Epilogue…
Author Note : Nous y voilà… c'est la fin de cette histoire. Vous serez sans doute surpris qu'elle arrive aussi vite moi qui mets toujours beaucoup de temps à poster mes chapitres.
La raison est simple : après avoir posté le chapitre 13, j'étais dans rythme de fin d'histoire, je l'avais en tête il fallait qu'elle sorte, je l'ai donc écrit dans les 4 heures qui ont suivi la publication du chapitre 13 (sans m'arrêter, avec 3 grandes tasses de café).
Au moment où j'ai mis le point final à cet épilogue… je vous avoue que je me suis sentie très triste et je suis d'autant plus triste en postant cette fin, ce mot de fin, car cette histoire avait pris une place importante dans ma vie, car j'y ai quand même mis beaucoup de moi… oui beaucoup…
J'espère que vous aimerez cet épilogue et que vous comprendrez pourquoi je le trouvais si nécessaire. Il est court mais il est le fruit de beaucoup de recoupements et de recherches.
Il s'étend sur 40 ans… vous allez comprendre…
Bonne lecture !
Faible... mourant.
C'est ainsi que je me sentais en ce 07 juillet 1930. Je frémissais dans mon lit, ne parvenant plus à me réchauffer.
La fin viendrait bientôt, je le savais, et j'avais fini par l'attendre. J'avais aimé le monde, mais je n'avais jamais retrouvé la saveur que j'y avais tant cherchée. Toute ma vie avait été une longue quête d'un bonheur qui m'avait été refusé, et je vivais encore alors que d'autres, des êtres chers, disparaissaient autour de moi.
Malgré mon succès, malgré ma célébrité d'écrivain, je n'avais jamais pu être heureux. J'avais essayé de l'être, oui j'avais essayé de toutes mes forces. Mais mon regard sur ma vie ne faisait que prouver mon échec.
Durant toutes ces années, Abberline fut mon ami le plus proche et venait souvent me voir. J'aimais sa présence et il était à l'aise avec moi, entouré de ma famille. Nous partagions beaucoup de choses. Il était mon ami fidèle, mon confident. Mon lien avec le passé. Nous pouvions passer des heures à discuter de droit, de politique et de justice. Nous nous rencontrions sur tout thème, car notre vision du monde avait toujours étaient la même. Il m'apportait un réconfort que peu de personnes pouvaient me prodiguer et demeurait excellent pour me donner des conseils, même sur mon travail d'écrivain alors que j'avais abandonné ma carrière de médecin.
Il aimait mes livres. Il souriait et riait lorsqu'il lisait les aventures de Sherlock Holmes. Il détachait souvent ses yeux du roman pour me dire de temps à autre: «Ce Watson, c'est moi! Avoue-le!»
Je ne pouvais m'empêcher de rire.
- Un peu, c'est un peu de moi aussi !»
Et une fois seulement, il demanda: «Et lui?... Sherlock Holmes? Qui est-ce?
Je ne pouvais que lui sourire tristement. Ce détective génialissime, sans cœur, misanthrope et misogyne, à la déduction parfaite, sans sentiment, dépendant à la morphine et à la cocaïne. Cérébrale, inébranlable, calculateur... Il était la somme de deux personnages, dont je n'avais dit mot pendant toutes ces années. Frédérick ne m'en demanda pas davantage. Car je lui avais dit que je ne voulais plus jamais en parler, n'est-ce pas ?
Pourtant à certaines de nos rencontres, il semblait vouloir me raconter certaines choses, mais il savait que je ne voulais pas les entendre, surtout quand je passais une bonne partie de mon temps à soigner moi-même Louisa dans notre maison. Je voulais être son médecin, contre l'avis de beaucoup, une manière de soulager ma culpabilité sans doute. Mais aussi, parce qu'elle m'avait donné une adorable petite fille que je chérissais plus que tout.
La première fois que je le vis sur le point de rompre notre engagement et de parler, fut peu de temps après mon départ du manoir, un mois exactement. Il me tendit simplement le journal. La Une parlait d'un naufrage, d'un navire ayant heurté un iceberg dans des circonstances étranges. Il y'avait en dessous une liste de noms. Ils étaient dans la liste des survivants. Une photo était même publiée en page centrale.
Lui... le garçon était là, assis sur une caisse de bois sur le pont du navire qui les avaient secourus, la jambe bandée, le visage égratigné, visiblement épuisé, ses vêtements tachés et déchirés. A ses côtés, son majordome était assis sur le sol, couvert de sang et faible comme moi-même ne l'avais jamais vu. Et le garçon le regardait avec douceur, presque de la bienveillance.
Les survivants parlaient de cadavres qui s'étaient mis à bouger et à attaquer les passagers. Une histoire des plus étranges et des plus lugubres. Et pourtant, je parvins à ne pas m'y attarder malgré la curiosité qui m'assaillait.
L'été qui suivit, j'acceptais une invitation à dîner de J.M Stoddart, du Lippincott's Magazine. Il avait lu mon livre et avait été enthousiasmé par mon récit. Je ne sus ce qui me surprit le plus, que mon histoire soit aussi appréciée du rédacteur d'un journal anglais si connu, ou qu'Oscar Wilde dînait également avec nous et discutait du prochain roman que Stoddart lui avait commandé : Le Portrait de Dorian gray. L'histoire d'un jeune homme frappé par une malédiction, et de son portrait qui s'enlaidissait à mesure que son âme était corrompue, alors que lui restait jeune.
J'avais une admiration sans bornes pour Oscar Wilde, et le résumé de son prochain roman laissait paraître un chef-d'œuvre, dont le thème ne pouvait que me bouleverser...
«J'ai beaucoup aimé votre histoire, Monsieur Doyle, me dit Joseph Stoddart.
- Vous m'en voyiez ravi.
« Je vous avoue que je ne suis pas un grand lecteur du Beeton Christmas, et je n'aurai sans doute jamais lu votre histoire si une de mes relations ne m'avait envoyé un exemplaire et n'avait insisté pour que je le lise. C'est une jeune personne qui sait se montrer très convaincante.
Mon cœur se serra, mais je le laissais poursuivre.
«Il m'a dit que vous vous étiez rencontré, depuis peu d'ailleurs. Il s'agit du Comte Phantomhive.
- Et pourquoi monsieur le Comte a-t-il insisté pour que vous lisiez mon histoire?
- Pour que j'accepte de publier la prochaine bien sûr!
- La prochaine? Je suis désolée de vous décevoir, mais je n'avais pas pensé écrire une autre histoire sur Sherlock Holmes.
- Vraiment?» Il parut surpris, dépité. «C'est regrettable, très regrettable. Ciel Phantomhive semblait vraiment attaché à ce projet. Je partage d'ailleurs de son opinion. Vous avez un véritable talent qui ne demande qu'à s'exprimer !
- Je suis de l'avis de Monsieur Stoddart, Arthur, dit Oscar Wilde de sa voix élégante de dandy. Ce détective a une personnalité particulière, mais vous n'en avez pas fait le tour. Il est déjà incroyablement intéressant, mais vous seul pouvez lui donner une profondeur qu'il n'a pas encore acquise pour devenir un véritable héros de roman, comme il y en a peu dans notre littérature. Il pourrait supplanter Auguste Dupin d'Edgar Allan Poe, rendez-vous compte! Vous auriez tort de vous défaire de cet atout. »
Comment refuser quoique ce soit à Oscar Wilde... et à mon amour... ?
J'acceptais et j'écrivais. Mais Sherlock Holmes changea. Sa personnalité comme l'avait dit Oscar prit une profondeur particulière, car je lui offrais une part d'ombre qu'il n'avait pas jusqu'alors, le rendant incompatible avec le reste des hommes. Un être égoïste, arrogant et imprévisible.
Quand le «Signe des Quatre» parut, il fut un véritable succès, qui me submergea. Sherlock Holmes dont j'avais assombri la personnalité, le rendant presque sulfureux sans pourtant qu'il perde de son génie, devint un héros dans l'Angleterre Victorienne. Si bien que des demandes pour une suite me parvenaient chaque jour. Une véritable obsession pour ces nouvelles enflamma la population et on m'apportait dans mon cabinet des sacs entiers de lettres de lecteurs, si nombreuses que je dus employer une partie de l'argent gagné pour l'embauche de personnes chargées de trier mon courrier.
Je ne prenais pas tout à fait la mesure de mon succès, j'avais même du mal à le comprendre, de sorte que je ne parvenais pas à accepter la reconnaissance du public. Puis je reçus une lettre du garçon, comme je l'appelais maintenant, incapable de prononcer son nom. Après une hésitation, j'avais fini par l'ouvrir.
«Arthur,
C'est un chef-d'œuvre.
Félicitations.
Bien à toi,
Ciel Phamtomhive.»
Le contenu de la lettre était court, aimable et poli, mais je savais ce qu'impliquait un tutoiement de sa part. C'était une preuve d'inclination qu'il n'accordait qu'à peu de personnes. J'en fus affecté, et ma blessure saignait à nouveau.
Prenant ma plume, je le remerciais, avec courtoisie, avec des mots sobres comme je l'aurais fait pour toute autre personne, ne désirant pas m'épancher davantage. Mais je ne pus résister et je glissais dans l'enveloppe des pétales de roses, semblables à celles qui s'étaient attachées à ses cheveux, un soir de mars.
Mon succès continuait de grandir. On réclamait les aventures de Sherlock Holmes sans trêve, et je finis par les écrire comme un automate. C'était si facile de me replonger dans cet univers que je n'y trouvais plus de goût. Le travail devint pénible. Car je pensais détruire ma souffrance dans mes écrits, mais je ne parvenais pourtant pas à m'en libérer malgré mes efforts. Je finis même par le faire disparaître, à le tuer, ce héros qui représentait les deux hommes qui me hantaient inlassablement. Ce qui m'attira la foudre la population qui sortit dans la rue avec des brassards de deuil, et je reçus même des lettres de menace. Je résolus de le ressusciter après un certain temps. J'étais de toute façon incapable d'oublier. Je ne guérissais pas, c'était un fait.
Le temps passait, et je m'attachais aux rares moments de bonheur comme un affamé au morceau de pain qu'on lui jette, désireux de noyer cette part d'ombre qui menaçait à tout moment de m'écraser.
Et puis, un jour, Frédérick vint me voir, blême.
«Est-ce que tu savais? me demanda-t-il, tremblant. Pour... et son majordome? Est-ce que tu sais ce qu'ils sont?»
Je n'étais pas certain de ce dont il voulait parler, mais à ses yeux effrayés, je compris qu'il savait. Et je n'avais rien à lui répondre.
«Tu m'as demandé de le protéger, mais de quoi? De lui-même?»
Il avait voulu parler davantage, mais j'avais quitté la pièce sans mot. J'ignorais ce qu'il avait appris et comment il l'avait appris, mais je refusais de partager cela avec lui. C'était mon enfer personnel, il n'y avait pas sa place.
Après ce jour, notre relation changea, il était toujours mon ami, mon véritable et seul ami, mais mon refus de l'écouter lui pesait, car il portait un fardeau similaire dont je ne voulais rien savoir. Et cela le poussait à me haïr parfois.
Peu de temps après, il vint me voir, et je vis une profonde tristesse dans ses yeux quand il me regardait, comme s'il connaissait l'existence d'un drame dont je ne savais rien et dont il ne pouvait pas parler. Un drame, oui sans doute... Et de peur de souffrir, je me fermais au monde.
Je fuyais les journaux et les nouvelles de la rue. Il me sembla qu'on parla du garçon pendant quelques temps mais je fermais mes oreilles à toutes révélations, sachant que ce que je pourrais apprendre ne serait que des déductions et des allégations, car quoiqu'il soit arrivé au garçon, personne ne pouvait savoir ou comprendre la véritable tragédie qui avait eu lieu, si tel que je le craignais celle-ci s'était vraiment réalisée. Je me résolus à quitter Londres pour quelque temps pour revenir seulement lorsque son nom aurait disparu des conversations.
Frédérick ne me pardonna jamais réellement ma lâcheté.
Des années plus tard, alors que j'avais déménagé dans l'East Sussex, loin de l'agitation de la ville, le passé me rattrapa. Un soir, alors que je me promenais dans la campagne au soleil couchant, accompagné de mes chiens, je crus apercevoir une ombre près de la forêt. Alertés, mes molosses se campèrent devant moi, grognèrent, puis parurent effrayés. Je m'approchais sans peur, les dépassant.
Doucement, les ténèbres mouvantes semblèrent prendre une forme presque humaine, et je reconnus une silhouette familière, alors que les derniers rayons de lumière perçaient à l'horizon.
«C'est vous, n'est-ce pas?» murmurais-je, la voix empreinte de tristesse.
Il ne me répondit pas. J'aperçus simplement ce visage blanc et beau, encadré de cheveux noirs dans une brume obscure et inconsistante. Et les yeux cuivres qui me fixèrent étaient dénués de toute malice, en proie à une mélancolie qui me serra le cœur.
«Allez-vous-en..., soufflai-je.» Non par colère, mais parce que je n'avais plus rien à donner, plus rien à pardonner. J'avais ma propre douleur à porter.
Et la brume se dissipa, me lançant seul avec mes regrets.
Tout cela paraissait si loin aujourd'hui, alors que je gisais sur mon lit de mort, dans ma maison de Crowborough dans l'East Sussex, littéralement traduit par «le quartier du corbeau»... Quelle ironie!
Je sentais la fatigue m'engourdir. Pourtant je savais que si je fermais les yeux, je ne verrai pas le jour, trop faible aujourd'hui, trop vieux.
Soudain, les rideaux de ma chambre se soulevèrent. Et je crus voir une ombre. D'abord surpris, je fixais l'obscurité, et j'entendis des pas, qui s'approchaient de mon lit. Je finis par voir un homme.
Je reconnus ce visage, immaculé et inchangé, tel qu'il avait été, près de quarante ans plus tôt.
«Ah, vous êtes venu? C'est donc aujourd'hui que s'achèvera ma vie?»
William T. Spears s'approcha de moi, droit, et impeccable dans son costume trois pièces, la faux de la mort dans sa main droite et un livre coincé sous son bras gauche, où mon nom était sans doute inscrit à côté de la date d'aujourd'hui.
«Vous savez», dis-je malgré ma gorge sèche et ma voix faible. «J'ai souvent pensé à vous. Lorsque ma femme s'est éteinte oui..., mais surtout quand mon fils est mort à la guerre. J'avais espéré... que vous étiez celui qui était venu prendre son âme, et non cet homme qui devait avoir tant de rancune envers moi...
- Je ne peux pas répondre à cette question.
Sa voix toujours si cordiale et professionnelle. C'est donc vrai, les immortels ne changent pas.
- Oui je me doute de cela. Mais quoiqu'il se soit passé, il vaut mieux un dieu de la mort fou qu'un démon, n'est-ce pas?
- En effet.
Il me regardait sans émotion, mais je percevais une bienveillance dans ses yeux. Après tout, j'avais passé ma vie à suivre son conseil, à fuir le monde des ténèbres. Même si la spiritualité avait exercé une attraction sur moi les dernières années de ma vie, j'étais resté dans la lumière, de toutes mes forces. Et il le savait.
Il regarda sa montre et s'approcha davantage.
«C'est l'heure», dit-il.
Et je sentis ma poitrine devenir douloureuse, se contracter. La peur m'envahit. Je n'étais pas prêt, je devais savoir, obtenir les réponses que j'avais fuies toute ma vie.
«Ciel Phantomhive! suppliais-je soudain. Et la souffrance que j'avais passé tant d'années à réprimer m'étouffa. Je n'avais pas prononcé ce nom depuis tant d'années que ces simples syllabes m'écrasèrent. Mais je continuais: «Je vous en prie, dites-moi ce qui est arrivé à Ciel Phantomhive?»
Amer, il se pencha à mon oreille et murmura les mots que durant toutes ses années je n'avais pas voulu entendre.
C'est dans la douleur que mon dernier battement de cœur résonna dans ma poitrine. C'est donc ainsi que je m'éteignais, fauché dans mon amour, dans une paisible crise cardiaque. Je laissais enfin les larmes s'écouler de mes yeux alors que j'expirai mon dernier souffle. Et le chagrin s'apaisait enfin.
Car plus rien n'importait... je savais... Je pouvais mourir.
Fin.
Qu'est-il arrivé à Ciel Phantomhive ? Arthur a emporté ce secret dans la tombe. Alors nous attendrons que Yana nous le révèle.
C'est ainsi que je finis cette histoire. J'espère que vous avez aimé la lire autant que j'ai aimé l'écrire.
Cette histoire, j'y ai tellement mis de moi, tellement d'émotion, de souffrance, de tristesse. J'y ai mis cette mélancolie qui m'accompagne, j'y ai mis ce coeur qui a été transpercé. Tous les sentiments déversés sont authentiques. Toutes les références sont miennes. Ciel n'est qu'un pantin dans lequel je me suis glissée.
Ces pages m'ont beaucoup coûtées, elles m'ont menées dans les parties les plus frelatées de mon être avant de me soigner. La relire, c'est me replonger dans un vieux cauchemar, qui me semble aujourd'hui lointain mais qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui. La relire, c'est perdre 10 années. C'est avoir chaque mot qui résonne dans mon crâne. C'est sentir la peau se rétrécir sur mes os. Je sais quel passage prendre pour être projetée hors de moi-même. Et je la relis pour me rappeler que c'est quand je suis terrassée par la douleur que j'écris le mieux.
Alors merci de l'avoir lu.
Merci à tous !
La plupart des événements, des lieux de ce chapitre sont vrais, même le dîner entre Arthur Conan Doyle, Joseph M. Stoddart et Oscar Wilde.
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