Au-delà des Mots

Eddie serrait les dents tandis qu'il se frayait un chemin à travers les couloirs de l'hôpital.

Son cœur battait la chamade, un mélange de soulagement et de colère bouillonnant en lui. Il avait reçu un appel urgent de son abuela, concernant son fils, Christopher, et cela l'avait précipité vers l'hôpital, sans perdre une seconde.

Il était toujours de garde et toute l'équipe s'était précipité à sa suite.

Agressé.

Son fils avait été agressé.

Qui ?

Pourquoi ?

C'était incompréhensible. Eddie ne cessait de voir dans son esprit des images de son fils ensanglanté et ça lui retournait l'estomac.

Ils étaient venus ici pour prendre un nouveau départ, pas pour être malmenés.

Lorsqu'il arriva à la chambre où Christopher était soigné, son soulagement fut palpable en voyant son fils allongé sur le lit, visiblement fatigué mais en vie et en bon état.

Pas d'ecchymoses, visibles et pas non plus de sang.

Il allait bien physiquement.

– Papa, pleura-t-il alors qu'il le prenait dans ses bras.

– Ça va aller, mijo. Je suis là. Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-il à son abuela.

– Deux jeunes garçons s'en sont pris à lui et ce n'est apparemment pas la première fois, admit-elle.

– Mais..., souffla-t-il abasourdi. Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? Je suis là pour te protéger.

– Je suis désolé, sanglota son fils dans son épaule

– Ce n'est rien, fils. Je suis là et je sais maintenant. Plus personne ne te fera de mal. Je te promets.

Deux voyous, deux sales petits monstres, deux espèces de délinquants, avaient agressé Christopher, son fils, son petit garçon, le frappant violemment au ventre avec une telle force qu'il avait eu du mal à se tenir debout.

Heureusement rien de grave.

Il sentait la colère monter en lui, brûlante et implacable. Ces petits lâches, qui s'en prenaient à un enfant sans défense, méritaient d'être punis, et Eddie était déterminé à ce qu'ils rendent des comptes pour leurs actes. Il se tourna vers Athena, qui venaient de les rejoindre, le regard étincelant de fureur contenue.

– Je veux porter plainte, déclara-t-il d'une voix serrée. Ces deux délinquants doivent être tenus responsables de ce qu'ils ont fait à Christopher.

Athena acquiesça, comprenant son envie de vengeance.

Elle posa une main réconfortante sur l'épaule d'Eddie, lui assurant qu'ils prendraient toutes les mesures nécessaires pour obtenir justice pour Christopher. Pour le protéger aussi et pour que jamais rien de tel ne se reproduise jamais.

Alors qu'ils discutaient des démarches à suivre, une silhouette se dessina dans l'encadrement de la porte.

C'était un homme grand et athlétique, le port fier et l'expression déterminée. Il avait de magnifiques yeux bleus et une tâche de naissance sur la paupière, tout à fait craquante. Eddie leva les yeux et croisa le regard de l'inconnu, et quelque chose remua en lui.

C'était comme si le temps s'était suspendu un instant, figeant leur échange de regards dans une bulle hors du monde. Puis, l'étranger s'avança dans la pièce, un sourire chaleureux éclairant son visage.

Le plus beau sourire du monde..., après celui de son fils.

– Bonjour, dit-il d'une voix douce mais ferme. Je m'appelle Buck. Je suis désolé d'intervenir, mais j'ai assisté à ce qui s'est passé avec Christopher. Je voulais m'assurer qu'il allait bien.

Eddie leva un sourcil, surpris par cette intrusion inattendue. Mais il ne pouvait nier la sincérité dans les yeux de l'homme devant lui, ni l'aura de confiance qui émanait de lui.

– Buck m'a sauvé, papa.

– Oh non, souffla-t-il soudain gêné. Je suis juste intervenu avant que...

– Merci, le coupa-t-il avec toute la reconnaissance dont il pouvait faire preuve. Christopher va bien, grâce à vous.

Buck baissa les yeux, visiblement gêné par les éloges. Ses joues prirent une légère teinte rosée, et il bégaya légèrement en réponse.

– Je... je suis juste content d'avoir pu aider, dit-il humblement.

Eddie sentit son cœur fondre un peu devant la modestie de Buck.

Il était impressionné par cet homme, par sa force et sa gentillesse. Il se sentait attiré par lui d'une manière qu'il ne comprenait pas vraiment, mais il savait une chose : il voulait en savoir plus sur lui.

– Où est ma petite fille ? demanda soudain Athena, en le regardant.

– Oh, son père me la littéralement arraché des mains, s'offusqua-t-il en regardant la femme de son capitaine. Comme si j'étais un irresponsable. J'ai appelé Mads et elle ne va pas tarder à arriver pour la récupérer.

– Donc ce n'était pas ton chef au téléphone ?

– Est-ce que tu me surveille, m'man ? lui sourit-il effrontément.

Maman ?

Buck était le fils d'Athena ?

Il était le frère de Maddie, la compagne de Chimney ?

Bien sûr, Eddie avait entendu parler de lui d'innombrable fois mais il n'aurait jamais cru qu'il soit aussi parfait, aussi... sexy.

Eddie s'était découvert une certaine attirance pour les hommes lorsqu'il était à l'armée mais, étant marié et fidèle, il l'avait enfouie au plus profond de lui. Puis, quand sa femme l'avait quitté après son retour de mobilisation, il avait exploré cette nouvelle facette de lui.

Ce qui avait fortement déplu à ses parents.

C'était pour ça qu'il était venu à Los Angeles, pour avoir le droit d'exister librement.

Et maintenant, il rencontrait Buck, l'homme le plus sexy qu'il avait vu dans toute sa vie et il fallait évidemment qu'il soit inaccessible. Eddie ne savait pas grand-chose du beau-frère de Chimney, excepté qu'il était marines et qu'il parcourait le monde.

Eddie savait par expérience que, souvent, les familles ignoraient ce que faisaient les militaires, que la plupart de leurs missions étaient classifiées. Mais jamais, il n'aurait imaginé que Buck soit cet homme magnifique, avec ce regard de biche, qui lui réchauffait le bas-ventre.

– Je ne te surveille pas, je m'interroge, répliqua Athena. Je ne savais même pas que tu étais à Los Angeles.

– C'était une surprise. J'ai atterri ce matin et j'ai été voir Maddie. Elle m'a dit que tu étais de service et comme elle était fatigué, j'ai emmené ma petite princesse se promener.

– MA princesse, rectifie Chim en entrant, à son tour. Eddie, on rentre, le cap te donne le reste de la journée pour t'occuper de ton fils.

– Remercie-le pour moi, acquiesça-t-il.

– Est-ce que Buck peut rester, papa ? demanda Christopher.

– Eh bien, si ton père est d'accord..., commença Buck.

– Bien sûr, s'empressa-t-il d'ajouter.

Athena lui lança un regard qui semblait le mettre en garde, avant de s'approcher de Buck et de l'embrasser sur la joue.

– Puisque Eddie porte plainte, tu vas devoir venir signer ta déposition, lui affirma-t-elle. Et je t'attends pour diner.

– Oui M'man, lui sourit-il alors qu'elle quittait la chambre.

Buck attendit qu'elle ait refermé la porte, avant de se tourner vers Eddie l'air penaud.

– Alors, désolé pour ça, ma mère est...

– ...comme toutes les mères, termina Eddie avec un sourire rassurant.

– Ouais, répondit Buck plongeant son regard dans le sien.

Alors qu'ils continuaient à discuter, Eddie sentit une connexion se former entre eux, une étincelle de compréhension mutuelle qui transcendaient les mots. Il ne savait pas où cela les mènerait, mais il était curieux de le découvrir.

Et dans cette chambre d'hôpital, entourés par l'amour et le soutien de sa famille, Eddie savait qu'il avait trouvé quelque chose de précieux : un nouvel ami, un allié inattendu et peut-être même, quelque chose de plus.