La nouvelle Kenpachi
Kenpachi Zaraki s'ennuyait ferme.
Et lorsqu'il s'ennuyait à ce point, il finissait par faire de la paperasse. Ça l'ennuyait encore plus mais il devait le faire sinon Yumichika allait encore lui courir après. Il lisait des rapports de missions sans entrain et sans intérêt. Comment se faisait-il qu'il n'y ait rien ? Ils étaient en paix, d'accord, mais était-ce une raison pour qu'il ne se passe absolument rien ?
Franchement.
C'était à regretter la guerre contre les quincys. Au moins il y avait à faire et il s'était amusé. Maintenant il était encore plus puissant mais il n'y avait plus Yachiru pour lui tenir compagnie ou Unohana pour lui donner du fil à retordre. S'était à se taper la tête contre un mur.
Il soupira et fit défiler les rapports sans les lire… Il n'y avait que ça… Son regard capta une écriture plus formelle. Il arrêta son défilement et attrapa la note. C'était une fiche provenant de l'Académie. Ils organisaient une porte ouverte pour les officiers pour leur permettre de passer en revue les élèves. Il regarda la date.
Aujourd'hui.
Il grogna et regarda l'heure. Cela avait déjà commencé et devait durer l'après-midi. Pourquoi personne ne lui en avait parlé ? Il se tritura les neurones. Kyoraku avait dit vouloir aller voir des jeunes recrues et il s'était fait recadrer par sa vice-capitaine. Il devait parler de ça. Il se leva toujours en grommelant. Pourquoi ni Ikkaku, ni Yumichika ne lui en avaient parlé ? C'était l'occasion de sortir de son ennui et voir s'il n'y avait pas de jeunes qui sortaient du lot. Il serait peut-être temps qu'une larve sorte un peu du lot.
Il se rendit dans le bureau à côté où se trouvaient les deux officiers. Ikaku avait fait déplacer son bureau pour travailler avec Yumichika étant donné le peu de temps de présence de leur capitaine dans les bureaux, il avait souhaité avoir la compagnie du troisième siège. Il fit glisser le shoji sans s'annoncer et les deux relevèrent la tête.
« Hé ! Vous étiez au courant de ce truc ? »
Il montra la note. Le brun fronça les sourcils.
« On vous en a parlé la semaine dernière, répondit-il.
- Ah bon ?
- Vous avez dit ne pas avoir de temps à perdre. »
Ça lui ressemblait assez.
« Bah, j'y vais si on me cherche.
- Attendez, je veux venir aussi !
- Tu vas pas me laisser faire toute cette pile tout seul, s'insurgea le chauve.
- On finira plus tard, allez, je veux voir à quoi ressemble l'Académie. »
Il semblait que son aversion pour l'administratif soit partagée par ses officiers car ils ne se firent pas prier pour quitter leur bureau. Si les élèves étaient nuls au moins il aurait les deux hommes pour lui tenir compagnie.
Ils quittèrent la capitainerie sans plus de cérémonie. L'instant d'après, ils étaient dans la cour de l'Académie des apprenants shinigami. Il regarda autour de lui mais la cour était vide. Il grogna. Il ne s'était pas déplacé pour rien au moins ? Des bruits de pas derrière lui résonnèrent sur les pierres et il se retourna.
« Bonjour capitaine ! »
Un gardien s'approcha en courant. Il s'arrêta devant eux et s'inclina.
« Bonjour capitaine Zaraki, vice-capitaine Madarame et lieutenant Ayasegawa. Nous ne vous attendions pas.
- Il faut prendre rendez-vous pour des visites libres maintenant ? Grommela-t-il.
- Non, c'est juste que pour le moment les professeurs sont tous avec des officiers pour leur présenter leur classe. Il y a une séance d'entrainement sur la cour est si vous le souhaitez, en attendant qu'un professeur se libère pour vous faire visiter. Ce sont des dernières années, peut-être que cela vous intéressera ?
- Ça ira. »
L'homme parut soulagé.
« Souhaitez-vous que je vous y conduise ?
- Pas la peine. »
Il tourna les talons sous les protestations de ses officiers et avança d'un pas décidé. Il trouverait bien… À un moment ou un autre. Les deux hommes le rattrapèrent et le suivirent. Ils savaient que cela ne servait à rien de parlementer. Il voulait se dégourdir et se changer les idées, il s'en moquait un peu de voir les élèves ou pas.
« C'est par là-bas l'est. »
Il grogna mais changea de direction malgré tout. Il ne voulait pas tourner en rond non plus.
o~~O~~o
« Capitaine Zaraki ? S'exclama l'entraineur. »
Il ne connaissait pas l'homme mais sa pression spirituelle était correcte… Il méritait un peu de son attention.
« 'Jour. Y parait qu'il y a un entrainement par ici.
- Euh… Oui. »
Il lui fallut quelques secondes pour remettre de l'ordre dans ses idées. Il se retourna vers ses élèves et leur fit signe de se mettre en rang.
« C'est un grand honneur de vous avoir parmi nous capitaine, ce sont les élèves de dernières années du groupe deux. Ils postulent pour la plupart aux armées de la Cour.
- « La plupart » ?
- Eh bien, tous ne sont pas sûr d'obtenir une place alors parfois les deuxièmes ou troisièmes choix se portent sur d'autres postes ou d'autres corps de l'armée. Nous avons une étudiante par exemple qui ne postule que pour les archives…
- Les archives ? Pourquoi faire des cours d'armes alors ? Cracha-t-il.
- Tous les postulants du Seireitei doivent avoir au minimum un grade de soldat même s'il ne le devienne pas forcément car ils peuvent être appelés en renfort lors de crise… Lors de la guerre tous les réservistes sont venus. »
Il haussa un sourcil, pas étonnant que certains soient tombés comme des mouches. Envoyer des refoulés de l'armée pour combattre était idiot mais il devait reconnaitre qu'ils ne manquaient pas de courage pour aller se faire tuer sans broncher. À moins que ce ne soit de la stupidité ?
« Vous voulez voir l'entrainement peut-être ?
- Ouais allez-y. »
Il fit un signe désinvolte de la main. Il verrait vite lesquels avaient dû potentiel, il ne perdrait pas de temps ici. Il n'avait pas été formé dans le centre mais il savait que le deuxième groupe d'un niveau était le groupe faible.
« Par curiosité, c'est qui qui veut remuer de la poussière ? »
L'entraineur le regarda avant de comprendre sa question.
« Qui veux travailler aux archives ? Reformula-t-il.
- Ouais, appelle ça comme tu veux.
- C'est Misako. La jeune fille là-bas. »
Il regarda dans la direction indiquée et vit une fille maigrelette avec un carré court et une frange noire. Sa peau était d'un blanc grisâtre. Un coup de vent l'aurait faite tomber. C'était déjà un miracle qu'elle soit arrivée au bout de la sélection. Ce n'était pas une mauvaise idée qu'elle vise un poste de gratte-papier. Elle était plus grande que les autres filles du groupe mais il n'y avait rien d'autre de notable.
Il regarda les duos se former et commencer à échanger des passes. Il bailla. Il n'y avait rien d'exceptionnelle. Aucun n'avait le potentiel pour entrer dans sa division… En même temps, beaucoup de membres de sa division n'avaient rien de particulier à part leur amour pour le combat. C'était ennuyeux mais moins que la pile de feuilles qu'il devait se coltiner. Yumichika et Ikkaku firent le tour et observèrent les différents duels. Ils repéraient des potentiels inexistants. Cela dura plus longtemps qu'il le pensait. L'entraineur les fit se remettre en ligne pour les passer en revue.
« Y en a qui veulent rejoindre la onzième ? Demanda Ikkaku. »
Quelques mains se levèrent.
« Avancez-vous. »
Les deux amis allèrent leur parler et il les regarda avec dédain. Il doutait que la onzième soit leur premier choix.
« Alors, grogna-t-il, il y en a qui veulent venir se battre ? »
Les étudiants se reculèrent, seul Misako ne bougea pas d'un pouce. Il haussa un sourcil. Se pourrait-il que la gratte-papier gringalette soit la seule qui ait des couilles ? Cela pourrait expliquer qu'elle soit arrivée jusqu'à la fin de son cursus.
« Toi ? Dit-il. »
Elle le regarda sans montrer de signe qu'elle était impressionnée. Il vit les garçons derrière elle rire.
« Pourquoi vous riez les débiles ? Vous postulez pour la onzième mais c'est celle qui veut bosser dans des bureaux qui ne tremble pas de genoux lorsque je propose un duel. Vous devriez avoir honte plutôt que de vous foutre d'elle. »
Ils devinrent livides et elle ne cilla pas.
« Approche gamine, montre ce que t'as dans le ventre puisque t'es la seul avec des couilles dans ce groupe. »
Elle s'avança face à lui, sans raller, sans supplier de l'épargner, ni montrer son envie d'essayer de le tuer. C'était une première. Elle commençait à lui plaire la maigrichonne.
« Allez, sourit-il, j'irais doucement, faut pas tuer les braves. »
Il dégaina son sabre et Misako ne trembla pas. Pas une once de peur ni de regret. Elle sortit son sabre avec une lenteur calculée. Il sourit, peut-être qu'il devrait la débaucher pour sa division. Elle avait trop de cran pour la laisser moisir sur une étagère. Elle se mit en garde, bien droite et solide sur ses appuis… Pour la première fois il croisa son regard.
Ses yeux lui donnèrent des frissons.
Il vit la mort aux fonds de ses yeux gris, un acier trempé. Voilà ce qui se cachait derrière cette allure maladive. Cela lui rappela Ukitake, il semblait faiblard mais il avait appris à le prendre au sérieux. C'était le genre d'adversaire qu'il n'oserait pas sous-estimer. Il décida de faire pareil avec la gamine mais d'abord il devait tester sa force.
Il leva son sabre de toute sa hauteur et frappa. Elle ne chercha pas esquiver ni même à bouger, une fraction de seconde il pensa s'être trompé mais elle para son coup. La terre trembla sous leurs pieds mais elle resta de marbre.
Un frisson le parcourut.
Enfin…
Enfin quelqu'un à sa hauteur.
o~~O~~o
Misako enrageait.
Elle voulait passer une scolarité tranquille, ne pas faire de vagues et voilà que tout tombait à l'eau. De tous les capitaines du Seireitei, il avait fallu que ce soit Kenpachi Zaraki qui vienne les voir. Le kenpachi de sa génération. Sa simple présence avait éveillé les accès de violence qu'elle avait soigneusement enfoui pendant ces années à polir son image. Tout allait voler en éclat.
L'air piquait son nez et ses membres tremblaient d'excitation. Enfin quelqu'un qui pouvait l'inquiéter. Ou pas. Le premier coup qu'il porta la déçue. Elle n'avait pas eu besoin de bouger et pu l'arrêter d'une main mais à voir son sourire… Lui aussi avait trouvé un adversaire à la hauteur.
Ils échangèrent des coups sans qu'ils ne tremblent, ni ne bougent de leur position.
Ses traits se déformèrent. Elle souriait. L'euphorie s'empara de son corps. Elle voulait gagner. Plus rien à faire d'être la gentille fille calme de bonne famille. Elle voulait se baigner dans son sang, lui arracher les tripes, le faire hurler comme une putain dans un bordel bon marché.
Sa seule respiration provoquait des excès de violence dans tout son corps.
Elle ne devrait pas.
Elle devait reprendre son calme, feindre la faiblesse… Elle ne voulait pas révéler le côté sombre qui l'habitait. Elle était une gentille fille et elle devait le rester. Sa famille, même si elle faisait partie de la noblesse, était pauvre et ne sortait pas du lot. Son clan était faible et presque éteint, son père n'avait jamais su sortir du lot et avait laissé la lumière sur son frère cadet. Il avait vidé les caisses pour épouser une fille d'un clan plus puissant et ils n'avaient jamais vu de retombées. Entrer au Gotei était suffisant pour son père, il ne voulait pas qu'elle fasse plus. Il ne voulait pas qu'elle tire la couverture à elle, il s'écrasait pour que son frère réussisse. Cela la rendait folle mais elle s'était pliée à sa volonté.
Kenpachi Zaraki venait de balayer ses années de planque. Il réveillait ses pulsions et elle voulait y céder. Misako voulait laisser sa rage exploser, tout ravager, tout détruire. Ses membres s'éveillèrent du long sommeil dans lequel elle les avait plongés.
Elle attaqua. Fort. Sans répit. Le sang devait couler pour apaiser sa haine, sa rancœur… On l'avait écrasé, nourri à la soumission mais elle avait enfin l'occasion de tout balayer. Tout brûler. Elle hurla à s'en arracher les poumons et frappa sans relâche.
Il lui résistait et c'était insupportable.
Cet homme réputé pour être le plus fort de leur génération. Elle voulait sa soumission. Pas de répit sans soumission. Pas de répit sans l'avoir mis à genoux. Il devait souffrir pour apaiser son ressentiment.
Ils attaquaient, se défendaient et plus rien ne comptait à part leurs lames qui s'entrechoquaient dans des éclats stridents.
Elle aurait son sang.
Il aurait son âme.
C'était un échange de bon procédé.
Si seulement elle pouvait le toucher, voir son sang gicler… Son genou lâcha et elle manqua de s'effondrer. Elle avait oublié ce détail. Elle avait toujours veillé à limiter ses réserves pour éviter les risques de s'emporter. Ce n'est pas pour rien qu'elle n'avait que la peau sur les os. Le combat était tellement intense qu'elle avait déjà épuisé son énergie.
Elle jura entre ses dents. Cela ne pouvait pas s'arrêter comme ça, pas ainsi. Elle n'avait pas encore réussi à effacer son sourire. Elle ne tiendrait plus longtemps comme ça mais elle devait essayer. Elle utilisa le shunpo et essaya de le prendre de vitesse.
Elle entendit des acclamations et bizarrement, elle eut l'impression que la foule s'était épaissie autour d'eux. Du rouge… Enfin du rouge… L'odeur de fer et un grognement de mécontentement. Elle lui avait entaillé le bras. Un rire nerveux sortit de sa gorge. Elle exultait. Du sang perlait de son sabre. Elle entendait rire. Son zanpakuto riait de la voir ainsi.
Je peux jouer ? Je veux jouer ! Enfin quelqu'un de marrant et tu ne tiendras pas sans mon aide. Quelle idée de ne faire qu'un repas !
« Abreuve-toi… Nozorashi. »
Le capitaine eut la même idée qu'elle. Une immense hache apparut sur son épaule.
« Souffle Hakainofan. »
Deux éventails apparurent dans ses mains et son corps devint plus léger. Ce ne serait plus un duel aux sabres mais elle se consolerait. Elle leva ses éventails et les chargea de son reiatsu, elle ne pourrait envoyer qu'un coup. Kenpachi devait le sentir car il prit son arme à deux mains. Elle tourna sur elle-même et envoya une rafale. Elle retomba sur ses pieds mais ses chevilles chancelèrent et elle tomba. Elle ne sentit pas le choc mais un liquide chaud coula sur ses jambes. Elle avait été blessée mais elle ne sentit pas la douleur.
C'était la première fois qu'un homme la faisait saigner… Cela lui tira un sourire.
o~~O~~o
Il avait pris un savon.
Le comble, c'est que c'était Shunsui Kyoraku qui l'avait engueulé. Il avait détruit un bâtiment de l'Académie et il avait outrepassé son interdiction d'utiliser son shikai… Et… Il l'avait libéré devant une foule de personne ne pouvant supporter son pouvoir.
Tous les étudiants présents avaient fini à l'infirmerie dans un sale état. Qu'est-ce qu'il y pouvait lui ? À un moment où un autre ils auraient fini par croiser un capitaine qui se bat, autant les y confronter tout de suite. Il ne l'avait pas dit à voix haute. Kyoraku faisait son boulot et l'aurait encore engueulé. Dire qu'ils se retrouveraient sûrement le soir même pour boire un coup.
« Il faudra juste enlever le pansement, attendez au moins demain, et si vous voyez que ça saigne encore passez me voir. »
Il regarda Isane. Enfin, la capitaine Kotetsu. Il avait dû aller à la quatrième pour faire soigner la belle estafilade que lui avait faite la gamine. Son coup était puissant mais cela avait drainé toute son énergie, elle était tombée comme une masse flasque au sol après son attaque.
« Ça sera guéri ce soir, répondit-il. »
La capitaine fit la moue.
« Pas sûr, dit-elle. L'entaille est nette mais très profonde… Quelle genre d'arme avait-elle ?
- Des éventails, pouffa-t-il. Mais… Comment tu sais que c'est une nana ?
- Eh bien… »
Elle bafouilla et il fronça un sourcil.
« J'en ai entendu parler, ça a fait le tour…
- Elle est ici ? »
Isane ne répondit pas.
« Elle est ici… En vie ?
- Le capitaine commandant a été clair, vous ne devez pas la voir.
- Je m'en fous, je veux savoir si elle est encore en vie.
- Je ne peux rien dire. »
Elle gesticula maladroitement. Certaines choses ne changeaient pas. Elle était toujours aussi peu assurée, cela n'avait pas changé en devenant capitaine.
« Elle ne serait pas dans les locaux si elle avait clamsé, elle est solide. »
Il se releva et il la vit regarder la porte.
« N'oubliez pas ce que je vous ai dit, la plaie est profonde, insista-t-elle.
- Mouais, ouais…
- Et demandez les antibiotiques à la pharmacie. Il ne faut pas que ça s'infecte ! C'est passez pas loin du cœur. »
Il continua son chemin jusqu'à la porte. Ça tirait un peu mais il avait connu pire. Il avait baissé sa garde, étonné par la nature de son zanpakuto. C'était la première fois qu'il en voyait un comme ça, il ne savait pas que les zanpakutos pouvaient prendre des formes aussi diverses. Il sortit dans le couloir et toucha son pansement. Il garderait une cicatrise, ce ne serait pas le cas de la coupure sur son bras. Autant rentrer à sa division, il voulait de l'animation, il en avait trouvé. Il pouvait aller faire une sieste maintenant. Il voyait les soignants s'écarter en tremblant sur son chemin.
Il sourirait.
o~~O~~o
Son corps était douloureux.
Sa cuisse la faisait souffrir et une tension parcourait toute sa jambe. Elle soupira et ouvrit un œil. Elle le referma aussitôt aveuglé. Elle leva un bras pour se couvrir en grognant.
« Eh bien… Déjà réveillée. »
Elle rouvrit les yeux abrités par son avant-bras. Elle vit une silhouette assise dans un coin de la pièce. Il ne ressemblait pas à un médecin et cela ne ressemblait pas à l'infirmerie de l'Académie. Elle prit le temps de s'habituer et elle commença à discerner les contours de son visiteur. Un shinigami avec un haori blanc. Un capitaine mais ce n'était pas Zaraki. L'homme s'approcha, il était grand. Elle put voir son visage mais elle ne l'avait jamais vu. Elle procéda par élimination.
« Bonjour, sourit-il. Tu m'as l'air en forme pour quelqu'un qui a affronté Kenpachi Zaraki. »
C'était le capitaine commandant. Elle écarquilla les yeux et se redressa.
« Bonjour capitaine. »
Elle grimaça. La douleur de sa jambe remonta jusqu'à son ventre.
« Ne bouges pas, dit-il. Il ne faut pas rouvrir tes blessures… La capitaine Kotetsu s'est donnée du mal pour te sauver alors ne gâche pas son travail.
- Je ne suis plus à l'Académie, remarqua-t-elle.
- Non c'est vrai, dit-il. Félicitations, tu as obtenu ton diplôme et une affectation.
- Quoi ?
- Ta capitaine viendra te voir, dit-il, mais avant il faut te remettre sur pieds. Je repasserais te voir et nous discuterons une fois que tu auras les idées claires. En attendant, reste ici sagement, je peux compter sur toi ? »
Elle ne comprenait pas. Quelque chose lui échappait. Elle hocha la tête.
« Bien. »
Le commandant Kyoraku frappa ses mains et lui sourit.
« Nous nous reverrons, repose-toi bien. Je t'envoie Isane. »
Elle le regarda partir avec méfiance. L'homme n'était pas venu par simple courtoisie, derrière cet air nonchalant il l'avait décortiqué et observé. Elle ne savait pas s'il avait trouvé ce qu'il voulait mais il était parti vite pour un homme ayant une réputation de coureur de jupon.
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Il sortit de la chambre soufflé par cette rencontre. Elle n'avait pas sourcillé. Il avait pourtant libérée sa pression spirituelle mais cela ne semblait pas l'avoir dérangé.
Il avait voulu la tester et voir combien de temps elle mettrait à comprendre ce qui lui arrivait mais rien… Elle s'était réveillée fraîche comme une fleur et lui avait parlé sans montrer de signes de faiblesse. Même ses vice-capitaines étaient gênés lorsqu'il arrivait à ce stade de pression.
Pas étonnant qu'elle ait donné du fil à retordre à Kenpachi. Ils avaient mis la main sur une perle rare… Et peut-être même la prochaine Kenpachi. Ce potentiel ne pouvait rester inexploité.
Il avait survolé son dossier et fut surpris de son contenu. Elle était dans la moyenne sans jamais sortir du lot. Rien. Pas même une appréciation ne laissait deviner ses capacités ou mentionnait l'obtention de son shikai.
C'était un mystère.
De plus, elle ne visait aucun corps armé mais les instituts culturels. Il se dirigea directement vers le Central 46 pour en informer la chambre. Une telle découverte ne pouvait rester secrète.
o~~O~~o
Elle baissa les yeux vers sa jambe et chercha à identifier la source de son inconfort. Elle n'était pas plâtrée. C'était un bon début. Elle retira le drap qui la couvrait et remonta sa chemise d'hôpital.
Le bandage courait du dessous de son genou droit pour remonter jusqu'à son bassin, un deuxième partait de sa hanche et remontait jusqu'à sa taille. Elle toucha du bout des doigts les gazes. Elle avait évité le pire, rien de cassé et la jambe était toujours là et mobile. Elle avait dû éviter le gros de l'attaque.
Une vilaine éraflure… Et une future cicatrice imposante.
Elle continua de s'observer et ne vit pas d'autre blessure. Ses autres membres étaient mobiles, hormis des courbatures. Une question restait, qu'en était-il du capitaine de la onzième ? Il n'était pas mort puisqu'on ne lui avait pas confié son haori. Elle soupira. Elle s'était faite remarqué pour rien.
Elle fronça les sourcils, elle n'avait pas fait attention mais l'air semblait plus léger et respirable qu'à son réveil.
« Hum… »
On frappa à sa porte mais la personne n'attendit pas sa réponse pour entrer. Le haori confirma l'identité de la femme. La capitaine de la quatrième, Isane Kotetsu. Elle la regarda avec de grands yeux éberlués.
« Vous êtes déjà réveillé ?
- Oui madame. Bonjour, je vous remercie de m'avoir soigné.
- C'est mon travail, dit-elle, mais je ne pensais pas vous trouvez aussi en forme. Vous avez une sacré endurance.
- Vous trouvez ? »
Elle se mit à rire.
« Vous avez survécu face au capitaine Kenpachi Zaraki. De l'endurance c'est un euphémisme. On a fait les points dans la soirée d'hier, je voudrais les vérifier et changer les bandages puisque vous êtes réveillée.
- D'accord…
- Vous n'avez pas mal ?
- C'est tolérable, j'ai dû échapper au pire, non ? C'est profond ?
- Plutôt, dit-elle. Le tout c'est que ça reste propre pour que ça cicatrise comme il faut. »
La capitaine s'approcha et regarda les bandages.
« Ils sont restés propres, c'est déjà bien. Vous n'avez pas trop bougé cette nuit.
- Je ne saurais pas dire, j'ai dormi comme une masse. Enfin je crois. »
Elle commença à les défaire et cela l'étonna, pourquoi la capitaine prenait le temps de s'occuper d'elle. N'importe qui d'autre aurait fait l'affaire pour changer des bandages et désinfecter la plaie. Elle ne fit pas de remarque et la regarda les défaire avec attention. Elle souleva sa jambe délicatement et la cala avec un coussin. Au fur et à mesure des tâches de sang apparaissaient sur les bandes mais rien d'alarmant. Ce qui ressemblait à une éraflure sous le genou devint une brûlure puis une entaille le long de sa cuisse pour finir par une plaie béante sur sa hanche.
C'était pas terrible. Il ne l'avait pas raté l'enfoiré. Elle regarda les chairs rougies rattachées par un fil bleuté. La capitaine regarda les sutures avec attention et les effleura du bout des doigts à la recherche d'une grosseur ou forme anormal. C'était gonflé mais régulier.
« C'est pas trop mal, dit-elle. Ça réagit bien. »
Elle nettoya les plaies lentement. Elle était très appliquée dans son travail.
« Il faudra combien temps pour que ça guérisse ?
- Si vous restez tranquille et en soin chez nous… Une bonne semaine avant de pouvoir bouger.
- Cela veut dire une semaine sans bouger ?
- Il faut que ça se renforce avant de reprendre des activités normales. Ça ne pourra pas guérir sinon. Avec votre reiatsu cela peut très vite se refermer, vous avez une bonne constitution, mais vous avez des carences qu'il serait bien de soigner. Il vous faudra reprendre un peu de poids, dit-elle, si vous avez besoin d'un accompagnement on peut vous aider.
- J'y ferais attention.
- Manger plus et équilibré, vous aiderez à améliorer mon reiatsu… Et guérir plus vite ! Alors si vous ne voulez pas rester ici vous savez ce que vous avez à faire. »
Elle lui fit un petit clin d'œil.
« Et… le capitaine Zaraki? »
Personne n'avait encore évoqué le sujet avec elle. Puisque la capitaine semblait encline à parler, autant essayer d'avoir des informations. La médecin releva les yeux de sa plaie.
« Il est passé, de toute façon il ne reste jamais bien longtemps dans nos quartiers.
- Il n'a pas voulu m'achever ?
- Le commandant est intervenu, une telle explosion de reiatsu ne passe pas inaperçue. Tous les officiers présents à l'Académie sont venus voir.
- Vraiment ?
- Oui… Mais vous n'avez pas dû nous remarquer, vous étiez dans votre bulle.
- Probablement. »
La capitaine hésita un instant.
« Vos professeurs étaient surpris… Par vos capacités. Vous avez déjà libéré votre shikai. Ce n'est pas banal pour une élève.
- Vous croyez ? »
Elle feignait l'ignorance mais savait très bien que ses capacités étaient hors normes.
« C'est plutôt une bonne nouvelle, dit-elle, depuis la guerre nous manquons d'officiers. C'est bien de trouver des personnes avec du potentiel.
- À vrai dire… Je ne pensais pas monter en grade, je souhaitais rejoindre les archives. »
La capitaine haussa les sourcils.
« Ce n'est pas un choix banal… Mais c'est bien de voir que des aspirants s'intéressent à autres choses que le combat.
- Je suis bien d'accord, il y a beaucoup de façon de servir le Seireitei. »
Ses mains s'arrêtèrent sur ses cuisses alors qu'elle refaisait le bandage.
« C'est vrai, sourit-elle, heureusement que tout le monde n'est pas obnubilé par les duels, plaisanta-t-elle.
- C'est sûr ! D'un autre côté vous auriez trop de temps libre, si la onzième n'était pas là. »
Isane étouffa un gloussement.
« Mais ça vous laisserez plus de temps libre pour sortir. »
Elle vit des rougeurs apparaitre sur les joues de la capitaine. Voilà qu'elle flirtait avec une supérieure, son cas s'arrangeait de minutes en minutes.
« Nous arrivons à nous arranger, nous ne sommes plus dans l'état d'urgence que nous avons connu contre Aizen ou bien les quincy. »
Elle termina le bandage mais resta à côté d'elle.
« Reposez-vous bien, j'espère vous revoir en forme.
- J'espère aussi. »
Elle lui fit un clin d'œil. Autant rendre son séjour à l'hôpital agréable. Ce combat et cette expérience de mort imminente l'avaient fait sortir de sa coquille. Alors si elle voulait se taper la capitaine de la quatrième, elle se la taperait.
Plus rien à foutre de son oncle.
Plus rien à foutre d'être une gentille fille.
o~~O~~o
« Quoi ? Beugla-t-il.
- Elle va rejoindre les archives, répéta-t-il. Elle a refusé le poste de vice-capitaine de la huitième.
- Quoi ? »
Que Misako refuse le poste ne l'étonnait pas, si elle avait caché ses capacités, c'était probablement pour éviter ça. Mais pourquoi lui proposer la huitième ?
« Je dois dire que c'est la première fois que quelqu'un refuse un poste aussi élevé.
- J'ai demandé à l'avoir à la onzième et vous lui proposez la huitième ?
- Le Central 46 a approuvé sa demande et même si elle avait dû rejoindre le Gotei, elle ne l'aurait pas fait à la onzième. Ils ont refusé la demande et je suis d'accord avec eux. On ne peut pas vous laisser ensemble dans la même division. »
Il bouillonnait. Il n'avait pas revu la gamine mais il savait qu'elle était sortie de l'hôpital aussi vive qu'un gardon (et après trois jours). Sa guérison miraculeuse mettait Isane dans tous ses états. Elle semblait tellement joyeuse qu'il n'arrivait plus à l'intimidé pour avoir des réponses.
« Et une autre précision a été apporté par la Central 46… Vous n'avez pas le droit de vous battre.
- Quoi ?
- C'est un ordre, pas une recommandation. »
Il soupira en roulant des yeux.
« Vous avez failli détruire les bâtiments de l'Académie et on a peine fini de reconstruire le Seireitei… C'est une mesure de précaution. »
Il n'était pas totalement idiot. Il savait que le Central avait peur de lui, ils devaient voir en Misako un moyen de le contrôler ou de l'anéantir. Il ne pourrait même pas s'amuser avec elle.
Quel ennui…
Le combat devenait intéressant mais elle était tombée de fatigue. Elle n'aurait eu aucun mal à éviter son attaque. Les spectateurs pensaient qu'elle avait perdu connaissance à cause de sa blessure mais il savait que c'était le contraire. Il grogna. Elle aurait pu faire mieux, donner plus et l'amuser. Pourquoi était-elle tombée comme ça ? Elle manquait d'endurance ? Il n'aurait pas de réponse tout de suite, il n'avait même pas le droit de l'entrainer.
Il soupira.
o~~O~~o
Elle avait eu gain de cause mais se demandait encore ce qui l'attendait. Le Chambre des 46, elle-même, lui avait accordé son affectation mais le capitaine commandant voulait la voir.
Elle se rendit au quartier de la première division et découvrait pour la première fois les quartiers militaires. Elle arriva à la capitainerie et fut accueillie par la vice-capitaine Ise. Elle la suivit silencieusement jusqu'au bureau du commandant. Elle l'a fit entrer et referma le volet derrière elle.
Elle s'avança dans l'immense bureau… mais elle ne vit personne.
Étrange.
Elle patienta et regarda autour d'elle mais il n'y avait pas grand-chose voir. Aucune décoration, peu de meubles. Cela ne correspondait pas aux descriptions faites du commandant réputé pour être un homme nonchalant et volage.
Elle ne sentait pas sa présence, même au loin, avait-il camouflé sa pression spirituelle ? Un frisson lui parcouru la nuque et elle se retourna. Elle était observée.
« J'espère ne pas être en retard, dit-elle.
- Vous ne cesserez jamais de m'étonner."
Le capitaine apparut au coin de la pièce. Une cape noire sur le bras.
« Un prototype, dit-il, plutôt abouti d'ailleurs mais je crains qu'on puisse rien faire contre les personnes qui ont un bon instinct. »
Pourquoi lui dire ça ? Etait-ce de l'honnêteté ? Que cherchait-il à obtenir ?
« Enfin, nous ne sommes pas là pour parler chiffon, sourit-il. Vous avez vite guéri apparemment.
- J'ai été bien soigné…
- J'ai cru comprendre que la capitaine Kotetsu était aux petits soins mais ce n'est pas une raison pour vous abonnez à la quatrième.
- Je ferais attention.
- Pour vous y aider, la Chambre des 46 a demandé à ce que vous et le capitaine Zaraki ne vous affrontiez plus. »
Voilà une manière d'entrer en matière étonnante.
« Vraiment ?
- Vos potentiels de destruction les inquiètent.
- Je suis loin du niveau du capitaine
- Ne jouez pas à ça avec moi, coupa-t-il. Nous savons tous les deux que votre défaite est due à une volonté de votre part de vous affaiblir volontairement.
- Je crains que vous ne me surestimiez commandant.
- Bien au contraire, je ne ferais pas l'erreur de vous sous-estimer et la Chambre non plus. La Chambre souhaite garder votre potentiel secret mais veut vous préparer.
- Me préparer ?
- Ce n'est pas très galant mais… Vous avez pris du poids pendant votre séjour à l'hôpital. »
Elle s'étonna de cette remarque, ne sachant où tout cela menait.
« La capitaine Kotetsu a insisté pour que je mange…
- Je crois plutôt que vous vous préparez à l'affronter à nouveau et cette fois à votre plein potentiel.
- Veuillez m'excuser mais-
- La Chambre veut vous préparer à lui succéder. Ils ont bien compris qu'un combat sérieux entre vous mènerez au décès d'un ou de l'autre et… Ils veulent mettre les chances de votre côté. Votre affectation est conditionnelle.
- Quelles sont les conditions ?
- Vous aurez votre poste si vous acceptez de vous entrainer pour le dépasser… Sinon vous serez affecté à la huitième comme cela vous a été proposé et… Ce n'est pas sûr que vous ayez le temps de vous préparer à l'affronter de nouveau.
- J'ai toujours l'impression que vous fondez trop d'espoir sur moi… Et pourquoi me dire ça ? »
Il haussa les épaules avec son air désinvolte habituel.
« Ce n'est pas ma décision mais celle du Central… Ils pensent pouvoir vous mettre la pression mais j'ai dû mal croire que cela vous fera de l'effet… Cependant l'idée de pouvoir affronter des adversaires plus puissants et prendre votre revanche devrait vous intéresser… »
La nonchalance avait disparu et une aura sombre se déploya. Elle eut un frisson.
« Vous aurez le poste que vous voulez en échange de quelques entrainement, sourit-il. »
Son changement d'humeur la déconcerta. Elle commença à comprendre pourquoi il avait été nommé à ce poste. Elle devrait s'en méfier.
« Comme vous devez déjà le savoir, nos archives sont rattachées à neuvième. Ce n'est pas une obligation pour les archivistes mais vous deviendrez membres à part entière de la division. Vous pourrez être appelé en cas d'urgence. »
Elle hocha la tête. Elle s'y attendait. Les archivistes obtenaient généralement un grade au sein de la neuvième lorsqu'ils étaient promus conservateur.
« Vous serez accueilli demain par le capitaine Muguruma. Nanao vous donnera la convocation et les informations nécessaires. Vous aurez droit à une journée pour déménager dans vos nouveaux quartiers. »
Cela sonna la fin du rendez-vous. Elle s'inclina et il la raccompagna jusqu'à la porte. La vice-capitaine l'attendait à son bureau. Le commandant retourna à ses occupations et la lieutenante lui donna les formulaires et les informations complémentaires.
« Et si vous le souhaitez, vous pourrez rejoindre l'Association des femmes shinigami. Nous serons ravies de vous accueillir. »
o~~O~~o
Cela faisait plusieurs semaines qu'il rongeait son frein. Misako refusait de sortir de son esprit mais impossible de lui mettre la main dessus. Elle ne s'était pas évaporée pourtant, le comble étant que ses lieutenants la croisaient ! Elle travaillait aux archives mais son poste étant rattaché à la neuvième… Elle s'était retrouvée 7eme siège en quelques jours ! Quelle mauvaise blague… Hisagi se ferait laminer, s'il devait l'affronter.
Muguruma ne s'en plaignait pas et Hisagi vantait les mérites de la petite nouvelle au sein de la rédaction du Seireitei Communication. Il avait vu son nom sous un article vantant une découverte ou anecdote historique. Un truc qui l'avait vite ennuyé mais qui plaisait au lectorat.
Bref.
Elle était partout sauf sur un terrain d'entraînement et cela le rendait dingue. Il voulait l'affronter à nouveau et l'ordre de la Chambre devenait lointain. Tout son corps tremblait à l'idée d'un nouveau combat.
Il voulait lui infliger de vrais coups, sans retenu et lui laisser des plaies béantes. Il voulait voir son sang maculer le sol, le sentir couler sur sa peau, goûter sa chair… Laisser des marques indélébiles dont elle ne pourrait se défaire.
Cette tension le rendait particulièrement irritable.
Il se résolut à partir à sa recherche… Pour s'amuser un peu. Il ne voulait pas la tuer, il n'était pas sûr de le pouvoir d'ailleurs. Elle avait la peau trop solide. Mais comment la localier ? Il ne maitrisait aucune technique lui permettant de la trouver. Il ne pouvait demander de l'aide à ses lieutenants car il savait qu'ils avaient reçu le même ordre que lui. Ils devaient veiller à ce qu'il ne la provoque pas. Il pourrait se rendre aux archives mais là encore… Il ne savait pas où s'était et son intérêt soudain pour les vieux papiers risquaient d'attirer l'attention.
Fait chier.
Il devait se résigner et espérer lui tomber dessus. Il grommela et se rendit aux terrains d'entrainements, autant se changer un peu les idées et sortir de la paperasse qui en envahissait son bureau. Il avança dans les couloirs et reçu des salutations de ses hommes.
Sortir n'était peut-être pas la meilleure idée qui soit. Cela lui rappelait à quel point ses subordonnés étaient faibles. Sa mauvaise humeur n'était pas prête de s'arranger. Il changea d'idée et se rendit dans un parc attenant. Il faisait beau, autant aller faire une sieste au soleil. Il s'installa à l'ombre d'un arbre et remarqua un petit groupe pas loin. Un bosquet les séparait et les hommes semblaient trop concentrés sur leur conversation pour le remarquer. Ce n'était pas plus mal. Il s'assit contre un arbre en les ignorants.
Enfin il essaya.
Le nom de la capitaine de la quatrième attira son attention. La petite protégée d'Unohana… Il tendit l'oreille, se demandant pourquoi un membre de la quatrième arrivait au centre d'une conversation de ses hommes.
« … Avec une nana, sérieux ?
- Bah apparemment avec la capitaine Unohana aussi déjà.
- Mouais c'est que des rumeurs ça, non ?
- Mais non ! Je te le dis, lorsqu'ils la cherchaient, quand elle était encore vice-capitaine, ils se rendaient directement chez la capitaine pour être sûr de la trouver.
- En même temps… Ça expliquerait des trucs…
- Quoi comme truc ?
- Mais ça se voit qu'elle est bizarre…
- Elle est tellement grande qu'aucun mec voulait d'elle. C'est pour ça qu'elle s'est rabattue sur les meufs. »
Isane aurait eu une relation avec Unohana ? À bien y réfléchir ça ne l'étonnait qu'à moitié mais pourquoi ce sujet revenait sur le tapis ?
« Elle se ferait la nouvelle de la neuvième alors ? Celle qui s'est battue contre le capitaine ?
- Ouais il parait qu'elle va souvent faire des contrôles même si elle est guérie depuis belle lurette.
- En même temps une fille qui survit à notre capitaine elle ne doit pas être très féminine.
- Non, il parait qu'elle est plutôt mignonne… Ça m'embêterais pas de leur tenir compagnie. »
Des rires gras suivirent cette dernière phrase. Il ne savait pas quelle vérité se cachait derrière ces rumeurs mais si c'était vrai cela lui donnait une zone de recherche. Il connaissait bien la quatrième pour y faire souvent un tour… Il savait aussi où se cachaient les appartements des officiers. Il y ferait un tour dans la soirée…
o~~O~~o
Misako se rendait bel et bien aux quartiers de la quatrième pour retrouver la capitaine.
Une rumeur de confirmée mais qu'allait-il faire de l'information ? Il n'allait pas aller toquer à sa porte. Il ne savait pas camoufler sa présence alors il ne pouvait pas s'approcher pour espionner.
Et en même temps pourquoi aller espionner…
Il se renfrogna. Bien sûr qu'il voulait espionner. Aller chez Isane c'était une chose, coucher avec en était une autre. Elles pouvaient parler chiffon… Pourquoi est-ce que ça l'agaçait comme ça ?
Et puis merdre. Je dirais que je me suis perdu.
Il observa les alentours, personne à l'horizon, les membres de la quatrième se couchaient comme les poules. Il vit un toit plus en hauteur et se dit qu'il verrait peut-être quelque chose comme ça. Il grimpa avec autant de discrétion dont il était capable et s'installa sur le toit. L'obscurité le camouflait et il essaya de se faire tout petit. Il se demanda quand il était devenu un voyeur mais cela ne l'empêcha pas de continuer. Par chance, son perchoir donnait sur la cours des quartiers de la capitaine et les deux femmes étaient assises sur la terrasse.
Ni l'une ni l'autre ne tournèrent le regard vers lui. Elles ignoraient sa présence. Encore un truc agaçant. Elles semblaient discuter. Difficile à dire. Peut-être qu'elles buvaient simplement leur tasses en profitant de l'atmosphère encore chaude.
Oh…
Oh ?
Elles se rapprochaient dangereusement. Il fronça les sourcils. Elle était très entreprenante cette petite. Faire des avances à une capitaine. Il fallait oser.
Bah tiens… Voilà qu'elles se bécotent.
Il grogna. Misako avait fait basculer la grande nunuche sur le sol.
Entreprenante y a pas à dire.
Cette femme l'obsédait. Il ne pouvait pas la tuer. Non pas qu'il n'en ait pas envie mais il ne pouvait pas, physiquement. Elle lui tenait tête, pas assez pour le tuer lui mais suffisamment pour l'empêcher de la tuer elle.
Sa frustration commençait à changer de forme. Des formes et des pensées qu'il n'avait jamais eues. À moins que la regarder déshabiller son amante lui soufflait des envies ?
Il voulait la combattre, la provoquer, la faire souffrir… Mais différemment.
Il voulait meurtrir sa chair, laisser son empreinte sur elle… En elle. L'immobiliser, la sentir combattre, le repousser, lui arracher la peau avec ses ongles. Il frémissait de prendre possession d'elle, de s'enfoncer dans sa chair alors qu'elle l'insultait, le maudissait… Et pourtant prenait autant de plaisir que lui dans la douleur. Ses vociférations et sa haine se transformaient en gémissements, râles de plaisir et cris aigües. Son corps qui tremblait et lâchait prise dans ses bras.
Il voulait la marquer, laisser des bleus sur sa peau pale, en parsemer ses hanches, ses cuisses et ses seins.
Elle était sauvage. Aussi brutale que lui. Aussi violente et passionnée.
L'autre empotée se contentait de rester là. Elle écartait les jambes et gémissait pitoyablement. Etait-ce ça qui lui plaisait ? Une femme docile ? Comment cette cruche pouvait lui plaire et avoir plu à Unohana ? Ça restait un mystère.
Surtout que d'après ce qu'il pouvait voir… Misako se chargeait de la faire monter au septième ciel sans contrepartie. Pourquoi ça l'énervait autant ? Et pourquoi il avait une érection ?
Fait chier.
Peut-être que lui aussi devrait se trouver une faiblarde dans le même genre, histoire de comprendre… Juste par curiosité.
o~~O~~o
Il ne comprenait pas.
Il avait essayé avec des femmes… Des hommes… C'était plaisant mais décevant dans tous les cas. Ses tentatives pour chasser Misako de son esprit avaient toutes échoués. Elle allait et venait librement et cela l'agaçait toujours autant. Comment pouvait-elle autant lui pourrir la vie sans qu'il la voie ?
Il s'était surpris à regarder Isane sous un œil nouveau, il cherchait à comprendre pourquoi elle suscitait l'intérêt de Misako. Elle n'avait rien de particulier. Elle s'écrasait le plus souvent, était nerveuse au moindre geste brusque. Une biche effarouchée. Elle regardait autour d'elle avec ses grands yeux, gesticulait maladroitement avec ses membres beaucoup trop long. On pouvait dire qu'elle était mignonne mais pas plus que la moyenne. Enfin… Toujours plus mignonne que lui, c'est sûr.
C'était agaçant.
Misako était comme lui au fond, elle possédait le même côté animal, la même soif de sang. Ils devraient pouvoir partager plus qu'une ignorance complète. Il devait la trouver sinon il tuerait le prochain qui passait sur son chemin pour se libérer les nerfs.
o~~O~~o
Misako avait remarqué le petit jeu auquel s'adonnait le capitaine de la onzième.
Il la suivait dès qu'elle se rendait aux quartiers de la quatrième. Elle faisait semblant de rien voir mais cela l'amusait de trainer, le sentir frétiller… Agacé de la voir rejoindre son amante. C'était plaisant. Isane finit par s'inquiéter de sentir la présence de son collègue dans les environs à chaque fois qu'elles se retrouvaient. Elle craignait d'être découverte et que leurs entrevues soient révélées au grand jour. Ce n'est pas comme si Kenpachi aurait quelque chose à dire. Elle aussi l'avait observé… Elle avait été surprise par la variété de partenaires qu'il s'était trouvé, et autant d'hommes que de femmes. Il serait bien mal avisé de critiquer leur relation. Elle avait rassuré son amante et se plaisait à lui faire oublier sa présence.
Elle se demanda combien de temps il teindrait avant de tenter quelque chose.
Il savait être patient puisque cela faisait trois mois que ce petit jeu durait. Elle se demanda s'il allait mordre aux provocations.
Elle lança sa première offensive. Il scrutait ses moindres mouvements lorsqu'elle se rendait à la quatrième alors elle décida de changer sa destination. Elle passa à côté de chez Isane pour être sûr qu'il la verrait mais elle continua son chemin, tout droit en sa direction. Elle sentit de l'agitation dans l'air. Il l'avait vu.
La chasse était ouverte.
Elle bifurqua proche de son perchoir et continua sa route en restant bien visible sur les rues éclairées par le clair de lune. Il la suivait tapis dans l'ombre. Elle marcha un long moment sans but précis pour être sûr qu'il la suivait. Elle remarqua des toits plus bas et exposés à la lumière diaphane. Elle le guida vers cette zone dégagée mais aussi téméraire qu'il était, il resta en retrait. Il chercha à préserver un minimum de discrétion.
Elle se retourna et regarda dans sa direction. Une vague de chaleur bestiale l'atteint. Il resta caché mais elle savait qu'il la voyait. Elle lui sourit et disparue.
o~~O~~o
Elle poussa un gémissement de douleur. Il la plaqua contre le sol et le changement de lumière l'empêcha de discerner ses contours. Il l'écrasait de tout son poids mais elle le projeta vers l'arrière. Il grogna et perdit l'équilibre.
Elle ne pensait pas qu'il réagirait si vite et qu'il anticiperait son détour à la onzième. Elle pensait laisser un mot ou déranger ses affaires pour qu'il sache qu'elle était venue mais il l'avait suivi de près. Il revint à la charge mais elle l'évita et il s'écrasa au sol dans un bruit sourd. Elle se jeta sur lui et il enserra sa taille. D'une main il tira sur son kimono et l'ouvrit d'un coup sec.
« Alors c'est ça qui t'intéresse ? Commenta-t-elle. Tu n'avais pas l'air d'avoir de mal à trouver des partenaires pourtant.
- Ferme ta gueule, t'es moins bavarde quand tu lui bouffe la chatte.
- Jaloux ? Railla-t-elle. »
Il la plaqua à nouveau au sol et elle grogna. Il retira son haut en le déchirant presque. Sa peau reflétait le peu de lumière ambiant. Presque aussitôt il attrapa ses seins dans ses grandes mains et les serra haineusement. Il voulait lui faire mal ? Elle n'était pas décider à se laisser faire. Elle lui mordit la nuque et il la lâcha. Il s'éloigna et revint à la charge mais elle le prit de vitesse et retira son haori. Elle se leva et se mit en garde dans un coin de la pièce. Elle sentit du sang couler sur son menton mais elle ne l'essuya pas.
« Et si on jouait à armes égales ? »
Il ne bougea pas et la regarda avec méfiance. Elle retira son hakama et se retrouva en sous-vêtement. Il ne bougea pas cette fois… Elle avait capté son attention.
« Alors ? »
Il se releva lentement et elle se prépara à une nouvelle attaque. Il s'approcha lentement, trop. Il voulait la provoquer.
« Tu t'es remplumée… T'as besoin de tant d'énergie que ça pour te taper l'autre greluche ?
- Elle au moins sait utiliser sa langue à bon escient. »
Il grogna.
« Comme si tu pouvais comparer.
- Dans ce cas… Donne-moi un aperçu de ce dont tu es capable. »
Elle se rapprocha de lui et il fut obligé de baisser les yeux. Il la dominait de toute sa hauteur mais il n'osait bouger. Elle releva la tête vers lui avec un air de défi.
« Allez… Fais ça bien, garçon. »
Il grogna à nouveau mais dénia poser un genou à terre.
« Et j'y gagne quoi moi dans cette histoire ?
- Tu obtiens ce que tu veux aussi, il me semble… Mais tu n'es peut-être bon que pour parler. »
La rage avait quitté son corps. Il était redevenu calme. Il s'approcha lentement et baissa la tête pour embrasser son ventre. Il était capable de douceur lorsqu'il le voulait. Il attrapa ses hanches et l'attira vers lui. Il ne perdait pas de temps. Elle n'aurait pas cru qu'il était capable de-
« Oh ! »
Il était direct mais savait être délicat. Il n'était pas aussi mufle que-
« Mmh… »
Elle n'arrivait pas à aligner deux pensées cohérentes.
« Bah alors… On ne critique plus ?
- Continue… Que je me fasse une idée plus précise. »
Il reprit ses caresses et embrassa la chair rose sous sa toison pubienne. Il la léchait avec entrain. Elle glissa la main dans ses cheveux. Il se débrouillait bien, il ne devait pas en être à son coup d'essai. C'était surprenant, il ne semblait pas être le genre d'homme à se préoccuper de ses partenaires. Il ne fallait pas juger… Un gémissement coupa sa pensée. Elle devait garder le contrôle mais c'était trop tentant de se laisser porter par les sensations. Ses jambes se ramollirent.
Les mains rudes de Kenpachi agrippèrent ses fesses et la maintenaient en place. Tout son corps tremblait et elle agrippa ses cheveux rêches.
« Continue comme ça ! »
Elle voudrait l'insulter de tous les noms mais aucun ne voulait quitter ses lèvres. Seul des cris d'extase quittaient sa gorge. Ses jambes se dérobèrent et son tout nouvel amant en profita pour la plaquer au sol. Elle voulut protester mais il reprit aussi vite ses attentions et elle oublia son idée. Il approfondit son exploration et elle sentit sa langue…
Elle s'arqua contre le plancher dans un dernier cri de jouissance. Elle n'eut pas le temps de reprendre ses esprits qu'elle vit du coin de l'œil Kenpachi se déshabiller.
« Bah alors gamine, tu sais plus où t'habite ?
- Ta gueule, soupira-t-elle.
- C'est quand ça t'arrange ça, sourit-il. À mon tour de profiter, non ? »
Son corps était encore nimbé par le plaisir et elle fut incapable de bouger ou de protester. Il retira son hakama et elle laissa ses yeux glisser sur le corps nu qui se dessinait dans la pénombre. Des muscles seyants, une peau rugueuse et des cicatrises visibles même dans cette atmosphère. Cette vision nocturne était plutôt attrayante.
Elle se redressa sur les coudes et tentait de refaire surface. Si elle ne prenait pas garde, elle serait dévorée toute crue.
o~~O~~o
C'était à son tour de profiter.
Kenpachi sourit, cette amuse-bouche l'avait mis en forme. Il lui allait lui faire passer l'envie de se moquer. Il profita de son moment de faiblesse pour s'installer entre ses jambes et prendre le dessus. Il savait que cela ne durait pas longtemps alors il devait en profiter.
Il s'installa sur elle et essaya de la bloquer.
Elle commençait à reprendre ses esprits et recouvrait la tension de ses membres. C'était une façon agréable de se battre. Moins sanguinolente… Quoique le sang était remplacé par d'autres fluides. Il bloqua ses jambes avec les siennes et attrapa ses seins à pleines mains.
« Toujours aussi petits, commenta-t-il.
- Y en a déjà trop pour toi, répliqua-t-elle. »
Il sourit, elle ne perdait pas de sa hargne. Si toutes les femmes qu'il croisait étaient comme elle… Réflexion faite : il serait mort si elles étaient toutes comme ça ou il ne quitterait jamais son pieu. Il préférait commencer par la seconde option.
Il lui lécha les seins sans délicatesse, juste l'envie de la dévorer, la consommer. Il mordit dans sa chair tendre. Elle poussa un cri et il s'arrêta après avoir bien vérifié que ses dents avaient marqués sa peau. Tant pis pour Isane, elle saura que le terrain n'était plus exclusif. Trêve de préliminaires et de jeu. Il était temps de récupérer son dû. Il ne lui laissa pas le temps de râler et se positionna entre ses jambes.
« Enfoiré, cracha-t-elle.
- Fais pas ta timide, t'aime ça. »
Il joua en frottant sa verge contre sa vulve. Elle gémit et il s'empressa de bloquer ses bras. Il prenait les devants et s'occupait de tout. Il voulait prendre le temps d'imprimer son empreinte dans sa chair. Ils auraient d'autres occasions de faire ça sauvagement. Pour la première, c'était l'occasion de faire quelque chose de spéciale… Et de l'agacer.
Il la pénétra lentement. Très lentement. Elle poussa un lent soupir alors que sa chair s'ouvrait pour lui.
Bordel.
Il s'enfonça sans marquer d'arrêt, aucune résistance ne l'empêcha d'avancer. La seule barrière fut la longueur de son sexe. Elle poussa un long gémissement avant de lui lancer un regard embué :
« Petite bite.
- Connasse. »
Elle se mit à rire. Il bougea lentement et fit de court vas et viens. Elle gémit et remua les bras mais il la maintint en position, à sa merci.
« Bouge putain.
- Ça te ferait plaisir, hein ? »
Elle grogna et il continua sa lente torture. Il se pencha sur elle et embrassa sa poitrine en évitant soigneusement les zones sensibles. Elle gémit. Elle supportait mal la frustration. Elle devenait difficile à retenir. Il augmenta l'amplitude de ses mouvements et elle relâcha la pression. Son bassin suivait le rythme du sien. Elle faisait ça bien avec le peu de marge qu'il lui laissait. Il laissa faire et apprécia le contact chaud et humide.
Il continua d'allonger ses vas et viens et la sentit fondre. Ses cuisses fermes entourèrent ses hanches et accompagnèrent ses mouvements.
« C'est tout ce dont t'es capable ? »
Il la fit taire par un mouvement plus sec. Il avait assez joué. Ses gémissements envahirent la pièce et cela le mit dans tous ses états. Elle allait le rendre fou mais cette position ne lui rendait pas justice. Il lâcha ses bras et elle en profita pour renverser leur position. Elle était terrifiante. Il dut reconnaitre son talent. Elle n'aurait pas de mal à lui faire perdre la tête si elle le voulait. Il saisit sa taille pour accompagner le mouvement mais rien à faire, il en voulait plus. Il se redressa et attrapa ses cheveux. Il tira sa tête en arrière et exposa sa gorge. Il la mordit et elle lui agrippa les cheveux en réponse. Il sentit ses ongles se planter dans sa nuque.
Enfin un peu de sang.
Le gout dans sa bouche et l'odeur qui se dégageait, lui firent perdre la tête. Il sera sa taille, griffa ses hanches et mordit la chair qui passait à portée. Elle le lui rendit bien. Ses ongles labouraient son dos et elle ne se gêna pas pour lui infliger des morsures en représailles. Il perdit le fil et se déconnecta de la réalité.
Ils retombèrent tous les deux tremblant sur le sol. Il entendait sa respiration aussi erratique que la sienne. Il l'entendit se tordre à côté et sa peau frottait sur le plancher. Elle ne chercha pas son contact mais une fois qu'il eut repris ses esprits il s'approcha d'elle.
« Un petit câlin ? Dit-elle. »
Il s'allongea contre elle mais elle ne chercha pas à se coller à lui. Il caressa distraitement son ventre et aperçu des marques sombres consteller sa peau.
« Isane risque de te faire la tête, non ?
- Elle le sait déjà.
- Quoi ?
- Elle n'est pas aussi naïve que tu as l'air de le penser.
- Ça ne l'embête pas plus que ça ?
- Non. »
Il fut déconcerté par l'absence de gêne ou jalousie de leur relation.
« Vous n'êtes pas… En couple ?
- Pourquoi cette question ?
- Comme ça… Pour rien. »
Son silence lui montra qu'elle ne semblait pas convaincue.
« On a trouvé un moyen de contourner l'interdiction de se battre.
- C'est une autre forme de combat.
- Je pourrais m'en contenter pour le moment.
- Pour le moment, répéta-t-elle. »
C'était ça la nuance importante : pour le moment, c'était suffisant mais un jour ces quelques bleus et tâches de sang ne suffiraient pas. Un jour ce substitut de combat ne serait plus efficace et ils devraient en finir. Deux Kenpachi ne pouvaient rester longtemps ensemble sans que cela ne finisse dans un bain de sang. Ils pouvaient temporiser et rendre l'attente de l'inévitable plus agréable mais l'échéance les rattraperait.
Tôt ou tard, Misako deviendrait la nouvelle Kenpachi.
