Chapitre XLIX
Venant de n'importe qui d'autre, ç'aurait clairement été un rencard. Venant de Mark, rien n'était moins certain. « Je suis un homme libre ! C'est grâce à toi ! On va où tu veux, on fait ce que tu veux, c'est moi qui offre ! », disait son texto. Les deux jeunes gens n'avaient pas tardé à arrêter une date et s'étaient rapidement décidés pour la flânerie, mais le jour J arrivé, Nathan ne savait toujours pas quoi se mettre. Si c'était bel et bien un rencard, le défenseur devait faire suffisamment d'efforts pour que le brun les remarque. En revanche, la situation serait abominablement inconfortable si le gardien ne comprenait pas pourquoi Nathan s'amenait tiré à quatre épingles.
Que faire pour se sortir de ce mauvais pas ? Contacter Axel ? Silvia ? « Dis-moi, est-ce que, à tout hasard, Mark aurait laissé entendre qu'il s'intéresserait à moi ? » Ah, ah ! Impensable. Prendre conseil auprès de ses amis ? Joseph était le seul à avoir une expérience valable en relations amoureuses, et il le trollerait comme les autres. Non, le défenseur ne pouvait compter que sur lui-même. Debout devant son placard, il jetait des regards alarmés à la pendule. « Merde, merde, merde ! » L'unique fois où le brun l'avait complimenté sur son physique, ç'avait été alors qu'il portait l'uniforme complet de la Royale, képi et chignon réglementaires inclus, mais il n'allait tout de même pas… Quoi que… Non ! Et si ?…
Lorsqu'il émergea de la petite salle de bain qu'il partageait avec John, celui-ci revenait tout transpirant d'une séance de boxe.
-De quoi j'ai l'air ? S'enquit nerveusement Nathan.
Le milieu considéra les bottes lacées en cuir brun de leur uniforme et le jean slim noir civil, la chemise blanche aux manches retroussées et au col entrouvert, enfin le chignon parfaitement imparfait, c'est-à-dire impeccablement lisse et centré mais n'ayant pas pris la frange en otage. Il huma les odeurs fruitées encore fraîches et puissantes du parfum et du déodorant, puis pinça un peu plus son masque sur son nez.
-Oublie pas ta pancarte « baise-moi », commenta-t-il.
Le défenseur se décomposa.
-Vraiment ?! C'est l'effet que je fais ?!
Son évidente panique lui valut une hésitation de la part de John. Il sembla embêté, cherchant une atténuation polie pas tellement dans ses cordes, et baissa les yeux.
-Désolé. Je n'aurais pas cru que c'était si important…
Cela eut le mérite, à défaut de rien changer à l'opinion du milieu sur sa tenue, de stupéfier Nathan qui envisagea une seconde d'annuler son rendez-vous avec le gardien pour appeler l'Institut Occulte. L'un de ces types devait bien savoir comment réaliser un exorcisme… Parce qu'un John s'excusant, c'était un John possédé. Il n'y avait pas d'autre explication. Puis son portable sonna. Il était l'heure de choper son sac et de ficher le camp avant d'être en retard.
