L'auror Harry s'annonça aux surveillants qui gardaient la porte et il pénétra dans l'appartement. Un endroit douillé et finement décoré, au papier clair, tableaux rayonnants et fleurs fraîches dans des vases bleutés. Dès son arrivée dans le couloir, un jeune Auror vint à sa rencontre.
- C'est dans la chambre, au fond à droite. Ce n'est pas beau à voir.
Il traversa le couloir de son pas lent et mesuré, conscient des regards que tous les officiers posaient sur lui. Il arriva dans la chambre, et le charme de l'appartement fut rompu. Un homme était allongé sur le dos, dans le lit, la moitié du corps dépassait du matelas, sa tête aux yeux révulsés touchait presque le sol. Son sang tachait les draps, la tête de lit et le mur. Son corps était lacéré. Un carnage.
Il vit l'Auror Moran, chef d'opération, qui donnait des instructions aux aurors d'investigation. Quand il aperçut Potter, il vint tout de suite vers lui pour le saluer.
- Auror Potter, merci d'être venu aussi vite.
- C'est un meurtre, dit Harry, froidement, en observant la scène. Pourquoi avoir contacté mon service ?
- A cause du mobile, répondit Moran, en se tournant vers le corps étendu. Apparemment la jeune femme a tué son mari dans un excès de folie, après avoir rompu l'enchantement.
Harry acquiesça et s'approcha du lit pour le contourner. Il observait les photos de mariage sur la table de nuit, et sur la coiffeuse. Le mort souriait dans son costume bleu gris, à son bras une jolie femme brune, qui semblait 20 ans plus jeune que lui.
- L'enchantement ? demanda-t-il en scrutant le visage rayonnant de la jeune mariée. Elle était possédée?
- Oui, depuis des années apparemment, sans doute depuis qu'elle l'avait rencontré à l'université. Elle était étudiante en divination, il était son professeur... Elle a été analysée, il s'agit d'un charme, semblable au philtre d'amour, provoqué par ceci...
L'officier-chef présenta un objet dans un mouchoir sombre. Harry le prit, déplia le tissu et découvrit un collier. Une émeraude, superbe, enchâssée dans une monture d'argent parsemé de filins d'or. La jeune femme portait ce collier sur les photos de mariage exposées dans toute la chambre. Harry le fit tourner dans sa main et sa respiration s'arrêta. Au dos du bijou, marqué dans l'argent, brillait le sceau de Malfoy.
- Son mari l'empêchait de le retirer et la garder sous son emprise, expliqua Moran, dont la voix trahissait la tristesse. Nous avons cherché partout mais aucun reçu ou indice de sa provenance. Nous ne savons pas comment la victime se l'est procuré, ni depuis quand. Cet homme n'avait pas les capacités pour créer un tel sort. C'est un objet empreint d'une sombre magie. Seul un mage noir en serait capable. C'est la raison de votre présence ici.
Harry fronça les sourcils, referma le mouchoir et mit le bijou dans la poche de son long manteau d'Auror.
- Il nous faut interroger Malfoy, déclara Harry. Il fit signe à un jeune officier d'approcher.
- Lucius Malfoy est mort à Azkaban i mois, intervint l'officier Moran, Sa femme ...
- Internée et muette, je sais, répliqua Harry. Je parle de leur fils. » Il s'adressa à l'officier qui les avait rejoint. « Appelle le bureau. Il nous faut l'adresse de Drago Malfoy. » L'homme fit un signe de tête et sortit de la pièce.
- Il ne vit pas au Manoir ? demande Moran.
- Le manoir leur a été retiré, expliqua Potter, en parcourant la pièce de long en large, s'imprégnant des lieux. Des scellés ont été posés et leurs comptes fermés après leur procès. Ordre de justice.
Il s'interrompit quand il vit le jeune officier revenir.
- Monsieur Potter, nous n'avons pas d'adresse.
- Comment « pas d'adresse »?
- Pas d'adresse, pas de contact, précisa l'officier. Il semble avoir disparu presque en même temps que la mort de son père...
- C'est étrange, dit Harry, soucieux. Il n'aurait pas dû pouvoir partir sans avertir le Service des Probations. Quelqu'un a merdé. » Il se tourna vers Moran et lui montra le tissu contenant le collier. « Je garde ceci ».
Et sans attendre de réponse, il transplana.
Il atterrit directement dans le bureau du Service des Probations, et le secrétaire poussa un cri.
- Monsieur Potter ! dit le jeune homme en le reconnaissant. Vous m'avez fait peur.
Harry resta de marbre.
- C'est vous qui vous occuper de répertorier les lieux de résidences d'anciens criminels et de personnes à surveiller.
- Oui c'est moi, dit le garçon avec appréhension.
Harry prit le dossier sur le bureau du garçon sans ménagement et le feuilleta. Il le plaça sous le nez du jeune homme et pointa la case « adresse de résidence » à côté du nom « Malfoy ».
- Alors pourriez-vous m'expliquer pourquoi rien n'est noté sur le dossier dans cette case ?
Le garçon pâlit et Harry continua :
- Apparemment il vous appelle tous les mois, puisque, ici, il est écrit qu'il est en règle. À moins que vous ne mentiez sur cela. De mon point de vue, il semble que vous cachez un ancien criminel.
- Non ! ... Non, Monsieur Potter, je vous jure..., commença le secrétaire, les mains tremblantes. Il m'a demandé... de faire en sorte qu'on ne sache pas où il habite... mais je le surveille, Monsieur Potter, je fais moi-même les entretiens ...
Le type se mit à rougir, et Harry se dit que c'était la nervosité.
- J'ai besoin de lui parler, dit-il sèchement.
- Vous le trouverez, à l'angle de Wadour Street, au bar « The Ship », il y est toujours. Jour comme nuit, il a un appartement au-dessus du bar.
Potter scruta le garçon un instant et tourna les talons.
- Je vais avoir des ennuis ? gémit le garçon.
Harry ne répondit pas et quitter le bureau des Aurors.
À l'angle de Wadour Street.
Il était 22h et Harry se trouvait devant le bar « The Ship », à l'angle de Wadour Street, comme prévu.
Il avait transformé son manteau d'Auror en veste de cuir pour ne pas attirer l'attention et surtout pour ne pas faire fuir d'éventuels indic'. Un chapeau enfoncé sur le crâne cachait son visage. Il pénétra dans le bar.
L'heure bien avancée, il se dit qu'une pinte serait la bienvenue. Il en commanda une et s'assit à une des tables du coin pour avoir une vue d'ensemble sur la salle.
La foule qui peuplait le bar et surtout l'allée extérieure était malfamée. Il reconnaissait certains repris de justice, pour trafic d'objets maléfiques, contrebandes de potions et autres méfaits.
Et Malfoy vivait au milieu d'eux, son appartement juste au-dessus de leurs têtes.
Harry se sentait pourtant à l'aise au milieu de cette faune. Il attendit longtemps, mais cela ne le dérangeait pas. Il observait les passants aux dehors et les clients au-dedans.
N'ayant plus besoin de supporter le regard des autres sorciers, il appréciait cet instant d'anonymat.
Sa célébrité lui avait toujours apporté des ennuis, beaucoup de critiques à Poudlard, beaucoup d'espérance pendant la guerre, mais cela avait été pire ensuite.
Chaque geste et chaque parole du sauveur étaient amplifiés, analysés, exploités, par ses collaborateurs, par la presse, ou par les politiciens. De sorte qu'au-dehors, il cultivait la réserve, et un professionnalisme froid. Il avait érigé un rempart entre lui et les autres et seuls ses proches avaient accès à son cœur.
Cela l'avait aidé à se sentir mieux, notamment pour guérir après la guerre. Mais une langueur le tiraillait aujourd'hui, le manque de saveurs, un ennui de l'existence. Comment un cœur si plein de victoires et de souffrances pouvait être aussi vide ? Il ne se l'expliquait pas.
Il était plongé dans cette contemplation intérieure quand il vit Malfoy entrer.
Un autre que lui ne l'aurait sans doute pas reconnu. Mais il connaissait trop cette démarche, cette silhouette, ces mouvements ...
Drago portait un accoutrement qu'il n'aurait jamais pensé le voir porter : chemise totalement ouverte, pantalon noir taille très basse sur une forme presque famélique, des bottes cloutées. Ses cheveux lui arrivaient maintenant aux épaules.
Drago traversa le bar du pas assuré de celui qui connait le lieu, aveugle aux regards que lui adressaient les clients.
La présence de Malfoy réveillait en Harry des sentiments confus, des moments terribles, des affrontements brutaux, des mots acerbes mais aussi des instants précieux, la saveur de sa jeunesse, l'odeur des bougies et des livres, des journées studieuses et joyeuses, le souvenir chérit de Poudlard.
Mais soudain, Harry cessa de respirer quand il aperçut sur le corps de Malfoy, des marques que les yeux avertis d'un auror pouvait facilement analyser : traces de ligatures sur les poignets datant de plus d'une semaine, marques de doigts sur les bras et la gorge, plus récentes, suçons à la jonction du cou et des épaules. Le pantalon était élimé aux genoux à force de frotter le pavé.
Harry Potter déglutit. Pour lui, c'était clair, Malfoy se prostituait.
Cette révélation provoqua une onde dans tout son corps. D'abord le déni, puis la déception et une sensation diffuse et inconnue qui lui vrillait l'estomac.
Drago interpella le barman d'un sifflement, se pencha sur le comptoir du bar et lui donna quelques pièces d'or.
Un homme attrapa son épaule et Draco sursauta avant de reconnaitre le type. Harry serra les poings. Il observait l'échange, attardant son attention sur la main que l'inconnu avait posée sur la hanche de Malfoy, puis sur le regard empli de désir qu'il posait sur le garçon, en le scrutant de bas en haut. Harry serra les dents et sa mâchoire lui fit mal. Malfoy lui adressa un sourire charmeur qu'Harry n'avait jamais vu et après quelques mots, il suivit le type qui l'emmenait vers la porte arrière de l'établissement. Harry abandonna sa place et les suivit.
Il les trouva dans la ruelle sans issue derrière le bar.
Le type avait poussé Malfoy contre le mur, le visage enfoui dans son cou. Drago fermait les yeux et entrouvrait les lèvres pour laisser échapper des gémissements, qui enflèrent quand les mains du type s'attaquèrent à sa ceinture.
Harry sentit la bile lui montait aux lèvres, une colère sourde montait en lui sans qu'il en comprenne la cause. Il fit reparaître son manteau d'auror et avançait vers eux, frappant le pavé de ses bottes.
Malfoy ouvrit les yeux et son regard plongea dans le sien. Il le reconnut en un instant, attrapa le type qui l'embrassait et l'arracha à son corps, les deux mains sur les épaules.
- Qu'est-ce qui te prend ? souffla le type, la voix rauque et impatiente.
Malfoy indiqua Potter d'un coup de tête.
Le type se retourna et devint blême en apercevant Harry et le manteau des aurors.
- Je vous jure que c'est la première fois que je fais ça ! geignit-il en levant les mains, innocent.
Malfoy eut un rictus écœuré à ces paroles en secouant la tête avec dédain.
Le type confirmait malgré lui que Drago vendait « ses services ». Et au vu de son attitude envers lui, il était clairement un régulier.
- Je ne suis pas des mœurs, déclara Harry, sans émotion. Je vais vous demander de partir, monsieur.
Le type n'hésita pas et partit rapidement sans jeter un regard en arrière.
Malfoy resta adossé au mur, impassible, la ceinture ouverte, le regard fixé sur Harry.
- Moi qui pensais que ma journée ne pouvait pas être pire, déclara-t-il, un rictus familier sur ses lèvres pleines.
Harry tressaillit imperceptiblement au son de la voix familière. Mais il ne laissa rien paraître.
- Elle va peut-être empirer, dit-il. Il prit le collier de sa poche et le tendit à Malfoy.
Drago hésita et le prit. Il l'observa puis en le retournant il aperçut le sceau et passa le pouce sur la gravure familière.
- On l'a trouvé sur une scène de meurtre, expliqua Harry, scrutant les réactions de Malfoy.
Le garçon leva les yeux vers lui, le regard dur.
- Je ne l'ai jamais vu, insista-t-il, sur la défensive. Et je n'ai plus accès ni au manoir, ni à mes coffres.
- Nous le savons, dit Harry d'un ton apaisant. J'ai besoin de savoir à qui ton père refourguait ses pièces de magie noire.
Malfoy haussa les épaules. Une manche de sa chemise ouverte tomba sur son bras mais il ne sembla pas le remarquer.
- Tout le monde sait que c'était chez Borgin&Bott dans l'Allée des Embrumes.
- Personne d'autre?
Malfoy réfléchit mais hocha la tête.
- Non. Mais il a peut-être été pris au manoir. Il y avait tellement de gens quand il en a fait son quartier général. On nous a pris beaucoup de choses : argenterie, bijoux, tableaux... N'importe qui aurait pu le voler et le revendre. » Il leva la tête vers Harry, la mine hautaine. « Tu as l'intention de m'arrêter ? »
Harry hésita. Il l'observait. Il buvait ses réactions, appréciait sa présence. Il aimait même cette attitude défiante vers lui, si différente de la déférence que tous les sorciers semblaient lui vouer.
- Non, je devais juste t'interroger, finit-il par dire.
- J'imagine que je ne peux pas le garder ? demande Malfoy en montrant le collier.
Harry hocha la tête.
- Pièce à conviction.
- Dommage, dit Drago dans un sourire déçu en lui rendant le bijou. Il doit valoir une petite fortune.
Une voiture ralentit et s'arrêta à l'entrée de la rue. Malfoy se redressa soudain, alerte.
- Tu as d'autres questions à me poser? demanda-t-il d'un ton pressé. Mais il n'attendit pas la réponse et sans attendre, il se dirigeait vers la voiture,... vers le grand type en costume de businessman qui venait d'en sortir et semblait l'attendre, un sourire ravi aux lèvres.
En passant à côté d'Harry, Malfoy fit mine de le saluer d'un chapeau imaginaire.
« Alors bonne soirée, Potter. Au plaisir de ne plus se revoir. »
Mais soudain, Harry lui attrapa le bras et le stoppa dans une poigne de fer. Il enfonçait ses doigts dans la chair, à lui faire mal.
- Combien ? demanda-il, froid.
Malfoy pâlit, les yeux brillants.
- Pardon?
- Pour la nuit, combien? dit Harry, la voix dure, le regard brûlant.
Drago entrouvrit les lèvres et laissa échapper un râle court, désespéré, écœuré.
- Tu es malade ?!
- Tu n'es pas obligé d'y aller, dit Harry en tirant le garçon vers lui, son souffle sur sa joue. Je ne te toucherai pas, je te jure...
Il mentait... il sut dès l'instant où les paroles passèrent ses lèvres qu'il mentait.
Et Malfoy le sut aussi.
Il recula violemment pour s'arracher à son étreinte, obligeant Harry à le lâcher.
- Va te faire foutre Potter ! lâcha-t-il avec déception avant de rejoindre la voiture au bas de la rue.
Le type avait fait quelques pas vers eux et regardait Harry d'un œil noir. Quand Drago arriva à sa hauteur, il lui murmura quelque chose mais Malfoy secouait la tête et monta dans la voiture. Le type lança un dernier regard vers Harry, puis s'installa au volant et démarra.
Impassible, Potter les regarda s'éloigner.
L'instant d'après, il transplana et se retrouva dans le couloir de Square Grimmaurd.
Devant ses yeux, un mot flottait dans les airs. C'était un message de Ginny lui rappelait qu'elle rentrerait de sa tournée de Quidditch dans deux jours. Et qu'elle l'aimait.
Harry attrapa le message et le posa sur la petite table, à côté des clés de la maison. Ces gestes, pourtant habituels, lui parurent inconnus. Il eut une sensation étrange en pénétrant dans ce lieu familier, comme s'il ne reconnaissait pas l'endroit.
Cela lui prit un instant pour comprendre que ce n'était pas sa maison qui lui était étrangère, c'était lui-même.
Pour la première fois, depuis bien longtemps, il ne se sentait pas vide. Il brûlait. Il était vivant.
Savourant ce sentiment, Harry inspira profondément et appuya son dos contre la porte, serrant toujours dans sa main le collier marqué du sceau des Malfoy.
Il savait. Il savait que demain, il retournerait à l'angle de Wadour Street.
Fin du chapitre 1
Fin... ou à continuer ?
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