- Assieds-toi et laisse-moi regarder, fit Derek une fois qu'il eut ramené Stiles dans sa chambre.
Le jeune homme semblait bouleversé et c'était il y avait de quoi. Le loup, de son côté, n'en menait pas large, mais il assumait. Pour lui, Stiles était sa priorité alors ses états d'âme à lui, il y ferait attention plus tard. L'adrénaline de la confrontation passée avec Scott étant encore là, il ne pensait que fugacement aux conséquences de sa décision – dont il savait qu'elle était immuable.
Une fois qu'il eut obligé Stiles à s'assoir sur le lit, Derek remonta son jogging jusqu'au genou et inspecta la cheville de l'hyperactif. Elle guérissait lentement et il le savait, mais ses déplacements immodérés pour aller le retenir l'avait faite gonfler un peu. Derek ordonna doucement à Stiles de ne pas bouger et descendit. Il passa outre tous les regards posés sur lui lorsqu'il traversa la pièce à vivre et ne fit absolument pas attention à la meute, qui était encore là. Une partie avait commencé à partir, mais il s'en fichait royalement et c'est une poche de glace à scratches à la main qu'il revint dans la chambre. Stiles n'avait pas bougé et il regardait dans le vide. Le loup s'accroupit face à lui et la lui accrocha à la cheville. Il rabaissa le jogging jusqu'à dissimuler la poche de glace à scratches et dit à Stiles qu'il devait absolument se ménager, s'il voulait que sa cheville guérisse. Mais l'hyperactif ne le regardait pas, ne l'écoutait pas vraiment et Derek sentait à son odeur que c'était mauvais. Toujours accroupi devant lui, les mains posées sur ses genoux un peu tremblants, Derek lui demanda ce qui lui arrivait même si au fond, il avait déjà sa petite idée. Stiles sembla sortir de son état léthargique et mima un stylo et une feuille. Comprenant tout de suite ce message auquel il commençait à être habitué, Derek lui passa le matériel adéquat et regarda la main abîmée de Stiles alors qu'il écrivait, encore et encore. Enfin, il alla s'assoir à côté de lui et passa un bras dans son dos, plus par instinct qu'autre chose. Après quelques temps, Stiles lui tendit fébrilement sa feuille déjà bien remplie.
« T'es con. T'es un gros con. Tu t'es bousillé ta place dans la meute. Pourquoi tu t'es entêté ? Je sais que j'aurais pas dû me montrer, j'en suis conscient, mais j'ai voulu t'éviter de faire une connerie ou plutôt, de la réitérer. Tu sais, j'aurais trouvé un moyen de te dédouaner de tout ça, d'éviter que tu sois lésé de m'avoir aidé et hébergé. Mais t'avais pas… T'avais pas à tout faire foirer.
La meute, c'est tout ce que t'as, tout ce que t'aimes. Pourquoi te niquer ta place pour moi ? Scott te portait une haute estime, pourquoi t'as détruit ça ? T'avais la chance d'être dans ses bonnes grâces. Il ne fallait pas me défendre, il fallait accepter sans broncher. De toute manière, que les gens l'acceptent ou non, il avait l'intention de me virer depuis longtemps. Puisque c'était déjà décidé, pourquoi se battre ?
Si tu te le demandes, j'ai entendu beaucoup de choses. Je sais bien évidemment qu'il veut me dégager comme je sais désormais qu'il m'a pris ma voix. Je ne sais pas comment il a fait et au fond, je crois que je ne veux même pas le savoir. Tout ce dont je suis sûr, c'est que je ne suis plus rien. La meute, j'y ai plus ma place et au final, je sais même pas si je l'ai déjà eue. Toi, tu l'avais. T'avais encore le loisir d'avoir cette deuxième famille que t'as toujours voulu.
Il ne fallait pas me défendre. Faire ça, c'est se condamner à finir à l'écart. Tu as bien vu comment j'ai fini, et ne va pas me dire que t'as envie de finir seul, comme un paria. T'as pas à subir ça, Derek. Tu mérites pas ça. Tu es génial, tu sais ? Les gens comme toi sont rares, mais ton aide a ses limites. Tu ne peux pas m'aider et me défendre au détriment de ta place à toi. Moi, je peux pas accepter ça. Tu ne peux pas finir seul. Je pense que si tu descends et que tu t'excuses maintenant, tu peux encore revenir en arrière. Scott avait l'air désespéré à l'idée de te perdre et je pense qu'il ne fera pas la fine bouche. Je t'en prie, Derek, ne gâche pas ta chance.
Moi, je… J'imagine que ça va aller. Je retournerai chez moi et je… Reviendrai au lycée. Avec la raclée que tu leur as mise, je doute qu'ils essaient à nouveau de me toucher. On ne sait jamais et si besoin, je ferai attention. Je me ferai discret. Si je me fais assez petit, peut-être qu'ils ne me verront pas ? »
Stiles se triturait les mains, grattait les croûtes de certaines de ses blessures. C'était tout ce qu'il avait trouvé à faire pour s'occuper durant la lecture de Derek. Se faire mal, sans que cela soit vraiment volontaire ni réellement nocif. Elles étaient vieilles, ces croûtes, et certaines n'attendaient qu'un petit coup de pouce pour dégager, ou un coup d'ongle, dans ce cas précis. Ça lui occupait l'esprit, lui évitait de trop penser à cette terreur qui le remuait.
Parce qu'il n'avait pas été complètement sincère.
Lorsqu'il retournerait chez lui et qu'il reprendrait le chemin du lycée, ça n'irait pas. Les brutes maltraitées par Derek étaient du genre tenace. Pour connaître ce genre de gars, Stiles pouvait affirmer sans peine qu'ils allaient chercher vengeance. Pas sur Derek car il les avait tous mis au tapis en un temps et trois mouvements, mais sur Stiles. Parce que c'était de sa faute à lui. S'il n'avait pas laissé tomber son sac, Derek n'aurait peut-être pas retrouvé sa trace ou du moins, pas aussi vite. S'il ne lui avait pas envoyé ce message lui demandant de venir le chercher, le loup ne serait probablement pas venu. Et qui sait ce qu'il serait advenu de l'hyperactif ? Cette fois-là, dans les vestiaires, ils y étaient allés plus fort, plus durement, si bien qu'il aurait pu mourir. Parce qu'il avait perdu connaissance, et ils avaient continué. Quand se seraient-ils arrêtés ? Quand son cœur aurait cessé de fonctionner ? Un coup à la tête un peu trop fort, un éclatement contre le sol incontrôlé… Ils avaient soif de sang alors même que personne ne savait ce qui lui arrivait. Maintenant qu'une main lui avait porté secours en les envoyant dans le décor, à quel point ses agresseurs avaient soif de sang ? A quel niveau était-elle ? Voilà qu'il y repensait, et c'était bien malgré lui. Intérieurement, il se força à ne pas se laisser envahir par cette peur viscérale alors que celle-ci pouvait aisément alerter Derek et son odorat lupin. Il ferma les yeux, histoire de s'aider à réfléchir, mais l'inverse se produisit. Au lieu de se retrouver dans sa tête pour songer dans le calme, des images de ses nombreuses agressions se mirent à ressurgir. Il se vit, encore et encore, ployant sous les coups de ces lycéens que personne ne suspectait. Il se vit ouvrir la bouche pour tenter d'hurler. Il se vit rentrer chez lui après avoir bien vérifié que la voiture de son père ne se trouvait pas dans l'allée. Il se vit, dans la salle de bain, nettoyer honteusement ses blessures. Il se vit, le matin, rassembler le peu de courage qu'il avait encore pour sortir de son lit, retourner en enfer.
Oui, il pourrait en parler à son père, mais pour quoi faire ? Noah Stilinski avait bien assez de soucis comme ça et Stiles n'avait pas l'intention d'en rajouter, d'autant plus que son paternel avait eu un AVC il y a quelques mois. Depuis, l'hyperactif s'était juré de ne pas lui causer de souci, par peur que son cœur ne lâche trop vite. Le shérif était de ces gens qui en voyaient sans arrêt de toutes les couleurs et son métier ne l'aidait franchement pas à se détendre. A cela s'ajoutait ses problèmes d'argent, ses dettes envers l'hôpital et Eichen House, raison pour laquelle il enchaînait les heures supplémentaires. Être shérif c'était bien sympa, mais cela ne payait pas tant que ça, si bien que Noah s'épuisait à la tâche. Alors comment réagirait-il en voyant son fils ainsi ? En sachant qu'il était battu au lycée ? En apprenant que son mutisme était désiré par un idiot et la manœuvre, irréversible ? Cela ferait beaucoup, bien trop pour son cœur de père.
La seule chose que Stiles pouvait donc faire, c'était de se taire et prendre sur lui, encore. Il aimait trop son père pour le torturer de la sorte. Il rouvrit les yeux et regarda ses mains. Ça, il ne pourrait pas lui cacher. Que pourrait-il lui sortir ? La vérité, sans doute. Celle-là ne blessait pas, à condition qu'il l'édulcore au maximum. Il s'était énervé, avait tapé comme un fou dans son bureau. De toute manière, il avait déjà dû voir l'état catastrophique de sa chambre. Pourquoi ne lui avait-il encore rien dit ? Pourquoi Stiles n'avait-il encore reçu aucun message visant à l'engueuler pour ça ? Sans doute Noah était-il trop occupé pour aller à l'étage, dans cette pièce appartenant à son fils, ce sanctuaire qu'il n'approchait pas souvent.
Stiles sursauta et baissa les yeux sur l'une de ses mains, devenue subitement chaude… Parce que celle de Derek s'était mise à l'entourer. Il la serra doucement, avant d'entrelacer leurs doigts. Le jeune homme releva les yeux vers son aîné qui le regardait avec une tristesse infinie. Au départ, Stiles ne comprit pas et son mal-être l'empêcha de réfléchir à la raison pour laquelle Derek n'enfilait pas son masque habituel celui qui filtrait ses émotions et ne les laissait, la plupart du temps, qu'à peine apparaître.
- Si tu crois que je vais te laisser tomber ainsi, tu te trompes.
La voix du loup était grave, caressait son cœur meurtri avec ce petit quelque chose qu'il commençait à avoir l'habitude d'entendre, si bien que Stiles se sentit d'un coup bien fébrile. Il eut envie de se pencher, de poser sa tête sur l'épaule de Derek, épaule dont il avait, il le savait, terriblement besoin. Quand il y pensait, il était le seul et le premier à lui avoir tendu la main, Lydia ayant suivi, mais différemment. Pourquoi ? Pourquoi s'entêter ainsi à vouloir… L'aider ? Stiles avait tant souffert qu'il ne comprenait plus et le peu de progrès qu'il avait fait ces derniers jours avait volé en éclat.
A cause de Scott.
Son meilleur ami, son frère, celui avait qui il avait toujours tout partagé. Il l'avait aidé, chaque fois qu'il avait pu. Il avait été là pour lui, chaque fois qu'il avait eu un souci. Il avait essayé de ne pas trop l'embêter, dès qu'il avait perdu sa voix, se renfermant sur lui-même pour ne pas le gêner. Et aujourd'hui, qu'apprenait-il ? Que le latino le virait de la meute sans sommation et qu'il lui avait volé sa voix. Détruit sa vie. Intentionnellement. C'était fou ce que la vie pouvait être cruelle. Pourquoi avait-elle retourné son frère contre lui ? C'était sans doute le plus douloureux. Parce que personne d'autre que Scott ne pouvait lui faire mal de cette manière, le briser aussi facilement. Oui, il n'y avait que Scott pour faire ainsi baisser la maigre confiance de Stiles. Cette confiance en lui qui le maintenait à peine à flot et que Derek s'efforçait d'agrandir.
Sentant plus que de raison la tristesse et la souffrance de son protégé, Derek le prit tout naturellement dans ses bras et l'enferma dans une étreinte qu'il savait nécessaire. Stiles avait envie de résister, de ne pas profiter plus que nécessaire, mais son épuisement mental l'obligea à se blottir contre ce loup qui l'aidait tant. Et il posa enfin sa tête sur son épaule, ce soutien inébranlable. Il s'abandonna sans arriver à résister. Les bras et la présence de Derek… Etaient traîtres.
- Je ne regrette pas ma décision, Stiles.
Si entendre cela lui mettait du baume au cœur, l'hyperactif n'arrivait pas à se faire à cette idée et continuait de se dire que c'était une erreur. Oui, il était content de ne pas être le seul à ne plus faire partie de la meute mais à côté de cela, Derek passait à côté de ce qu'il avait toujours voulu. Et c'est ce qu'il tenta de lui faire comprendre en relevant la tête vers lui et en le fixant d'un air triste. En réponse à cela, l'une des mains de Derek partit en exploration dans ses cheveux châtains et un faible sourire naquit sur ses lèvres. Il était conscient du poids de sa décision et des conséquences qui en découlaient.
- Je suis sûr de moi, Stiles et je ne changerai pas d'avis.
L'hyperactif aurait voulu lui dire qu'il s'était précipité inutilement et qu'il aurait dû réfléchir, mais la barrière du silence qui lui était imposé l'en empêcha. A la place, il se pelotonna d'autant plus contre le loup qui resserra doucement son étreinte pour lui.
- De ton côté, j'aimerais que tu arrêtes de te fustiger et de te voir comme un nuisible. Tu ne l'es pas, Stiles. Tu as bien plus de valeur que tu ne le penses et Scott ne peut pas te l'enlever. Tu sais quoi ? Il est jaloux.
Stiles songea aussitôt que cela ne pouvait pas être possible, pour la simple et bonne raison que Scott avait tout : une famille sans trop de problème – Raphaël et Melissa s'étaient non seulement réconciliés, mais aussi remis ensemble –, une petite-amie qui l'aimait, une meute aux liens forts, un pouvoir de réunion hors du commun, des amis en or… Oui, Scott avait tout. Lui, n'avait plus rien. Derek était encore là, mais ce n'était qu'une question de temps avant qu'il se rende compte de son erreur. A son tour, il s'en irait, tenterait de se racheter auprès de Scott avant que sa vie ne reprenne son cours normal. Et lui, lui… Stiles avala péniblement sa salive devant ce futur de plus en plus incertain. Combien de temps tiendrait-il, physiquement parlant ? Mentalement, il s'effondrait déjà petit à petit et ne tenait que par la force du désespoir et de cet attachement fort à son père, mais aussi à Derek. Stiles trouva alors que le mot employé par le loup était juste : s'il se voyait comme un nuisible, c'était bien parce qu'il en était un. Il repensa à la dernière absurdité lâchée par Derek : Scott, jaloux de lui ? La bonne blague…
- Tu sais, tu ne te vois peut-être pas comme moi je te vois, mais tu es extraordinaire et je suis désolé que tout ça t'ait autant fait perdre confiance en toi.
Stiles secoua la tête : il n'était pas du tout extraordinaire.
Derek reprit :
- Mais je suis sûr qu'un jour tu changeras d'avis et que tu te rendras comptes que tu es bien meilleur que tu ne l'imagines. Tu as un impact sur les gens, Stiles. Juste en étant là, tu arrives à les changer.
Mon cul oui, pensa l'hyperactif alors qu'il sentait sa gorge se serrer. Oui, il y arrivait : les gens se rendaient compte, grâce à son mutisme, qu'ils étaient bien plus libres et tranquilles sans lui. Dans ce sens-là, oui.
- Et moi, je ne te laisserai pas partir. Tu vas rester ici, Stiles. Il est hors de question que je te laisse partir et que tu retournes en cours. Non seulement tu n'es pas en état, mais en plus tu n'es pas prêt. De mon côté, je ne peux pas te laisser y aller sans avoir la garantie que tu seras tranquille. Le lycée, c'est fait pour étudier en toute sérénité. Ce n'est pas un endroit où tu es censé avoir peur de te faire tabasser au détour de chaque couloir.
Derek parlait beaucoup et le pire, c'est qu'il n'en avait toujours pas l'habitude. Toutefois, il se sentait obligé de le faire, parce que Stiles pensait de la mauvaise manière et il savait qu'à force de lui parler ainsi, il lui ferait entendre raison. La déconstruction de tout ce qui l'avait brisé était lente, mais il était certain qu'il arriverait à faire table rase de tout ça. Et qu'il se reconstruirait. Derek l'aiderait, toujours.
Stiles baissa la tête, se mordit la lèvre. Il ne voulait pas que Derek le regarde, qu'il puisse voir l'effet que ses paroles avaient sur lui. Il ne voulait pas accepter qu'il puisse avoir raison, parce que cela signifierait qu'il lui avait empoisonné l'existence et que le loup ne reviendrait pas sur sa stupide décision. Il ne se rendait définitivement pas compte d'à quel point elle le détruirait. Que ferait-il, sans meute, sans attache ? Comment vivrait-il la solitude ? Un loup-garou était un être sociable qui avait besoin d'une meute, d'une attache. Autrement, il deviendrait un omega solitaire bouffé par son mal-être. Stiles en avait déjà vus, et beaucoup. Ils devenaient agressifs, sauvages, mal aimés, isolés comme des parias.
Comme lui, à la différence que son humanité le protégeait un peu de tout ça. Il n'était pas devenu agressif, mais craintif. Pas sauvage, mais renfermé. Pas mal aimé, mais oublié. Pas isolé, mais remis à sa place.
Stiles cacha son visage comme il le put à l'aide de sa main libre et pria pour que Derek ne sente pas l'odeur de ses larmes, qu'il ne l'oblige pas à relever la tête, tout comme il pria pour qu'il descende et répare son erreur.
Mais Derek se contenta de le serrer contre lui et de déposer un doux baiser dans ses cheveux. Redescendre, il n'en avait pas l'intention. Laisser Stiles, encore moins. Les autres, il n'en avait rien à faire. Il leur avait donné de son temps, il était temps qu'il accorde celui-ci à l'hyperactif, qui en avait réellement besoin. Le loup n'était pas dupe : il savait pertinemment que ce que Stiles pensait. Il commençait à avoir l'habitude de sa personnalité, de son mental détruit, de son avis altéré par ses émotions. Après ces quelques jours à habiter avec lui, il avait d'ores et déjà appris à le connaître.
- Tu es en sécurité, lui rappela-t-il.
Stiles tressauta et Derek sut qu'il avait fait mouche. Dans ces moments d'incertitudes, l'hyperactif avait besoin qu'on lui rappelle ce qui n'était rien d'autre qu'un fait, qui pour lui n'était pas encore bien réel. Il resserra son étreinte et remua son cœur :
- Je te protège. Concentre-toi sur ta guérison, le reste n'a pas d'importance.
Stiles ne put retenir le sanglot silencieux qui secoua ses épaules. Il était brisé, brisé mais plein d'espoirs après que son cœur ait été martelé par Scott et ses révélations.
- Stiles, lève la tête. Hey, Stiles, allez, regarde-moi…
Sa voix était devenue douce, si douce que le susnommé ne put même pas tenter de résister. Ses yeux rougis apparurent au loup qui, bien sûr, avait senti l'odeur de ses larmes bien avant qu'elles ne surviennent. Sa main remonta jusqu'à son visage et essuya les gouttes ayant déjà fait leur chemin avec une douceur infinie. Parce que Stiles lui donnait envie de se pencher sur ce terrain-là, d'être ce qu'il n'avait jamais osé imaginer être. Avec lui, il voulait être doux, prendre le temps de faire les choses. Lui qui était toujours impatient désirait aller lentement. Caresser, doucement. Câliner, tendrement. Plus par instinct qu'autre chose, Stiles poussa sa joue dans la main de Derek, comme un petit chat en demande d'amour. Ce qui était, en soi, le cas. Oh oui, d'amour il avait besoin, sans savoir qu'il en était de même pour son vis-à-vis.
Et puis, il se rendit compte que Derek lui avait manqué. Tout le long de cette réunion, Stiles avait été seul mais s'était aussi senti seul. Avant que la meute ne commence à débarquer, il avait partagé un moment fort agréable avec Derek et même s'il n'avait jamais imaginé qu'ils puissent s'embrasser avant l'autre jour où ils avaient sauté l'un sur l'autre, il en avait envie, encore. Oui, les lèvres du loup lui avaient manqué mais le plus important pour lui, c'était sa présence. Et il était là, il était revenu. Il allait souffrir par sa faute, l'on ne lui pardonnerait sans doute jamais plus sa décision, mais… Mais il était là. Doucement, ses paroles montèrent à son cerveau et commencèrent à avoir un écho, à faire partiellement sens. Oui, il comprenait ce qu'il avait voulu dire, maintenant il ne lui restait plus qu'à l'accepter, ce qui n'était pas simple. Et puis les mots de Scott trottinaient librement dans sa tête, aussi douloureux que perfides.
Mais Derek lui fit tout oublier : ses doutes, sa tristesse, Scott, sa culpabilité, sa souffrance… Tout. Et il eut juste à déposer ses lèvres sur les siennes avec une douceur dépassant l'entendement. Stiles ne chercha, une fois de plus, pas à résister. Ce contact, il en avait besoin tout autant qu'il lui devenait vital. Sans hésiter et sans faire cas de ses yeux mouillés, il ferma ceux-ci et se colla lentement complètement contre son loup. Son loup. Le seul qui l'avait remarqué au moment où les autres l'oubliaient. Le seul qui avait passé outre son mutisme. Le seul qui plaçait son bien-être au-dessus du reste.
Derek finit rapidement décoiffé et Stiles connut rapidement le même sort. Sans plus attendre, le loup allongea son précieux fardeau sur le lit, s'allongea sur lui. Il s'appuya sur ses coudes pour éviter de lui faire mal mais continua de l'embrasser avec une tendresse qui ne laissait pas la place au doute : il n'était pas juste attiré par l'hyperactif. Le sentiment qui menait ses actions et qui le dirigeait à la baguette était bien plus profond qu'il ne l'imaginait. Ce sentiment avait trouvé son semblable à l'intérieur de Stiles, si bien qu'ils agissaient l'un avec l'autre comme des aimants.
Sans qu'aucun mot ne soit prononcé ou écrit, les deux jeunes hommes s'enlacèrent, s'embrassèrent sans concession. Stiles rejeta la tête en arrière, offrit son cou à Derek qui se fit un plaisir de le parcourir de baisers. Le souffle erratique, il finit par quémander d'instinct les lèvres du loup, qui les lui accorda sans même chercher à savoir ce qu'il voulait. C'était comme s'ils se comprenaient, comme s'ils savaient l'un et l'autre ce dont ils avaient besoin. C'est ainsi que la nudité les guetta. Sachant fort bien que toute la meute n'avait pas encore déserté le loft, les amants ne divaguèrent pas. Leurs vêtements finirent au sol, oui, mais ils furent raisonnables. Les jambes entrelacées sous les draps, les membres s'effleurant de temps à autres, Derek et Stiles apprenaient à apprécier le simple peau contre peau, la caresse sans artifice, la tendresse d'un contact naturel. Le reste, ils y viendraient, c'était certain et si Derek n'avait pas à cœur de faire quelque chose de spécial, il aurait pris Stiles bien vite, avant même que le loft ne soit complètement vide. Mais il voulait faire les choses bien. Tout arrivait en son temps, et le loup considérait qu'il était trop tôt pour profiter sans vergogne des plaisirs de la chair. Pour l'heure, l'un comme l'autre voulait simplement profiter de ce qu'ils avaient.
De la tendresse, sans rien pour les séparer, pas même l'ombre d'un caleçon en coton.
xxx
Lorsqu'il dormait, le visage de l'hyperactif était complètement apaisé et les bleus n'entachaient rien à sa beauté. Les doigts de Derek allaient et venait avec tendresse sur sa joue encore bien abîmée. En fait, ils la survolaient pour éviter de lui faire mal et lorsque l'harmonie de son visage était brisée par une quelconque grimace témoignant d'une douleur rémanente, Derek enroulait sa main autour de son poignet, quand il ne la posait pas au creux de ses reins et il prenait sa souffrance sans ciller, parce c'était ce qu'il fallait faire. Il le devait. Cela ne lui coûtait rien : la douleur de Stiles traversait son corps l'espace de quelques secondes avant de s'évaporer dans son organisme. Derek avait déjà vécu la torture, alors cette souffrance-là lui était largement supportable. Et puis s'il pouvait soulager un peu son protégé, il préférait le faire le plus souvent possible. Ressentir le moins possible sa douleur peut l'aider à guérir un peu plus vite, même si Derek allait devoir continuer de le surveiller. Stiles ne parlait peut-être plus, mais il restait hyperactif. Il avait, pour ainsi dire, la bougeotte. Si ce fait ne dérangeait en général plus Derek, le fait que ladite bougeotte ralentisse la guérison de sa cheville l'embêtait. Il gardait à l'esprit ce Stiles complètement renfermé sur lui-même qui taisait sa douleur, au point que le loup n'avait pris conscience de l'état de sa cheville que tardivement. Par chance, ses efforts payaient : elle dégonflait petit à petit malgré la légère rechute qui avaient eu lieu lorsque Stiles était intervenu durant la réunion pour le retenir.
Dans son sommeil, Stiles se pelotonna de manière adorable contre Derek qui, pour la première fois depuis longtemps, laissa un sourire fugitif étirer doucement ses lèvres. C'était quelque chose de court, de tendre, de sincère. Un de ces sourires solaires si rares qu'ils étaient élevés au rang de trésor. Si Stiles avait eu les yeux ouverts à ce moment-là, nul doute qu'il se serait émerveillé devant ce spectacle qu'il aurait élevé au rang de miracle. Il se serait alors senti chanceux car ce genre de sourires, Derek les réservait pour les grandes occasions, et encore. Ce sourire était dû à une seule chose, que le loup ne désirait pas encore nommer. C'était bien trop tôt et il avait besoin d'y réfléchir encore. Pour autant, ce n'était pas sa priorité.
Pour l'instant, il préférait simplement profiter de ce moment de calme bienvenu après cette réunion éprouvante, la souffrance mentale de Stiles qu'il avait essayé de réduire à son maximum, à coup de mots et d'étreintes. A force de douceur, Derek était persuadé qu'il pouvait lui faire entendre raison et il était, à l'heure actuelle, certain que quelque chose avait changé dans la réflexion du bel endormi. Alors, il ne se mit pas la pression et se contenta de serrer ce corps nu et chaud contre le sien. Il remonta légèrement le drap en apercevant la peau de son amant se couvrir de frissons malgré la chaleur de son corps à lui. Enfin, il déposa un baiser sur son adorable nez retroussé et ferma les yeux à son tour, imaginant déjà leur prochain balais, leurs prochaines étreintes, leur prochain déchaînement de passion.
xxx
Derek regardait Stiles avec un mélange d'envie et d'admiration. L'hyperactif était assis et venait de s'étirer de manière féline, au bord de son lit, dans sa tenue la plus pure. Le loup avait ainsi le loisir d'observer son dos et la courbure de ses fesses sans retenue. Il ne voyait que sa peau constellée de cette adorable multitude de grains de beauté qui commençaient à le faire fantasmer. D'humeur légère, il se fit la réflexion qu'il devait se réserver un moment pour les compter. En fait, il était en admiration devant le corps de son amant, dont il ne faisait pas attention aux nombreux hématomes qui persistaient par endroit, notamment parce que pour lui, aucune de ces blessures n'enlevait quoi que ce soit à cette beauté naturelle qui était la sienne. Objectivement, Stiles n'était pas un apollon, pas non plus un mannequin, mais c'était justement ça qui l'attirait. Sa simplicité faisait son charme, que ce soit physiquement ou au niveau de sa personnalité qui, il s'en rendait peu à peu compte, le faisait fondre. Il avait dû se passer trois bonnes heures depuis que Derek s'en était allé de cette réunion de pacotille et plus le temps passait, plus le loup-garou se sentait léger, comme si sa décision l'avait libéré de certaines chaînes qui le privaient de cette liberté. Pourtant, il n'avait pas fait grand-chose, il avait juste quitté la meute. Et ce simple fait l'allégeait d'un poids fou.
Puis dans un sens, ainsi, il ne laissait pas Stiles seul.
Parfaitement conscient que malgré le remue-ménage dont il était à l'origine, Scott ne reviendrait pas sur sa décision, Derek se disait qu'au moins, l'hyperactif ne serait pas isolé : ils seraient deux et ils s'entraideraient. Mais Stiles avait raison sur un point. Une meute était, en effet, ce que Derek avait toujours voulu, et se séparer de celle qu'il avait longtemps aidé à construire lui faisait quelque chose, c'était certain. Oui, il avait mal au cœur, oui, le manque se ferait ressentir. Mais il ne s'inquiétait pas et surtout, les regrets étaient loin. La légèreté qui le détendait ainsi n'était pas trompeuse, bien au contraire. Il avait confiance en son instinct, qui était en grande partie responsable de cette décision pour le moins surprenante. Il était persuadé que Stiles ne serait pas la seule victime de l'égoïsme sélectif de Scott. Qui sait, peut-être lui-même était-il déjà sur la liste de l'alpha ? En tous les cas, il avait préféré prendre les devants et ça lui allait parfaitement.
Derek suivit Stiles des yeux lorsque celui-ci se leva et commença à enfiler son boxer précédemment à terre, comme le reste de leurs vêtements. Doucement pour ne pas le surprendre, le loup se leva à son tour et vint l'enlacer par derrière. Ses bras s'enroulèrent autour de la taille pas si gracile que ça de Stiles, avec un naturel qui dépassait l'entendement. Son menton, quant à lui, trouva sa place sur l'épaule de son amant. Une épaule un peu plus osseuse qu'il ne devrait l'être, d'ailleurs. Maintenant qu'il y songeait et qu'il les voyait, Stiles et lui, dans le miroir de plein pied à côté de son lit, il trouvait l'hyperactif un peu fin. Il savait que son début de maigreur n'était pas récent et qu'il avait même commencé à se remplumer ici. Néanmoins, constater un autre des aspects de la lente descente aux enfers de Stiles le navrait, si bien qu'il se promis de faire en sorte que toutes ces choses ne soient plus que de lointains souvenirs pour l'un comme pour l'autre. Il préféra alors se concentrer sur le positif, un aspect plutôt nouveau de sa personnalité, dont Stiles était, sans le savoir, le créateur. Derek, faisant abstraction de cette maigreur qui lui pinçait le cœur, regarda la paire qu'ils faisaient. Il se vit, lui, complètement nu, entourant la taille de Stiles de ses bras, ce jeune homme uniquement vêtu de son boxer. Sa cheville était encore gonflée et ses jambes, constellées de bleus. Son torse ne payait pas de mine tandis que ses bras et ses mains témoignaient de ses pauvres tentatives pour protéger ce visage pas tant épargné que ça.
Mais ce que retint Derek, dans cet inédit élan de positivité – et d'autre chose –, ce fut cette beauté qui le transcendait à nouveau. En fait, il redécouvrait ce jeune homme qu'il avait appris à apprécier et qui partageait déjà plus ou moins son lit depuis qu'ils avaient échangé leurs premiers baisers.
- Tu es sublime, souffla-t-il sans trop se contrôler.
C'était un fait qu'il n'avait pas honte d'énoncer. Il apprécia les rougeurs qui naquirent sur les joues un peu trop colorées de l'hyperactif, des joues que les ecchymoses n'arrivaient pas à masquer complètement. Son air gêné et un peu confus le combla. Stiles était vraiment adorable. Il n'y croyait peut-être pas, mais Derek pensait ce qu'il disait. Doucement, l'hyperactif se retourna dans les bras du loup et lui lança un regard peu convaincu, du style « tu ne sais pas vraiment ce que tu dis ». Derek ne savait pas si sa traduction était bonne, mais il la prit ainsi et ne répondit rien. Il faudrait du temps à Stiles pour comprendre qu'il pouvait plaire, même si les nombreux baisers et étreintes qu'ils avaient partagé étaient un indice gros comme le monde de ce fait. Stiles se mit sur la pointe des pieds, fit de son mieux pour ne pas trop appuyer sur sa cheville – Derek le tuerait sinon – et déposa délicatement sa bouche sur celle du loup, qui l'embarqua dans un baiser d'une tendresse incommensurable.
Ce fut la faim qui poussa, quelques minutes plus tard, les deux jeunes gens à se vêtir pour descendre. Si Derek renfila les vêtements qu'il portait précédemment, Stiles soupira à l'idée de renfiler les siens, qui n'étaient pas des plus confortables. Le loup, qui avait fait de la place dans un de ses placards pour son protégé, permit à celui-ci de se saisir d'un jogging large et léger. Mais Stiles fut bien plus indécis en termes de haut, si bien que le loup lui passa tout naturellement l'un de ses pulls à lui, sans se soucier nullement de la symbolique sous-jacente de son geste. C'est ainsi que l'hyperactif enfila un agréable pull gris nuage dont l'odeur des bois lui ravit les narines. Stiles lança un petit sourire sincère à son hôte en guise de remerciements, puis Derek le fit prendre appui sur lui pour marcher. Stiles pouvait se déplacer seul, mais le loup n'avait aucunement l'intention de le faire forcer sur sa cheville blesser, alors s'il pouvait aider… Et puis, ce n'était pas désagréable de sentir le corps de l'hyperactif contre le sien, ses mains serrant son bras. Les escaliers ne furent pas une partie de plaisir, à tel point que Derek se demanda s'il ne devrait pas installer un matelas en bas le temps que la blessure de Stiles guérisse correctement. Il devait limiter davantage les montées et les descentes qui ne lui apportaient rien de bon. Il entendit d'ailleurs Stiles lâcher un discret soupir de soulagement lorsqu'ils eurent passé la dernière marche. A son visage détendu, il était clair qu'il n'avait pas conscience du fait que Derek avait non seulement entendu son soupir, mais qu'il en avait également pris note. L'idée du matelas se fit une plus grande place dans son esprit. Il rendrait bien, là-bas, devant l'immense baise vitrée, s'il bougeait la grande table, et… Du mouvement et du bruit attirèrent son attention.
Les talons de Lydia claquaient contre le vieux parquet du loft. Elle venait de sortir de la cuisine, une tasse de café fumant à la main. En voyant les deux jeunes hommes dans le salon, elle esquissa un grand sourire et releva ses yeux orageux pour les ancrer dans ceux de Derek qui, comme Stiles, la regardait d'un air médusé.
- Je me suis servie, tu ne m'en voudras pas, lâcha-t-elle avant d'avaler une gorgée de son breuvage corsé.
Elle faisait souvent ça, et il ne lui en voulait pour ainsi dire… Jamais. Lydia était Lydia : elle se servait dans la limite du raisonnable et se sentait ici chez elle.
- Qu'est-ce que tu fais là ? Finit par articuler Derek, qui pensait trouver le loft complètement vide.
N'était-ce pas ce qui était censé être arrivé depuis la fin de la réunion ? Passée celle-ci, plus personne n'avait rien à faire ici, pas même Lydia. Stiles et Derek étaient désormais élevés au rang de parias, de solitaires : sans meute, ils devaient se débrouiller seuls et il était de coutume qu'ils coupent complètement les ponts avec cette famille qui n'était plus la leur. Lydia avait longuement étudié les us et coutumes des meutes, notamment en compagnie de Stiles, elle était donc au courant de ce fait. C'est pour cette raison qu'il se tendit et son étreinte autour de Stiles se raffermit. Lydia avait beau avoir été de son côté durant la réunion, ils faisaient désormais partie de deux mondes différents qui ne devaient pas se mélanger. A ce moment précis, Derek oublia la magie des heures passées avec Stiles, ces heures où la liberté menait ses gestes. Il ne voulait pas risquer d'attirer l'attention de Scott maintenant qu'il ne faisait plus partie de sa meute. Pourquoi diable Lydia était-elle donc ici ? Pour lui transmettre un message ? Pour essayer de le convaincre une dernière fois de rester ? Pourtant, elle avait été de son côté, elle ne devait donc pas…
- Qu'est-ce qu'on fait là serait plus juste, corrigea-t-elle.
Sans cesser de la regarder avec étonnement, Derek mena Stiles jusqu'au canapé, où il le fit s'assoir. Nouveau soupir de soulagement : Stiles ne faisait pas part de sa douleur, mais elle continuait de mener la danse. Discrètement, Derek enroula ses doigts autour de son poignet et la lui prit rapidement.
De nouveaux bruits de pas se firent entendre et Jackson fit son entrée dans le salon, tenant dans sa main, comme Lydia, une tasse de café.
Que Lydia et Jackson soient là était une chose : qu'ils se servent l'un et l'autre comme s'il n'était pas là en était une autre. Etait-ce pour marquer le loft comme faisant partie du territoire de la meute ? Pourtant, ils étaient intègres et ne s'abaisseraient pas à cela, surtout après avoir pris son parti devant Scott. Sentant le stress gagner Stiles qui faisait de son mieux pour garder un air le plus neutre possible, Derek posa sa main sur sa cuisse. Le message était clair : il se préoccupait de Stiles, plus que du reste. Aux yeux de Lydia, il traduisait plutôt un « ne le touchez pas, sinon je vous bute ». Le geste de possession était sans équivoque et leur proximité, bien plus grande que les deux exs ne pouvaient l'imaginer, même si la plus imaginative des deux avait sa petite idée là-dessus.
- Détendez-vous, on n'est pas là pour de mauvaises raisons, tenta de les rassurer Lydia.
D'une démarche aussi légère que gracieuse, Lydia s'installa sur le fauteuil à droite du canapé tandis que Jackson, nonchalant, choisir celui de gauche. Derek et Stiles se retrouvèrent ainsi entourés par le kanima et la banshee. Il y avait de la place sur le canapé, assez pour contenir quatre personnes de plus : cependant, on leur laissait de l'espace. Stiles, de son côté, se ratatina sur sa place mais ne se serrait pas contre Derek. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait, simplement… S'il pouvait, de son côté, éviter d'empirer la situation et que l'on pense qu'il était trop proche de Derek… Bien sûr, il savait que Lydia n'était pas de cet avis. Néanmoins, il restait Jackson qui n'avait, au final, pas trahi sa présence durant la réunion. Si songer finalement à ce fait le surprit, il ne fit pas mine de vouloir le signifier et pour être honnête, il ne voulait pas déranger en quémandant de quoi écrire pour transmettre ses pensées et son avis.
Ce n'était pas la peine.
A cette idée, il se sentit un tantinet… Triste. Légèrement, tout simplement car il avait décidé, pour l'instant, de s'interdire de l'être trop. Derek avait un très bon odorat de par son statut de loup-garou et Stiles n'avait pas envie de continuer de se ridiculiser, surtout que son loup voulait qu'il se concentre sur sa guérison, alors… Alors il mettait comme il pouvait les souffrances de son mutisme de côté. Il en voudrait à Scott, plus tard. Pour l'instant, tout s'enchaînait et Stiles sortait à peine d'un moment de calme et de pur bonheur alors il tenait à ne pas tout gâcher en pensant trop à ce qui le minait. Mais déjà, la présence de Lydia et Jackson ruinait ses plans. Il ne voulait pas les affronter, même s'il savait que Lydia l'aidait à sa manière, notamment en lui apportant régulièrement ses cours. Puis Jackson n'était pas méchant non, plus et s'il devait lui faire du mal, il l'aurait déjà fait… Non ? Alors oui, le stress était ce qui sortait le plus facilement pour lui. Et ça, il ne pouvait pas empêcher Derek de le capter. Oh, il aimerait bien que celui-ci retire sa main de sa cuisse, ne serait-ce que pour sauver les apparences. Malgré tout, il n'arriva pas à s'obliger à l'attraper pour l'en éloigner. S'il ne pouvait pas se blottir dans ses bras, il avait tout de même besoin de son contact pour tenir. Pour ne pas penser au fait qu'il ne se sortirait jamais de cette situation et que ses anciens amis avaient le pouvoir de le faire angoisser sans limite.
- N'essayez même pas de me faire revenir sur ma décision, les prévint Derek d'un ton qui n'appelait aucune contestation.
De fait, il resserra légèrement la pression de sa main sur la cuisse de Stiles. Sa décision était intimement liée à lui, oui, mais pas seulement. Dans tous les cas, il ne le laisserait pas seul et même si ces deux adolescents avaient été de son côté, ils pouvaient très bien essayer de répandre la bonne parole de Scott, qui pouvait très bien le leur avoir ordonné.
Lydia se mit à rire ou plutôt, à glousser. Jackson, quant à lui, se contenta d'un rictus.
- On n'a pas le moins du monde l'intention d'essayer de la changer, l'informa le kanima. Au contraire.
Derek ne cacha pas sa surprise et Lydia, bien enfoncée dans ce fauteuil qu'elle avait toujours trouvé très confortable, songea que le loup était de plus en plus expressif. Il n'y avait pas photo : le Derek qu'elle avait connu à sa découverte du surnaturel était un mur. Celui qu'elle avait appris à connaître par la suite laissait à peine apparaître ses émotions. Mais depuis que Stiles était là… Oui, la différence était on ne peut plus flagrante et c'était pour le mieux. Elle préférait ce Derek-là, celui qui ne se cachait pas derrière une dureté de façade. C'était un homme bon et très humain qui avait simplement dissimulé son humanité derrière un masque de pierre à cause de tous les malheurs qui lui étaient tombés dessus.
Et Stiles continuait sans le savoir ce que le temps avait commencé.
Pour la banshee, il était clair que les deux jeunes hommes avaient un effet positif l'un pour l'autre. Néanmoins, comme Jackson, elle n'oubliait pas les révélations de Scott, comme elle n'oubliait pas que Stiles ne parlerait plus jamais.
- Nous avons nous aussi quitté la meute, finit-elle par lâcher.
Comme pour corroborer ses paroles, Jackson hocha la tête. Stiles et Derek ouvrirent les yeux en grand. Et le loup ne put faire autre chose que balbutier ceci :
- Mais que… Enfin…
- On a eu le même cheminement de pensée que toi. Si Scott vire des gens sans motif, qui nous dit qu'on ne sera pas les prochains ? Fit Jackson. S'il a été capable de faire du mal à Stiles, il est capable de tout. Et moi, d'un alpha comme ça, j'en veux pas.
Son ton s'était durci et la tension de ses émotions tendait ses traits au point de donner l'impression d'avoir affaire au Jackson d'autrefois : celui qui, torturé par cette idée qu'il avait d'être parfait, s'en prenait aux autres, semblait perpétuellement de mauvaise humeur, ne savait pas décocher autre chose que des sourires arrogants ou des regards glaciaux. Effectivement, Jackson ne voulait plus d'un alpha tel que l'était Scott, mais ce qu'il ne disait pas, c'était l'horreur qu'il ressentait face à ce qu'il avait fait. Lydia et lui avaient eu le temps de discuter durant « la sieste » de Stiles et Derek. Ils s'étaient notamment mis d'accord sur le fait de ne pas épiloguer sur le manque de solution face à la situation de Stiles. Sachant qu'ils allaient parler face à Derek comme à l'hyperactif, il valait mieux remuer le moins possible le couteau dans la plaie. Selon eux, Stiles nourrissait l'espoir de la retrouver un jour malgré les mots de son ancien meilleur ami et ceux-ci avaient dû lui causer un sacré choc. Il ne fallait donc pas insister là-dessus pour le moment, histoire de le préserver un peu. Ce qu'ils devaient faire, en revanche, c'était l'épauler, lui montrer qu'ils pouvaient être là pour lui malgré leurs erreurs, leur oubli de sa personne. Lydia avait informé Jackson de l'histoire dans les grandes lignes après le départ des autres. Le kanima l'avait presque suppliée de lui dire ce qui était arrivé – même si les blessures de Stiles lui donnaient une vague idée de la chose – et la banshee s'était exécutée, sans trop entrer dans les détails.
- Et Scott… Il le sait ? Articula Derek, sans s'éloigner le moins du monde de Stiles.
- Pas encore, mais ça ne saurait tarder, répondit la rouquine. On a prévu de lui dire demain, quand on ira au lycée. On voulait éviter qu'il reste ici plus que nécessaire.
- Merci, souffla Derek.
Il avait du courage et savait faire preuve de ténacité, mais c'était autre chose quand il fallait gérer son hyperactif et les émotions qui allaient avec, et qui revêtaient d'ailleurs pour lui plus d'importance que tout le reste. Et puis, Derek avait une espèce de pressentiment, quelque chose qui lui disait que Scott était capable de s'attaquer à l'humain s'il se trouvait sur son chemin, juste pour lui faire payer la décision des autres. Alors forcément : protéger Stiles en tenant tête à Scott et en l'empêchant de s'approcher de l'hyperactif, tout ceci en le préservant au mieux mentalement… Oui, il y avait plus facile. Alors, constater qu'on lui évitait cette multitâche le soulageait beaucoup.
- Vous êtes conscients qu'il risque de riposter ? Les prévint toutefois Derek.
Il fallait dire que Scott avait déjà perdu l'un de ses plus précieux éléments en la personne de Derek Hale. Savoir que Lydia partait l'affaiblirait considérablement. Il en était de même pour Jackson, même si son ex avait conquis les cœurs de chacun bien plus tôt que lui.
- Il fait ça, on fait de sa vie un enfer, répondit tout naturellement Jackson.
Après tout, son père était un avocat réputé et lui-même avait un certain poids au lycée. Après tout, il faisait toujours partie des élèves les plus populaires de Beacon Hills High School. Ruiner l'existence de quelqu'un n'était pas quelque chose qui lui plaisait particulièrement ou qu'il faisait tous les matins, mais il était clair qu'il ne se laisserait pas faire si Scott osait ne serait-ce qu'essayer de lever la main sur Lydia. Après tout, il avait bien privé Stiles de son don le plus précieux : la parole. D'ailleurs, Jackson et Lydia avaient des choses à dire à Derek concernant ce sujet-là. Il se pouvait que Lydia ait usé de son pouvoir de persuasion pour faire en sorte que Scott lui révèle comment il avait procédé – également pour qu'elle vérifie si c'était véritablement définitif –, à condition de le faire lorsque la meute s'en serait allée. Le latino avait donc été le dernier à s'en aller, en pensant sans doute que Lydia et Jackson suivraient peu de temps après. De ce moment, il s'était écoulé plusieurs heures.
- Vous êtes sûrs de vous ? Demanda toutefois Derek, un peu perplexe.
La surprise redescendait doucement, mais pas complètement. Stiles, de son côté, observait et écoutait la conversation en silence. Il n'avait pas le choix, de toute façon. L'envie de se carapater en haut le titillait fortement, mais Derek lui en voudrait de forcer encore sur sa cheville. Ne lui avait-il pas répété qu'il devait marcher le moins possible ?
Lydia gloussa. Les rôles s'inversaient. Puis, elle lui dit qu'ils étaient aussi certains que lui de ce qu'ils voulaient faire. Elle reprit alors un air un peu plus sérieux et lâcha une vérité déjà énoncée :
- Si Scott est capable de faire du mal à Stiles et de le virer ainsi sans ménagement, on peut s'attendre à tout.
Par-là, elle entendait une chose claire, fort simple. Elle avait minutieusement choisi et pesé ses mots, mais en soi… Si Scott avait mutilé celui qu'il avait soi-disant longtemps considéré comme son meilleur ami, parce que c'était bien de cela qu'il s'agissait, il pouvait être capable de bien plus. L'agression était indirecte, en plusieurs temps et surtout, personne n'aurait pu deviner qu'il en était l'auteur s'il ne l'avait pas lui-même laissé entendre. En cela, il était profondément idiot mais au moins, on savait désormais la vérité. On savait que la perte de la voix de Stiles n'était pas le fruit du hasard.
Plutôt une œuvre de magie noire.
Alors oui, s'il avait mutilé Stiles Stilinski dont il ne supportait apparemment pas le débit de parole, qu'en aurait-il été d'eux ? Si Lydia commençait à trop se rebeller, à se mettre contre lui à chaque fois, comment la ferait-il taire ? Si quelqu'un se mettait à lui plaire en dehors de Malia, allait-il employer la force ? Si le petit Liam peinait à s'occuper des tâches qu'il lui confiait, qu'allait-il faire ? Le punir ? Le louveteau était terrifié et même si Lydia n'en avait encore rien dit, elle allait le prendre sous son aile. Liam était trop jeune pour réussir à prendre son courage à deux mains pour prendre son indépendance vis-à-vis de la meute. La morsure qui avait fait de lui un loup-garou était trop récente. Une partie de lui voyait toujours Scott avec trop de respect, un peu comme un mentor…
… Ou un maître.
Lydia pensait actuellement comme une leadeuse et elle voyait déjà loin. En fait, elle réfléchissait à tout, bien consciente que Derek avait bien assez à faire de son côté. Pour cette raison, elle ne lui fit pas part de ce qu'elle et Jackson aimeraient tout de suite : il fallait laisser un peu de temps au loup-garou pour se reposer mentalement. La banshee se doutait bien que prendre soin de Stiles et de ses états d'âme à plein temps n'était pas facile. Ce n'était pas la faute de l'hyperactif, bien sûr. Mais ramasser quelqu'un à la petite cuillère n'était jamais simple, surtout que Derek se donnait déjà corps et âme pour l'aider. Elle le vit d'ailleurs prendre la main de l'hyperactif dans la sienne, délaissant ainsi sa cuisse. Puis, elle vit le loup entrelacer leurs doigts et Stiles se détendre presque imperceptiblement, comme s'il avait craint de perdre le seul contact physique qu'il avait avec Derek jusque-là. Elle sourit doucement. Oui, Stiles irait mieux. Il était entre de bonnes mains qui ne voulaient que son bonheur.
Jackson, de son côté, ne savait pas trop quoi dire et il espérait que son hôte ainsi que son protégé ne lui en tiendraient pas rigueur. Les mots, ce n'était pas son fort et c'était pour cette raison qu'il parlait peu. Lydia menait fort bien la conversation – c'était facile pour elle – et Jackson ne se voyait pas trop essayer. Pataud et maladroit comme il était, le kanima risquait de faire une bourde, surtout qu'il mourrait plus d'envie de défoncer la gueule de son alpha pour ce qu'il avait fait à l'hyperactif. Au moins, il montrait qu'il était là, présent pour son ami qu'il n'oublierait pas – cette fois, il en était sûr. Comme Derek et Lydia, il ne ferait pas la même erreur.
L'oubli causait des dégâts catastrophiques et lorsqu'il voyait dans quel état était l'hyperactif en ce jour… Il allait mal, aussi bien mentalement que physiquement. Contrairement à Derek qui commençait à être biaisé par leur proximité et par le stress de Stiles, Jackson sentait sa tristesse avec netteté, tout comme il sentait que le fils du shérif la muselait autant que possible. Pour lui, c'était facile à déceler. Stiles sauvait les apparences et s'empêchait de ressentir ce qu'il était en droit d'exprimer. Sachant très bien à quel point cela pouvait mener loin, Jackson aimerait lui dire de ne pas faire ça, mais il n'en fit rien car en croisant son regard, il sut que l'éclatement était pour bientôt. Stiles repoussait l'échéance et Jackson se dit qu'il ne serait peut-être pas si mal qu'il lui parle, au moins pour lui faire comprendre que se retenir ainsi n'était pas bon. Stiles ne cachait pas seulement sa tristesse, il la muselait au point de s'interdire de la ressentir et c'était mauvais. Combien de dépressions ou d'états mentaux désastreux débutaient à cause du silence ? Ici, il était physiquement forcé, et émotionnellement inutile. Stiles pouvait s'exprimer, il en avait le droit. Pourquoi ne le faisait-il pas ? Le kanima jeta un coup d'œil à Lydia, qui demandait à Stiles si ça allait, qui discutait avec Derek de modalités concernant la meute. Elle lui décrivit notamment comment elle et Jackson comptaient s'y prendre pour annoncer la nouvelle à Scott. Stiles, à côté, gardait un semi-masque de marbre. Semi, car il n'arrivait pas à être complètement neutre en apparence. Et même s'il était nul lorsqu'il s'agissait de mener une conversation, Jackson se décida à agir. L'air de rien, il se saisit de son téléphone et tout en écoutant la conversation, il envoya un rapide message à Lydia qui, par chance, ne céda pas à la tentation de regarder son téléphone dès que celui-ci émit un signe de vie. Le kanima, de son côté, resta sur son téléphone quelques minutes de plus, histoire que l'on ne devine pas tout de suite qu'il l'avait sorti simplement pour envoyer un message à son ex et amie – diabolique, dans un rôle comme dans l'autre.
Lydia regarda son téléphone seulement cinq minutes plus tard et lâcha, l'air de rien, qu'elle allait prendre un petit quelque chose dans la cuisine mais, ne sachant pas où était ce quelque chose, elle désirait que Derek vienne le lui montrer. Elle connaissait peut-être bien le loft, mais ne savait pas où trouver tout ce qui l'intéressait. Et même si Derek saisit clairement son mensonge, il n'en laissa rien paraître. Toutefois, un air embêté se peignit sur son visage. Envisager de laisser Stiles seul, même pour un instant, ne l'enchantait pas le moins du monde, surtout que ses sens lupins commençaient à capter difficilement ce que l'hyperactif s'évertuait tant à cacher. Alors, forcément, il était un peu inquiet.
- Ne t'inquiète pas, ton Stiles ne va pas s'envoler ! Lâcha Lydia en riant doucement.
Si les joues de Derek prirent une légère teinte rosée, il resta digne et fit tout pour ne pas relever le côté un peu possessif du surnom employé par Lydia. Non, ce n'était pas « son » Stiles. C'était… Stiles. Juste son protégé, son humain. Bon, d'accord, peut-être que… Derek secoua la tête et se leva en lâchant un peu brusquement la main de l'hyperactif.
- Bon, je vais te montrer ce que tu cherches, dit-il de mauvaise grâce.
Mais avant de s'en aller rejoindre la banshee qui avait déjà décampé dans la cuisine, il se rappela de conseiller à Jackson de, si ça ne le dérangeait pas, de surélever la cheville de Stiles. Il lui expliqua vite fait comment il avait l'habitude de faire et enjoignit Stiles de ne pas bouger, lui rappelant une nouvelle fois l'importance de marcher le moins possible. L'hyperactif hocha simplement la tête et esquissa le sourire le plus faux qu'il avait jamais fait, mais qu'il faisait tout de même, histoire de rassurer son loup comme il le pouvait. Derek, avant de s'en aller pour de bon, posa sa main sur l'épaule de Stiles avant de se pencher sur lui et de déposer un baiser tendre sur son front. L'hyperactif rougit et ouvrit les yeux en grand. Dix secondes plus tard, le loup avait rejoint la banshee dans la cuisine. Et désormais, il était là, dans le salon, seul avec Jackson. Si au départ, le kanima sembla gêné, cela disparut bien vite puisqu'il se leva et lui demanda de lui montrer sa cheville. Avec une timidité claire et une peur de refuser, Stiles releva légèrement son pantalon. Jackson grimaça : il comprenait mieux l'inquiétude de Derek et l'importance qu'il accordait à l'immobilité de l'hyperactif. Il était clair que sa cheville avait besoin de repos, et seulement de repos. Alors, il respecta à la lettre le protocole dicté par Derek et s'enquit, au moindre de ses mouvements, de l'état de Stiles qui leva toujours son pouce en l'air, lui signifiant ainsi qu'il allait bien, qu'il n'avait pas mal. Pour une fois, il était sincère. Derek lui avait tant pris sa douleur qu'il avait un peu de temps avant la prochaine fois.
Par contre, il était clair que Stiles n'était pas à son aise. A vrai dire, il ne savait pas quoi penser. Il ne connaissait pas bien Jackson et s'il avait tout d'abord cru qu'il le balancerait à Scott, il s'était finalement avéré qu'il n'avait rien fait, ce qui l'obligeait à revoir son jugement sur sa personne. Après, ce n'était pas parce qu'il s'était tu qu'il était quelqu'un de confiance. Ainsi, Stiles désira rester sur ses gardes. C'était son côté brisé qui avait les commandes, celui qui avait du mal à croire que les choses puissent être faites pour lui uniquement, et sincèrement. Pour le moment, il n'arrivait à être parfaitement en confiance qu'avec Derek. Même Lydia, c'était compliqué. Jackson perçut son doute sans grande difficulté et sut qu'il devait agir sans attendre. Il s'installa à côté de l'hyperactif qui se tendit aussitôt mais fit de son mieux pour rester digne.
- Détends-toi, Stiles, je vais pas te bouffer.
L'hyperactif lui lança un regard perplexe parce que oui, voir le kanima l'appeler par son prénom était une chose assez… Nouvelle, étrange. Et sans doute pas anodine. C'est pour cette raison qu'il fronça un sourcil et le regarda bizarrement, l'air de dire « pourquoi tu me parles ? ». Qu'il n'ait crainte : Jackson allait vite satisfaire sa curiosité.
Mais avant cela, il planta son regard océanique et un peu pataud dans celui, ambré et bien plus torturé qu'il ne voulait le montrer, de Stiles.
