Titre : Appelle-moi ce soir.
Genre : Humour/Friendship - évocation de romance.
Univers : My Hero Academia
Pairing : none
Disclaimer : les personnages et l'univers sont la propriété pleine et entière de l'auteur de MHA à qui nous n'avons fait qu'un léger emprunt.
Résumé : L'heure est grave... L'instant solennel... Pour le bien de tous, l'un d'eux doit se sacrifier... Mais lequel verra son sort tragiquement scellé ?
Note des auteures : Une petite idée à la con, née un beau soir de printemps. On espère qu'elle vous plaira.
Bonne lecture.
Yzan & Lili
~ Appelle-moi ce soir.~
Dans le salon commun de la première A, l'ambiance était silencieuse et tendue. La lumière blafarde de trois lampes de poches éclairait les adolescents assis en rond dans la pièce sombre. Tous se jetaient des coups d'œil inquiets, mais aucun n'osait parler. L'habituelle joyeuse agitation de la classe avait laissé place à une sérieuse solennité d'avant combat. L'heure était grave et nullement à la plaisanterie.
Tous savaient pourquoi ils étaient réunis dans le silence et la pénombre en cette douce soirée de printemps. Le problème avait été identifié, la solution trouvée, le plan élaboré... Ne restait plus qu'à le mettre en œuvre. Et surtout à décider lequel d'entre eux irait en première ligne. Mais même les plus combatifs de la classe avaient refusé de monter au front. La décision de laisser le hasard choisir avait été unanime. Après tout, cela ne laissait qu'une chance sur dix-neuf d'être envoyé au casse-pipe. Et tous priaient pour que le mauvais sort tombe sur un autre qu'eux-mêmes.
Tenya tendit en silence son poing fermé et Katsuki souffla discrètement avant d'en tirer un petit bout de bois. Il se maudit intérieurement en remarquant les légers tremblements de sa main, signe flagrant de sa nervosité. Il cligna des yeux, chassant la goutte de sueur qui glissait depuis son front. Mentalement, il adressa une prière à toutes les divinités qu'il connaissait pour que ça ne tombe pas sur sa tronche.
Il ne put retenir une grimace en voyant la longueur du cure-dent entre ses doigts. Putain ! C'était court ! Il jeta sans aucune discrétion un regard inquisiteur à son voisin, lequel tendit nerveusement son propre cure dent. Plaçant les deux bouts de bois côte à côte, Eijiro et Katsuki comparèrent leur longueur. Le blond explosif ne put retenir un rictus victorieux quand il remarqua que son cure-dent était un peu plus long que celui de son meilleur ami. Lequel tira une tête de six pieds de long.
Soulagé d'échapper à l'horreur promise, Katsuki jeta un coup d'œil curieux sur ses autres camarades, notant immédiatement ceux soulagés et ceux ayant encore une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Koda était pâle comme un mort alors qu'à côté de lui Mineta et Rikido lui lançaient des regards désolés, tout en étant eux-mêmes visiblement soulagés. Mina semblait à deux doigts de fondre en larmes malgré le bras compatissant de Jiro sur ses épaules et les caresses réconfortantes de Toru sur son dos.
Yuga et Denki retenaient difficilement leurs sourires, soulagés, tout en soutenant discrètement un Ojiro tremblant de la tête jusqu'au bout de sa queue. Momo laissait sa main en otage à un Hanta défait, pendant que Tsuyu soufflait des mots de réconfort au jeune homme. Shoji et Fumikage restaient stoïques, le soulagement pourtant visible dans leurs yeux, contrastant avec l'air totalement désespéré d'Izuku. Et la compassion dont faisait preuve Ochako à l'égard de son ami ne masquait nullement l'apaisement qu'elle ressentait en se sachant épargnée.
- Je veux pas faire ça, souffla doucement Eijiro aux côtés de Katsuki d'un ton reflétant toute sa détresse.
Compatissant, Katsuki lui tapota mollement le genoux. Il comprenait très bien ce que pouvait ressentir son meilleur ami. Lui non plus n'avait pas envie de faire ça. Pas du tout ! C'était bien l'une des raisons pour lesquelles ils étaient tous là ce soir. Personne ne voulait s'y coller.
- Bien, souffla Tenya en remontant ses lunettes. Comparons nos cure-dents.
Voyant que ses camarades n'avaient pas attendu sa permission pour comparer avec leurs voisins, Tenya tendit son propre cure dent vers Izuku, soupirant lourdement quand il vit que le sien était plus long que celui de son ami. Ce dernier retint un sanglot étranglé et chercha désespérément de l'aide.
Eijiro se leva et tendit son propre cure-dent, Mina, Koda, Ojiro et Hanta l'imitant. L'adolescent à l'alter de durcissement pâlit dangereusement en voyant qu'il avait le bâtonnet le plus court des cinq. Lentement, comme un condamné montant à l'échafaud, il se tourna vers Izuku, seul autre camarade encore en lice pour le titre de sacrifice. Izuku déglutit bruyamment et se plia à la comparaison.
Les deux garçons retinrent leur souffle, leurs camarades se penchant avidement vers eux pour voir le résultat du tirage au sort. Katsuki ne bougea pas de sa place mais ne quitta pas des yeux ses deux amis. Il ne savait quelle option était la moins pire : Eijiro ou Deku ? Le plan n'était pas risqué au point de mettre la vie des deux adolescents en jeu. Mais leur santé mentale, ça, c'était autre chose... Et, même s'il le cachait bien, Katsuki y tenait, mine de rien, à la santé mentale de ces deux abrutis.
- Yes ! s'exclama Eijiro avec une joie plus qu'audible avant de se reprendre rapidement. Désolé, Izuku.
- C'est rien, souffla Izuku d'une voix tremblante. J'aurai sûrement réagi pareil.
Izuku leva les yeux de son cure-dent, le plus court, et croisa le regard écarlate de son ami d'enfance. Ce dernier eut une grimace compatissante et Izuku se retint de fondre en larmes.
Avant que quiconque ait pu ajouter quoi que ce soit, Denki s'écria :
- Il arrive !
Immédiatement, tous s'agitèrent. Les lampes torches furent éteintes, la lumière principale allumée, la télé diffusa un reportage quelconque, les téléphones furent extraits des poches... Bref, tout le monde s'agita pour avoir l'air parfaitement naturel.
Seuls Izuku et Katsuki restèrent immobiles sur les canapés, se fixant sans ciller, l'un désespéré, l'autre compatissant. Izuku puisa dans le regard brûlant de son ami d'enfance le courage dont il avait besoin, et il se leva finalement, prêt à accomplir la si délicate mission que le tirage au sort lui imposait. Katsuki lui serra discrètement la main quand il passa près de lui, en signe d'encouragement et de soutien. Le geste gonfla le cœur d'Izuku qui carra les épaules et redressa la tête, s'avançant d'un pas décidé vers sa cible.
Et dire que tout cela avait commencé deux semaines plus tôt, lors de l'apprentissage. C'était un jour normal, chacun vaquant à ses occupations et Endevor formant ses trois apprentis. Il leur avait présenté le matin même sa nouvelle acolyte : Rainblues. La jeune femme, au sourire avenant et à peine âgée de vingt et un ans, arrivait tout droit d'Australie où elle avait obtenue sa licence.
Après avoir discuté un peu avec elle, Deku lui posant mille et une questions sur son alter et son parcours, les trois apprentis avaient emboîté le pas à leur mentor pour une journée de patrouille. Ce fut en revenant, le soir, qu'il s'était passé une chose surprenante. Alors que Rainblues les saluait en partant, Katsuki et Izuku répondant avec plus ou moins d'enthousiasme à son "bonne nuit" enjoué, Shoto, quant à lui, avait platement répondu :
- Bonne nuit et à demain, ce soir.
Izuku et Katsuki avaient échangé un regard interloqué, se demandant à quel point leur camarade était fatigué pour avoir formulé une phrase aussi bizarre. Mais si, sur le coup, ils n'avaient pas réagi plus que ça, ils avaient tiqués en entendant Shoto saluer l'héroïne le lendemain matin :
- Bonjour ce soir !
Le regard surpris de la jeune femme ne leur avait pas échappé non plus. La même scène s'était répétée le soir même, puis le lendemain matin et soir. Ni Katsuki, ni Izuku, n'était assez idiot pour ne pas comprendre qu'il y avait un problème avec Shoto et Rainblues. Le soir du troisième jour, Katsuki avait donc mis les pieds dans le plat, profitant qu'ils ne soient que tous les trois dans le vestiaire en train de se changer.
- Oïe ! Double-Face ! C'est quoi ton délire avec l'australienne ? Pourquoi tu dis tout le temps "ce soir" à la fin de tes phrases quand tu lui causes ?
- Oh ça, répondit platement Shoto. C'est elle qui me l'a demandé.
- Quoi ? s'étonna Izuku en échangeant un regard d'incompréhension avec Katsuki. Mais... Pourquoi ?
- Je suppose que c'est son prénom, se justifia Shoto, aveugle aux coups d'œil dubitatifs que s'échangèrent ses deux camarades.
- Son prénom ? ricana Katsuki. Ce soir ? C'est bizarre, non ?!
- Peut-être que c'est un prénom courant en Australie, soupira Shoto.
- Je suis pas certain, tenta prudemment Izuku.
- Elle t'a dit quoi exactement, intervint Katsuki. Mot pour mot !
Shoto leva les yeux vers le plafond, réfléchissant un instant à la question avant de fixer placidement le blond explosif.
- Elle m'a dit : Les gens m'appellent Rainblues, mais toi, tu peux m'appeler ce soir.
Devant le silence choqué de Katsuki, il ajouta :
- Donc, je l'appelle "ce soir", comme elle me l'a demandé.
Puis, sans rien ajouter, il se dirigea vers les douches communes.
Choqué, ça oui, Katsuki l'était ! Mais son silence ne venait pas de là. Il savait que s'il desserrait les dents il éclaterait de rire. Resté seul avec Izuku, il tourna les yeux vers ce dernier qui était rouge cramoisi, les larmes aux yeux, se retenant difficilement lui aussi. Un seul regard suffit et les deux garçons éclatèrent bruyamment de rire. Conscients que Shoto n'était pas loin et allait les entendre, ils plaquèrent leurs mains devant leurs bouches, tentant d'étouffer leur hilarité.
Mais à chaque fois qu'ils se regardaient, leurs éclats de rires repartaient de plus belle.
- Oh putain, souffla difficilement Katsuki. Tu le crois ça ? Il est tellement...
- Innocent, compléta Izuku en hoquetant de rire. Il n'a vraiment pas compris qu'elle...
- Le draguait, acheva Katsuku haletant. Tu m'étonnes qu'elle pige pas pourquoi il lui dit tout le temps...
- "Ce soir", s'étouffa Izuku. Oh Mon Dieu, Kacchan ! Faut qu'on lui explique !
- A qui ? Lui ou elle ?
La question les figea, tous deux réalisant brusquement que oui, ils allaient devoir expliquer à Shoto certaines choses… des choses que tous les adolescents de dix-sept ans étaient supposés savoir depuis longtemps. D'un regard, ils tombèrent d'accord : non, aucun d'eux n'expliquerait la situation à Rainblues.
- On pourrait les laisser... comme ça, souffla timidement Izuku. Elle finira bien par éclaircir la situation d'elle-même non ?
- Pas sûr, soupira Katsuki dépité. Mais merde, Endevor pouvait pas faire l'éducation sexuelle de son rejeton ? Comme tout putain de paternel qui se respecte ?
- Mon père ne m'a jamais fait mon éducation sexuelle à moi, bouda Izuku. Et je ne suis pas aussi...
- Parce que mon vieux s'en est chargé à la place du tien, contra Katsuki.
- Pitié, supplia Izuku. Ne me rappelle pas ça ! C'était tellement... gênant !
- Ouais, confirma Katsuki avec une grimace.
Le père d'Izuku étant absent de la vie de son fils, Inko Midoriya avait supplié Masaru Bakugo de parler de "ces choses là" avec Izuku quand ce dernier avait treize ans. Masaru avait donc fait un tir groupé, réunissant les deux garçons, qui à l'époque ne s'appréciaient pas des masses, pour leur expliquer les bases des relations amoureuses et sexuelles. Ça avait été une soirée gênante à tous points de vue pour les deux adolescents, et ils ne l'avaient jamais évoqué jusqu'à présent.
- N'empêche qu'on peut pas le laisser croire qu'elle s'appelle "Ce soir" ! grogna Katsuki. C'est ton pote, c'est à toi de te dévouer !
- Quoi ? Non ! protesta immédiatement Izuku. Je vais juste... bafouiller et l'embrouiller plus qu'autre chose ! Avec toi, au moins, ce sera clair !
- Ah ! Pas question ! claqua Katsuki. Et le délégué là, il peut pas le faire lui ? Après tout, il nous fait chier avec ses principes débiles de solidarité et d'entraide, c'est le moment de les appliquer !
- Je vais lui en parler, approuva Izuku, soulagé de refiler ce bébé à quelqu'un d'autre.
- De mon côté, j'en causerai avec les abrutis, on sait jamais, ils auront peut-être une idée pour lui présenter les choses, décida Katsuki.
Shoto revint à ce moment-là de sa douche, et les deux complices n'abordèrent plus le sujet, filant eux aussi se doucher. De retour à l'académie, chacun avait exposé le problème à son groupe d'amis, le bouche à oreille ayant fait le reste. Toute la classe (excepté Shoto, le principal concerné) était finalement informée de la situation. Si tous rirent beaucoup, tous furent d'accord pour dire qu'on ne pouvait pas laisser Shoto dans l'ignorance. Il était parfaitement libre de refuser les avances de l'héroïne, mais il avait le droit de savoir qu'elle lui en faisait... des avances ! Mais aucun ne voulant s'y coller, ils avaient donc dû tirer au sort pour désigner le malheureux qui serait donc chargé de cette délicate mission.
- Todoroki-kun ! appela Izuku en s'avançant vers son ami sous les regards compatissants de ses camarades. Je peux te parler ? Dehors ?
- Oui, bien sûr, répondit Shoto en emboîtant le pas à Izuku.
Dès que les deux garçons eurent franchi le seuil du dortoir, leurs camarades se précipitèrent vers les fenêtres, les ouvrant en grand pour ne rien rater de la conversation. Jiro utilisa même son alter pour être sûre de bien entendre, branchant l'une de ses prises jack sur une enceinte portative pour diffuser la discussion à l'ensemble de ses camarades.
Devant le bâtiment de l'internat, Izuku prit son courage à deux mains pour faire face à son ami.
- Je voulais te parler de Rainblues, commença-t-il. Et du fait que tu l'appelles "ce soir".
- Ah ? s'étonna Shoto. Je vous ai déjà expliqué pourtant.
- Oui, confirma Izuku. Mais, je crois qu'il y a eu... un petit malentendu.
Devant le silence de Shoto, Izuku souffla doucement, cherchant comment expliquer les choses le plus simplement possible.
- Tu vois, des fois, quand quelqu'un nous plait, on dit des trucs pour attirer son attention, commença-t-il prudemment. Et pour faire comprendre à cette personne qu'elle nous... intéresse.
- Comme quand Mineta parle des seins des filles ? s'enquit Shoto.
- Alors oui, mais non. Sur le principe, c'est un peu pareil. Mais Mineta n'est pas très subtil, ni très romantique, expliqua Izuku. Il y a des manières de faire et de dire plus... moins obsédées !
- Hmm... réfléchit Shoto. Comme quand Camie nous a demandé nos numéros de téléphones à Bakugo et moi en disant qu'on était beaux gosses ?
- Quoi ?! Et Kacchan lui a donné son numéro ?! s'offusqua Izuku. Et puis, c'est qui cette Camie d'abord ? Pourquoi j'ai jamais entendu parler d'elle ? Qu'est-ce que...
Mais un "Concentre toi le nerd !" rugi depuis l'intérieur du bâtiment coupa court à toutes protestations de la part d'Izuku qui se promit donc de régler ça plus tard avec son ami d'enfance. Depuis quand ce dernier acceptait il des avances aussi douteuses, donnant son numéro à tout va ? À une fille en plus ? Alors qu'il était gay et qu'Izuku le savait parfaitement, Katsuki ayant fait son coming out lors de la fameuse soirée "éducative" avec Masaru Bakugo.
- Oui, bref, se reprit-il, conscient que sa mission n'était nullement terminée. Oui, donc, cette Camie vous a, effectivement, fait des avances.
- Des avances ? demanda Shoto avec incompréhension. Non, si je me souviens bien, elle nous a arrêtés, donc on avançait plus.
Izuku ne put retenir un gémissement désespéré alors que des éclats de rires se firent entendre par les fenêtres ouvertes du dortoir. Shoto tourna la tête vers elles, se demandant ce qui pouvait bien se passer de si drôle à l'intérieur.
- Des avances, soupira Izuku. C'est quand quelqu'un te fait comprendre que tu lui plais. C'est de la drague !
- La drague, c'est pas un filet de pêche ? s'étonna Shoto.
- Aussi oui, concéda patiemment Izuku. Mais c'est aussi un ensemble de moyens pour attirer l'attention de quelqu'un qui nous plaît et qu'on aimerait connaître un peu mieux.
- Ah... Mais je ne vois pas le rapport avec Rainblues, avoua Shoto.
Pendant qu'Izuku s'empêtrait et s'enlisait désespérément dans ses explications, essayant de faire comprendre le principe de draguer quelqu'un à Shoto, les autres membres de la classe ne perdaient pas une miette de la discussion, pouffant de rire régulièrement et compatissant sérieusement au sort de leur camarade sacrifié. Cependant, deux d'entre eux ne trouvaient absolument rien de drôle à cette situation. L'un d'eux parce que l'élu de son cœur était visiblement totalement hermétique à la séduction, et l'autre parce que son nerd personnel allait finir complètement fou à tenter d'expliquer un truc aussi simple à un tel handicapé social.
Finalement, le second craqua et se leva d'un bond, rejoignant le duo à l'extérieur d'un pas décidé. Il ne laisserait pas Deku perdre la tête à cause de cet abruti de Double Face. Ledit Deku se tordait déjà les mains de désespoir et passait d'une explication à une autre, tout en tentant de ne pas perdre le fil de son idée première, marquant déjà quelques pauses dans son discours, marquées par un filet de marmonnements embarrassés.
Le seul à pouvoir rendre Deku fou, c'était lui ! Point barre ! Le regard humide de reconnaissance que lui lança son nerd personnel, confirma à Katsuki qu'il avait pris la bonne décision. Se plantant donc aux côtés d'Izuku, il darda un regard déterminé sur Shoto et lâcha :
- Ce qu'il essaye de te dire, c'est que Rainblues te drague ! Et putain, son prénom c'est Kelly pas "ce soir" ! Elle a juste dit ça pour que tu l'appelles ! Alors, tu lui passes un coup de fil, genre maintenant, et tu lui dis si tu veux la voir en dehors de l'agence ou pas ! Et tu arrêtes de l'appeler "Ce soir" à tout bout de champ !
Puis, sans attendre la réponse de son camarade, il chopa le poignet d'Izuku et l'entraîna à l'intérieur, laissant un Shoto dubitatif dehors. Ce dernier cligna des yeux plusieurs fois, digérant ce que venait de lui dire le blond explosif. Finalement, il sortit son téléphone de sa poche et appela l'héroïne. Il lui expliqua posément qu'il était désolé de la déranger, mais qu'il ne comprenait pas pourquoi elle voulait qu'il l'appelle ce soir. Surtout que ce n'était ni son prénom, ni son nom d'héroïne.
La jeune femme lui proposa d'en discuter le lendemain autour d'un café, et Shoto accepta, espérant comprendre un peu mieux cet imbroglio obscur. Il raccrocha et soupira lourdement :
- Elle m'a pourtant bien dit "Appelle moi ce soir". Je ne comprends pas pourquoi elle a dit ça, si elle ne s'appelle pas "ce soir"...
Il fut surpris d'entendre des éclats de rire bruyants provenant du dortoir. Il ne savait pas ce qu'il se passait ce soir, mais ses camarades avaient l'air de vraiment bien s'amuser.
Se penchant vers Eijiro, toujours silencieux et pâle, assis sur le canapé, Katsuki lui souffla :
- T'as intérêt à te sortir les doigts du cul si tu veux sortir avec lui ! Parce que sinon, un ou une autre te le piquera sous le nez ! Et putain ! Vas-y cash hein ! T'as bien vu qu'il pige que dalle ! Alors roule lui direct une pelle, au moins là, il pigera peut-être !
- Même comme ça, c'est pas sûr, soupira Eijiro, dépité. Et non, je ne vais quand même pas l'embrasser sans son consentement, c'est pas viril mec ! Ça se fait pas !
- Demande le en mariage alors, suggéra Katsuki avec un rictus. Là, au moins ce sera limpide ! Par contre, bon courage pour la nuit de noces hein !
Eijiro ne put s'empêcher de rire un peu, intérieurement reconnaissant à son ami de l'encourager à sa manière.
Katsuki aurait bien continué à souffler des idées pour aider Eijiro à séduire Shoto, mais une poigne puissante l'attira à l'écart, dans la salle de bains déserte. Devant le regard inquisiteur de Deku, il maudit intérieurement Shoto qui avait parlé de Camie. Non, mais… Sérieusement ! Il en avait rien à foutre de cette fille. Elle était sympa, mais ça s'arrêtait là. Il avait d'ailleurs été très clair avec elle dès les premiers textos échangés : il était gay ! Et Camie avait juste trouvé ça trop nice et trop cute ! Et ils en étaient restés là.
Sortant son téléphone de sa poche, il le déverrouilla et le tendit à Izuku en silence, l'invitant à le fouiller. De toute façon, il n'avait rien à cacher, ni à se reprocher. Mais Izuku ignora le téléphone et soupira lourdement :
- Pourquoi tu me l'as pas dit ?
- C'était pendant l'apprentissage, on était pas encore ensemble, crétin ! Elle et moi, on a sympathisé, c'est tout. Y'a rien de plus à dire. Tu peux vérifier par toi-même !
Mais Izuku secoua alors la tête, se penchant pour embrasser doucement son blond, son blond rien qu'à lui d'abord.
- Non, je te fais confiance, Kacchan.
- Hm... Au fait, tu as le numéro de la frangine ou du frangin de Double-Face ?
Le rictus narquois sur les lèvres de Katsuki amusa Izuku qui lui donna bien volontiers les informations demandées.
Chez les Todoroki, trois sonneries de téléphones retentirent presque simultanément. Endevor, Fuyumi et Natsuo se saisirent chacun de leurs portables pour lire le texto reçu. Texto qui fit rougir d'embarras Endevor, pouffer de rire Natsuo et affola Fuyumi :
- Faites la putain d'éducation sexuelle ET sentimentale de votre abruti de fils/petit frère. Et apprenez lui le second degré et les métaphores ! Marre de se taper le sale boulot à votre place ! Signé : Katsuki Bakugo et Izuku Midoriya.
Fin.
Commentaire des auteures :
C'est pas de notre faute ! C'est la faute d'un site connu pour avoir fait le listing des phrases de dragues les plus "drôles"... Et quand on a lu celle-là : "Les gens m'appellent YY, mais toi tu peux m'appeler ce soir", on a immédiatement pensé à Shoto. Voilà. Donc, c'est pas de notre faute...
Bureau des plaintes et réclamations des personnages martyrisés :
Pendant qu'Yzan et Lili se bidonnent encore comme des baleines, Shoto lit et relit leur prose, les sourcils froncés.
- Je parie qu'il pige toujours pas, souffle Katsuki dans le dos des trois autres.
- T'es méchant Kacchan, s'offusque Izuku. Il n'est quand même pas si... idiot que ça !
- Je suis Bakugo, soupire Aizawa. Todoroki ne comprendrait pas qu'on le drague même avec des pancartes et des néons clignotants sous le nez.
- Ah merde ! râle Denki. Et dire qu'on a passé la nuit à équiper Eijiro.
Arrive alors Eijiro, poussé par Hanta et Mina, avec une pancarte autour du cou et un néon clignotant au-dessus de la tête. Sur la pancarte on peut lire : "Shoto, je t'aime et veux sortir avec toi !", et sur le néon "Shoto, embrasse moi !".
Attiré par le bruit, Shoto se retourne et voit son camarade ainsi équipé. En silence, il s'approche d'Eijiro, sous les regards plein d'espoir de Mina, Denki, Hanta et Izuku, et ceux amusés d'avance de Katsuki et Aizawa.
Se penchant vers Eijiro, Shoto lui embrasse la joue puis lui dit :
- Moi aussi je t'aime, et je veux bien sortir avec toi.
Eijiro commence à sourire, quand Shoto poursuit :
- Tu es vraiment un très bon ami. Mais tu es sûr de vouloir aller dehors alors qu'il y a une tempête de grêle ?
Pendant que les deux auteures et Katsuki rient aux éclats, qu'Eijiro sanglote de dépit et que ses amis essayent de le réconforter, Aizawa se tourne vers les lecteurs :
- Vous feriez comment, vous, pour sortir avec Shoto ?
