Haydéé et Valentine se trouvaient dans une maison louée à Marseille.
-Haydée, qu'est-ce qui t'arrive ? demanda Valentine à Haydée, qui regardait par la fenêtre.
-Oh, Valentine ! J'attends l'arrivée de mon seigneur…répondit-elle.
-Monsieur de Monte-Cristo ! Moi aussi !
-Ah, oui ? Toi, aussi ? fit Haydée intriguée.
-Oui, parce que c'est lui qui m'amènera Maximilien.
-C'est vrai. Il m'a parlé de vous, dit-elle en soupirant. Quelle chance vous avez !
-Pourquoi ?
-Parce que vous vous aimez et vous en êtes conscients. Moi, je ne peux espérer autant.
-Comment ? Tu es donc amoureuse, Haydée ?! Dis-moi qui est cet homme si fortuné
-Cela n'arrivera jamais. C'est une histoire impossible, ma chère Valentine, dit Haydée en cachant ses yeux mouillés de larmes.
-Mais… Ne dis pas que tu aimes Monsieur le Comte ?
-S'il te plait, ne dis ça à personne !
-Mais pourquoi ? Le Comte doit savoir !
-Non ! Laisse. Cet amour est impossible, interdit. Maudit !
-Comment cela ?demanda Valentine.
-Ne vois-tu ce que ça signifie ? Une fille amoureuse de son père !
-Mais il n'est pas ton vrai père.
-Tout de même ! Il ne me regardera jamais autrement que comme sa fille.
-Comment le sais-tu ?
-Je le sais. Il ne m'aimera jamais de la même façon que moi, répondit Haydée.
-Pourquoi l'attends-tu encore, alors ? Pourquoi es-tu encore avec lui ?
-Parce que j'espère encore, dit Haydée avec un long soupir.
Quelques minutes plus tard un serviteur apparut portant une lettre.
-Une lettre pour Madame, dit-il en montrant la lettre à Haydée. De la part de Monsieur le Comte.
-Une lettre pour moi ! s'écria Haydée, et pratiquement la déchira. Le serviteur se retira.
« Haydée, ma chère enfant,
«J'ai de bonnes nouvelles pour Valentine. Maximilien réside depuis quelques jours à l'hôtel des Champs Elysées. Je lui ai donné tes appartements. Il attend avec impatience le jour de la délivrance de ses souffrances.
«Moi, j'essaye de le rendre plus gai en lui parlant de toi, puisque au nom de Valentine il se met à pleurer. Dis à Valentine que je prends soin de son amant.
«J'avoue que moi aussi j'ai hâte de vous rejoindre, de te revoir, ma chère Haydée. J'espère que vous ne vous ennuyez pas trop, vous deux. Nos discussions me manquent, nos promenades, nos sorties en ville. Attends-moi, Haydée.
Monte-Cristo »
Haydée fur très surprise. Car cette lettre fut presque directe. La jeune fille la baisa mille fois.
