Amis du jour, bonjour !
On se retrouve en ce mercredi pour le 4ème chapitre de cette histoire. Merci pour vos reviews chaque semaine ! Vous avez l'air d'aimer, alors j'en suis ravie *cœur avec les doigts*.
Au programme pour ce nouveau chapitre : une conversation plus poussée, des champions révélés et des regards un peu trop appuyés...
Bonne lecture !
Réponses aux reviews anonymes :
Guest : Alors il n'y a pas de pseudos, donc je ne sais pas s'il s'agit de personnes différentes ou non... Mais globalement, merci !
Assis à son bureau, Drago peaufinait les derniers détails pour la sélection des champions.
En effet, lors du dîner de ce soir, la Coupe de Feu serait installée dans la salle de réception de Durmstrang et révèlerait les trois champions du Tournoi.
Drago ne souhaitait qu'une seule chose : que tout se passe bien. Qu'importe qui était sélectionné, dans son école ou dans les deux autres, il espérait que la Coupe ne ferait pas des siennes en donnant un quatrième nom comme cela était arrivé en 1994. Il n'était pas prêt à tout adapter au dernier moment. Et personne n'avait besoin d'un deuxième Harry Potter.
Une fois satisfait de l'organisation, il rangea ses affaires et quitta son bureau. Il n'avait rien de précis à faire pour le moment et, comme à chaque fois que c'était le cas, il aimait arpenter le château pour s'assurer que tout allait bien.
Une fois hors de sa tour, il commença par passer une tête dans la salle d'Histoire de la magie. Zorah Kataïev, la professeure, slalomait entre les rangs, les mains jointes dans son dos, et dictait son cours sur la révolte des vampires en 1385. Si certains élèves prenaient des notes, d'autres étaient plus intéressés par leurs camarades de niveau sept en cours de Perfectionnement au vol et qui passaient à toute allure devant les fenêtres de leur salle de classe.
Drago n'eut qu'à toussoter pour signaler sa présence et, comme par magie, tout le monde se mit à gratter de sa plume sur son parchemin. Zorah leva les yeux au ciel avec un sourire en coin qui trahissait son amusement. Drago put partir serein et fier de son autorité.
Il se rendit ensuite à l'étage du dessous, où il assista pendant dix minutes au cours d'Alchimie des élèves de niveau six et ensuite dix minutes au cours d'Occlumancie et Légilimancie dispensé par Keti Petrov. Ce dernier était un ancien Legilimens de métier qui travaillait jusqu'à l'année dernière encore pour les services secrets du Ministère de la Magie bulgare. Drago s'entendait très bien avec lui. Il appréciait son professionnalisme, sa dévotion pour son travail et ses élèves, mais également son petit côté fêtard qu'il n'assumait pas avec tout le monde.
Autrement dit, Keti n'était pas le dernier pour boire du Whisky Pur Feu, une fois le couvre-feu passé.
Drago continua son inspection, étage par étage, jusqu'à terminer par l'extérieur.
Durmstrang était construit sur une haute montagne, à même la roche pour certaines parties de l'édifice. Le château surplombait un immense lac, bien plus étendu que celui de Poudlard, et entouré de hauts sapins.
Une fois à l'extérieur, Drago fut saisi par la fraîcheur du vent, il resserra donc sa cape autour de son cou. La capuche de la cape n'aurait été d'aucune utilité à cause du vent, justement, et il ne tenait pas non plus à se décoiffer. Il marcha jusqu'au lac où il trouva les Soldats de niveau un en cours d'Art du combat sans baguette.
Ce cours était l'un de ceux que Drago aurait adoré suivre lorsqu'il était encore à l'école. Si les élèves apprenaient à se battre avec leur baguette en cours de Magie offensive et défensive, dans celui-ci, Izabela Azarov leur enseignait le combat rapproché, le combat aquatique ou encore le combat en vol. Il estimait qu'il était important qu'ils sachent se défendre dans toutes les situations et qu'ils ne devaient pas compter que sur leur baguette pour les sauver en cas de conflit.
Protégés par des sortilèges de Têtenbulle, les élèves faisaient - pour le moment - des longueurs en guise d'échauffement.
Alors que Drago allait s'avancer vers le lac pour saluer Izabela, il entendit des pas dans son dos qui le firent se retourner. Il ne put retenir un soupir lorsqu'il vit Granger, emmitouflée dans une longue cape brodée d'or et avec les armoiries de Poudlard, s'approcher de lui. Elle semblait fébrile sur les pavés, telle un faon qui apprenait à marcher, et Drago n'hésita pas à ricaner ouvertement.
- Besoin d'aide, Granger ?
- Non, surtout pas. Tu serais capable de me faire volontairement tomber.
Après quelques pas toujours peu assurés, elle arriva à sa hauteur.
Ils ne s'étaient pas beaucoup parlé depuis l'arrivée des délégations. Leurs seuls échanges s'étaient résumés à des conversations à propos du Tournoi et de son organisation, mais toujours en groupe, avec Koslowski, Weasley, Apolline et Kenza, son accompagnatrice.
- Quel cours sont-ils en train de suivre ? demanda-t-elle, son regard intrigué porté vers le lac.
- L'Art du combat, répondit Drago en glissant ses mains dans ses poches pour les réchauffer. On estime qu'ils doivent savoir se battre dans toutes les circonstances, avec ou sans baguette, donc ce cours vient en complément de celui de Magie offensive et défensive. Ils apprennent à combattre avec leur force mentale et physique, que ce soit en vol, à la nage ou au corps à corps.
Du coin de l'œil, il vit Granger hocher lentement la tête, comme si elle assimilait l'information.
- Le système éducatif de Durmstrang me paraît tout de même bien différent de celui de Poudlard, constata-t-elle.
- Il l'est, affirma Drago. Nous dispensons une éducation qualitative, avec des professeurs triés sur le volet. C'est la même chose pour les élèves, ils s'inscrivent et c'est une sélection sur dossier pour être admis ici. Ce n'est pas la foire comme à Poudlard, où ils acceptent n'importe qui.
- Qu'est-ce que tu sous-entends par "n'importe qui" ?
Drago sut au son de sa voix qu'il avait dit quelque chose qui lui avait déplu.
- Je ne sous-entends rien, j'affirme. En revanche, ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit, Granger. Les élèves né-Moldus sont acceptés à Durmstrang, une chose qui était impensable il y a encore une dizaine d'années.
- Ah ! Au temps pour moi, Malefoy. L'espace d'une seconde, j'ai cru que tu avais été condescendant et insultant envers les né-Moldus.
- Cela ne me serait jamais venu à l'idée.
- Bien sûr.
Un rictus étira ses lèvres, contrairement à Granger qui ne semblait pas amusée par la situation.
- Tu n'es pas trop stressée pour ce soir ? lui demanda-t-il alors qu'il reprenait sa marche vers le lac.
Il ignorait pourquoi il était si bavard. Si Pansy avait été là, elle aurait meublé la conversation à elle seule et il n'aurait pas eu à le faire. "C'est un renouveau !" aurait-elle dit, arguant une nouvelle fois qu'un peu de sang frais la ravissait puisqu'elle commençait à s'ennuyer. Mais lui ? Discuter avec Granger ?
Dans les faits, il était sociable, mais pas avec tout le monde. Seulement avec les personnes qu'il jugeait digne d'intérêt. Et là, s'il ne voulait pas que cette année scolaire soit un enfer à vivre, il devait être un minimum aimable avec Granger.
- Pas vraiment, avoua-t-elle. Disons que je suis un peu inquiète car j'ignore encore beaucoup de paramètres et que je n'aime pas ça, mais je suis confiante.
- Tu peux, j'ai fait les choses bien.
- J'avais oublié que tu portais le Monde à bout de bras, se moqua-t-elle.
- Encore une fois, ce n'est pas ce que j'ai dit, mais tu ne peux pas nier que, sans moi, les choses n'auraient pas beaucoup avancé. Si on comptait sur Koslowski pour ça, ce Tournoi n'en serait encore qu'au stade de projet.
- Ça me fait mal de l'admettre, mais oui.
- Tu verras, Granger, après avoir passé plusieurs mois ici, tu finiras par reconnaître que je ne suis pas aussi mauvais que tu le penses.
- Pardonne-moi d'émettre quelques réserves. Tu m'as souvent donné matière à le penser.
- Je l'admets, reconnut-il, mais c'était il y a presque vingt ans.
- Il ne tient qu'à toi de me prouver que tu as changé, Malefoy.
Sa phrase sonnait comme un défi et Drago n'eut qu'à tourner légèrement la tête pour que son regard déterminé le lui confirme.
Et les défis, il adorait ça. D'autant plus lorsqu'ils étaient lancés par celle qui fut autrefois sa rivale dans la quête de la meilleure note. Il avait détesté Granger pour beaucoup de raisons, mais le fait qu'elle le surpasse dans toutes les matières était en tête de liste. Et la voilà qui levait la main aussi vite qu'un Éclair de feu lancé à pleine puissance, et la voici en train de faire la lèche-botte avec tous les professeurs pour montrer qu'elle était la plus forte.
Agaçante.
Mais Drago avait grandi. Il avait mûri et s'il aimait toujours les challenges, il aimait surtout les relever pour prouver des choses. Devenir directeur adjoint de Durmstrang n'était déjà pas une belle revanche sur sa vie ?
Avant qu'il ne trouve quoi que ce soit à répondre à Granger, celle-ci avait accéléré le pas pour le devancer. Sans même se retourner, elle lui lança :
- Au fait, très sympa, ta tenue. Très Gryffondor.
Drago baissa les yeux sur sa cape rouge aux surpiqûres noires et aux boutons dorés et ne put qu'admettre l'évidence. Bien entendu, cela lui avait sauté aux yeux à son arrivée, quand les tenues officielles lui avaient été remises. Bien entendu, il avait eu un haut le cœur en se voyant dans le miroir la première fois, vêtu de ces couleurs qu'il avait tant aimé détester.
Et même s'il trouvait que son uniforme lui seyait à merveille, Granger avait raison. Et cela lui faisait mal de le reconnaître.
.
Bien qu'il soit confiant, Drago était tout de même un peu inquiet.
Koslowski avait sorti la Coupe de Feu d'un grand coffre de bois incrusté de pierres précieuses et déclamait maintenant un long discours pompeux que personne n'écoutait.
Tous les élèves avaient les yeux rivés sur les flammes bleutées qui dansaient dans la Coupe. Drago comprenait leur impatience. Lui-même avait hâte de connaître les champions sélectionnés pour représenter les écoles.
Il revint à lui lorsque Koslowski aborda un sujet important. Il devait être sur le qui-vive au cas où celui-ci dirait quelque chose d'insensé ou d'infondé.
- Nous avons travaillé main dans la main avec le Ministère de la magie pour que tout soit prêt et conforme. Durant cette période de dur labeur, nous avons notamment pu compter sur le soutien de notre cher Ministre, Nikolaï Maksimov, mais aussi d'un homme qui a fait beaucoup pour le rayonnement de notre pays. Un homme dont les qualités humaines n'ont d'égales que ses qualités sportives. Un homme qui fait le bonheur de l'équipe nationale de Bulgarie depuis qu'il en est l'entraîneur. Il nous fait l'honneur de sa présence lors de ce Tournoi puisqu'il en sera l'un des juges, mais il nous fait également l'honneur de sa présence ce soir, Viktor Krum !
Si Drago s'était retenu de lever les yeux au ciel à "dur labeur" sorti de la bouche de ce fainéant de Koslowski, il n'avait pas pu s'en empêcher sur cette description de Viktor Krum.
Néanmoins, il n'eut pas le temps de râler silencieusement plus longtemps puisque les lourdes portes de la salle de réception s'ouvrirent pour laisser entrer le concerné.
Enveloppé dans une épaisse cape en fourrure, Krum avança parmi les élèves partagés entre fascination et excitation. Si ceux de Durmstrang savaient se montrer mesurés, c'était loin d'être le cas pour les autres. Les élèves de Beauxbâtons auraient pu voir leurs mâchoires se décrocher et ceux de Poudlard étiraient leur cou pour mieux apercevoir l'ancien attrapeur vedette.
Les sourcils broussailleux de Krum ne se détendirent que lorsqu'il croisa le regard de Granger, assise au bout de la table des professeurs. Cette dernière, dont les pommettes étaient devenues si rouges qu'elles se confondaient avec le col de sa robe, lui fit un timide signe de la main auquel il répondit d'un hochement de tête. Weasley lui chuchota quelque chose à l'oreille qui lui valut une tape sur le bras, mais qui le fit bien rire.
Krum s'installa à sa place et Drago le salua lui aussi d'un hochement de tête.
- Il est temps pour la Coupe de Feu de révéler les noms des trois champions !
Le temps se suspendit dans la salle. Les élèves n'osaient plus cligner des yeux par peur de rater le moindre mouvement. Drago, dont la jambe gauche tressautait sous l'effet du stress, essayait pourtant de ne rien laisser paraître.
Tout allait bien se passer.
Un grondement retentit et les flammes auparavant bleues se teintèrent d'un rouge très vif et des étincelles jaillirent de la Coupe. Une langue de feu surgit soudain et un morceau de parchemin noirci s'envola pour se poser dans la main ouverte de Koslowski.
Tout le monde retenait son souffle. On aurait pu entendre les Doxys voler.
- Le champion de Beauxbâtons est une championne ! Charline Loiseau !
Les élèves de l'école française bondirent en applaudissant, criant, sautant, pour féliciter Charline. Cette dernière quitta sa place et s'avança jusqu'à l'estrade où se trouvait Koslowski pour se poster derrière lui.
Un deuxième papier se posa dans la main du directeur et Drago sentit un nœud se former dans son estomac. C'était au tour de Poudlard, pourtant, mais force était de constater que son attachement à l'école qui l'avait vu grandir était intact. Il pouvait toujours essayer de se persuader du contraire, Poudlard était son école. Il travaillait peut-être à Durmstrang, Poudlard resterait sa deuxième maison.
- Le champion de Poudlard est… eh bien, encore une championne ! Izia McAlister !
Une jeune fille aux cheveux noirs tressés se leva et avança elle aussi jusqu'à l'estrade, le menton relevé et le regard fier. Seuls Granger et Weasley eurent droit à un léger sourire de sa part avant qu'elle rejoigne Charline.
Drago aurait mis sa baguette à couper qu'elle était une parfaite Serpentard, mais l'écusson avec l'emblème de Poufsouffle sur sa poitrine fit taire ses soupçons.
Le troisième morceau de parchemin noirci atterrit dans la main de Koslowski quelques secondes plus tard.
- Et enfin, notre champion, celui qui portera haut les couleurs de Durmstrang… Aleksandar Karzoff !
Drago ferma les yeux l'espace d'un instant pour contenir son agacement. Ne pouvait-il pas être impartial ? Durmstrang était peut-être son école, Koslowski serait aussi jury et il ne devait pas faire preuve de favoritisme.
Aleksandar quitta la table des Soldats avec un sourire plutôt arrogant et Drago ne fut pas surpris par cette insolence de la part de cet élève qu'il connaissait bien.
Le dîner étant terminé, les élèves purent rejoindre leurs quartiers. Seuls les trois champions et leurs accompagnateurs restèrent dans la salle de réception, tout comme Drago et Krum, qui n'avait pas bougé de sa chaise.
- Tout ceci est très excitant ! s'exclama Koslowski alors que la porte de la salle se refermait.
- Quand saurons-nous la teneur de la première tâche ? demanda Aleksandar.
Drago, qui se tenait à côté de Koslowski, prit la parole avant lui.
- Bien assez tôt, monsieur Karzoff. Et je vous demande de faire preuve d'un peu plus de politesse envers votre directeur. Il s'agit là d'une compétition officielle, pas d'une partie de Bavboules entre amis un samedi soir pour passer le temps.
Aleksandar baissa les yeux et se fit petit.
- Comme l'a gentiment précisé mon cher ami, la première tâche vous sera révélée dans les prochaines semaines et se tiendra le vingt-quatre novembre, les informa Koslowski. Monsieur le Ministre fera partie du jury, avec monsieur Krum et les directeurs de chaque école.
Il ponctua sa phrase avec un regard blasé à l'attention de Granger et Apolline, avant de sourire à Krum comme s'il était Merlin en personne, ce qui eut le don d'agacer Drago.
- Si vous avez des questions, reprit-il, monsieur Malefoy sera tout à fait disposé à y répondre. Il connaît le déroulé de ce Tournoi par cœur ! Bonne soirée à vous et bon courage !
Koslowski quitta la salle de réception en laissant tout le monde entre les mains de Drago. Encore une fois, si la négligence du directeur était à prouver, il servait les preuves sur un plateau d'argent.
- En effet, je suis en mesure de répondre à toutes vos questions, confirma Drago. La porte de mon bureau vous est ouverte.
Il offrit son sourire le plus professionnel aux champions avant que ceux-ci partent avec leurs accompagnateurs.
Une fois la salle vide, Drago s'autorisa à pousser un long soupir libérateur. Il n'y avait pas eu d'accroc, pas de soulèvement des foules, pas de quatrième champion, pas de coup d'éclat. Seul Koslowski avait fait des siennes, comme d'habitude, mais c'était tout à fait gérable.
Drago en était soulagé. Ce n'était que le début, mais il préférait valider les étapes les unes après les autres.
George referma la porte de leur quartier derrière lui. Tous les élèves avaient rejoint leur dortoir, Hermione et lui étaient donc seuls avec Izia.
Il ne connaissait qu'à peine cette jeune fille, mais elle avait dans le regard quelque chose d'engagé et de combatif.
- Alors Izia, comment te sens-tu ? lui demanda-t-il en l'invitant à s'asseoir dans le canapé pendant qu'Hermione préparait du thé.
- Un peu stressée, avoua-t-elle, mais je suis déterminée. J'ai des choses à prouver et je compte faire tout mon possible pour ramener le trophée à Poudlard.
- C'est vraiment important pour toi ? s'enquit Hermione en déposant le service à thé sur la table basse.
Izia hocha la tête.
- Je suis le vilain petit canard d'une famille de Serpentard, expliqua-t-elle. Je vous laisse imaginer la tête de tout le monde quand ils ont appris que j'avais été répartie à Poufsouffle. Ma grande-tante maternelle en a même fait un malaise. Donc j'ai à cœur de leur prouver ma valeur, de leur montrer qui je suis, que je ne suis pas qu'une petite fille fragile qui aime les plantes et les animaux. Je suis courageuse, je suis douée et je peux gagner.
Le coin des lèvres de George s'étira en un sourire fier. Il était vraiment ravi que la Coupe de Feu ait choisi une jeune fille déterminée comme Izia. Il était persuadé qu'ils avaient toutes leurs chances avec elle.
- Je sais ce que c'est que d'être mise de côté, dit Hermione après une gorgée de thé. Je ne peux que comprendre ton envie de faire tes preuves.
- Hermione a cloué le bec de plus d'une personne quand elle était à Poudlard, déclara George en s'adossant complètement au dossier de son fauteuil. Tu sais que ta directrice a sauvé les miches de Harry Potter plus d'une fois ?
- C'est vrai ? demanda Izia, son regard interrogateur jonglant entre George et une Hermione rougissante.
- Aussi vrai que deux et deux font quatre, répondit George. Sans elle, Le-Garçon-Qui-A-Survécu aurait péri dès son entrée à Poudlard.
- Tu exagères, tempéra Hermione.
George mit sa main sur le côté de sa bouche pour ne s'adresser qu'à Izia comme s'il lui confiait un secret.
- Elle a résolu une énigme conçue par un maître des potions alors qu'elle n'avait que douze ans.
- Vous êtes effectivement bien modeste, professeure Granger !
Les joues d'Hermione rougirent encore plus et George ricana, fier de lui.
Ils passèrent la fin de soirée à discuter du Tournoi, à répondre aux moindres questions d'Izia. Étonnamment, celle-ci semblait confiante, même si cela serait sans doute différent à l'approche de la première tâche.
George ne put s'empêcher d'éprouver une certaine tendresse pour cette jeune fille qui lui rappelait beaucoup Roxanne, surtout physiquement. Comme sa fille, Izia avait une peau caramel, témoin d'un métissage évident. Comme sa fille, elle avait un nez épaté, bien que le sien soit décoré d'un anneau doré au septum. Comme sa fille, ses cheveux étaient d'une nature frisée, même s'ils étaient tressés en ce moment. C'était une chose qu'Angelina prenait le temps de faire sur Roxanne l'été, afin que cela lui tienne moins chaud.
- Que penses-tu de notre championne ? le questionna Hermione.
George quitta son fauteuil pour l'aider à débarrasser les tasses vides.
- Elle a beaucoup de potentiel. Je ne connais pas Aleksandar et Charline, mais personne ne m'oblige à être objectif.
Hermione pouffa.
- Certes. Je connais suffisamment Izia pour savoir qu'elle va faire honneur à l'école. C'est une élève discrète, mais qui sait s'affirmer. Tu sais ce qu'elle a fait l'année passée ? Elle est venue me trouver vers le mois d'octobre avec un gros dossier sous le bras et elle m'a exposé pendant une heure son envie de monter une organisation au sein de Poudlard. Je lui ai donné mon feu vert sans attendre. Ça s'appelle le Kaléidoscope et c'est une organisation pour les personnes LGBTQIA+, en questionnement ou non.
George eut un sifflement épaté. S'il avait besoin d'un argument pour être convaincu de la force de cette jeune fille, cela aurait suffi.
- Comme elle te l'a dit, c'est une outsider, poursuivit Hermione. Non seulement par son appartenance à Poufsouffle, mais aussi parce qu'elle est lesbienne. Avec ce qu'elle a décrit, tu imagines assez bien comment cette nouvelle a été accueillie dans sa famille.
- Malheureusement, oui, j'imagine. Mais la société a besoin de personnes comme elle, de jeunes sorciers qui piétinent les clichés et les traditions archaïques des anciennes générations.
C'était dans ces moments-là que George avait de l'espoir pour le monde dans lequel il élevait ses propres enfants.
- En tout cas, j'en connais un qui a passé la soirée à te reluquer, lança George en rejoignant le couloir qui desservait les dortoirs des élèves et leurs appartements.
- Je te demande pardon ?
- Krum, pardi ! Qui d'autre ?
- Il ne m'a pas reluquée… Si ?
- S'il ne l'a pas fait, alors il a un strabisme et c'est moi qu'il a maté toute la soirée. J'en serais flatté, ne te méprends pas, mais ce n'est pas mon genre.
- Je pense qu'il me regardait seulement parce que cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vus.
- En tout cas, si jamais tu cherches quelqu'un pour te réchauffer dans cet immense château glacial, tu devrais pouvoir toquer à sa porte. Bonne nuit, Hermione !
Il ricana et s'engouffra dans sa chambre alors qu'elle levait les yeux au ciel.
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Depuis qu'il avait goûté les croissants de la boulangerie de Simon, George était persuadé qu'il n'en mangerait jamais de meilleurs. Le feuilletage était parfait, le goût du beurre bien prononcé sans être écœurant, et la dorure sur le dessus apportait un croustillant qu'il adorait.
À chaque fois qu'il en dégustait un, il était difficile de se retenir d'en acheter un deuxième.
Tout ça, c'était la faute de Pansy Parkinson, d'ailleurs. S'il ne l'avait pas croisée, quelques jours plus tôt en train de déguster ce croissant comme s'il s'agissait de son dernier repas avant une condamnation à mort, il n'aurait pas développé cette addiction. Maintenant, il se faisait violence pour ne pas venir à Tsvetengrad tous les matins pour se remplir la panse.
Parkinson…
Il avait beaucoup pensé à leur échange et à la façon dont il s'était échappé de cette conversation. Il l'avait fait exprès, d'ailleurs, pour la provoquer. Il n'y avait pas de raison qu'elle le tienne pour coupable de quelque chose qu'il n'avait pas fait ! Avec Fred, ils avaient peut-être inspiré des élèves, mais ils n'étaient en aucun cas responsable de ce qu'ils avaient pu faire. Il ne doutait pas que se faire enlever des bois de cerf avait dû être une épreuve difficile et douloureuse pour elle, mais ce n'était pas sa faute.
Tout comme ce n'était pas la faute de Pansy s'il avait perdu son oreille droite.
Une fois son croissant terminé, George nettoya ses mains d'un rapide Tergeo avant de remonter la grande rue. Puisque Durmstrang n'était pas loin, autant y aller à pied et joindre l'utile à l'agréable.
Tsvetengrad ressemblait beaucoup à Pré-au-Lard, en plus grand. Les boutiques étaient similaires : deux ou trois pubs, une boutique de Quidditch, une de confiseries, une d'accessoires magiques, une autre de plumes et d'autres ustensiles de papeterie, une boutique de vêtements, des restaurants et ça, seulement sur l'artère principale.
En arrivant en haut, l'œil de George fut attiré par une devanture bleu roi qui détonnait au milieu des autres, plus ternes. "Pretty Pansies", calligraphié avec soin en lettres dorées, semblait scintiller sur la façade. Des dizaines de plantes et bouquets de fleurs étaient installés dans la vitrine et toutes ces couleurs égayaient la rue.
Curieux, George s'approcha un peu pour tenter de voir l'intérieur de la boutique. Sa surprise fut grande lorsqu'il distingua la silhouette de Pansy derrière le comptoir.
Que devait-il faire ? Entrer ? Allait-elle le mettre dehors pour avoir osé la laisser en plan la dernière fois ?
Un sourire mutin étira le coin de sa bouche et il poussa la porte. Un tintement résonna et Pansy leva la tête du bouquet qu'elle était en train de confectionner.
- Bonjour… Oh, c'est toi.
Si l'accueil avait été jovial de prime abord, tout était retombé lorsqu'elle avait croisé son regard.
- C'est moi, oui. J'ignorais que tu travaillais comme fleuriste ici.
- Je possède la boutique. Et tu ignores beaucoup de choses de moi, Weasley, répliqua-t-elle en serrant le raphia qui maintenait son bouquet uni.
- Je crois déceler une légère amertume dans ta voix. Je me trompe ?
Le regard noir qu'elle lui lança par-dessus son bouquet fit office de réponse plutôt claire.
- J'aimerais un bouquet, s'il te plait.
L'étonnement se lut aussitôt dans le regard de Pansy. George lui-même était un peu surpris par ce qui venait de sortir de sa bouche. Après la sélection d'Izia, Hermione et lui avaient discuté du fait de lui offrir quelque chose en guise de félicitations. Le bouquet de fleurs avait été évoqué et il semblerait que son cerveau venait d'acter la décision.
- Un bouquet ? répéta Pansy.
- Un bouquet.
- Je suis désolée, je suis à court de gentiane et ce n'est pas la saison des cytises.
George fronça les sourcils, dérouté.
- Il me semble que tu as autre chose dans ta boutique qui pourrait faire l'affaire, supposa-t-il.
- Pour exprimer l'abandon, le mépris et le dédain ? Non.
Un éclat de rire succéda à son incompréhension. C'était donc ça.
- C'est de bonne guerre, dit-il. Mais j'ignorais que mon départ soudain t'avait autant chamboulée.
- On ne laisse pas les gens en plan comme ça, Weasley, le disputa-t-elle en le pointant du doigt. On était au beau milieu d'une conversation, je te signale !
- Oui, au cours de laquelle tu m'as accusé d'un crime que je n'avais pas commis, Parkinson.
Elle fronça les sourcils à son tour et fit claquer sa langue contre son palais avant de retourner à son bouquet.
- Je ne plaisantais pas. J'aimerais un bouquet pour féliciter la championne de Poudlard.
Pansy le regarda avec un sourcil arqué.
- Elle n'a pas encore gagné, à ce que je sache.
- Non, mais elle a été sélectionnée pour participer au Tournoi et toi comme moi ne pouvons pas en dire autant.
Pansy le dévisagea de haut en bas avant d'apposer un sort de conservation sur son bouquet pour qu'il ne perde pas de sa fraîcheur. Elle essuya ses mains sur son tablier et le rejoignit au centre de la boutique pour avoir une vue sur son achalandage.
- Je peux te proposer un bouquet de camélias, dit-elle d'un ton professionnel en désignant de jolies fleurs blanches et roses. Elles symbolisent l'admiration. Je suis en avance sur la floraison, donc j'en ai peu, alors si tu en veux, c'est maintenant ou jamais.
Les camélias roses lui firent de l'œil tout de suite. Elle avait un léger reflet plus foncé selon la lumière et George espéra sincèrement qu'elles plairaient à Izia.
- Va pour celles-ci. Je pourrai le récupérer quand ?
- Si tu as une dizaine de minutes devant toi, je peux te le préparer tout de suite.
Pansy accrocha son regard au sien et George hocha la tête.
- Tu peux patienter là, si tu veux.
Elle désigna un petit salon composé de deux fauteuils en velours rose poudré ainsi que d'une table basse et George s'y installa.
Pansy s'attela à la préparation du bouquet et George fut bientôt hypnotisé par ses gestes. Elle prenait le temps de positionner chacune des fleurs pour rendre la composition harmonieuse. Elle coupait, taillait, égalisait avec rapidité et aisance. Le bout de sa langue pointait entre ses lèvres de temps à autre, témoignant de sa concentration. Elle regardait régulièrement le bouquet du dessus pour juger de la cohérence de l'ensemble.
De par son statut de Sang-Pur et la réputation qu'elle avait pu avoir, George n'aurait jamais imaginé Pansy faire un métier manuel. Il l'aurait plutôt vue au bras d'un riche sorcier du même statut de sang qu'elle, à regarder les gens de haut avec des reniflements dédaigneux. Et comme il aurait eu tort.
George ignorait si c'était une vocation depuis toute petite pour elle ou si c'était quelque chose qu'elle avait découvert sur le tard, mais sa passion pour son activité ne faisait aucun doute.
- Voilà.
Ce simple mot suffit à le sortir de ses pensées dans lesquelles il était perdu sans s'en rendre compte. Il se leva de son fauteuil et avança jusqu'à Pansy qui lui présenta le bouquet.
- C'est parfait, dit-il en sortant son porte-monnaie.
- Six gallions.
George déposa les pièces sur le comptoir et Pansy les rangea tout de suite dans son tiroir-caisse.
- Merci. Je te tiendrai au courant si le bouquet a plu à Izia.
Elle hocha simplement la tête tout en le regardant dans les yeux. George ne sut pas comment interpréter ce qu'il y lut. De la provocation ? De l'indifférence ? Du mépris ? C'était assez flou et pourtant, il mit de longues secondes avant de parvenir à se détacher de son regard.
Il lui souhaita une bonne journée sans rien recevoir en retour, puis quitta la boutique pour rentrer à Durmstrang.
Sur la route pavée qui menait à l'école, George sourit en lisant la petite phrase en italique sur la carte de visite glissée entre les fleurs : "Les fleurs ne parlent pas, elles montrent". Mais en la retournant par réflexe, il fut surpris de lire autre chose. Quelque chose d'écrit à la main, à l'encre noire.
"Demain soir, 20h, au Fruit Défendu."
Et voilà !
Alors, ce chapitre ?
Drago et Hermione brisent doucement la glace entre eux, même si on en est pas encore au stade le plus intéressant ahah. Viktor a les yeux qui traînent sur Hermione... Pourquoi, selon vous ?
Que pensez-vous des trois champions sélectionnés pour le Tournoi ?
Et puis George et Pansy... Ça m'a tout l'air d'être un rencard qui se profile au prochain chapitre, non ? Héhé.
Du love pour vous, à mercredi !
