Note : Je sais j'ai mis beaucoup de temps à poster ce chapitre, mais je suis vraiment désolée j'étais vraiment occupée. (Vie réelle, blogs, scanlations, traductions….)

Dans ce chapitre, il y'a un passage yaoi, un peu osé même si je reste toujours dans le soft. Le passage est en italique.
Vous découvrez l'identité du tueur et Sebastian est enfin de retour !

Ce chapitre est long comme d'habitude et je pense que j'aurais pu l'améliorer mais cela m'aurait encore pris une semaine pour le poster...
Je vais vraiment réduire les chapitres pour pouvoir les poster plus vite mais je suis incapable de faire moins de 6000 mots par chapitre... BOUH

Je m'excuse encore pour le temps pour poster…

Enjoy !


La chambre de l'auberge était silencieuse. L'homme qui l'avait louée pour la nuit n'avait pas pris la peine d'allumer une bougie pour éclairer l'unique pièce. Assis à la fenêtre, il regardait la pluie frapper violemment les carreaux, à les briser.

La nuit était d'encre, aucune lumière n'éclairait son visage. Les ténèbres semblaient avoir envahi le monde, comme son cœur.

« Tu as mordu un homme ? Ce n'était pas un garçon ? demanda-t-il dans un murmure.

Un sifflement de serpent strident fendit l'obscurité.

« Alors tu t'es trompé… continua l'homme sans émotion. Tu te souviens de Smile? C'est lui qu'il fallait mordre.»

L'animal glissa sur son épaule, s'enroula autour de cou et s'approcha du visage du jeune homme qui tendit une main paresseuse pour lui caresser la tête.

« Ce n'est rien, je ne suis pas fâché. La prochaine fois nous réussirons. »

Un éclair déchira le ciel noir, illuminant la campagne isolée. Et au pied de sa fenêtre, le garçon au serpent aperçut un homme aux longs cheveux rouges, debout sous la pluie battante, qui le fixait, les yeux brillants, sur les lèvres, un sourire béant aux dents acérées.


Finni raccrocha le combiné du téléphone en soupirant et secoua la tête en direction de Meirin et Bard. Avec l'orage, Tanaka leur avait bien dit que les communications seraient coupées, mais ils avaient tout de même voulu joindre Londres, et appeler l'hôpital afin de savoir si Sebastian était vivant. Finni s'adossa dans le fauteuil de son jeune maître. Il ne s'était jamais assis dans ce grand siège de cuir et maintenant que son cœur était si lourd qu'il se demandait s'il pourrait se remettre debout. Il avait cette impression latente que son monde était en péril. Avant son arrivée au manoir, il ne connaissait pas cette désagréable sensation, la douleur que l'on ressent quand on perd ce qui est précieux. Après tout, avant d'arriver ici, il n'avait rien. Mais le Jeune Maître savait ce que c'était de tout perdre et pourtant il était assez fort pour continuer et rester debout.

« Nous devons repartir en cuisine. Tanaka a demandé que nous servions le thé à onze heures dans le grand salon » dit Bard en étirant les bras, visiblement déjà épuisé par la perspective du travail à venir. Il se dirigea vers la porte qu'il ouvrit sans sortir, attendant ses compagnons. Finni, toujours assis dans le fauteuil, ne levait toujours pas la tête. Meirin fit le tour du bureau, s'approcha de lui et lui prit la main.

Il leva des yeux las vers elle.

« Ce n'est pas lui, murmura-t-il, Sebastian n'aurait pas tué monsieur Phelps. Ils se trompent tous.

-Finni, ils ne font que supposer…

- Ils se trompent ! Tu les as entendus ce matin. Ils pensent que seul le Jeune Maître a tué Monsieur Siemens et que Sebastian a assassiné Monsieur Phelps. Mais c'est faux, je sais que c'est faux ! Ils veulent tout nous prendre, le Jeune Maître, Sebastian et notre vie… » Il enfuit sa tête dans ses mains, luttant contre les larmes qui envahissaient ses yeux clairs.

Il sentit une petite main lui toucher la tête avec tendresse. Il se tourna vers la jeune femme qui le regardait avec douceur.

« Ça ira, tu verras. Mais pour le moment, nous devons nous occuper du Jeune Maître », lui dit-elle doucement avant de lui prendre la main, de l'entrainer vers la porte du bureau.

Arthur se tenait debout devant porte vitrée du grand salon. Cet orage était une véritable malédiction et une plaie pour les nerfs. Des voix résonnaient derrière lui, furieuses. Après avoir établi une carte comportant les horaires des meurtres et les coupables potentiels, il avait été désigné comme chef puisqu'il était le seul qui n'avait pu commettre aucun des meurtres. Abberline le seconderait. Le ton était ensuite rapidement monté quand Lau avait émis l'idée que les tueurs étaient peut-être ailleurs et non pas l'un d'entre-deux, en proposant des hypothèses plus surnaturelles et terrifiantes les unes que les autres. Énervé par ces spéculations plus que douteuses et non scientifiques, Carl Woodley avait jeté une tasse vide au visage du jeune chinois, avant que Ran Mao n'intervienne pour lui envoyer la théière qui lui aurait sans doute fendu le nez, si Tanaka ne l'avait pas attrapé avant l'impact. Bien qu'il ait demandé aux invités de conserver leur calme, le ton n'était pas vraiment redescendu, surtout quand le majordome leur avait également annoncé qu'il fallait rationner la nourriture…

Arthur s'était alors un peu éloigné pour essayer de vider son esprit, bien qu'il écoutait toujours d'une oreille les conversations qui avaient lieu autour de la petite table de salon derrière lui.

Une autre personne… un autre tueur… ?

Lors du premier meurtre, il aurait immédiatement rejeté cette possibilité. Il l'avait fait d'ailleurs. S'accrochant à son esprit pragmatique et à sa raison scientifique, il avait conclu que le tueur était forcément l'un d'entre eux. Mais maintenant, beaucoup de choses avaient changé, et son intuition lui disait que ce manoir abritait des secrets qui dépassaient le domaine du réel.

Ou peut-être ne pouvait-il plus être objectif ?...

Si son tableau des suspects était exact, et que le tueur était parmi eux, cela signifiait que Ciel avait assassiné Lord Siemens. Et cette idée lui déplaisait profondément. Il se tourna vers le jeune garçon qui était assis bien droit dans le fauteuil voltaire de velours rouge. Il était silencieux et observé tous les invités d'un œil attentif et impitoyable. Malgré sa posture impeccable, sa stature était fragile. Comment un garçon aussi frêle aurait-il pu enfoncer un poignard dans le corps d'un homme robuste et d'âge mûr ? Bien sûr Lord Siemens était ivre et somnolant lorsqu'on l'avait ramené à sa chambre, le comte aurait pu l'attaquer par surprise… Ah ! Bon sang pourquoi n'avait-il pas eu le temps d'obtenir plus de renseignements de la part du médecin légiste. S'il avait connu la profondeur de la plaie, il aurait su si un garçon ou un homme adulte avait porté le coup fatal!

Il dodelina doucement de la tête, faisant délicieusement craquer les os de sa nuque engourdie. Il réfléchissait trop, il était tellement fatigué, et la nuit dernière n'avait pas été aussi reposante qu'il l'avait espéré.

Il entendit une personne s'approcher de lui et il sut de qui il s'agissait avant même que celui-ci ne parle.

« Lord Randall a eu tort, » dit Abberline en s'adossant au mur à côté de la porte vitrée à travers laquelle l'écrivain regardait le jardin boueux, « nous aurions dû faire évacuer le manoir. J'ai peur que les nerfs de certaines personnes ne lâchent. Tu as vu Woodley ? Il pourrait devenir violent. »

Arthur émit un petit son méprisant et secoua doucement la tête.

« Ce n'est pas toujours celui que l'on pense qui craque le premier. Il faut tous les surveiller. Keane aussi est un sanguin. On ne sait pas à l'avance qui succombera à la folie.

- Oui c'est vrai… c'est assez courant que dans une demeure isolée de tout, des individus perdent la raison. Et là en plus, il y a un tueur qui cherche à les éliminer. C'est une situation explosive. Ils ont eu raison de te désigner comme chef… » Le détective hésita un instant, puis ajouta : « J'espère seulement que tu prends garde et que tu sais ce que tu fais. »

Arthur se raidit et tourna soudain la tête vers le détective, toujours adossé au mur, qui le regardait, les yeux brillants et insistants, comme s'il essayait de faire comprendre une chose importante à l'écrivain. Abberline soupira et tapa nerveusement ses doigts contre ses cuisses.

« Ne te laisse pas manipuler par le Comte Phantomhive, dit-il enfin.

- Je ne vois pas de quoi tu parles », répondit Arthur, en lui lançant un regard dur. « Le Comte n'a rien dit qui puisse m'influencer dans cette affaire ».

Il appréciait beaucoup le jeune homme, mais il avait du mal à supporter des mises en garde injustifiées de sa part, surtout en ce qui concernait Ciel, puisque lui-même doutait de sa capacité à mener une affaire qui risquait de mettre en danger le garçon. Il hocha doucement la tête, voulant signifier que la conversation était terminée et s'apprêta à retourner s'asseoir avec les autres convives, mais Abberline l'attrapa par l'épaule. Il se tourna, tentant de conserver son calme.

Le jeune officier soupira doucement et chuchota :

- Hier soir, alors que les invités paniquaient à propos de cette histoire de serpent, je suis venu te chercher dans ta chambre pour que tu appuies mes dires, et que tu leur expliques que tout cela n'était qu'une supposition, car je n'arrivais pas à les calmer seul… »

Arthur sentit son sang se glacer dans ses veines, et il se sentit devenir fiévreux alors que son cerveau enregistrait les implications des paroles du détective. Abberline était venu le chercher la nuit dernière… Il ne répondit pas, laissant l'homme en face de lui trouver les mots, espérant qu'il se trompait sur la révélation que le jeune détective allait lui faire.

« Je vous ai entendu. »

Arthur ricana doucement, mais sans humour, un sentiment de honte parcourait son corps. Il n'y avait pas de doute, Abberline les avait surpris Ciel et lui en plein ébat. Il passa nerveusement une main dans ses cheveux noirs et la laissa un instant reposer sur sa nuque, la massant avec force. Il inspira profondément, les yeux fermés.

« Alors quoi ? », demanda-t-il enfin, quelque peu exaspéré, « Nous étions tous les deux consentants et…

- Ce n'est pas une histoire de moral, dit Abberline d'une voix lente et mesurée. C'est un des principaux suspects de cette affaire. Tu le sais mieux que quiconque.

- D'accord… » soupira Arthur. Il mordilla sa lèvre inférieure et continua : « donc tu penses que je ne peux plus être objectif ? Que je ne peux pas résoudre cette affaire ? Tu veux la diriger à ma place ?

- Mais non, j'ai confiance en ton jugement. Je te préviens simplement que tu dois faire attention. On a toujours plus de mal à accuser une personne avec laquelle on est devenu intime. La dernière chose dont nous ayons besoin, c'est une relation ambiguë entre un suspect et un enquêteur. Je ne sais pas ce que tu attends, mais rien de bon ne peut sortir de cette relation, car si elle est sérieuse, ton jugement sera altéré et nous serons en danger.

- Non… ce n'est pas sérieux, ni pour lui ni pour moi, » dit-il doucement, mais ses mots sonnaient faux et creux à ses oreilles. Mais il continua tout de même d'une voix basse : « C'était une erreur…

- Oui je comprends, vous avez trouvé un moyen d'évacuer le stress, mais il faut que cela cesse. Sinon à la fin, tu souffriras.

- De quoi est-ce que tu parles ? demanda Arthur, en fronçant les sourcils.

- Sebastian est peut-être vivant. Et pour Ciel, jamais tu ne pourras passer avant son majordome. »

Arthur sentit à nouveau un fil invisible se coudre violemment à son cœur, projetant de fines douleurs dans sa poitrine. Il tenta de ne rien laisser paraître, mais il sentit que ses mains tremblaient.

« Il y a quelque chose entre eux alors… dit-il doucement, les yeux perdus dans le vide.

- Non », dit lentement Abberline qui semblait réfléchir, « en fait je n'en sais rien. Je dis juste qu'il existe un lien puissant entre eux, trop puissant à mon goût. S'en est presque malsain.

-Quelque chose de malsain » répéta Arthur alors que des images de la première nuit revenaient dans son esprit, les paroles troublantes de Ciel, ses réponses évasives, ses doigts nerveux qu'il posait sur son cache-œil. Qu'est-ce qu'il cachait ?… Il s'aperçut alors que Ciel les regardait, visiblement très intéressé, passant son œil de lui au détective comme s'il essayait de savoir de quoi ils étaient en train de parler.

« Écoutes, entendit-il Abberline dire. Il fallait que je t'en parle, sinon notre confiance l'un en l'autre aurait été ébranlée. Sache que je ne te juge pas. Je te mets en garde, c'est tout. »

Arthur acquiesça doucement, une ombre de sourire sur les lèvres. Le détective lui décocha une tape amicale sur l'épaule et l'abandonna pour repartir s'asseoir autour de la table de salon.

Arthur massa ses paupières fatiguées d'une main. Abberline savait. Et cela rendait sa honte insupportable. Pourtant le temps des regrets était passé et il ne souhaitait pas effacer les deux dernières nuits de sa mémoire. La rouge lui monta aux joues et il tenta de chasser les souvenirs qui l'envahissaient. Il se tourna à nouveau vers le jeune comte qui discutait maintenant avec Abberline d'une voix animée. Le jeune détective s'était rapproché de Ciel et lui parlait à voix basse, penché vers le garçon. Malgré lui, Arthur sentit sa gorge se serrer, agacé parce qu'il se doutait que le comte avait demandé des explications sur la discussion que les deux hommes avaient entretenue, mais aussi parce que cette soudaine proximité entre Ciel et le jeune officier de Scotland Yard l'exaspérait. Il respira profondément, essayant de rejeter cet excès de possessivité qui l'envahissait. Depuis quand ressentait-il ce genre de sentiment ? Il n'avait jamais ressenti de jalousie envers les hommes qui entouraient sa femme, il n'avait même jamais été soupçonneux. Il était normalement d'un naturel calme, confiant et doux, mais plus il passait de temps dans ce manoir, plus il se sentait étranger à lui-même. Ou peut-être découvrait-il enfin qui il était vraiment, et que les événements atroces qu'il vivait lui révélaient des pans de sa personnalité qu'il n'avait jamais soupçonné… Et Ciel n'était pas étranger à cela… Jamais il n'avait connu une passion aussi dévorante ni même des sentiments aussi dévastateurs. Il avait abandonné sa coquille d'écrivain timide et moral. La nuit dernière, il n'avait plus de regret ni de doute. Il avait serré et caressé Ciel, comme si sa vie dépendait de la douceur du corps du jeune homme. Il avait été plus passionné, plus violent. Quand Ciel l'avait embrassé, la dernière once de moral qui existait en lui s'était déchirée et à cet instant il avait su qu'il pourrait lui offrir son âme.


La veille…

-Arrête Ciel, murmura-t-il, c'est… c'est mal.

-Oui je sais, chuchota le Comte avant d'embrasser l'homme qui resserrait déjà ses bras autour de son corps tremblant.

Arthur serra le garçon contre lui, goûtant ses lèvres douces et fraiches, troublé par ses mains fines qui lui caressent le visage et glissent sur ses cheveux noirs. Le baiser cessa soudain, et avec surprise, le jeune écrivain regarde le comte repousser les bras puissants qui enserraient sa taille, et s'asseoir sur son corps, les jambes de chaque côté de ses hanches, créant un contact délicieux entre eux malgré le barrage de leurs vêtements. Le garçon sourit, pencha sa tête sur le côté d'un air malicieux et défit le nœud du foulard qui entourait sa gorge et retira sa veste. Arthur tenta de l'aider en ouvrant les boutons de sa chemise, mais le comte repoussa ses mains, secoua la tête. Il voulait dominer le jeune écrivain ce soir. Arthur ricana doucement, amusé, et reposa sa tête sur l'oreille, laissant son jeune amant lui montrer ce dont il est capable. Ciel balança doucement ses hanches, serra ses cuisses, intensifiant la friction entre leurs corps, et arrachant des gémissements des lèvres de son amant. Agréablement étonné par les actions audacieuses du comte, Arthur attrapa ses hanches pour contrôler les mouvements délicieux, mais Ciel le rejetta à nouveau, gardant les poignets du romancier dans ses doigts fins pour l'empêcher de le toucher tandis qu'il le chevauchait avec des mouvements lents et maîtrisés, qui rendaient le jeune homme complètement fou. Il ne quitta pas des yeux le visage du garçon qui se mordillait la lèvre pour ne pas laisser des murmures de plaisirs couler de ses lèvres rougies. Il le trouvait beau, il le trouvait fascinant.

À ce moment-là, il aurait pu l'aimer. Il n'essaya pas de dégager ses mains, et le laissa imposer son rythme cruel alors que le plaisir brûlant entre ses jambes devenait plus intense. Des soupirs de plus en plus forts s'échappaient de ses lèvres et il ne put s'empêcher de soulever les hanches pour rencontrer celles de Ciel. Visiblement amusé et fier des réactions d'Arthur à ses caresses, le Comte se pencha, à quatre pattes au-dessus son corps, plaqua les mains du romancier au-dessus de sa tête et captura sa bouche pour un baiser maladroit et tendre. Arthur libèra ses mains de l'emprise du garçon et se mit à parcourir son corps, passa sous sa chemise, caressa sa peau, alors que le garçon l'embrassait. Il le sentit trembler sous ses doigts. Le Comte avait bu du thé à la cerise, et Arthur aimait le goût sucré de ses lèvres, il aimait ses gémissements étouffés contre sa propre bouche. Ciel arrêta le baiser, le souffle saccadé, et Arthur sentit ses lèvres humides descendre le long de sa gorge et des mains tirer doucement sur sa cravate, la desserrer et la jeter à terre. Les mêmes mains fines ouvrirent ensuite les boutons de sa chemise, découvrirent le torse finement musclé et imberbe de son amant, sur lequel le garçon déposa une ligne de baisers passionnés.

Le souffle se bloqua dans la gorge d'Arthur en un hoquet de surprise et de plaisir. Il rejetta la tête arrière quand Ciel fit glisser sa langue sur sa peau douce, passant d'un téton à l'autre, lui mordillant tendrement la chair. Il sentit alors des mains, malhabiles et tremblantes, ouvrir son pantalon et tenter de le faire descendre. Il se redressa soudain, choqué et fou de désir, avant que Ciel ne puisse atteindre son membre. Il attrapa le garçon par les hanches, le soulèva et le posa brutalement sur le lit avant de l'écraser de son corps.

Il l'embrassa, l'empêcha de parler, de lui dire qu'il ne voulait pas cela, que ce soir il voulait commander, dominer, se donner l'illusion du pouvoir. Mais Arthur en avait assez d'être dirigé par le jeune noble, il voulait l'aimer et c'est tout. Au diable les conventions morales, le statut social, les circonstances, la fidélité maritale. Rien n'était réel, sinon les bras de Ciel. Il étouffa la frustration du garçon avec ses lèvres, mais il sentit des mains faibles le repousser, lui taper la tête, tirer ses cheveux et lui griffer les épaules. Il abandonna ses lèvres pour sa gorge, arracha sans ménagement la chemise qui protègeait la peau de son amant de sa bouche affamée de tendresse. Il entendit vaguement les faibles reproches entrecoupés de gémissements. « Tu ne m'as pas laissé faire », « tu ne m'écoutes pas », « arrête, laisse-moi, je suis en colère », « Tu m'écoutes ? », « pourquoi tu ne m'obéis pas ! ». Arthur rit doucement, décidé à ignorer son amant alors qu'il continuait à aimer son corps, de ses mains et de ses lèvres. Quand les reproches cessèrent et qu'il ne resta que les soupirs, l'écrivain s'écarta de son corps, ouvrit son pantalon et le fit glisser sur ses jambes.

C'est alors qu'il prit un violent coup de pied dans la poitrine. Il n'eut pas le temps de se remettre du choc avant Ciel ne le repousse, l'étalant sur le lit et ne reprenne place au-dessus de son corps.

« Et maintenant tu m'écoutes ? » entendit-il murmurer le Comte, nu sur son corps, une expression satisfaite sur le visage.

« Tu as toute mon attention » dit Arthur en souriant malgré la vive douleur dans sa poitrine, avant d'attraper le jeune homme dans une étreinte puissante. Un bras autour de son corps, l'autre main passée sous ses fesses pour le soulever à sa guise, Arthur commença ses démonstrations d'amour, faisant glisser son membre contre celui du comte, intensifiant le contact intime qui faisait tressaillir leur corps. Ciel tenta de se dégager et enfonça ses ongles dans ses bras, mais déjà l'extase lui ôtait tout désir de résistance, troublé par plaisir brûlant et humide qui montait entre ses jambes, lui engourdissant les cuisses et la raison. La tête rejetée en arrière, le corps secoué de tremblements, il laissa les soupirs s'échapper librement de ses lèvres ouvertes, tandis qu'Arthur embrassait amoureusement sa gorge. Les mouvements devinrent plus violents et Arthur sentit Ciel entourer son cou de ses bras, s'accrochant à lui, tout en écartant les cuisses pour rencontrer les mouvements énergiques et talentueux de son amant. Il serra le garçon, posa sa tête dans le creux de son cou, et s'imprègna de son odeur tandis qu'il continuait à soulever son corps, et qu'il sentait le plaisir le consumer. Le monde disparut alors que la chambre s'emplit de murmures et de râles, au rythme de leurs corps qui s'embrasaient.

Ciel se raidit soudain, sa passion atteignant son apogée. Aveugle, tremblant, il chercha les lèvres d'Arthur pour étouffer son cri d'extase. La pièce se mit à tourner pendant que le plaisir envahissait son corps et quand il brisa le baiser, il crut s'évanouir, mais les bras puissants le serraient toujours. Il entendit le dernier râle d'Arthur, sentit des ongles s'enfoncer dans sa peau, puis plus rien. Le plaisir redescendit par vague et le laissa infiniment vide. Il s'endormit dans ses bras.


Et Maintenant …

Délaissant ses souvenirs, Arthur se détourna de la fenêtre et observa le petit groupe agglutiné autour de la petite table, qui entretenait une conversation animée. Monsieur Woodley semblait énervé.

«Les policiers ont déjà inspecté nos chambres et je ne vous donne pas le droit de fouiller dans mes affaires ! »

- C'est pourtant nécessaire, s'exaspéra Abberline. Le jeune policier avait de plus en plus de difficultés à supporter la mauvaise volonté des convives. « Les officiers de Scotland Yard n'ont certainement pas eu le temps d'ouvrir vos valises et nous recherchons encore une voire même deux armes du crime.

-Et pourquoi accepterions-nous que notre vie privée soit dévoilée de la sorte, demanda Keane en passant son bras autour de la taille de la chanteuse qui se trouvait à ses côtés.

- Parce que ce serait un gage de bonne foi et de confiance. »

Tous se tournèrent vers Arthur qui venait de parler. Il se rapprochait de la table et prit la place libre sur le canapé au côté d'Abberline. Il joignit les mains et parla lentement.

« Nous avons deux meurtres, trois attaques avec trois armes différentes et trois modes opératoires. Le profil du tueur est impossible à établir, de sorte que pour moi vous pouvez tous être coupables.»

L'assistance tressaillit.

-Comment pouvez-vous dire cela, s'exclama Irène, qui avait porté la main à sa poitrine, outrée. Vous nous accusez sans preuve !

- Vous pourriez être disculpés si vous nous laissiez au moins agir, intervint Abberline.

- Nous ne pouvons être coupables que de l'attaque portée sur le majordome, répliqua Keane en se levant, serrant le poing de son bras brandi. Et l'arme du crime a été retrouvée enfoncée dans sa poitrine.

D'ailleurs j'aimerais bien savoir comment nous aurions pu savoir où il se trouvait. Nous aurions dû fouiller toutes les chambres pour accomplir notre forfait ! Comment aurions-nous pu savoir qu'il changeait le charbon de toutes les cheminées ce soir-là ?

Arthur se figea, et ses mains se crispèrent. Ce n'est pas les arguments du célèbre producteur qui l'interloquèrent. C'était autre chose. Des paroles lui revinrent, des mots oubliés qui semblaient tellement sans importance qu'il n'y avait pas pris garde. Le soir où Ciel et lui avaient été enchainés ensemble dans une même chambre, Ciel avait demandé quelque chose à son majordome.

« Il devrait faire froid ce soir, ne laisse pas le charbon s'épuiser dans les chambres.»

Cette nuit-là, Sebastian changeait le charbon de toutes les cheminées pour que le feu ne s'éteigne pas… même celle de la chambre de Lord Siemens alors que celui-ci était déjà mort… Craignait-il qu'un cadavre prenne froid dans une chambre vide ?

Il sentit une détresse s'emparer de lui, et il devint sourd à ce qui l'entourait. Il entendit vaguement Abberline argumenter avec les autres invités, mais cela ne l'intéressait plus. Il sentait qu'il avait touché à une facette importante du mystère. Il sentit des yeux inquisiteurs le fixer et il se tourna vers la personne qui l'observait. Ciel avait son œil braqué sur lui. Bien que son visage ne laissait transparaître aucune émotion, il était clair qu'il s'interrogeait sur son silence soudain. Quand leurs yeux se croisèrent, il détourna le sien et feignit de s'intéresser à nouveau à la conversation principale. Arthur continua pourtant de le regarder, cherchant sur ses traits juvéniles des réponses aux nouvelles questions qui assaillaient son esprit. Mais si le Comte se rendait compte qu'il était observé, il l'ignorait avec superbe.

Arthur finit par abandonner son analyse du jeune homme et reporta son attention sur le débat. Il crut pourtant apercevoir le Comte expirait un peu plus fort, de façon imperceptible et sa gorge se contracter faiblement, comme s'il était soulagé qu'Arthur ait cessé de le dévisager…

Alors que les invités commençaient à céder aux exigences d'Abberline, quelqu'un toqua à la porte et Tanaka entra pour annoncer que le déjeuner était servi. Des commentaires d'appréciations se firent entendre et les invités se levèrent pour suivre le majordome.

« Comte, pourrais-je vous parler ? »

Le jeune Phantomhive se tourna vers le jeune médecin qui ne s'était pas levé du canapé. Charles Gray et Abberline, qui n'étaient pas encore sortis du salon, se retournèrent également.

-« Cela ne peut-il attendre ? dit Ciel d'un ton agacé presque hargneux.

- Ce ne sera pas long, insista-t-il. J'ai des choses à vous dire, et j'aimerais m'entretenir avec vous, seul à seul. »

Il ne souhaitait pas que le jeune majordome de la Reine ou même l'officier de Scotland Yard prenne ombrage pour son indélicatesse. Mais il savait qu'il n'obtiendrait aucune réponse du jeune noble si une autre personne était présente dans la pièce. Quoique même isolé dans une pièce close pendant des semaines, il doutait que Ciel ne lui dise quoi que ce soit.

Ciel fit claquer sa langue d'un ton sec presque dédaigneux, un signe d'énervement typique de son attitude aristocratique. Il finit tout de même par hocher la tête vers les deux personnes qui attendaient près de la porte, les intimant de partir.

Abberline ne paraissait guère enchanté d'être exclu de cet entretien, mais il finit par se résoudre à quitter la pièce en entrainant avec lui Charles Gray qui lança un dernier coup d'œil soupçonneux aux deux hommes avant de refermer la porte.

« Alors qu'as-tu à me dire? dit Ciel en se rasseyant gracieusement dans le fauteuil qu'il venait de quitter, son œil ne quittant pas Arthur. Tu retardes mon déjeuner, j'ose espérer que tu as une bonne raison pour cela.

- Juste un détail qui me trouble, » dit Arthur. Il aimait ce passage au tutoiement qui devenait tellement naturel entre eux. Il s'approcha de Ciel et prit place dans un siège. Il se pencha en avant, scrutant les réactions du garçon et dit : « Pourquoi avoir demandé à Sebastian de ne pas laisser le charbon s'évanouir ? »

Ciel parut surpris, puis esquissa un sourire. Il se recula nonchalamment dans son siège.

« Quelle question futile ! Et pourquoi me la poser quand personne ne peut entendre ? demanda-t-il, visiblement amusé. C'est ridicule, tu vas les inquiéter sans raison.

- Mais tu n'y réponds pas, s'enquit Arthur.

- Mais parce que la réponse est évident. Je ne comprends pas ce que tu cherches », dit Ciel en haussant les épaules, les jambes croisées, parfaitement à l'aise et innocent. « Je ne voulais pas que le feu s'éteigne dans les chambres à cause du froid. Tu n'as peut-être pas remarqué, mais le climat de ce mois de mars est particulièrement désagréable.

- Oui, dit Arthur avec un sourire, se frottant négligemment les mains, je sais que le… bien-être de tes invités est important. Mais cela n'explique pas pourquoi Sebastian changeait le charbon dans la chambre d'un mort. »

Il leva les yeux et observait le Comte, dont le sourire disparaissait peu à peu de son visage.

Arthur se pencha un peu plus vers le garçon et se mit à faire glisser ses doigts le long de sa cuisse. Il savait que ce geste l'agacerait et il ne voulait pas qu'il se détende.

« Pourquoi raviver le feu dans une chambre vide où un homme vient de mourir ?

- J'ai dit à mon majordome de s'occuper de mes invités et de ne pas laisser le froid envahir les chambres et c'est tout. » Sa voix était sèche et cinglante. Il n'aimait plus cette conversation. « Je ne sais pas ce qu'il faisait dans cette chambre.

- C'est pourtant toi qui lui as demandé de s'occuper des cheminées.

- Oui bien sûr, tu m'as entendu lui donner cet ordre.

- En effet, et vous êtes assez proches pour qu'il comprenne des sous-entendus dans tes ordres que personne d'autre ne pourrait discerner.

- Qu'est-ce que tu veux dire à la fin ? s'exaspéra Ciel, en repoussant la main qui continuait à lui caresser la jambe.

- J'aimerais savoir, quelle sorte de tueur peut entrer et sortir par les cheminées ? »

Ciel pâlit, le souffle coupait. Il entrouvrit la bouche pour parler, mais aucun mot ne sortit. Arthur s'en était douté, mais maintenant il en était sûr : Ciel savait… Il savait qui avait perpétré ces attaques, peut-être même qu'il savait pourquoi…

« Tu délires, finit par dire le Comte en se levant de son siège et en se dirigeant vers la porte.

- Oh non les choses deviennent de plus en plus claires, dit Arthur en le suivant. Même si je déteste mes propres insinuations, car elles m'effraient. »

Ciel s'apprêta à poser la main sur la poignée, mais Arthur l'attrapa par le bras et le retira en arrière, l'obligeant à lui faire face.

« Tu as insisté pour que le feu reste vivace dans toutes les pièces du château parce que tu ne voulais pas qu'il entre de nouveau », dit-il en serrant le bras de Ciel, qui grimaça de douleur et tenta de se dégager. « Mais tu n'avais pas pensé que Sebastian serait attaqué au moment où il ranimerait les flammes ni que le tueur utiliserait un serpent pour attaquer Phelps dans ta chambre dont la porte était fermée.

- Non, mais tu t'entends ! dit-il en parvenant à dégager son bras. Tu deviens fou mon pauvre !

- Oui tu as raison, » dit Arthur avec douceur. Il s'approcha de Ciel et plongea ses doigts dans ses cheveux. Le jeune homme ne fit aucun geste pour le repousser et se contenta de le regarder.

« Peut-être que je ne pense plus rationnellement », dit-il en prenant le visage du garçon dans ses mains. « Peut-être que je suis trop proche de toi et que je me refuse à croire que tu as tué Lord Siemens et que pour t'innocenter je pourrais inventer n'importe quoi. Car si j'ai tort, cela signifie que c'est forcément toi le meurtrier. Que tu as utilisé ces mains si fines pour enfoncer un poignard dans le corps d'un homme ivre.

- Je ne l'ai pas tué, soupira Ciel.

- Mais tout t'accuse ! Et si on ne résout pas cette affaire, c'est toi qui seras accusé. Et dans ce pays, un noble accusé de meurtre, on lui tranche la tête. Alors si ce n'est pas toi, si j'ai raison et que le tueur est une treizième personne, qui n'est pas tout à fait humaine, il faut que tu me dises de qui ou de quoi il s'agit. »

La porte de la salle à manger se rouvrit et Tanaka s'inclina.

« Jeune Maître, Monsieur, le déjeuner va refroidir. »

Mais Arthur ne le regardait pas, ses doigts étaient toujours posés sur les joues de Ciel, ses yeux plongés dans le sien, scrutant son regard. Mais Ciel attrapa ses poignets et repoussa ses mains.

- Ils nous attendent », dit-il avant de suivre Tanaka, sans même jeter un coup d'œil au jeune écrivain qui le regardait partir.


« Rien, dit-Abberline en refermant la dernière valise, une grimace sur la visage, mais vous avez des passe-temps très bizarres, monsieur Lau.

- Je vous avais dit de ne pas ouvrir cette valise », dit Lau, allongé sur la banquette, parfaitement détendu. « C'est un peu ma salle de jeux portable. »

Après maintes négociations, les convives avaient accepté que leurs effets personnels soient inspectés. La chambre de Lau avait été la dernière, mais là aussi, Abberline et Arthur n'avaient rien trouvé, malgré plusieurs heures de recherches.

«Êtes-vous proche de monsieur le Comte », demanda Abberline à Lau alors qu'il refermait les valises et boites qu'il avait ouvertes. Le jeune détective ignora le regard interrogateur que lui lança Arthur qui replaçait des objets dans les tiroirs.

« Disons que nous sommes partenaires d'affaires et que nous avons parfois des intérêts communs », expliqua Lau sans regarder les deux hommes, un bras derrière la tête, les yeux rivés sur le plafond. Arthur se demanda si quelque chose dans ce monde pouvait effrayer ou simplement alarmer quelque peu le jeune chinois. Toute cette histoire ne semblait en rien le surprendre. Il paraissait presque… amusé.

« Les croyez-vous capables, lui et son majordome, d'avoir commis ces deux meurtres ? » continua Abberline.

Lau se releva soudain, et en position assise il observa le jeune inspecteur qui s'était figé.

« Monsieur Abberline, dit-il d'un ton doucereux, prenant soin que chacun de ses mots soit entendus. Je les crois capables de tout. » Abberline s'apprêta à l'interrompre, mais Lau le coupa brusquement : « Cependant, je les sais aussi trop malins pour se faire attraper, donc si vous les suspectez à ce point… c'est qu'ils n'ont rien fait.

- Vous avez l'air de bien les connaître », intervint Arthur.

Le jeune chinois tourna doucement son visage vers lui.

« Je reste auprès du comte parce que je le trouve intéressant, Monsieur Conan Doyle. On ne s'ennuie jamais en sa compagnie. Lui et son majordome rendent la vie fascinante. Vous ne trouvez pas ?

- Alors pour vous, tout cela est un jeu ? souffla Arthur. La présence de Lau lui semblait de plus en plus désagréable.

- Mais bien sûr! » s'exclama Lau en se leva, les bras levés devant lui, ses grandes manches bouffantes lui donnant un air théâtral grandiose. « J'ai vraiment hâte de savoir comment tout cela va se terminer. »

Arthur fut sur le point de répliquer, mais la porte s'ouvrit soudain dans un grand fracas et Meirin rentra dans la pièce.

« Sebastian est revenu ! »

Les trois hommes se figèrent.

- Que dites-vous, mademoiselle ? demanda Abberline, persuadé d'avoir mal compris les propos de la jeune femme.

-Sebastian… il est en bas dans le grand hall, venez ! » parvint à articuler la jeune femme visiblement essoufflée d'avoir couru pour les trouver, avant de repartir. Arthur et Abberline la suivirent avec hâte et Arthur entendit le ricanement de Lau avant de quitter la pièce.

« ah ah…Ils sont incroyables… »

Ils arrivèrent en courant en haut des marches du Grand Escalier et dans le grand Hall, ils aperçurent Sebastian, portant toujours son uniforme taché de son propre sang. Les vêtements noirs du majordome étaient trempés et des bandages blancs souillés de sang et de saletés lui couvraient la tête, cachaient son front. Il se tenait moins droit qu'à l'habitude, mais il n'avait rien perdu de sa prestance. La servante le soutenait pourtant, bien qu'il n'en ait pas besoin. Bard tenait Finni pour éviter que celui-ci ne saute sur le nouvel arrivant.

« Comment diable êtes-vous revenu ici ? s'écria Abberline en descendant les escaliers suivis d'Arthur et de Lau.

Sebastian n'eut pas le temps de répondre, car les autres invités arrivèrent du salon pour accueillir le miraculé. Des murmures agaçants et des questions fusèrent dans la pièce. Tous observaient Sebastian, mais le majordome n'avait d'yeux que pour Ciel qui pénétrait dans la pièce en dernier. Il y eut un moment de vide et d'oubli quand leurs yeux se croisèrent, comme si le monde s'évanouissait pour leur laisser plus de place. Le jeune garçon resta à l'écart, ne cherchant pas à s'approcher sans pour autant quittait son majordome des yeux.

« Attendez, reculez, il faut qu'il puisse s'asseoir, » dit Bard en attrapant le bras de Sebastian. Il écarta la foule et l'emmena dans le salon.


« Alors, commença Abberline, comment avez-vous fait pour revenir ? »

En raison de ses blessures, le majordome avait eu le droit de s'asseoir avec les autres convives dans le salon. Il supportait sans malaise les regards inquisiteurs des personnes qui l'entouraient. Finni lui avait apporté une serviette pour sécher ses cheveux noirs humides et pour éviter qu'il n'attrape froid. Sebastian avait accepté la serviette avec un sourire, plus pour ne pas salir le canapé que pour son usage personnel. Le démon aimait la pluie et « tomber malade » était une idée tout simplement ridicule. Mais il aurait été suspect qu'il refuse ce réconfort humain. Il était déjà fatigué de jouer au blessé grave. Il avait été obligé de s'enrouler la tête dans ce bandage médical qu'il avait volé à l'hôpital, et il devait feindre la douleur de manière absurde. Heureusement que les talents d'acteur du démon étaient extraordinaires.

Il observait les convives qui restaient agglutinés autour de lui, le scrutant avec curiosité. Ils semblaient tendus et leurs visages étaient fatigués. En regardant Carl Woodley, il sut que certains d'entre eux atteignaient leurs limites, et ne tarderaient pas à agir de manière stupide, voire dangereuse. Il avait eu raison de rentrer et de se montrer de la sorte devant tous les invités. Il pourrait ainsi leur donner quelques explications qui pourraient les apaiser… avant que le danger ne revienne.

Abberline et Arthur attirèrent son attention. Il était clair que les deux hommes avaient pris la place de leader dans le groupe et s'acquittaient de leur rôle avec toute la conscience et la rigueur que leur imposait leur caractère humain. Dans le monde des humains, ils étaient ce que l'on appelait des hommes de valeur… voir même des hommes de convictions. Sebastian se retint de faire une grimace dédaigneuse. Si le monde était uniquement peuplé d'hommes de leur calibre, les démons ne pourraient plus faire de contrats. Car l'âme avait une signification noble et pure pour ces belles têtes pensantes. Des hommes biens… Quelle illusion !

L'écrivain avait changé depuis son départ. Il avait gagné une force et un charisme qui lui étaient auparavant inconnus. Son allure timide et polie avait disparu et un homme déterminé au regard perçant se trouvait maintenant devant lui. Mais une noirceur colorait son expression, et une peur nouvelle avait envahi son cœur, le rendant vulnérable et le poussant pourtant à se montrer plus fort. Sebastian ne put s'empêcher d'esquisser un sourire en regardant le jeune médecin. Son jeune maître avait un certain talent pour ensorceler les âmes. À cette pensée, il sentit son propre cœur s'embaumer d'orgueil.

« J'ai fait une partie du voyage en calèche bien sûr, daigna-t-il enfin répondre à l'officier.

-Sous cette pluie ! intervint Charles, interloqué.

- Oui, le manoir est à un peu plus de deux heures de Londres. Avec la pluie, la durée du trajet a été doublée et j'ai dû faire un détour pour contourner le lit de la rivière qui a débordé. J'ai mis la journée pour arriver. Bien sûr, le voyage m'a épuisé et je me suis arrêté dans une auberge très intéressante à une heure du domaine. »

Il avait levé imperceptiblement les yeux vers son maître. Ciel rencontra son regard, mais ne laissa rien transparaître de leur échange silencieux. Rien de visible aux yeux humains du moins, car Sebastian discerna un faible changement dans les battements de cœur du garçon. Par cette réaction invisible, Ciel lui témoignait sa compréhension de ses paroles. Sebastian avait des informations importantes. Ils devaient parler et vite.

« Je ne sais si vous êtes au courant, dit Arthur en observant les réactions du majordome, mais Monsieur Phelps a été tué la nuit où vous avez été blessé.

-Je l'ignorais », dit simplement Sebastian, détournant ses yeux de Ciel et portant son attention sur le jeune écrivain. Bien sûr qu'il savait, mais il n'était pas sensé savoir. Il fit son possible pour paraître quelque peu intrigué aux yeux d'Arthur. « Comment est-il mort ? »

Arthur lui expliqua les circonstances de la mort du jeune homme, et s'il savait quelque chose, Sebastian ne laissa rien voir.

« L'ennui c'est que vous seul pouvez avoir commis ce meurtre, continua Arthur. Ainsi le Comte et vous-même êtes les deux suspects principaux de ces deux meurtres.

-Ce serait le cas si le tueur était parmi nous, dit lentement Sebastian en souriant, mais mon agresseur n'est pas dans cette pièce. La personne qui a tenté de m'assassiner cette nuit-là n'est pas l'un d'entre vous.

- Oh Dieu soit loué ! s'exclama Irène en s'asseyant doucement sur le canapé, une main sur le rebord du dossier, soulagée de cette nouvelle.

- Alors c'est donc vrai, il y a bien une treizième personne ? » demanda Woodley.

Il était nécessaire que les invités sachent que le tueur n'était pas l'un d'entre eux. Les hommes ont besoin d'avoir confiance. La condition humaine est ainsi faite. Ils s'entourent de personnes en qui ils ont confiance qu'ils appellent « amis », ils ont besoin d'avoir confiance en leur famille, en leur système, en leurs valeurs, en leur gouvernement, en leur monnaie… Tout est une affaire de confiance, sinon la peur puis la folie les dévorent et ils finissent par s'entretuer.

« Mais quel était son mobile ? Lui demanda Arthur.

- Comment le saurais-je ? Répondit-Sebastian avec un sourire. Je n'ai pas eu le temps de lui demander quoi que ce soit ?

- À en juger par les blessures, le premier coup vous a sûrement été porté à la tête et de surcroit, par-derrière. S'il ne vous a pas tué, la force a sans doute dû vous assommer. Comment pouvez-vous savoir qui vous a frappé?

- Monsieur Conan Doyle, je suis quelqu'un de robuste, si vous en doutez encore ? Mon assaillant m'a frappé à la poitrine parce que le premier coup ne m'avait pas achevé.

- Vous êtes un homme extraordinaire, monsieur Sebastian, murmura Arthur, dont les mots prononcés ne contenaient aucun compliment.

Les deux hommes se jaugèrent. Leur posture, qui semblait innocemment polie, dissimulait mal une agressivité latente. Sebastian sourit, sachant bien qu'Arthur ne croyait pas un mot de ce qu'il avait dit.

Le comte, qui n'avait pas participé à la conversation jusque-là, se racla la gorge, attirant l'intention de l'assistance et se leva : « Je pense que Sebastian devrait changer de vêtements et également de pansements…

-Nous ne devons pas nous séparer monsieur le Comte, l'interrompit Arthur, qui se doutait que Ciel désirait s'entretenir seul avec son majordome.

- C'est bien pour cela que j'irais avec lui. Et je dois » continua-t-il quand Arthur s'apprêtait à l'interrompre à nouveau, « lui parler de choses importantes. »

Ce ton, les invités le connaissaient. C'était la voix du chef de la Famille Phantomhive, une voix qui n'accepte aucune domination ou désobéissance. Arthur lança un coup d'œil à Abberline, cherchant une objection de sa part, mais celui-ci ne s'opposerait pas au Comte.

« Viens, Sebastian. », dit Ciel avant de prendre le chemin de la chambre de son démon.

Le majordome s'inclina, s'excusa auprès des invités et suivit le garçon. Arthur les regarda disparaitre, cherchant des yeux ce qu'il ne pouvait expliquer. Malgré une distance respectueuse entre les deux jeunes hommes, ils semblaient aussi proches que si leurs peaux se touchaient. Abberline avait raison, Arthur le sentait à nouveau, ce lien… cette aura sombre qui émanait de leur corps, et qui brillait d'autant plus fort lorsqu'ils étaient ensemble, comme s'ils attiraient la lumière pour mieux l'étouffer. C'est la définition des ténèbres et ils en avaient les attraits. Lau avait raison.

Ils étaient fascinants.

Fin du Chapitre 3


Je pense que vous avez compris qui sont mes tueurs.
Le titre du chapitre se réfère à la fois à Abberline et Arthur qui mène l'enquête pour sauver tout ce bon monde
et les deux tueurs (ils sont des pions blancs car Ciel et Sebastian sont les noirs).

Dans le prochain chapitre concerne principalement la relation Sebastian/Ciel (enfin...).

REVIEW please! J'ai vraiment galéré!


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