CHAPITRE 4
***Drago***
Le sommeil lui échappait.
Il s'était retourné et tourné pendant les deux dernières heures, les événements du début de la soirée se déroulant dans son esprit en boucle continue. Ses émotions ricochaient d'une fureur aveugle - pourquoi était-elle si têtue ?! – à des sensations plus douteuses, chaudes et collantes – des jambes fortes agrippant sa taille comme un étau, des bras enroulés autour de son cou, une respiration chaude fantôme dans ses oreilles.
Drago ne s'était jamais senti aussi confus de sa vie. Il n'était pas aveugle, Granger était une jolie fille, mais et alors, putain ! Il y avait beaucoup de filles attirantes dans cette école, y compris cette foutue Serdaigle de sixième année qui lui avait jeté un regard plus tôt dans la semaine, comment s'appelait-elle déjà… Amy ? … Jamie ?
Alors pourquoi était-il si affecté par Hermione Granger parmi toutes les foutues personnes !
Peut-être qu'il avait, sans le savoir, reçu un coup à la tête lorsqu'ils se sont croisés. Cela expliquerait certaines choses. Oui, il devait souffrir d'une sorte de lésion cérébrale catastrophique. Sinon, pourquoi aurait-il taquiné Granger en lui disant des choses cochonnes tout en lui pelotant les cuisses ?
À l'époque, il plaisantait, essayant de briser la glace face à une situation manifestement délicate. Au lieu d'en rire comme il s'y attendait, elle avait pratiquement ronronné à son oreille « si je voulais dire quelque chose d'une manière coquine, crois-moi, tu le saurais. » Comme un putain de chaton sexuel. À quoi avait-elle pensé, il avait supposé qu'elle réagirait comme une petite prude avec un petit ami idiot. En parlant de son petit-ami, Weasley lui jetterait un avada s'il connaissait l'effet qu'Hermione avait sur Drago.
L'afflux de sang dans son aine à la combinaison de son souffle chaud et de ses mots l'avait presque fait tomber. Le désir de la balancer autour de son corps et de la ramener au château, poitrine contre poitrine, était palpable. Le flux sanguin réduit vers son cerveau signifiait que la seule solution qu'il pouvait prendre était de couper la communication et d'essayer de revenir aussi vite que possible sans aggraver sa blessure.
Après que Drago ait fermé les lignes de communication, l'impensable s'était produit, elle avait resserré son étreinte autour de son cou, s'était détendue et avait blotti son visage contre lui, comme si c'était la chose la plus naturelle au monde qu'il la porte sur son dos. Et pour la première fois depuis des années, Drago s'était senti complètement satisfait. Avec le poids chaud et les battements de cœur pressés contre son dos et les cheveux indisciplinés chatouillant son cou, il s'était senti en paix. Il avait tellement aimé l'avoir sur le dos que lorsqu'ils atteignirent le château, il avait ignoré ses tentatives de glisser, ne voulant pas perdre le contact, supposant qu'elle essayait d'être polie en voulant descendre.
Mais une fois qu'ils atteignirent l'infirmerie et qu'il la plaça sur le lit, elle avait bondi de lui avec une telle vitesse, Drago se rappela durement que le contact, pour elle, avait été une épreuve qu'elle avait dû endurer par nécessité. Bien sûr que c'était le cas, combien de fois avait-elle essayé de se débarrasser de lui avant d'accepter son aide à contrecœur. Il s'était retiré de l'infirmerie avant de lui donner l'occasion d'exprimer à quel point l'expérience avait été désagréable.
Drago ne pouvait plus le supporter, et même s'il savait qu'il se détesterait plus tard, il abandonna la bataille interne et chercha la libération dont il avait désespérément besoin. Se prenant en main, il pensa à des lèvres souples contre son cou, des jambes bronzées enserrant sa taille et des seins moelleux pressant son dos… Plusieurs allées et venues furieuses plus tard et enfin, enfin il parvient à s'endormir.
.
.
.
Drago ne repéra Hermione que de loin pour le reste du week-end. Généralement aux heures des repas dans la Grande Salle. Il essayait activement de ne pas la remarquer, mais d'une manière ou d'une autre, il le faisait toujours. Elle semble bien marcher maintenant, donc la blessure ne devait pas être trop grave. Il jure de ne courir que le matin pour éviter toute catastrophe future.
— « … jure que je vais le découvrir, alors tu ferais mieux de me le dire maintenant. »
— « Découvrir quoi ? » demande Drago à Pansy, qui semblait interroger Théo pendant le petit-déjeuner de lundi.
— « Théo a un nouveau copain, et il ne veut pas me dire de qui il s'agit ! Et ne le nie pas, je reconnais un suçon quand j'en vois un. » Pansy tira sur le col de Théo pour exposer une ecchymose rose douteuse.
— « Pans, bébé, ma vie amoureuse est basée sur le besoin de savoir et toi, chère fille, tu n'as pas besoin de le savoir ! » rétorqua Théo.
Drago sait que Théo peut être incroyablement privé sur sa vie amoureuse. En tant que l'un des rares étudiants ouvertement homosexuels à Poudlard, il peut être très protecteur envers tous ceux qu'il voit, surtout s'ils ne sont pas encore à l'aise pour déclarer leur orientation vers le monde.
— « Laisse ça tranquille, Pansy, » dit Drago, « S'il veut que tu le saches, tu le sauras. Inquiète-toi pour ta propre vie amoureuse. »
— « Crois-moi Drago, je m'inquiète pour ma propre vie amoureuse. Sais-tu que mes parents étaient fiancés à la fin de leur septième année ? Et me voilà sans petit ami et sans perspectives. »
— « Peut-être que ça aiderait si tu n'étais pas une telle garce tout le temps ? » ajouta Théo.
— « Ouais, peut-être, » acquiesça Pansy, « mais c'est une habitude tellement difficile à perdre. Tu as l'air moins garce ces jours-ci Drago, comment fais-tu ? »
— « « Chaque fois que j'ai envie d'être méchant, je me demande : que ferait Pansy ? Et puis je fais le contraire. »
— « Eh bien, ça marche, » dit Pansy, « d'accord donc à partir de maintenant je ferai le contraire de ce que j'ai vraiment envie de faire. Bon, revenons à ma recherche d'un petit ami, des suggestions ? »
— « Désolé Pans, tu es seule », dit Theo.
— « Hmmm, j'ai peut-être besoin de me diversifier un peu. Mon dernier petit ami Serpentard était clairement un raté. » plaisante Pansy, donnant un coup de coude amical à Drago. Drago rit et secoue la tête.
— « Que pensons-nous de Weasley ? Je veux dire, je sais que nous le détestions et tout. Mais nous laissons toutes ces conneries de guerre derrière nous, n'est-ce pas ? Il est plutôt mignon à la manière d'un bébé girafe. Et un peu une célébrité, le Golden Trio et tout ça. »
Drago se moqua : « Tu veux dire Ron Weasley ? Bonne chance pour voler le petit-ami de Granger ! Elle se battrait pour lui et ne te méprends pas, je serais heureux de vous voir tous les deux vous battre. Mais je ne suis pas sûr que tu en sortirais victorieuse. »
— « Tout d'abord, je pourrais tout à fait la battre, je me bats méchamment ! Et deuxièmement, il n'est pas le petit-ami de Granger. »
— « Quoi ? Bien sûr, qu'il l'est, » dit brusquement Drago, « tout le monde sait qu'ils sont en couple, il y avait ces photos d'eux dans la Gazette après la bataille. As-tu vécu dans une grotte ? »
— « Je pense que c'est peut-être toi qui a vécu dans une grotte, » dit Théo d'une voix traînante, « ils ont rompu il y a des mois. »
— « Conneries… Vraiment ? »
— « Oui, vraiment, » ajoute Pansy, « pourquoi as-tu l'air si intéressé de toute façon, est-ce que tu as le béguin pour Granger ou est-ce que je vais devoir te battre pour Weasley ? »
— « Va te faire foutre Pansy, » lança Drago, « Je ne suis pas intéressé, juste… surpris. Je pensais qu'il aurait ses griffes bien enfoncées sur elle. »
— « Mmmhmm, » marmonna Pansy tout en lançant à Drago un regard complice. « D'accord, revenons à moi maintenant, s'il te plaît. Alors Weasley, oui ou non… ? »
Drago se désintéressa rapidement de la conversation. Comment n'avait-il pas su que Ron et Hermione avaient rompu… des mois auparavant ! Cela ne changeait rien pour lui, elle le détestait toujours. N'est-ce pas ?
Ses yeux la cherchèrent à la table des Gryffondor. Elle discutait avec Ginny, riant doucement à quelque chose que la rousse avait dit, la tasse de thé posée dans ses mains flottant juste sous ses lèvres. Elle portait ses cheveux à moitié relevés aujourd'hui, laissant son visage dégagé. Son nez se plissa un peu quand elle riait et c'était putain d'adorable.
Tandis qu'il les observait, Ginny se détourna d'Hermione et commença à converser de manière animée avec Potter. Il regarda, une fois libérée de l'attention de son amie, son regard parcourir la pièce pour finalement se poser sur lui. Elle maintint son contact visuel, puis lui sourit gentiment pendant un moment. Un sourire sincère avant de se retourner vers ses amis.
Drago décida à ce moment-là qu'il allait faire tout ce qui était en son pouvoir pour la convaincre qu'il n'était pas le connard de mangemort qu'elle pensait qu'il était.
