CHAPITRE 5

*** Hermione ***

Être préfète en chef avait certainement ses avantages et le préféré d'Hermione était la chambre de préfète en chef. Elle adorait sa charmante petite chambre, située au cinquième étage à quelques portes de la salle de bain des préfets, l'espace protégé par mot de passe était son havre de paix. Le salon confortable était bordé d'étagères et un coin bureau était niché sous un grand vitrail donnant sur les montagnes environnantes. Un canapé crème était placé face à une grande cheminée avec une belle table basse en chêne français, deux poufs en velours côtelé bordeaux à chaque extrémité. Des plantes en pot étaient dispersées dans l'espace et le sol était recouvert de tapis moelleux aux tons chaud. Le jour, la pièce était lumineuse et aérée grâce à la verdure et aux grandes fenêtres, mais la nuit, elle se transformait en un refuge confortable où Hermione pouvait se blottir sur le canapé sous une couverture moelleuse et lire à la lueur du feu.

Il y avait deux portes dans les murs flanqués des étagères, une à droite du canapé, la seconde à gauche. La porte de droite menait à la chambre. La chambre était dotée d'un grand lit à baldaquin, composé de draps d'un blanc paradisiaque, garnis d'or et d'une pile aléatoire de coussins et d'oreillers, c'était comme dormir dans des nuages. Tout comme l'espace de vie, la chambre comportait de grandes fenêtres et Hermione décorait les rebords de fenêtre avec une collection de photographies encadrées mal assorties. De lourds rideaux de velours doré encadraient la fenêtre et une fois fermée, la pièce était plongée dans l'obscurité. La deuxième porte du salon s'ouvrait sur sa salle de bain entièrement en laiton et en pierre, dotée d'une généreuse baignoire sur pieds et d'une douche séparée.

Tout à fait dans la veine de la chambre sur demande, les suites des préfets en chef changeaient de décor chaque année pour s'adapter aux goûts de l'occupant actuel. Hermione n'avait pas encore vu la suite du préfet en chef, située à côté, mais connaissant Neville, il y aurait deux fois plus de plantes qu'elle en avait. Hermione avait été ravie lorsqu'elle avait appris que le poste de préfet en chef avait été confié à Neville. Il n'avait pas toujours reçu des notes exceptionnellement élevées, mais il était un travailleur incroyablement acharné et l'une des personnes les plus généreuses qu'elle ait jamais rencontrées. Elle n'avait pas été surprise d'apprendre qu'il avait vraiment intensifié ses efforts l'année où elle, Harry et Ron avaient été absents, assumant un rôle de leader et ralliant les étudiants à l'armée de Dumbledore.

Elle avait pensé que le préfet en chef aurait pu être Harry mais il avait admis qu'il avait refusé avant de revenir, il voulait profiter de sa dernière année avec le moins de responsabilités possible. Elle soupçonnait également qu'Harry pourrait penser que les tâches supplémentaires exigées d'un préfet en chef réduiraient le temps qu'il passait avec Ginny à s'embrasser. Elle est sûre qu'Harry regrettait sa décision lorsqu'ils lui avaient rendu visite la première nuit. Apparemment, il n'avait pas pensé à combien plus d'intimité lui et Ginny obtiendraient s'il occupait sa propre chambre au lieu d'un lit dans la tour de Gryffondor. Quelque chose dit à Hermione qu'Harry et Ginny se débrouillait même sans le dortoir des préfets en chef, ils étaient créatifs de cette façon. Elle se demande s'ils pourraient avoir envie de le faire dans des endroits bizarres, si l'on en croit leur été partagé à The Barrow.

Hermione ayant sa propre chambre signifiait qu'aucun de ses amis ne savait qu'elle était revenue en retard de sa course du soir de vendredi, un fait pour lequel Hermione était reconnaissante. Elle avait été tellement troublée par tout cet événement qu'elle ne savait pas ce qu'elle aurait dit s'ils l'avaient bombardée de question après qu'elle ait quitté Madame Pomfresh.

Il s'avère qu'elle avait une fracture au péroné gauche, pas étonnant que cela lui fasse un mal de diable lorsqu'elle avait essayé de marcher dessus. Madame Pomfresh avait réussi à la guérir rapidement et l'a renvoyée en lui conseillant de se détendre pendant les prochains jours, mais en lui assurant qu'il n'y aurait pas de dommages durables.

Elle avait parlé à Harry et Ginny après le petit-déjeuner le lendemain matin alors qu'ils marchaient vers la cabane de Hagrid, et elle leur avait donné une version quelque peu modifiée. Ils n'avaient pas besoin de connaître le faux pas verbal d'Hermione.

— « Malefoy ? Comme dans Drago Malefoy ? Il t'a porté… sur son dos ? »

— « Oui, Ginny. »

— « Pendant une demi-heure, à travers la Forêt Interdite ? » Les sourcils de Ginny étaient pratiquement à la racine de ses cheveux alors qu'elle demandait.

— « Oui, je pense qu'il a fallu environ 30 minutes pour revenir. »

— « Je dois dire que je suis un peu surpris qu'il ne t'ait pas laissé là, » dit Harry.

— « J'ai pensé la même chose, » répondit Hermione. « Je lui ai certainement donné de nombreuses occasions d'y aller. Il était en fait assez insistant. »

— « C'est probablement quelque chose à voir avec sa probation », ajouta Ginny, « peut-être qu'il avait peur d'avoir des ennuis s'il ne l'aidait pas ou quelque chose du genre. »

— « Je pense que tu as peut-être raison, Gin. » accepta Hermione.

— « Peut-être qu'il essayait juste de faire la bonne chose, » suggéra Harry.

Les deux filles restèrent bouche bée devant Harry, « quoi ? » lança Ginny, « depuis quand Malefoy essaie-t-il de faire la bonne chose ? »

— « Honnêtement, je pense qu'il essaie peut-être depuis un moment, » dit Harry, « ne vous méprenez pas, ce type a été un énorme branleur et ce, pendant des années, mais après le procès et toutes ces conneries d'avant… je ne pense pas qu'il veut encore être le méchant. Il m'a en quelque sorte présenté ses excuses l'autre jour. »

— « Tu plaisantes ?! » haleta Ginny.

— « Il ne l'a pas fait, » ajouta Hermione, « n'est-ce pas ? »

— « Si, il l'a fait, » expliqua Harry, « ne soyez pas trop excité, ce n'est pas comme s'il avait fait un grand discours émouvant ou quoi que ce soit. Mais je l'ai croisé par hasard sur le terrain de Quidditch mercredi et il a dit quelque chose du genre : "Je sais que j'ai été un connard avec toi, désolé, je vais rester en dehors de ton chemin." »

— « Et qu'est-ce que tu as répondut à ça ? » demanda Hermione.

— « J'ai juste dit 'merci, ne t'inquiète pas pour ça' et c'est tout, il est retourné au château et je suis parti voler. »

— « Je ne peux pas croire que tu ne me l'ais pas dit plus tôt, » dit Ginny.

— « Ce n'était pas la chose la plus excitante qui s'est produite ce jour-là, ils ont servi des brownies au chocolat au dîner. » répondit Harry.

— « Ton ennemi juré s'excuse et tu ne penses pas que cela vaut la peine d'en parler ? Les hommes… niveau émotionnel d'une cuillère à café. » dit Ginny, avec un air totalement incrédule.

— « Voldemort était mon ennemi juré, » se moqua Harry, « Malefoy n'est qu'un connard avec qui je vais à l'école. »

— « Ouais, un connard qui s'est excusé auprès de toi et qui a ensuite porté Hermione à travers la forêt comme si elle était une demoiselle en détresse et qu'il était un putain de prince charmant. » rigola Ginny.

Hermione s'étouffa avec ses mots suivants : « Ha-à peine ! Vraiment Gin, ce n'était pas du tout comme ça. »

— « Oh oui, j'en suis sûre. J'ai hâte de le dire à Ron, » dit Ginny avec joie, « alors Hermione, comment c'était de monter Drago comme un poney ? Mis à part son horrible personnalité, il est plutôt en forme. »

— « Oh, » intervient Harry.

Hermione ignora la question taquine « où est Ron de toute façon ? Je ne l'ai pas vu aujourd'hui. Je pensais qu'il voudrait venir voir Hagrid aussi. »

— « Je ne sais pas, je m'en fiche. » Ginny haussa les épaules.

Harry avait l'air un peu penaud. « Oh… ahh, je pense qu'il a dit quelque chose à propos d'apprendre à une fille à jouer aux échecs. »

— « Nul. » claqua Ginny, lançant à Hermione un regard compatissant.

Hermione se sentait étonnamment soulagée. « C'est bien, tant mieux pour Ron. Je veux qu'il soit heureux. »

.

.

.

Hermione n'est pas là quand Ginny raconta à Ron toute la débâcle de Drago, mais il avait clairement pensé que tout cela était hilarant, supposant que les expériences avaient été totalement désagréables pour elle. Il alla jusqu'à faire une blague au petit-déjeuner lundi sur le fait que ce n'est pas la première fois qu'Hermione « chevauchait un dragon » et qu'elle ferait mieux de ne pas en prendre l'habitude. Il ne sait pas que l'idée de « chevaucher » Drago ne la remplissait pas de dégoût, au contraire, de petites bulles d'excitation éclataient dans son ventre à cette perspective.

Après ses moqueries rapides aux dépens d'Hermione, Ron mangea son petit-déjeuner et le sujet fut abandonné. Hermione mangeait et sirotait du thé pendant qu'elle écoutait Ginny la régaler en décrivant la dispute d'amant qu'une quatrième année a eue dans la salle commune de Gryffondor la nuit précédente. Cela semblait plutôt amusant, apparemment, Rayna Bloodworth soupçonnait son petit ami de la tromper et avait apporté une bouteille de la boutique des Weasley, attrapez-les en flagrant délit, une lotion qui, appliquée par Rayna sur les mains de son petit ami, transformerait ses mains et la peau de toute autre personne rouge vif si elles entraient en contact. Elle lui frotta simplement les mains avec la lotion comme dans un geste romantique. Il est ensuite allé à la bibliothèque pour « faire des recherches » pour son essai de métamorphose. 45 minutes plus tard, Kimberly Nash (une autre quatrième année de Gryffondor) fit irruption dans la salle commune, le cou et le visage barbouillés de rouge, le petit ami infidèle juste derrière avec les mains très rouges. Une querelle toute-puissante s'ensuivit. Hermione était une fois de plus reconnaissante pour le sanctuaire de sa chambre privée.

Ginny était à la fin de son récit lorsqu'elle entendit Harry et Ron dire quelque chose en rapport avec le Quidditch et se tourna brusquement pour exprimer sa forte opinion. Hermione sirota son thé avec contentement et jeta un coup d'œil autour de la Grande Salle. Elle n'avait pas beaucoup vu Drago ce week-end et ne lui avait pas parlé depuis vendredi soir. Elle regarda vers la table des Serpentard, légèrement surprise de le trouver déjà en train de la regarder. Il n'y avait aucune méchanceté dans son regard, elle pensa à ses excuses auprès d'Harry et à la façon dont il avait trébuché quand elle l'avait choqué et cette pensée la fit sourire. Peut-être qu'il n'était pas méchant après tout.

Plus tard dans la journée, Hermione traversait la cour pour se diriger vers son cours de sortilèges lorsqu'elle entendit quelqu'un l'appeler.

— « Granger. » C'était Drago, il courait pour la rattraper et suivait son rythme pour marcher avec elle. Elle l'avait vu dans d'autres cours ce jour-là mais c'était la première fois qu'elle n'était pas entourée de Gryffondors ou lui de Serpentards.

— « Malefoy. »

— « Comment va la jambe ? Tu sembles mieux marcher, je suppose qu'ils n'ont pas eu besoin de t'amputer. »

— « Oui… ah non, ça va maintenant. J'ai eu une fracture au péroné. »

— « Tu avais une jambe cassée ? » Drago avait l'air horrifié.

— « Oui. Mais seulement une toute petit, ça va maintenant. »

— « Bien, eh bien, ça t'apprendra à faire attention où tu vas. » Il sourit, mais c'était taquin, pas méchant.

— « Excuse-moi ! Et quelle est ton excuse ? » demande Hermione avec hauteur.

— « J'étais en train de passer sous une branche d'arbre ; mon excuse est parfaitement valable. » Drago regarde Hermione ; elle leva les sourcils mais ne répondit pas. Ils marchèrent ensemble un moment en silence.

— « Peut-être que tu l'as fait exprès, » dit Drago.

— « Fait quoi ? »

— « Tombé sur moi. »

— « Tu penses que je t'ai heurté… et que je me suis cassé la jambe volontairement ? » Hermione demande : « Pourquoi diable devrais-je faire ça ? »

— « Eh bien… je ne pense pas que tu avais l'intention de te casser la jambe, mais peut-être que tu m'as vu arriver et que tu voulais attirer mon attention. » Drago lui sourit. Elle sait qu'il ne pensait pas vraiment cela, mais elle ne comprenait pas non plus pourquoi il la taquinait ainsi. Peut-être qu'il essayait de lui rendre la pareil pour la blague qu'elle avait tenté de faire. Oui, elle est sûre que c'est ça, il est ennuyé qu'elle l'ait mis mal à l'aise alors maintenant il essaie de faire de même.

— « Oh oui, et comment une fille attire-t-elle habituellement ton attention ? » Elle lui sourit sous ses cils et fut heureuse de noter le sourire de travers apparaissant sur son visage.

Avant qu'il n'ait l'occasion de répondre, ils dirent interrompus par une flèche en origami qui jaillit de l'épaule de Drago et atterrit dans les bras croisés d'Hermione, au creux de son coude. Ils s'arrêtèrent de marcher alors qu'elle la ramassait soigneusement et remarque une petite languette au niveau de la queue avec le mot « Tirer ». Alors qu'elle tirait la languette, le papier se déplia en une note avec des cœurs d'amour animés. Elle regarde autour d'elle pour voir d'où venait la note et atterrit sur un groupe de filles de Serdaigle de sixième année riant derrière leurs mains, dont une très jolie blonde à l'air mortifiée.

Drago,

Envie d'aller faire un tour au hangar à bateaux avant le dîner ?

Ruby xo

— « Eh bien, je suppose que cela répond à ma question, » dit sèchement Hermione avant de pousser la note dans sa poitrine et de s'éloigner, laissant un Drago abasourdi dans son sillage.

Le hangar à bateaux est un lieu de rencontre réputé. Il n'y a vraiment aucune autre raison pour laquelle y aller autrement. Elle n'avait pas le droit d'être jalouse, elle n'avait aucun droit sur Drago, elle ne l'aimait même pas. Pas vraiment. Qu'il l'a aidée lorsqu'elle était blessée et qu'il est été un peu affectueux, ne voulait rien dire. Elle est sûre qu'il ne s'intéresse pas à elle de cette façon, pourquoi le serait-il alors qu'il a des petites Serdaigles assoiffées qui se jettent sur lui. Non, c'était méchant, elle est sûre que Ruby est une fille adorable, mais bon sang, il ne sera pas difficile a … Non ! Arrêtes ça, c'est du slut-shamming.

Hermione se dépêcha d'aller au cours et s'assit avant que Drago ne puisse la rattraper. Elle parvient à l'éviter pour le reste de la journée. Il était libre de faire ce qu'il veut avec qui il veut, ce ne sont pas ses affaires… seulement, peut-être qu'elle veut que ce soient ses affaires.