Une mauvaise nouvelle

Alors qu'Eddie s'affairait dans la caserne, en plein quart de travail, ses pensées étaient constamment tournées vers Buck. Son absence pesait sur lui comme un fardeau insupportable, et chaque minute qui s'écoulait semblait interminable. Il avait besoin de lui plus que jamais, de sa présence réconfortante, de son amour inconditionnel.

Tout en Buck lui manquait, sa voix, son sourire, son odeur… Vivre sans lui était un calvaire et il avait vraiment hâte que sa mission se termine pour pouvoir le garder à ses côtés.

Il ne le laisserait plus jamais partir.

Alors qu'il terminait ses corvées, Bobby s'approcha de lui, remarquant sans doute, son air préoccupé.

– Ça va, Eddie ? Tu as l'air soucieux.

– Je vais bien, promit-il avec un sourire aussi vaillant que possible.

– Il me manque à moi aussi, tu sais. C'est normal de le ressentir.

– Buck fait plus que me manquer, Bobby, soupira Eddie se sentant submergé par une vague de tristesse. J'ai l'impression qu'une partie de moi m'a été arrachée.

– Je sais, Eddie, souffla-t-il en posant une main compatissante sur son épaule. On est tous là pour toi, tu le sais ça, n'est-ce pas ?

Eddie hocha faiblement la tête, reconnaissant pour le soutien de son capitaine.

Mais malgré tout, une anxiété persistante rongeait son esprit alors qu'il se demandait comment cacher la vérité à propos de son mariage à Athena, sa belle-mère. Buck avait raison, elle allait les tuer et sachant qu'elle avait à portée de main une arme, ce n'était guère rassurant.

Au moment où Athena les rejoignit pour déjeuner, Eddie sentit une boule se former dans sa gorge. Il se sentait mal à l'aise à l'idée de continuer à lui cacher la vérité, surtout maintenant que leur fils était dans la confidence.

Il avait finalement avoué à Christopher qu'il avait épousé Buck en secret, ne voulant plus lui mentir. Christopher avait promis de ne rien dire jusqu'à leur retour, mais Eddie se sentait coupable de garder ce secret pour Athena.

Elle faisait tout ce qui était possible pour l'aider à se sentir bien dans leur famille pendant l'absence de Buck. Mais il allait rester solide face à ce sentiment de trahison parce que Buck voulait l'annoncer lui-même à sa mère et il comprenait.

Dans l'attente angoissée du retour de Buck, Eddie portait son alliance autour de son cou, près de sa médaille de Saint-Christophe. Chaque jour, il scrutait anxieusement sa boîte aux lettres, espérant recevoir une lettre de son mari.

Dans sa dernière lettre, il lui avait parlé de sa conversation avec Christopher, de l'air excité qui était passé sur son visage quand il avait demandé s'il pourrait l'appeler « papa ». Quand Buck serait de retour, ils formeraient une famille tellement parfaite.

Alors que Bobby lui servait une part de lasagnes, Eddie sentit tout l'air s'enfuir de ses poumons au moment où deux militaires s'avançaient en silence dans la pièce. Il se leva lentement en tremblant alors que le silence se faisait autour d'eux.

– M. Diaz ? demanda l'un d'entre eux qui semblait être l'Aumonier.

– Non, souffla-t-il. Pas ça, non.

Eddie sentit le sol se dérober sous ses pieds alors qu'une vague de terreur glaciale le submergeait. Hen et Chimney le soutinrent, le faisant asseoir alors que Bobby semblait réconforter sa femme qui comprenait elle aussi ce que cela signifiait.

Ce n'était pas possible.

Pas Buck, pas l'homme le plus gentil de cette planète, pas son mari. Il refusait que ça soit une réalité, il ne pouvait pas accepter ça. Il savait que les larmes inondaient ses joues parce qu'il les sentait tracer leurs sillons salés sur son visage.

Eddie avait du mal à respirer, ses poumons semblant se comprimer sous le poids de l'angoisse qui l'étreignait. Hen répétait inlassablement des mots de réconfort alors qu'Eddie cherchait instinctivement son alliance sous sa chemise, cherchant un semblant de réconfort dans sa présence.

Comme s'il pouvait être plus proche de Buck avec ce simple geste.

Eddie savait qu'il faisait une crise d'angoisse, il savait qu'il devait se calmer pour enfin pouvoir respirer mais la simple idée de passer le reste de sa vie sans Buck, de le perdre aussi cruellement après si peu de temps passé ensemble, le rendait fou de douleur.

Pourquoi ne l'avait-il pas retenu ?

Pourquoi l'avait-il laissé aller se battre, mettre sa vie en danger aussi stupidement ? Jamais, il ne pourrait se pardonner de ne pas avoir pu le protéger alors qu'il avait promis qu'il ferait tout pour ça.

– Eddie, le secoua Hen. Buck est vivant. Tu m'entends ? Ils disent que Buck est vivant. Tu dois te calmer et respirer avec moi.

Eddie essayait de comprendre ce qu'elle disait et il s'accrochait à cet infime espoir que son mari soit toujours en vie, quelque part sur cette planète mais il savait aussi que la présence de ces deux hommes était un très mauvais signe. Buck était peut-être encore en vie mais son état devait être très préoccupant pour que l'armée vienne le chercher jusqu'à son lieu de travail.

– Respire Eddie, comme moi.

– Buck ?

– Il est vivant Eddie, blessé mais vivant.

Eddie avait envie de pleurer de soulagement et il ferma les yeux le temps de se reprendre, avant de regarder les deux hommes.

– Je suis vraiment désolé, M. Diaz, s'excusa-t-il. Votre mari est en vie mais dans état très grave.

– Qu'est-ce qui s'est passé ? s'enquit-il en tremblant.

– Son équipe et lui sont tombés dans une embuscade. Il est en ce moment même dans un avion en route pour un hôpital militaire pour être opéré en urgence avant d'être rapatrié en Europe pour la suite des soins.

– M. Diaz, poursuivit le second homme. Les blessures de votre mari sont très graves et il est possible que vous deviez prendre d'importantes décisions à son sujet.

La nouvelle frappa Eddie comme un coup de massue, le laissant hébété et désorienté.

Il sentit les larmes monter de nouveau dans ses yeux alors qu'il luttait pour comprendre la réalité de la situation. Buck était blessé, peut-être même mourant, et il était à des milliers de kilomètres de lui.

– En tant que contact d'urgence, nous vous demandons de bien vouloir nous suivre. Nous vous emmenons le retrouver sur place au plus vite.

– Je ne comprends pas…

– Ce sont les dispositions qu'il a prise au cas où ce genre de choses arriveraient. M. Diaz ?

Dans cette tourmente de souffrance, de panique et d'angoisse, Eddie se sentait perdu, désemparé face à cette terrible nouvelle. Il comprenait rationnellement que c'était une possibilité en tant que militaire, mais vivre cette réalité était un enfer auquel il n'avait même pas osé penser.

Eddie regarda chacun des membres effondrés de sa famille.

Personne ne semblait réagir au fait qu'Eddie était le mari de Buck aux yeux de l'armée. Tout ce qui importait à leurs yeux était de sauver la vie de leur frère, de leur fils, de leur ami. Puis, il croisa le regard d'Athena.

– Sa mère peut-elle venir avec nous ? s'enquit-il. Buck, il… Il voudrait l'avoir à ses côtés.

Les deux hommes échangèrent un regard, avant de finalement acquiescer. Athena semblait soulagée et reconnaissante.

– Tenez-nous informés de son état, demanda Bobby. Je m'occupe de Christopher et de prévenir Maddie.

Dans un état de choc et d'angoisse, Eddie suivit les militaires, avec Athena à ses côtés, dans l'espoir désespéré de rejoindre Buck avant qu'il ne soit trop tard. Chaque pas lui semblait lourd comme du plomb, son cœur saignant de douleur à l'idée de perdre l'amour de sa vie.