Chapitre 11 : pertes de contrôle

Ce ne fut qu'une fois que le groupe de sorciers fut parti et que la maison ait retrouvé son calme que Harry se présenta au grenier, devant la porte de la chambre de Jasper. Celui-ci semblait agité, il faisait les cents pas en longeant les murs, ses mains s'ouvraient et se fermaient de manière spasmodique et ses yeux regardaient dans tous les sens à grande vitesse.

"Il a capté les odeurs de tes amis, ça l'inquiète, les souvenirs tournent en boucle dans sa tête." chuchota Edward recouvert de sa tenue de mangemort.

Harry ne répondit pas, il attendait que Jasper le voit. Il s'en voulait de ne pas être allé le voir plus tôt et de l'avoir mis dans cet état de stress. Il savait qu'il devait le rassurer, mais il avait aussi l'intuition qu'entrer sans que Jasper l'ait vu avant relevrait du suicide.

Les minutes défilèrent, mais jamais l'empathe ne posa son regard sur lui. Harry commença à s'inquiéter et agit sans réfléchir. Il passa la barrière magique qui bloquait le prisonnier dans la pièce et l'appela. Le vampire tourna un regard noir vers lui et fut sur lui en moins d'une seconde. Harry grimaça de douleur quand Jasper le plaqua contre le mur, mais s'interdit d'avoir peur. Il vit Edward et Carlisle se préparer à intervenir alors que le visage de son âme-sœur se cachait dans son cou. Il crut qu'il allait le mordre, mais rien ne vint, à part un grondement sourd.

"Jaz, personne ne va te faire de mal. C'étaient mes amis, ils ont passé la soirée avec moi et ils sont repartis."

Un sentiment de jalousie l'étrangla et il ne put retenir un petit sourire en coin. Il posa ses mains sur celles qui tenaient ses épaules et les fit glisser sur le tissu qui recouvrait les bras solides, jusqu'à ce qu'elles se posent dans sa nuque et commencent à jouer avec les cheveux soyeux.

Le sentiment s'allégea, la tension diminua dans le corps de l'immortel mais ne disparut pas.

"Je suis toujours prisonnier." gronda-t-il avec colère.

Harry ne reconnut pas la voix qu'il avait entendu la veille et se demanda si ce n'était pas le vampire au lieu de l'homme qui s'adressait à lui.

"C'est à cause du sort qui te fait perdre le contrôle, haleta le sorcier alors que le souffle sur son cou le rendait fou. On n'a pas encore trouvé comment l'annuler.

- Pour quoi faire ?

- Parce que je veux découvrir Jasper, le gentleman du Texan dont j'ai entendu parlé.

- Il ne nous protège pas.

- Lui et toi, vous pouvez vivre en équilibre, sans avoir peur, plus personne ne vous torturera à nouveau. Laisse-moi lui parler."

La tension s'abaissa dans le corps de marbre et la prise sur le corps du sorcier se fit plus légère.

"Harry."

La voix chaude et douce fit frissonner le dénommé qui ne put réprimer son plaisir au contact des lèvres sur sa peau. Il continua de jouer avec les cheveux entre ses doigts alors que Jasper se laissait attirer contre lui. Tous ses avant-bras furent en appui sur le torse de Harry et sa bouche contre son cou.

"Pardon de t'avoir mis dans cet état, chuchota le sorcier.

- Pas toi."

Le temps était comme suspendu, mais la tension revint d'un coup. Les trois vampires se tournèrent vers la porte et Harry suivit leurs regards, avant de s'effondrer sous l'assaut de colère qui visait Ginny, à visage découvert, mais fut prisonnier de la pièce.

Le sorcier avait l'impression que son corps était broyé par un étau, que son cœur était écrasé par une montagne et que plus jamais il ne pourrait se lever. Sa respiration se coupa, des points noirs se mirent à danser devant ses yeux et il perdit connaissance.

Il était dans un nuage de douleur, tout son corps lui faisait mal quand il revint à lui. Une voix qu'il ne pensait pas entendre à nouveau rouspéter à son sujet lui parvint.

"Je ne pensais pas refaire de séjour à l'infirmerie." déclara-t-il d'une voix cassée.

Des mouvements se firent entendre à côté de lui et un verre fut pressé contre ses lèvres. Il but le liquide sans protester, se sachant en confiance avec Madame Pomfresh.

"Vous n'y êtes pas, Monsieur Potter, Miss Weasley est venue me chercher en urgence."

La mention de son ex le rembrunit, c'était de sa faute ce qui était arrivé, que faisait-elle là ?

Il ouvrit les yeux, inquiet de la trouver dans la même pièce que lui, mais fut soulagé de ne voir que Carlisle.

"Jasper ? Comment va-t-il ?"

Le médecin moldu eut un sourire.

"Tu dois te reposer, Harry, nous t'avons cru mort.

- Vraiment Potter, il va falloir arrêter ça ! s'agaça l'infirmière de Poudlard en lui tendant une dizaine de fioles aux contenus colorés à boire.

- Jasper ? insista le convalescent qui avait un mauvais pressentiment.

- Il pense t'avoir tué. Edward tente de lui dire le contraire, mais il va mal.

- Je veux aller le voir. Madame Pomfresh, je peux sortir ?

- Je sais bien que vous partirez quelle que soit ma réponse, monsieur Potter. Laissez-moi vous scanner une dernière fois."

Après avoir lancé plusieurs sorts pour s'assurer qu'il s'était remis de ses blessures, la sorcière donna son autorisation et Harry bondit hors du lit. Tout son être lui criait qu'il devait voir Jasper au plus vite. Il monta les étages quatre à quatre et trouva Edward sur le palier, le visage inquiet.

L'intérieur de la pièce était ravagé,comme si un ouragan y était passé. Six bouteilles de sang, pleines étaient à l'entrée et Jasper était invisible.

"Combien de temps ai-je été inconscient ? s'étonna Harry.

- Une semaine, il refuse de se nourrir. Il pense t'avoir tué et se déteste pour ça. Il déteste ce que les sorciers ont fait de lui et veut mourir."

La déclaration tordit l'estomac du sorcier qui ne concevait pas que Jasper se donne la mort.

"C'est lui qui est en contrôle ou le vampire ?

- Lui, mais son contrôle est faible."

Harry n'attendit pas plus et entra. Il se saisit d'une bouteille de sang dans une main, de sa baguette dans l'autre et avança parmi les décombres et poutres de bois. Le chemin était tortueux, il devait enjamber des morceaux de bois, passer sous des planches, mais à force de recherches, il découvrit celui qu'il voulait voir. Son cœur accéléra en le voyant replié sur lui-même, ses genoux contre sa poitrine, entourés de ses bras. Sa tête posée sur ses jambes, se releva quand Harry le découvrit. Le regard éteint et le mouvement de recul blessèrent le plus jeune qui ne comprenait pas cette réaction.

"Jaz, je vais bien.

- Je suis dangereux.

- Tu ne voulais pas me faire de mal, tout va bien."

L'empathe regarda à nouveau le sol, honteux.

"Ne reste pas là.

- Je ne partirai pas, pas tant que tu ne te seras pas nourri et que cette chambre ne sera pas remise en ordre."

Le vampire regarda autour de lui comme s'il n'avait pas remarqué avant le carnage qui l'entourait, mais ne bougea pas. Harry s'approcha de lui tout doucement, comme au premier jour de leur rencontre, sauf que cette fois, il avait autre chose en tête. Comme lors de sa visite précédente, il posa sa main sur celle de Jasper, remonta le long de son bras, passa sur ses épaules et sur sa nuque, mais cette fois, il prit son visage dans sa paume.

"On va trouver une solution pour te libérer, je te le promets. Mais, même aujourd'hui j'arrive à voir l'homme bon que tu es. J'aimerais juste apprendre à te connaître."

Harry avança son visage vers le corps immobile, Jasper ne respirait même plus, et posa ses lèvres sous l'oreille du vampire avant de les faire glisser le long de la mâchoire. Il n'eut pas le temps d'atteindre la bouche, que son âme-sœur se jetait sur la sienne en l'allongeant au sol. Le corps de marbre se posa sur le sien, la main blanche partit explorer le torse du plus jeune sous son t-shirt alors qu'ils s'embrassaient avec fougue. Cependant, Harry calma peu à peu le baiser, jusqu'à ce que Jasper pose son front sur le sien, les yeux fermés.

"On va trouver une solution.

- D'accord.

- Il faut que tu te nourrisses."

Jasper se releva alors, s'assit et prit la bouteille. Harry eut besoin de quelques secondes pour reprendre son souffle, puis sortit sa baguette et, comme il avait vu Dumbledore le faire trois ans auparavant, la fit tourner en murmurant la formule " failamalle " et sourit au regard émerveillé du vampire alors que les objets se réassemblaient et reprenaient leur place.