Chapitre XLVIII
Quand Hurley avait enfin trouvé le courage d'aller voir Artémis, ç'avait été pour apprendre que l'état des olympiens s'était dégradé au point que les visites étaient à présent limitées aux familles. L'infirmière à qui le surfeur avait parlé s'était montrée rassurante ; dans le cadre d'un sevrage, il était tout à fait normal que le patient souffre crescendo jusqu'à avoir passé un pic au-delà duquel les choses s'amélioraient. Cela restait compliqué pour Hurley, partagé entre son besoin de revoir Asha et celui de confronter Artie. Le surfeur n'était pas sûr de comprendre comment l'olympien en était arrivé là. Nathan lui avait expliqué ce qu'était la transidentité, mais Hurley ne voyait dans tout ça qu'un complexe comme un autre. Quoique désolé pour Artémis, il ne lui pardonnait pas. Aucun mal-être n'excusait de pactiser avec Ray Dark et d'obéir à des ordres monstrueux. Jude était aveugle. Le même Jude ayant sauvé la vie du surfeur et de tous ses coéquipiers en sachant que ce genre de représailles pourraient être exercées. Un mec avec de l'honneur à revendre et dont le châtiment était pure injustice. Quant à jouer avec les sentiments des gens… Était-ce de l'égoïsme ? Hurley voulait discuter avec Artie afin de faire son deuil d'Asha. C'était du moins le plan jusqu'à ce que, refoulé à l'accueil, ses yeux se posent sur un bloc de post-it.
-Est-ce que je peux lui laisser un mot ?
L'infirmière était repartie, toutefois la secrétaire s'étonna.
-Un mot ? Si tu le souhaites. Mais tu dois bien avoir le numéro de ton ami… Pourquoi ne pas lui envoyer un message qu'il lira dès qu'il se sentira mieux ?
Le surfeur répondit sans réfléchir que ce n'était pas pareil. A la vérité, il ne savait pas plus pourquoi il avait demandé ça que ce qu'il allait écrire. Le bloc dans une main, un stylo dans l'autre, il fixait le carré de papier coloré avec la conviction d'être un parfait idiot.
-Jeune homme, est-ce que tout va bien ? Finit par s'inquiéter la femme.
-Non, dit-il comme une seconde certitude lui faisait écraser la bille sur le support.
Sa main bougeait toute seule tandis que son regard se brouillait. Ravalant ses larmes, il plia le premier carré en deux et rendit le tout à la secrétaire avant de quitter l'hôpital à grands pas. N'en déplaise à celui-là même qui l'avait tracée, l'affirmation était catégorique.
« Je t'aime. H. »
