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Disclaimers: Les personnages appartiennent à Toboso Yana.
Author Note : Je m'excuse à nouveau du temps que j'ai mis pour écrire ce chapitre, je suis impardonnable. Mais j'ai eu très peu de temps et en plus j'ai bien galéré pour écrire de chapitre !

Pour une fois, le titre n'a rien à voir avec les échecs, car il n'y a pas de stratégie d'attaque ni de défense dans ce chapitre, juste un éclairage sur la relation entre le Cavalier et son Roi. Donc le titre a un rapport avec la conception féodale de la relation entre le roi et ses chevaliers, et du serment d'allégeance qui est basiquement le serment de servir et de protéger le roi.

Dans ce chapitre, on a une nouvelle avancée dans la relation Ciel/Sebastian, du point de vue de Ciel.
Ce qui est assez compliqué….
Mais j'avoue que me retrouver dans la tête de Sebastian aurait été pire.
Premier lien révélé, première déception, premiers élans charnels…
A vous de juger !

Je sais que j'avais dit que ce chapitre serait le dernier mais…
Je suis aux prémices de la relation Ciel/Sebastian ! Je n'ai encore rien développé et j'ai des masses d'idées !
NON, c'est impossible j'ai encore trop trop trop de choses à dire !

Ce chapitre est court mais centré sur Ciel et Sebastian. Oui je sais, certains doivent se dire :

« Enfin elle nous écrit un chapitre sur Ciel et Sebastian ! Elle a pris son temps la bougresse ! »
Je comprends ! Ce chapitre devrait faire plaisir à ceux qui ont été un peu déçu du précédent.
Ne vous inquiétez pas, la fic est toujours centrée sur Ciel/Sebastian.
Seulement la relation Arthur/Ciel est essentielle pour introduire la relation Ciel/ Sebastian.
Je pense que la raison en est assez évidente si ce n'est pas le cas je vais l'expliquer :
Sebastian est un démon. Ciel est un humain. Ils ne peuvent pas avoir une relation amoureuse au sens classique du terme. Car leur « amour » (si on peut appeler cela de l'amour, là encore on peut en discuter) ne ressemble en rien à celui d'un couple humain normal.
De plus, ces deux personnages sont des handicapés des sentiments et des émotions !

Je ne pensais pas que j'étais incapable de rendre leurs sentiments authentiques sans m'égarer.
C'est alors qu'est arrivé Arthur ! Un romantique morbide, écrivain talentueux et médecin idéaliste, qui tombe fou amoureux de Ciel. Et c'est parfait car il offre un point de comparaison. Il est l'opposé radical de Sebastian.

Musiques écoutés pour écrire cette histoire :
- Bachelorette, de Bjork (c'est celle que j'ai principalement écouté pour écrire ce chapitre.
- Lacrimosa + Requiem (Agnus Dei – Lux Aeterna) de Mozart
- et pour finir… la Chaconne de Bach ! Ciel la joue d'ailleurs au violon quand Sebastian lui fait ses leçons. Cette musique leur correspond parfaitement.


Le majordome posa le chandelier d'argent près du pungi sur la table de nuit et sortit sa montre à gousset. Il était presque minuit. Grell et son acolyte ne tarderaient pas à se montrer maintenant. Il se tourna vers son jeune maître qui se tenait toujours assis sur le lit, les doigts légèrement crispés sur les draps de satin blanc. Ses yeux étaient restés fixés sur la porte de la chambre qui s'était refermée sur eux quelques minutes auparavant.

« Et bien, et bien », dit Sebastian dans un soupir satisfait tout en replaçant la montre dans sa petite poche de gilet. « Tout est enfin prêt. À l'heure qu'il est, les serviteurs doivent être en train de finir de disperser l'encens. Si tout se déroule selon le plan, tout sera terminé avant la fin de la nuit.

- Pourquoi m'as-tu inclus dans ce plan ? demanda Ciel en posant sa tête contre l'oreiller, visiblement épuisé par les événements à venir. Il frissonna. Je déteste les serpents ! Et ces serpents-là tout particulièrement…

- Ce n'est pas comme si vous aviez vraiment quelque chose à craindre, dit Sebastian avec un sourire indulgent. Je serais à vos côtés jusqu'à ce que le danger soit écarté.

- Lors de notre dernière mission, tu as pourtant trouvé cela amusant de libérer les serpents avant que je sois hors de portée de leurs crochets venimeux. Si Freckles n'avait pas été là…

Ciel sentit sa gorge se serrer et sa voix s'éteignit. La jeune fille lui avait sauvé la vie ce soir-là. Ou du moins elle lui avait épargné des souffrances effroyables. Il avait vu le visage de Phelps, figé dans la douleur qu'il avait ressentie jusqu'à ce que le poison imprègne son cœur. Sebastian avait joué un jeu malsain cette nuit-là en profitant d'une erreur dans les ordres donnés pour pimenter la situation. Ciel avait oublié que derrière l'homme se cachait un démon impitoyable. Il ne devait pas attendre de miséricorde ou d'indulgence de sa part.

- Je ne fais jamais deux fois la même erreur, Jeune Maître, » intervint Sebastian, semblant comprendre les pensées qui assaillaient son maître dont les yeux s'étaient voilés d'une lueur de rancœur obscure. « Si j'avais su que vous souffriez d'asthme chronique, jamais je n'aurais essayé de … pimenter notre jeu. »

Le jeune garçon leva son œil glacé vers son majordome, le jaugeant.

« Je l'espère pour toi, démon. »

Il posa alors ses yeux sur le pungi. Il avait déjà entendu Agni en jouer. Un instrument dont le son était assez agaçant, bien loin des mélodies évoluées qu'il jouait de son violon. Un instant, Ciel crut entendre les premières notes dramatiques de la Chaconne de Bach résonner à ses oreilles. Il aurait aimé la jouer à nouveau.

Mais bien sûr, seul le pungi pouvait avoir un effet sur les serpents.

- Comment comptes-tu charmer les serpents pour qu'ils te mènent à Snake ? demanda le jeune garçon d'un ton absent.

- Je ne vais pas vraiment les charmer, juste les hypnotiser pour les rendre inoffensifs, expliqua Sebastian dans un léger haussement d'épaule désinvolte. Tout ce que je voulais, c'est occuper les invités les plus combatifs pour que je puisse me charger de Grell Sutcliff sans les avoir dans les jambes. » Il émit un léger signe de tête pour désigner la porte derrière laquelle attendaient les invités qui devaient l'accompagner pour prendre en chasse le tueur. « Snake sera facile à trouver », renchérit-il, souriant. « Je connais chaque odeur et chaque bruit appartenant au domaine des Phantomhives. Rien n'échappe à mon oreille ou à mon odorat démonique. Les serviteurs trouveront Grell pour moi. »

Ciel frissonna à l'évocation de ce nom. Cette vermine entêtée était vraiment trop dangereuse. Il se demanda par quelle infortune il avait pu se faire un ennemi aussi puissant. Un dieu de la mort, capable de tuer un démon… Décidément, il jouait de malchance.

Passant ses doigts froids sur ses paupières douloureuses, le garçon se demanda si les choses n'avaient jamais été aussi incertaines et impalpables. Il n'avait pas l'assurance d'une victoire à venir et à cet instant la présence de Sebastian ne l'enveloppait plus d'une sensation de toute-puissance.

Car ce que voulait réellement le Dieu de la Mort, c'était piétiner le cadavre ensanglanté de Sebastian. Ciel sentit la peur étreindre sa poitrine. Cette nuit, il pourrait tout perdre.

- Je veux que tu gagnes ce combat, dit le garçon, la voix claire, le regard perdu dans le vide. Et je ne veux pas que tu meures. J'ai encore besoin de toi. » Il leva les yeux vers son majordome et ajouta avec fermeté : « C'est un ordre Sebastian !»

Le majordome esquissa un léger sourire, et portant la main sur son cœur, il s'inclina devant son jeune maître.

- Ne vous en faites pas Jeune Maître. Je n'ai pas l'intention de mourir et de faillir au pacte. Après cette nuit, tout rentrera dans l'ordre et vous n'aurez plus rien à craindre.

« Plus rien à craindre… » Ciel secoua la tête à cette pensée absurde. Quelles menaces pèseraient encore sur lui lorsque le désastre de ces longues nuits lugubres aurait pris fin ?

Il soupira de fatigue à la pensée des jours à venir. Il lui resterait encore à présenter son rapport à la Reine, à adoucir les soupçons de Lord Gray, à faire taire les curieux et à éloigner les indiscrets…

Une image envahit son esprit, repoussant ses pensées pragmatiques : celle d'un homme à genoux sur le sol, la main crispée sur son cœur, du sang coulant de son visage. Il se redressa soudain, et s'avança au bord du lit, ses doigts contractés sur le rebord de bois lustré. Il aperçut sur le sol les épaisses taches cramoisies de sang séché et la nausée lui monta aux lèvres.

« Qu'as-tu fait à Arthur ? » demanda-t-il brusquement.

Sa voix était restée claire, mais elle était pourtant teintée d'une pointe d'angoisse.

Sebastian ne répondit pas. Il observait le jeune homme du coin de l'œil, ses yeux rétrécis en deux fissures où luisait une pupille menaçante. Effaçant un rictus de dédain, il s'approcha du sol souillé et cacha les traces de sang sous ses semelles vernies.

- Je lui ai lancé un simple avertissement, dit-il avec patience, mais son visage montrait une froideur inhabituelle. Il sait beaucoup trop de choses, cela nous le savions déjà. Mais pour envenimer son cas, il a été… arrogant à mon égard. C'était très imprudent de sa part et… » Il sourit, esquissant un haussement d'épaules de fausse pénitence. « … j'avoue avoir perdu mon sang-froid. Je l'ai frappé là où siège son point faible : le cœur.»

Ciel soupira sèchement devant le cynisme de son majordome et détourna les yeux.

« C'était prématuré, je ne voulais pas réagir aussi durement », ajouta Sebastian, d'une voix douce, ses yeux fixés sur le garçon, buvant chacune de ses réactions et goûtant à chaque battement de son cœur. « Il serait irréfléchi de le tuer maintenant. Mais je pense m'occuper de lui plus tard. Un accident de calèche sur le chemin du retour peut-être…

- Non.

Sebastian se tut. Une furie silencieuse crispa son corps tandis que ses iris rouges brûlaient de colère.

- Jeune Maître ?

Le jeune homme, honteux d'une réaction qu'il n'avait pu réprimer, refusait de regarder son majordome. Il s'éloigna, glissant à genoux jusqu'à la tête du lit. Semblant mal à l'aise, il allongea ses jambes fines sur le satin blanc, enfonçant ses talons dans le tissu.

« Ne le tue pas, murmura-t-il enfin d'une voix à peine audible, comme s'il détestait chaque mot qui s'échappait de sa gorge.

- Et pourquoi?

Ciel se redressa, fixant son majordome d'un œil hautain. Celui-ci le regardait avec insistance d'un regard opiniâtre et impitoyable. Mais ce qui surprit Ciel, c'est l'expression de dédain qui se dessinait sur ses lèvres.

- Tu discutes mes ordres?

- C'est vous qui discutez vos propres ordres, rétorqua Sebastian d'une voix inconnue et passionnée. Vous m'avez demandé de le tuer s'il devenait gênant.

- J'ai changé d'avis.

- Vous avez changé d'avis… » Sebastian se mit à ricaner, mais son rire était sombre et dénué de tout humour.

Et ces yeux… Ciel connaissait bien ce regard. Il l'avait vu lors de rencontre avec des humains que Sebastian avait jugé médiocre. Il n'avait jamais pensé que son majordome poserait un jour ce genre regard sur sa personne.

« Vous avez changé d'avis, répéta-t-il encore. C'est pathétique.

- Je te demande pardon ?

- Je croyais que vous n'hésiteriez jamais ! Je croyais que vous anéantiriez toutes personnes qui se dresseraient sur votre route, fussent-ils de votre famille ou de vos amis. Ce sont vos propres mots ! Et maintenant, vous laissez un amant déplorable vous menacer sans réagir, parce que la vue de son sang sur la moquette vous effraye.

- Il n'est pas dangereux, il est juste jeune et naïf ! C'est un idéaliste tout comme Abberline.

- Des imbéciles utopistes, souffla Sebastian en grimaçant de mépris.

- Oui comme tu dis, des imbéciles ! Des hommes qui pensent encore qu'il y a autre chose dehors. Que la haine et la douleur ne gouvernent pas ce monde.

- Par tous les diables ! cracha Sebastian, s'éloignant du garçon, écœuré. Voilà que vous parlez comme eux.

- Oui et c'est bien là le problème ! s'écria Ciel. Ils sont dangereux pour toi, pas pour moi !

Une lueur étrange passa dans les yeux de Sebastian, sombre, vive et angoissante.

- Que voulez-vous dire ?

- Tu as peur ! continua Ciel, méprisant, ignorant le regard menaçant que posait Sebastian sur lui. Tu as peur qu'il m'influence et que j'abandonne ma haine et mon désir de vengeance. Et si cela arrivait, tu ne pourrais pas achever le contrat et jamais tu ne pourrais avoir mon âme !

- Oui c'est vrai ! siffla Sebastian d'une voix haineuse, s'approchant brusquement du garçon qui recula malgré lui sur le lit. Il se pencha, projetant son ombre sur lui. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'ils sont dangereux pour vous. Car si je ne peux pas avoir votre âme, je vous tuerai !

Ciel se figea, le souffle coupé. Mais Sebastian continua, se redressant, la voix pleine d'un venin inconnu : « J'ai failli mourir il y a quelques jours. Et cette nuit, je vais affronter un être qui m'est sans doute supérieur, et tout cela pourquoi ? Pour l'âme d'un maître qui perd son ambitieux pour quelques mots d'amoureux doucereux ? Quelle perte de temps !» Il se détourna, refusant de garder les yeux posés sur le jeune homme.

Ciel ne s'était jamais senti autant insulté. Il ne s'agissait pas de sarcasmes ou de simples remarques cyniques cette fois. Les paroles de Sebastian créaient une dissonance douloureuse dans son cœur qui cognait rageusement dans sa poitrine. Un goût amer remplissait sa bouche, le goût de sa propre déception et de la tristesse de ne pas être digne de son démon.

Sebastian lui tournait le dos et Ciel se sentit vide. Il aurait voulu lui crier de le regarder, qu'il avait besoin de lui. Mais sous la pression de son orgueil, il garda le silence, serrant les poings et s'enfonçant les ongles dans la chair.

« Tu regrettes le pacte, murmura Ciel enfin, d'une voix blême, tu aurais préféré que je meure dans cette cage. » Mais avant que Sebastian ne puisse parler, il ajouta : « Ne réponds pas. C'est un ordre ! »

Il ne voulait pas savoir. Une panique soudaine l'envahit pourtant et il eut l'impression de se retrouver à nouveau enfermé dans la cage, trois ans plus tôt, alors qu'il attendait d'être sacrifié. Le froid l'enveloppa et une odeur de saleté emplit son nez alors qu'il se souvenait de la souillure de sa prison. Instinctivement, il eut envie de resserrer ses jambes contre sa poitrine et de les entourer de ses bras, en un élan protecteur contre les monstruosités du monde, mais il se retint. Non, il ne voulait pas retourner dans cette cage, ressentir à nouveau la peur et l'impuissance.

- Je n'ai pas changé, s'exclama-t-il brusquement, interpelant le démon qui ne le regardait pas. Je désire toujours me venger ! Tu sais très bien qu'Arthur m'a demandé de partir avec lui et que j'ai refusé. Je lui ai dit que je ne le suivrais pas.

Il se trouvait méprisable. Ses propres paroles lui semblaient lâches. Sa vengeance représentait tout son univers, mais seul Sebastian pourrait l'obtenir pour lui. Il ne se faisait aucune illusion maintenant. Seul, il restait le garçon prisonnier, à la merci d'hommes plus forts, attendant d'être assassiné.

- Bien sûr que vous ne le suivrez pas, répondit enfin le majordome. Je vous retrouverai où que vous alliez.

Ciel étouffa un soupir et ferma les yeux, savourant un court instant ces mots qu'il connaissait par habitude, des mots que le démon lui répétait inlassable pour lui rappeler qu'il lui appartenait. Cette damnation lui sembla réconfortante. Comme lorsque Sebastian était revenu à ses côtés, il s'était délecté de cette aura de ténèbres qu'il l'avait enveloppé. Sa vengeance était à nouveau possible.

Cependant, il était fatigué. Depuis l'affaire du cirque maudit, il avait senti une part de lui mourir. Il ne savait si c'était la vue des enfants qui étaient sacrifiés sans un mot et sans résistance ou les yeux vides de Freckles qui le fixaient encore quand Sebastian l'avait tué, mais quelque chose s'était brisé.

Depuis l'arrivée de Sebastian, les cadavres s'amoncelaient sur son passage, des morts dont il foulait du pied les cheveux poisseux du sang qu'il avait fait couler. Qui survivrait à sa vengeance ? Sur son chemin funèbre, ne pouvait-il en sauver quelques-uns ?

- Alors pourquoi le tuer puisque c'est inutile, murmura-t-il, rien n'a changé.

- Vous voilà magnanime… » dit Sebastian, et son rictus méprisant s'entendait clairement dans sa voix. Il se tourna enfin vers son maître. « Je suis curieux de voir quelle nouvelle émotion vous développerez après cette histoire. De l'amour peut-être? De la pitié? Et pourquoi pas de la compassion! »

Ah ! À nouveau ce regard hostile et répugné ! Ciel sentit la rage montait en lui en vagues brûlantes :

- En quoi cela te regarde? cria-t-il à l'homme qui osait le défier.

- Tu es à moi!

Ciel se figea, la respiration coupée, la voix du démon résonnant à son oreille. Un frisson parcourut sa poitrine et glaça son cœur. Sebastian se tenait debout devant lui, droit comme à son habitude, mais sa respiration était rapide et saccadée. Ses pupilles s'étaient rétrécies en deux lignes félines qui déchiraient des iris rouges et luisants.

Doucement, il s'approcha, menaçant. Il posa un genou sur le lit et se pencha sur lui.

Le jeune homme ne put s'empêcher de reculer sur les draps de satin, effrayé par la passion méconnue qui animait les traits de son démon.

Sebastian leva la main vers le visage du Comte, mais il n'osa le toucher. Ciel sentait pourtant la chaleur de ses doigts qui effleuraient à peine sa peau. Les yeux du démon le dévoraient.

« J'ai faim! » dit-il dans un souffle avec une passion révélée. « À chacune de tes hésitations, ma faim augmente et l'heure de mon festin recule. Je n'en peux plus. Je pourrais chasser toutes les âmes errantes qui hantent le monde pour rassasier un court instant cette douleur brûlante qui me dévore le corps. Mais cela ne servirait à rien, car j'ai faim de toi! »

Ses doigts effleurèrent les lèvres de Ciel.

« Personne ne t'enlèvera à moi, ni un dieu, ni un ange… ni un homme. »

Ciel frémit sous le contact infime de sa peau contre la sienne alors que ses pensées s'assombrissaient de souvenirs.

Il ferma les yeux alors que les doigts dessinaient encore le contour de ses lèvres et il revit en songe le démon qui l'avait sorti d'une cage de fer, tremblant et faible pour lui donner une nouvelle vie.

Cette cage… ces mains surnaturelles qui en avaient arraché les barreaux, les doigts qui l'avaient porté et mis debout. Lui, le garçon brisé et souillé et ce démon vêtu de noir qui s'était agenouillé devant lui, le proclamant roi.

Cette nuit, il avait ressuscité, porté au monde par un ange noir, qui ne l'avait jamais quitté.

Jamais plus il ne serait enfermé, jamais plus il ne serait faible. Sebastian était tout ce qu'il lui fallait, tout ce qu'il désirait. Une force qui le dépassait et qu'il parvenait tout de même à contrôler. Une puissance qu'il pouvait manier à sa volonté.

Il rouvrit les yeux et tendit à nouveau la main vers son démon comme il l'avait fait ce jour-là des années plus tôt, à travers des barreaux de fer. Sebastian attrapa la main tendue et l'approcha de ses lèvres. Sans quitter le comte des yeux, il déposa un léger baiser sur les doigts frêles qui tremblaient dans sa main gantée.

« Allonge-toi », dit Ciel dans un souffle.

Le majordome parut étonné de la soudaine demande de son maître, puis sa surprise fit place à un sourire quand il vit son jeune maître reculer sur les draps de satin. Soupirant d'entendement, il s'allongea sur le lit, droit, les bras impeccablement étendus le long de son corps. Le jeune garçon se plaça timidement à ses côtés, jaugeant le corps mortel de son démon.

Elle était vraiment ravissante, cette enveloppe charnelle. Ciel lui avait un jour demandé pourquoi il avait choisi ce corps et le démon avait répondu qu'il n'avait rien choisi, qu'il s'agissait de sa véritable apparence humaine.

Ciel émit un léger rire en examinant les traits parfaits du majordome. Sebastian n'avait pas de notion de la beauté chez les humains. Il ne pouvait donc pas savoir qu'il était beau. Et le Comte se garderait bien d'alimenter l'arrogance et l'orgueil du démon en lui révélant à quel point il était désirable.

Hésitant, tremblant, le jeune homme s'approcha de son démon et posa les mains de chaque côté de sa tête, alignant son corps avec le sien.

« Mon cavalier, murmura-t-il, et mon bourreau. »

Et comme dans un rêve des plus funestes et des plus merveilleux, il posa ses lèvres sur celles du démon.

Un fil cousu à son cœur s'étira et se tordit, l'emplissant de fantastiques douleurs alors qu'une chaleur inconnue échauffait chaque centimètre de sa peau.

La peau de son démon était douce et souple. Quelle illusion, elle était aussi douce que celle d'un homme mortel !

Mais déjà il regrettait ce geste et pourtant il désirait qu'il dure éternellement. Des larmes qu'il n'avait plus jamais osé verser emplissaient ses yeux.

L'interdit, le surnaturel des lèvres sur les siennes, l'impression d'un acte impardonnable et contre nature : il ressentit toutes les afflictions de la damnation, car il embrassait les lèvres de sa propre mort.

Et il la trouvait étrangement douce, cette délectation d'être condamné et d'éprouver tant de passion pour son bourreau.

Il sentit l'homme répondre à ses lèvres et les ténèbres qui leur ressemblaient si bien les envahir tous deux. Ses doigts tremblaient alors qu'il caressait le visage de Sebastian, maladroit, passionné.

Et déjà il sentait le désir le réchauffer. Étouffant un gémissement contre les lèvres pleines qui partageaient son baiser, il plongea ses doigts dans les cheveux noirs de son majordome, intensifiant ses caresses quand des mains puissantes se serrèrent sur ses épaules, l'obligeant à reculer.

Surpris, et quelque peu blessé, le garçon perdit sa contenance habituelle et parut incertain. Les joues rougies, les lèvres humides et le cœur tremblant, il murmura : « Mais pourquoi m'empêches-tu de…

- C'est inutile, l'interrompit le démon.

Le garçon parut un instant ne pas comprendre et resta alerte.

Que voulait-il dire ? Ciel ne comprenait pas le sens de ces paroles ni le rejet soudain de son majordome. Inutile ? Ce qu'il faisait, ce qu'il ressentait ?

Et une pensée traversa soudain son esprit : ce n'était pas un homme.

-Tu ne ressens rien, dit-il sombrement.

- Si, répondit Sebastian. Mais je sais ce que tu désires. Et ce n'est pas cela que je veux de toi.

Ciel le gifla. Il n'en sut pas tout de suite la raison. Mais rapidement, il sentit la chaleur de l'humiliation colorer ses joues. Il regardait l'homme allongé sur son lit, dont la joue meurtrie commençait déjà à guérir, les traces de ses ongles s'évanouissant doucement sur la peau surnaturelle.

Un démon, un monstre. Il l'avait presque oublié.

Qu'avait-il imaginé obtenir de cet être ? Qu'il lui fasse l'amour ? Était-ce ce que ses caresses avaient suggéré ?

Comment demander un tel acte à un démon ? C'était grotesque, un sacrilège…

Et sans doute Sebastian désirait-il son âme plus qu'il ne désirait son corps.

Il se détourna, honteux d'avoir pu désirer une telle perversion.

Sebastian se mit à rire, un rire doux et indulgent que Ciel ne lui connaissait pas.

- Si susceptible…, murmura-t-il en regardant le garçon pétri de remords.

Furieux, Ciel se retourna vers lui et voulut le gifler à nouveau, mais le démon attrapa son bras, un geste très osé pour le majordome, mais Ciel fut trop surpris pour s'y opposer, et Sebastian l'embrassa à nouveau avant qu'il ne puisse lui donner l'ordre d'arrêter. Posant deux mains puissantes sur ses épaules, il le repoussa sur le lit et le couvrit de son corps, se plaçant entre les jambes du jeune homme. Le baiser du démon était étrange, possessif, dévorant.

Ciel fut soudain parcouru par la peur, une terreur mêlée de passion, car les doigts qui le frôlaient pouvaient réduire ses os en poussière et pourtant ils n'étaient que douceur. Le souffle du démon caressait sa peau. Ciel ferma les yeux, s'abandonnant.

Sebastian brisa le baiser et se redressa pour le regarder. Ôtant un de ses gants, il se mit à frôler sa joue de ses doigts, tapotant, griffant la chair de ses ongles noirs sans la briser, alors que son pouce caresser les lèvres du Comte qui se surprit à soupirer. Doucement, il passa ses doigts sous le cache-œil, libérant l'œil maudit.

Puis les caresses cessèrent. Ciel ouvrit les yeux et découvrit son démon penché au-dessus de lui, appuyé sur ses coudes de part et d'autre de son corps. Immobile, il le regardait, dévorant son visage, plongeant ses yeux cuivres dans l'azur des siens. Ciel ne put soutenir le regard du démon, trop proche, trop intime et il détourna les yeux.

Le majordome sourit et se pencha sur le garçon pour déposer un tendre baiser sur sa paupière fermée. Ses lèvres glissèrent sur sa tempe, s'attardèrent longuement sur ses joues et descendirent sur son cou, appréciant chaque battement de cœur qui résonnait contre sa bouche et les doux soupirs de son maître qui le berçaient, répondant à chacune de ses caresses.

Ciel se rendit compte que le démon ne posait pas ses mains sur lui, mais il lui semblait sentir les mouvements erratiques des doigts de Sebastian sur le matelas, tirant sur les draps, les serrant et les tordant, alors que sa bouche embrassait à nouveau les joues du garçon.

Soudain, il se figea puis se redressa violemment en repoussant le garçon.

Surpris, Ciel se dressa à son tour, mais avant qu'il ne puisse demander ce qui avait attiré l'attention du démon, celui-ci murmura : « Serpent ».

Ciel cessa de respirer et balaya la chambre du regard, tendant son oreille faible de mortel, mais n'entendit rien et le démon continua, levant les yeux vers le plafond.

« Il y a un serpent qui approche. »

Fin du Chapitre 8


Voilà pour ce chapitre, qui est court mais que j'ai vraiment eu du mal à écrire.
Je vais vous avouer quelque chose… Je suis un peu déçue. Je pensais faire mieux, mais je ne pense pas avoir spécialement réussi ce chapitre.
Alors n'hésitez pas à me dire
honnêtement ce que vous en pensez.
Il y aura deux autres passages importants (et plus fournis et intenses) uniquement sur la relation Ciel/Sebastian. Donc si vous pensez que j'ai mal retranscrit la complexité de leur relation c'est le moment de le dire pour que je réussisse les deux prochaines fois.

Sinon quelques explications :
Pour le sexe entre un démon et un humain….J'ai la conviction que les démons ne voient pas le sexe comme les humains. Un peu comme les vampires, le sexe a une dimension plus spirituelle.

Quand il caresse Ciel, Sebastian reste bien au-dessus de la ceinture. Même s'il peut ressentir de l'excitation avec un corps mortel, il ne s'intéresse pas vraiment aux plaisirs de la chair… pour l'instant.
On va y remédier ne vous inquiétez pas… Ciel est assez intelligent pour obtenir ce qu'il veut.

Oh et je ne sais pas si vous vous souvenez mais Sebastian est fou des coussinets des chats et pourrait les caresser pour l'éternité… et Yana Toboso a dit que par un drôle de hasard, les joues de Ciel ont la même texture au toucher que les coussinets des chats….
Ce qui explique que quand il les embrasse, Sebastian plante ses ongles dans les draps… comme les chats quand ils ronronnent et font leurs griffes de plaisirs…
Je vous rassure Ciel va obtenir ce qu'il veut, un acte plus humain. Il est malin.

L'action commence !


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