Identité de Genre
Contraintes :
Période : Next Gen
Style d'écriture : Au présent
Objet-Magie : Patronus
Lieu : Cachette Secrète
Personnage : Percy Weasley
Phrase Imposée : "Si tu veux cerner la vraie nature de quelqu'un, regarde la façon dont il traite les personnes qui lui sont inférieures, et non pas ses égaux"
Ajout diabolique : UA Moldu
Nombre de mots max : 800 / Nombre de mots écrits : 798
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Le sujet initial était "Intersexuation", mais je me sentais pas d'aborder une thématique aussi complexe que je suis très très loin de maîtriser (je maîtrise pas non plus les autres, mais je me sens beaucoup moins intimidée). Surtout en si peu de mots.
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Lucy a toujours été à part. Au lieu de parler dans les alentours de l'âge de un an comme tout le monde, elle a dit son premier mot à trois ans. Audrey et moi nous sommes beaucoup inquiétés. Nous l'avons amenée dans une grande tournée de pédiatres pour déterminer le problème. Mais il n'y a rien. Ma princesse est parfaite. Elle a simplement décidé de s'exprimer lorsqu'elle en a eu envie. Quand elle a demandé à ce qu'on lui passe le sel, à table.
Lucy a toujours été renfermée sur elle-même. Elle n'aime pas jouer avec les autres enfants. Même ses cousins ou sa grande-sœur. Elle reste dans son coin pour dessiner, et regarde parfois longtemps son environnement, comme si elle pouvait voir quelque chose d'invisible pour nous autres.
Lucy a toujours été créative. Les images qu'elle gribouille ne ressemblent en rien à ce qu'une petite de son âge peut faire. Elle invente des créatures qu'on ne retrouve dans aucun livre, ou s'applique à représenter des détails ennuyeux comme les graviers ou la texture du crépi de la maison.
Lucy a toujours été sensible. Sa différence fait d'elle une cible de choix pour tous les gamins idiots et cruels. Cependant, elle ne pleure jamais. Elle s'isole encore plus, et a pris l'habitude de se cacher dans des endroits improbables pour que personne ne puisse jamais la retrouver.
Sauf moi.
J'ai toujours su où dénicher ma petite princesse. Ça m'a pris du temps, mais je repère à présent d'instinct les bons endroits pour elle. Un gros buisson, un arbre aux branches accessibles, un espace entre une clôture et un grillage… Alors, je lui ai créé le meilleur repère d'entre tous. La Cachette Ultime.
Derrière la palissade, au fond du jardin, j'ai découvert un petit carré d'herbes à l'abandon. J'ai dessoudé une planche pour qu'elle puisse passer, et j'ai construit une petite cabane que j'ai recouvert de plantes pour mieux la camoufler. Là-bas, personne ne viendra jamais l'embêter. Je me souviendrai toute ma vie de son regard, le jour où je lui ai présenté l'édifice bancal.
Avec le temps, nous l'avons consolidé ensemble. Elle a décoré l'intérieur de centaines de dessins, et je lui ai bricolé des petits meubles. Nous avons chipé deux grosses couvertures sous le nez d'Audrey, qui cherche encore où elles ont bien pu disparaître.
Et à présent, même si ma princesse ne peut plus tenir debout dans son antre, elle continue de s'y réfugier quand ça va mal. Comme aujourd'hui, où je me contorsionne dans le trou de la palissade pour venir toquer à sa porte vermoulue, celle d'un placard ancien que j'ai chiné dans une brocante.
« Je peux entrer, princesse ? »
Un simple "hmm" me répond, et je m'insère difficilement dans l'espace étroit. Je m'affale sur les coussins, et prend le temps de la regarder sculpter un bout de bois. C'est sa nouvelle passion, et ses trophées plus ou moins réussis pullulent dans la maison.
« C'est toujours ta créature totem ?
— Une Demiguise, papa. Et arrête de m'appeler "princesse".
— Tu seras toujours ma petite princesse.
— Et si j'étais un prince ? »
La réflexion me laisse pantois. C'est la première fois qu'elle me regarde de cette façon. La première fois que j'entends parler de ça. Et tout à coup, son dégoût des robes commence à faire sens dans ma tête.
« Tu préfères être mon petit prince ? Ça me va aussi, tant que tu restes mon petit ange.
— Qu'est-ce que ça change, de toute manière ? grommelle-t-elle (il ?) en reprenant son ouvrage, les gestes plus secs. Les autres filles me fatiguent, mais les gars refuseront toujours de me voir autrement.
— Tu as essayé d'aller avec eux ?
— Non. Ça sert à rien. Les gens sont stupides, ils ne voient ou comprennent que ce qu'ils veulent. Essayer de leur expliquer est un combat perdu d'avance.
— Comment peux-tu le savoir si tu ne tentes pas, mon petit prince ? Tout le monde ne l'acceptera pas, c'est vrai. Mais certains sont plus ouverts que tu crois. Regarde-moi : tu ne m'as jamais rien dit avant aujourd'hui, et je ne suis pas réfractaire à l'idée. Tout ce qui m'importe, c'est ton bonheur. Si tu veux cerner la vraie nature de quelqu'un, regarde la façon dont il traite les personnes qui sont différentes, et non pas ceux qui leur ressemblent. »
Elle/Il stoppe ses mouvements nerveux, et ses yeux se perdent dans le vide. J'adore quand il/elle fait ça. Le monde pourrait exploser qu'il/elle ne réagirait pas.
Je le/la laisse réfléchir au lieu de poursuivre la conversation, et je me demande si sa solitude vient de là. J'ai mal en imaginant qu'il/elle ressent à ce point un tel mal-être. Et je me jure de tout faire pour le/la rendre heureux/se…
Peut-être en commençant pas l'appeler "il", déjà ?
