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Un bain, donc.

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Le sourire de Tom s'évapora à l'instant même où il pénétrait dans la salle de bain et Harry ne put retenir un rire moqueur, toute sa tension disparue en un instant. Évidemment, c'était une cabane. À quoi aurait-il pu s'attendre d'autre ? Un SPA intégral, avec baignoire, hammam et tout le tutti ?

Mais la vérité était que la maison de Zamir, toute VIP qu'elle était, restait une simple chaumière de berger à l'orée des bois. Confortable, certes, mais plutôt rudimentaire. À la place de l'immense baignoire que Tom s'attendait donc à trouver, il n'y avait qu'une simple douche, bien trop petite pour qu'ils y tiennent à deux.

Harry pinça fermement ses lèvres pour ne pas éclater de rire quand il vit la mâchoire de Tom se contracter de colère. N'était-ce pas cela qui allait déclencher la guerre, au final ? Voldemort en conflit contre le monde entier car il n'avait pas pu trouver de jacuzzi en Albanie. Harry pouvait déjà imaginer les gros titres des journaux.

Une main glaciale attrapa son col et le tira en arrière, loin de la salle de bain : « Dehors. » grogna Tom en claquant la porte sur lui. Harry resta planté là, interdit, tandis qu'il entendait des jurons et d'étranges craquements provenant de la pièce désormais fermée.

Quand Tom rouvrit la porte, plusieurs longues minutes plus tard, ce fut pour s'emparer de la chemise trempée d'Harry et le traîner à nouveau de force à l'intérieur.

La salle de bain s'était métamorphosée : à la place de l'étroit espace exigu et fonctionnel qui l'abritait précédemment, une pièce spacieuse et luxueuse s'étalait désormais devant les yeux d'Harry. Les murs étaient revêtus de carreaux de céramique d'un bleu profond, rappelant la couleur de l'océan en plein cœur de l'été.

Au centre de la pièce trônait une immense baignoire sur pieds, ornée de pieds en métal finement ouvragé. À côté, un meuble en bois sombre abritait une multitude de produits de bain, tous soigneusement disposés dans des flacons en verre élégants.

Un immense miroir ovale encadré d'or trônait au-dessus d'un lavabo en marbre blanc, reflétant la beauté de la pièce dans une image saisissante.

Le sol était recouvert de carreaux de céramique chauffés, procurant une sensation de confort sous les pieds. Au fond de la pièce, une grande douche à l'italienne était équipée de jets d'eau multiples.

Tom semblait éminemment satisfait de lui-même. Harry cligna des yeux. C'était… c'était proche d'être du foutage de gueule. Depuis quand… qu'est-ce que… mais QUI, bordel, apprenait ce genre de sort ? Et où les apprenait-on ? Tous les agents immobiliers, pour sûr, devaient connaître cela. C'était… de la triche la plus totale.

Harry sortit de la salle de bain, puis de la cabane pour la contourner de l'extérieur. Toujours la même taille. Il entra à nouveau et jeta un regard dubitatif à Tom : « Cette salle de bain est plus grande à l'intérieur… »

« Je sais. »

« Non. Cette salle de bain est même plus grande que l'intégralité de toute cette cabane. » Il cherchait ses mots.

« Je sais. » répéta Tom qui semblait doucement perdre patience.

« Mais pourquoi ? Qui fait ça ? » demanda Harry en entrant à nouveau dans la salle de bain pour l'observer sous toutes les coutures.

« He bien il semblerait que JE fasse ça pour pouvoir prendre un bain en toute tranquillité et pas compressé entre quatre murs humides. J'aime avoir mon petit confort. »

Harry s'assit sur le rebord de la baignoire. Le monde magique, tout ça, c'était trop pour lui. Pourquoi Tom ne se reconvertirait pas en vendeur de biens immobilier, finalement ? Avec sa capacité à transformer une simple salle de bain en un luxueux sanctuaire, il pourrait vendre des palaces de trois mètres sur trois en un clin d'œil. Et… et si tout le monde pouvait lancer des sorts aussi spectaculaires, alors pourquoi les Weasley vivaient-ils toujours dans leur petite maison biscornue, plutôt que dans un majestueux manoir digne d'un conte de fée ? Est-ce que le Domaine Gaunt avait aussi été construit de cette façon ? Mais alors si n'importe qui pouvait créer un château à volonté, quelle valeur cela avait-il ? Il n'y avait plus de rareté du bien et économiquement, cela…

« Stop. Je ne te demande pas de disserter sur le sujet, juste de profiter. » Tom porta ses mains aux boutons de sa chemise et Harry sembla soudain émerger de ses pensées. Il fit un geste vers Tom pour l'arrêter : « Attends. »

Tom sembla s'agacer un peu plus : « Quoi encore ? »

Harry s'était levé et l'avait rejoint : « Je vais le faire. » Il sentait son cœur tambouriner dans sa poitrine à mesure qu'il défaisait, un à un, les boutons de la chemise. Ce geste n'était pas simplement celui d'un serviteur zélé ou d'un observateur distant. Non, il avait une signification bien plus profonde, car il était celui qui comptait, celui qui était accepté. Celui pour qui on éprouvait du… du désir. Il n'y avait pas vraiment de… sentiment (du moins il essayait de s'en convaincre), comment aurait-il pu y en avoir ? Surtout avec quelqu'un comme Tom Riddle… Non, c'était juste… juste de l'attraction physique. Et puis peut-être aussi ce lien indéfectible qu'ils partageaient depuis toujours. C'était comme si toute leur vie avait été écrite pour qu'ils se retrouvent : ils s'étaient cherchés pendant si longtemps et, quand ils s'étaient trouvés, ils s'étaient haïs. Mais ils ne pouvaient pas vivre l'un sans l'autre.

Ni avec, ni sans. C'était leur malédiction.

Les yeux sombres de Tom étaient baissés sur Harry. Ce dernier pouvait sentir son regard le transpercer mais il fit mine de ne rien savoir. Quand il fit glisser la chemise des larges épaules et qu'elle tomba au sol dans un froissement doux, il ferma les yeux un instant pour graver ce moment dans sa mémoire.

Ces instants de plénitude ne pouvaient pas durer éternellement. Il savait qu'un contrecoup violent les attendait. Quelque chose de dévastateur qui les briseraient encore plus qu'ils ne l'étaient déjà. Parce que leur destin n'avait jamais été d'être heureux. Ils auraient beau lutter, se débattre… ils étaient déjà enfoncés jusqu'au cou dans les sables mouvants.

Harry recula d'un pas pour admirer son travail. La poitrine de Tom se soulevait avec régularité, avec tranquillité, et cette maîtrise de soi était aussi agaçante qu'impressionnante. Il voyait ses muscles se dessiner sous son maillot de corps et eut envie de les parcourir des doigts. Était-ce possible d'être aussi bien foutu ? Il sentit sa magie s'agiter en lui, mais elle ne fit pas mine de le 'déconnecter' de la réalité.

Il s'approcha à nouveau, captivé par la silhouette qui lui faisait face. Avec lenteur, il posa ses mains sur l'ourlet du maillot de corps, le faisant glisser le long du ventre, révélant chaque seconde un peu plus de la peau délicate et diaphane de Tom.

Sous ses doigts, il sentait la fraîcheur du corps de Tom et cette sensation électrisait ses sens.

Le vêtement tomba finalement au sol et Harry parcourut du regard chaque courbe, chaque détail, s'imprégnant de la beauté du corps qui se trouvait devant lui.

Tom, jusque-là, n'avait encore fait aucun mouvement, comme s'il cherchait à apprivoiser, ou à ne pas effrayer, un petit animal sauvage et Harry, enhardit par cette immobilité, plaça ses mains sur les boutons de son pantalon. Il hésita quelques secondes de trop et Tom en profita soudain pour lui saisir les poignets et les porter à ses lèvres avec une délicatesse inattendue. Un frisson parcourut Harry alors qu'il se sentait doucement poussé vers la douche. Il tenta de protester mollement : « Attends, je suis encore habillé… » Mais Tom ne prêta aucune attention à ses paroles, le plaquant doucement contre le mur carrelé froid pour l'embrasser avec une passion dévorante. « Il a dû ronger son frein tout ce temps… » pensa Harry alors qu'il plaçait ses bras autour du cou de son assaillant pour mieux pouvoir répondre au baiser.

Quand l'eau chaude commença à tomber de la pomme en une pluie fine et agréable, Harry sentit son propre désir le pousser dans ses retranchements. Il se sentait comme prisonnier de ses propres vêtements et se débattit pour pouvoir s'en extraire. Quand il eut enfin réussi, haletant, il releva les yeux vers Tom qui le regardait avec appréciation et ce regard le fit à nouveau chavirer. Sa magie enfla en lui soudainement, cherchant visiblement, elle aussi, à retrouver instinctivement celle de Tom et Harry dû placer une main contre la paroi pour se soutenir. Tom lui adressa un sourire séducteur : « Laisse-la faire. » murmura-t-il. Et sa voix était celle d'un démon tentateur.

Et Harry lâcha prise. Et c'était… putain… c'était mieux que tout ce qu'il n'avait jamais connu. Quand Tom s'agenouilla devant lui et que sa langue passa lentement sur la hampe durcie d'Harry, ce dernier ne put se retenir d'enfouir en hoquetant ses mains dans les cheveux de cet homme qui lui faisait tant de bien.

Harry, submergé par les vagues d'extase qui le parcouraient, ouvrit à demi les yeux entre deux moments de plaisir intense et ce qu'il vit le laissa bouche bée : sa propre magie pulsait hors de lui par vagues brillantes, dans un ballet éblouissant, et celle de Tom y répondait avec une synchronisation parfaite. C'était comme si leurs énergies dansaient ensemble, fusionnant et se séparant en un tourbillon hypnotisant. C'était comme deux cœurs jumeaux battant à l'unisson. Comme si les vagues du Yin épousaient celles du Yang.

Alors qu'il se sentait au bord de la rupture, Harry grogna d'une voix rauque, à peine reconnaissable : « Je vais... je vais... arrête. »

Tom se redressa lentement, laissant Harry frustré et désireux de plus. D'une main tremblante d'anticipation, il défit rapidement les derniers boutons du pantalon qui emprisonnaient toujours Tom, le libérant enfin de ses derniers vêtements et ils se retrouvèrent tous les deux entièrement nus, leurs corps tendus de désir, prêts à succomber à la passion qui les consumaient.

Tom glissa sa main sous les fesses d'Harry, le soulevant avec une facilité surprenante et Harry enroula ses bras autour de son cou, ses jambes autour de ses hanches, se pressant contre lui avec ardeur. Leurs lèvres se rencontrèrent dans un baiser fougueux et leurs langues s'entrelacèrent avec passion.

La fraîcheur de la peau de Tom contre la sienne, l'eau chaude, presque brûlante, qui coulait sur eux sans discontinuer, le frisson de plaisir qui parcourait son corps à chaque frôlement, à chaque mouvement… tout cela le transportait vers des sommets de plaisir indescriptibles.

La monde autour d'eux s'estompait alors qu'ils se perdaient dans leur étreinte passionnée, ne laissant place qu'à leur désir brûlant l'un pour l'autre.

Rien d'autre n'importait.

Rien d'autre n'existait.

Sauf eux deux, unis dans cet état de félicité qu'ils auraient souhaité durer éternellement.

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Épuisé, il avait appuyé son dos contre le torse de Tom, sa tête sur son épaule, et se laissait désormais aller à un repos bien mérité. Cette baignoire avait pu les accueillir tous les deux sans aucun problème. Il y restait même encore de la place pour… et bien pour d'autres activités. De sa position, il ne pouvait pas voir l'expression de Tom, mais il sentait son souffle irrégulier chatouiller sa gorge dévoilée. De temps en temps, la main du plus grand mage noir de tous les temps se contractait involontairement sur son ventre nu.

Harry soupira : « La première fois que je t'ai vu… - il marqua une pause, réfléchissant un instant – Non. La première fois dont je me souviens, tu venais de boire le sang d'une licorne, au cœur de la forêt interdite. »

Il vit la main de Tom s'étendre devant lui et une petite licorne de fumée noire se forma dans les airs : « C'est ridicule. Pour pouvoir boire le sang d'une licorne, cela voudrait dire que je l'ai tué. Je sais parfaitement ce que cela impliquerait et je ne suis pas assez fou pour le faire. »

Harry tendit les doigts et le simulacre de créature galopa le long de son avant-bras, avant de s'évanouir dans la pièce : « Une demi-vie, une vie maudite. » Les paroles de Firenze lui revinrent en mémoire. Il se souvenait de son air grave, de ses cheveux presque blancs virevoltant dans le vent, alors qu'il le mettait en garde contre l'abomination que Voldemort était en train de devenir.

Tom se repositionna derrière lui pour être plus confortable. Son ton était léger, comme celui de quelqu'un qui ne croyait pas un traitre mot de ce qu'on lui disait : « Je devais être sacrément désespéré, pour faire cela. »

Harry soupira à nouveau : « Oui. Tu étais en train de mourir. Tu avais… tu devais… survivre quoi qu'il t'en coûte, je suppose. »

« Et tu étais là… »

Harry fit naître quelques vagues du revers de sa main : « C'était du pur hasard. J'avais été puni, avec Malfoy et je devais… aider Hagrid à faire quelque chose. Je ne me souviens plus trop le but de ma punition, c'était il y a longtemps. »

« En pleine nuit ? Dans la forêt interdite ? » La voix de Tom était plus que suspicieuse et Harry ne pouvait que le comprendre. Qu'est-ce qu'il était censé apprendre, lâché seul à 11 ans, dans une des forêts les plus dangereuses d'Angleterre ?

Mais Tom était déjà passé à autre chose, comme s'il était en train d'écouter un gentil conte de fée : « Et la seconde fois ? »

Harry mit un instant à comprendre : « Que je t'ai vu ? C'était la même année. Tu as juste essayé de me tuer. »

Il sentit le souffle moqueur de Tom chatouiller sa nuque : « Visiblement, c'était un échec. »

« Visiblement. » Répondit Harry en laissant la paume de sa main caresser la cuisse de Tom.

« Est-ce que j'ai essayé de te tuer à nouveau, par la suite ? »

Harry hocha la tête distraitement : « À peu près chaque année. »

Il entendit le rire contenu dans la voix de Tom : « Et donc, à chaque fois, c'est ce que tu me dis, un adolescent de quoi… 12, 13 ans a réussi à terrasser l'expert en magie noire que je suis ? »

« Lors de ma seconde année, j'ai rencontré… le toi du journal. - Tom retint sa respiration et Harry continua – Tu étais si jeune… Tu avais quoi… seize ans, tout au plus ? »

Il sentit les muscles de la cuisse de Tom se contracter sous sa paume : « Tu as eu le journal ? Comment ? »

« Un de tes… sbires l'a fait passer à une amie et tu as réussi à la piéger avec tes belles paroles. »

Un feulement grave sortit de la gorge de Tom : « J'ai confié ce journal à Abraxas. Ne me dis pas qu'il ne l'a pas conservé ! »

Harry sourit mélancoliquement : « Ton journal est toujours chez lui, ne t'inquiète donc pas autant. N'oublie pas que je te parle d'une époque qui n'arrivera que d'ici 30 ans. »

Tom l'enserra entre ses bras et il laissa une de ses mains errer sur la gorge d'Harry : « Ha oui, cette fameuse histoire. J'irai quand même m'assurer qu'il est toujours là-bas, si tu n'y vois pas d'objection. »

« Il y sera. » soupira Harry.

« Et comment m'as-tu trouvé ? »

« Comment ça ? »

« Physiquement, je veux dire. »

Harry tourna légèrement la tête pour entre-apercevoir les yeux de Tom : « Tu étais beau. Et fière. Et arrogant. »

La main de Tom cessa de caresser sa gorge : « Mais tu préfères celui que je suis maintenant, n'est-ce pas ? Je suis… plus viril, plus… expérimenté. »

Harry pouffa : « Ne me dis pas que tu es jaloux de toi-même ? »

Tom grogna et s'empara brusquement du poignet d'Harry. Une légère douleur le ceignit et il tenta de se dégager. Quand Tom le relâcha enfin, il vit qu'il avait à la place un très fin bracelet d'argent. Il l'observa avec attention, laissant la lumière accrocher les maillons du bijou : « Qu'est-ce que c'est ? »

Tom détourna les yeux, presque gêné. C'était la première fois qu'Harry voyait ce type d'émotion passer sur son visage.

« Un bracelet. »

Harry lui envoya un regard désabusé : « Oui, merci, j'avais remarqué. Je demandais juste à quoi il servait. Te connaissant, il a forcément une capacité cachée ou un truc dans ce genre. »

Tom eut un reniflement de mépris : « Pour… savoir où tu es. La forêt est grande. Je ne voudrais pas que tu t'y perdes. »

Harry eut une moue : « D'accord, tu peux me retrouver avec ça, mais est-ce que ça marche aussi avec moi ? »

Tom sortit de l'eau son autre main et Harry y vit le même bracelet accroché. Il ne put empêcher une remarque sarcastique de franchir ses lèvres : « Oh, je vois. Un bijou de couple alors. »

Il entendit Tom s'étrangler derrière lui : « Un quoi ? »

« Tu sais, comme ces amoureux fusionnels qui ne peuvent pas s'empêcher de s'habiller pareil. »

Il sentit le sang de Tom bouillir en lui : « Ce n'est pas du tout ça ! C'est juste un outil pour ne pas se perdre. Si… si jamais on est séparé… Ce n'est pas du tout… Ce n'est pas… »

Lord Voldemort qui balbutiait, c'était du jamais vu. Harry lui décocha un sourire malicieux : « Oui. Oui… un outil… moi ce que j'en dis, c'est que… »

Mais Tom le fit taire en s'emparant fiévreusement de ses lèvres.

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