Le corps brisé tomba sur le sol sans que le porteur de l'armure n'émette un son. Shun se précipita auprès de son frère. Il prit dans ses bras pour s'assurer de sa survie. Son cosmos était si faible !
A quelques mètres de là, le dieu riait avec une satisfaction sadique évidente. Du bout de la langue, il recueillit quelques unes des gouttes de sang qui salissaient sa main.
"- Hummmm… Délicieux…un sang si jeune, si vigoureux…." Les profondes rides sur le visage du dieu diminuèrent encore.
Lorsqu'il était arrivé, il n'était qu'un vieillard cacochyme venu demander quelques grâces et la sagesse du grand pope, comme des centaines d'autres humains qui venaient régulièrement demander la bénédiction du Sanctuaire.
Depuis la fin de la Guerre contre Hadès, la discrétion du Sanctuaire n'avait plus suffit. On était au début de l'ère du numérique. On était au début de l'ère des téléphones avec appareil photo. On était au début de l'ère de l'information à outrance…
Et cette Guerre avait déjà presque sept ans.
Les actions des Chevaliers s'étalaient sur Internet, le Sanctuaire était connu de tous et même l'ONU n'avait pu taire son existence plus longtemps. Redécouvrir pour les humains l'existence réelle de forces obscures que la Science ne pouvait ni expliquer, ni copier avait été douloureux.
La guerre suivante avait été contre de simples humains. De simples armées.
Le grand pope avait envoyé un homme seul pour plier l'affaire.
Un sourire ennuyé aux lèvres, DeathMask avait arraché l'âme collective de l'armée venue raser le Sanctuaire d'un claquement de doigts.
Une fois la fin de la guerre signée à la satisfaction du Sanctuaire environ douze minutes plus tard, le Cancer avait obéit au pope en râlant mais avait fait réintégrer leur domicile aux âmes arrachées aux corps qui les attendaient, maintenus en stase par le chevalier de l'Horloge.
La Guerre de l'Humanité avait durée au total quatre-vingt dix minutes, trajet des armées jusqu'au Sanctuaire comprit.
C'était un Aldébaran passablement irrité qui avait ouvert le chemin du Grand Pope jusqu'à la salle où se réunissait les représentants de l'ONU.
C'était enfin un Grand Pope encadré de ses douze (treize) chevaliers d'or qui avait rappelé certaines réalités élémentaires à l'humanité. Comme sa survie continue grâce au Sanctuaire et à tous les autres qui en avaient profités pour venir expliquer leur façon de penser aux locataires actuels de la planète.
Hilda avait un peu hurlé évidemment. Mais pouvoir négocier une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serres une fois que les failles dans les théories du réchauffement global comblées par un "C'est moi qui prie pour que Odin serve de climatiseur général pour réparer vos conneries" lâché (évidemment plus classe et plus distinguée par Hilda) à la face du monde avait été une bénédiction pour Asgard.
Même le Sanctuaire sous-marin avait été content. Ils en avait marre de trouver des sachets de chips vides, des capotes usagées ou des bouteilles de coca partout quand ils ne se les prenaient pas directement sur la tronche quand ca tombait du fond des mers et des océans.
A son corps défendant, hurlante et protestataire, l'Humanité était forcée de réparer ses propres saletés.
Mais pour une fois, l'Humanité n'était pour rien dans la situation du Sanctuaire.
"- Ikki…" Shun avait les larmes aux yeux.
Le souffle du Phénix était superficiel.
"- Il est encore en vie ? Diantre. Il est solide ! Mais peu importe. Si vous résistez encore, je me repaitrai de son âme et des vôtres."
Le dieu n'utilisait pas un effet de style. Les pauvres gardes qui avaient tentés de se mettre entre lui et le temple du Bélier gisaient mort dans la poussière. Mais pire, les corps gisaient morts et les chevaliers avaient assistés à la dévoration de leurs âmes par le dieu
"- Prosternez vous devant le Marduk et vivez. Résistez et je dévorerai vos âmes." Rit le dieu ancien.
"- Shun…" Un flot de sang jaillit de la bouche du Phénix.
"- Ne bouge pas, Ikki. Laisse ton armure te guérir."
"- Pas…mourir…"
"- Ca va aller, mon frère… Ca va aller…" Shun caressa la joue de son frère. Comme il avait sentit leurs âmes quitter les corps des gardes, il sentait la vie de son frère abandonner son corps. Il sentait aussi son armure retenir son âme pendant qu'elle utilisait le cosmos dont son porteur la nourrissait en permanence pour réparer le cadavre jusqu'à ce qu'il soit assez fort pour, une fois de plus, lui rendre la vie.
Mais ce n'était pas sa mort momentanée qui avait effrayé Ikki. Ce n'était pas le décès ponctuel du Phénix qui avait terrifié le Grand Pope, suffisamment pour qu'il ordonne à tous ses chevaliers incrédules et scandalisés de s'éloigner au plus vite des deux frères immobiles dans la poussière.
Non… Ce qui avait effrayé jusqu'aux plus puissants était le cosmos de plus en plus froid et noir qu'émettait Shun et le gémissement torturé de son armure.
"- Shun…" le grand pope savait que rien ne pourrait le restreindre mais essayait quand meme.
Les barrières du jeune bronze s'étaient lentement érodées, une bataille après l'autre, une torture après la suivante, une peine après une autre, encore et encore, jusqu'à ce qu'il ne suffise plus que d'une petite goutte de colère pour tout faire voler en éclat.
C'était pour ça que Shion avait écarté Shun au maximum ses dernières années. Ce n'était pas un problème de faiblesse comme ses trois frères pouvaient le croire. C'était meme exactement l'inverse.
De tout son règne de pope, Saga avait peut-être commis des erreurs monstrueuses, mais valider l'envois de Shun sur l'ile d'Andromède au lieu de l'ile de la mort était peut-être l'acte le plus sensé et rationnel qu'il ai jamais commis.
"- Je vais le détruire, grand pope."
Le corps brisé d'Ikki disparu des bras de Shun pour apparaitre dans ceux de Shion.
Il n'était plus temps de tenter de calmer le bronze. Juste de toute faire pour que cette colère froide destructrice aussi qu'une tempête de Coriolis ne leur retombe pas dessus.
La première bouffée de cosmos incontrôlé qui échappa au tout jeune homme vaporisa les cadavres des pauvres gardes qui avait tenté de faire leur travail.
"- Hoooo, j'ai mit la petit chouchou tout rose en colère…" Riait Marduk sans réaliser que la colère de Shun était infiniment plus dangereuse que tout ce qu'il avait pu rencontrer jusque là.
Des boucliers de cosmos se levèrent autours du dieu et d'Andromède. Cristal Wall, Another dimension pour les isoler un peu plus, mur de glace ou de roses… Les chevaliers ne savaient ce qui se passaient. A part Saga et Shion, ils ne pouvaient comprendre ce qu'ils avaient devant les yeux.
Le petit Shun, si gentil et si doux, qui fixait leur adversaire au milieu d'une colonne de cosmos noir dont la rotation seule était suffisante pour faire surchauffer le sol et faire couler de la lave autours d'eux.
Et ce dieu qui les attaquait, sans provocation, juste pour s'amuser semblait-il.
Réalisait-il son erreur ?
Un flot de sang soudain jaillit de la bouche du vaisseau choisit par la divinité avant qu'il ne s'effondre dans la poussière.
Shun n'avait pas bougé, son cosmos continuait à tournoyer autours d'eux sans se calmer, sans qu'il n'ai un geste pour le corps malmené que la tempête finit par déchiqueter jusqu'à ce qu'il ne reste que l'âme nue du dieu surpris.
"- TU OSES ?"
Puis la tempête de cosmos disparut. Les yeux du dieu s'écarquillèrent sur un hurlement silencieux avant qu'il ne vole en éclat.
Le combat était finit.
"- Shun…."
Le jeune homme se précipita auprès de son frère, détruisant d'un geste à peine les boucliers levés par les chevaliers d'or et le pope.
"- Ikki…"
Il le reprit des bras de Shion. Le visage de cendre, le pope ne chercha pas à l'en empêcher
"- Je vais bien, Shun. Calme toi."
"- Je suis calme, Ikki."
Et le plus terrifiant était sans doute qu'il l'était.
