Chapitre XII

Un pneu de camion ficelé sur le dos, Mark se préparait à intercepter celui qui, suspendu par une chaîne à la solide branche d'un gros arbre, lui fonçait droit dessus. Le défenseur grimaça lors de l'impact. Au choc du pneu contre la cage thoracique du brun succéda un cri de douleur. Le gardien fit un vol plané avant de s'écraser par terre dans un bruit sourd. Une flopée de grommellements répondit aux cliquetis de la chaîne. Nathan ne comprenait pas. Il baissa ses yeux rouges et gonflés sur le vieux cahier que Mark lui avait confié. Quelles réflexions avaient pu être celles de son grand-père pour aboutir à la conception de cet… de ce… ça ?! Quel genre de dément pouvait inventer un « entraînement » pareil et quel genre d'imbécile le mettait en pratique ?! C'était un miracle que le brun ne se soit jamais perforé un poumon avec une côte partie faire du tourisme ! Ah, cela avait le mérite d'expliquer comment il avait pu si bien tenir face aux assauts de la Royale !

D'après le gardien, son aïeul était un génie qui savait comment aider ses joueurs à exploiter leur plein potentiel. C'était grâce à ces exercices qu'ils repoussaient sans cesse leurs limites. Le défenseur n'en était pas fermement convaincu mais s'admettait impressionné que David Evans en son temps et Mark à présent soient tous deux parvenus à faire accepter leurs idées saugrenues à leur équipe. Les autres joueurs feignaient-ils de croire pour x raison que tout ceci avait un sens ? Était-ce une question d'habitude et d'état d'esprit ? S'en amusaient-ils ou était-ce un moyen… original de déterminer qui étaient les fragiles ? Le brun parvenait-il réellement à déchiffrer ce torchon ou traduisait-il aléatoirement les gribouillis de l'ancêtre ? Il fallait en tout cas être sérieusement fêlé, tant pour imaginer ces méthodes que pour les appliquer. Tout épuisants qu'étaient les entraînements de la Royale, on y avait généralement l'usage d'un ballon de foot…

La face tout égratignée et la lèvre éclatée, le gardien rejoignit Nathan sur le banc. Battant des mains sur ses genoux, il avait l'air d'un chiot attendant une friandise. Le défenseur pouffa et lui rendit son cahier.

-Tu dois être un grand capitaine pour avoir obtenu que des gens te suivent dans ton délire… ou bien tu ne fréquentes que des cinglés.

Mark rit et se pencha pour récupérer la balle à leurs pieds. Il la fourra de nouveau dans les mains de Nathan et sourit de toutes ses dents.

-On ne s'entraîne plus trop au terrain de la rivière. Nelly en a découvert un au lycée, dans un complexe souterrain. Mais je vais te passer mon numéro ! Comme ça, si un jour tu veux jouer avec nous, on pourra s'organiser ! Après tout, tu as un but à me mettre !