I : Le dire à Adrien
— Quel est ton souhait, humain ?
— Lis dans mon cœur
— Qu'es-tu prêt à sacrifier ?
— Lis dans mon âme.
— Ainsi sois-je.
Atterrée, Marinette vit Gabriel s'élever dans les airs et enlacer sa femme qui l'avait rejoint. La luminosité devint insoutenable, l'obligeant à fermer les yeux. Quand elle les rouvrit, le couple, ainsi que Gimmi, avait disparu.
Sa première pensée fut : Mais que vais-je dire à Adrien ? Puis la conscience de son échec l'écrasa. Elle avait tout raté.
Tous ces mois de combats pour rien ! Finalement, Monarque avait eu raison. Elle avait commis une erreur terrible en prétendant l'affronter seule. Elle lui avait offert sur un plateau les deux Miraculous qu'il convoitait. Comment avait-elle pu croire qu'elle était capable de vaincre son pire ennemi sans l'aide de Chat Noir ? Quelle présomption de sa part ! Les larmes lui brouillèrent la vue. Elle se laissa glisser au sol, vidée de ses forces.
Elle contempla le cercueil abandonné, qui semblait la narguer, avant de se lamenter :
— Mais que vais-je dire à Adrien !
Comme en réponse à sa question, une douleur aiguë lui vrilla le crâne et Adrien se trouva devant elle, lui lançant d'un ton accusateur :
— Père ! Non ! Pourquoi as-tu fait ça, Marinette ?
Alors qu'elle s'affaissait, hantée par sa vision, elle songea qu'elle comprenait pourquoi Chat Noir avait préféré se retirer du jeu. Lui au moins savait reconnaître ses limites. Penser à son partenaire la fit sentir encore plus mal. Mais qu'allait-elle dire à Chat Noir ?
Enfin, les images s'évanouirent et la douleur s'estompa. Elle respira profondément pour reprendre le contrôle d'elle-même et ouvrit précautionneusement les yeux. Il fallait absolument mettre fin à ces cauchemars qui empoisonnaient tant de monde. Elle se souvint brusquement de ce qu'elle avait récemment compris : ces attaques psychiques étaient le fait de Monarque. Elle pouvait donc les contrer avec ses coccinelles réparatrices.
Mais… où étaient ses boucles d'oreilles ? Gabriel avait-il disparu avec elles ? Elle se redressa brusquement et balaya des yeux la passerelle sur laquelle elle se trouvait. Là ! Parmi les immondes chevalières conçues par Monarque, deux billes écarlates reposaient à côté de la bague de Chat Noir. Sans perdre de temps, Marinette les récupéra et les fixa à ses lobes d'une main tremblante. Son kwami apparut immédiatement.
— Tikki, oh, Tikki, j'ai tout fait rater ! s'écria la jeune fille, laissant échapper de nouvelles larmes.
— Allons, Marinette, ce n'est pas aussi catastrophique que tu l'imagines, assura la petite créature d'une voix apaisante. Ne pleure pas, voyons.
— Mais je…
— Marinette, la coupa sévèrement Tikki, tu as du pain sur la planche. Il y a beaucoup de choses à arranger, et il n'y a que toi qui puisses le faire.
— Tu as raison, se reprit Marinette en se passant la main sur le visage. Il est temps de mettre fin au fléau que Monarque nous a laissé. Mais… est-ce que je peux vraiment annuler les effets de son sortilège ? N'est-ce pas trop tard ?
— C'est dans tes possibilités, si tu le souhaites assez fort. Tu as mûri, Marinette, tes pouvoirs sont plus assurés qu'auparavant. Ne doute pas de toi, et tout ira bien.
— Je vais faire de mon mieux, promit la jeune fille. Tikki, transforme-moi !
L'héroïne détacha son yoyo de sa ceinture et le contempla avec détermination avant de le lancer de toutes ses forces vers le plafond dévasté. Elle le suivit des yeux alors qu'il rapetissait en s'éloignant, puis tendit les mains pour recevoir l'offrande de la Création.
Quand elle identifia l'objet qui reposait sur ses paumes, elle écarquilla les yeux. C'était une plume de paon. Cela voulait-il dire qu'elle devait demander l'aide de Félix ? Non, Tikki lui avait clairement fait comprendre que c'était à elle d'agir.
Le pouvoir du Paon, donc. Donner vie à des sentiments, à ses désirs. Que désirait-elle par-dessus tout ? Se montrer à la hauteur de sa tâche, des espoirs qui avaient été mis en elle. Elle avait peut-être perdu la bataille contre le porteur du Papillon, mais elle était toujours Ladybug et la gardienne des Miraculous. Elle inspira profondément, abaissa son bras puis projeta avec force la plume de paon en clamant avec ferveur « Miraculous Ladybug ! ».
L'objet magique s'éleva, nimbé d'une lueur rose, et une horde de coccinelles, bien plus nombreuses que d'ordinaire, partirent dans toutes les directions. Ladybug se concentra sur sa volonté de guérir le plus de monde possible, d'éradiquer définitivement le mal que le Papillon avait infligé avant de tirer sa révérence.
Elle sentit le Miraculous puiser dans ses dernières forces. Vidée de toute son énergie, elle sentit ses jambes se dérober sous elle. Elle se retrouva, assise sur le sol, le souffle court. Paradoxalement, elle se sentit bien mieux que quelques minutes auparavant. Elle était moins oppressée, elle avait les idées plus claires… Elle réalisa alors à quel point le sortilège avait obscurci ses pensées les jours précédents.
Autour d'elle, les vestiges du combat avaient disparu. Elle se trouvait dans une vaste serre souterraine, remplie de verdure, irriguée par une étendue d'eau qui passait sous des pontons. Les objets que Monarque avait abandonnés derrière lui se trouvaient à ses pieds. Elle ouvrit son yoyo et entreprit d'y ranger les précieux artefacts. Le Miraculous du chat, pour commencer, le double anneau que le styliste avait déposé avant d'invoquer Gimmi, sa bague Alliance, qu'elle pourrait étudier plus tard. Enfin, les Miraculous perdus : la chèvre, le singe, le cochon, le buffle, le serpent, le coq, l'abeille, le rat, le tigre, le dragon, le cheval, le renard, la tortue, le chien… Il manquait le paon, détenu par Felix, le lapin confié à Alix et… Non, ce n'était pas possible ! Pourquoi ne voyait-elle pas la broche du Papillon ?
Gabriel l'avait-il emportée avec lui ? Pourtant, Ladybug se souvenait clairement la lui avoir arrachée. Elle l'avait vu décrire une courbe, puis rebondir sur le ponton… et tomber dans l'eau.
L'héroïne récupéra un macaron magique dans son yoyo et compléta sa transformation. Devenue Aquabug, elle plongea et entreprit des recherches dans l'eau stagnante, dans un cercle de plus en plus large, sans parvenir à retrouver le bijou. Elle invoqua une lampe torche pour améliorer sa visibilité, une machette pour élaguer les plantes marines, un râteau pour gratter la vase, sans succès. Elle songea même à se munir d'un aimant géant, qui ne ramena aucune broche, mais qui la précipita contre la passerelle en acier, manquant de lui casser un bras.
oOo
Une demi-heure plus tard, découragée, elle se hissa sur le ponton et revint à sa transformation habituelle. Plusieurs hypothèses étaient envisageables : Gabriel avait récupéré son Miraculous in extremis… L'objet était enfoui trop profondément dans la vase pour qu'elle le repère… Sans doute aurait-elle dû se préoccuper de le retrouver avant de remettre les lieux en état. Une dernière hypothèse, plus inquiétante, s'imposa à son esprit fatigué : quelqu'un s'était introduit dans les lieux et avait dérobé le Miraculous durant la confrontation ou juste après, quand elle s'était trouvée sous l'emprise de son cauchemar.
Ladybug n'eut pas l'occasion de pousser plus loin ses réflexions. Un bruit lui fit tourner la tête. Il provenait de la colonne qu'elle avait auparavant fait tomber sur son ennemi. Celle-ci était en réalité une cage d'ascenseur, que quelqu'un était en train d'emprunter. Alertée, elle se leva. Dès que la porte de sortie coulissa, un essaim multicolore fondit sur elle. Elle leva son yoyo pour se défendre, avant de s'écrier :
— Wayzz, Trixx, vous avez pu vous échapper ? Vous êtes tous là ?
— Ladybug, tu vas bien ? Tu n'es pas blessée ? pépia la dizaine de kwamis.
— Je vais bien. Et vous ? s'inquiéta-t-elle alors qu'ils volaient comme des fous autour d'elle. Je suis tellement désolée de vous avoir laissé kidnapper !
— Nous allons bien, la rassura Barkk. La femme nous a laissé sortir.
Ladybug repéra alors Nathalie, qui se tenait devant elle. L'héroïne fut stupéfiée par le changement qui s'était opéré. Elle avait quitté une femme mourante et se retrouvait devant une femme à l'air grave, mais en pleine santé.
— Vous… vous allez bien ? balbutia-t-elle.
— Oui, oui, répondit l'assistante d'un air absent, le regard fixé sur le cercueil où avait reposé la mère d'Adrien. Il… il a fait son vœu, n'est-ce pas ?
— Oui, répondit Ladybug la gorge serrée, renvoyée à son échec.
— Où est-il maintenant ? Où est Émilie ?
— Je n'en sais rien, reconnut l'héroïne. Il a invoqué le kwami de la Réalité et ils ont tous les deux disparu.
Nathalie resta pensive.
— Ce n'est pas logique. L'un deux devrait être en vie. Les deux, même, si Gabriel…
Elle ne termina pas, mais Ladybug savait à quoi elle pensait. Il avait clairement exprimé son intention de sacrifier le nombre qu'il faudrait de personnes pour retrouver son épouse et survivre pour demeurer auprès d'elle.
Elle-même, haïe et éminemment sacrifiable, était toujours en vie. Émilie n'était pas revenue et son époux avait disparu.
— Sont-ils allés autre part ? tenta de comprendre l'assistante.
— Je ne sais pas, soupira Ladybug.
Elle aurait tellement aimé que cela se termine autrement. Mais qu'allait-elle dire à Adrien ?
Nathalie prit sa tablette et lança un appel. Cela rappela à Ladybug ce qu'elle avait découvert dans la chambre de la femme. Ainsi que le manuel qu'elle avait eu autrefois entre les mains.
— Je veux récupérer le livre sur les Miraculous, lança-t-elle abruptement.
Nathalie ne répondit pas tout de suite, écoutant d'un air dépité le message d'absence qui annonçait sur Gabriel Agreste n'était pas disponible. Elle finit cependant par se reprendre et reporta son attention vers son interlocutrice.
— Oui, soupira-t-elle. Bien sûr. Je peux également vous transmettre toutes les traductions que nous avons effectuées.
Ladybug la regarda avec étonnement. Que cachait cette coopération soudaine ?
Elle eut rapidement sa réponse.
— Allez-vous dénoncer publiquement monsieur Agreste ? interrogea doucement Nathalie.
La jeune fille considéra la question. Cela faisait des mois qu'elle espérait démasquer celui qui martyrisait Paris et ses habitants. Il méritait d'être puni pour ce qu'il avait fait. Cependant, même s'il était encore en vie, il ne survivrait sans doute pas assez longtemps pour être jugé. Il avait reconnu n'avoir plus que quelques heures à vivre. Où qu'il soit, il était normalement en train d'agoniser. La seule personne qui souffrirait de sa disgrâce serait Adrien. Révéler le nom de celui qui se trouvait sous le masque de Monarque n'apporterait rien de bon.
— Non, je ne vais pas révéler son identité. Mais… qu'allez-vous dire à Adrien ? s'enquit-elle, revenant à la question qui la hantait depuis la fin du combat. Je… je ne pense pas que monsieur Agreste ait pu survivre.
Nathalie resta un instant songeuse, avant de répondre :
— Je vais tout simplement lui répéter ce que vous m'avez dit : que son père a disparu durant votre combat contre Monarque et que vous pensez qu'il n'y a pas survécu.
Elle ferma les yeux avant d'ajouter :
— Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi Émilie n'est pas là.
— Ce n'est pas elle qu'il a sauvée, lui révéla Ladybug.
— Comment le savoir ? Elle est peut-être avec Adrien. À moins que sa vie ait pris un autre tournant et qu'elle…
Nathalie s'interrompit brusquement, le regard paniqué, avant de taper fébrilement une séquence sur sa tablette. Ladybug comprit instantanément ce qu'elle craignait. Adrien aurait-il fait les frais du marché passé par son père ? Mais comment pouvait-elle imaginer que le styliste ait pu échanger la vie de son fils contre celle de sa femme ? L'héroïne était persuadée qu'il ne l'avait pas fait. Tout vilain qu'il était, Gabriel Agreste aimait profondément son enfant.
Cependant, un vœu peut ne pas se dérouler comme prévu. Après tout, il n'avait pas été clairement formulé. Alors que les sonneries se succédaient sans réponse, Ladybug se sentit de moins en moins rassurée. Enfin la voix bourrue du Gorille se fit entendre.
— Pouvez-vous me dire comment va Adrien ? demanda Nathalie d'une voix tendue.
Il n'y eut pas de réponse, mais l'assistante tourna l'écran vers Ladybug, qui put voir son amoureux assis sur un lit blanc, la tête dans ses mains. L'image ensuite bascula et la figure du garde du corps remplit le cadre.
— Parfait, fit Nathalie d'une voix soulagée. Partez dès que possible pour l'aérodrome. Vous rentrez à Paris.
La secrétaire coupa la liaison et remarqua :
— Ma crainte était sans fondement. Pour changer le présent, tout le passé se réécrit pour coïncider avec la nouvelle réalité. Or, je sais qu'Émilie a épousé Gabriel et qu'elle est morte. Si cela n'était plus le cas, je n'aurais pas ce souvenir.
Effectivement, songea Ladybug. Tu ne sais pas que tu étais à l'agonie il y a une heure à peine. Il n'y a que moi qui le sais. Elle lutta contre l'angoisse qui lui mordit le ventre. Comment allait-elle faire la part entre ses souvenirs et la nouvelle réalité ?
Mais elle devait traiter les problèmes dans l'ordre. Pour commencer, elle devait s'assurer que le dernier maléfice lancé par Monarque était bien éradiqué.
— Que savez-vous sur les bagues Alliance ? Pourquoi répandre ces rêves ? Quel rapport avec l'épouse de Monsieur Agreste ? s'enquit-elle.
— Tout est la faute de cette maudite femme ! Gabriel n'était pas intéressé par l'argent. La seule chose qui importait pour lui était le retour d'Émilie. C'est elle qui a voulu utiliser ces maudites bagues pour s'enrichir. Et, lui, se sachant condamné, il était prêt à croire tous ceux qui prétendaient pouvoir l'aider. Je ne pouvais rien faire pour lui, alors il s'est tourné vers elle.
— Qui ça ? demanda Ladybug, un peu perdue.
— Tamoe Tsurugi ! cracha Nathalie avec dégoût. Si j'avais su ce qu'elle avait en tête quand elle a lancé le programme Alliance, je m'y serais opposé. Mais je ne l'ai compris que trop tard. Et Gabriel ne m'écoutait plus. Il a répandu l'akuma dans le monde entier pour elle. Il lui a donné la main pour qu'elle soit le seul remède, par l'intermédiaire de ces maudites bagues.
— C'était donc ça ? comprit Ladybug avec indignation. C'est atroce !
Elle avait bien eu raison de s'en méfier ! Elle ne s'était pas trompée en supposant que c'était la bague Alliance de Soqueline qui avait attiré l'attention de Monarque. Cela aurait dû diriger ses soupçons vers Gabriel Agreste et Tamoe Tsurugi, réalisa-t-elle un peu tard. Ce qu'elle avait été stupide !
— On ne peut pas garder ça pour nous, décida la jeune fille. Madame Tsurugi ne doit pas continuer à profiter de cette horreur.
— Je compte bien mettre le public en garde contre ces bagues, assura Nathalie. Et vous ? Que comptez-vous dire à la presse ?
Ladybug se donna quelques secondes de réflexion. En vérité, elle aurait bien gardé le silence après le cuisant échec qu'elle venait de subir. Mais qu'allait-elle bien pouvoir dire à Adrien ? Et à Chat Noir ? Devait-elle prévenir les Parisiens que Monarque avait disparu ? Où donc était passé le Miraculous du papillon ? Ladybug contempla avec désespoir les kwamis qui planaient autour de sa tête. Celui qu'elle tentait désespérément de retrouver depuis des mois manquait toujours à l'appel !
Nathalie avait dû suivre son regard, car elle s'exclama :
— Où est Nooroo ? (Devant le silence de son interlocutrice, elle supposa :) Gabriel est parti avec lui ?
— Non, il ne portait plus son Miraculous, soupira Ladybug. Mais je ne l'ai pas retrouvée avec les autres.
— Quelqu'un l'a prise ?
L'héroïne haussa les épaules. Que pouvait-elle répondre ?
— Je vais regarder les caméras de surveillance, proposa Nathalie.
Ladybug eut un sursaut d'espoir, avant de se souvenir de la bataille :
— Nous avons fait de sérieux dégâts dans le hall et sans doute détruit toutes les caméras qui surveillaient les entrées, révéla-t-elle. Il y en a-t-il dans cette crypte ?
Nathalie secoua négativement la tête.
— Cela n'en finira donc jamais ! commenta l'assistante avec lassitude.
Elle se reprit et conseilla :
— Il vaut mieux ne pas divulguer cette information. Tant que nous ne savons rien sur le nouveau porteur, inutile de paniquer tout le monde. Vous pouvez annoncer que vous avez vaincu Monarque, c'est déjà une bonne nouvelle. Le reste peut attendre.
— Je suppose que c'est le plus sage, reconnut la jeune fille.
— De mon côté, je vais devoir déclarer la disparition de Gabriel Agreste à la police, continua Nathalie. Le plus simple est que je leur dise à eux aussi qu'il a disparu pendant votre combat contre Monarque. Êtes-vous prête à corroborer mes dires ?
— C'est la version qui se rapproche le plus de la réalité, admit Ladybug.
— Puis-je vous demander une dernière faveur ? questionna Nathalie.
— Je vous écoute.
— J'aimerais éviter à Adrien d'apprendre ce qui est arrivé à son père par voie de presse. Pourriez-vous en retarder l'annonce ?
— Entendu, accepta Ladybug. Je… Je vous laisse le lui révéler vous-même.
— Je vous remercie.
Nathalie parut hésiter, puis continua d'une voix douloureuse :
— J'ai été sa complice, je ne peux pas le nier. Mais je suis soulagée que tout cela soit terminé. Sa disparition m'attriste, je… je regrette que cela se soit achevé ainsi, mais ce n'est pas votre faute. Il fallait l'arrêter à tout prix. Vous avez fait ce qui devait être fait, reconnut-elle d'un ton altéré.
L'héroïne ne sut quoi répondre. Nathalie se reprit et conclut d'un ton qui avait retrouvé sa fermeté :
— Je vais vous raccompagner. Vous avez besoin de vous reposer et vos kwamis ont sans doute hâte de quitter cette maison.
Nathalie la guida vers l'ascenseur qui les mena directement dans le bureau du styliste. Conformément à sa promesse, l'assistante ouvrit le coffre de son patron et tendit cérémonieusement un épais manuel à la couverture recouverte de cuir à la jeune fille.
— Comment puis-je vous faire parvenir mes notes ? s'enquit l'assistante. Avez-vous une adresse mail ?
L'héroïne considéra le problème et décida de s'en remettre à la magie de son costume. Elle ouvrit son yoyo, cliqua sur l'icône de la messagerie et créa un message à l'attention de Nathalie Sancœur. Un tintement émanant de la tablette de la destinataire confirma la bonne réception.
— Mettez vos documents dans la réponse, cela devrait me parvenir, dit simplement la jeune fille. Je pense trouver seule la sortie, maintenant.
Nathalie la salua gravement de la tête et redescendit dans la salle en sous-sol.
oOo
Ladybug se rendit dans le hall, toujours suivie des kwamis, et décida de monter à l'étage pour sortir par une fenêtre. Elle prit la direction de la chambre d'Adrien, qui dans son souvenir avait des verrières très commodes pour sortir discrètement de la maison. Elle embrasse la chambre du regard, heureuse à l'idée du retour imminent du propriétaire des lieux. Enfin, elle lança son yoyo et se propulsa sur le toit le plus proche.
Une clameur la fit sursauter, alors qu'elle atterrissait sur le zinc. Une foule entourait le manoir Agreste, ce qui n'était pas étonnant, étant donné que c'était sa dernière position connue. Les visages étaient levés vers elle. Elle ne pouvait pas s'en aller sans rien dire.
— Allez directement chez moi, souffla-t-elle aux kwamis qui l'entouraient. Je vous rejoins dans ma chambre. Tenez, prenez le manuel, il vaut mieux que personne ne le voie.
Alors qu'ils obtempéraient, elle laissa filer le fil de son yoyo en rappel pour descendre au niveau de la rue. On l'assaillit de questions dès qu'elle posa le pied sur le trottoir. Elle ne répondit pas, cherchant des yeux quelqu'un qu'elle connaissait. Celle-ci ne tarda pas à apparaître.
— Bonjour, Ladybug, pouvez-vous nous expliquer ce qui s'est passé ?
— Bonjour, Nadja, j'ai une déclaration à faire.
L'héroïne laissa la journaliste lui coller son micro sous le nez et se lança :
— Ce que vous avez subi ce soir est la dernière attaque de Monarque…
— Vous voulez dire que vous l'avez vaincu ?
— C'était la dernière attaque de Monarque, répéta Ladybug, et je suis désolée de n'avoir pas réussi à l'empêcher de perturber votre vie durant si longtemps. Je vous remercie pour la confiance que vous avez accordée à Chat Noir et à moi-même. Je vous félicite d'avoir combattu vaillamment à chaque fois que j'ai fait appel à vous. Si vous avez été contraints d'effectuer des actions contre votre gré, ne vous sentez pas coupables. Seul le Papillon en est responsable.
Toute une série de questions, hurlées autour d'elle, interrompit son discours.
— Ladybug, est-ce un adieu ? Savez-vous qui était Monarque ? Va-t-il être jugé ? Allez-vous nous révéler votre identité ? Où est Chat Noir ?
La jeune fille leva les mains pour faire taire son entourage.
— Si c'est un adieu, c'est une bonne chose, car cela voudrait dire que plus rien ne vous menace. Monarque a reçu le châtiment qu'il méritait, et bien plus encore. Je ne vais pas vous révéler mon identité ni celle de Chat Noir, qui est déjà rentré chez lui.
— Monarque est-il lié à la famille Agreste ? hurla un journaliste qui se trouvait derrière Nadja et qui travaillait pour une chaîne concurrente.
— C'est par hasard que je le trouvais là, assura l'héroïne, s'en tenant tant bien que mal à la vérité. La maison est bien sécurisée et j'espérais y trouver protection, broda-t-elle, ne pouvant avouer qu'elle s'y était rendue pour des raisons personnelles. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'aimerais rentrer chez moi me reposer.
— Bien sûr, Ladybug, vous le méritez. Merci de tout cœur pour ce que Chat Noir et vous avez fait.
— Pas de quoi, soupira Ladybug, qui ne considérait pas mériter une quelconque gratitude. Ah, une dernière chose : je vous conseille de vous débarrasser des bagues Alliance. D'une certaine manière, elles ont été liées à la dernière attaque de Monarque. Elles vous ont été présentées comme des solutions, mais ont grandement aggravé le problème. Pour ma part, je n'en porte pas, et je n'en porterai jamais.
— Voulez-vous dire que les entreprises Agreste et Tsurugi sont liées à Monarque ? questionna avidement la journaliste.
— Je n'ai rien dit de tel. Et je ne peux pas vous en dire plus. Au revoir, Nadja. Au revoir, tout le monde, portiez-vous bien.
Là-dessous, Ladybug lança son yoyo et rejoignit les toits.
Hello tout le monde, me voici avec une nouvelle histoire Miraculous, sur la fin de la saison 5. Elle est en 15 chapitres et fait à peu près 50 000 mots.
On se retrouve dans une semaine pour le chapitre 2 qui s'appellera : "Gagner une bataille".
