Malgré le temps qui avait passé, sowilo, l'éclair, était toujours aussi visible sur le front de Corvus. Elle n'était pas rouge et gonflée comme quand il était Harry Potter. Non! Elle était gravée, creusant un sillon dans sa chair et elle pulsait parfois visiblement de magie, dégageant une lueur de couleur difficilement identifiable. C'était la même que celle d'un éclair lors d'une nuit d'orage.

Le jeune garçon de désormais onze ans se tenait dans le salon, pétri de stress.

Et si je ne suis pas envoyé à Serpentard?

En effet, en tant que Harry Potter, il avait été un fier Gryffondor. Qu'est-ce qui disait qu'il n'y serait pas envoyé une fois de plus?

Tu sais que je n'ai pas été à Serpentard, n'est-ce pas?

Corvus fixa sa mère. Lentement, il secoua la tête pour faire signe que non.

Comme la majorité des MacMillan, je suis allée à Poufsouffle. Certes, ça ne semble pas aussi prestigieux que Serpentard mais l'important c'est de se sentir bien là où l'on est. Et de ne laisser personne décider pour toi. Tu es Corvus Black, de la noblesse magique anglaise. Tu es important. Nul n'a le droit d'affirmer le contraire!

Bien dit Melania! s'exclama Arcturus. Ta mère a raison, fils. Pour nous, l'important c'est que tu sois heureux. Et la seule chose qui fait qu'on préfère vraiment Serpentard aux autres maisons de Poudlard c'est que les membres de la famille y sont et pourront toujours être à tes côtés en cas de besoin contrairement à si tu es réparti ailleurs.

Oh!

Un grand sourire prit place sur le visage de Corvus. Une fois n'était pas coutume, ses parents avaient exprimé ce qu'ils ressentaient vraiment. Et une fois n'était toujours pas coutume, le jeune réincarné les serra fort dans ses bras.

À la gare de King's Cross, Corvus et Orion firent leurs adieux à leurs parents. À la Black, bien sûr! Arcturus leur serra l'épaule et Melania les embrassa sur le front.

Rappelez-vous mes fils, vous êtes les étoiles qui embellissent le ciel nocturne. Les étoiles que les hommes rêvent d'atteindre sans jamais y parvenir vraiment. Comme l'Étoile du Nord, soyez des guides pour les autres. Restez dignes, restez nobles, rendez-nous fiers mais surtout, restez vous-même.

Oui Père, répondit Orion.

Corvus, lui, retenait ses larmes. Et à voir comment les yeux de leur mère brillaient, il n'était pas le seul.

On se revoit pour Yule, souffla-t-il doucement.

Sur ces mots, les deux garçons montèrent dans le train rouge rutilant qui les conduirait à leur école. À peine quelques secondes plus tard, le couple quitta la gare en transplanant. À l'instant même où ils furent dans leur salon, Melania laissa ses larmes couler sur ses joues et se blottit dans les bras de son époux. Arcturus frotta son dos pour la réconforter.

Allons, allons. C'est la même chose à chaque fois… ils vont revenir. Orion serait bien en peine de vivre seul et Corvus ne vit que pour que tu sois fière de lui… tes fils vont revenir…

Au même moment, Corvus prenait place dans le train. Il était un peu nerveux. Retourner à Poudlard mais sous une autre identité, ça allait lui faire bizarre.

Je vais te laisser maintenant Corvus, lui dit Orion. Je vais retrouver Abraxas et mes autres amis. Ça ne te dérange pas?

L'enfant de onze ans voulut protester mais il ne voulait pas non plus agacer son grand frère. Il hocha donc doucement la tête, lui adressant un sourire incertain.

On se voit plus tard alors! J'espère que tu seras à Serpentard avec moi!

Sur ces mots, le plus âgé des deux partit retrouver ses amis. Corvus se laissa choir sur la banquette de son compartiment, attendant que le train l'emporte vers l'école. Ce fut dans cette position qu'il s'endormît. Il ne se réveilla que lorsqu'il entendit une porte claquer violemment. L'enfant au nom de corbeau regarda autour de lui pour identifier d'où venait le bruit. Et la réponse était malheureusement évidente. Une dispute entre Gryffondor et Serpentard. Comme quoi les choses ne changeaient jamais vraiment. Il bailla, prêt à se rendormir quand quelqu'un vint s'asseoir face à lui. Corvus haussa un sourcil. L'autre se dandina.

Euh… les autres compartiments sont pleins… je peux rester ici…?

L'ancien Potter haussa les épaules.

Merci! Moi c'est Fenrir Greyback. Et toi?

Corvus retint à grande peine la surprise de s'étaler sur son visage. Le petit garçon chétif avec une cicatrice allant d'une joue à l'autre en traversant par son nez n'était pas du tout l'image qui lui venait quand il pensait au loup-garou sanguinaire qui avait fait tant de victimes lors de sa première vie.

Je suis Corvus Black, fut ce qu'il dit d'une voix ensommeillée.

Fenrir était petit. Assis, le haut de sa tête arrivait à la hauteur du menton du Black. Il avait de grands yeux dorés un peu disproportionnés et un tout petit nez qui remuait, un peu comme celui d'un lapin nerveux. Il avait ce qui ressemblait à des taches de rousseur sous l'œil droit. Mais il ne fallait pas s'y méprendre. C'était une ancienne trace de morsure qui n'avait jamais complètement disparue. Corvus le savait parce qu'il en avait eu des semblables sur les mollets en tant que Harry Potter à cause du cabot de l'horrible sœur de l'oncle Vernon. Mais la trace semblait beaucoup trop petite pour appartenir à un loup. Il n'était donc peut-être pas encore un loup-garou.

J'ai quelque chose sur le visage? retentit la voix de Fenrir.

Hein?

Ben… tu n'arrêtes pas de me fixer alors…

Le potentiel loup-garou se gratta la joue avec un petit air timide. Corvus se fustigea mentalement. Évidemment que ça avait mis l'autre mal à l'aise!

Je suis désolé! Je ne m'attendais juste pas à ce qu'un autre commence l'école avec une cicatrice au visage!

Ouais. Pas terrible comme excuse. Mais il n'avait pas trouvé mieux sur le coup.

Mais t'en as pas, toi!

Corvus retira la mèche qui couvrait son front et exposa l'éclair au regard de l'autre garçon. Étonnamment, une discussion démarra ainsi entre eux. Une fois à quai, une amitié s'était ainsi tissée entre les deux enfants.