés. Shoto avait la jambe cassée, mais un bisou de la vieille l'avait soigné et il avait pu regagner le dortoir avant eux. Lui s'était pris une barre de fer dans l'épaule. Il avait eu droit à son bisou magique et avait dormi presque quatre heures. Mais à son réveil, il n'avait plus rien qu'une cicatrice ronde sur la clavicule gauche et une légère douleur.
Il était en train d'enfiler son uniforme quand Aizawa-sensei était entré dans sa chambre, lui donnant des nouvelles de ses camarades. Quand son professeur lui avait expliqué la situation particulière d'Izuku, Katsuki avait été surpris de s'entendre dire :
- Je le ferai.
Visiblement, Aizawa était aussi surpris que lui, mais après de longues minutes de silence, il avait simplement acquiescé avant de lui préciser que Recovery Girl lui expliquerait deux trois trucs. Puis, son professeur l'avait laissé seul, le laissant se demander pourquoi il s'était proposé pour s'occuper de ce sale nerd.
Dix minutes plus tard, il écoutait la vieille baveuse lui expliquer les fameux deux trois trucs. Deux trois trucs... Tu parles ! Elle avait toute une liste de recommandations et d'explications à lui donner. Comme s'il était trop con pour deviner de lui-même certaines choses. Il avait compris tout seul qu'il ne fallait surtout pas que ce crétin se foute de savon dans les yeux. Inutile de le lui préciser.
Mais bon, le blond avait écouté en silence, notant mentalement tout ce qu'elle lui disait. Il avait pris les bandages, les compresses, la pommade et les collyres qu'elle lui avait fournis, les rangeant dans son sac. Puis, il avait retrouvé son boulet personnel. Le voir batailler avec ses lacets l'avait vite agacé, tout comme voir sa chemise boutonnée n'importe comment. Il avait donc réglé le problème et l'avait aidé à finir de s'habiller avant de prendre son sac et de l'emmener vers leur dortoir.
Katsuki fusilla des yeux un groupe de garçons qui les fixaient d'un air moqueur, retenant un grognement en les entendant ricaner dans son dos. A croire que ces mecs étaient plus aveugles que Deku. Ils ne voyaient pas le bandage sur les yeux de son koala attitré ? Depuis qu'ils étaient dehors, tous ceux qui les avaient croisés les avaient regardé comme s'ils étaient un putain de couple se promenant main dans la main.
Heureusement certains avaient remarqué le pansement du plus jeune, comprenant alors la situation. Mais Katsuki pouvait déjà entendre les rumeurs sur son dos et celui de son ami d'enfance. Et ça le gonflait sévère. Il se retenait d'exploser la tronche de tous ces abrutis pas fichu de faire la différence entre un couple et un aveugle et son guide. Voyant les marches menant au bâtiment se rapprocher, il serra la main glissée dans la sienne, indiquant ainsi à Izuku qu'il y avait un obstacle.
La pression sur sa main sortit Izuku de ses pensées, qui tournaient étrangement autour de son guide actuel et de la raison pour laquelle il était si à l'aise avec lui. Il se concentra sur le corps près du sien, calquant ses mouvements aux siens. Il sentit le bout de son pied buter contre quelque chose et instinctivement le leva. Il ne lui fallut qu'un quart de seconde pour comprendre qu'il s'agissait d'un escalier et il imita son guide, montant doucement les quelques marches.
Ce ne fut qu'une fois en haut qu'il réalisa que Katsuki avait volontairement exagéré ses gestes, lui permettant ainsi de les suivre dans l'ascension, et de monter les marches sans encombre. Il serra doucement le bras de son ami, le remerciant silencieusement. Un simple claquement de langue lui répondit, le faisant sourire. Bien sûr que Katsuki ne voulait pas de sa gratitude.
Le bruit d'une porte qu'on ouvre et la douce chaleur qui remplaça l'air froid le renseigna sur le fait qu'ils étaient arrivés. Il sentit Katsuki s'arrêter et ôter ses chaussures. Sa main fut sortie de la poche, où elle était bien au chaud, et il se retrouva brusquement seul et perdu. Plus de main dans la sienne, plus de bras sous ses doigts, plus de corps près du sien. Izuku avait soudainement très froid.
Une pression sur sa cheville gauche le rassura immédiatement. Katsuki ne l'avait pas abandonné. Le blond lui ôtait simplement ses chaussures, l'aidant à enfiler ses pantoufles. Sa main retrouva rapidement sa place, dans la poche de son ami d'enfance serrée par sa jumelle. Ses doigts retrouvèrent eux aussi leurs places : le bras de Katsuki. Et ils reprirent leur route, se rapprochant du brouhaha venant de la pièce commune.
A peine eurent-ils franchi le seuil que des mains se saisirent d'Izuku, l'arrachant à Katsuki. Des voix inquiètes l'assaillirent, mais il ne comprit pas ce qu'elles disaient, incapable de se concentrer sur autre chose que l'absence soudaine de son ami d'enfance.
- Ka... Kacchan, appela-t-il affolé.
- Ne t'inquiète pas Deku-kun, tenta de le rassurer une voix féminine près de lui. Viens t'asseoir.
Il se laissa traîner par Ochako, ayant finalement identifié la propriétaire de la voix. Il buta contre un meuble, manquant de tomber, mais il fut rattrapé par de nombreux bras.
Ce ne fut qu'une fois assis, sur ce qu'il devina être le canapé, qu'il put enfin se concentrer sur ce que ses camarades lui disaient. Izuku les rassura, leur expliquant que sa cécité n'était que temporaire, que non il n'avait pas mal, et oui le trajet entre l'infirmerie et ici-même s'était bien passé. Il tenta de se décrisper, mais il n'y arriva pas. Il était pourtant entouré de ses amis, ses si bienveillants et attentionnés amis.
Néanmoins il n'arrivait pas à se détendre complètement. Il se sentait perdu, incapable de se repérer. Il avait du mal à reconnaître les voix de ceux qui l'entouraient. Il ne savait pas à qui étaient ces mains sur ses épaules ou ses bras. Il était mal à l'aise, mais prit sur lui ne voulant inquiéter personne. Il sourit, répondit aux diverses questions, assurant que tout allait bien. Il s'enquit de la jambe de Shoto qui lui expliqua que Recovery Girl l'avait soigné et que tout allait bien.
- Oï Deku !
Izuku leva instinctivement la tête vers la voix qui venait de l'interpeller ainsi, se sentant étrangement rassuré. Katsuki était là.
- Ramène toi, claqua ce dernier en lui attrapant une main.
Immédiatement Izuku se leva et agrippa le bras du blond, retenant un profond soupir de soulagement en sentant le corps de son ami d'enfance près du sien.
Celui-ci l'entraîna à sa suite, sans un mot, et Izuku ne posa pas de question. Mais ils furent brusquement interpellé par Ochako :
- Katsuki, tu pourrais être un peu plus attentionné ! Il ne voit rien je te rappelle. Tu pourrais au moins lui dire ce qu'il a devant lui.
- Je t'ai pas sonné Tête ronde, grogna Katsuki en poursuivant sa route. Tu pourras faire ta mère poule plus tard. A moins que tu ne veuilles l'aider à se doucher ?
Le ton sarcastique fit rougir la jeune fille, mais avant qu'elle n'ait pu répondre, Shoto intervint :
- Je peux le faire, ça ne me gêne pas.
- Non, c'est bon, répondit rapidement Izuku, ne laissant pas le temps à Katsuki d'ouvrir la bouche. Recovery Girl a donné tout un tas de recommandations à Kacchan pour mes yeux, alors... c'est mieux que ce soit lui qui s'en occupe.
Il ne vit pas le regard surpris et un peu déçu que ses amis lui lancèrent. Katsuki en revanche ne le rata pas, mais ne dit rien, se contentant de reprendre sa route vers la salle de bain, Deku accroché à lui.
- Kacchan, souffla Izuku en entrant dans la pièce, je n'ai pas mes affaires.
- Je suis passé les chercher en même temps que les miennes, répondit platement Katsuki en posant lesdites affaires sur le banc prévu à cet effet.
Le plus âgé poussa doucement son ami d'enfance vers le banc et l'incita à s'y asseoir d'une simple pression sur les épaules. Il lui posa une serviette de bain sur la cuisse, et le laissa se déshabiller seul, en faisant de même de son côté. Une fois nu, une serviette couvrant son bas ventre, Katsuki se retourna vers son nerd attitré. Ce dernier attendait, sagement assis, la serviette autour de la taille.
L'attrapant par la main, il le guida jusqu'aux douches. Il déposa le gel douche sur le support au mur, tendant la main d'Izuku vers la bouteille pour qu'il sache où elle se trouve. Sans lâcher la main, il la dirigea vers les robinets.
- Te mouilles pas la tête, je te ferai le shampooing, grogna-t-il en laissant son ami d'enfance régler seul la température de l'eau. Je suis juste à côté si besoin.
- Merci Kacchan, souffla Izuku en se glissant sous le jet d'eau tiède.
Il entendit Katsuki bougonner dans son coin, puis l'eau se mettre à couler tout près de lui. Rassuré de savoir son guide à portée de main et de voix, il se savonna avec délectation. Avec tout ça, il n'avait pas pu se laver avant de revenir à Yuei, et il se sentait sale. Il soupira d'aise, prenant tout de même bien garde de ne pas se mouiller la tête. Il resta sous l'eau tiède en attendant que Katsuki finisse de son côté et ne l'aide pour le shampooing.
Le jet d'eau près de lui se coupa, et il entendit les pas de son ami d'enfance se rapprocher de lui. Un tissu se glissa sur ses hanches et il sourit, amusé malgré lui.
- C'est pas parce que toi tu vois rien, que moi je dois voir ta bite, grogna Katsuki n'ayant pas manqué le sourire de Deku.
Izuku ne répondit rien, conscient que si la situation était inversée il aurait sûrement fait la même chose.
Après l'avoir éloigné du jet d'eau, Katsuki dénoua le bandage autour de la tête d'Izuku, dévoilant les compresses couvrant les yeux verts..
- Tiens-les, ordonna-t-il calmement.
Obéissant, Izuku posa ses mains sur les compresses, les maintenant en place. Puis, il pencha la tête en arrière, appréciant de sentir l'eau couler dans ses cheveux.
Il soupira d'aise quand les doigts de Katsuki se glissèrent dans sa chevelure, lui massant le crâne, l'odeur de vanille du shampooing emplissant ses narines. La douceur dont faisait preuve son ami d'enfance ne l'étonnait pas. Sous ses airs de brute épaisse, Katsuki était capable d'une grande délicatesse. Mais seules quelques personnes avaient le privilège d'en profiter. Katsuki était très sélectif. Izuku était heureux de sentir qu'il faisait encore partie de ses rares privilégiés.
Une main glissée dans celle du blond, l'autre maintenant toujours les compresses en place, Izuku se laissa guider jusqu'au banc où il s'assit. Il sentit un tissu doux se poser sur ses épaules et un autre sur sa tête. Il soupira doucement en sentant Katsuki lui sécher les cheveux. Oui, vraiment il était très content que ce soit Katsuki son guide. Il n'aurait jamais pu être aussi à l'aise avec un autre que lui. Et, égoïstement, il appréciait d'avoir l'entière attention de son ami d'enfance sur lui, de pouvoir profiter un peu de sa douceur habituellement si bien cachée.
Katsuki posa la serviette sur le banc, ayant fini de sécher les boucles vertes d'Izuku. Il lui glissa dans la main une lampe de poche qu'il alluma au préalable, et alla éteindre la lumière de la salle de bain. Recovery Girl avait été très claire : Izuku ne devait pas exposer ses yeux à la lumière. Mais pour mettre les collyres il avait besoin d'un minimum de luminosité. La lampe torche lui permettrait de voir ce qu'il faisait sans agresser les prunelles lésées.
Il sortit du sac des compresses propres, la pommade cicatrisante, une bande bien sèche et les médicaments oculaires, avant d'ôter les pansements masquant encore les yeux verts. Il retint une grimace en voyant les paupières boursouflées et rougies.
- Je vais te mettre les gouttes, dit-il. Tu peux ouvrir l'œil gauche ?
Lentement, Izuku souleva sa paupière abîmée, ne réussissant à dévoiler son iris qu'un tout petit peu.
Avec une infinie douceur, Katsuki écarta un peu plus la peau esquintée, juste assez pour déposer les collyres dans l'œil blessé. Il renouvela la manœuvre avec le droit, étala précautionneusement la pommade sur les paupières, puis refit le bandage pour maintenir les compresses protectrices en place. Tout en enroulant la bande de gaze, il se permit un commentaire, faisant référence à ce qu'il s'était passé un peu plus tôt avec Uraraka et Todoroki :
- Tes potes veulent juste t'aider...
Malgré la pénombre Katsuki ne rata pas la légère grimace d'Izuku. D'une petite voix, ce dernier lui répondit :
- Je sais. Mais... Je ne suis pas à l'aise...
- Ils vont rien te faire, le gronda Katsuki. C'est tes potes non ?
- Je sais, souffla Izuku, une pointe de culpabilité dans la voix.
Oui c'était ses amis. Il savait qu'il pouvait leur faire confiance. Machinalement il pencha la tête vers l'avant, posant son front contre le ventre nu et humide de Katsuki qui finissait son bandage. Il sentait les abdominaux musclés se tendre et se détendre au rythme lent de la respiration du blond, la chaleur et la douceur de sa peau, l'odeur de menthe de son gel douche. Toutes ses petites choses auxquelles il n'aurait jamais fait attention en temps normal. Il était bien là... il se sentait en sécurité.
- J'ai des devoirs à faire ce soir, reprit Katsuki, le sortant de ses pensées. Reste avec eux...
Izuku sourit doucement et demanda un brin moqueur :
- Depuis quand tu t'inquiètes de ma relation avec mes amis ?
- Depuis que t'en as, répliqua Katsuki sèchement. Et qu'ils vont me casser les couilles si tu restes collé à moi ! Et puis j'ai dit que je te servirai de guide, pas de baby-sitter non plus ! Déjà que je dois jouer les infirmiers, c'est bon, hein !
Izuku rit doucement, sentant Katsuki s'éloigner de lui, ayant fini le bandage.
- Sèche toi, ordonna son guide attitré à quelques pas de lui. Va pas choper la mort non plus !
Sans un mot, Izuku se sécha avec la serviette toujours posée sur ses épaules. Il tâtonna pour trouver ses vêtements, sagement posés à côté de lui, et s'habilla non sans difficulté. Il entendit Katsuki réunir leurs affaires et se leva quand il s'approcha de lui.
Son nerd personnel accroché à lui, Katsuki quitta la salle de bain et tomba nez à nez avec le délégué et Double face qui semblaient les attendre dans le couloir. Machinalement, il se tourna vers Izuku. Il avait bien compris le malaise de ce dernier en présence des autres, mais il n'allait quand même pas l'enfermer dans sa chambre de si bonne heure. Surtout qu'il y avait le repas du soir qui n'allait plus tarder.
Prenant la décision à la place d'Izuku, il sortit leurs mains enlacées de sa poche et le dirigea vers les deux autres. Tendant la main de l'aveugle temporaire vers Tenya, il la lui fit poser sur le bras de celui-ci, et lui précisa :
- C'est Ilda, à sa droite y'a Double face. Je vais ranger nos affaires, je vous rejoins pour le repas.
Se mordant discrètement la lèvre, Izuku hocha la tête, et lâcha Katsuki, agrippant le bras de son ami à lunettes. Il n'était définitivement pas rassuré. Mais Katsuki avait raison, c'était ses amis, ils n'allaient pas lui faire de mal. Rejeter leur aide les blesseraient. Et il ne voulait pas blesser ses amis. Il glissa son bras sous celui de Tenya, sentant Shoto lui prendre l'autre bras. Et ainsi encadré il se dirigea vers la salle commune.
Ses deux amis le guidèrent jusqu'à une chaise où il s'assit. En tâtonnant il devina qu'il était installé devant la table de la cuisine, là où ils prenaient leurs repas tous ensemble. Une voix grave l'interpella et il tourna la tête en direction de la personne, cherchant à savoir de qui il s'agissait.
- Hey Izuku ! Il est passé où Katsuki ?
- C'est Eijiro, lui souffla Shoto près de lui.
Remerciant Shoto d'un sourire, il répondit à son camarade à l'alter de durcissement :
- Il est parti ranger nos affaires, il revient.
- Il n'a pas été trop méchant avec toi ? s'inquiéta Ochako.
- Ça m'étonnerait, protesta Eijiro avec force. Katsuki peut être gentil quand il veut...
- Le problème est qu'il ne veut pas souvent, contra Ochako amusée.
Les deux jeunes gens se lancèrent dans un débat passionné sur la capacité de Katsuki à se montrer gentil ou pas, amusant Izuku qui les écouta en silence. Il entendit des bruits signifiant que le repas était en cours de préparation, que la table était en train d'être mise. Il discuta avec Shoto des cours du lendemain, Tenya intervenant pour lui promettre de lui passer ses notes quand il aurait retrouvé la vue.
- Tiens Deku-kun, lui dit Ochako en posant devant lui une assiette pleine. Je t'ai servi.
- Merci Ochako, lui dit-il en cherchant du bout des doigts ses baguettes.
Avec précaution il plongea ses baguettes dans son assiette, et les porta à sa bouche, une moue déçue tordant ses traits quand il constata qu'elles étaient vides. Il renouvela l'opération sans plus de succès.
Il commençait à se demander s'il n'allait pas manger directement avec les doigts quand ses baguettes lui furent ôtées et remplacées par un couvert en métal.
- C'est une cuillère, ce sera plus facile, l'informa la voix de Katsuki juste derrière lui. Et je t'ai tout mis dans un bol.
Izuku sourit en sentant son ami d'enfance échanger son assiette contre le bol. Plongeant sa cuillère dedans, il put enfin se sustenter, la nourriture étant ainsi bien plus facile à attraper qu'auparavant.
- Oh, souffla Ochako désolée, je n'avais pas réalisé. Excuse-moi Deku-kun.
- Ce n'est rien, rassure-toi, lui répondit Izuku avec un sourire. Je n'y aurais pas pensé non plus.
Il ne vit pas les regards surpris et interrogateurs que ses camarades lancèrent à Katsuki, qui les ignora royalement.
Katsuki finit son repas rapidement, et regagna sa chambre, non sans s'être brossé les dents avant. Il avait des devoirs à finir, et Izuku allait bien réussir à survivre entouré de ses amis. Il s'installa à son bureau et se pencha sur ses cahiers, tentant de se concentrer sur ses notes et ses leçons. Mais son esprit ne cessait de revenir sur son ami d'enfance.
Il ne comprenait pas lui-même pourquoi il s'était proposé pour être son guide. Ni pourquoi Aizawa-sensei avait accepté. Tout le monde savait que la patience n'était pas son fort, et que sa relation avec Izuku n'était pas franchement pacifique. Certes depuis quelques temps ils s'entendaient mieux, s'entraînaient ensemble et Katsuki avait moins envie de lui exploser la tronche. Mais ce n'était pas encore la franche camaraderie.
Le délégué, Double Face, la grenouille ou Miss Gravité étaient bien plus proches de cet abruti que lui. Sûrement que leur professeur pensait à l'un d'eux pour guider Izuku. Pas à lui. Bordel, même lui ne penserait pas à lui-même pour endosser un tel rôle. Et pourtant sa grande bouche avait décidé pour lui, parlant toute seule sans le consulter. Évidemment il avait l'intention de faire les choses bien, quand il s'engageait dans quelque chose il le faisait toujours à fond. Même si son engagement n'était pas vraiment désiré.
Un lourd soupir lui échappa. Certes, il avait parlé sans réfléchir. Mais bizarrement ce rôle ne le gênait pas. Et Deku semblait être plus à l'aise avec lui qu'avec ses amis. Décidément, il ne comprendrait jamais totalement ce sale nerd. Comment pouvait- il faire plus confiance au mec qui lui avait pourri la vie pendant des années qu'à ses amis ? Même si leur relation s'était grandement améliorée, et que lui-même avait entièrement confiance en son ami d'enfance, il ne comprenait pas que la réciproque puisse être vraie.
Katsuki admettait sans mal qu'il avait un sérieux problème pour faire confiance aux autres, pour d'obscures raisons qu'il ne cherchait pas à analyser. S'il se retrouvait dans la situation d'Izuku il aurait bien du mal à accepter l'aide dont il aurait nécessairement besoin. Même celle de Kirishima dont il était pourtant très proche. Une moue blasée tordit ses traits quand il songea que si c'était lui l'aveugle, étrangement ce serait effectivement à ce crétin de Deku qu'il ferait le plus confiance pour le guider et l'aider. En plus il pourrait l'engueuler pour tout et n'importe quoi, histoire de passer sa frustration, ce qui était un plus non négligeable.
- Tsss, bougonna-t-il. On est aussi irrécupérables l'un que l'autre...
Peut-être était-ce dû à leur enfance commune, à tous ces moments qu'ils avaient partagé quand ils étaient petits, il ne savait pas. Beaucoup de choses s'étaient passées entre eux depuis. Et pas forcément des bonnes choses. Pourtant Katsuki avait pleinement confiance en Izuku et la réciproque semblait vraie, aussi surprenant que cela paraisse au blond.
Jetant un œil à l'heure, il se décida à envoyer un message à Kirishima qui devait encore être dans la salle commune.
- Préviens Deku que je lui referai son pansement demain après le petit déjeuner.
Sans attendre de réponse, il décida d'aller se coucher. La journée avait été fatigante, et même s'il ne le montrait pas, son épaule blessée lui faisait encore mal.
~oOo~
A tâtons, Izuku enfila son uniforme, vérifiant une bonne dizaine de fois qu'il avait bien boutonné sa chemise. La soirée de la vieille avait été étrange. Ses amis avaient tous été très attentionnés avec lui, lui indiquant le moindre obstacle sur sa route, lui précisant qui parlait, et s'enquérant de ses besoins. Mais il n'avait pas réussi à se détendre complètement, perdu dans le noir.
Yuga l'avait guidé jusqu'à sa chambre et l'aurait sûrement bordé si Izuku ne l'avait pas gentiment congédié. Une fois seul, il avait fait le tour complet de la pièce, repérant son bureau, son lit, la porte menant aux WC. Il avait buté dans bien des meubles, mais avait finalement réussi à prendre des repères. Il s'était endormi comme une masse une fois couché.
C'était vraiment très bizarre de se réveiller dans le noir absolu. Il avait eu du mal à retrouver les repères pris la veille. Après bien des tâtonnements et rencontres inopinées avec des meubles, il avait réussi à se préparer pour le petit déjeuner. Tenya l'attendait à sa porte pour le mener jusqu'à la salle commune et c'était Shoto qui l'avait ramené ensuite jusqu'à sa chambre.
Un coup sur la porte le tira de ses pensées, et Izuku invita son visiteur à entrer. Le soulagement qui l'envahit en reconnaissant le pas de Katsuki le surprit lui-même. Il n'avait pas conscience d'avoir été si tendu depuis son réveil. Comment la simple présence de son ami d'enfance pouvait-elle le rassurer à ce point ?
- Tss... T'es encore fagotté n'importe comment, grommella la voix grave du blond se rapprochant de lui.
En quelques gestes rapides et précis, Katsuki remit la chemise blanche d'Izuku comme il fallait et ajusta la cravate. Puis, sans un mot, il le poussa doucement jusqu'au lit où il l'incita à s'asseoir. Katsuki laissa Izuku sur le lit, le temps d'aller fermer les rideaux, plongeant la chambre dans la pénombre. Il y avait juste assez de lumière pour qu'il puisse voir ce qu'il faisait.
Retournant devant son ami d'enfance, Katsuki défit lentement le bandage, ôta les compresses et mit les collyres dans les yeux lésés avant de refaire le pansement, ayant sorti le matériel au préalable. Il finissait d'attacher le bandage quand Izuku rompit le silence.
- Kacchan...
- Hm ?
- Pour aller en classe...
Izuku se tut, semblant ne pas oser finir sa phrase. Mais il n'en n'avait pas besoin, Katsuki avait compris.
- Je t'emmène, dit-il. Vu la vitesse à laquelle tu vas avec les autres, tu raterai la moitié de la matinée.
L'adolescent aveugle rit doucement, admettant en son for intérieur que c'était vrai. Il était tellement mal à l'aise avec les autres que le moindre trajet prenait un temps infini.
Katsuki reprit son sac, le glissant sur son épaule, l'ayant posé au pied du lit un peu plus tôt. Il se saisit de la main de son nerd personnel, le tirant vers lui pour l'obliger à se lever avant de glisser leurs mains enlacées dans sa poche. Les doigts d'Izuku agrippèrent le bras du blond et les deux garçons sortirent de la chambre du plus jeune, prenant la direction de la sortie.
- Deku-kun, les interpella Ochako quand ils arrivèrent dans la salle commune. Tu veux que...
- Je gère, grogna Katsuki en lui coupant la parole.
La jeune fille eut une moue dubitative qui fit lourdement soupirer Katsuki. Il se sentit bêtement obligé de se justifier en voyant les sourcils froncés de Ilda et le regard froid de Todoroki.
- Aizawa-sensei m'a désigné comme guide, claqua-t-il énervé. Alors pour les longs trajets, je gère et si vous êtes pas contents c'est pareil ! Me faites pas chier bordel !
Remontant ses lunettes sur son nez, Tenya hocha doucement la tête en disant :
- Si Aizawa-sensei t'a désigné, nous n'avons rien à dire.
- Je ne comprends pas pourquoi tu le tiens ainsi, intervint Shoto ses yeux baissés vers la poche de Katsuki où se tenaient leurs deux mains.
- J'en ai rien à foutre que tu comprennes pas, tonna le blond très agacé.
Il en avait marre de voir les regards inquiets des potes de ce stupide Deku. Il n'allait pas le jeter volontairement dans le premier précipice qui se présenterait merde ! Il était certes un enfoiré, mais pas à ce point là bordel ! Sur les nerfs, il se pencha pour aider Izuku à enfiler ses chaussures, nouant les lacets avec force. Puis, il reprit la main de son ami d'enfance, la glissa dans sa poche et sortit du bâtiment, les trois sangsues collés à ses basques.
Grinçant des dents, Katsuki ne prêta aucune attention à ce que Double Face, Tête ronde et ce foutu délégué pouvaient bien raconter à Izuku. Il signala à ce dernier la présence des marches devant le bâtiment d'une pression sur sa main enlacée à la sienne, prenant soin de décomposer chacun de ses gestes pour qu'il puisse suivre sans problème. Arrivé sans encombre au bas de l'escalier, il accéléra sensiblement l'allure, peu désireux d'arriver en retard en cours.
- Il ne te préviens même pas de ce qu'il y a devant toi, s'offusqua Ochako, faisant se tendre un peu plus Katsuki.
- Si, il le fait, la contredit Izuku. A sa manière, mais j'ai l'habitude et ça ne pose aucun souci.
- Vous êtes plus proches que je ne l'aurai cru, souffla Shoto, un infime sourire aux lèvres.
- Oh ! Je n'ai pas pris mon sac de cours, s'exclama soudain Izuku affolé.
- T'en as pas besoin sale nerd, tonna Katsuki. T'auras qu'à te servir de tes oreilles et de ta tête pour suivre !
- Et je te donnerai toutes mes notes quand tu auras retrouvé la vue, s'empressa d'ajouter Tenya. Je t'aiderai avec plaisir !
- Oh, merci Tenya, souffla Izuku.
Les quatre amis continuèrent à discuter de choses et d'autres, suivant un Katsuki de plus en plus renfrogné. Il n'était pas sourd, il entendait toutes les fois où les trois autres se permettaient de signaler tel ou tel obstacle sur leur route. Comme si lui ne le voyait pas et n'était pas foutu de les éviter ! En plus à chaque fois Izuku se crispait un peu, craignant probablement une collision qui n'arriverait pas, puisque que justement il les lui évitait avec brio.
Ce fut très énervé que Katsuki entra dans la salle de classe, Izuku pendu à son bras et les trois amis de ce dernier sur ses talons. Il amena son ami d'enfance jusqu'à sa place, le fit asseoir sur sa chaise et positionna la chaise face au bureau. Ses gestes étaient brusques, signes de son agacement. Alors quand Ochako demanda à Izuku s'ils mangeaient ensemble le midi même, ce fut lui qui répondit d'un ton sec et hargneux :
- Ouais, il bouffera avec vous ! Et vous vous démerderez avec lui bordel ! Puisque moi je sais pas faire visiblement. Vous me ferez plus chier comme ça !
- Katsuki, intervint platement Shoto, nous ne voulions pas te vexer. Nous sommes juste...
- Ta gueule, tonna le blond en s'installant à son bureau. Puisque vous êtes si inquiets, occupez vous en tout seul !
- Aizawa-sensei a dit... commença Tenya.
- Je le préviendrai, grogna Katsuki coupant court à la conversation.
Une main agrippa son dos, suppliante. Avec un profond soupir, Katsuki reprit :
- Ses pansements par contre, je m'en charge.
La main dans son dos se crispa un peu plus, insistante.
- Me fait pas chier, Deku, bougonna-t-il en se dégageant de la prise de son ami d'enfance.
Il avait bien compris la demande silencieuse de l'autre, mais si c'était pour supporter les réflexions des trois autres en permanence il passait son tour. Puisqu'ils pensaient pouvoir faire mieux que lui, il leur laissait sa place sans problème. Et Deku n'avait pas son mot à dire.
La porte s'ouvrit sur Aizawa en pleine forme, comme le démontraient ses cernes et son air épuisé, et le cours commença. Izuku tenta de se concentrer pour écouter mais il n'y arrivait pas. Les mots de Katsuki résonnaient encore et toujours dans son crâne, lui faisant mal au cœur. Kacchan l'abandonnait. Il avait beau se raisonner, se dire qu'il ne serait pas seul, perdu dans le noir complet, qu'il aurait ses amis à ses côtés, rien n'y faisait. Il n'arrivait pas à se défaire de cet horrible sentiment d'abandon.
Il avait bien senti l'énervement montant de Katsuki durant le trajet. Izuku savait que ses amis ne lui avaient indiqué ce qui se trouvait sur son chemin que par bonté d'âme, qu'ils pensaient bien faire. Mais cela l'avait stressé plus qu'autre chose. Il n'avait pas besoin de savoir qu'il croisait un groupe d'élèves, ou qu'il fallait tourner à gauche. Il n'avait qu'à suivre Katsuki pour être sûr d'arriver à bon port.
Peut-être aurait-il dû leur dire, leur expliquer. Mais leur expliquer quoi exactement ? Et comment ? Comment leur dire qu'il avait totalement confiance en son ami d'enfance sans sous-entendre qu'il leur faisait moins confiance à eux ? Quoi leur dire au juste quand lui-même ne savait pas exactement pourquoi il se sentait si à l'aise avec Katsuki et si peu avec eux, alors qu'en temps normal c'était l'inverse ?
Habituellement c'était avec eux qu'Izuku passait le plus clair de son temps, avec eux qu'il faisait spontanément équipe lors des travaux ou entraînements de groupes. Il ne travaillait avec Katsuki que quand on l'y obligeait ou lors des entraînements avec All Might. Cela faisait des années qu'il avait pris l'habitude de ne plus compter sur Katsuki pour l'aider et seulement quelques semaines qu'ils s'étaient rapprochés.
Pourtant c'était bel et bien avec le blond qu'il était le plus à l'aise. Moins d'un an auparavant la simple proximité physique de Katsuki le faisait trembler de peur. Mais là, il avait l'impression d'avoir fait un bond en arrière de plusieurs années, revenant à l'époque où Katsuki était le seul à savoir le rassurer, à pouvoir l'entraîner dans n'importe quel endroit, n'importe quelle aventure, sans qu'il y trouve à redire, le suivant aveuglément dans toutes ses idées.
Un lourd soupir lui échappa et Izuku tenta de se pencher sur la question épineuse de sa relation houleuse avec Katsuki. Petits, ils étaient proches, très proches, toujours fourrés ensemble. Parfois d'autres venaient avec eux, mais ils passaient beaucoup de temps à deux, dans le parc, chez l'un ou chez l'autre. Bien sûr Katsuki se moquait souvent de lui, c'était dans sa nature de se moquer de tout le monde. Mais quand Izuku était triste, Katsuki le consolait, quand il avait peur, le blond le rassurait. Et ne le laissait jamais à la traîne.
Puis les choses avaient changé. Katsuki l'avait rejeté, de plus en plus souvent, de plus en plus fort. Et Izuku s'était senti abandonné. Il avait encaissé les insultes, les coups, les menaces. Plus d'une fois il avait tremblé devant son ami d'enfance. Il sursautait dès que celui-ci l'interpellait, craignant la suite. Mais il n'avait pu se résigner à le lâcher des yeux. Lui n'avait rien pour lui, ni alter, ni force, ni charisme, même son intelligence n'était pas au niveau de celle du blond. Katsuki avait tout... Et il l'enviait et l'admirait tout à la fois, voulant se tenir à ses côtés et pas derrière lui en ne pouvant que regarder son dos.
Les choses avaient encore évolué entre eux après l'attaque du gluant qui avait capturé Katsuki. Izuku se souvenait de sa culpabilité en reconnaissant le vilain qui s'en était pris à lui un peu plus tôt et qu'All Might avait capturé. S'il n'avait pas distrait le héros, le vilain n'aurait pas pu s'échapper et s'en prendre à un autre. Il était vraiment désolé pour la victime, mais savait qu'il ne pouvait rien faire.
Il savait pertinemment qu'il ne pouvait rien faire, qu'il ne serait d'aucune aide. Pourtant, quand il avait reconnu les iris écarlates de Katsuki, il avait réagi instinctivement, courant au secours du blond. Il y avait des héros sur place, impuissants mais là. D'autres héros allaient arrivés, c'était une certitude. Et lui ne pouvait rien faire, absolument rien. Pourtant il avait traversé la foule en appelant désespérément son ami d'enfance, se jetant à corps perdu sur le vilain pour le sortir de ses immondes griffes gluantes.
Bien sûr que Katsuki l'avait engueulé, bien sûr qu'il s'était pris un sacré savon de la part des héros pros après. Mais ça avait été plus fort que lui. Kacchan était en danger, il devait l'aider. Il ne pouvait pas le laisser disparaître. Il ne pouvait pas l'abandonner. Et il était affreusement conscient que si ça n'avait pas été Katsuki, il n'aurait rien fait. Jamais il n'aurait réagi ainsi pour un autre que Katsuki. Pas à l'époque en tout cas.
Il avait été profondément surpris que le blond lui courre après pour le remercier. A sa façon certes, mais il l'avait quand même remercié. Et le lendemain, au collège Katsuki l'avait laissé tranquille, incitant même les autres à lui foutre la paix. Izuku avait eu une paix royale tout le reste de l'année. Ce n'était cependant pas l'indifférence entre Katsuki et lui, leurs regards se croisaient trop souvent pour prétendre qu'ils s'ignoraient totalement. Mais ce n'était plus la guerre.
Lors de l'examen d'entrée à Yuei, Izuku avait été étonné d'entendre Katsuki lui faire remarquer qu'ils étaient sur des terrains différents et que c'était certainement pour éviter l'entraide entre camarades. Le blond aurait donc été prêt à l'aider ? Évidemment il n'avait pas posé la question à voix haute, il ne tenait pas à énerver Katsuki. Mais cette simple idée lui avait réchauffé le cœur.
Oui, songea Izuku, entre Katsuki et lui les choses étaient compliquées, houleuses, et ils avaient bien du mal à se comprendre tous les deux. Mais malgré tout ça, ils ne se lâchaient jamais des yeux, s'observant, se jaugeant, s'affrontant dès qu'ils le pouvaient. Ils avaient le même objectif : devenir le numéro un. Izuku voulait dépasser Katsuki qui voulait surpasser All Might. Ils étaient clairement rivaux. Mais aussi totalement complémentaires. Izuku en avait pris pleinement conscience le soir de leur affrontement nocturne. All Might avait raison, ils se tiraient mutuellement vers le haut, encore et toujours.
Depuis leur entrée à Yuei, ils avaient vécu tellement de choses ensemble. Entrainements, combats contre des vilains, espoirs, déceptions... Izuku soupira à nouveau, songeant que Katsuki prenait de plus en plus de place dans sa vie au fil du temps. Maintenant qu'ils étaient en apprentissage ensemble c'était encore pire. Les moments où ils n'étaient pas ensemble se faisaient de plus en plus rares. Et il appréciait un peu trop cette proximité quasi-permanente avec son ami d'enfance.
La sonnerie le sortit de ses pensées et il se morigéna en se rendant compte qu'il n'avait absolument rien écouté de la matinée. Il sentit Katsuki se lever et s'éloigner, et il dû se mordre les lèvres pour ne pas l'appeler. Une main sur son épaule attira son attention.
- Tu viens ?
Se forçant à sourire, Izuku hocha la tête et se leva, prenant le bras de Shoto pour le laisser le guider jusqu'à la cafétéria.
De longues minutes plus tard, Izuku se retrouva seul, assis à une des tables du réfectoire, attendant que ses amis le rejoignent avec leur repas et le sien. Ceux-ci avaient jugé plus prudent qu'il reste là plutôt que de se retrouver au milieu d'élèves affamés et pressés de se servir. Il n'aimait pas ça, être là tout seul au milieu d'un brouhaha indistinct, ponctué de rires et d'exclamations diverses. Il se surprit à tendre l'oreille pour essayer de reconnaître les voix de ses camarades. Mais il y avait trop de bruit et il abandonna vite.
Son ventre gargouilla lui signifiant qu'il avait faim. Izuku se demanda ce qui prenait tant de temps à ses amis. Était-ce toujours si long d'aller se servir ? Sûrement... Mais cela lui semblait durer moins longtemps quand il était entouré de ses potes, discutant de tout et de rien avec eux. Esseulé et aveugle, il n'avait plus aucun repère pour mesurer le temps. Il ne pouvait même pas consulter l'heure sur son portable ou sa montre.
Une sonnerie stridente résonna brutalement affolant tous les étudiants. Une voix métallique retentit :
- Alerte incendie. Veuillez rejoindre les zones d'évacuations dans le calme.
Ce fut la bousculade, tout le monde se précipitant vers la sortie du réfectoire pour gagner les sorties de secours et l'extérieur.
Assis sur la banquette, Izuku n'osa pas bouger. Il entendait les cris, le martèlement des centaines de pieds sur le carrelage, la bousculade affolée. Il savait que s'il tentait de se mêler à la foule il serait emporté. Et si en temps normal il pouvait gérer, en étant aveugle, il risquait de se faire piétiner. Aussi prit-il sur lui pour ne pas paniquer et attendre sagement qu'un de ses amis vienne le chercher.
L'odeur âcre de la fumée envahit ses narines, et il toussa fortement. Les bruits de bousculade lui semblèrent plus lointains mais il n'en fut pas sûr. Et surtout, personne ne l'appelait ou ne semblait venir le chercher. Instinctivement, il porta une main à son visage, se protégeant le nez et la bouche. Il devait sortir, d'une manière ou d'une autre. Il se leva et, en tâtonnant, quitta la banquette. Son cœur tambourinait si fort dans sa poitrine qu'il n'arrivait plus à réfléchir. Où était la sortie ?
Debout, dans ce qu'il supposa être une des allées du self, il tendit la main devant lui, l'agitant dans le vide, cherchant un repère quelconque. Même avec son autre main plaquée sur le visage, il sentit la fumée irriter sa gorge, et il toussa encore plus fort. Il avança d'un pas tremblant, tentant de se guider aux bruits de plus en plus indistincts des étudiants évacuant, l'alarme incendie continuant de résonner désagréablement.
La peur lui noua les entrailles. Il devait sortir ! Mais dans le noir absolu, impossible de savoir où il était, où il allait, où était la sortie. Pourquoi personne ne venait le chercher ? La fumée l'étouffait. Il avait mal à la gorge, à la tête. Il sentit des larmes lui monter aux yeux. A cause de la fumée ou de la peur, il n'en savait rien et il s'en foutait. Il voulait juste que quelqu'un vienne le sortir de là.
Soudain une main se referma fermement sur la sienne et il se sentit tirer sans douceur vers l'avant. Un soulagement immense l'envahit, lui faisant monter les larmes aux yeux : Kacchan était venu le chercher. Sans réfléchir, il emboîta le pas à son ami d'enfance, courant derrière lui, sa main serrée dans la sienne. Il sentit l'odeur de fumée diminuer, et il retira sa main de son visage, agrippant l'avant-bras du blond qui courrait dans les couloirs où seuls résonnaient leurs pas et l'alarme incendie.
Katsuki était furieux. Et ce n'était rien de le dire. En sortant des cours, encore énervé par les réflexions des trois pots de colle de Deku, il avait décidé de manger seul dans le parc de l'académie. Il avait acheté un sandwich dans un des distributeurs et s'était posé contre un arbre, non sans avoir envoyé chier Kirishima et Kaminari auparavant. Il voulait être seul. Il avait à peine mangé la moitié de son casse-dalle quand l'alarme incendie s'était déclenché.
Inquiet pour ses amis, il s'était précipité vers la sortie de secours, guettant l'arrivée de ceux-ci. Denki et Hanta avaient été les premiers à le rejoindre, vite suivis par d'autres. Puis Katsuki avait vu Uraraka et Todoroki arriver, et au loin dans les escaliers il avait aperçu Ilda. Mais pas Deku. Sans réfléchir il s'était précipité vers la porte, remontant à contre courant la foule d'étudiants, cherchant désespérément une touffe de cheveux verts. Mais en vain.
Aussi vite qu'il avait pu, il avait rejoint le réfectoire, faisant fi de toutes les consignes de sécurité. Il aurait pu aller bien plus vite s'il avait pu utiliser son alter, mais faire des explosions dans un bâtiment où un incendie d'origine inconnue sévissait était définitivement trop dangereux. La fumée avait envahi le self quand il y était arrivé, le plongeant dans un brouillard malodorant et irritant. Et il avait vu Izuku, debout dans une allée, une main sur le visage, l'autre tendue devant lui, toussant à s'en arracher les poumons. Katsuki s'était précipité, avait agrippé la main tendue et l'avait entraîné à sa suite, aussi rapidement que possible.
- Escaliers ! cracha Katsuki.
Izuku resserra sa prise sur la main et le bras de son ami et dévala les marches à sa suite, lui faisant confiance pour le rattraper s'il ratait une marche. Il n'entendait rien d'autre que l'alarme incendie et les pas de Katsuki devant lui, preuve qu'ils devaient être les derniers dans le bâtiment. Il trébucha plus d'une fois, ratant une ou deux marches dans sa course aveugle. Mais Katsuki le rattrapa à chaque fois, l'empêchant de tomber.
Le bruit d'une porte qu'on ouvre l'informa qu'ils étaient arrivés en bas. Sans ralentir, les deux garçons parcoururent les couloirs vers la sortie. L'air frais leur fouetta le visage quand ils sortirent du bâtiment. Katsuki ralentit, finissant par s'arrêter à bonne distance de la porte. Il se tourna vers Izuku, qui haletait, la respiration sifflante. Ce dernier fut pris d'une énorme quinte de toux qui le plia en deux. Izuki fut infiniment reconnaissant à son ami d'enfance qui lui tapota le dos en l'encourageant à cracher toute la merde qu'il avait respiré.
Dans la zone sécurisée, loin des bâtiments de l'académie et de l'incendie, la seconde A était en panique : Izuku et Katsuki n'étaient pas là. S'étant séparés pour récupérer leur repas, les amis d'Izuku avaient tous pensé que ce dernier était avec l'un des autres. Aussi quand Tsuyu et Yuga étaient arrivés, Ochako et Shoto déjà sur place s'étaient inquiétés de les voir sans leur ami aveugle. Et tous s'étaient affolés en voyant Tenya et Mineta arriver seuls.
Sans la présence d'Aizawa qui le leur avait formellement interdit, ils seraient retournés chercher leur ami. Aizawa était prêt à aller le chercher lui-même quand Kirishima était intervenu :
- Ah ! Ça doit être pour ça que Katsuki est parti comme une fusée.
- Comment ça parti ? s'inquiéta le professeur.
Eijiro avait alors expliqué avoir vu Katsuki rentrer dans le bâtiment durant l'évacuation, allant à contre-courant des autres. Il avait bien tenté de l'interpeller, mais le blond ne l'avait visiblement pas entendu ou l'avait royalement ignoré.
- Il avait l'air de chercher quelqu'un, dit-il.
Les sourcils froncés, Aizawa était arrivé à la même conclusion que son élève : Bakugo était allé chercher Midoriya. Et il allait se prendre une soufflante pour être rentré dans un bâtiment en flamme au lieu de rester sagement à l'extérieur.
Les sirènes de pompiers résonnèrent et les étudiants virent les soldats du feu passer à quelques mètres d'eux. Aizawa ordonna à sa classe de rester sur place et se précipita vers le bâtiment, très inquiet de ne pas voir revenir ses deux élèves manquants. Il les trouva rapidement, à une bonne cinquantaine de mètres du self en feu. Il s'approcha, ses sourcils se fronçant en les trouvant tous deux assis au sol, un pompier près d'eux et un masque à oxygène sur le nez.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? s'enquit-il en fixant d'un œil sévère le blond.
Mais avant que celui-ci n'ait pu répondre, le pompier intervint :
- Ils ont respiré de la fumée. Un peu d'oxygène pendant quelques minutes et tout ira mieux.
- Merci, dit le professeur. Je vais rester les surveiller.
Le pompier lui sourit et rejoignit ses collègues qui combattaient les flammes.
Sans un mot Aizawa fixa Bakugo, attendant une réponse. Ce dernier grimaça, conscient qu'il allait se faire engueuler.
- Deku était resté dans le réfectoire, je suis allé le chercher, répondit-il d'un ton sec.
- Et pourquoi est-il resté dans le réfectoire ? gronda Aizawa. Pourquoi ne l'as-tu pas évacué en même temps que toi quand tu es sorti ? Kirishima m'a dit que tu étais dehors quand il est arrivé.
- C'est pas sa faute, tenta Izuku en serrant fortement la main de son ami d'enfance qu'il n'avait pas lâché, même quand les pompiers étaient arrivés et les avaient pris en charge.
- Si, admit Katsuki. Je l'ai laissé seul avec ses potes et je suis allé manger dehors. Quand j'ai vu qu'il ne sortait pas avec les autres, je suis rentré le chercher.
- Kacchan, protesta Izuku. Tu ne pouvais pas savoir qu'il y aurait un incendie ! Ce n'est pas ta faute !
- C'est à lui que j'ai confié la tâche de te guider, rétorqua Aizawa. Je ne veux même pas savoir pourquoi il n'était pas avec toi, il aurait dû être là ! Et toi, Bakugo, à quel moment tu t'es dit que ce serait une bonne idée de rentrer dans un bâtiment en flamme ?!
Aizawa fixa longuement ses deux élèves, notant la tête baissée du blond et son poing serré, et la manière dont Izuku s'agrippait à lui avec force, semblant craindre que celui-ci ne s'évapore. Il se détendit un peu et soupira lourdement, s'attirant un regard surpris du plus vieux.
- Je ne dirai rien pour cette fois, dit-il finalement. Bakugo, que ça ne se reproduise plus. Et toi, Midoriya... sérieusement, quand arrêteras-tu de t'attirer des problèmes ?
Izuku eut le bon goût de paraître gêné, et le professeur ne manqua pas le léger rictus moqueur de Bakugo. Aizawa n'avait pas besoin d'être devin pour deviner les raisons qui avaient poussé le blond à laisser son camarade seul avec ses amis. Vu sa susceptibilité, si les amis de Midoriya avaient fait quelques réflexions ou remarques, cela aurait bien pu suffire pour le faire exploser.
Un pompier se rapprocha d'eux et délivra les deux plus jeunes de leur masque à oxygène les autorisant à rejoindre leurs camarades. Aizawa resta en retrait, observant la manière dont Bakugo aida Midoriya à se relever. Il ne fut pas surpris en voyant le blond glisser leurs mains jointes dans sa poche, les ayant déjà vu la veille quand ils sortaient de l'infirmerie. Et s'il avait été surpris par la méthode peu orthodoxe, il avait noté l'aisance avec laquelle le duo se déplaçait ainsi.
En silence, il repartit en direction du reste de sa classe, ses deux élèves le suivant de près.
- Deku-kun !
Ochako sauta au cou de son ami dès qu'il entra dans son champ de vision. Elle se confondit en excuse, le bombardant de questions, inconsciente de la crispation de ce dernier. Tendu, Izuku agrippa un peu plus fort le bras et la main de Katsuki, refusant tout net de le laisser s'éloigner.
- Silence, tonna Aizawa mettant fin aux nombreuses exclamations, excuses et questions de ses élèves envers les nouveaux venus.
Une fois le silence obtenu, il reprit :
- J'ai nommé Bakugo pour guider Midoriya tant qu'il en aurait besoin. Alors même si ça ne vous plaît pas, vous ferez avec. Je comprend que dans la panique vous ayez pensé que Midoriya était avec un autre, mais Bakugo a été le premier à se rendre compte de son absence. Et même s'il n'aurait jamais dû retourner à l'intérieur, ni même être aussi loin de Midoriya, les choses auraient pu être bien plus dramatiques sans lui. Vos petites querelles ne m'intéressent pas, mais elles ne doivent pas mettre en danger un de vos camarades ! Restez ici et attendez le signal pour retourner en classe.
Et sans un mot de plus, Aizawa tourna les talons, laissant derrière lui une classe majoritairement penaude, un Izuku un peu gêné que ses amis se soient fait engueuler par sa faute, et un Katsuki très énervé. Ce dernier ne tarda d'ailleurs pas à faire partager son énervement avec les autres.
- Vous l'avez laissé derrière ! rugit-il. Bordel ! Y'en a pas un d'entre vous qui a pensé à vérifier s'il était bien avec l'un de vous ! Pas un ! Il aurait pu...
- Kacchan, l'interrompit sèchement Deku.
Katsuki tourna la tête, fusillant des yeux son nerd personnel, oubliant momentanément que ce dernier ne pouvait pas le voir. Vexé, cet abruti osait prendre la défense de ses amis incompétents, il tenta de récupérer sa main et sa poche, mais Izuku s'y accrocha avec encore plus de force, l'empêchant de le lâcher.
- Je suis sûr qu'ils s'en veulent assez sans que tu ais besoin d'en rajouter, reprit Izuku d'un ferme mais plus doux que précédemment.
Se détournant du blond, se tournant vers l'endroit où il supposait que ses amis étaient, il poursuivit :
- Je sais que vous ne pensez pas à mal, mais laissez Kacchan faire. Même si vous pensez qu'il devrait faire autrement, j'ai confiance en lui et jusqu'à présent tout s'est très bien passé. Vous êtes mes amis, mais lui aussi est mon ami. Je vous demande juste de l'accepter.
Il ne vit pas les regards coupables de ses amis, mais il entendit leurs excuses et il les accepta avec joie.
La voix du proviseur résonna brusquement dans l'enceinte de l'académie, invitant les élèves à rejoindre leurs classes respectives pour la reprise des cours. Katsuki prit la direction voulue, son nerd toujours accroché à lui. Il écouta sans vraiment y prêter attention les discussions autour de lui quand un élément attira son attention : dans la panique, Izuku et ses amis n'avaient pas mangé. Sans un mot, il tordit son bras libre pour plonger sa main dans son sac, que Kaminari avait récupéré pour lui, et y attraper la moitié de sandwich qu'il n'avait pas mangé.
Surpris, Izuku sentit quelque chose se poser sur sa main, celle agrippée au bras de son guide.
- Mange ! dit celui-ci.
Prenant ce qui lui était tendu, Izuku le porta à sa bouche, mais avant de l'atteindre il sentit Katsuki tirer dessus.
Voyant qu'il n'arriverait pas à déballer le reste de sandwich avec une seule main, Katsuki s'arrêta et râla :
- Lâche ma main, j'en ai besoin !
Non sans une certaine anxiété, Izuku libéra la main du blond. Ce dernier défit entièrement l'emballage du casse-dalle avant de le rendre à son nerd, lui rendant aussi sa main au passage.
- Merci Kacchan, dit Izuku avec un grand sourire avant de mordre dans le sandwich tout en suivant ledit Kacchan.
Les cours reprirent, suivant l'emploi du temps normal, seul le bâtiment où se trouvait la cantine ayant été touché par l'incendie. A la fin des cours, tous regagnèrent leurs dortoirs, et Katsuki laissa Izuku avec ses amis dans la salle commune, allant faire ses devoirs dans sa chambre. Il n'en sortit que pour le repas du soir et la douche, emmenant Izuku avec lui et lui refaisant les pansements dans la salle de bain, comme la veille.
Mais alors qu'il allait ramener Deku à la salle commune, celui-ci tendit les mains vers lui, posant le bout de ses doigts sur sa mâchoire. Saisissant les poignets de l'aveugle, Katsuki grogna :
- Qu'est-ce que tu fous ?
- Je... hésita Izuku. Je veux juste... te voir...
Oui, il voulait le voir. Sentir la présence de Katsuki si près de lui toute la journée sans pouvoir le regarder lui pesait. Il avait l'habitude de regarder Katsuki, et dans le noir absolu où il était plongé le visage du blond lui manquait. Ce dernier fixa intensément le visage d'Izuku, regrettant de ne pouvoir se plonger dans les prunelles vertes vibrantes de tant d'émotions que ce nerd était un livre ouvert pour qui savait où regarder.
Izuku sourit doucement en sentant la prise sur ses poignets se desserrer jusqu'à disparaître complètement. Sans hésitation il promena ses doigts sur le visage de Katsuki qui se laissa faire. Il redessina son menton, la courbe de sa mâchoire, ses pommettes, son front, le contour de ses yeux, l'arrête de son nez. Il effleura à peine les lèvres closes de son ami d'enfance, notant l'absence de plis et donc de sourire ou de rictus.
Son exploration finie, Izuku baissa ses mains, attendant. La voix grave de Katsuki se fit entendre, une pointe de curiosité perçant dans son ton calme :
- Tu comptes faire ça avec tout le monde ?
- Quoi ?! Non ! protesta Izuku.
Sentant qu'il devait se justifier, au moins un peu, il reprit :
- Non, c'est juste... ça me manque de plus te voir...
Katsuki soupira doucement, ne sachant trop que penser de ça.
- C'est à cause de ce midi ? tenta-t-il.
- Peut-être, admit Izuku. Je sais pas trop... juste...
- C'est bon, abdiqua le blond. Tu me saoules à marmonner ! Viens !
Et sans un mot de plus, Katsuki guida Izuku jusqu'à la salle commune où il le laissa entre les mains de ses amis, non sans lancer un regard d'avertissement à ceux-ci.
~oOo~
Il suffoquait. La fumée était tellement épaisse qu'elle l'empêchait de respirer. Il était perdu, seul dans le noir absolu, cherchant désespérant une sortie ou une main secourable. Mais il n'y avait rien, ni personne. Juste lui et la fumée qui lui irritait la gorge et le nez. Il n'entendait que l'alarme qui hurlait en continu et le craquement des flammes. Elles étaient tout près, il pouvait presque les sentir. Et personne ne venait !
Un bruit sourd réveilla brusquement Yuga. Inquiet il sortit de sa chambre, croisant Minoru dans le couloir. Un cri étranglé leur confirma qu'il y avait un souci avec leur voisin de chambre commun : Izuku Midoriya. Sans hésitation, ils poussèrent la porte et se figèrent un bref instant devant le spectacle de leur camarade s'agitant dans son lit, la respiration courte et sifflante.
Ils se précipitèrent sur lui, l'appelant, le secouant, mais en vain. Izuku ne semblait ni les entendre, ni sentir leurs mains sur ses épaules ou son visage. Leurs exclamations affolées alertèrent Tokoyami et Kaminari. Ce dernier arriva en se frottant les yeux et en baillant à s'en décrocher la mâchoire.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-il encore ensommeillé.
Sa chambre étant juste au-dessus de celle d'Izuku, il avait entendu des bruits étranges et était descendu voir d'où celà venait.
Il se réveilla complètement en voyant l'occupant de la chambre se débattre comme un beau diable, semblant chercher désespérément sa respiration. Agrippant le bras de Tokoyami, il lui ordonna d'aller chercher Aizawa-sensei, avant de partir en courant vers les escaliers. Il monta quatre à quatre les marches jusqu'au quatrième étage, et sans hésiter tambourina fortement à une porte de chambre.
- Quoi ?! aboya Katsuki en ouvrant violemment sa porte, prêt à trucider celui qui venait le réveiller à une heure du matin.
- C'est Deku !
Ces deux mots suffirent à sauver la vie de Kaminari, Katsuki partant comme une flèche en direction de la chambre de son nerd, le blond sur ses talons, Kirishima et Shôji alertés par la discrétion de Denki les suivant de près.
Katsuki déboula dans la chambre comme une furie, chassant immédiatement Yuga et Mineta loin du lit de son ami d'enfance. Il sauta sur Izuku, le coinçant entre ses cuisses à califourchon sur son bassin, lui agrippa les épaules et l'interpella :
- Oï Deku ! Deku ! Putain Deku ! Tout va bien bordel ! Deku !
- Ka... Kacchan !
Une voix parvint jusqu'à ses oreilles, devenant de plus en plus forte, couvrant l'alarme incendie.
- ... bordel ! Deku !
Il connaissait cette voix grave et rauque. Kacchan ! Kacchan était là ! Il tendit les mains vers son ami d'enfance, l'appelant et s'affolant un peu en n'arrivant pas à l'attraper. Mais deux mains se refermèrent sur les siennes, le tirant vers l'avant.
Voyant Deku tendre ses mains vers lui, Katsuki les saisit et le tira vers l'avant, le faisant se redresser et le ramenant contre lui.
- C'est juste un putain de cauchemar, Deku, souffla-t-il en le laissant s'agripper au dos de son tee-shirt.
Il sentit peu à peu son nerd se calmer, sa respiration redevenant progressivement normale. Ce dernier releva doucement la tête et ses mains quittèrent le dos du blond pour remonter sur ses épaules.
- Kacchan ? demanda-t-il, sa voix exprimant ses doutes.
- Ouais, répondit Katsuki. C'est moi. Regarde !
Il prit les mains d'Izuku entre les siennes pour les poser sur son visage. Immédiatement, Izuku fit courir ses doigts sur la peau du blond, allant les glisser dans ses cheveux ébouriffés.
- C'était juste un cauchemar, Deku, grogna le plus âgé. Putain, me fous pas le doigt dans l'œil !
- Pardon Kacchan, s'excusa le plus jeune. Je suis réveillé là ?
Pour toute réponse, Katsuki pinça sans aucune douceur le bras nu de son camarade qui glapit de douleur.
- Tu vois, t'es réveillé abruti !
Il voulut se lever, mais deux bras l'enserrèrent fermement, et une voix le supplia :
- Reste avec moi...
Un léger pouffement fit froncer les sourcils du blond et sursauter Izuku.
- Y'a quelqu'un ? s'enquit-il d'une petite voix.
- Ouais, grogna son doudou actuel. Y'a... trop de monde ! Dégagez bande de tocards ! Et putain, Pikachu ! T'as pas intérêt à avoir pris des photos sinon je t'explose ton putain de tel !
Comprenant qu'ils n'étaient pas seuls, et un peu honteux de s'être donné en spectacle, Izuku enfouit sa tête contre le torse de Katsuki pour y cacher son embarras.
- Bakugo a raison, retournez dans vos chambres ! dit Aizawa qui avait assisté à une bonne partie de la scène depuis la porte.
Les garçons quittèrent donc la chambre, rejoignant les leurs, rassurés que la crise soit passée, et bien décidé à finir leur nuit écourtée. Aizawa fixa d'un œil torve ses deux élèves toujours sur le lit. Il ne savait pas ce qui l'amusait le plus : que Midoriya se cache dans les bras de Bakugo, ou que Bakugo ne le déloge pas de là avec violence. Croisant le regard inquisiteur du blond, il soupira, avant de quitter la pièce :
- Faites comme vous voulez, mais dormez !
Izuku ne savait plus où se mettre. Non seulement il avait visiblement réveillé tout le monde à cause d'un cauchemar, mais en plus il avait supplié Katsuki de rester avec lui... et tout le monde l'avait entendu, même leur professeur principal. C'était ridicule... C'était juste un cauchemar. Et être plongé dans le noir total ne l'avait pas aidé à en sortir. Il n'y avait que la voix de Katsuki qui l'avait sorti de là, le ramenant dans la réalité, et il s'était accroché à son ami d'enfance, preuve tangible qu'il ne rêvait plus.
Se rendant compte qu'il était toujours étroitement blotti contre ce dernier, Izuku relâcha sa prise, se reculant un peu, gêné de son attitude. Il sentit Katsuki se lever et s'éloigner, et il n'osa pas le rattraper. Ce dernier avait déjà fait preuve de beaucoup de patience, il ne fallait pas lui en demander trop non plus. Le bruit d'une porte se refermant le fit frémir d'angoisse : il était à nouveau seul. Aussi fut-il surpris quand la voix grave de son ami d'enfance résonna :
- Pousse toi !
N'osant y croire, Izuku se décala contre le mur en silence. Il sentit le matelas s'enfoncer quand Katsuki s'installa à ses côtés. Un bras autour de sa taille l'obligea à se coucher, ce qu'il fit doucement, ne voulant pas risquer d'assommer ou d'écraser son ami d'enfance. Ce dernier se rapprocha de lui, le lit étant trop étroit pour deux et bougonna :
- Et t'as intérêt à dormir, putain ! T'as pas intérêt à marmonner non plus, sinon je te passe par la fenêtre, sale nerd de mes deux !
- Promis Kacchan, sourit Izuku.
Il s'endormit rapidement, bercé par le souffle léger et régulier sur son front, et rassuré par le poids du bras sur sa taille.
~oOo~
Le lendemain matin, personne ne fit de réflexion en voyant Katsuki et Izuku arriver ensemble au petit déjeuner. Ce dernier s'excusa d'avoir réveillé ses camarades qui lui assurèrent que ce n'était rien. Seules les filles, Todoroki, Sato et Sero ne comprirent pas de quoi il parlait, et Denki se fit un malin plaisir de leur expliquer qu'Izuku avait fait un cauchemar, mais que ça s'était réglé avec l'arrivée du doudou-Kacchan. Ledit doudou ne se gêna pas pour courser le blond suicidaire à travers tout le bâtiment en lui promettant mille morts pour avoir oser le comparer à un putain de nounours.
Mis à part cet incident, la matinée se déroula calmement, Izuku accroché à Katsuki et refusant tout net de le lâcher. Leurs amis ne firent aucune remarque, laissant le blond gérer les choses à sa façon, certains s'étonnant cependant de l'aisance avec laquelle le duo se déplaçait alors que le blond ne donnait jamais aucune indication verbale. Le réfectoire étant hors service suite à l'incendie qui s'était déclaré dans les cuisines, les étudiants s'installèrent dehors, assis sur l'herbe ou sur des bancs, la classe décidant de manger tous ensemble.
Quelques heures plus tard, toute la classe se trouvait en survêtement, devant un des terrains d'entraînement de l'académie, attendant les instructions de leur professeur.
- Aujourd'hui, ce sera une course d'obstacles en binôme, expliqua Aizawa.
Rapidement, il annonça les équipes non mixtes tirées au sort, sauf pour Bakugo et Midoriya qui restaient ensemble.
- Dans chaque binôme, reprit-il, vous devez désigner un guide. L'autre sera aveugle grâce à un masque. Ce sera le rôle du guide de mener son coéquipier à travers les obstacles.
Rapidement, les élèves se répartirent les rôles, ceux désignés enfilant le morceau de tissu qui leur bouchait la vue. Une fois sûr que les aveugles étaient tous bel et bien aveugles, Aizawa conduisit sa classe devant la ligne de départ.
Attentif, il regarda ses étudiants se mettre en place. Beaucoup semblaient hésiter sur la marche à suivre, semblant chercher la meilleure solution entre se tenir les mains, ou s'agripper l'un à l'autre d'une autre manière. Il vit Bakugo poser une main d'Izuku sur son épaule, et ce dernier sauter sur le dos de son camarade. Les deux adolescents n'avaient pas échangé un mot, le plus jeune comprenant ce que voulait le plus âgé sans problème.
Midoriya noua solidement ses jambes autour de la taille de Bakugo, croisant ses chevilles pour assurer sa position. Il positionna ses bras autour du blond, l'un passant par-dessus une des épaules du porteur, l'autre par dessous, agrippant fermement l'avant de sa veste. Aizawa sourit, notant qu'ainsi Bakugo n'avait pas besoin de tenir Midoriya, gardant ses bras libres. C'était intelligent... Il était cependant curieux de voir comment ces deux-là s'en sortiraient sur le parcours.
Izuku baissa la tête, la calant dans le cou de Katsuki, se tenant prêt au départ. Il sentit le corps du blond se tasser un peu sur lui-même et ses bras se tendre vers l'arrière. La voix blasée d'Aizawa donna le top départ et Izuku resserra sa prise autour de Katsuki, ce dernier se propulsant vers l'avant avec ses explosions. Izuku se concentra, attentif aux moindres mouvements du corps contre le sien.
Il n'avait pas eu besoin que Katsuki lui explique pour comprendre qu'il allait le porter. C'était la solution la plus logique, la plus simple. Mais le blond avait besoin de garder ses bras libres pour utiliser son alter, c'était donc à Izuku de s'accrocher à lui et de se tenir suffisamment bien pour ne pas le gêner. C'était un travail en binôme, et Izuku n'avait pas l'intention d'être un poids pour son ami d'enfance. Non, il comptait bien l'aider autant que possible.
Avec sa tête dans son cou, il percevait chaque infime mouvement de la tête blonde, devinant ainsi la direction qu'il prendrait. Avec sa main accrochée à la veste de Katsuki, juste au niveau des abdominaux, il sentait chaque contractions de ceux-ci, devinant ainsi les intentions de son porteur. Et collé à lui comme il l'était, il devinait chaque mouvement du corps musclé, anticipant ceux-ci. Ainsi, il pouvait aider Katsuki.
Une infime contraction des abdominaux sous sa main, un discret mouvement d'épaule, et Izuku compris avant même que Katsuki ne se baisse légèrement. Sans réfléchir, Izuku resserra ses jambes, assurant sa prise sur la taille de son ami, et tendit les mains devant lui au moment où une puissante explosion les propulsait vers le haut. Sentant quelque chose arrivait droit dans ses paumes, Izuku les referma sur l'objet qu'il identifia rapidement : une barre lisse et ronde.
Comprenant qu'il s'agissait d'une sorte de trapèze, il activa son alter aidant Katsuki à les propulser jusqu'à l'obstacle suivant avec ses explosions. Quatre barres plus loin, il sentit un anneau dans ses mains. Les paumes du blond agrippant ses genoux le renseignèrent sur le fait qu'ils étaient arrivés au bout de l'obstacle aérien. L'anneau glissa sur ce qu'Izuku devina être un cable. Dès qu'il sentit que Katsuki touchait terre, Izuku lâcha l'anneau et s'agrippa à nouveau à la veste de survêtement de celui-ci.
Grâce aux caméras sur le parcours et aux micros dont tous les élèves étaient équipés, Aizawa put suivre la progression des différents binômes. Certains s'en sortaient plutôt bien, comme Ilda et Mineta (Mineta étant accroché au dos de son camarade), ou encore Aoyama et Todoroki, le blond guidant efficacement le bicolore qui le tenait par les épaules. D'autres avaient bien plus de mal, comme Ashido qui peinait à faire comprendre à Yaoyoruzu comment franchir le premier obstacle.
Mais ceux qui l'impressionnaient le plus, c'était bel et bien le duo Bakugo-Midoriya. Ils n'échangeaient aucun mot, à tel point qu'Aizawa aurait pu croire que leurs micros étaient défectueux s'il n'entendait pas le bruit de leurs respirations et des explosions du blond. Et pourtant, ils avançaient vite... passant les obstacles les uns après les autres avec facilité, Midoriya aidant Bakugo et Bakugo comptant sur l'aide de ce dernier.
Et ça le faisait enrager. Ces deux sales gosses passaient leur temps à se faire la guerre. Même quand ils devaient collaborer ils trouvaient toujours un moyen de se tirer dans les pattes, bien que depuis quelques semaines il y avait une nette amélioration de ce côté là. Pourtant, Aizawa l'avait pressenti depuis le début, lui ainsi que le reste du corps professoral : si séparément ils étaient d'excellents futurs héros, ensemble ils seraient tellement plus que ça. Et ces deux emmerdeurs étaient en train de le lui démontrer ! Aizawa se promit de leur mettre la preuve sous le nez, les images étant enregistrées.
Une main l'agrippa par la taille, le tirant brièvement vers l'avant. Izuku compris immédiatement et pivota lestement autour de Katsuki, se retrouvant non plus sur son dos mais contre son torse. Une légère pression sur ses cuisses et il les détacha, ne tenant le blond que par le cou. Il se sentit tomber en avant, se retrouvant rapidement couché à plat ventre sur le corps de son ami d'enfance.
Les mouvements des jambes sous lui et des bras de chaque côté de sa taille lui indiquèrent que ce dernier rampait sur le dos, se propulsant avec ses pieds en prenant appui sur le sol et en s'aidant de ses bras qui poussaient sur le dessus de l'obstacle étroit. Immédiatement, Izuku lâcha le cou de Katsuki et prit appui sur le sol, de chaque côté de la tête blonde, aidant son camarade à glisser sous l'obstacle. Un bras autour de sa taille l'incita à reprendre sa position initiale dès que l'obstacle fut franchi, ce qu'il fit rapidement, Katsuki ne perdant pas de temps pour reprendre sa course.
Un sourire satisfait étira les lèvres de Katsuki. Son nerd et lui faisaient la course en tête et largement, très largement même. Même Tenya, qui pourtant n'était pas très encombré par son binôme miniature, était loin derrière. Les obstacles étaient pensés pour les ralentir, l'utilisation des alters n'étant pas toujours le meilleur moyen de les franchir. C'était bien pour cette raison qu'il n'avait pas usé de ses explosions dans le tunnel étroit et sombre un peu plus tôt, se contentant de ramper pour le traverser. Avec ses explosions, il aurait pris le risque de détruire le tunnel et de les ensevelir sous les décombres.
Deku comprenait si facilement ce qu'il voulait de lui, anticipant ses gestes pour l'aider. Il n'avait pas besoin d'ouvrir la bouche, gardant ainsi son souffle pour la course. L'air de rien son ami d'enfance pesait son poids, et le portait ainsi lui demandait des efforts supplémentaires. Ne pas s'essouffler avec du blabla inutile était un plus non négligeable. Un nouvel obstacle se profila devant lui et Katsuki tendit les bras vers l'arrière, se tassant un peu sur lui-même pour sauter. Il sentit Izuku se recroqueviller sur son dos, se préparant à l'aider. D'un bond et d'une puissante explosion, il les fit franchir le mur escarpé.
Il grimaça en voyant le champ de boue qui les attendait de l'autre côté, juste avant la ligne d'arrivée. Avec leurs deux poids conjugués cela allait être difficile, même avec ses explosions, et ils allaient perdre du temps. Sauf si... D'un geste, Katsuki incita Deku à se détacher de lui et d'une torsion périlleuse de son corps, il inversa leur position, se retrouvant sur le dos d'Izuku, ses jambes nouées autour de sa taille et ses bras autour de ses épaules, le tout en plein vol.
S'il fut surpris, Izuku comprit cependant rapidement et activa son alter. Quand il sentit le sol mou et collant sous ses pieds, il identifia immédiatement la boue et s'élança, usant de son alter pour ne pas s'embourber. Inverser les rôles à ce moment-là était logique : avec son alter, il avait bien plus de puissance dans les jambes de Katsuki. Aveugle, Izuku courut droit devant lui, suivant les instructions muettes de son ami d'enfance qui tirait sur sa veste pour le guider à gauche ou à droite.
Ce fut l'étreinte qui se resserra brutalement autour de lui qui le fit s'arrêter net. Il sentit Katsuki descendre de son dos et la voix d'Aizawa se fit entendre :
- Bravo... Vous avez été impressionnants. Reposez vous le temps que les autres arrivent.
- On est premier ? s'enquit le plus jeune.
- Evidemment, abruti !
L'immense sourire qui éclaira son visage répondait parfaitement à celui fier et victorieux de Katsuki.
Un soupir échappa à Izuku, il entendait les voix de ses camarades, il se doutait qu'il y avait des écrans permettant de suivre leur progression, mais lui ne voyait rien. Il aurait bien aimé pouvoir voir comment se débrouillaient les autres. Il sursauta, surpris, quand la voix un peu rauque de Katsuki résonna près de lui :
- Tes potes, le délégué et Grappe de raisin sont deuxièmes. Grappe de raisin s'accroche au dos de quatre-zyeux, du coup ça va ils galèrent pas trop. Mais ils ont été ralenti sur le pont de singe, avec des planches manquantes.
- On a passé ça ? s'étonna Izuku.
- Ouais, facilement. Mais le délégué a voulu aller trop vite et s'est retrouvé une jambe coincée entre deux planches. Ils ont perdu du temps du coup... Là, ils sont devant le dernier mur.
- Et les autres ?
Aizawa fut étonné d'entendre Bakugo répondre, soulignant les points forts et les points faibles de chaque binôme, et leur classement dans la course. Izuku suggéra quelques techniques en fonction des duos, et Katsuki réfuta ou approuva lesdites suggestions, les deux amis d'enfance débattant parfois longuement sur les équipes et leurs techniques. Aucun d'eux ne prêta attention à leurs camarades qui arrivèrent les uns après les autres.
- Vos impressions ? demanda Aizawa une fois tous les élèves réunis.
- C'est difficile de suivre aveuglément les instructions, avoua Momo.
- C'est frustrant quand on arrive pas à se faire comprendre par l'autre, renchérit Rikido.
- Il faut vraiment être attentif à tout, soupira Denki. Voir pour deux. Ça demande énormément de concentration.
- C'est horrible de ne rien voir, râla Eijiro. Izuku, je ne sais pas comment tu fais... Surtout que Katsuki te dit rien !
- Ils sont pourtant arrivés premier, intervint Aizawa, et avec une bonne longueur d'avance. Midoriya, comment tu expliques ça ?
- Ah euh... Hmmm, réfléchis Izuku. Je crois que c'est une question de confiance. J'ai confiance en Kacchan, je sais qu'il ne me jettera pas dans le premier ravin venu. Quand il s'engage à faire quelque chose, il le fait toujours bien. Et puis, en étant sur son dos, je pouvait anticiper ses mouvements et donc l'aider. Je le connais bien, du coup j'arrive à savoir ce qu'il veut sans qu'il le dise, comme quand il m'a fait passé devant lui pour ramper, ou quand il a inversé nos positions. C'était logique vu la situation, c'était le meilleur moyen de franchir l'obstacle rapidement.
- Comment pouvais-tu anticiper ses mouvements ? demanda Ochako mettant fin aux marmonnements de son ami.
- Les crispations de ses muscles, répondit immédiatement Izuku. Quand il se prépare à sauter, il se baisse très légèrement et crispe ses abdos. Quand il va lancer une explosion, ses épaules se raidissent un peu, sûrement pour encaisser le recul.
Izuku aurait sûrement continuer ainsi si un coup sur la tête ne l'avait pas fait se taire avec un glapissement très élégant.
- Abrège, sale nerd ! claqua Katsuki.
- Bakugo, l'interpella Aizawa, comment pouvais-tu être sûr que Midoriya allait comprendre ce que tu attendais de lui ?
- Comme il a dit, c'est une question de confiance, répondit Katsuki en haussant les épaules. Au pire, s'il pigeait pas, je savais que je pouvais rattraper le coup.
Un discret sourire aux coins des lèvres, Aizawa prit le temps d'expliquer à chaque binôme les points qu'ils devaient améliorer, soulignant ce qu'ils avaient parfaitement réussi. Puis, il se tourna vers ses deux élèves les plus problématiques, les fixant d'un regard sévère même si l'un d'eux ne pouvait pas le voir.
- J'ai pas grand chose à vous dire, vous vous en êtes très bien sortis. Comme pour les autres, je vous donnerai les images de votre parcours pour que vous puissiez les analyser à tête reposée. J'espère que votre bonne entente perdurera même quand Midoriya aura retrouvé la vue.
Ayant fini, il renvoya ses élèves, les invitant à aller se changer avant de rejoindre le dortoir. Ce fut dans la joie et la bonne humeur que ceux-ci s'exécutèrent, commentant l'exercice du jour avec plus ou moins d'enthousiasme, Izuku suivant Katsuki, sa main serrée par celle du blond dans la poche de celui-ci et son autre main tenant son bras. Les discussions se poursuivirent de retour au dortoir, et jusque tard dans la soirée.
Assis devant son PC, Katsuki décortiquait les images de l'exercice de l'après-midi même quand un coup à sa porte le sortit de son analyse. Il entrouvrit le battant, jetant un oeil noir sur celui qui osait le déranger.
- Kacchan ? demanda timidement Izuku.
- Quoi ? grogna le blond.
- Ah ! C'est bien toi, j'ai eu peur de me tromper de porte, avoua le plus jeune.
- Tu es venu tout seul ? s'étonna Katsuki.
- Oui... Avec l'ascenseur c'est facile, et puis...
- Qu'est-ce que tu veux ? souffla l'adolescent à l'alter explosif.
La mine embarrassée de Deku l'intrigua. Il nota alors l'oreiller que son ami d'enfance avait dans les bras. Ok... Visiblement, cette nuit il allait devoir partager son lit...
En silence, Katsuki ouvrit plus sa porte et se saisit du bras de son nerd personnel, le tirant à l'intérieur. Il le poussa jusqu'au lit, et le laissa s'y installer pendant qu'il éteignait son ordinateur. Toujours en silence, il s'allongea au côté de Deku, prenant son téléphone pour finir son analyse. L'écran était plus petit, mais il pouvait quand même voir ce qui l'intéressait. Il coupa le son de la vidéo, ne voulant pas empêcher son squatteur de dormir.
- Qu'est-ce que tu regardes ? demanda celui-ci.
- L'exercice de tout à l'heure. Zombie-Man nous l'a envoyé par mail.
- Oh ! Et alors ? Tu en penses quoi ?
- On aurait pu être plus efficaces sur certains obstacles... Mais dans l'ensemble, on a géré. Tu verras ça demain soir, quand la vieille baveuse t'aura enlever les bandages.
- J'espère que je n'aurai aucune séquelles, soupira Izuku.
- C'est mieux qu'au début, le rassura Katsuki en posant son téléphone. Dors maintenant !
- Merci Kacchan.
- Tsss...
~oOo~
Dans le noir, Izuku laissa ses doigts effleurer les douces mèches de cheveux de son voisin de lit, ne souhaitant pas le réveiller. Il aurait tant aimé pouvoir le regarder, voir son visage apaisé par le sommeil. Mais il était aveugle... Et s'il ne l'était pas, il ne serait certainement pas dans ce lit. Il aurait pu évacuer avec tous les autres durant l'incendie et il n'aurait pas peur de réveiller ses camarades à cause d'un cauchemar.
Grâce à sa cécité, il était là, blotti contre le corps chaud de son ami d'enfance, bercé par sa respiration calme et légère, en train de jouer avec ses cheveux. Il ne savait plus que penser. Il appréciait un peu trop sa nouvelle proximité avec le blond explosif, il avait pris goût à ses moments de douceur quand ce dernier refaisait ses pansements ou lui faisait le shampooing.
Que se passerait-il quand il retrouverait la vue ? Pourrait-il toujours être aussi proche de Katsuki ? Pourrait-il encore profiter un peu de sa douceur si bien cachée ? Il n'y aurait plus aucune raison. Les choses reviendraient sûrement comme elles l'étaient avant. Un soupir lui échappa, des milliers de questions hantant ses pensées, toutes tournant autour de Kacchan et de leur relation si particulière.
- Tu réfléchis trop, sale nerd, bougonna la voix endormie de Katsuki.
- Désolé, Kacchan, souffla Izuku. Je t'ai réveillé ?
- Sérieusement Deku, même la nuit tu marmonnes, grogna le blond. C'est quoi ton putain de problème ?
- Rien... C'est... Tu as raison je réfléchis trop...
- A quoi tu pensais ?
Izuku soupira doucement avant d'avouer d'une petite voix :
- Je suis content qu'Aizawa-sensei t'ai désigné comme guide...
- Il ne m'a pas désigné.
- Quoi ?! Mais...
- Tsss... Il est juste venu me voir à l'infirmerie, m'a expliqué ta foutue situation. Ma grande gueule s'est ouverte toute seule et je me suis proposé. Il a accepté. J'aurais cru que tu préférerais quelqu'un d'autre... mais...
- Non, souffla Izuku. Je suis vraiment content que ce soit toi.
Izuku sentit Katsuki se tourner un peu plus vers lui, sûrement pour le fixer. Doucement il leva la main, allant effleurer le front du blond, y sentant les rides formées par les sourcils froncés.
- Je pige pas, lâcha Katsuki. Comment tu peux être plus à l'aise avec moi qu'avec tes potes ? Après tout ce que je t'ai fait, tout ce que je t'ai dit... Je pige pas !
- On était amis, avant. Mais rien ne t'obligeais à le rester, répondit doucement Izuku tout en promenant ses doigts sur le visage de son voisin de lit. Je me suis accroché à toi parce que tu étais le seul à me regarder. Pour les autres, j'étais invisible, mais pas pour toi.
- T'as des potes maintenant, fit remarquer Katsuki.
- Oui, admit Izuku. Mais toi, c'est pas pareil...
Le silence se fit dans la chambre. Izuku continua de promener ses doigts sur le visage de son ami d'enfance, qui le fixait d'un air contrarié. Le blond finit par briser la quiétude du moment en grognant :
- Putain, ça me gonfle de plus voir tes yeux !
- C'est vrai ? s'étonna Izuku.
- Ouais, admit Katsuki. On voit tout dans tes foutus yeux de pleurnichard.
Un sourire éclaira le visage partiellement bandé d'Izuku. L'aveu de Katsuki lui faisait étrangement plaisir.
- C'est pas un putain de compliment, bougonna le blond en voyant le sourire de son camarade. N'importe qui ayant un minimum de sens de l'observation peut deviner ce qui se trame dans ton foutu crâne en les regardant.
- Non, contra Izuku. Il n'y a que toi qui peut faire ça. Moi aussi ça me manque de plus voir tes yeux, Kacchan.
- Raconte pas n'importe quoi foutu nerd, râla Katsuki. Et dors !
Izuku ne répondit pas, conscient que c'était là la fin de cette conversation assez surréaliste. Mais même s'il était certain qu'il se demanderait demain s'il n'avait pas rêvé toute cette discussion, elle l'avait apaisée. Il glissa dans les bras de Morphée, sa main glissant lentement du front de Katsuki à son cou où elle resta, inconscient des prunelles écarlates qui ne le fixaient intensément.
~oOo~
Assis sur un des lits de l'infirmerie, Izuku sentait les mains de Recovery Girl défaire le bandage autour de ses yeux. C'était enfin la fin du troisième jour. Il allait enfin pouvoir revoir. Si ce matin, au réveil, il avait juste hâte d'être enfin à ce moment, plus le temps avançait, plus il appréhendait. Et s'il restait aveugle malgré tout ? Et s'il gardait des cicatrices affreuses ?
Sur le trajet jusqu'à l'infirmerie, accroché au bras et à la main de Katsuki, Izuku n'avait pu s'empêcher d'imaginer le pire. Et bien sûr, Katsuki l'avait sentit.
- Arrête de flipper bordel ! Si la vieille baveuse t'a dit que ça irait, ça ira !
Étrangement, les mots de son ami d'enfance l'avaient rassuré. Du moins jusqu'à ce qu'il soit là, sur ce lit, devant Recovery Girl. Il avait senti Katsuki s'éloigner, et instinctivement il avait tenté de le retenir, agrippant son poignet avec force.
Avec un soupir, Katsuki avait cédé, restant à ses côtés et lui laissant son poignet en otage. La présence silencieuse du blond à ses côtés rassurait un peu Izuku. Et puis, il voulait le revoir...
- Tes paupières sont complètement guéries, l'informa l'infirmière, le sortant de ses pensées.
- Y'a des cicatrices ? s'enquit-il un peu inquiet.
- Une petite sur chaque œil, mais quand tu ouvriras les yeux ça ne se verra plus, lui assura la vieille héroïne.
- Ah ? Mais comment...
- Tu verras par toi-même tout à l'heure, râla Katsuki. Ouvre tes putains d'yeux maintenant !
Prenant une grande inspiration, Izuku ouvrit doucement les yeux. C'était un peu flou autour de lui, mais en quelques clignements d'œil tout devint net. Il voyait ! Sans hésiter il tourna la tête tombant immédiatement sur deux iris écarlates qui l'observaient avec attention.
- Kacchan ! souffla-t-il extatique. Je te vois !
- Ah ! Tu vois, y'avait pas de raison de flipper, abruti ! bougonna le blond en se redressant, s'étant baissé pour être à hauteur d'yeux de son camarade.
Recovery Girl empêcha les deux adolescents de poursuivre la conversation, exigeant l'attention du plus jeune pour faire un examen de vue, s'assurant ainsi qu'il avait bien récupéré toute son acuité visuelle. Une fois rassuré, tout allait bien, elle libéra les deux étudiants qui reprirent le chemin de leur dortoir. Dans l'ascenseur, Izuku profita du miroir présent dans celui-ci pour examiner ses yeux, constatant qu'effectivement il avait des petites cicatrices sur les paupières mobiles. Elles n'étaient donc visibles que quand il avait les yeux fermés.
En silence, Izuku suivit Katsuki sur le chemin menant à leur bâtiment. Il souriait, bêtement heureux de pouvoir à nouveau profiter de la vue du paysage, du ciel et du dos de Katsuki. Surtout du dos de Katsuki... et de sa nuque, à peine visible, cachée par des cheveux blonds et un col de chemise. La légère brise agitait doucement les mèches blondes hérissées sur le crâne de son ami d'enfance en une danse étrangement hypnotique. Oui, pouvoir regarder Katsuki lui avait vraiment manqué.
Perdu dans sa contemplation, Izuku ne prêta pas attention au chemin emprunté par son camarade. Aussi fut-il surpris quand il constata qu'ils étaient dans les bois, à proximité de leur dortoir, ce qui n'était pas le chemin le plus court pour rejoindre leur destination qu'ils avaient dépassé.
- Kacchan ? s'étonna-t-il en voyant que ce dernier s'était arrêté devant lui.
Sans un mot, Katsuki se retourna, plantant son regard carmin dans celui émeraude du plus jeune.
Izuku se perdit dans ce regard de braise qui le fixait intensément, le clouant sur place. Il sursauta, surpris, quand une main chaude se posa sur sa joue, signe que Katsuki s'était approché sans qu'il ne s'en rende compte. Mais Katsuki ne fit rien de plus, restant près lui, sa paume posée sur sa joue, ses yeux plongés dans les siens. Les deux adolescents restèrent ainsi de longues minutes, le temps semblant s'être figé autour d'eux.
- Putain, grogna doucement le blond, tu me gonfles, sale nerd.
Avant qu'Izuku puisse répondre, il se pencha vers lui et effleura ses lèvres d'un chaste et bref baiser. Ah, songea Izuku, c'était donc ça... Soudain, tout prenait sens. Comment n'y avait-il pas pensé avant ? Pour lui, Katsuki avait toujours été spécial, à part. Il n'avait jamais vraiment réussi à mettre des mots sur le pourquoi du comment, n'avait jamais essayé non plus.
Visiblement, Kacchan avait mieux compris que lui. Mais ça n'avait rien d'étonnant. Kacchan était génial après tout. Sentant la main du blond glisser de sa joue pour la quitter, Izuku la rattrapa et glissa sa propre main sur la nuque de son ami d'enfance, l'attirant à lui pour lui rendre un baiser à peine plus marqué. Le léger rictus amusé qui étira les lèvres de Katsuki le fit sourire.
- Ramène toi, souffla finalement Katsuki en se reculant. Les autres vont croire que je t'ai balancé dans un fossé sinon.
Izuku n'hésita pas une seconde à prendre la main tendue de Katsuki et lui emboîta le pas. Les deux adolescents quittèrent le bois où ils avaient été à l'abri des regards indiscrets, pour rejoindre leur dortoir.
Ils y furent accueilli par l'enthousiasme habituel de leurs camarades, ceux-ci exprimant leur soulagement de voir qu'Izuku avait retrouvé la vue. Tenya s'empressa de donner toutes ses notes à Izuku qui le remercia chaleureusement, lui promettant de venir lui demander s'il avait besoin d'aide. Eijiro sauta sur Katsuki pour lui demander de l'aide sur un exercice de maths, ce qui fit râler le blond et ricaner Mineta. Bref, tout était revenu à la normale.
Et si, à l'abri des regards indiscrets Izuku glissait sa main dans celle de Katsuki, entremêlant leurs doigts cela ne regardaient qu'eux. Comme cela ne regardait qu'eux, si Katsuki profitait d'être loin des curieux pour embrasser Izuku. Si certains de leurs camarades eurent des soupçons sur la nature de leur relation, aucun d'eux n'eut le mauvais goût ou l'indiscrétion d'en parler aux autres ou aux deux concernés. De toute façon, il fallait être aveugle pour ne pas voir que Deku tenait à Kacchan... et que c'était réciproque.
Fin.
Commentaire des auteures :
Voilà, un nouvel OS. Tout en douceur celui-là. On espère qu'il vous a plu.
Bureau des plaintes et réclamations des personnages martyrisés :
Pendant que les deux auteures soufflent de soulagement d'avoir enfin fini cet OS qui fut bien plus compliqué à écrire que prévu au départ, Ochako et Yuga tentent de guider Shoto et Tenya aveuglés par un bandeau.
- Pourquoi vous faites ça ? s'enquit soudainement Lili.
- Vu que ça a rapproché Deku-kun et son précieux Kacchan, on s'est dit qu'on allait tenter nous aussi, explique Yuga.
- D'accord, soupire Yzan. Et donc toi tu veux faire craquer Tenya, c'est ça ?
- Non, Shoto, la contredit Yuga. C'est Ochako qui veut Tenya.
- Alors pourquoi tu guides Tenya et pas Shoto ? s'exclame Lili incrédule.
- Parce que sinon la manœuvre serait moins subtile, explique Ochako sûre d'elle.
- Ah ! souffle Yzan blasée. Effectivement, vu sous cet angle...
Reportant leur attention sur les deux aveugles, les deux auteures éclatent de rire. Durant la discussion, Tenya est visiblement tombé, entraînant Shoto dans sa chute. Et les deux garçons se retrouvent étalés au sol, bouche contre bouche.
Pendant qu'Ochako et Yuga s'offusquent et pleurent toutes les larmes de leurs corps, Yzan se tourne vers les lecteurs :
- Un petit mot pour nous dire ce que vous avez pensé de notre histoire ? Promis, on mord pas !
