Les mains de Derek, poussées par les instincts de sa bête, se firent doucement baladeuses, puisque celle qui était posée sur le ventre de Stiles se glissa insidieusement sous son t-shirt à manches longues. L'hyperactif frémit, mais n'empêcha pas les doigts de caresser son nombril, son ventre, ses abdominaux que l'on pouvait plus deviner que réellement voir. Il se laissa également charmer par ses lèvres qui suçotaient doucement son cou, flattait sa peau qui n'avait connu que la violence, ces derniers temps. Un peu de douceur, d'envie, d'attention, de désir ne faisait pas de mal. L'esprit de l'hyperactif se réveilla à peine, juste assez pour vaguement prendre conscience du fait que, oui, il désirait Derek et cela semblait être réciproque. En fait, il n'y réfléchit pas vraiment, décidant plutôt de se laisser porter. Derek dut le comprendre puisqu'il laissa le cou de l'adolescent tranquille et le lâcha, avant de le retourner doucement vers lui.

A cet instant précis, Stiles était un appel à l'abandon de soi. Ses lèvres étaient d'une couleur un peu plus vive, comme s'il se les était mordues, un doux rouge colorait la partie épargnée de ses pommettes. Son regard adorable était légèrement vitreux, embrumé par un désir qu'il voyait tout autant qu'il le sentait. La bête était aux commandes, après tout, alors son odorat très développé ne rata aucun des nombreux effluves d'envie du plus jeune. Ce n'était pas de l'excitation, pas vraiment, pas encore. Mais Derek ne pouvait pas faire ça, il n'était pas comme ça. Il ne pouvait pas profiter de Stiles alors que celui-ci était mal : pour preuve, il pleurait encore, quelques minutes plus tôt.

Mais l'épaule de Stiles le nargua. Elle était nue, et c'était l'œuvre de Derek. Sa main avait tiré sur la manche de son t-shirt et puisque le col était très large, l'épaule de l'adolescent ressortait facilement. Et Stiles n'avait pas pris la peine de rajuster son t-shirt, comme si… Comme si ça ne le dérangeait pas. Derek ferma fortement les yeux alors que ses mains s'étaient posées d'instinct sur les hanches de l'hyperactif. Foutue bête sauvage dans son crâne. Elle n'en avait pas juste envie, elle sentait que Stiles désirait faire quelque chose avec lui et que cette direction était la meilleure à prendre. L'animal sentait cependant qu'ils n'iraient pas jusqu'au bout de l'acte, ce n'était pas ce que l'adolescent voulait. Néanmoins, il pouvait lui offrir ce qu'il attendait et cela satisferait les deux parties. Mais Derek devait lutter, il ne pouvait pas… Pas lui faire ça. Profiter de lui dans un moment de faiblesse, c'était quelque chose qui le dégoûtait. Ses doigts se resserrèrent sur les hanches de l'adolescent qui le fixait avec une intensité stupéfiante. Stiles fit un pas, un seul, et il se retrouva si proche de Derek que leur souffle se croisait. Les yeux du loup étaient toujours fermés. Néanmoins, il savait que l'hyperactif s'était rapproché. Merde… Comment avaient-ils fait pour se retrouver dans une telle situation ? Un contact chaud et doux lui fit rouvrir les yeux dans un sursaut à peine retenu.

La main de Stiles était douce, très douce et semblait avoir sa place, ainsi posée sur sa joue. Elle la caressa un peu, sans se soucier des poils drus de sa courte barbe bien taillée, puis elle dériva, lentement. Descendit. Trouva en sa nuque un bon positionnement. Derek sut ce qu'il allait faire. Et il secoua la tête, pas sûr de pouvoir garder le contrôle sur sa bête bien longtemps.

- Fais pas ça, Stiles… Souffla-t-il en refermant les yeux.

Voir l'adolescent combler le peu de distance qu'il restait entre eux ne ferait que détruire le barrage qu'il tentait tant bien que mal d'ériger entre son loup intérieur et sa part humaine.

- Fais pas ça, répéta-t-il alors que l'adolescent dégageait encore plus fortement cette perfide fragrance d'envie, t'es pas en état de…

Derek ne termina jamais sa phrase : les lèvres de Stiles le coupèrent dans son élan. A ce moment précis, le loup-garou se sentit toute chose et ses barrières intérieures, que sa bête faisait tout son possible pour casser, s'effondrèrent. Sa main droite se cala dans le bas du dos de l'hyperactif tandis que l'autre s'enroula autour de sa nuque, ses doigts flattèrent certains de ses grains de beauté. Leur désir mutuel grimpa en flèche si bien que l'hyperactif se colla contre lui et sa main libre passa sous le marcel du loup. Bordel, fut la seule pensée de celui-ci. Bordel, fut également celle de Stiles.

Leur baiser était un mélange de douceur et de passion, quelque chose qui leur faisait du bien à tous les deux et ne leur coûtait rien. Stiles laissait exploser son désir pour l'ancien alpha tout en se changeant les idées, ce qui était fort appréciable. Scott avait déserté ses pensées tout autant que ses émotions. Il n'existait plus, les autres membres de la meute non plus. A cet instant, seul comptait cet apollon qui mouvait ses lèvres avec passion contre les siennes. Ses mouvements étaient parfaits et provoquaient de tels frissons chez le plus jeune que celui-ci perdit rapidement pied. Ses jambes tremblotèrent et sa cheville se rappela brutalement à lui. Il grimaça dans le baiser alors que la douleur irradiait, comme pour le priver de ce moment qu'il attendait depuis si longtemps.

Sans même qu'il ne le voie venir, Derek passa ses mains sous ses fesses et aidé par son loup, Stiles enroula d'instinct ses jambes autour de sa taille. Sans cesser de l'embrasser mais les yeux bien ouverts, le lycanthrope avança jusqu'à se retrouver dans la cuisine avec son précieux fardeau, qu'il déposa au bord du plan de travail. Les émotions et sensations le submergeaient, mais il tenait bon. Assez pour ne pas arracher ses vêtements et le prendre sans aucune préparation. Mais c'était Stiles et il méritait le meilleur. De toute manière, ils n'iraient pas jusqu'au bout, il le savait, son loup intérieur, qui avait un bon instinct, le lui soufflait… Tout comme il lui soufflait que Stiles avait sincèrement envie de lui. Cependant, sa part humaine continuait de le narguer. Tu profites de lui, tu ne peux pas… Mais Stiles s'empara une nouvelle fois de sa bouche avec une avidité folle, qui traduisait une envie non feinte. Le contact avec le loup l'électrisait à un point inimaginable, si bien qu'il ne sentait à nouveau plus sa cheville. Le fait qu'il soit également assis sur le plan de travail l'aidait beaucoup.

De toute sa vie, Derek n'avait jamais ressenti de pareilles sensations. Ce que lui offrait Stiles, c'était inédit, puissant. Par ses baisers et ses mains qui se faisaient moins timides et toujours plus baladeuses, l'hyperactif lui montrait qu'il était en pleine possession de ses moyens. Il ne subissait pas, n'était pas passif. Derek poussa un gémissement rauque alors que la langue de l'adolescent jouait avec la sienne avec une tranquillité presque insolente. Les poils de ses bras s'érigèrent à cause d'un frisson légèrement plus fort que les autres. Si les mouvements et les baisers de l'hyperactif trahissaient une certaine inexpérience, ils avaient le don d'exciter Derek à un point inimaginable. Stiles n'avait pas besoin d'être un expert en la matière, chaque mouvement qu'il faisait, chaque initiative qu'il prenait électrisait l'humain ainsi que le loup. Mais les scrupules de Derek ne s'éloignaient pas pour autant. Alors même que ses mains malaxaient les fesses rebondies de l'hyperactif, en lui, c'était Bagdad. Le loup, fort excité, était aux anges. L'humain appréciait également beaucoup cette proximité, cette passion qu'il découvrait entre eux, mais les images de Stiles pleurant silencieusement quelques minutes plus tôt le torturaient. Il ne voulait pas faire partie de ces gens qui profitaient de la faiblesse de certains pour obtenir ce qu'ils voulaient, en l'occurrence un peu de sexe. Alors oui, il luttait contre sa moitié animale, ses envies, son propre corps alors que tous les pores de sa peau hurlaient j'ai envie de toi à n'en plus finir. Bordel, c'était loin d'être le moment. Stiles était toujours blessé, il venait d'apprendre que son meilleur ami lui crachait dessus dans son dos, il… Putain. Derek se recula un peu brutalement mais fut incapable de décoller ses mains du corps encore totalement habillé de l'hyperactif.

- Je peux pas, souffla-t-il, je peux pas te faire ça.

Le combat qui le déchirait intérieurement était désormais visible sur son visage. Ses yeux fiévreux mais torturés croisèrent les iris flamboyants et toujours aussi vitreux de Stiles. Mais son visage encore tuméfié ne perdait pas ce charme qui séduisait actuellement Derek. Retiens-toi, se dit-il alors qu'il n'avait qu'une envie, foncer sur ces lèvres si appétissantes. Maintenant qu'il y avait goûté, il se voyait mal s'en passer pour l'instant… Ce moment avait pour vocation d'être continué. Mais il ne fallait pas. Ce n'était pas bien.

Le visage de Stiles n'afficha cependant pas le soulagement souhaité par Derek. Une sorte de colère crispait ses traits et le loup sentit que c'était un peu plus subtil que ça : l'hyperactif était frustré. Frustré. Comment pouvait-il… Derek n'eut même pas le temps de finir de former cette question dans son esprit. Stiles passa ses bras autour de son cou et fondit sur cette bouche qui le fascinait tant. Ses lèvres se mouvaient contre les siennes avec une faim réelle. Si Stiles avait pu parler, sans doute aurait-il lâché « si tu t'arrêtes maintenant je te tue ». Mais Derek résista, pas réellement certain que l'hyperactif agissait véritablement sincèrement, sans doute se laissait-il faire à cause de son précédent bouleversement. Il se recula à nouveau, brisant le ballet addictif entre leurs lèvres, et entendit Stiles soupirer d'agacement. L'hyperactif se recula un peu et fit des gestes secs avec ses mains. Ecrire, il voulait écrire. Communiquer. Parler. Sans trop réfléchir, Derek sortit son téléphone de sa poche, le déverrouilla, lui tendit tout en reprenant discrètement son souffle. Leurs échanges buccaux étaient renversants… Et il regarda Stiles taper furieusement dans les notes de son téléphone. Rapidement, il lui tendit et Derek n'eut pas de mal à ressentir toute sa frustration.

« Ecoute-moi bien, toi, là. Je vais bien, d'accord ? Tu peux pas m'embrasser comme un dieu pour me laisser en plan la seconde d'après ! En plus fais pas genre, t'en as envie aussi. Peut-être pas jusqu'au bout, mais je pense que ça vaut la peine de continuer un peu. Non mais sérieux, tu peux pas cacher ton mini-toi qui est tout content. Je sais que je suis pas un canon de beauté et que mon visage est pas très classe en ce moment, comme le reste de mon corps, mais bordel, tu m'as… Putain, Derek, j'ai envie de toi. Je te le répète, JE VAIS BIEN, ok ? Je participe pas par tristesse ou quoi, je… J'ai vraiment envie que tu continue. J'aime ça, d'accord ?

Profite, parce que j'aurai pas souvent le courage de te dire ce genre de choses, encore moins de les faire de moi-même.

J'ai envie de toi. Si toi c'est pas le cas (déjà, ça serait mentir), dis-le directement et on arrête. Mais tu peux pas allumer ce feu entre mes jambes pour me laisser en plan sous prétexte que je suis pas en état. Si mes blessures te dégoûtent, tu peux me le dire, tu sais ? Te cherche pas d'excuse et sois franc. Si tu veux pas me toucher et que t'as d'autres plans à ce niveau-là, te sers pas de moi, sois juste honnête. »

Une chose était sûre, lorsqu'il était énervé, Stiles écrivait aussi vite qu'il parlait autrefois. Le côté excité de Derek se demanda un instant ce que pourrait donner un gémissement de l'adolescent. Son imagination étant très développée, l'effet fut immédiat : son sexe gonfla d'autant plus. La prison que constituaient son pantalon et son boxer commençaient sérieusement à le tendre… Après avoir lu son petit pavé rédigé à une vitesse surprenante, Derek releva les yeux vers l'hyperactif qui le regardait d'un air courroucé.

- Je ne me sers pas de toi, lui dit-il sincèrement en reposant le téléphone, et aucune de tes blessures ne me dégoûte.

A vrai dire, c'était comme si aucun bleu ne colorait sa peau, comme s'il était là, sans artifice, sans aucune plaie. Ce que voyait Derek, ce n'était pas un adolescent couvert de blessures, mais un jeune homme sacrément désirable.

Stiles leva les yeux au ciel alors que Derek s'était senti obligé de lui dire cela pour le rassurer. Cela avait beau être sincère, il avait bien trop peur de lui faire du mal en profitant de ses émotions. Nouveau message tapé sur son application de notes à une vitesse ahurissante, qu'il lui montra.

« Dans ce cas, pourquoi tu t'arrêtes ? Je te le répète : je suis en pleine possession de mes moyens et j'ai qu'une envie, que tu continues. Arrête de me torturer de cette façon et touche-moi… Sinon, arrête tout et tout de suite. Je peux pas supporter d'être chaud et que tu me regardes de cette manière si c'est pour me laisser en plan. »

- Tu veux vraiment que je continue ?

« Bordel, OUI. O.U.I. »

- Tu peux me jurer que ça va ?

« … Tu veux que je te frappe ? OUI, JE VAIS BIEN, MERCI. »

Derek esquissa un sourire amusé alors qu'à l'intérieur, il faisait un gros travail sur lui-même pour accepter les paroles de Stiles. S'il allait réellement assez bien et qu'il ne faisait pas ça à cause de ses précédentes émotions… C'était bon, non ? Voyant tout de même son hésitation, Stiles soupira bruyamment – il ne manquait que sa voix pour rajouter un petit plus dans ce soupir – et reprit le téléphone, mais il n'eut pas le temps d'écrire quoi que ce soit. Derek le lui subtilisa et l'éteignit en le regardant droit dans les yeux. Une lueur nouvelle éclairait son regard turquoise aux mille nuances. Ses mains agrippèrent à nouveau les fesses si désirables de son vis-à-vis et il se rapprocha dangereusement. Cette fois, ce fut le loup qui fondit avec avidité sur les lèvres de l'adolescent qui passa directement ses bras autour de son cou et s'y agrippa en se cambrant légèrement. Les mains du loup, avides de contact, passèrent encore et toujours sous le haut de l'adolescent et finit par terre en un rien de temps. Il poussa Stiles, l'allongea sur la surface à un peu dure du plan de travail et quitta sa bouche, pour prendre sa peau laiteuse d'assaut. D'abord son cou, sur lequel il fonça sans problème, suçotant son épiderme si attirant, jusqu'à laisser des petites marques. Il sentit Stiles agripper ses cheveux, le décoiffer, tirer un peu dessus, et tout cela décupla son désir toujours grandissant pour cet humain qui frémissait de plaisir à son contact.

Poussé par sa bête intérieure, Derek se rapprocha un peu plus et colla son bassin à l'entrejambe de Stiles, dont les jambes s'enroulèrent à nouveau autour de lui, de manière à garder leurs deux engins en contact, malgré la présence de barrière entre eux. Derek sourit en faisant un énième suçon à l'hyperactif. C'est qu'il était gourmand… Et cette fois, le loup savait que l'hyperactif était sincère. Il avait vraiment eu besoin de sa confirmation et maintenant qu'il l'avait, il était prêt à continuer, voire à aller un peu plus loin.

Derek se redressa légèrement et admira le corps frissonnant en-dessous de lui. Des bleus, Stiles en avait partout, mais le loup n'en avait cure. Aucune palette de couleur ni aucune blessure ne pouvait entacher la beauté de l'adolescent et de son corps pour le moins appétissant. Finement sculpté, la peau douce et constellée là aussi de grains de beauté. Derek descendit, posa de nombreux baisers sur ce torse, ce ventre, ces fins abdominaux et s'appliqua à lécher sensuellement cette peau addictive, parfumée de cette fragrance unique, celle de Stiles. Il partit du nombril jusqu'à s'arrêter à la naissance de son cou, qu'il retourna mordiller. De son côté, l'hyperactif était aux anges : il se cambrait, ne pensait plus à rien d'autre qu'au plaisir qui montait et à cet apollon qui s'occupait enfin de lui. Adieu les questionnements, les doutes, les remises en question viendraient peut-être plus tard mais là, seule leur proximité comptait. Stiles ne savait même plus où donner de la tête. Ses mains participèrent à faire disparaître le marcel du loup, avant de continuer à toucher tout ce qu'il pouvait, pincer ses boutons de chair, caresser ses abdos taillés, ces biceps contractés, ce dos bien musclé, cette chute de rein qui le rendait fou… Stiles était excité comme un dingue, il en voulait plus.

Derek était dans le même état. Le souffle court, il se redressa et, pris d'un élan d'envie folle, il prit l'hyperactif dans ses bras et alla l'allonger sur le canapé du salon. Pour la suite, il fallait une surface un peu plus confortable. A peine installé, Stiles s'accrocha à lui et reprit ses lèvres d'assaut tout en défaisant la ceinture du loup un peu à l'aveuglette, mais il réussit à une aisance surprenante. Il souleva légèrement son bassin pour permettre à Derek de baisser son pantalon de jogging puis son boxer et ce fut la délivrance de son côté. Le loup suivit et il s'allongea de tout son long sur l'humain qui frissonnait de plaisir. Le contact direct entre leurs deux membres fièrement érigés fit tout de suite son effet. Stiles se cambra en s'accrochant à Derek comme à une bouée de sauvetage. Derek poussa un gémissement rauque trahissant l'étendue de son plaisir. Ce son galvanisa l'hyperactif qui, au paradis, commença à mouvoir son bassin dans un but bien précis. Derek sourit dans leur baiser qui coupa, le temps d'aller lui murmurer à l'oreille :

- J'ai envie de toi, Stiles...

De quoi galvaniser d'autant plus l'hyperactif, dont le membre n'avait sans doute jamais été aussi gonflé.

La suite fut un concert de halètements et de gémissements – cela, pour le loup. Ce dernier rêverait d'entendre l'humain, dont il embrassait la bouche exquise, verbaliser son plaisir. Si le rythme effréné de son cœur et son souffle haché l'excitaient au plus haut point, qu'en serait-il de ses gémissements ? Derek perdrait sans doute le contrôle, assurément, et le prendrait encore et encore… Pour le moment, il se contenta de ses petits bruits silencieux et de son odeur qui parlait pour lui. Les ongles de l'hyperactif se plantèrent dans sa peau tannée et griffèrent son dos au rythme de leur masturbation mutuelle, entre leurs deux corps luisants de sueur étroitement serrés l'un contre l'autre. Les plaies, minimes et superficielles, guérissaient déjà.

Ils finirent par jouir, ensemble, tremblants de plaisir, sexe contre sexe, leurs lèvres liées dans un long baiser tendant vers une douceur paresseuse.

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Lorsque Stiles ouvrit les yeux, il eut un peu de mal à se situer. Cette chambre, il la connaissait, bien sûr, mais il peina un instant à se rappeler à qui elle appartenait. Surtout que le jour se levait à peine, il pouvait le voir aux rideaux qui n'étaient pas fermés, ce qui lui permettait de ne pas être perdu. Stiles cligna des yeux à plusieurs reprises et se redressa. Correction : il voulut se redresser, mais un obstacle le maintenait cloué au lit. Ce qui était drôle c'était que l'obstacle en question n'était autre qu'un bras – musclé de surcroit. Perplexe, l'hyperactif tourna la tête et son cœur rata un battement.

A sa droite se trouvait un Derek endormi sur le ventre, la tête tournée vers lui, et son bras entourait sa taille avec un naturel fou. Stiles rougit instantanément en additionnant les éléments.

Derek. Lui. Même lit. Tous deux en boxer, de ce qu'il sentait. Proches, très proches.

Et puis, tout lui revint en mémoire et l'adolescent devint cramoisi. Ils s'étaient embrassés, caressés, masturbés plusieurs fois. D'abord dans la cuisine, puis dans le salon et enfin dans cette chambre. Une fois qu'ils avaient laissé tomber leurs barrières respectives et qu'ils s'étaient collés, il avait été impossible pour eux de s'arrêter. Toutefois, ils n'avaient pour l'instant jamais été au bout de l'acte et s'étaient faits jouir mutuellement de multiples manières, sans jamais passer par la pénétration.

Bordel. Stiles avait presque couché avec Derek. Sous le choc, il reposa confortablement sa tête sur l'oreiller.

Derek avait longtemps été un fantasme pour lui, même un crush. A l'époque où il avait commencé à avoir des vues sur lui, cela s'arrêtait justement là, à de simples vues. Impossible de parler de sentiments, c'était bien trop tôt et ils ne se voyaient pas souvent, tout comme ils se parlaient peu. Les seules fois où ils échangeaient quelques mots, c'était en général pour se foutre sur la gueule. Mais là… Stiles ne put empêcher ses joues de rougir. Ils s'étaient embrassés. Touchés. Etreints. Et lui, il… Oh putain, il avait supplié le loup de continuer lorsque celui-ci avait eu des doutes. La honte le submergea avec une force telle que s'il n'avait pas été allongé dans ce lit, Stiles aurait vacillé sur ses jambes et son équilibre aurait été on ne peut plus précaire. Parce que ce qui s'était passé avec le loup, ce n'était pas anodin et la partie rationnelle de son cerveau savait qu'ils n'avaient ni l'un ni l'autre agi seulement sous le coup d'une pulsion sexuelle. Il y avait autre chose, mais quoi ? Stiles ne saurait le dire, mais il ferma les yeux et se remémora cet épisode en essayant de comprendre comment ils en étaient arrivés là.

Il venait d'apprendre que Scott n'était plus seulement un connard mais un enculé de ses grands morts. La tristesse avait déferlé en lui avec sa puissance habituelle, quoiqu'exacerbée par les maigres espoirs qu'il gardait encore en lui. L'ignorer était une chose, cracher sur lui dans son dos en était une autre. C'était autrement plus violent et direct. Une preuve ultime non pas du détachement de Scott, mais de la révélation de ses réels liens avec lui. Une amitié par intérêt, voilà ce qui les reliait, d'un côté seulement. Stiles, lui, avait toujours considéré le latino comme son égal, et encore. Parfois, il le plaçait au-dessus de lui parce qu'il était sensible, gentil et parce que Scott avait ses propres soucis, ses responsabilités d'alpha. Alors oui, apprendre que son amitié ne signifiait définitivement rien pour lui lui avait porté un sacré coup au cœur, si bien qu'il n'avait pas réussi à contenir ses larmes. Au moins, il avait pu réprimer sa colère et sa rancœur, assez pour ne pas paraître trop pitoyable aux yeux du loup qui l'avait pris sous son aile. Ce loup qui s'était rapproché de lui, l'avait enlacé par derrière avec cette douceur que Stiles découvrait peu à peu depuis quelques jours. Mais la douceur seule ne suffisait pas à caractériser les gestes de cet homme parfois rustre à cause de cette vie douloureuse qu'il avait vécue.

Stiles se rappela de la manière dont les lèvres de Derek s'étaient retrouvées en contact avec la peau sensible de son cou. A ce moment-là, il n'y avait aucune tension sexuelle entre, juste… De la tendresse.

Tendresse.

Voilà l'autre mot qu'il cherchait.

Derek avait été si tendre que Stiles s'était tout naturellement laissé aller contre lui, cédant à cette confiance qu'il lui avait depuis longtemps accordée. Dans d'autres circonstances, l'hyperactif ne se serait pas aussi facilement abandonné contre le loup, mais là… Ses gestes étaient si doux, lents, empreints de cette tendresse infinie qui l'avait touché plus que de raison. Alors, forcément, les choses avaient lentement dérapé, avec un naturel fou, si bien que Stiles ne regrettait absolument rien. Si, peut-être son audace. Supplier Derek de continuer à le toucher… Mon dieu. Ça, il n'allait pas assumer. Il va me voir comme un obsédé, penser que je ne cherche qu'à avoir son corps, que… Mais deux lèvres posées avec douceur sur les siennes le coupèrent doucement dans ses réflexions sans queue ni tête. Une interruption bienvenue. Même s'il ne l'avait pas vu arriver à cause de la profondeur de son introspection, Stiles se laissa tout de suite embarquer et laissa ses propres lèvres se mouvoir tout à fait naturellement contre celles de ce loup qui s'était légèrement redressé pour pouvoir l'embrasser. Cette sensation était si douce qu'aucun des deux ne faisait attention à leur haleine du matin respective.

Lorsqu'enfin Derek s'écarta quelques secondes plus tard, ses yeux étaient rieurs et il dit :

- Tu réfléchissais tellement fort que je t'entendais presque.

Il ne souriait pas et pourtant, il était clairement amusé. Tout passait dans son regard si particulier. Alors, Stiles esquissa un léger sourire et sa gêne disparut. Cet étrange moment intime qu'ils avaient partagé la veille avait débloqué quelque chose en eux, sans qu'ils ne s'en rendent vraiment compte. En tous les cas, l'excitation de la veille avait laissé place à de la tendresse pure et simple, comme si jouir à l'unisson leur avait suffi pour un moment.

Et Stiles sourit.

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Stiles tournait en rond. Il était nerveux. Il savait que cela allait arriver, bien sûr, puisqu'il avait entendu Derek le dire à Lydia au téléphone, mais il n'imaginait pas que cela serait si tôt. Cependant, la menace surnaturelle était toujours là, collée aux portes de Beacon Hills et, apparemment, l'on avait du nouveau. La réunion se ferait ici, ce soir, dans ce grand salon, là où Derek et lui avaient échangé leur premières étreintes intimes deux jours plus tôt… Heureusement que tout avait été rangé, nettoyé, parfumé, aéré…

- Stiles, assieds-toi.

L'hyperactif secoua la tête. Non, il n'avait pas envie de s'assoir, il avait besoin de se défouler, d'évacuer le mélange de stress et de colère qui montait en lui. Il n'était pas prêt à revoir la meute. Lydia seule, il pouvait y arriver, mais les autres… Cela ferait beaucoup d'un coup, sincèrement, il pourrait presque faire une crise d'angoisse rien qu'en y pensant.

- Stiles, ta cheville, bon sang !

Mais l'adolescent s'en fichait. Il était stressé et en colère. Parce qu'une réunion de meute ne se faisait qu'en présence de l'alpha, alpha qui n'était autre que son ancien meilleur ami, ce sale traître, cet enfoiré de merde, ce… Oh et puis il y avait autre chose, aussi. Scott – ce fumier ! – le haïssait. Autrement, il ne s'amuserait pas casser du sucre sur son dos de cette manière… Comment réagirait-il en voyant que l'hyperactif, jamais présent aux réunions ces derniers temps, était là, au loft ? Aussitôt, Stiles leva le doigt pour faire signe à Derek qu'il venait de se faire une réflexion intéressante, de soulever un point important. Celui-ci soupira mais attendit que l'adolescent soit allé chercher son matériel pour écrire et se soit assis à ses côtés pour se détendre enfin.

« C'est dans une heure, je fais quoi ? Si Scott sait que je suis là, il va me faire des tas de réflexions et, spoiler alert, j'ai pas envie. Genre c'est bon, ce que je sais de la part de Lydia par ton intermédiaire c'est suffisant, j'ai vraiment pas besoin d'entendre autre chose. Là ça va, parce que t'es là, parce que… Je ne me prends pas ça d'un coup comme je me le suis pris hier. Imagine il me voit ? Qu'est-ce qu'il va me dire ? Il va forcément voir tout ça, mes bleus et toutes ces merdes-là. J'ai pas envie de voir sa réaction. En fait, j'ai envie que personne ne soit au courant parce que… C'est la honte, merde ! Je fais comment, je vais où ? T'as toujours ton hangar, là ? Tu sais, le vieux hangar où t'étais à la base… Peut-être que je pourrais y aller tant que la réunion à lieu ? De toute manière, personne ne voudra me voir donc si personne sait que tu m'héberges, personne ne saura non plus que je ne suis plus là. Moi je pense que c'est la meilleure chose à faire. Puisque Scott me descend auprès d'eux, ils ont forcément une dent contre moi alors… Ouais, meilleure chose à faire. Alors, tu l'as toujours ce hangar ? Ou alors je peux traîner en ville le temps que ça se passe. On peut aussi s'arranger comme ça, enfin… Si tu m'autorises à revenir chez toi après la réunion et ça j'avoue que je ne peux pas le savoir à l'avance. Enfin… Je sais toujours pas combien de temps je peux encore rester. »

Derek retint un soupir mais se permit de lever les yeux au ciel. Oui, il pouvait comprendre certaines des préoccupations de l'hyperactif, mais certaines réponses étaient pourtant évidentes. Quand retiendrait-il qu'il pouvait rester tout le temps qu'il voulait ? Le seul potentiel problème à cela s'appelait Noah Stilinski. Enfin, pour le moment, l'absence de Stiles marchait avec des excuses plus ou moins bancales mais qui semblaient lui aller et si jamais il commençait à s'impatienter, Derek était prêt à aller parlementer avec le shérif. Parce que le fait que Stiles puisse rentrer chez lui allait de pair avec son retour au lycée et pour le moment, ce n'était pas le moins du monde envisageable. Même si les six brutes qui s'étaient amusées avec lui avaient pris une bonne leçon de sa part, qu'est-ce qui lui disait qu'elles n'allaient pas recommencer et s'en prendre à lui ? Et puis en dehors de cela, Stiles n'était pas en état d'y retourner, que ce soit physiquement ou psychologiquement. La peur faisait son retour dans son odeur et il la sentait. La feuille sur laquelle Stiles avait écrit son mini-roman dans une main, Derek utilisa la droite, libre, pour enserrer celle de l'hyperactif parce que… Parce que. Il n'avait pas à se justifier.

- Combien de fois je vais devoir te le dire ? Tu restes autant de temps que tu veux, je ne te chasserai pas, quoi qu'il arrive.

Stiles se mordit la lèvre inférieure. Il avait beau avoir retrouvé son débit de paroles – à l'écrit –, il n'était pas plus sûr de lui pour autant. Son assurance et sa confiance en lui étaient toutes relatives. Puis l'approche plutôt rapide de cette réunion ébranlait le peu de solidité qu'avaient ses fondations. Il était persuadé que quelque chose allait mal se passer, qu'on allait lui faire regretter sa présence. Cela viendrait-il de Scott, de Peter, d'Isaac, de Jackson, de Malia, d'un autre membre de la meute… ? Il n'en avait aucune idée, mais cela le faisait angoisser.

- Ensuite, tu restes là. Il est hors de question de te chasser juste parce qu'il va y avoir une réunion ici. Si tu veux, on peut faire en sorte qu'ils ne sachent pas que tu es là, mais il est hors de question que tu ailles au hangar ou dans n'importe quel autre endroit. Tu as le droit d'être ici comme tu as le droit d'exister, d'avoir des envies, de manger, de respirer. Personne n'a le droit de s'y opposer et jusqu'à preuve du contraire, on est ici chez moi.

Sa main serra celle de l'hyperactif alors qu'il reprenait déjà :

- Si tu n'as vraiment pas envie qu'on sache que tu es là et que tu préfères rester tranquille, tu pourras rester dans ma chambre. Tu pourras faire tes affaires, t'occuper comme tu veux. Je vais aérer ici, histoire qu'on ne sente pas trop ton odeur. Par contre, sois sûr d'une chose.

Stiles lui lança un regard interrogateur. Jusqu'ici, il comprenait et était plutôt d'accord avec sa proposition, mais… Il attendait la suite.

- Si un seul des membres de la meute ose mal parler de toi, j'agirai. Il est hors de question qu'on te rabaisse, encore moins sous mon toit. Je ne tolèrerai aucune insulte envers toi.

Le cœur de Stiles manqua un battement et il détourna bien vite les yeux. Qu'est-ce que… Pourquoi ? Pourquoi Derek le défendait-il ? Pourquoi prenait-il la peine d'autant faire en sorte qu'il soit bien ? Pourquoi laissait-il entendre qu'il le protégerait des autres ? Enfin, de leurs paroles, mais tout de même, pour lui, c'était… Merde, depuis combien de temps ne s'était-il pas senti important pour quelqu'un ? Ce dévouement apparent le fit repenser à cet échange intime qu'ils avaient eus, suivi de ce baiser qu'ils avaient échangés au réveil. De tout ça, ils n'avaient absolument pas reparlé, comme si… Comme si rien du tout en fait. Il ne savait absolument pas pourquoi ils n'en avaient pas reparlé mais qu'importe : Derek prenait tant soin de lui… Est-ce que c'était seulement réel ? Il songea à sa vie, détruite par son mutisme, à ce qu'elle était avant que Derek ne le sorte de cet enfer dont il avait gardé le secret jusqu'à atterrir ici.

Et il eut envie de pleurer.

Parce que tout ça, c'était beaucoup. Il voulait bien comprendre que Derek veuille le garder ici le temps que tout se tasse, mais même ça, il n'était pas obligé de le faire. Et puis tout le reste… Son attention, sa gentillesse, sa douceur, le casque, tout ce confort qu'il lui offrait, ces efforts qu'il faisait pour parler et maintenant ça… Ces simples faits suffirent à le bouleverser. Il ramena sa main libre à sa bouche gardée entrouverte à cause de sa surprise. Et il relâcha tout alors même qu'il ne s'était même pas rendu compte qu'il avait la boule au ventre et la gorge serrée. Il lui était reconnaissant pour tout ça. Derek… N'était définitivement pas qu'un loup-garou grincheux. C'était réellement un être au grand cœur qui méritait tout le bonheur du monde.

Il était le seul à lui être réellement venu en aide. Lydia avait bien capté que quelque chose n'allait pas et était venue chez lui en compagnie du loup pour en savoir plus mais Derek… Derek s'était démené pour lui à un point inimaginable. Et avant même qu'il n'en prenne véritablement conscience, le loup avait passé ses bras autour de lui et l'enlaçait avec une tendresse non feinte. Une tendresse qui lui venait naturellement alors que ses lèvres venaient se poser délicatement sur la peau fine de son cou. Ses mains jointes sur le ventre un peu trop plat de l'hyperactif, le loup s'était légèrement reculé pour mieux l'enlacer et lui faire comprendre qu'il était là, que tout allait bien. Que dans un sens il l'aimait, même si ce n'était pas tout de suite qu'il comptait se l'avouer à lui-même. S'il ne voulait pas se le dire, il voulait au moins faire comprendre à Stiles qu'il l'était : aimé. Contrairement à ce qu'il pensait, il avait son importance, il était important. Il méritait de retrouver sa voix comme de trouver le bonheur et ne pouvait pas finir comme ça, harcelé et battu parce qu'il était une proie facile. Parce qu'il ne pouvait pas crier et qu'à plusieurs sur une personne, ses harceleurs avaient forcément l'avantage. Mais tout ça, c'était fini. Derek n'avait pas l'intention de faire retourner Stiles en cours tant qu'il n'était pas certain qu'il ne serait pas en sécurité. Lorsqu'il sentit l'odeur piquante de ses larmes et la fragrance forte de l'émotion se dégager de Stiles, Derek raffermit son étreinte mais n'arrêta pas d'embrasser son cou pour autant. Et c'était si doux que l'hyperactif pencha légèrement la tête en arrière, dégageant le terrain et offrant sa peau au loup, alors que l'arrière de son crâne se posa sur l'épaule de son aîné.

Alors oui, il eut peut-être une sensation de déjà vu, mais il l'oublia aussitôt tant les milles baisers qui flattaient son cou le faisaient flotter. Sa main se posa sur celles, jointes, de Derek tandis qu'il laissait celui-ci lui apporter tout l'amour et toute l'affection dont il avait cruellement besoin sans même s'en rendre compte. Et puis ses larmes provoquées par sa forte émotion se tarirent rapidement tant le bien-être que Derek faisait naître en lui était puissant. Peut-être même qu'à un moment, Stiles se retourna pour se retrouver face au loup et l'embrasser avec fébrilité et ferveur à la fois, les yeux fermés par une timidité nouvelle. Mais de cela, il ne se rendit pas vraiment compte, encore une fois.

Il était si bien dans les bras du loup que faire attention au reste reviendrait à gâcher ce moment qui n'était – paradoxalement – pas prêt de s'effacer de sa mémoire.

Cette fois, il n'y eut pas de dérivation, aucune pulsion sexuelle ne vint perturber la douceur de cet instant. Les deux jeunes hommes étaient juste là à s'embrasser, s'accrochant l'un à l'autre avec une intimité et un amour qui, s'il n'était pas ressenti consciemment, était bel et bien présent.

xxx

Ce que ressentait Stiles était paradoxal. Il ne pouvait pas ignorer son angoisse de savoir que la meute était là, en bas, tandis qu'il se cachait dans la chambre de Derek. Et quelle chambre ! Jamais de sa vie il n'aurait pu imaginer la visiter un jour – même si c'était actuellement la deuxième fois depuis la veille qu'il y mettait les pieds. Ce n'était pas tant le fait qu'elle était spacieuse qui émerveillait Stiles : non, c'était plutôt de savoir que cet endroit était l'intimité de Derek et que lui, Stiles Stilinski, avait le droit d'y entrer. Le jeune homme passa ses doigts sur ses lèvres légèrement gonflées que Derek n'avait abandonnées que dix pauvres minutes avant l'arrivée des premiers loups. Il s'était ensuite dépêché de se doucher, histoire d'enlever le plus gros de l'odeur de Stiles et ainsi, d'éviter de trahir sa présence trop vite. C'est alors que l'hyperactif se rendit compte d'une chose.

Si le premier baiser post-moment-inexplicable-et-incompréhensible-mais-génial avait pour but de simplement faire taire ses réflexions intérieures, là… C'était totalement différent. Ils avaient passé à peine moins d'une heure à s'embrasser, se câliner, se tenir l'un contre l'autre alors qu'entre temps, le loup ouvrait les fenêtres avant de revenir cueillir l'hyperactif et de continuer de lui faire perdre la tête sans un mot, sans une interrogation, sans une hésitation. Et Stiles se souvenait parfaitement de sa propre attitude. Il était là, les lèvres rosées, à laisser le loup le ramener contre lui, à passer ses bras autour de son cou et à oser le regarder, lui, Derek Hale, cette perfection au masculin. Il se rappelait ce regard bleu-vert avec une pincée de rouille, cette éternelle barbe de trois jours qui lui allait si bien, ces sourcils capables de tant de mouvements que c'en était presque à chaque fois comique… Mais lorsque Derek faisait danser ses sourcils, c'était souvent quand Stiles l'énervait… Avant. Quand il parlait trop, quand il prenait trop d'initiatives, quand il était trop lourd, trop envahissant…

Avant.

Et Stiles… En vint à se demander si son état actuel n'était finalement pas une bonne chose pour tout le monde.

Pour Derek.

xxx

Derek était tendu mais il faisait son possible pour ne rien montrer et même camoufler sa tension dans son odeur. Accueillir la réunion de la meute n'était pas un problème… Pas vraiment. Non, ce qui l'embêtait réellement, c'était d'avoir Scott McCall dans son champ de vision. Pourquoi avait-il demandé à ce que la réunion se déroule ici au loft, autrement dit sur son territoire ? Il y avait plusieurs raisons à cela mais elles avaient toutes pour origine une seule et unique personne.

Stiles.

Derek voulait pouvoir être témoin de ce que l'alpha pourrait dire à son sujet et ainsi l'arrêter directement. Lui faire comprendre son erreur. Stiles ne voulait pas que son histoire soit étalée devant la meute. Soit. Le loup avait cependant le droit de le défendre s'il voyait que Scott cassait un peu trop de sucre sur son dos juste pour le plaisir.

L'avantage de faire cette réunion au loft, c'était aussi de pouvoir être là pour l'hyperactif en cas de besoin. Sa cheville guérissait fort doucement et Stiles avait la fâcheuse tendance d'oublier qu'il était blessé et qu'il devait se ménager. Et puis, l'adolescent savait qu'il pouvait lui envoyer un message et que le loup accourrait s'il avait mal quelque part ou s'il lui manquait quelque chose. Il avait toutefois fait attention à ce qu'il ait ce qu'il voulait pour s'occuper, assez de feuilles pour écrire s'il en avait besoin, un stylo plein et son casque audio dont il prenait le plus grand soin. En pensant à cela, Derek ne put empêcher un très léger sourire de décrisper ses lèvres. Stiles ne mentait pas lorsqu'il lui rappelait – à l'écrit – qu'il appréciait réellement son cadeau. Il y faisait très attention et l'utilisait avec soin. Il lui était réellement reconnaissant et Derek… Le trouvait adorable. Malgré tout, il n'était pas dupe et son odorat surnaturel sentait déjà un changement dans l'odeur de son protégé. C'était ténu mais il envoya tout de même un texto à l'hyperactif, lui demandant dans un court message ce qui lui arrivait et s'il avait besoin de quelque chose. S'il sentait l'odeur de Stiles, c'était uniquement parce qu'il déployait ses sens à leur maximum pour ne rien rater. Il tenait à lui et à vrai dire, bien plus qu'il ne le pensait. Par contre, il était certain d'une chose : aucun autre loup n'avait senti son odeur. S'il en était autrement, il aurait déjà pu voir de la surprise teinter leur regard, ou bien de la colère. En somme, une réaction. La présence de Stiles, bien qu'oubliée un moment à cause de son isolement dû à son mutisme, ne pouvait qu'être remarquée et c'était bien pour cela qu'il avait bien aéré et s'était douché avant qu'ils arrivent.

Parce que son but n'était pas de le mettre mal, bien au contraire.

Derek fronça un sourcil lorsqu'il reçut un message de Stiles, qui lui disait que ça allait. De toute évidence, il mentait, puisque ce que le nez du loup percevait n'était pas réellement agréable à sentir. On aurait dit de la tristesse, avec une hésitation dans l'odeur, quelque chose comme… Du doute. Peut-être l'hyperactif se posait-il des questions ? Oui, mais concernant quoi ? La réunion ? Probable mais peu possible. Derek l'avait rassuré autant que possible et avait les oreilles grandes ouvertes, écoutait tout ce qui se disait. Il avait à cœur de respecter ses paroles : si quelqu'un osait mal parler de Stiles, Derek agirait. D'abord, il écouterait, puis, après avoir récolté assez d'informations, ferait quelque chose. Le loup croisa alors le regard de Lydia qui, au courant de la présence de Stiles, avait adopté la même stratégie que lui – l'ouïe surnaturelle en moins. Mais elle savait se faire discrète tout autant qu'elle savait comment s'imposer. Le mélange des deux était surpuissant. Lydia compensait également son manque cruel de caractéristiques lupines avec un sens de l'observation et de la déduction hors du commun. La banshee aiderait le loup si besoin, ils se savaient tous deux du même côté et s'ils devaient se mouiller pour rétablir l'honneur bafoué de l'hyperactif, ils le feraient sans hésiter. Lydia était une bonne amie et elle n'en voulait à aucun moment à Stiles pour sa distance : elle comprenait parfaitement le fait qu'il puisse être plus à l'aise avec Derek et qu'il prenne du temps pour se remettre de ses différentes agressions. En somme, il se reconstruisait et c'était tout à fait normal. Lydia lui laisserait le temps qu'il faudrait. Ensuite seulement, elle le traînerait au centre commercial pour rafraîchir leur garde-robe à tous les deux. Oui parce que Stiles devait se mettre en valeur. Elle avait des yeux, voyait parfaitement le regard et l'attitude de Derek et se doutait que Stiles n'était pas insensible à son charme. Secrètement – elle ne comptait pas en parler au loup de peur de le braquer – Lydia envisageait un futur commun pour les deux jeunes hommes. Elle allait peut-être vite en besogne mais il y avait des signes qui ne trompaient pas et Derek… L'avait particulièrement surprise en prenant à ce point soin de Stiles. Honnêtement, elle n'aurait pas parié sur lui au départ, mais pourquoi pas…

- Bien, la réunion peut commencer, entendit Derek.

Scott était là, bien droit et son attitude ne plaisait pas à l'ancien alpha, qui se tendit à nouveau fort rapidement. Le latino, qu'il avait connu naïf et gentil avait changé, semblait-il. Ou alors… Sans doute avait-il toujours eu cet égocentrisme en lui, sans jamais l'exprimer réellement. On ne pouvait pas changer au point d'abandonner son meilleur ami à la première difficulté venue… A moins d'avoir succombé à une envie vieille comme le monde, celle de s'émanciper de celui qu'il considérait sans doute comme un poids : Stiles. Derek serra les dents en regardant Scott mais fit en sorte que son attitude passe inaperçue.

- Tout le monde est là ? Evidemment, Stiles manque encore à l'appel… Soupira le latino.

Derek prit sur lui pour se laisser tomber sur l'un des canapés et ne pas sauter à la gorge de l'alpha. Il n'avait encore rien dit, en soi, et Hale s'était promis de ne pas intervenir tout de suite. Il devait attendre de voir s'il évoquait Stiles en des termes bien moins élogieux… Lydia vint s'installer à côté de l'ancien alpha et lui lança un discret regard entendu avant de sonder visuellement le reste de la meute. Si certains semblaient s'être tendus à la suite de la remarque concernant l'absence de l'hyperactif, aucun ne semblait réellement être énervé par ce fait… A part Malia, qui avait hoché la tête d'un air bougon. Lydia nota ce fait. Liam semblait ne pas savoir où se mettre, Isaac avait l'air inquiet, Jackson était indéchiffrable. Les autres n'avaient pas l'air d'avoir prêté attention aux paroles de Scott.

- … Et finalement, ce n'est pas plus mal. Compte tenu de ce dont on va discuter aujourd'hui, son absence est la bienvenue, ça nous évitera de supporter ses caprices.

Derek fronça les sourcils. De quoi Scott parlait-il ? De quel droit se contentait-il de son absence ? Pourquoi l'arrangeait-elle ? Comptait-il lui donner plus de travail, l'obliger à continuer ses recherches ? L'ancien alpha s'y opposerait, assurément. Sans révéler le pourquoi du comment de l'état de Stiles, il ferait son possible pour le défendre tout en gardant son « secret ». Derek sentit une légère pression sur son épaule et sans tourner la tête, il sut que Lydia y avait posé sa main, lui rappelant silencieusement qu'il devait se contenir. Elle aussi faisait en sorte de retenir ses émotions et le peu qu'elle venait d'entendre ne lui disait rien qui vaille. Cependant, ils devaient écouter et interviendraient au moment venu, sans savoir que celui-ci allait arriver d'une minute à l'autre. Car si tous deux avaient leurs hypothèses, des hypothèses diverses et variées, aucune n'était semblable à ce que Scott se décida finalement à prononcer :

- On ne va pas discuter de cette meute qui continue d'éradiquer tout un tas de créatures surnaturelles. Pourquoi ? Parce qu'on avance pas. On avance pas parce que Stiles ne fait pas sa part du boulot.

Nous y voilà, songea Lydia en resserrant ses doigts sur l'épaule de Derek, qu'elle sentait se crisper en continu. Elle non plus n'aimait pas ce qu'elle entendait, mais il fallait écouter, encore.

- C'est pour cela, dit Scott en posant ses mains sur la table, qu'il est temps de changer les choses. Dans la meute, on n'a pas besoin de gens qui sont là juste pour décorer ou profiter de notre protection.

Si Derek avait été en train de boire quelque chose, sans doute aurait-il recraché l'intégralité de sa boisson. Quel culot ! Du coin de l'œil, il vit les traits de Lydia se tendre drastiquement. Elle savait être discrète mais étant humaine, elle ne pouvait pas se contrôler à la perfection. Quant à Derek, il savait garder son sang-froid mais il commençait tout doucement à atteindre ses limites. Et pourtant, Scott était loin d'en avoir terminé.

- On doit affronter des choses qui nous dépassent et on a besoin que tout le monde soit sur le coup.

Lydia haussa un sourcil. C'était la première fois qu'elle entendait Scott prendre un ton aussi… Dramatique, comme s'il surjouait, ce qui était sans doute le cas – son humble avis de banshee.

- J'ai donc pris une décision qui, je pense, ravira tout le monde puisqu'elle nous enlèvera un poids mort et nous permettra enfin d'avancer. Je n'attends que vous pour approuver mon idée.

Si Lydia n'aimait pas les mots qu'il employait – un alpha ne se devait pas de raisonner de la sorte, surtout lorsqu'il avait l'habitude de prôner l'acceptation de tous, elle se contenta de le fusiller du regard sans même qu'il y fasse vraiment attention, comme s'il n'accordait d'importance à rien d'autre que sa petite personne. Et plus les jours passaient, plus cette impression se confirmait aux yeux de la jeune femme. Derek, qui fournissait beaucoup plus d'efforts dans l'idée de rester un minimum calme, le pensait déjà depuis un moment et sa réflexion était un peu plus… Radicale. Il se rapprochait dangereusement de la limite qu'il s'était fixée et il valait mieux pour Scott qu'il ne prononce pas un mot de trop et surtout qu'il ne parle plus de Stiles s'il ne voulait pas voir sa précieuse réunion avortée. Cependant, il ne pouvait pas imaginer la suite. Scott était idiot mais il n'était pas capable de ça. Lydia, qui pensait à la même vitesse que lui, se surprit à avoir la boule au ventre. Pitié Scott, ne sois pas stupide.

L'alpha marqua un temps de pause avant de regarder sa petite assemblée et de prononcer les mots qui scellèrent son destin en quelques secondes :

- Je propose de bannir Stiles de la meute.

xxx

Stiles grimaça. Sa cheville lui faisait mal. En soi, c'était de sa faute, et en même temps pas vraiment : il avait essayé de s'occuper mais le stress l'avait gagné avec force, si bien que faire quoi que ce soit d'un minimum constructif était impossible. Il avait tenté d'écrire, de mettre ses pensées sur papier pour se livrer, se décharger, mais… Non. Il n'y arrivait pas. Savoir que la meute était en bas en train de faire cette fichue réunion faisait naître en lui une angoisse sourde, qu'il ne saurait même pas nommer. Avait-il peur qu'on le découvre ? Peur qu'on parle mal de lui ? Peur que ladite réunion se passe mal ? Il y avait au moins un élément de certain : il était terrorisé, si bien que ses doutes concernant son comportement passaient à la trappe.

Pour compenser son manque d'activité évident, il s'était levé et mis à faire les cents pas, pensant sans doute que cela lui changerait les idées. Se dégourdir les jambes n'était pas une mauvaise chose en soi, sauf quand on avait la cheville gonflée et bleuie, une cheville malmenée durant un moment. Et elle commençait à lui faire un mal de chien. Bien sûr, Stiles n'avait pas de médicaments dans la chambre. Evidemment. Oui parce que Derek était si souvent là pour lui qu'il ne prenait que rarement des antidouleurs tant le loup l'aidait. En fait, il était toujours là pour lui prendre sa douleur, souvent avant qu'elle apparaisse, ou pendant, ou… Bordel ! Aurait-il lâché s'il avait une voix. Il ne lui manquait plus qu'à aller chercher par lui-même, voir s'il pouvait éventuellement trouver quelque chose pour le soulager… Maintenant, restait à savoir où. Puis, Stiles eut un potentiel éclair de génie. Les gens normaux – loups compris – mettaient généralement leurs médicaments dans la salle de bain. Alors… C'était là qu'il irait.

Prenant son courage à deux mains et essayant de mettre ses angoisses au second plan, Stiles laissa tomber ses feuilles sur le lit de Derek et sortit de la chambre. Il fit ce qu'il pouvait pour se faire discret sachant qu'en bas, des gens qui ne l'aimaient pas étaient présents. Et, puisque son but n'était pas du tout d'attirer l'attention, Stiles se fit aussi silencieux que possible. Au moins, ses incessants bavardages n'étaient pas là pour le faire repérer, alors… Tout devrait bien se passer. Il avait un couloir à traverser, devait passer devant le haut des escaliers sans se faire voir. Et c'est lorsqu'il arriva à ce niveau qu'il entendit la voix de Scott, sans vraiment le vouloir. Il avait juste une bonne ouïe, c'est tout… Et qu'il l'ait su avant ou non, jamais il ne lui serait venu à l'idée d'écouter de son plein gré, c'était inconscient. Vraiment, ce n'était pas voulu. Après réflexion, il aurait dû s'empêcher d'entendre, quitte à remplacer son mutisme par une surdité certaine.

- Je propose de bannir Stiles de la meute.

xxx

Jackson crut voir une ombre passer en haut des escaliers. Non, en fait, il en était certain, tout autant qu'il était plus que certain d'avoir senti, au même moment, une once de souffrance provenir du même endroit.

L'étage.

Sans rien dire à personne ni faire part de ses suppositions, Jackson devina qu'il y avait quelqu'un à l'étage. Quelqu'un qui ne voulait ni ne devait être vu. Et s'il ne pensa pas à Stiles – improbable –, il fronça tout de même les sourcils.

Et assista à la débâcle qui avait lieu en ce moment même.

Car si Stiles avait été longtemps l'oublié de la meute, la proposition de Scott ne suscitait pas l'unanimité, comme il l'avait pourtant prédit quelques secondes plus tôt. En fait, l'engouement n'était pas de mise, sauf du côté de Malia qui semblait plutôt d'accord avec son petit-ami. De toute manière, cela faisait un moment qu'ils sortaient ensemble et semblaient étrangement d'accord sur tout, notamment concernant le sujet « hyperactif ». Sujet sur lequel personne ne disait rien, mais pour autant, on n'en pensait pas moins : la manière dont l'alpha s'amusait à casser du sucre sur son dos était si insistante et si récurrente qu'elle en devenait gênante et qu'on n'osait rien lui dire.

Mais là, les choses faisaient que des voix commençaient à s'élever et Liam fut le premier à dire :

- Tu ne trouves pas que c'est un peu abusif ?

Mais Jackson ne se concentra pas là-dessus, non. La colère qui émanait de Derek et Lydia était bien trop forte pour qu'il fasse réellement attention aux réactions des autres. Enfin, celle de l'ancien alpha était colossale, si bien qu'il était surprenant de ne pas l'avoir vu ouvrir la bouche. Il avait les poings serrés à un point inimaginable, si bien que ses phalanges étaient extrêmement blanches et sa mâchoire donnait l'impression de pouvoir se casser à tout moment tant elle était crispée. Lydia, de son côté, avait resserré sa main sur l'épaule tendue de Derek et Jackson fronça un sourcil. Depuis quand semblaient-ils proches ? La banshee, contenant elle aussi son ire, semblait vouloir le retenir silencieusement d'aller étriper Scott qui, lui, avait l'air surpris que sa décision ne fasse pas l'unanimité. Nul doute toutefois que leur prise de parole n'allait pas tarder.

Si on devait demander son avis à Jackson, celui-ci répondrait que la proposition et décision de Scott était profondément stupide. Alors oui, peut-être qu'ils avaient oublié Stiles, peut-être qu'il avait fait partie de ceux qui le charriaient par rapport à sa voix qui, il l'espérait quand même, avait fini par revenir. Oui, mais Jackson ne voulait pas virer Stiles de la meute, aussi agaçant et pipelette qu'il pouvait être, tout simplement parce que ce n'était pas juste. Il était vrai que ses dernières absences remarquées étaient récurrentes et son manque flagrant d'avancées dans ses recherches, réel, mais aux yeux du kanima, c'était plus inquiétant qu'autre chose. Personne n'avait de nouvelles – certains avaient oublié de chercher à en avoir – et personne ne le voyait au lycée depuis quelques temps.

Mais l'ombre qu'il avait vu en haut de l'escalier l'intriguait et puisqu'il savait que la cause de l'hyperactif s'apprêtait à être défendue, Jackson se leva sans dire un mot, sans se faire voir. Si on lui demandait, il dirait qu'il allait simplement faire la petite commission à l'étage mais, le débat commençant déjà à s'animer alors que Derek et Lydia n'avaient même pas encore pris la parole, il put monter sans être réellement vu, sans qu'on fasse attention à lui.

A l'étage, l'odeur de tristesse et de souffrance était presque suffocante, à tel point qu'elle empestait déjà tout le couloir. Le blond plissa le nez alors qu'il entendait le ton monter en bas. Derek commençait finalement à intervenir.

- T'étais où, toi, quand il avait besoin de toi ?! Entendit-il vaguement.

Et même si la discussion en bas semblait fort intéressante et qu'il s'y intéressait déjà, Jackson ne perdait pas son objectif de vue : enquêter rapidement sur cette ombre et cette odeur, odeur qui lui paraissait d'ailleurs familière. Ce qui était certain, c'était qu'il n'y avait pas eu d'intrusion dans le loft. Derek l'aurait su, tout le monde l'aurait su, et la personne qui se cachait n'était pas une menace. Et même si elle l'était : il y avait ici une meute presque entière et prête à en découdre, galvanisée par les émotions et réactions directes que suscitait la décision de Scott qui, Jackson n'en doutait pas, serait contestée. La manière dont l'alpha chargeait Stiles était gênante, presque malsaine et le concerné n'était au courant de rien ! Alors forcément, c'était parler dans son dos et préparer son éviction sans qu'il soit au courant. Et puis, Scott n'avait-il pas dit, quelques minutes plus tôt, que son absence l'arrangeait car elle lui éviterait d'assister à ses « caprices » ? Non, définitivement, Jackson n'était pas d'accord, comme une bonne partie de la meute et nul doute que Derek saurait lui montrer qu'il était stupidement idiot de penser qu'une décision pareille pouvait arranger les choses, leur… Enlever un poids mort. Désigner Stiles de cette manière suffisait déjà à grandement faire baisser Scott dans l'estime du kanima, qui continuait d'avancer.

L'odeur était très forte d'un côté et en ouvrant la porte face à lui, Jackson fut surpris de voir la chambre de Derek. Elle était rangée, à une exception près : sur le lit légèrement défait d'un côté, un tas de feuilles partiellement noircies était éparpillées ici et là, un casque audio traînait au bord du lit et… Merde, cette odeur lui était quand même sacrément familière même si ici, des bribes d'angoisse dominaient avec un léger soupçon de chagrin, si léger qu'il était à peine détectable. Mais il ne connaissait pas grand-monde qui pouvait ressentir autant d'anxiété et dans sa tête se forma l'image d'un hyperactif bien connu allant et venant partout. Fronçant d'autant plus les sourcils en remarquant que l'odeur était particulièrement récente, Jackson sortit rapidement de la chambre et pista l'odeur. Il était encore à l'étage, à n'en point douter et il n'y avait pas beaucoup de pièces à vérifier.

C'est tout naturellement qu'il se dirigea vers la salle de bain sans plus porter la moindre attention à ce qu'il se passait en bas. Un seul mot voguait dans son esprit ou plus précisément, un seul nom. Et pourtant c'était improbable, parce que… Merde, qu'est-ce qu'il ferait ici ? Au loft ? Puis, pourquoi se cacherait-il ? Ou plutôt… Pourquoi Derek le cacherait-il ? Définitivement, il s'était passé quelque chose dont personne n'était au courant.

Jackson, arrivé devant la salle de bain, ouvrit la porte sans attendre sans se préparer mentalement. De toute manière, jamais il n'aurait pu imaginer ce sur quoi il allait tomber. Ni la présence de Stiles en elle-même qu'il avait déjà devinée malgré lui, ni l'aspect encore bien tuméfié de son visage, ni ses larmes coulant par dizaines, ni son pantalon relevé sur une cheville particulièrement enflée, ni cette explosion de douleur qui envahit ses narines surnaturelles, ni le choc et la peur surgissant de nulle part dans ses doux yeux ambrés.